Jean-François Bizot

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Jean-François Bizot, né le à Paris et mort le à Paris, est un homme de presse, de littérature, de radio et de cinéma français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Dernier des cinq enfants d'Ennemond Bizot (1900-1988), ingénieur polytechnicien, président de sociétés de produits chimiques (Rhône-Poulenc…), membre du conseil d'escompte et du conseil consultatif de la Banque de France, et de Marguerite Gillet (1904-1986), qui se sont mariés en 1925[1], il est issu par ses deux parents de la haute bourgeoisie catholique lyonnaise, propriétaire de plusieurs sociétés de textiles (dont Rhodiacéta). Un de ses oncles, le financier Henry Bizot, a été l'un des fondateurs de Témoignage chrétien[2].

Ses arrière-grands-parents lillois, Clémence Lepoutre et Albert Motte, étaient aussi à la tête d’une puissante industrie textile. Son aïeul, Pierre-François Lepoutre (1735-1801), fut élu député de Lille aux États généraux.

Éduqué par les jésuites de Versailles, Jean-François Bizot étudie à la Faculté des sciences économiques et des lettres de Paris, puis à l'École nationale supérieures des industries chimiques de Nancy (promotion 1966). Il est un temps ingénieur-économiste au Bureau d'information et prévisions économiques (BIPE), puis devient journaliste à L'Express de 1967 à 1970, période pendant laquelle Jean-Jacques Servan-Schreiber l'envoie aux États-Unis. Il y croise entre autres la mouvance de Kerouac et Ginsberg, et rapporte son premier article publié. Politiquement, il suit un temps les maoïstes, puis le PSU, mais choisit rapidement la voie libertaire dont il ne déviera pas.

Héritier fortuné d'une riche famille lyonnaise, Jean-François Bizot décide de mettre son argent au service de la contre-culture et de l'underground. En mai 1970, il reprend le magazine Actuel, premier organe de « Free Press » à la française qui innove par ses sujets décalés et contestataires ainsi que par sa maquette colorée, avec notamment Michel-Antoine Burnier, Patrick Rambaud, Jean-Pierre Lentin. Il crée ensuite en 1972 le groupe de presse indépendant Novapress dont le nom s'inspire d'un roman de William Burroughs.

Il se passionne bien avant l'heure pour toutes les cultures alternatives, du mouvement hippie au hip-hop aux musiques électroniques techno. Il fait découvrir aux Français les dessins de Robert Crumb, le rock psychédélique, mais aussi le rap. Avec Actuel, il accompagne dès leurs débuts des mouvements sociaux à l'époque occultés ou réprimés : reconnaissance des homosexuels, anti-racisme, écologie, libération de la femme, droit à l'avortement, libération sexuelle, pornographie.

Actuel deviendra un journal mythique aux yeux des journalistes, véritable laboratoire d'idées et pépinière de talents.

Jean-François Bizot co-fonde ensuite Radio Nova en 1981, et cette radio deviendra, elle aussi, un vivier pour des journalistes et humoristes tels que Philippe Vandel, Karl Zéro, Édouard Baer, Ariel Wizman, Jamel Debbouze ou même Tariq Krim.

Lorsque Actuel s'arrête en 1995, il crée le mensuel parisien urbain Nova Mag qu'il arrête en 2004. Le journal sera successivement dirigé par Patrick Zerbib, Catherine Nerson, Vincent Borel, Emmanuel Tellier, Bruno Costemalle. Entretemps, il reprend TSF, « la radio jazz », avec Frank Ténot.

Il meurt, à 63 ans, des suites d'un cancer de la vessie, le [3]. De cette maladie dont il souffrait depuis plusieurs années, il a fait un livre : Un moment de faiblesse, en 2003. La ministre de la Culture, Christine Albanel, a rendu hommage à ce « pionnier des cultures alternatives, curieux de tout » et Bernard Kouchner salué un « formidable compagnon d'aventures » et un « défricheur qui a su épouser les contours de son rêve. »

Cinéma[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

  • C'est demain la veille, entretiens, coécrit avec Jean-Pierre Lentin, Daniel Meyer, Alain Gourdin, Actuel, Seuil, 1973
  • Au parti des socialistes, enquête avec Léon Mercadet et Patrice Van Eersel, Grasset, 1975
  • Underground. L’Histoire, Actuel - Denoël, 2001
  • Vaudou et compagnies. Histoires noires de Abidjan à Zombies, Actuel - Panama, 2005
  • Revu et corrigé, Scali, 2005
  • Free Press : la Contre-culture vue par la presse Underground, Actuel - Panama, 2006 - rééd. Nova Éditions, 2010
  • Le cannabis et moi : De 15 à 65 ans, 200 fumeurs racontent, avec Jean-Pierre Lentin, Actuel - Panama, 2007
  • Jean-François Bizot présente la New Wave, concocté par Mariel Primois et Jean Rouzaud, Actuel-Panama, 2007

Romans, récits, poèmes[modifier | modifier le code]

  • Les Déclassés, Éditions du Sagittaire, (1976) - rééd. Grasset, 2003
  • Les Années blanches, Grasset, (1979)
  • Un moment de faiblesse Grasset, (2003)
  • Une bonne correction (Actuel - Panama, 2005) ; ici, il s'agit de poèmes originaux modifiés par Bizot.

Traductions[modifier | modifier le code]

  • Charles Bukowski, Contes de la folie ordinaire, tr. de l'américain avec Léon Mercadet, 1977 - Livre de Poche, 1983

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Généalogie des Bizot », Section généalogique de l'Association Artistique de la Banque de France
  2. Chatel 2006
  3. Franck Nouchi, « Jean-François Bizot est mort », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le 6 septembre 2017)

Sources[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Baptiste Etchegaray et Marina Bellot, L'Inclassable, Fayard, 2017
  • Patrice Van Eersel, L'Aventure d'Actuel telle que je l'ai vécue, Albin Michel, 2017

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]