Ce tract contre la future méga-mine de la Compagnie de la Montagne d’or a été diffusé lors d’un rassemblement à Cayenne le 16 juin 2018. Deux jours plus tard, le 18, une manifestation s’est également déroulée à Saint-Laurent-du-Maroni. La mine dite « Montagne d’or » est plutôt une fosse gigantesque creusée afin d’extraire à grand renfort d’explosifs et de cyanure 1,6 g d’or par tonne de roche broyée, au total 85 tonnes d’or. Ce projet doit ravager 800 hectares de forêt à 125 km de Saint-Laurent-du-Maroni, pour (…)
Par Ricardo Flores Magon (1914)
2 septembreFrères Yaquis, nous vous embrassons chaleureusement ! C’est ainsi que se conquiert le pain, la terre et la liberté. Et si quelque puissant vous dépêche un délégué pour vous proposer une alliance, arrachez-lui la tête et renvoyez-la à son maître avec ces mots : " Maintenant viens donc te la faire arracher à ton tour. "
Par Hisashi et Mieko Tôhara (1946)
28 aoûtCes lignes ont été écrites par mon époux, Hisashi Tôhara, un an après avoir vécu la bombe atomique, alors qu’il venait d’entrer au lycée de Hiroshima.
Il a été victime de cette bombe à 18 ans et il en avait 19 lorsqu’il a écrit ce texte. Je savais qu’il était de Hiroshima, mais pendant nos quarante-deux ans de vie commune, s’il me parlait souvent de son adolescence dans le Japon militarisé, évoquant notamment ses soirées arrosées avec les jeunes recrues, il ne m’a jamais parlé de ce jour fatidique. Et, sachant que le souvenir devait en être trop douloureux, je n’ai jamais osé le questionner à ce sujet.
Pas une semaine ne se passe sans que la question de la taule ne soit affichée dans les médias : évasions plus ou moins spectaculaires, question de la "radicalisation", des décès à répétition qu’on explique simplement par la surpopulation carcérale etc. (Comme si le vrai problème n’était pas l’enfermement et les matons mais juste un « souci d’organisation »…) Cette surmédiatisation prépare le terrain pour nous faire gober la pilule de la future réforme pénitentiaire.
Par Luigi Bertoni (mars 1912)
25 aoûtIl faut en finir avec la conception "catastrophique" voyant surtout dans la révolution un geste violent de désespoir. Sans doute, un grand mouvement ne peut résulter que d’une énorme crise, dans laquelle pourtant nous garderions et une profonde confiance dans nos propres forces et une idée assez nette de la nouvelle direction que nous leur voudrions donner. Mais un grand espoir est indispensable pour oser s’attaquer à tout le vieux monde avec la décision nette d’une œuvre immense de démolition et de reconstruction à accomplir.
Par Ngô Van (1966)
20 aoûtPour comprendre l’histoire contemporaine des pays de civilisation chinoise, il est indispensable de connaître, au moins sommairement, l’histoire de la Chine ancienne et le caractère spécifique des insurrections paysannes qui, à plusieurs reprises, menacèrent de ruiner de fond en comble le système de domination administratif et militaire de la dynastie des Han. La grande guerre des paysans chinois des temps modernes qui a permis la victoire de Mao Tsé-toung n’est pas foncièrement différente des (…)
Plus que la documentation, nous avons besoin de la participation active des compagnons, y compris par l’écriture, dans ce qui doit être un projet précis. Nous ne pouvons pas nous limiter à la dénonciation de l’exploitation, nous devons apporter nos analyses dans un projet plus large qui devienne compréhensible au cours de l’analyse elle-même. La contre-information documentée et la dénonciation ne doivent plus suffire. Nous avons besoin de quelque chose en plus, tant que nous avons toujours des langues pour parler, tant qu’ils ne nous les couperont pas toutes.
Par Renzo Novatore (1911)
11 aoûtNotre époque est une époque de décadence. La civilisation bourgeoise et christiano-plébéienne est parvenue à la phase terminale de son évolution il y a déjà bien longtemps. La démocratie est arrivée ! Mais sous les fausses splendeurs de la civilisation démocratique, les plus hautes valeurs spirituelles, bouleversées, se sont effondrées, La volonté affirmée, l’individualité barbare, l’art libre, l’héroïsme, le génie, la poésie ont été méprisées, moquées, brisées en morceaux.
Ci-dessous un communiqué de la Bibliothèque anarchiste Kaos, qui a été traduit à partir de la traduction en espagnol de Vozcomoarma. Il revient sur les lourdes peines qui sont tombées le 17 juillet dernier sur 23 compagnonnes et compagnons (allant de 5 à 7 ans de taule), accusé-e-s d’avoir pris part aux émeutes en 2013 et 2014 à Rio de Janeiro. La rue avait répondu aux politiques de nettoyage social, de gentrification, de rénovation urbaine et autres mesures visant à renforcer le contrôle sur les (…)
De la communication savante, où l’on apprend comment celle-ci enseigne à poser les questions auxquelles elle a seule la réponse, et où est expliqué pourquoi la meilleure manière de dialoguer avec les savants, c’est ne pas participer à la conversation
Par Ricardo Flores Magon (1915)
6 aoûtL’eau entraîne une pépite d’or et une particule de fer dans son cours et les déposent l’une à côté de l’autre sur la berge d’un ruisseau.
En voyant son voisin, l’Or, se sentant blessé dans son orgueil d’aristocrate par le caprice du destin qui l’a placé à côté de ce métal sans valeur dit :
Lucas Harel, 21 ans, est mort samedi 21 juillet dans la prison de Fleury-Mérogis. L’administration pénitentiaire parle d’un suicide, ses proches et ses codétenus pensent à un passage à tabac.
Où l’on montre que la vulgarisation scientifique a quelque chose à voir avec la propagation du scientisme et avec sa mise en scène dans la psychanalyse
2 aoûtDans cette intervention, je défendrai la thèse suivante : la vulgarisation scientifique, entendue comme cette opération qui, dès les débuts de la science moderne en Europe, tente de faire partager par un large public, la vision qu’ont les scientifiques du monde et de ses problèmes, peut sans doute être considérée comme l’outil de propagation privilégié de l’idéologie scientiste.
Par Anselme Bellegarrigue (1848)
1er aoûtLe gouvernement de la France établi sur les bases que je viens d’indiquer, les partis s’évanouissent, les ambitions s’éteignent et les mots Liberté, Egalité, Fraternité sortent enfin du domaine des interprétations et des controverses pour passer dans les faits. Je m’explique et mes explications seront simples :
Ce vendredi 27 juillet, la sentence est tombée dans l’affaire de l’occupation du conseil d’administration de l’université de Franche-Comté qui a eu lieu le 14 février 2017. Sept personnes étaient jugées pour une action contre la mise en place de la sélection en master, qui était sur le point d’être votée par les gouvernants de la fac.
Par Ghérasim Luca (1953)
29 juilletpaspas passe paspaspasse
passe passe il passe il pas pas
il passe le pas du pas du pape
du pape sur le pape du pas du passe
passepasse passi le sur le
le pas le passi passi passi pissez sur
le pape sur papa sur le sur la sur
la pipe du papa du pape pissez en masse
(avec le sourire SVP)
27 juilletAh, toutes ces formations continues ! Que de beaux projets éducatifs destinés à éveiller l’esprit des citoyens tout au long de leur vie, à construire une Cité innovante dont chaque membre jouira d’une maturité intellectuelle n’ayant d’égale que l’autonomie morale qu’ont voulue les Lumières… mais… non… non ? Et zut ! C’est là qu’on se réveille d’un si beau rêve et qu’on découvre, dressé face à nous, le torse bombé : le Certificate of Advanced Studies (CAS) en Gestion des Politiques de Sécurité Urbaine !
Dire ce que nous sommes n’a jamais été une tâche aisée, mais les prétendues sciences de la vie ont à présent réussi à spécialiser leur langage et méthodes au point où il faut être diplômé pour pouvoir le faire de manière officiellement reconnue. Les différents aspects de nos corps, de nos esprits et des ponts qu’on bâtit entre eux, sont de plus en plus concentrés dans les mains des laborantins – les seuls diplômés à les maîtriser, ou le prétendre. Avec la naissance de la génétique moléculaire, ainsi que des (…)
Sitôt passé, l’événement n’a de devenir que dans sa remémoration critique. En sachant qu’il y a des critiques qui liquident au nom de vérités intangibles, elles-mêmes jamais remises en question, et des critiques qui sauvent ce qui mérite de l’être de l’événement. Cet étrange printemps des convergences ratées ne fait pas exception. Il nous occupa en tout cas assez pour mériter l’examen, seul capable de donner une suite à nos raisons d’en avoir été. À notre place, modeste, mais partout où sourdaient des colères.
Dossier critique à propos de trois documentaires diffusés par la Radio Télévision Suisse dans le cadre de l’émission de vulgarisation scientifique Specimen.
Par Samuel Butler (1870)
23 juilletCe fut pendant mon séjour dans la Cité des Collèges de Déraison – cité dont le nom érewhonien est si cacophonique que j’en fais grâce au lecteur – que j’appris l’histoire de la révolution qui avait eu pour résultat d’anéantir un si grand nombre des inventions mécaniques en usage auparavant.
Comme à chaque fois à l’approche d’une future coupe du monde, voilà qu’on nous refait le coup du football populaire. A travers un joli petit récit, on nous conte l’histoire d’un football rebel et underground qui relèverait d’une sous-culture si chère aux cultural studies importées d’outre-atlantique. Et ce football du peuple n’aurait strictement rien à voir avec celui de la FIFA et du tsar de Russie.
Comment Marx et Nietzsche ont évincé leur collègue Max Stirner et pourquoi il leur a pourtant survécu
17 juilletLe réflexe défensif devant les idées stirnériennes caractérise également la plus grande partie de l’histoire de la réception, faite à la fois de ré-pulsion et de dé-ception, de « L’Unique ». L’ouvrage tomba d’ailleurs pour commencer dans l’oubli pendant un demi-siècle ; c’est seulement dans les années 90 du XIXième siècle que Stirner connut une renaissance, qui se poursuivit au siècle suivant, toujours dans l’ombre de Nietzsche toutefois, dont le style et la rhétorique (« Dieu est mort », « Moi, le premier immoraliste », etc.) fascinèrent tout le monde.
NdNF : Tant que la « zone à défendre » était constituée comme zone occupée « contre l’aéroport et son monde » et comme espace d’expérimentation alternative, les contradictions inhérentes à la délimitation de ce tout petit monde alternatif illusoirement extrait du monde — dont nous pouvons penser qu’elles en reproduisent inéluctablement les mêmes schémas, ceux de la gestion et de la politique — restaient internes, et c’était d’un point de vue extérieur que les critiques de la démarche territoriale et (…)
Alors que l’équipe de France vient de se qualifier pour la finale de la coupe du monde 2018, il est de bon ton — y compris chez les militant·es supposément anti-autoritaires —, dans les conversations de couloir et de comptoir comme sur les réseaux sociaux, d’afficher son amour de ce sport "populaire" et de qualifier toute remarque hostile au cirque footballistique actuel de « mépris de classe » ou « d’élitisme ». La critique, ou même la seule mise à distance, du spectacle nationaliste et capitaliste qu’on nous livre semble inaudible. Coup de gueule en forme de lettre ouverte.
[Cet essai fait partie, avec de nombreux ajouts et quelques modifications de l’auteur, du livre Fuori dal cerchio magico. Stirner e l’anarchia, sous la direction de C. Mangone, ed. Centrolibri - Edizioni Anarchiche e Libertarie, Catania, 1993, sous le titre Gli eccessi dell’amore di sé. Max Stirner : dall’ordine della dipendenza alla negazione del dominio. Note de l’auteur : toutes les phrases entre guillemets sans référence bibliographique sont des citations de mémoire de L’Unique et sa propriété (…)
Le mardi 14 avril 2015, dans l’après-midi, une action a lieu à Toulouse, en solidarité avec les migrant-e-s de Calais. Le local de l’UMP situé rue Gabril-Peri, en plein centre de Toulouse, est "expulsé" par un groupe de personnes en représailles aux nombreuses expulsions de squats de migrant-e-s menés par la mairie UMP de Calais. En quelques minutes, le mobilier se retrouve sur le trottoir et les dossiers dans le caniveau. Deux tags sont laissés sur la façade, un tract est distribué dans la rue et, (…)
Jeudi 21 juin 2018, un rassemblement contre toutes les prisons suivi d’une déambulation était appelé sur la place des Fêtes à Paris 19ème. Nous sommes une bonne cinquantaine, avec tables, tracts, journaux, à prendre la place vers 19 heures. Deux civils se présentant comme représentants de la préfecture essaient de nouer le contact pour savoir ce que nous comptons faire. Pas de dialogue avec les flics, cependant ils sous-entendent qu’ils ne sont pas là pour nous empêcher, juste nous "encadrer".
Durant (…)
Par Ricardo Flores Magon (1911)
10 juilletVoilà le cri des impotents, le hurlement des réactionnaires. Ainsi s’exprime le bourgeois, lorsqu’on lui décrit la société future : impossible, impossible, impossible !
Par C. Paris (Décembre 1937)
7 juilletJ’ suis du parti des sans-parti,
De ceux que l’on embrigad’ pas,
Et j’ s’rais vraiment mal assorti
Avec les bonz’ qui tomb’ au gras.
Chaque été réserve son lot d’assassinats policiers. Le 3 juillet 2018. 20h30, quartier du Breil à Nantes. Un homme de 22 ans, au volant de sa voiture, se fait buter à bout portant par les flics, lors d’un contrôle. Ça aurait pu être toi, un proche, un de tes potes…
Par Bartolomeo Vanzetti (1927)
5 juilletMa vie ne peut être prise comme exemple, de quelque façon qu’on la considère. Anonyme dans la foule anonyme, elle tire sa lumière de la pensée, de l’idéal qui pousse l’humanité vers de meilleurs destins. Et cet idéal, je le résume tel qu’il me vient à l’esprit.
Plusieurs personnes se trouvent en détention provisoire pour l’affaire de l’engin qui a explosé devant la librairie de Casapound, dans la nuit du 31 décembre 2016, où le flic-artificier avait perdu une main et un œil durant l’opération de déminage. Elles sont mises en examen notamment pour « tentative d’homicide » et « association de malfaiteurs », les procès débuteront les 4 et 12 juillet 2018. Voici une brochure concernant cette affaire.
Dans le monde qui se profile, l’espoir de mener une vie simplement humaine s’effondre. Qui peut encore s’illusionner sur ce qui nous attend ? Qui peut encore imaginer que la simple défense du service public, issu du compromis social né dans le contexte bien particulier de la fin de la Seconde Guerre mondiale, soit une revendication à la hauteur des enjeux ? Le Capital s’est débarrassé de sa muselière. Il montre les crocs. Cela se traduit dans les faits par un accroissement de la violence de la (…)
Par Emma Goldman (1933)
30 juinMonsieur le Président, Mesdames et Messieurs, le sujet ce midi est « Une vision anarchiste de la vie. » Je ne peux pas parler pour mes camarades anarchistes, mais, en mon nom, je veux vous dire que j’ai été occupée si intensément à vivre ma vie que je n’ai pas eu un moment pour y réfléchir. Je sais que vient pour tout le monde un moment où, forcément, nous sommes obligés de nous asseoir et de regarder notre vie. Ce moment est celui du vieil âge et de la sagesse, mais n’étant jamais devenue sage, je (…)
Les semaines passent et la pression reste de mise. Que ce soit à Toulouse ou à Ambert, les perquisitions du mois de mars continuent à servir de prétexte à des convocations et autres mises sous pression. Ça ne concerne pas seulement les GAVés et inculpés. Aujourd’hui encore les flics menacent, poursuivent leur sale boulot, construisent leurs “scénarios”. Notre solidarité va à toutes les personnes impactées par cette série de perquisitions, qu’elles soient sous CJ, derrière les barreaux ou parties dans la nature. Une pensée aussi aux gens qui, ici ou ailleurs, s’activent autour de questions matérielles et de soutien.
Les réflexions développées ici sont basées sur plusieurs mois de compagnonnage à la ZAD de Notre Dame des Landes. Elles se sont aussi élaborées collectivement, ce qui a abouti à l’organisation du festival « off » lors de la « Fête de la victoire », le 10 février 2018. La situation est si complexe et elle évolue si rapidement que tenter de faire entrer une analyse dans le cadre de quelques pages est une gageure. Ceci n’est donc qu’un point de vue partiel et partial.
Une fois de plus, nous restons seuls en face de tous les faiseurs de dupes et de tous les charlatans dont la politique mène le peuple travailleur à sa perte ; nous essayons de dire sans détour la vérité à ceux qui croient que le désarmement des ligues-fascistes peut être réalisé autrement que les armes à la main et par les ouvriers eux-mêmes. Nous essayons de réveiller les militants qu’on endort avec l’opium du parlementarisme. A eux d’ouvrir les yeux avant qu’il soit trop tard.
Depuis bientôt un an, le Parti communiste tient le gouvernement d’Union Nationale par le pan de jaquette et se traîne à ses talons. Il pleurniche, il exige, il supplie : "Protégez-moi contre les fascistes, pour l’amour de la démocratie. Je n’ai pas d’armes, moi. Il faut interdire les armes. Il faut désarmer les ligues fascistes par une bonne loi !"
À notre naissance, nous sommes toutes et tous de petits animaux gluants, hurlants, sauvages et indomptés. Commence alors le long processus de domestication qui fera de nous des individus utiles, productifs, dociles — de la main d’œuvre corvéable à l’envie, des consommateurs assidus, des marchandises à jeter après usage. Le fameux « Terrible Two » est une étape décisive d’intensification de ce processus, comme l’est la crise d’adolescence. Si ces moments sont adéquatement encadrés et réprimés, l’individu deviendra utile à la société — c’est-à-dire, suffisamment dépouillé de lui-même pour être profitable pour ses maîtres.
Par quoi dois-je commencer, amis ? On a tant vécu, tant pensé, tant éprouvé pendant ces années orageuses et surnaturelles… Et comment vécu, comment pensé, comment éprouvé ! Avec tout son cœur et toutes ses pensées, avec tout ses nerfs et son essence, avec tout son être et son sang… Par quoi dois-je commencer ?…
Chronologie extraite de Le vaisseau des morts a brûlé (100p A4), A propos de luttes et de révoltes à l’intérieur et à l’extérieur des centres de rétention, de la solidarité avec les inculpés de l’incendie du CRA de Vincennes, des répressions qui s’ensuivirent et d’autres choses… 2008 - 2013, brochure anonyme, gratuite, téléchargeable en ligne et sans éditeur.
Discutons, puisque pour le moment nous ne pouvons rien faire de mieux. Mais discutons avec sérénité et décemment, sans éveiller des soupçons mal fondés sur les raisons des contradicteurs. En discutant ainsi, si nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord, nous pourrons du moins éclairer la nature et les limites du conflit. Et cela servira lorsque le moment sera venu — et il viendra certainement — à pouvoir agir efficacement, après nous être entendus sur le terrain d’autres faits concrets avec nombre de ceux dont nous sommes aujourd’hui nettement séparés par le fait de la guerre européenne.
Quelques mois après l’incarcération j’ai commencé à subir de fulgurantes accélérations cardiaques auxquelles s’ajoutaient des crises (passions) musculaires. Une semaine plus tard je me retrouve au mitard pour une banale histoire de téléphone et loin de se calmer mes crises s’étendent. J’étais prise d’étouffement et ne parvenais plus à m’alimenter. Lorsque je mangeais, je raclais ma gorge je recrachai ma nourriture. J’en venais même à m’étouffer avec de l’eau. Je restais donc assise sur le lit face aux toilettes. Un néon branché nuit et jour éclairait la cellule. J’avais la sensation d’être un putain de cobaye en laboratoire, un insignifiant insecte dans un vivarium. J’étais crispé, affamé. Mon cœur ne cessait de tambouriner dans ma poitrine et mon souffle n’était plus que secousses violentes et bruyantes. Je ne savais pas si j’allais mourir d’une crise d’asthme ou d’une crise cardiaque, mais c’était une certitude, j’allais mourir. Je ne savais alors pas qu’il s’agissait de crises d’angoisse.
Le 31 janvier dernier, les 7 compagnon.ne.s et camarades renvoyés en procès plus de 8 ans après les faits pour des « dégradations contre Air France, la SNCF et Bouygues » et des refus ADN et de signalétique, ont obtenu un renvoi du procès au 22 juin prochain, 13h30 devant la 16e chambre-2 du tribunal de Paris (M° Porte de Clichy).