Chaque matin, la sonnerie du réveil m’arrache de mon sommeil. Premier acte : j’allume mon téléphone portable.
Avec les satellites, les nœuds de communication, les antennes etc, mon portable se synchronise avec ceux de tous les autres. Nous vivons la même vie en même temps. Connecté à internet, quelque chose d’invisible me transperce, mon téléphone envoie et reçoit en permanence. Une fois que le rythme de la nuit est tué par la sonnerie et que je me synchronise avec le monde connecté, un autre temps domine. Le staccato des émissions en direct, de la disponibilité ininterrompue, celui de la mise à disposition permanente, des emplois du temps et des rendez-vous, des plannings et des impératifs. Deuxième acte : je débranche mon portable de sa prise. Sans électricité, il ne serait rien, juste du plastique et de la ferraille avec quelques éléments faits de métaux rares. Cet appareil peut fonctionner à l’aide de spécialistes et grâce à une production d’électricité dépendante du nucléaire et du charbon, à un réseau mondial, à cette infrastructure critique qui garantit jour après jour notre quotidien, protégée par la police et l’armée. Après avoir utilisé divers appareils qui ont eux aussi besoin d’un réseau – sans quoi ils seraient complètement inutiles-, je pose un pied dans la rue.