Edit : Les vidéos (issues du direct d’EODP) et les quatre photos (issues de PPics) ont toutes été floutées par nos soins.
À l’occasion du 1er Mai, deux disputes ont opposé des militants du cortège révolutionnaire à deux "journalistes engagés", se concluant par l’agression physique d’un camarade et par des menaces de représailles policières de la part de leur collectif.
Voilà maintenant plusieurs années que Rachid et Boubaker Moumni tentent de faire une carrière journalistique dans le cadre de leur ONG "European Observatory for Peace and Democracy" (EODP) sur le dos des luttes militantes.
Depuis plusieurs années, le Secours Rouge a entamé une campagne pour augmenter la conscience du problème photographique dans l’activité militante. La combinaison photo/vidéo numérique et médias sociaux expose les manifestant·e·s à être identifié·e·s par leur patron, leur prof, par les policiers ou par les fascistes, comme jamais auparavant. Nous avons d’ailleurs reçu durant cette campagne de nombreux témoignages de militant·e·s mis en difficulté à cause de photos prises par des "journalistes engagés" : agression par des militants d’extrême-droite en pleine rue, condamnation judiciaire d’un militant identifié sur les lieux d’une action, militante syndicale identifiée par son patron comme communiste, plusieurs personnes sans-papiers et réfugié·e·s recevant des avis négatifs de la Sûreté de l’État après avoir été identifié·e·s comme militant·e·s (dont un au 1er Mai de l’année passée), etc.
Jusqu’à ce que nous commencions cette campagne, n’importe qui pourvu d’un appareil photo et d’une page Facebook estimait avoir des droits sur l’image de n’importe quel manifestant·e. Notre campagne a changé cela, elle a donné lieu à de nombreuses discussions, dans un sens ou dans l’autre, autour du travail du Collectif Krasnyi, de Mediactivista, et des collectifs médias militants en général.
Notre position est qu’on ne devrait pas rendre public l’image d’une personne sans son accord. Mais comme nous savons cela (pourtant élémentaire) difficile à obtenir, nous avons mis à la disposition des militant·e·s des stickers "No Photo" pour exprimer clairement leur refus d’être photographié·e·s.
Ces stickers n’empêchent personne de photographier mais mettent les photographes devant leurs responsabilités : choisir d’ignorer sciemment la demande ou changer sa façon de travailler pour la respecter (par le choix du cadrage, ou en floutant les visages avant la médiatisation). Cette pratique a finie par être largement comprise et acceptée. Mais pas par les frères Moumni, et voici quelques exemples de photo issus de leur "banque d’image".
Quelques exemples de la "banque d’images"
Le plus fort, dans leur cas, c’est qu’il refusent aux manifestant·e·s le droit à leur propre image, mais qu’ils revendiquent bien haut, pour eux, la propriété de cette image. Leur polémique avec la RTBF qui avait utilisé un bout de leur vidéo en est un bel exemple.
PPics et RTBF
À de multiples reprises, ces dernières années, nous avons demandé aux frères Moumni de "filmer un peu plus loin", de "faire attention aux gens avec les auto-collants", etc. Ils ont toujours réagi avec une grande agressivité, allant jusqu’à suivre et coller leur appareil à quelques centimètres de celles et ceux qui leur demandent le respect le plus élémentaire de leur droit à l’image. Ce qui nous amène à la dernière affaire.
Pour la manifestation du 1er Mai Révolutionnaire, la question des photos et vidéos avait été longuement discutée. L’Alliance organisatrice avait désigné des photographes de confiance pour couvrir la manifestation et avait publié une page spéciale "À l’attention des photographes" (avec un tutoriel de floutage).
Plusieurs photographes qui n’avaient pas été désigné.e.s se sont également présenté à nous le jour même et nous avons pu discuter avec eux de leur pratique. Au début de la manifestation ces consignes ont été distribuées à tous les participant·e·s, et cela avait aussi été rappelé dans le discours de départ.
Les frères Moumni ont d’abord manifesté au sein du "1er Mai de Lutte" appelé par la CGSP-ALR avant de croiser le cortège du 1er Mai Révolutionnaire aux abords de l’Albertine. À l’occasion de cette rencontre, un militant du cortège révolutionnaire a demandé à B. Moumni de cesser de filmer puisqu’il ne faisait pas partie des photographes désigné·e·s pour rendre compte de la manifestation. Ils sont d’ailleurs parfaitement au courant de cette pratique et mentionnent eux-mêmes dans leur vidéo "on ne s’entend pas avec les organisateurs de cette manif car ils ne veulent pas qu’on filme" (cf video "EODP #4). La réaction du photographe a été immédiate, s’introduisant dans la manifestation pour coller son smartphone au visage de celui qui lui avait fait la remarque, à cette occasion la perche à selfie de B. Moumni est abaissée une première fois, assorti d’une menace ferme concernant son matériel. Cette provocation de B. Moumni a fait éclater une dispute avec d’autres militant·e·s excédés par cette manière de faire.
La manifestation s’est poursuivie, les frères sont restés dans le cortège CGSP-ALR, traitant à plusieurs reprises sur leur direct la manifestation révolutionnaire de "fachos", de "fascistes anarchistes", présentant comme preuves les images des dégradations sur divers panneaux publicitaires, sur les vitrines de l’ONEM et sur celles du PS. On voit déjà que les termes de "racistes" ou de "fascistes" sont systématiquement utilisés par les deux frères qui considèrent la casse d’une vitrine de publicité ou de l’ONEM comme des actes "fascistes".
On ne s’étonnera pas de ces commentaires puisque le secrétaire de leur ONG, Benjamin Hannesse, était candidat PS aux élections communales 2018 à Woluwe Saint-Pierre.
Arrivé Place Rouppe, R. Moumni traverse les festivités, protège pour la première fois de la journée l’anonymat de son sujet photographique : le dispositif policier.
Puis il se rend à la Place Anneessens en commentant "ces cons là sont ici" avant de zoomer sur la personne qui l’aurait "agressé", verbalement (cf. video "EODP #6" plus bas). Ensuite il croise à nouveau la personne qui lui avait rabaissé son smartphone aux abords de l’Albertine et la poursuit car celle-ci lui dit "tu n’arrêteras jamais" , la caméra est à nouveau abaissée car prenant clairement des images en direct : cette phrase et ce geste constituent l’agression dénoncée par EODP depuis. Le live s’arrête là, quelques secondes plus tard ce camarade sera frappé à coup de perche à selfie et traité de raciste. Une accusation pour laquelle les seules preuves apportées par EODP sont que "les reporters d’EODP [sont] d’origine [...] maghrébine" et que les journalistes de RT auraient été "autorisés" à filmer. Ce n’était bien sûr pas le cas, si le journaliste de RT avait été repéré, il lui aurait également été demandé de cesser de filmer. Des reporters racisé·e·s ou non ont été autorisé·e·s à filmer, il a été demandé à d’autres, racisé·e·s ou non, de cesser de filmer. Il a été demandé aux frères Moumni de cesser de filmer car ce sont deux photographes qui sont connus pour revendiquer agressivement leur droit de filmer n’importe qui n’importe comment, comme en témoigne leur pratique récurrente de poursuivre en filmant en direct les personnes qui leur demandent de ne pas les filmer.
R. Moumni a donc cinglé notre camarade du pied de son appareil avant de hurler en vain "facho, facho, facho" pour tenter lâchement de faire croire à une agression raciste et impliquer les habitant·e·s du quartier. Traiter de raciste ce camarade est une malhonnêteté qui en dit long sur le manque de scrupules des frère Moumni, car ils connaissaient bien le pourquoi de l’incident. Blessé au sang, notre camarade a été pris en charge médicalement. À aucun moment ni Rachid, ni Boubaker n’ont été violentés : à deux reprises leur perche à selfie a été saisie et abaissée par la personne qui ne souhaitait pas être affichée en direct sur Facebook. N’arrivant pas à mobiliser en sa faveur les témoins de l’incident, R. Moumni s’est retiré et a longuement discuté avec les policiers en civil se tenant à proximité. Amis du PS et de la police, les frère Moumni ont tout naturellement menacé d’aller porter plainte, comme en témoigne le mail reçu :
Menace de plainte de la part d’EODP
Nous ne rembourserons rien aux frères Moumni (ni la perche à selfie, ni le smartphone et le micro qu’ils essaient de se faire remplacer alors qu’ils n’ont pas été endommagés). Ce sont des opportunistes mettant en danger les militant·e·s pour leur petite carrière "journalistique", ce sont des collaborateurs informels de la police, prêts à tous les mensonges et à toutes les instrumentalisations (comme en appeler à l’anti-racisme dans cette affaire) pour perpétuer leurs petites combines. Ils doivent clairement être bannis des activités militantes comme les opportunistes néfastes et collaborateurs de police qu’ils sont.
Notre camarade, une demi-heure après l’agression.
Une nouvelle brochure sur l’usage de la photo en manif vient de voir le jour, elle est inspirée de la nôtre et de celle de Paris-Lutte.info. Pour consulter la brochure, rendez-vous sur Indymedia.
Contenu :
1. POURQUOI CETTE BROCHURE
2. CONSTATS
La prise d’images répressive et irresponsable
L’utilité de nos images
L’action ou la constitution d’images
3. PROPOSITIONS
Lors d’activités "banales"
Lors de manifestations et/ou d’actions
Lors de l’utilisation des images
4. OUTILS
5. CONCLUSION
1. Pourquoi cette campagne ?
Suite à l’explosion de l’usage des appareils photo (smartphones, tablettes, drônes,...) par les manifestants, certaines personnes n’ont pas tout à fait conscience du danger qu’elles courent et font courir à d’autres en capturant des images et en les diffusant sur le net.
Un gréviste lançant un pavé (ou se tenant à côté d’un de ses camarades qui en ferait autant), une travailleuse qui aurait menti à son patron pour aller à une manifestation, des sans-papiers qui ne savent pas que l’Office des Etrangers tiendront leur activité politique en motif contre leur régularisation, un jeune manifestant qui s’est discrètement éclipsé face à des parents ou à des profs réactionnaires, militante antifasciste menacée par l’extrême-droite dans son quartier. Tous ces exemples, toutes ces "exceptions", nous les connaissons. Les manifestants prennent le danger de manifester face aux répressions policière, fasciste, patronale. Ils prennent le danger d’être fiché par la police et d’être filmé par des chaînes de télévision bourgeoises. Mais lorsqu’ils se retournent vers la manifestation, vers leurs camarades, ce sont certains manifestants qui le menacent, parfois sans même s’en rendre compte.
Certaines personnes argumentent que nous devons tous manifester à visages découverts dans les manifestations et que si les manifestants ne veulent pas être exposés aux yeux de tous, ils devraient se masquer, ayant ainsi le choix entre prendre un risque supplémentaire ou être interdit de manifestation. Dans d’autres cas, ce sont des gestes de rupture qui ne peuvent plus avoir lieu tant les téléphones et les perches à selfie sont omniprésentes.
Un coup de pied pour la banque, 50 photos pour la police...
S’il est clair que les images des luttes doivent circuler et servir à partager les informations ainsi qu’à la propagande, le problème ne doit pas être retourné : la photographie doit rester un outil du mouvement social, et pas l’inverse. Trop souvent à présent, les manifestants sont devenus les modèles involontaires et forcés de photographes irresponsables.
Un assemblage d’images prises à des moments différents par des personnes différentes, lors des émeutes de Baltimore, ont permis à la police de lancer un avis de recherche.
Face à cette problématique et suite à des situations où des militantes et des militants ont dû payer le prix de ces photos à la place des photographes, le Secours Rouge lance une campagne et une plateforme pour que les photos en manifestations -et ailleurs dans la scène- soient prises de façon responsable et réfléchie.
2. La plateforme No Photo
La Plateforme No Photo est une série de comportements que des organisations s’engagent à respecter et à diffuser parmi leurs membres. Essentiellement, cette plateforme fait la promotion d’un usage responsable et intelligent. Il serait idiot d’interdire en bloc tout usage de la photographie en manifestation. Cette plateforme demande en somme à chaque photographe de réfléchir à chaque étape de sa photographie aux personnes qu’il met en danger.
Avant de prendre quelqu’un en photo : cette personne est elle d’accord d’être prise en photo ?
En transportant des photos qui n’ont pas été traitées : suis-je en mesure de détruire des photos qui pourraient servir de preuves contre des militants au cas où je suis arrêté ?
En mettant la photo en ligne : cette photo est elle débarrassée des données qui identifient le photographe (EXIF) ? Permet elle de reconnaître des militants ? Met elle des progressistes en danger ?
La plateforme sera bientôt proposée aux signatures des organisations.
3. Matériel
Un dépliant qui informe sur les risques et les méthodes de la photographie en manifestation. Télécharger
Un autocollant avec un logo explicite que les personnes qui ne veulent pas être prises en photo peuvent porter.
Une brochure "petit procès grands enjeux" sur un procès qui impliquait des images de "photographes militants".
Publié en février 2017
4. Tutoriels
4.1 Logiciels
Télécharger Jstrip
Télécharger Gimp.
Lien Obscuracam
4.2 Flouter les visages avec Photoshop
Veuillez régler la qualité de la vidéo (minimum 720p) pour que la vidéo ne soit pas floue.
5. Liens et notes
Mediactivista
Brochure sur la prise d’image