Affichage des articles dont le libellé est RUSSIE. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est RUSSIE. Afficher tous les articles

Eisenstein | Glass House

Sergueï Eisenstein, croquis pour le film Glass House 


" Vivre dans une maison de verre est, par excellence,
une vertu révolutionnaire. "

Walter Benjamin

L'architecture de verre aura été dans les années 1920, un domaine intéressant également la politique et le monde intellectuel, notamment auprès de l'intelligentsia radicale allemande et révolutionnaire soviétique, qui y voient  soit la concrétisation d'une utopie d'harmonie sociale et cosmique, soit un geste révolutionnaire capable de rompre avec le passé ; pour d'autres ce n'est que la manifestation d'un cauchemar totalitaire. Où se situe le projet de film Glass Housedu réalisateur soviétique Eisenstein [Le cuirassé Potemkine, Ivan le Terrible, Viva Mexico, etc.]  entre le socialisme rural de Tchernychevsky et les villes du futur de Khlebnikov, entre le rêve cristallin de Taut et de la Gläserne Kette et le monde dystopique de Zamiatine ? L'architecture de verre joue-t-elle, chez lui, le rôle de « vertu révolutionnaire » qui lui est attribué par Benjamin ? 

Antonio SOMAINI
Utopies et dystopies de la transparence.
Eisenstein, Glass House,
et le cinématisme de l'architecture de verre.
Revue Appareil - n° 7 | 2011
[Extraits]

1. L'architecture ouverte et la transformation
de l'espace cinématographique

En 1946, forcé d'abandonner tout projet de direction de film à cause de la censure sous laquelle était tombée la deuxième partie d'Ivan le Terrible et d'un infarctus qui l'avait obligé à suivre un régime de vie beaucoup plus limité qu'auparavant, Eisenstein se plonge dans le projet d'écrire une histoire du cinéma.

URSS - Russie | Agricultures Urbaines





L'urbanisme Socialiste, pratiqué en Union Soviétique, en Europe du Centre et de l’Est, à Cuba et en Chine maoïste, aura été la plus grande tentative de recherche et d'expérimentations d'un équilibre harmonieux entre la ville et la campagne. La Chine d'hier représente son degré le plus avancé car chaque ville devait être parfaitement autonome pour ce qui concerne son approvisionnement en denrée alimentaire. En URSS, cet équilibre s'effectuera également dans la pratique de l'agriculture urbaine à grande échelle : des millions de citadins cultiveront fruits et légumes des jardins potagers collectifs ou familiaux. Aujourd'hui, ce sont à la fois des lieux de villégiature et de production alimentaire, attractifs pour toutes les catégories de la population. Par leur effet thérapeutique, socio-compensateur et stabilisateur, ils sont un amortisseur des crises alimentaires, sociales et économiques ; à Moscou comme à La Havane. 

L'urbanisme Socialiste deviendrait-il une source d'inspiration pour les pays européens en pleine tourmente financière ? Le chapitre 9 du Rapport Brundtland sur le défi urbain recommandait d’encourager l’agriculture urbaine pour "lutter" contre la pauvreté ; qui nous rappelle plutôt le paternalisme des jardins ouvriers du 19e siècle, véritable rempart contre les velléités révolutionnaires de la classe ouvrière. 

Louiza Boukharaeva | Marcel Marloie
L’apport du jardinage urbain de Russie  à la théorisation de l’agriculture urbaine
Revue Vertigo | septembre 2010

L’objet principal de l’article est le jardinage urbain collectif de Russie, effectué par les habitants des villes sur des sols urbains, périurbains, agricoles, constructibles ou non contructibles avec des références aux autres types de jardinage urbain. Le jardinage urbain collectif russe apporte des références importantes pour la théorisation de l’agriculture urbaine. Il s’agit d’une agriculture urbaine familiale (AUF) au sens d’activité extra-professionnelle pratiquée par des urbains et non par des agriculteurs. C’est une activité non marchande instituée par l’Etat, les entreprises et la population. Elle sert de tampon régulateur des crises, en combinant les fonctions relatives à la production alimentaire, à la santé, au repos, aux loisirs, à l’éducation des enfants, à la création artistique. La conquête du droit à construire une habitation sur les parcelles des collectifs de jardins fut une forme de démocratisation de l’accès des urbains à la terre et à la nature. C’est un traitement de la pauvreté par la généralisation à toute la société urbaine d’un élément constitutif du mode de vie de la classe moyenne.

RUSSIE | Datcha et Potager




Nathalie Ortar

Les multiples usages de la datcha des jardins collectifs

Anthropologie et sociétés | 2005



Les jardins collectifs (kolektivnye sady 1) constituent le pendant incontournable de l’habitat collectif. Leur histoire est intimement liée à toutes les crises économiques et agricoles qu’ont pu connaître l’Union Soviétique puis la Russie post-soviétique. Omniprésents dans le paysage urbain, les jardins collectifs le sont aussi dans le quotidien de la majeure partie des Russes et se révèlent être de précieux observatoires.

Les représentations et les usages de ces jardins ont évolué au rythme des transformations économiques et sociales de la société russe. Les parcelles furent tout d’abord qualifiées de « potager », en référence à leur fonction strictement maraîchère. Ce n’est que vers la fin des années 1980, parallèlement à la légalisation de la construction des cabanons, que l’appellation datcha apparaît, au début par dérision, puis de façon commune à partir des années 1990. Cette particularité de leur histoire ainsi qu’un certain nombre d’usages justifie encore aujourd’hui de les distinguer des autres datcha, assimilables elles à des résidences secondaires, aspect dont il ne sera pas traité dans cet article.

Les implications au quotidien de la possession d’une datcha dans le quotidien des Russes sont innombrables et si la datcha est avant tout liée à la production alimentaire, il est nécessaire de dépasser cette problématique pour appréhender l’ensemble des aspects socio-économiques auxquels renvoie ce jardin.


Tchernobyl | Припять | Ville Verte




Photo : Ian Rance




PRIPYAT était une ville nouvelle de 49.000 habitants, située à 2 km de la centrale nucléaire de Tchernobyl, construite en 1970 pour héberger les employés de la centrale. Pripyat était alors considérée comme une « ville modèle » de l'architecture soviétique, possédant des logements de bonne qualité et une multitude d'équipements : jardins publics, installations sportives, cinémas, théâtres, etc. 

Lors du tragique accident survenu en avril 1986, les habitants non informés du danger observèrent les évènements depuis le toit des immeubles ; ils seront évacués seulement quelques jours après la catastrophe, et ne reviendront plusLe rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN),  présentant une synthèse des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl,  note que dans la semaine qui a suivi l’accident, les autorités soviétiques ont procédé à l’évacuation,  et « entre le 27 avril et le 7 mai, deux villes et soixante-dix localités, situées dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale, furent vidées de leurs habitants. Cette zone d'exclusion couvre une superficie de près de 300 000 hectares, à cheval sur les territoires ukrainien et biélorusse. (...) Au total, environ 250 000 personnes quittèrent leurs foyers ». Outre la zone d’exclusion, trois autres zones ont été déclarées par la suite dangereuses  mais l’évacuation n’a pas été obligatoire.  

URSS | Habitat et Dom-Kommuny



« En quoi consiste aujourd'hui notre tâche, que devons-nous apprendre en premier lieu, vers quoi devons-nous tendre ? Il faut apprendre à bien travailler – avec précision, avec propreté, avec économie. Nous avons besoin de développer la culture du travail, la culture de la vie, la culture du mode de vie. »

Leon Trotsky, Les questions du mode de vie
Moscou, 1923


Pour l'architecte et historien marxiste [et militant] d'origine russe Anatole KOPP, la révolution d'Octobre devait mettre fin aux principes dépassés de l'architecture pré-révolutionnaire. En abolissant la propriété individuelle, Octobre ouvrit aux architectes soviétiques les perspectives d'un grandiose travail de planification, et leur donna la possibilité d'élaborer un type nouveau d'organismes, de complexes et d'ensembles architecturaux. Ces perspectives vinrent remplacer les tâches étroitement individualistes imposées par les commanditaires d'avant la révolution.

Il ne s'agissait pas pour les architectes constructivistes – cette distinction est indispensable – de croire, comme l'avait cru à certains moments Le Corbusier -, qu'une architecture rationnelle mise à la disposition de tous pouvait remplacer la révolution. « Architecture ou Révolution » [la célèbre formule de Le Corbusier] était pour les constructivistes une interrogation vide de sens. La révolution avait eu lieu sur un sixième de la surface du globe ; aussi la seule question qui se posait réellement était de savoir comment, par les moyens de l'architecture, il était possible de contribuer à la reconstruction de la société.

VOÏNA -TV en Français !

Oleg Vorotnikov, à visionner sur Voina-TV


Je suis d’accord avec les observateurs qui ont remarqué que, comparés à Voïna, beaucoup de gauchistes ne sont pas des gauchistes du tout, mais plutôt des centristes, peut-être même des centristes inclinant à droite. Avant Voïna, ils étaient extrêmement gauchistes, des gauchistes radicaux, et puis soudainement il s’est avéré qu’ils n’étaient que des philistins.

Voïna

avait déjà un site en Français et un twitter en Français. Il a désormais sa chaîne de télévision en Français ! Retrouvez les actions de Voïna, ainsi que des reportages, interviews et autres vidéos avec sous-titres français sur Voïna-TV
Nous en profitons pour publier une interview de Oleg Vorotnikov.

Russie post-soviétique : Luttes urbaines et Droit au logement

G. Fromanger


Carine Clément
 Responsable de l'Institut de l'Action Collective, Moscou
2006

Depuis l'entrée en vigueur du nouveau code du logement, le 1er janvier 2006, et l'accélération de la réforme de la politique du logement, les actions de protestation se multiplient et touchent de plus en plus de régions de Russie, il ne se passe presque pas un jour, et surtout pas un week-end, sans que des manifestations aient lieu dans des villes de Russie. Durant le week-end du 18 et 19 février des rassemblements et des manifestations ont eu lieu dans plus d'une dizaine de villes : à Ekaterinbourg (2000 personnes à l'appel du comité local de coordination des luttes), Vladivostok (5000 personnes à l'initiative de la « Chambre civique » locale), Omsk (2000 personnes à l'appel du Comité des actions de protestation, une coalition qui inclut la plupart des partis d'opposition et des associations), dans la banlieue de Moscou, à Perm, Novossibirsk, Moscou, etc.

La nostalgie du communisme dans la Russie post-soviétique


Je suis assis au bord de la route
Le chauffeur change une roue
Je ne me sens pas bien là d'où je viens
Je ne me sens pas bien là où je vais
Pourquoi est-ce que j'observe le changement de roue
Avec impatience ?

Berthold Brecht


Nombreux sont les sites internet dédiés au communisme présentant en des termes élogieux  le revival, dans les pays de l'ex-bloc soviétique -dont notamment la Moldavie-, de Lénine ou de Staline, sondages à l'appui. Il faut dire que l'ultra-libéralisme a été particulièrement dévastateur, le nombre de pauvres sans protection sociale dépassant largement celui des nouveaux riches. Mais nous préférons vous présenter cette allocution de l'historienne Maria Ferreti, exposant avec plus de discernement et sans complaisance, les raisons de cette évolution, entre nostalgie, nationalisme exacerbé et rejet du capitalisme. Sans oublier un certain attrait vers la religion, que M. Ferreti ne mentionne pas, mais qui semble être tout aussi important. 

Maria Ferretti
Allocution au workshop organisé par 
l'European Network on Contemporary History, Paris
2007

Le problème de la mémoire du communisme se pose de manière différente dans les différents pays européens, parce que très différentes sont les expériences vécues. Dans ce paysage, la Russie occupe une place tout à fait particulière, et non seulement parce que c'est ici que le communisme est né et s'est développé avant d‟être exporté, aussi bien en tant que système (en Europe orientale) qu‟en tant que utopie et/ou idéologie (en Europe occidental). Mais parce qu‟en Russie, en effet, l‟histoire et la mémoire du communisme coïncident pratiquement tout court avec l‟histoire et la mémoire du XX siècle. De ce fait, si l‟on veut appréhender le travail de la mémoire en Russie aujourd‟hui dans sa complexité ainsi que les usages publics du passé qui y sont faits, il faut prendre soin d‟éviter toute simplification très en vogue actuellement consistant à identifier d'emblée la mémoire du communisme et la mémoire des crimes du communisme. 

Les SOVIETS de quartier 1917 / 1919



La classe ouvrière russe de 1917 était l'une des merveilles de l'histoire. Petite numériquement, jeune, inexpérimentée, inéduquée, elle était riche en passion politique, en générosité, en idéalisme et en qualités héroïques rares. Elle avait le don de rêver d'avenir et de mourir au combat d'une mort héroïque.

Deutscher
The prophet armed


Cet article présente succinctement le rôle des comités de quartier à Petrograd pendant la révolution, avant leur institutionnalisation par les bolchéviks -février 1917 / janvier 1918-, et leur rôle dans la stratégie politique et militaire élaborée par Lénine. C'est un exercice difficile car peu de documents retrace leur quotidien, au-delà de l'idéologie et des querelles partisanes. C'est aussi un sujet délicat car il -les soviets ou conseils ouvriers- représente un des points de discorde -sinon le point fondamental- entre les idéologies des groupes radicaux ou non de la Gauche. Ce texte tente de dépasser ces antagonismes pour se consacrer uniquement -autant que possible- aux faits historiques. En considérant en premier lieu l'homme anonyme, dans sa grandeur et ses faiblesses, qui s'inscrivent dans l'hypothèse de l'historien Marc Ferro d'une plébéianisation du pouvoir par le bas, et notamment au sein des conseils de quartier. Ou comment de simples citoyens -révolutionnaires ou non- devenus permanent dans les comités – soviets-, deviendront par la suite les futurs apparatchiks dans les organes supérieurs de gestion de l'Etat. Tout ceci a fait l'objet d'études et de profondes discordes mais tous reconnaissent que ce qu’il faut bien appeler la « dégénérescence » -ainsi nommée par l’historien Oskar Anweiler- des soviets institutionnalisés mériterait une discussion longue et approfondie – et sans doute non partisane- dont la place n’est malheureusement pas ici.

LA VILLE SOCIALISTE en URSS

Architectes URSS année 1960



LA VILLE SOCIALISTE en URSS


Systèmes communiste ou capitaliste établissent une relation entre une entité spatiale et un système idéologique, politique, économique et social. La ville socialiste de l'URSS ne diffère guère, dans ses formes urbaines, de ville capitaliste européenne. Plusieurs décennies de gestion socialiste ont laissé les mêmes traces dans les paysages, les formes – autrement dit les «structures matérielles de la ville » – que celles du capitalisme. Mais à l'inverse, si les formes urbaines présentent les mêmes caractéristiques, les villes se différencient complètement par  les structures sociales, économiques. 

L'utopie communiste, pour ce qui concerne l'aménagement du territoire, des villes et des quartiers, sera de courte durée malgré des réformes extra-ordinaires décidées dès les premiers mois visant notamment la gestion publique des sols, du parc immobilier et la création des Facultés ouvrières, etc., etc. Staline appuyé par une nouvelle nomenklatura de parvenus brisa l'ensemble de ces décrets. Certains affirment que le communisme est mort avec la répression sanglante de Kronstadt en 1923, d'autres avec l'exil forcé de Trotsky en 1927. En architecture, la fin de l'utopie coïncide avec les purges de 1932 et la Realpolitik qui privent de liberté de pensée les théoriciens de l'architecture et de la ville.


VOÏNA [ВOйHA], Art de rue Politique et Protestataire



Voïna (ВOйHA)

"Guerre"

Nous faisons de l'art de rue politique et protestataire. 
Et l'art constitue le moyen le plus puissant de lutter 
en faveur de la liberté. C'est pour cela que nous créons une nouvelle sorte d'artiste russe, un intrépide Robin des Bois !


Voïna (ВOйHA) signifie "Guerre". Nous avons déclaré la guerre à tout ce monde de l'art glamouro-fasciste qui ne produit que des objets d'art morts… Toute cette pitoyable masturbation artistique pseudo-libérale avec des programmes, c'est dépassé. Il est temps de s'opposer pour de bon au lieu de se contenter de jouer avec les mots… Notre but est de montrer la communauté artistique glamour et conformiste sous son vrai jour, pour que tout le monde puisse en rire. Elle est vendue, fascisoïde et ne reproduit de la merde artistique sans odeur complètement ringarde.



VOÏNA [ВOйHA] : Comment Voler un Poulet ?



Voïna (ВOйHA)

Новая скандальная акция группы Война «Пошто пиздили Куру?» или «Сказ о том, как Пизда Войну кормила»

Эпиграф:«Барским крестьянам от доброжелателей поклон!»Н. Г. Чернышевский


Les architectes soviétiques à la conquête du territoire, 1917 - 1932.







En Octobre 1917, l'Union soviétique sera, pour beaucoup, une terre d'espérance, le pays de l'Utopie réalisée.


Dans le domaine particulier de l'architecture et de l'urbanisme, cette utopie se concrétise par l'un des premiers décrets adoptés par les bolcheviks et visant la gestion du parc immobilier intitulé Sur la nationalisation des biens immobiliers dans les villes et sur la réquisition du loyer, O nacionalizacii gorodskih nêdvižimostêj i o rêkvizicii kvartirnoj platy. Il est promulgué le 4 décembre 1917 et met en oeuvre la politique dite de « répartition de l'habitat » (êrêdêl žili ), qui consiste à réquisitionner les appartements bourgeois et à les attribuer aux travailleurs. Le 20 août 1918, le gouvernement soviétique décrète la nationalisation des immeubles d'habitation des villes. Le décret Sur l'abolition du droit à la propriété privée dans l'immobilier dans les villes, place légalement le « logement des riches » sous le contrôle des Soviets locaux. Pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité, un pays développé réalise un des fondements des utopies urbaines, en abolissant la propriété privée, en éliminant par la même occasion les phénomènes urbains liés à la rente, à la spéculation, à l'individualisme. Ceci présageait un avenir radieux, pour la ville socialiste future.