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mercredi 4 octobre 2017

Achats Récents #16 Funk & R&B;

Il était temps de revenir à nos achats récents ! J'ai essayé de trouver une thématique sur ces 4 simples achetés entre juillet et septembre 2017 aux puces de Clignancourt (tous les disques sauf un) et à Born Bad (le troisième). 

Enregistrés entre 1967 et 1969 ces quatre 45 tours expriment bien la transition entre R&B et Funk. Si le second découle clairement du premier et en conserve l'instrumentation (importance de la batterie, la basse, usage des cuivres pour souligner), il en est finalement assez différent car ils n'accentuent pas sur les mêmes temps: premier pour le funk, deux et quatre pour le R&B. En dansant les morceaux il est facile de ressentir le changement, en effet le placement de l'emphase va vous conduire à choisir de taper du pied sur une partie différente de la mesure, par exemple plutôt la grosse caisse ou la caisse claire. Un autre changement se profile aussi dans ces disques: le passage du format chanson vers une structure plus proche de l'improvisation, la transe et la boucle. 
Dans la soul et le R&B de la première moitié des années soixante, la structure couplet refrain domine largement, James Brown est certainement l'un des premiers à s'en affranchir dans la seconde partie de la décennie. Les morceaux ainsi créés semblent ainsi pouvoir durer indéfiniment, maintenant l'intérêt de l'auditeur par des variations, notamment rythmiques. Le rôle de James Brown va ainsi évoluer, d'un chant classique et structuré autour d'un texte vers quelque chose de l'ordre de l'exclamation et son infinité de nuance. Il positionne le chanteur dans une autre dynamique, plus proche du maître de cérémonie que de l’interprète que l'on vient voir et écouter. La voix devient alors un instrument à part entière dont on recherche l'effet percussif mettant en valeur le rythme plutôt que le texte ou les accords. 
Le funk aura, sans surprise, une influence déterminante sur les musiques modernes, notamment sur le rap et les musiques électroniques (house, techno, jungle etc.) dans lesquels la notion de boucle est centrale et plus importante que la construction autour d'accords. Le genre connaît plusieurs phases, une première, avant l'apparition du disco, crue et sèche, avant de venir à des formats plus pop, à la suite du raz de marée four to the floor, dans les discothèques. Nous nous intéressons aujourd'hui à cette première période.


Honneur au maître James Brown. Si l'intéressé a eu des périodes moins glorieuses (honnêtement living in America c'est pas foufou), au sommet de son art son groupe et lui étaient fantastiques. Dimanche dernier j'écoutais une pile de simples aux puces, je place I Don't Want Nobody to give me nothing (1969) sur la platine, en dix secondes je sais que je veux ce disque. On notera l'accentuation funk prononcée sur le premier temps avec un crash et parfois même des notes de cuivres qui ressemblent à une boucle de rap prête à l'emploi. Ainsi James Brown t'attrape immédiatement et en quelques mesures la messe est dite: tu tapes du pieds. J'ai parfois tendance à oublier à quel point les bons morceaux de James Brown sont vraiment bons et d'une dynamique incroyable. La sensation est difficile à rendre à l'écrit: de l'ordre du viscéral, ça balance. Un grand monsieur indéniablement. 




Marvin Holmes & The Uptights ont sorti un unique album en 1969 sur UNI. Il a bénéficié d'un pressage français de même que deux 45 tours du groupe: Ride Your Mule et Ooh Ooh the Dragon, le tout chez Maxi. Je serais curieux de savoir comment ont ces disques ont pu bénéficier d'une édition française, en effet il n'en n'existe pas d'anglaise par exemple ! J'ai malheureusement assez peu d'informations à vous donner sur le groupe, à commencer par sa région ? Peut-être que l'un de nos lecteurs saura nous renseigner ? Sur Marvin Holmes je peux néanmoins vous dire qu'il a également sorti deux albums supplémentaires avec The Justice et un en solo. Ride Your Mule (1968) est en tout cas une petite pépite funk bien relevée dont les cuivres me font penser à Funky Nassau de The Begining of the End ! Encore une fois la chose est construite un peu n'importe comment, prétexte à une débauche de batterie des plus jouissives et des incantations de voix enthousiastes. Qui s'en plaindrait ? pas moi !


Harvey Scales and the Seven Sounds est un groupe de R&B/funk de Milwaukee actif entre 1961 et 1975. Ils ont sorti 11 simples (et aucun album) en 8 ans (entre 1967 et 1975) notamment chez Chess Records. Get Down (1967) est le premier d'entre eux, il est paru chez Magic Touch aux USA et a été pris en licence par Atlantic dans trois autres pays (qui distribuait néanmoins le 45 tours aux USA via ATCO): Canada, UK et France. Seul un autre 45 tours du groupe a été publié en dehors des États Unis et encore une fois ce fut en France.  Notre pays avait-il un goût particulier pour cette musique ? Get Down exprime bien pour moi la transition entre R&B et funk, je le classerais plutôt spontanément dans la première catégorie d'ailleurs même si l'on perçoit clairement l'influence de James Brown. Le morceau me fait aussi penser à Land of 1000 Dances de Wilson Pickett notamment dans l'usage des cuivres sur certains passages... Quoi qu'il en soit un excellent morceau, super pêchu et dynamique !



Finissons par la plus grosse curiosité de la sélection: Alan Shelly. Il s'agit du pseudonyme d'Alain Deloumeaux, un chanteur vraisemblablement d'origine guadeloupéenne (voir les commentaires de cet article de Vivonzeureux). Le musicien a également participé au groupe Malinga Five. Sur ce 45 tours il est probablement accompagné par Manu Di Bango qui co-signe la face B avec Davy Jones (loin d'être un inconnu des diggers français). Can You Do It est une excellente tentative R&B pas si éloignée que ça de Jess & James par exemple. Encore une fois je pense aussi à Land of 1000 Dances peut être à cause de l'énumération de danses comme le boogaloo ! Si vous avez des infos complémentaires, n'hésitez surtout pas à les poster en commentaire.


mercredi 23 août 2017

Achats Récents #15 soul music

Troisième épisode de ma session catalane d'achats de disques vinyles... Cette fois-ci nous allons nous concentrer sur la Soul Music, au sens plutôt large comme vous allez le voir ! Ces disques ont été publiés entre 1966 et 1969, ils constituent en quelques sortes des témoignages de différentes orientations du genre à l'époque, quoi que le tableau est loin d'être complet bien sûr !

Est-ce utile de présenter Wilson Pickett, monument de la Soul Music ? Après avoir signé avec Atlantic en 1963, il chante l'un des plus grands succès de sa carrière en 1965 avec In the Midnight Hour qu'il co-écrit. Enregistrée dans les studios de Stax à Memphis (le label était en contrat avec Atlantic), on y retrouve le son unique du label américain: un son poisseux, authentique et dansant. Il enregistre plusieurs 45 tours là bas (par l'entremise de Jerry Wexler) mais Stax change de politique quant aux enregistrements d'artistes extérieurs à la maison. Par conséquent Land of Thousand Dances est enregistré aux studios FAME de Muscle Shoals, l'autre épicentre de la Southern Soul. Parmi les musiciens de la session on retrouve par exemple Spooner Oldham le partenaire d'écriture de Dan Penn (ils écrivent notamment ensembles Cry Like A Baby pour les Box Tops d'Alex Chilton). Land of Thousand Dances est une reprise. Écrite par Chris Kenner, qui en est aussi le premier interprète en 1962, la chanson n'acquiert son potentiel qu'entre les mains du groupe de Los Angeles Cannibal and the Headhunters en 1965. Ces derniers improvisent en effet un nouveau chorus de voix (la lalala etc.) car ils oublient les paroles. Sur le plan de l'écriture, l'ajout transforme l'honnête titre R&B en une bombe prête à se frotter aux charts pop. Certains y parviennent presque (les Thee Midniters notamment, un autre groupe de chicanos de LA). Wilson ne s'y trompe pas un an plus tard et enregistre ce qui est la version la plus aboutie et éclatante de la chanson. De Kenner il conserve l'énergie du R&B, de Cannibal and the Headhunters il tire le hook mémorable. La combinaison heureuse des deux fait de Land of Thousand Dances de Wilson Pickett un énorme tube et un classique instantanée de la soul, la chanson pulse à deux cents à l'heure, le chanteur est survolté, autant dire que même cinquante après sa sortie, l'enregistrement conserve toute sa verve et sa gloire! À noter que la face B de ce pressage (Mustang Sally) est aussi un grand classique du chanteur.


En terme de street cred les 5th Dimension ont certainement pas mal de handicaps. Trop groovy pour les amateurs de Sunshine Pop, trop poli pour les amateurs de soul. Je trouve que cela fait tout leur charme, une musique pop aux arrangements sophistiqués, des entrelacs de voix soignés, le tout avec un coté lounge mais gai, enjoué et rythmé... Sur un plan plus snob on ajoutera que le groupe a fortement influencé l'un des plus fantastiques producteurs de soul psychédélique de tous les temps: Norman Whitfield. En effet, son groupe, Undisputed Truth, prit les 5D en modèle. Je ne sais pas si ce fut aussi le cas de Rotary Connection mais cela ne serait pas impossible tant les projets fonctionnent au fond dans un registre proche... Ce single est une bonne pioche en tout cas. La face A, empruntée à Laura Nyro, Stoned Soul Picnic est excellente. La face B propose une amusante et réussie reprise de Ticket To Ride un registre où les 5th Dimension ont par exemple proposé une superbe version du classique de Cream Sunshine of Your Love . Bref un excellent simple ! 


En compulsant les archives de ce site, opération moins compliquée qu'il n'y paraît (merci les moteurs de recherche), je me suis rendu compte qu'il était finalement très peu mention des fantastiques Booker T and The MGs... Il était question quelques lignes plus haut de Stax. Ce groupe instrumental en fut un des piliers jouant sur de nombreuses productions de Sam & Dave, Otis Redding etc. sans oublier leur propre carrière démarrée en fanfare avec le génial classique mod Green Onions. De fait le son Stax/Memphis est largement lié à l'aventure Booker T and the MGs bien qu'il ne faille pas négliger l'apport des Mar-Keys et des Bar-Kays. Time Is Tight de 1967 est enregistré par le line up classique du groupe: Booker T Jones à l'orgue, Steve Cropper à la guitare, Al Jackson Jr à la batterie et Donald Duck Dunn à la basse. On retrouve un certain nombre de ses musiciens dans le film Blues Brothers ! Rendons hommage au jeu de guitare à la Télécaster de Cropper, économique, reconnaissable entre tous, et redoutablement efficace. Un très grand guitariste qui n'est pas toujours reconnu à sa juste valeur ! Bien sûr le reste de l'équipe est au moins aussi bonne et tout ce beau monde joue à merveille sur ce classique. Certes il n'est pas dansant comme Green Onions mais il démontre l'étendu de la palette de la formation.


Nous avions déjà évoqué Jess & James ici même il y a huit ans ! Pour les absents, réaffirmons à quel point ce groupe est européen dans son essence. Les frères Lameirinhas (Wando et Toni) naissent au Portugal. Jeunes ils fuient la dictature, d'abord en Angleterre, puis en Belgique. Là, ils montent l'une des plus belles formations de soul du continent: Jess & James. Le groupe est un melting pot de nationalités... Populaires en Belgique, ils le sont aussi en Espagne (où le groupe enregistre des versions spécifiques de certains morceaux comme move ou something for nothing). Après la séparation avec le JJ Band, Jess & James s'installent aux Pays Bas. Change est un de leurs classiques: nerveux, dansant, super accrocheur ! Un excellent morceau qui prouve que l'Europe continentale savait se défendre en matière de soul music !  La face B Julie's Doll est dans un registre plus psychédélique, elle est également très intéressante.
  

lundi 21 août 2017

Achats Récents #14 Bubblegum !

Second épisode des achats barcelonais avec une spéciale Bubblegum. Le genre musical était destiné aux adolescents (et pré-ados) de la fin des années soixante. Il connaît son heure de gloire entre 1968 et 1970 mais inspira de nombreux autres producteurs par la suite. Style souvent snobé, il mérite pourtant d'y consacrer un peu de temps ne serait-ce que pour les passerelles avec d'autres courants que nous apprécions particulièrement comme le psychédélisme ou le garage-rock. Avantage: les disques sont rarement chers ou recherchés (sauf quelques références très précises comme Captain Groovy & His Bubblegum Army) comme en témoigne les 9€ dépensés pour ces 4 simples.

Si, au sens stricte, la bubblegum pop fait référence à une période très précise, la musique préfabriquée à destination des adolescents est une constante depuis les années cinquante. Aux idoles un peu trop crues et sauvages que furent Elvis, Chuck Berry ou Eddie Cochran, les maisons de disques préférèrent bien vite développer leurs propres champions et inondèrent le marché de Frankie Avalon ou de Fabian, plus acceptables pour les parents et contrôlables par les maisons de disques. Au début des années soixante, les songwritters du Brill Building comme Gerry Goffin et Carole King ou Ellie Greenwich et Jeff Barry imposèrent leur style sur la pop signant une quantité incalculables de classiques. Il en fut de même pour Phil Spector (Shangri-Las, Ronettes) et bien sûr la Motown (Four Tops, Supremes). Jusqu'ici il était surtout question de division du travail entre compositeurs, arrangeurs, producteurs et interprètes... The Monkees, un groupe monté sur casting pour une série télévisée inspirée d' A Hard Day's Night des Beatles, poussèrent la logique encore plus loin, aux portes de la pop bubblegum. Don Kirshner, éditeur émérite, fut en effet chargé par la production de fournir des hits aux groupes, il fit alors appel aux équipes de Brill Building parmi les plus célèbres comme Boyce & Hart (last train to Clarksville ou I'm not your steppin' Stone). Le groupe fut cependant vexé de ne pas participer à la création artistique et reprit par conséquent le pouvoir... Don Kirshner, amer, eut cependant l'occasion de rebondir et d'aller encore plus loin dans la logique de contrôle en créant un groupe virtuel de toute pièce pour un dessin animé: The Archies. 

La pop bubblegum était née et réglait les problèmes d'égos des musiciens. Elle permettait au label / manager / producteur une main mise totale: image, écriture des chansons (confiées à des professionnels), interprétation par des musiciens de studio etc. On considère généralement Green Tambourine publié en novembre 1967 des Lemon Pipers comme le premier tube bubblegum. Il lança en tout cas une période faste pour le label majeur du genre: Buddah Records. En effet, sous l'égide des producteurs Jerry Kasenetz et Jeffrey Katz (Super K Productions) ainsi que du directeur général Neil Bogart, le label inonda le marché de tubes de groupes factices ou absents lors des enregistrements de leurs simples... Ils s'appelaient, Ohio Express, Archies, 1910 Fruitgum Co. ou encore Crazy Elephant et pendant quelques années ils firent les poches des adolescents qui se jetaient sur leurs nouveaux 45 Tours... Artistiquement la pop bubblegum emprunta au versant léger du psychédélisme comme au garage-rock. The Music Explosion expriment cette parenté: ils sont souvent considérés comme appartenant aux deux. Les chansons étaient souvent simples, répétitives, très accrocheuses, avec des rythmes dansants. Le nom fait référence à la profusion de référence à la nourriture et plus particulièrement au sucre dans les chansons (Sugar Sugar, Yummy Yummy Yummy ou encore Chewy Chewy), l'occasion de double-sens pas si innocents. L'efficacité des faces A rendait l'exercice de la face B plus libre et propice à délires de studio. Ainsi nous retrouvons d'excellentes faces B, parfois très violentes, au dos de tubes consensuels et efficaces. 

Si l'on ne peut les qualifier à 100% de pop bubblegum, l’œuvre de groupes comme The Osmonds, The Cowsills ou Tommy James and the Shondells évoluèrent à très grande proximité... La pop bubblegum fut de courte durée mais démontra la possibilité de créer des projets de studio de toutes pièces et avoir énormément de succès. Elle fut ainsi précurseur du travail de Nicky Chinn et Mike Chapman dans le glam avec The Sweet ou Mud ou encore du groupe Bay City Rollers. D'autres y firent leurs armes comme certains des membres de 10cc qui travaillèrent pour Super K Productions. Enfin elle influença durablement la musique pop, notamment des groupes comme The Rubinoos ou les Paley Brothers.  

Simon Says par 1910 Fruitgum Co. est un des énormes tubes du genre. Je lui préfère la très bonne face B Reflections from the Looking Glass aux effluves psychédéliques. Un excellent travail de studio pas si éloignée que ça du garage ou de la sunshine pop.


Roll It Up face B de Mercy est une des bonnes incursions des Ohio Express dans le garage-rock. Si le morceau n'est pas aussi mythique que Try It (reprise par The Attack), il fait plus que la blague et s'en sort avec les honneurs ! Orgue marqué, chorus de voix pompé sur land of 1000 dances et morgue à la Mitch Ryder: pas mal pour de la pop bubblegum !


Techniquement, on pourrait me rétorquer que ce n'est pas nécessairement un single bubblegum. En tout cas il a été publié par Kama Sutra, label collaborant à l'époque avec Buddah Records et  The Rapper comporte certaines caractéristiques typiques du genre: mélodie simple, répétitive et catchy, rythmiques marquées. The Jaggerz avait sorti un premier album sur le label de Gamble et Huff pour l'anecdote.


Finissons en beauté avec un très bon simple des 1910 Fruit Gum Co. de 1970. When We Get Married sonne comme un joli hommage au Wall of Sound de Phil Spector à mi chemin entre les Dixie Cups et The Ronettes, l'usage des castagnettes ne trompe pas ! La face B est une fascinante curiosité. Baby Bret est un instrumental plutôt rock & roll avec une bonne dose d'effets psychédéliques et spatiaux ! On pense évidemment à Psyché Rock par exemple !

vendredi 30 juin 2017

Achats Récents #12

Une spéciale Royaume Uni, Groovy Baby ! Les deux derniers disques ne furent pas édités en France à l'époque (d'où la présence de pressage anglais sans pochette).

Peut-on se lasser de Tom Jones ? Après une absence de quelques semaines, il revient dans notre rubrique Achats Récents plus fort que jamais le bougre ! Nous avions en effet évoqué l'excellente I've Got a Heart il y a un mois. Le Gallois a cependant plus d'un tour dans son sac à malice de faces B. Looking Out my Window (1968) est une autre tuerie groovy aux glorieux arrangements. Tom est dans la chanson, il emporte tout sur son passage. La rythmique tabasse sévère ! Très très bien. Pas si courant mais je suis sûr que les diggers du dimanche à la recherche de Dark Side Of The Moon ne penseront pas à le prendre, vous si maintenant !


Une autre face B de Tom Jones plutôt cool quoi que pas aussi dingue que Looking Out My Window : If I Had You sur l'EP Green, Green, Grass of Home paru en 1966. Un sympathique morceau groovy et assez beat dans l'esprit ! 


Like We Used To Be est un excellent Georgie Fame and the Blue Flames. Impossible de ne pas entendre l'influence de Mose Allisson sur le chant du britannique... Le jeu d'orgue est brûlant (inspiré probablement par Jimmy Smith, Booker T etc.), les cuivres rutilants (et utilisés avec goût ce qui n'est pas toujours le cas). Si Yeh Yeh qui l'a fait connaître était une reprise, voici un original de 1965 (signé de son vrai nom: Clive Powell) d'excellente facture à passer dans ses sets modernistes et sixties ! Promis on va essayer de ne pas remettre dix ans avant de reparler de l'un des meilleurs organistes mod anglais avec Brian Auger...



Dave Clark Five sont un groupe londonien de musique beat connu pour avoir inventé le Tottenham Sound une réponse au Mersey Beat des groupes liverpuldiens et plus particulièrement les Beatles ! Au delà de l'anecdote, le groupe est particulièrement populaire dans la première moitié des années soixante aux États-Unis, plus que dans leur pays natal en tout cas. La situation s'inverse vers 1967 grâce à des singles comme Everybody Knows. Particularité de la formation: la mise en avant du batteur Dave Clark, contribuant aussi à la particularité de leur son sur certaines de leurs chansons. Histoire d'être original, encore une fois, la face B retient particulièrement mon attention sur ce 45 tours. Concentration Baby est un morceau sauvage et brutal pas si éloigné des Troggs dans le délire hommes des cavernes qui martèlent leur batterie ! Dans une orgie de fuzz et orgue, pas de pitié, ça déménage ! Presque garage-rock non ? Le genre de morceau super cool et pas cher (comme le shame des DDDBM&T que j'évoquais l'autre jour dans la même session que le Tom Jones cité plus haut) à ajouter sans modération à sa collec' de rock 60s britannique !

jeudi 8 juin 2017

Achats (très) récents #5

Quatre autres disques trouvés dimanche dernier.

Claude Dubois est un artiste québécois connu, il est notamment célèbre pour sa participation à Starmania en 1978. En 1970 et 1971 il séjourne en France et enregistre des disques parmi lesquels Comme Un Million de Gens qui n'a pas été publié au Canada. Si la face A nous laisse assez indifférent, Boogaloo est une excellente surprise. Le morceau est arrangé par José Bartel: ce dernier a également enregistré et chanté de son coté, participé au doublage chant de nombreux films (Le Roi de la Jungle ou Les Demoiselles de Rochefort) et nous lui devons aussi la BO de Spermula , un film dont le scénario semble tout droit sorti de l'imagination fertile et torride des 70s. Sur un tempo intermédiaire, Boogaloo propose une pop funky et groovy avec une chouette orchestration (cuivre, orgue jazzy, guitare "staxienne"). 


Peut-être pas l'EP (1966) de Christophe à ramasser en priorité (je parlerai bientôt de mon chouchou) néanmoins j'ai beaucoup aimé Excusez-Moi Mr Le Professeur. Christophe y est particulièrement intense, la composition (co-signée par Jean Jacques Debout et Roger Dumas en plus de Christophe) est très bien mise en valeur par les superbes arrangements (traits de violons, percussions, section rythmique au groove impeccable) de l'unique Jacques Denjean.

 

Transition trouvée: évoquons Jacques Denjean. Plus le temps passe, plus ce dernier devient un de mes arrangeurs français favoris. Je vois assez peu de musiciens français à avoir saisi avec autant de justesse le son de la musique noir américaine. Bien sûr les enregistrements et arrangements de Denjean ne sonnent pas comme des disques Verve de Jimmy Smith ou Stax des Mar-Keys mais quand même, le français s'inspira de l'esprit de ces musique et l'intégra avec beaucoup de goûts à la production française variété de l'époque. J'en profite également pour évoquer le parcours de l'intéressé: musicien chevronné (1er prix du conservatoire de Paris), en plus de son propre big band il participe à l'aventure Double Six. Je n'ai jamais ici évoqué ce groupe, il sort un peu de mon registre habituel puisque la formation pratiquait le Vocalese, un jazz vocal où les voix chantent des textes en se rapprochant au plus possible de la diction originale des instruments. 

 

Ce groupe est passionnant. Mimi Perrin, leader de la formation y fit participer de nombreux talents de la musique française. Ainsi en plus de Jacques Denjean mentionnons quelques musiciens très cool. Eddy Louiss, mon organiste français chouchou, a enregistré avec Nougaro. Jef Gilson, un étonnant musicien de jazz auquel j'ai déjà consacré un article (qui évoquait... Eddy Louiss). Christiane Legrand est la sœur de Michel Legrand et une surtout choriste recherchée ainsi que doubleuse chant film de haut niveau (... Les Demoiselles de Rochefort, Les Parapluies de Cherbourg). La personnalité de Mimi Perrin elle même est fascinante mais je pense que j'y reviendrai un jour en détail en évoquant moins succinctement les Double Six. 

 

Revenons en à Jacques Denjean: arrangeur demandé, on retrouve son nom au dos de nombreux disques de variétés (Richard Anthony, Christophe, Henri Salvador, etc.), il sort des disques sous son propre nom en parallèle, majoritairement (totalement?) instrumentaux avec un succès cependant moindre. Certains de ses morceaux ont été utilisés pour des indicatifs d'émissions de radio et doivent donc appartenir au patrimoine de la génération baby-boomers... Ce 4 titres (de 1964) est un parfait exemple du son Denjean des années soixante. Cela groove sévère sans être aussi poisseux et sensuel que du Stax, il y a toujours un son un peu jazz et sec français en arrière plan. Les musiciens sont excellents, les compositions classiques mais avec toujours un petit twist d'originalité. Des 4 seule une me semble un peu moins intéressante (blue horizon). Le Train Fou et Mistral 20h30 sont plus uptempo et très réussi. Enfin Dans la Nuit est une version instrumentale (antérieure? postérieure?) au titre composé par Denjean pour les Bab's. J'adore les deux versions, assez différentes, celle ci est peut être plus originale (écoutez la manière dont sonne la rythmique, le jeu sur les charlestons) et jazz !

   

Finissons cette cinquième session sur une très étonnante curiosité signée pourtant d'un groupe particulièrement connu: The Sweet. J'imagine que vous associez spontanément le groupe à ses hits glam bubblegum comme Ballroom Blitz ou Block Buster (blog) pourtant avant de connaître le succès à partir de 1971, le groupe se cherche pendant les quatre premières années de son existence, publiant des simples dans des styles différents.  I'm on my Way , face A du simple ci-dessus, publié en 1973 mais enregistré vers 1968 par Sweetshop (groupe pré-Sweet avec trois membres de la future formation) est un témoignage de cette période d'ajustement. Sympathique mais pas non plus indispensable, la chanson (probablement une démo) atteste de l'influence de la soul sur les Sweet des débuts. Avec une rythmique plus puissante, le morceau aurait certainement eu un petit potentiel dancefloor, en l'état c'est une chouette (mais dispensable) curiosité.


Attention, l'histoire se complique quand on aborde la face B ! My Little Girl From Kentucky n'est pas à proprement parlé un enregistrement de The Sweet, à l'inverse de la face A (pour laquelle le lien est réel malgré tout). En effet, il s'agit d'une version d'un morceau de The Closed, un groupe belge sixties de Liège formés par des Italiens, avec Brian Connelly au chant. Ainsi le morceau est publié une première fois par le groupe en question en simple en 1967 (ou 1969 selon d'autres sources) sur Hebra Records en face B, dans une version presque identique à l'exception du fameux chant. Selon, toute vraisemblance, Brian Connelly aurait enregistré pour 15 pounds deux morceaux avec le groupe mais ces pistes n'auraient pas été utilisées à l'époque ! Ces deux enregistrements de sources différentes faits quelque part entre 1967 et 1969, ressortent opportunément en un unique 45 tours d'assemblage pour surfer sur le succès du groupe. La face B est le vrai bon morceau du disque. My Little Girl From Kentucky est un tempo relevé, accompagné de guitare fuzz, d'orgue criard et d'une très bonne performance vocale. Pour vous faire une idée de la chose, voici en tout cas les deux versions (The Closed - que je n'ai pas en vinyle héhé/The Sweet), la similitude est plus qu'évidente !

samedi 3 juin 2017

Achats Récents (ou pas) #3

Je continue d'explorer ma discothèque à la recherche de disques improbables, de bonnes faces b, de tentatives (parfois désespérées) de réhabiliter certains artistes.

Attaquons fort avec Les Charlots. On sait que les intéressés furent un jour un espoir du rock français (Les Problèmes) et que la malédiction du disque rigolo les frappa comme tant d'autres (Martin Circus au hasard)... Il y aurait un excellent papier à écrire sur le pêché originel du rock français: l'impossibilité d'être premier degrés et d'aborder la chose sérieusement, peut-être pas du coté des groupes mais au moins de celui du public. J'ai déjà abordé le sujet au moins à deux reprises: à propos d'Asphalt Jungle et d'Henri Cording qui constitue peut être la matrice des disques marrants français rock. Nombreux furent aussi les artistes français à souffrir de leur image d'amuseur, notamment Nino Ferrer. Les Charlots, eux semblent avoir vécu la chose avec philosophie et en profitèrent une décennie durant avec des titres aussi improbables qu'histoire merveilleuse ou j'ai oublié bon bouchoir (excellent au passage). Le Pauvre Mec face A du 45 tours n'a rien de mémorable, en revanche j'ai vraiment beaucoup aimé Saint-Rock , une très bonne surprise débusquée aux puces pour 50 centimes. Le morceau est peut-être un peu lent pour être joué en soirée, mais depuis l'introduction évoquant une messe jusqu'à la rythmique funky, voilà une chanson bien amenée, arrangée qui dépasse le stade de la blague novelty.


J'imagine que vous n'avez pas besoin de moi pour ramasser des Michel Polnareff à la pelle tous les week-end. Cependant si j'ai une préférence généralement pour la période EP de ce dernier, ce single mérite largement que l'on s'y arrête. Holidays n'est pas un de mes morceaux préférés de l'intéressé en revanche La Mouche est vraiment une super face B. Polnareff, particulièrement inspiré, dégaine, une pop ondulante aux couleurs acidulées, groovy, hyper bien arrangé, texte super cool. Ai-je besoin d'en dire plus pour vous dire que c'est un très bon morceau ? Bonne surprise: facile à trouver !


OK je pense aller loin en évoquant Dalida : promis c'est le seul de ma collection (par contre j'ai un disque d'Orlando dont je vous parlerai peut être un jour si vous êtes méchants) ! Il y a une cover assez improbable de shame and scandal in the family mais si j'ai pris le disque c'est surtout pour le flamenco qui est une reprise du morceau des Brincos ! Cela pourrait être catastrophique, ça ne l'est pas, le morceau est marrant et garde en partie l'énergie de l'original. Le texte est évidemment daté avec tous les clichés en vigueur sur le sang chaud des  ibériques (il y aurait de quoi remplir une rubrique avec les morceaux aux accents douteux de cette époque !). Je comprendrais que vous ne partagiez pas le petit plaisir coupable que procure ce disque, en tout cas je vous le signale. La version live ci-dessous est en réalité l'enregistrement studio.


Finissons notre troisième épisode avec un quatrième 45 tours. C'est un de moins que les deux premiers articles: non je ne manque pas d'idée, il est juste une heure du mat' et j'ai la flemme d'écrire un cinquième texte après celui ci. Bref terminons en beauté avec Les Amours de Journaux un chouette morceau d'Adamo. Aux arrangements l'unique Goraguer, un des meilleurs en France incontestablement ! On retrouve ainsi une instrumentation proche de l'excellente Intox de Jean Ferrat: sitar, cuivre, orgue...Peut être un poil en dessous d'Intox, Les Amours de Journaux est malgré tout une très sympathique chanson pop sur un 45T facile à trouver et pas cher, que demander de plus ?

vendredi 27 janvier 2017

Die Berolinas "Espresso"

Nous n'avions jamais évoqué jusqu'ici un disque de la République Démocratique d'Allemagne (la fameuse RDA ou DDR en anglais). Initions donc le mouvement avec le très bon morceau de Die Berolinas Espresso.

Le nom du groupe est une référence au nom néo-latin (néo car ne datant évidemment pas de l'Antiquité) de la ville ainsi que sa figure allégorique qui fut représentée pendant une certaine période à travers une statut sur l'Alexanderplatz. Sur la formation en elle même nous savons peu de chose: ils n'ont sorti que ce morceau sur un simple (partagé avec un autre chanteur peu mémorable) pour le label d'état Amiga ainsi qu'un second morceau (assez médiocre malheureusement) uniquement édité sur une compilation (Dämmerung)... Espresso est écrite par le bassiste Bernd Emich qui fut aussi membre du groupe de rock instrumental Die Sputniks à ne évidemment pas confondre avec le groupe suédois The Spotnicks. C'est un excellent morceau funky et groovy avec un très bon hammond et une basse puissante, véloce. Dans deux ans nous fêterons la chute du mur de Berlin, il est bon de rappeler qu'à l'Est aussi il y avait de l'excellente musique dans la plupart des pays (Tchécoslovaquie, Hongrie, Pologne,...) même si elle fut, il faut le reconnaître, plus difficile à défendre que de ce coté-ci de l'Europe du fait d'autorités pas toujours férues de rock, une expression souvent vue comme étant un vecteur du capitalisme, pas non plus entièrement faux. 

mardi 24 janvier 2017

Jean Karakos: BYG

Hier nous apprenions le décès de Jean Karakos, fondateur de deux des plus grands labels indépendants français à n'avoir jamais existé: BYG et Celluloïd. Je ne pense pas être la personne la plus apte à faire une biographie digne de ce nom à ce personnage hors norme de la pop française, à ce titre je vous recommande les textes de Rock Made In France et Libération permettant d'entrevoir la la vie fascinante de cette figure iconoclaste. À défaut de savoir comment appréhender la personne dans son essence, il m’apparaissait important de revenir sur certaines de ses grandes aventures qui façonnèrent la pop française que j'aime et défend ici et ailleurs. D'une certaine manière, comme pour Pierre Barouh (Saravah), le paysage underground français ne serait pas exactement le même sans des gens comme Jean Karakos... le mainstream non plus d'ailleurs !

BYG
Le label fut créé en 1967, selon la légende le nom reprend les initiaux de ses trois fondateurs à savoir Fernand Boruso, Jean Luc Young et Jean Georgakarakos. Le premier fut précédemment collaborateur de... Saravah (le monde est petit), il partit en 1969.
Jean Luc Young initia au moins deux labels avant BYG en plus de travailler à la distribution chez Barclay. Le premier, les Disques Young ne comporte qu'une seule sortie: le classique french beat El Camel des Falcons. Il créa également Disc Young, structure qui licencia deux productions anglo-saxonnes de Pentagle et The Mohawks. Deux réalisations faites en compagnie d'un autre label.... Joc créé par ... Karakos. Ce dernier monta tout d'abord l'éphémère Star Success dont selon toute vraisemblance il doit exister une dizaine de références oscillant entre musique cubaine et twist (Billy Watch, Eddy Burns, Gilbert Brun,  Pepe Luiz), puis Joc, label orienté vers les licences de disques de blues et folk (Pete Seeger, Woody Guthrie, Lightin' Hopkins etc.).


BYG, à ses origines, continua cette politique de licence notamment dans les premières années de son existence. Le label réédita en effet des disques de jazz (séries The Jazz Collection, Jazz Masters ou encore The Archive of Jazz) tandis qu'en parallèle il prenait chez des labels anglais ou américains des nouveautés de groupes aussi diverses que Sly and the Family Stone ou les plus obscurs Jasmin-T... BYG développa aussi son propre catalogue autour de différents axes. La venue de Claude Delcloo (qui remplaça Boruso) impulsa une orientation free jazz notamment via la collection Actuel, du nom du magazine fondé par le même Delcloo. L'identité visuelle de la série a marqué toute une génération: un layout blanc, une photo ou un dessin bordé de gris, le A stylisé en haut à droite, le titre à coté à gauche...L'ensemble constitue presque un who's who du jazz avantgardiste: Don Cherry, Art Ensemble of Chicago (qui résidait à l'époque à Paris), Sun Ra ou encore Archie Shepp pour citer les noms les plus connus. Autre élément moteur du catalogue: le rock underground français. Gong, la formation mythique de Daevid Allen, y publia entre autre son premier LP Magick Brother en 1969 (produit par les trois larrons) de même que la formation progressive Alice , les excellents Alan Jack Civilisation , Cœur Magique et Âme Son


En plus d'avoir parfois utilisé ses studios, BYG partagea certains artistes avec Saravah notamment Areski et Fontaine qui firent des albums pour les deux labels. Les deux structures, bien que sur des versants légèrement différents (rock d'une part, chanson de l'autre) sont peut-être parmi les plus symboliques de l'effervescence de l'époque, moins underground que Futura, plus large dans leur approche, ils catalysèrent ainsi une partie de l'énergie musicale générée par la France post-soixante huitarde (quand tout était encore possible et que Mai 68 n'était pas vu comme une injure...). BYG fut ainsi un jalon important pour la scène underground française et internationale entre 1968 et 1974. Si parfois les disques édités semblent à la limite de la légalité (notamment ceux de la série Faces and Places que je soupçonne d'avoir été alimenté par Gomelksy), le catalogue brille par sa variété, sa fraîcheur, son originalité et ses prises de risques. Il est incontestablement l'un de ceux qui a le mieux défendu le rock français à une certaine époque.

À partir de 1974, Jean-Luc Young et Karakos empruntèrent des voix différentes qui se croisèrent cependant à l'occasion. Nous allons revenir dans une seconde partie (si j'ai le courage de m'y atteler !) sur Celluloïd et d'autres labels de Jean Karakos mais mentionnons pour être complet ce que fit son collègue Young. Il monta le label de rééditions Charly notamment de certains groupes du catalogue BYG parmi lesquels Gong. Ce label est aujourd'hui particulièrement actif (par exemple sur le catalogue du 13th Floor Elevator) et connu quelques beaux succès, tel que Jungle Rock de Hank Mizell en 1976, un morceau initialement édité une vingtaine d'année plus tôt propulsé dans les charts anglais par la grâce d'une réédition...

En complément:
Un article très complet et intéressant sur BYG.
Un article sur le festival d'Amougies (directement lié à l'aventure BYG).
Un sujet sur les indicatifs de Radio Campus où j'évoque le parcours de Gomelsky dont la vie croisa souvent celle de BYG (il était manageur de Gong).

PS: j'ai illustré l'article de vidéos de disques sur ma wantlist :) . Pour l'anecdote: derrière le morceau floating se cache Vangelis, de son coté François Wertheimer pourrait bien être derrière le très étonnant album de Dominique Webb...

jeudi 19 janvier 2017

The Honeybus "I can't let Maggie go"

Il y a un mois j'évoquais en votre présence mon amour pour les années soixante, ce vieil ami que j'aime à retrouver pour parler de mes déceptions amoureuses ou tout simplement du sens de la vie... Les glorieuses sixties sont toujours rassurantes et flatteuses. Les arrangements ne vous trahissent jamais: ils sont (presque) toujours de bon goût. Certes les mélodies ne sont pas toujours mémorables mais quand la musique est bonne les producteurs savaient comment en faire du pur miel pour les oreilles !

Prenons The Honeybus un des nombreux groupes pop de la capital londonienne se formant en 1967. En 1968, Pete Dello, un des membres du groupe, pond I Can't Let Maggie Go, sublime chanson pop aux arrangements baroques délicats comme de la dentelle. Un petit tube (8ème des charts anglais pendant deux mois) que le groupe ne parviendra pas à égaler. La chanson condense adroitement l'époque, elle est aimable et psychédélique, douce mais pas mièvre, gardant un peu de son mystère. On pense ainsi forcément à Wallace Collection (Daydream sortie un an plus tard) mais surtout à The Move (Blackberry Way, Flowers in the Rain) et peut être encore plus les Kinks dans cette intonation si britannique. I can't let Maggie Go , petit joyau d'une époque qui en comporte tant, mérite cependant toute votre attention, peut-être parviendra-t-elle, à rendre votre vie agréable quelques instants ?


mardi 13 décembre 2016

Tommy James & The Shondells "Ginger Bread Man"

J'écoute du rock 60s depuis une dizaine d'année maintenant, ce blog en témoigne d'ailleurs. J'ai parfois l'impression que ma tranche d'âge fut la dernière à être très sensibilisée à cette époque: de nos jours, les Nuggets conservent-elles le pouvoir évocateurs qu'elles avaient sur nous quand nous avions une petite vingtaine d'années ? Le profil des collectionneurs 60s semble ainsi inexorablement vieillir au même rythme que les années passent...Les plus jeunes se rapprochent de la trentaine, les plus expérimentés autour du double. Il y a-t-il encore des gamins qui ont envie de prendre une guitare après avoir écouté Psychotic Reaction ou You're Gonna Miss Me ? Je n'en suis pas si sûr; pourtant l'influence du garage est toujours relativement présente en 2016, les Mystic Braves font le plein d'un Point FMR il y a quelques jours encore, s'abreuvant à la fontaine magique de la glorieuse décennie. Je dois me rendre à l'évidence, le cool de maintenant diffère probablement de celui d'il y a une douzaine d'années et je dois être proche du hors-jeu

Les années soixante ont pour moi un coté rassurant: je m'y sens toujours bien. Elles sont une valeur sûre à laquelle je reviens régulièrement, ponctuellement, comme lorsque l'on revoit ce vieil ami d'école et que les réflexes reviennent automatiquement sans forcer ni presser. Elles sont à n'en pas douter une décennie dorée: les groupes majeurs de cette époque restent des références importantes dans l'inconscient collectif (Stones, Beatles, Dylan, Hendrix...). Elles ont peut-être été tant fouillées par les diggers les plus obsessionnels qu'elles en ont perdu de leur magie et de leur caractère mystérieux, elles ont peut-être aussi été trop défendues à une certaine époque perdant alors leur caractère de révolte. Et pourtant... Comment en faire le tour ? Je n'y parviens pas même si heureusement le menu de mes écoutes comportent bien d'autres choses. Je continue de tomber sur des bons singles, parfois des choses un peu anodines mais qui immédiatement me séduisent par leur son, l'attitude qu'elles dégagent. Prenons par exemple ce simple de Tommy James and the Shondells, un groupe bubblegum vaguement garage auteur de quelques tubes mémorables (Mony Mony, Crimson and Clover, Hanky Panky, I Think We're Alone...). En A, il y a un honnête pastiche de Mony Mony appelé Do Something To Me , en retournant le disque nous tombons sur un très réussi Ginger Bread Man , il condense une partie de ce qui m'attire tant dans cette époque: énergie, morgue mais avec une certaine innocence... et me voilà retombé dans l'affreux piège tendu par le rock 60s.

jeudi 10 novembre 2016

Les indicatifs de Campus sur Europe 1

Si la libéralisation des ondes radios fut une des grandes mesures de Mitterrand, le monopole de l'état fut contesté des décennies auparavant, notamment par la station Europe 1 créé en 1955, l'une des plus célèbres radios périphériques avec par exemple RMC (Radio Monte Carlo) ou encore RTL (Radio Télé Luxembourg). Ainsi pour contourner l'interdiction, l'émetteur était installé en Sarre, une région allemande alors sous protectorat français. 

Parmi les émissions populaires auprès des jeunes sur la station figure certainement Salut Les Copains aussi connu sous le nom de SLC. Cette émission destiné principalement aux adolescents fut un des grands vecteurs de la musique yéyé en France. Ses présentateurs Daniel Filipacchi et Frank Ténot imposèrent un ton moins compassé et plus direct, ils diffusèrent aussi tous les nouveaux tubes de Johnny, Sylvie mais aussi parfois de la pop britannique... Au milieu des années soixante, SLC perdit de son influence, en effet progressivement les goûts du public jeune évoluèrent et cherchèrent des artistes peut-être un peu plus incisifs et personnels. L'émergence de Dutronc ou Antoine en 1966 exprime cette tendance: répertoire original, musique agressive, textes mordants et ironiques... En 1969, en pleine vague Musique Pop elle disparaît dans un relatif anonymat...depuis elle est devenue l'un des symboles forts de l'innocence de l'époque et certains de ses génériques, notamment le cultissime Last Night du fantastique groupe instrumental (backing band de Stax) de Memphis les Mar-Keys, résonnent toutes les semaines dans de nombreux mariages à travers la France au moment du madison

Une autre émission d'Europe 1 à destination des jeunes a tout pour retenir notre attention: Campus. Animé par le journaliste Michel Lancelot (décédé en 1984), elle exprime la quintessence des changements s'opérant entre 1968 et 1972 (ses années de diffusion), une période marquée par les révoltes étudiantes à travers le monde notamment le Printemps de Prague. Son ton plus mature transcendée par la contre-culture qui irrigue l'occident (beatniks et désormais hippie) séduisit les anciens auditeurs de SLC devenu de jeunes adultes, étudiants en fac pour certains d'entre eux. Les génériques de l'émissions sont particulièrement chouettes, on en recense trois, tous excellents (le premier d'entre eux avait d'ailleurs eu son article ici il y a presque dix ans et été cité une seconde fois il y a trois ans et demi...) et que je vais vous présenter.



Tiger de Brian Auger and The Trinity, paru en 1968, est un excellent morceaux groovy 60s porté par l'orgue hammond fiévreux d'un des plus doués représentant du genre anglais (Brian Auger), certainement plus percutant que son collègue Georgie Fame (que j'aime beaucoup par ailleurs). La performance vocale n'est pas fantastique (surtout si l'on compare avec les sorties accompagnées de l'incroyable chanteuse Julie Driscoll) mais le morceau fouraille suffisamment pour que ce détail n'en soit qu'un...



Le morceau est produit par Giorgio Gomelsky, décédé en début d'année dans un relatif anonymat...Ce personnage de l'ombre fut pourtant clef dans la British Invasion. Peut-être pas aussi important que ne le furent Brian Epstein et Andrew Loog Oldham managers respectifs des Beatles et des Stones lors de leurs ascensions, le Suisse d'origine géorgienne fut pourtant un maillon essentiel de l'époque. Premier imprésario des Stones il dirigea, suite à leur perte, les Yardbirds. Il produisit pas mal de disques, notamment pour des petits français comme Johnny Hallyday


Loin de s'arrêter après les sixties, l'intéressé embarqua en France à la fin de la décennie et fut impresario de Gong ou Magma. Il joua un rôle décisif dans la création d'un circuit de MJC pour les groupes progressifs de l'époque en France et enfin on le retrouvât à New York pote avec Bill Laswell alors en pleine création du groupe Material ! Bref, une figure de l'ombre dont le rôle essentiel pour la musique que nous aimons se devait d'être un peu plus mis en lumière et je suis content de pouvoir en dire un mot à l'occasion de cet article. Il fait un étonnant lien entre scène britannique sixties, rock progressif français et disco déviante new-yorkaise. Mais revenons-en à nos chers génériques de Campus !


La seconde saison de Campus se fit ainsi au son de Take One de The Golden Pot un 45 tours très apprécié des collectionneurs de jerks 60s. Instrumental frénétique marqué par le rythme et un orgue acide à souhait, le titre est enlevé et débridé. Discogs n'apporte que peu d'information sur le groupe dont voici l'unique sortie (il existe cependant un EP compilant les deux morceaux avec deux morceaux des Maledictus Sound, une rareté garantie !). La pochette fournit quelques informations sur le groupe mais elles pourraient être fausses... Enregistré le 25 avril 1969 au studio Regent New Sound (s'agit-il du même lieu que le Regent Sound Studio où les Stones firent leur premier album?) les deux morceaux sont signés par un certain Sean Garcia (organiste du groupe) et C. Payne, annoncé comme directeur musical. Sean Garcia serait-il Sylvain Garcia, un français dont les crédits dans la variété 70s française ne sont pas négligeables ? Une hypothèse à considérer ! À noter que la face B Motive sans être aussi folle que Take One se défend très bien dans le genre instrumental groovy nerveux et dansant !


Enfin finissons notre tour des génériques de Campus, par le dernier recensé d'entre eux qui accompagna l'émission en 1972 (mais extrait de l'album Devotion paru en 1970): Marbles de John McLaughling  un guitariste britannique dont le parcours mérite le détour...

Si le public ne le découvrit véritablement qu'à partir de la fin des années soixante avec les premiers albums sous son nom (Extrapolation en 1969 paru sur le label de...Giorgio Gomelsky), l'intéressé avait déjà un CV conséquent. Ainsi nous aurions pu l’apercevoir en compagnie du gratin de la scène blues londonienne notamment Graham Bond, Alexis Korner, Georgie Fame ou... Brian Auger. Il n'enregistra pas ou peu avec ces artistes (à l'exception de Graham Bond et Bowie apparemment) mais ces années lui permirent certainement de développer son style unique. Ainsi McLaughlin put devenir une des figures essentielles du jazz-rock en participant notamment à de nombreux classiques de Miles Davis dans sa période électrique tel que Bitches Brew.  

N'étant pas assez connaisseur du jazz-rock et de John McLaughlin je ne saurais vous dire en quoi Marbles est typique (ou non) de son style... En revanche le morceau entretien un dialogue intéressant avec ses deux prédécesseurs. Le début du morceau marqué par une séquence de batterie (jouée par Buddy Miles du Band of Gypsys d'Hendrix) où les toms sont mis en avant convoque take one. L'instrumentation conserve également une tonalité cohérente avec Tiger et Take One : l'orgue Hammond y tient une place de choix même si cette fois-ci la guitare se fait plus libre et psychédélique au confins du jazz et des musiques indiennes, une piste déjà prise quelques années plus tôt par les Byrds et leur monumental 8 miles High inspiré de Coltrane et Ravi Shankar.  Marbles, paru en 1970, présente aussi quelques similitude avec un disque sorti un an plus tôt: le premier album sans titre de Santana et notamment le fantastique Soul Sacrifice (youtube) dans un registre plus mouvant et chatoyant peut-être... 

Ainsi se clôt la saga Campus, une aventure radiophonique de 4 ans aux génériques mythiques et plus fantastiques les uns que les autres. Lequel est le meilleur d'entre eux ? Je vous laisse décider, en tout cas pour ma part je possède les trois en 45 tours.


dimanche 29 mai 2016

The Gun: Race With The Devil

Le Hard Rock naît à partir de la fin des années 60, il est difficile de situer précisément le premier simple ou album à définir le genre tant l'idée est dans l'air du temps dans l'après summer of love de 1967. Deux disques britanniques se détachent cependant: Truth de Jeff Beck en 1968 et le premier album de Led Zeppelin l'année suivante. Ils sont précédés par de nombreux disques, qui s'ils ne remplissent pas tout à fait le cahier des charges s'en rapprochement conséquemment. Je pense notamment au power trio Cream ou aux américains de Blue Cheer ("summertime blues" en 1967) ou Iron Butterfly (et leur classique "In a Gadda-da-Vida" en 1968). 

"Race with the Devil" d'un autre power trio, The Gun (biographie) est un excellent exemple de ces chansons qui se dirigent progressivement vers le Hard Rock tel que nous le définissons aujourd'hui. Bien sûr les arrangements riches de cuivres jurent un peu avec l'énergie brute que l'on est en droit d'attendre dans le registre, cependant le jeu de guitare ultra véloce d'Adrian Gurvitz envoie les Gun dans la sphère proto-hard rock: il est d'ailleurs repris notamment par Judas Priest au début des années 2000. Au fond, peu importe, "Race with the devil" en plus d'avoir été un tube à l'époque reste un super morceau aujourd'hui, témoignage vibrant d'une Angleterre s'éloignant du Swingin' London pour entrer dans les seventies. Cerise sur le gâteau, le pressage français du 45 Tours est assez commun et pas cher (j'ai payé ma dernière copie un euro) et propose une super face b psychédélique avec "Sunshine" que je préfère presque.

samedi 9 avril 2016

Illés: Hongrie Young Men

Discogs est un précieux allier pour découvrir de la musique. Bien sûr il ne s'agit pas de l'usage le plus courant que nous en faisons tous, nous y répertorions nos disques en espérant secrètement détenir un vinyle rare et cher, nous fantasmons sur beaucoup d'autres et enfin de temps en temps nous achetons ou dégraissons notre collection. Pourtant, c'est un outil formidable (à prononcer avec l'accent de 'Jack Lang) d'exploration de la musique. Si youtube favorise la sérendipité, le site discographique permet au contraire des recherches particulièrement précises: sa base de données est très puissante pour croiser des critères. Une de mes techniques favorites depuis quelques mois, comblant idéalement mon envie de retourner à mes amours pour les oldies de pays ne chantant pas en anglais, consiste à regarder tous les disques d'un genre donné sur une période donnée et pour un pays donné. Me voilà ainsi à fouiller les recoins du site à la recherche de disques beat hongrois sixties ! Et vous pouvez également le faire désormais.

Je porte en un intérêt dévorant depuis quelques mois pour les disques sixties issus des régimes socialistes européens (ex-Yougoslavie, Pologne et donc Hongrie). Cette soudaine passion a quelques raisons objectives au delà de la curiosité brute et de l'exotisme que peuvent représenter ces pays quand il est question de rock. Une des principales est certainement que les disques sont trouvables et accessibles financièrement: l'inverse des pays scandinaves où les disques beat se monnaient régulièrement en trois chiffres, une pure folie... Il est aussi question de l'attrait de sortir de ma zone de confort tout en gardant un pied dedans: j'explore une musique que je connais dans des langues que je ne maîtrise aucunement: je me sens en danger en retrouvant néanmoins certains codes. Enfin et tout simplement, malgré les conditions difficiles d'enregistrement et de publication de la musique dans les pays communistes: il y a de super disques, surtout dans les pays plus libéraux ayant d'avantage toléré que les jeunes écoutent, fassent voir enregistrent du rock.

La Hongrie peut ainsi se targuer d'une certaine richesse en la matière dans les années 60, du moins avant que l'URSS ne décide de sonner la fin de la récréation considérant cette musique comme une dépravation bourgeoise de l'occident à absolument combattre... Au fond le régime n'avait pas tord, le soft power et la culture ont énormément contribué au rayonnement de l'occident, les Beatles furent un bien meilleur émissaire du capitalisme libéral que ne le fut l'OTAN...Cette politique très restrictive vis à vis du rock eu dans certains cas des conséquences intéressantes: les groupes firent d'avantage appel au folklore local souvent sous la pression des autorités, une logique qui finalement suit ce qui se passe à la même époque (plus ou moins) ailleurs, par exemple en France avec Malicorne ou Alan Stivell. Bien employé par certains groupes cette contrainte amène de l'originalité. Je ne pourrais pas définir précisément l'essence du rock hongrois des années 60 mais il me semble après mes premières recherches que cette langue est très musical et apporte un charme indéniable (wiki pour en savoir plus). Les groupes évoluent ainsi souvent dans un psychédélisme emprunt d'une jolie couleur locale presque orientale. En Hongrie comme en Pologne ou en Tchécoslovaquie (et à l'inverse de la Roumanie ou la Bulgarie par exemple) la qualité des enregistrement est proche des standards de l'époque de l'autre coté du rideau de fer. Les principales formations (zenekar pour orchestre, együttes pour ensemble) dans l'époque qui nous intéressent furent Metrò, Omega et enfin celle que nous allons évoqué aujourd'hui Illés.    

Le nom du groupe est au départ lié à ses membres, de la famille Illés. La formation évoluant régulièrement jusqu'à 1965, il sera d'avantage question d'y associer le prophète Élie, d'ailleurs le logo du groupe y fait référence: il représente un char (stylisé en notes de musique) tiré par deux chevaux. Le groupe est ainsi actif du milieu des années 60 jusqu'à 1973, les raisons de la séparation ne sont pas claires mais pourraient être politiques. Les deux guitaristes composent aussi généralement, c'est en tout cas le cas du single que vous allez pouvoir écouter, écrits par Levente Szörenyi et Jànos Bròdy. Sorti en 1968 ce simple démontre le savoir faire du groupe en matière de pop psychédélique, les harmonies sont excellentes et les arrangements intéressants. Le riff "Holdfény 69" semble inspiré de "Respect" sans en être un pastiche. La face B "Alig Volt Zöld", tout aussi réussie, évoque quant à elle "Hole in my Shoe" de Traffic par son usage de la flute. Un 45 tours charmant qui devrait, je l'espère, séduire les amateurs de popsike.