jeudi 25 décembre 2008

Connaissez-vous le Prisonnier?



Le Prisonnier est une série britannique qui a été diffusée en 1967. Elle aborde des thèmes comme la non-violence, la drogue, la schizophrénie et la maladie mentale. Elle fut diffusée pour la première fois au Canada. C'était les débuts de la télévision en couleur.

L'histoire se déroule au coeur d'un village bizarre dont tous les habitants sont appelés par un numéro. L'introduction de chaque épisode présente le personnage principal, numéro 6, qui remet sa démission de son emploi d'agent secret. Drogué et séquestré, il se réveillera dans le village.

Le village est une sorte de prison dorée pour les gens qui en savent trop. Les gens qui l'habitent ne sont guère mieux que des zombis, des robots qui obéissent au doigt et à l'oeil au tout-puissant numéro 2. Ils sont tous affublés de ridicules habits colorés. Le village est donc une allégorie d'un régime autoritaire classique.


Patrick McGoohan


Patrick McGoohan, l'acteur qui interprète le numéro 6, est aussi le créateur de la série. Il a dirigé de nombreux épisodes et écrit deux d'entre eux. Sans connaissances musicales, il aurait même fredonné le thème de la série. C'est lui qui jouait le cruel Roi Edward dans Braveheart.

McGoohan était très préoccupé par la guerre froide qui battait son plein. La Russie et les États-Unis menaient alors une guerre souterraine pour la suprématie mondiale par le biais des armements nucléaires, de la course à la lune et... de l'espionnage. Le Prisonnier comportait donc une sorte de prise de position idéologique et politique. En entrevue, le co-créateur George Markstein a dit qu'à l'époque il était "très préoccupé par les différences de classe en Angleterre". Haaa oui? (Sourcil relevé).

Cette série est exceptionnelle pour plusieurs raisons.
- La série Danger Man, dont l'acteur principal était aussi Patrick McGoohan, jouait au même moment que le Prisonier. McGoohan y jouait aussi le rôle d'un espion, John Drake, ce qui semait la confusion chez les spectateurs. Le numéro 6 est-il John Drake?
- La lutte est un combat psychologique avant tout. Des armes à feu ne sont utilisées que lors du dernier épisode, le 17e.
- Le héros échoue à chaque épisode puisqu'il ne parvient pas à s'échapper.
- L'objectif de la série est complètement cryptique.
- L'ordre des épisodes est disputé. Il n'y a que le premier et le dernier épisode dont l'ordre est clairement sans équivoque.

La clé du secret révélé

Alors pour ceux qui ont suivi la série et qui n'ont jamais compris, le concept était le suivant. La lutte perpétuelle du numéro 6 représentait le combat pour préserver son individualité dans la société. Patrick McGoohan exprimait ainsi la volonté d'être respecté en tant que mouton noir dans une masse uniforme et conformiste.


Les gardiens du village sont les mystérieux "Rovers" qui sont des ballons remplis d'hélium.


La série représente aussi le combat entre l'être civilisé et l'être barbare. Le numéro 1, auquel il est fait référence tout au long de la série, n'est qu'une des faces du personnage de McGoohan. La facette bestiale. L'homme doit constamment lutter entre la civilité et la violence pour préserver sa liberté. C'est un combat qui ne connait jamais de fin (Le dernier épisode suggère un recommencement).
"Sa vie est platte, il porte la cravate, mais au fond de son âme le barbare sommeille" - Mononc' Serge
Le dernier épisode présente quelques obscures références à la bible. Selon certaines interprétations, le Prisonnier serait une sorte de messie. Par la force de sa volonté, il redonnera liberté et conscience aux inertes et dociles habitants du village.

La méthode employée ne donne pas dans la dentelle. C'est une véritable insurrection armée qui prend forme dans le dernier épisode (Fall Out). La solution pour se libérer de la dictature autoritaire du village (société) est dans la rébellion. Il s'agit du seul épisode ou on utilise des armes à feu. On se tire dessus à la mitraillette à qui mieux-mieux.



La portée du message révolutionnaire de la série est équivoque. Le prisonnier combat clairement contre l'autorité du village pour obtenir sa liberté individuelle. La liberté de posséder son propre nom, d'être un individu. Par contre, le prisonnier n'y cherche-t-il que son salut personnel, sans se soucier de celui des habitants du village? Le sort de ces derniers n'est guère évoqué. Ce ne sont que des moutons, somme toute.

Je ne peux que vous enjoindre à redécouvrir cette série hors-norme. Le Prisonnier est une série étrange et subversive fidèle à son époque. Un combat mental entre le cérébral numéro 6 et ses geôliers déments est éclatant d'originalité et d'audace. La série propose aussi des interprétations qui varient au gré des spectateurs.

Vous pouvez vous procurer l'entièreté de la série au Vidéo Centre-Ville.

mercredi 17 décembre 2008

Papa a raison

On accuse souvent Georges W. Bush de tous les maux. Alors que l'auguste personnage se dirige lentement mais sûrement vers la sortie à coup de souliers, les gens se rappellent son mandat troublé et émettent d'arides critiques. Certain vont jusqu'à dire que Georges est le pire président que les États-Unis n'ont jamais eu.

Halte la! Je m'insurge contre ce traitement. Georgy n'est que le modeste successeur d'une longue lignée d'illustres présidents!



L'un de ceux là était Richard Nixon. Écoutez sa voix et méditez.

On se souvient de lui pour le scandale du Watergate, qui a finit par lui coûter son poste. C'est assez simple: Les locaux du parti Démocrate ont été fouillés par des agents secrets liés à la maison blanche. Suite à ça les membres de l'entourage de Nixon démissionnèrent en rafale.

Le scandale du Watergate exposa au grand jour l'étendu de la corruption exercé par les plus hautes instances du gouvernement.

Nixon a aussi constitué une liste noire de ses ennemis. La liste avait comme mandat de "use the available federal machinery to screw our political enemies." Vous aviez intérêt à rentrer dans le rang!

Ces extraits ont été triés par votre hôte à partir des enregistrements secrets dans le bureau du président. La qualité est exécrable mais je suis sur que vous excuserez l'équipement de sécurité tiers-mondiste de la maison blanche.

A propos des noirs!
"Most of them are just out of the trees let's face it."

3657-1-negroes_-_out_of_the_trees.mp3

A propos de la peur au Vietnam!
"Fear, fear, fear they're scared to death those people in the north"
3657-2-thieu_-_nixon_about_fear.mp3

A propos de la guerre du Vietnam!

"We must not underestimate... what we do in terms of military action... what it's effect might be. It might be effective."
3657-4-thieu_-_nixon_dont_underestimate_military.mp3

A propos des jeunes!
"You know what their main problem is? It's basically an almost hopeless immaturity "
3657-5-youth_-_hopeless_immaturity.mp3

A propos des hippies!
"The... the softness of this generation is just unbelievable"
3657-6-youth_-_nixon_youth_are_soft.mp3



Anectode intéressante. Alors qu'il rencontrait Johnny Cash, le président Richard Nixon lui proposa d'interpréter Okie from Muskogee et Welfare Cadillac, deux chansons particulièrement réactionnaires digne du plus redneck des cowboys texans. Johnny joua plutôt la pièce Man in Black.

I wear the black for the poor and the beaten down,
Livin' in the hopeless, hungry side of town,
I wear it for the prisoner who has long paid for his crime,
But is there because he's a victim of the times.

mardi 9 décembre 2008

100 morts sans guerre c'est sans bon sens


Photo du "Falling Soldier" de Robert Capa. Les anecdotes abondent sur cette photo.

Eh bien ce n'est pas une mauvaise journée aujourd'hui. Les choses les plus surprenantes qui pouvaient arriver dans cette élection sois-disant platte se sont produites: L'élection d'un candidat de Québec Solidaire et la démission de Mario Dumont (que j'avais prédite! Demandez à Raymond Poirier. Voila qui devrait être suffisant pour être considéré comme un analyste de haute voltige et ainsi me faire inviter à l'émission du midi à TQS avec André Arthur).

Dans un autre ordre d'idée complètement, parlons guerre. Récemment le journul faisait état du chiffre magique de 100 morts depuis le début des hostilités en Afghanistan en 2001. Remarquez qu'on ne mentionne nulle part les milliers d'Afghans, civils et combattants, qui ont péris.

Selon mon vox populi hautement scientifique, plusieurs personnes refusent de considérer les opérations en Afghanistan comme une guerre. 100 morts sans guerre, faut le faire!

Alors comme quoi il est bon de rappeler notre rejet de la guerre et le refus des idées qui la pousse, écoutons la voix des artistes.

Buffy Sainte-Marie - Universal Soldier


Buffy Sainte-Marie est une autochtone canadienne de racine Cri. Cette artiste militante de Saskatchewan a fait cette chanson qui explique bien toute l'absurdité de la guerre.

Phil Ochs - Cops of the world




Musicien et journaliste étasunien des années 60 à la voix exceptionnelle, Phil Ochs a fait une pièce qui est un peu le "Universal Policeman". Je trouvais le lien intéressant...

Arseniq 33 - Au secours la police!!!




Bon bin tant qu'à faire concluons cette troïka musicale avec une pièce du groupe jazz-métal-punk Arseniq 33.

Cette poutine musicale est inspirée des choix musicaux du Theme Time Radio Hour de Bob Dylan. Voir le site de l'Homme Scalp pour plus de détails.


RE: élections, tome 2‏
De : François Gosselin Couillard (francoisgosselincouillard@hotmail.com)
Envoyé : 11 novembre 2008 23:11:53
À : raymond_poirier@hotmail.com
J'ajouterais quelque chose avant que les autres journalistes en parlent comme ça je pourrai dire "Je l'avais prévu": J'ai le feeling que ça risque d'être la dernière campagne de Mario.

- FGC

vendredi 5 décembre 2008

Chansons à prendre ou à laisser

Ça fait quelques semaines que ça me trotte dans la tête. Le concert de Stéphane Robitaille est resté jammé entre deux neurones. Les pièces me reviennent constamment à l'esprit.

Je ne sais pas ce qui m'a le plus assommé. C'est probablement un mélange de lucidité dans les textes, leur violence et leur beauté. Le tout mélanger à une poutine aux épices d'apocalypse.

J'ai rencontré Marie-A hier à l'assemblée générale de CKIA. Elle me racontait que la force de Stéphane est la puissance de ses textes. Indeed. Ils vont d'ailleurs faire un concert bientôt ensemble à l'Agitée.

Alors que les chanteurs insipides sont les chouchous des médias, il est rassurant de savoir qu'il y a encore des auteurs aux textes incisifs, authentique, vivant. Des textes qui font réfléchir.

C'est aussi le fun, quand on est un mouton noir, de voir des gens qui pensent comme nous. Georges Brassens n'aurait-il pas dit, "Quand on vicomte rencontre un autre vicomte, qu'est-ce qu'il se raconte? Des histoires de vicomte".

Stéphane est en train d'enregistrer un album dans sa cuisine. Il était temps! Ses textes ont déjà été chantés par Paule-Andrée Cassidy. Il m'a confié que la pièce "Sans Dessein" ferait directement référence à l'indépendance du Québec.

Surveillez la sortie de son album.

Je vous livre deux pièces que Stéphane a interprété lors de ce spectacle.

Barara: Menuet pour la Joconde

Sophie Anctil: Grand-maman

The Buchanan Brothers - Atomic Power
Cette pièce n'a pas été joué par Stéphane mais elle reste dans l'esprit de la chose et risque de vous remettre d'aplomb après la complainte de Sophie.