L'histoire
du CNRS

Six semaines plus tôt, l’Allemagne nazie a envahi la Pologne.

Dans la foulée, l’Angleterre et la France lui ont déclaré la guerre. Dans ce contexte, le Centre reçoit pour mission d’organiser la mobilisation scientifique à travers notre pays. Un rédacteur du quotidien Paris-Midi s’est même risqué à comparer sa fondation à la constitution d’un nouveau régiment. C’était aller un peu vite en besogne… En effet, si les circonstances ont pesé sur sa création, le CNRS n’est pas né ex nihilo. Il prend la suite d’un long cortège de réflexions et de réformes sur l’organisation de la recherche, qui remonte au moins à la conception de l’Académie des sciences en 1666.

De Louis Pasteur à Marie Curie, ils ont été nombreux à déplorer les faiblesses de notre pays dans ce domaine !

La Troisième République en a fait l’une de ses préoccupations, souvent à l’initiative des savants eux-mêmes. Chemin faisant, des personnalités de tout bord les ont rejoints : c’est le cas, à l’aube des années 1920 encore, de Léon Blum ou, à l’opposé, de Maurice Barrès, qui s’émeut de « la misère de nos laboratoires », « une misère indigne de la France », dans un ouvrage paru en 1925.

L’année suivante, le physicien Jean Perrin, récompensé par le prix Nobel pour ses travaux « sur la discontinuité de la matière », reprend ce flambeau. Avec le soutien de la Fondation Rothschild, il parvient tout d’abord à créer un Institut de biologie physico-chimique, où des « chercheurs » – le mot entre alors dans l’usage courant – ont pour mission de « percer les secrets les plus dissimulés de la Nature » dans la plus grande liberté.

Fort de ce premier succès, il obtient du gouvernement Herriot la mise en place en 1930 d’une Caisse nationale des sciences – qui devient cinq ans plus tard une Caisse nationale de la recherche scientifique, La CNRS. Enfin, en 1933, il conduit le gouvernement Daladier à établir un Conseil supérieur de la recherche, destiné à proposer les orientations d’une politique scientifique en gestation.

L’année 1936 pose un jalon. Après la victoire du Front populaire, Léon Blum désigne, à l’Éducation nationale, un jeune député radical, Jean Zay.

À ses côtés, un sous-secrétariat d’État à la Recherche est inauguré. Irène Joliot-Curie y est d’abord désignée, mais elle renonce vite à ses fonctions. Jean Perrin la remplace au pied levé : il « déploya aussitôt la fougue d’un jeune homme, l’enthousiasme d’un débutant, non pour les honneurs, mais pour les moyens d’action qu’ils fournissaient », note Jean Zay dans ses mémoires. Les réalisations se succèdent : un Service central de la recherche est créé au ministère, de nouveaux laboratoires sortent de terre et, déjà, l’idée d’une grande institution nationale est évoquée.