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Sergueï Eisenstein, croquis pour le film Glass House |
" Vivre dans une maison de verre est, par excellence,
une vertu révolutionnaire. "
Walter Benjamin
L'architecture de verre aura été
dans les années 1920, un domaine intéressant également la politique et le monde intellectuel, notamment auprès
de l'intelligentsia radicale allemande et révolutionnaire soviétique, qui y voient soit la concrétisation d'une utopie
d'harmonie sociale et cosmique, soit un geste révolutionnaire
capable de rompre avec le passé ; pour d'autres ce n'est que la manifestation d'un
cauchemar totalitaire. Où se situe le projet de film Glass House, du réalisateur soviétique Eisenstein [Le cuirassé Potemkine, Ivan le Terrible, Viva Mexico, etc.] entre le socialisme rural de Tchernychevsky et
les villes du futur de Khlebnikov, entre le rêve cristallin de Taut
et de la Gläserne Kette et le monde dystopique de Zamiatine ?
L'architecture de verre joue-t-elle, chez lui, le rôle de « vertu
révolutionnaire » qui lui est attribué par Benjamin ?
Antonio SOMAINI
Utopies et dystopies de la
transparence.
Eisenstein, Glass House,
et le cinématisme de
l'architecture de verre.
Revue Appareil - n° 7 | 2011
[Extraits]
1.
L'architecture ouverte et la transformation
de
l'espace cinématographique
En
1946, forcé d'abandonner tout projet de direction de film à cause
de la censure sous laquelle était tombée la deuxième partie d'Ivan
le Terrible et
d'un infarctus qui l'avait obligé à suivre un régime de vie
beaucoup plus limité qu'auparavant, Eisenstein se plonge dans le
projet d'écrire une histoire du cinéma.