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Guattari | Tokyo l'Orgeuilleuse





Félix Guattari

Tokyo l'orgeuilleuse
Hokoritakaki Tokyo*
janvier 1986


Des cubes lumineux au sommet des buildings [2]. Pour baliser le ciel,
interpeller les dieux ? Plus sûrement par orgueil, à la manière des tours
médiévales de Bologne.
Cette inimitable attention de votre interlocuteur japonais qui, tout
à coup, vous fait vous sentir digne de considération et vous induit à la
tentation mimétique — irrésistible quoique sans espoir — d’appréhender
l’autre sous l’angle d’une nouvelle douceur.


TOKYO | Capitale Post-Moderne



Tôkyô | Sweets Paradise

« Nulle par ailleurs les valeurs foncières n’ont atteint de tels sommets : à Tokyo en 1990, le prix du mètre carré de terrain à usage de bureaux caracolait à 360.000 francs dans les 23 arrondissements de Tôkyô, après avoir triplé en cinq ans. Un niveau tel que, selon ses propres estimations officielles, le Japon pouvait théoriquement s'acheter le territoire des États-Unis en vendant celui de Tôkyô, ou bien s'offrir le Canada avec les seuls terrains du palais Impérial. »
Natacha Aveline, La bulle foncière au Japon

Tokyo, l'une des trois grandes métropoles mondiales de la Triade aux côtés de New York et de Londres, symbolisa les excès frénétiques du grand capital [zaïkaï] post-industriel et financier. Durant plus deux décennies, en tant que deuxième puissance économique mondiale – la Chine aujourd'hui occupe cette place -, Tokyo aura été considérée comme La capitale du capitalisme libéral-libertaire alors triomphant, supplantant même New York ; et la japonolâtrie déferla, tel un tsunami intellectuel dans la pensée européenne : le[s] chaos urbain et architectural de Tokyo, sublimant la déréglementation des Walfare states, seront érigé comme modèle de mégapole possible ou souhaitable, celle du 21e siècle, plébiscitée par une pléiade d'architectes ayant adapté l'ultra-libéralisme nippon à la ville [privatisation parc social, flexibilité des plans d'urbanisme, partenariat public-privé, urbanisme de la déréglementation et de la dérogation, architecture verticale, marketing urbain et concurrence entre les villes, via la sous-traitance des concours internationaux, star-architecture, etc.]. 

JAPON : Manga & Politique



A propos de l’Armée Rouge japonaise, il y a une anecdote assez intéressante : lors du détournement de lavion Yodo vers la Corée du Nord en mars 1970, lorganisation publie un communiqué où ils signent à la fin " Nous sommes Ashita no Joe".


Julien BOUVARD

Le manga des années soixante : à la croisée des histoires culturelle, sociale et politique



Le 23 mars 1970, à Tôkyô, sept cents jeunes gens participent à une cérémonie funéraire devant le siège de la maison dédition Kôdansha. Ils viennent ainsi célébrer la mémoire du défunt boxeur Rikiishi Toru, décédé au combat alors quil affrontait son rival, mais néanmoins ami Joe Yabuki. Terayama Shuji 1, poète et cinéaste de « la nouvelle vague » japonaise est présent et cest lui qui lit une oraison funèbre dont ces mots sont extraits : « Nous sommes heureux, car de son vivant Rikiishi Toru vécut jusquà la limite de ses forces avant de disparaître comme un rayon de lune.». En passant devant le portrait du défunt, tous, avec application, rejoignent leurs mains et prient à la mémoire du boxeur, connu et adoré dans tout le Japon.


TOYOTA CITY 豊田市



Oui, Toyota est en train de détruire l'homme lui-même, et moi ce n'est pas en rêvant, mais avec effroi, que je travaille dans cette grandiose usine Toyota ! Ainsi, le titre de ce livre serait plutôt Toyota : l'usine-bagne.
Satoshi Kamata, journaliste


豊田市
                                                  
Ikigai est un terme japonais désignant littéralement le « sens de la vie » qui imprègne fortement le sens commun des japonais, pouvant aller tant au niveau de l'interrogation philosophique individuelle « Pourquoi vis-je ? » ou « A quoi sert ma vie ? », qu'au niveau politique et économique « Pourquoi travaille-t-on ? » ou « A quoi sert de l'argent si on n'a pas d'Ikigai ? » Des questions que se poseront souvent les Toyotomen, de la ville-bagne Toyota, selon le témoignage du journaliste Satoshi Kamata [1], tiré de son livre Toyota, l'usine du désespoir : Journal d'un ouvrier saisonnier, auquel nous empruntons de longs extraits.
C'est un article d'une grande importance, car Toyota City représente la perfection même du système productif de l'industrie japonaise. Un système parfait qui dépasse largement celui de ces concurrents américains [Toyota est jumelé avec la ville de Detroit aux USA, elle aussi dédiée à l'automobile]. Si Manhattan à New York représente le symbole de la ville et de l'architecture du capitalisme improductif et financier, Toyota City constitue son pendant pour le capitalisme industriel et productif. Le fondateur de Toyota, Sakichi Toyoda, son fils Kiichiro, et l’ingénieur Taiichi Ohno imaginèrent pour elle un grand destin : elle sera le laboratoire d’une nouvelle forme d’organisation du travail qui implique également celle de l'aménagement d'un territoire ; qui s'inscrit dans l'immatériel par une pression psychologique quotidienne de ses employés-habitants.

Japon : Tokyo, Kôenji : la fronde des précaires



Julien Bielka
La Revue des ressources
mai 2011
Un cliché a la vie dure : celui d’un Japon monolithique, englué dans le fatalisme, l’absence de contestation, la résignation à l’ordre établi. Un Japon qui aurait intériorisé le respect de la hiérarchie, de l’autorité, de l’Impératif Catégorique - en accord avec une hypothétique “japonité” (1). Si ce conformisme japonais existe, il est faux de le généraliser, de nombreux écrivains en témoignent. N’oublions pas qu’il y a même eu un mouvement Dada sur le sol nippon ! Faux car c’est aussi consolider le mythe d’une "japonité" fictive, en ce qu’elle est faite d’éléments disparates et instables. Devant l’insistance du discours (lourd et lassant) visant à essentialiser les Japonais en en faisant un groupe homogène, aux propriétés transhistoriques, il me paraissait nécessaire de faire ce petit rappel préliminaire. L’hétérogène comme l’hétérodoxe, mêmes minoritaires, existent au Japon.

JAPON : Renouveau militant de la société civile

Manabu Yamanaka,  Homeless - Gyahtei

David Antoine MALINAS
UMIFRE 19 CNRS-MAE (MFJ)

ANALYSE DU RENOUVEAU MILITANT
DE LA SOCIÉTÉ CIVILE JAPONAISE

Le mouvement des sans-abri de Shinjuku à Tokyo


La précarité, et tout particulièrement la grande précarité, 
est devenue l'un des phénomènes les plus préoccupants de la société japonaise actuelle. Entre le début et la fin de la décennie 1990, le nombre de sans-abri, tout comme le taux de chômage, a doublé. Au tournant des années 2000, les réformes politiques d'inspiration néolibérale ont certes permis d'infléchir légèrement ces courbes, mais la crise mondiale actuelle est en train d'effacer rapidement ces résultats avec, pour la première fois, une répercussion quasi-immédiate de la récession sur les chiffres du chômage et sur celui du nombre de personnes à la rue. Entre temps, le taux des emplois précaires — 35 % en 2008 - et le taux d'allocataires du revenu d'assistance minimal - 12 % en 2007 -, n'a cessé d'augmenter. Ainsi, selon une enquête de l'OCDE, le Japon ne serait plus seulement la deuxième puissance économique du monde, il serait également devenu le pays ayant l'un des plus fort taux de pauvreté (15,3), devancé seulement, au sein des pays développés, par les Etats-Unis [2].