Le Grand Paris pourrait entraîner une hausse des impôts dans la capitale

Anne Hidalgo (PS) et Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) en ont fait le serment : élue maire de Paris, ni l’une ni l’autre n’augmentera les impôts. Mais la création de la Métropole du Grand Paris (MGP) que les élus PS de la capitale appellent de leurs vœux pourrait générer une hausse fiscale pour les Parisiens. Et une baisse pour les habitants de la petite couronne.

Ce scénario est évoqué pour la première fois dans une note d’expertise du syndicat mixte baptisé Paris Métropole, club de 207 élus franciliens de toutes étiquettes politiques, publiée en octobre.

Le projet de loi sur l’affirmation des métropoles en cours de discussion au Parlement prévoit la création de la MGP au 1er janvier 2016. Elle regrouperait plus de 6,5 millions d’habitants à l’échelle de Paris, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis.

COTISATION FONCIÈRE DES ENTREPRISES

Pour alimenter ses recettes, la MGP récoltera les impôts payés par les entreprises des 124 communes qui la composeront. Dans ce panier fiscal, figurera la Cotisation foncière des entreprises (CFE), qui remplace depuis 2011, en partie, la taxe professionnelle. Quand la CFE ira dans les caisses de la Métropole, son taux deviendra unique pour toutes les communes. Son niveau sera égal à la moyenne de l’ensemble des taux actuels.

Ce taux métropolitain serait de 22,4 % sur la base d’une moyenne calculée à partir des budgets 2014. Le taux parisien est bien plus bas (16,5 %).Selon les calculs de Paris Métropole, la convergence générera donc « une augmentation de 35 % » du taux dans la capitale. Cette « progression serait lissée » sur dix à douze ans.

Interrogée par Le Monde, la Mairie de Paris « ne valide pas » ce choc fiscal potentiel. «Le taux moyen de la CFE des collectivités composant la MGP sera un plafond, affirme le cabinet de Bernard Gaudillère, adjoint chargé des finances de Bertrand Delanoë. Rien n’empêchera la Métropole de fixer un taux unique plus bas. »

Mais Philippe Laurent, président de Paris Métropole, et maire (UDI) de Sceaux (Hauts-de-Seine) estime que « la position de Paris n’est guère  tenable . Si  le taux de la CFE métropolitaine est inférieur à la moyenne, les recettes de la MGP  seront moins importantes. Qui paiera la différence ? », interroge ce spécialiste de la fiscalité locale.

350 000 entreprises sont assujetties à la CFE à Paris. La moitié de ces contribuables exercent leur activité dans le secteur du commerce, du conseil, de la finances ou des assurances. La taxe rapportera près de  310 millions d’euros à la collectivité parisienne en 2014.

Selon Paris Métropole, « la MGP comptera 627 000 assujettis à la CFE». Le passage à un taux unique de CFE « entraînerait une baisse de cotisation pour un quart des entreprises et une hausse pour les trois quarts », indique la note.

La CFE devrait augmenter dans la plupart des villes des Hauts-de-Seine puisque la moyenne départementale des taux y est de 19,85 %. En revanche, son taux devrait baisser  de 36 % en Seine-Saint-Denis et de 27 % dans le Val-de-Marne. Dans ces deux départements, de nombreuses villes compensent actuellement leur faible niveau de richesse par un taux de CFE élevé. Dans le cadre de la MGP, elles deviendraient fiscalement plus attractives.

TAXE D’HABITATION

Selon Paris Métropole,  la MGP pourrait  aussi prélever la part des recettes de la taxe d’habitation (TH) que perçoivent les départements depuis la réforme de la taxe professionnelle. Ce qui se traduirait par une baisse de cette taxe partout et une augmentation à Paris. Selon le même mécanisme que pour la CFE, le taux  de la TH métropolitaine serait établi à partir de la moyenne des taux des quatre départements, soit à 5,1 %.

A Paris – collectivité qui est à la fois ville et département – ce taux est bas puisqu’il est actuellement de 2,58 %. L’alignement des taux entraînerait une hausse de 2,5 points dans la capitale.  Le taux cumulé des parts départementale et communale de la taxe d’habitation des Parisiens augmenterait, selon la note, de 19 %, sur environ dix ans. En revanche, la TH baisserait automatiquement pour les contribuables des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.

L’exécutif parisien ne cautionne pas davantage les projections de la note de Paris Métropole s’agissant de la TH.  « Cette note n’engage que ses auteurs. Elle n’engage pas les responsables politiques qui, je l’espère, demain seront à la tête de ce grand Paris pour en décider autrement », a réagi Mme Hidalgo , dimanche 10 novembre. Invitée de l’émission Le Grand Rendez-Vous- Le Monde-i-Télé, sur Europe 1, la candidate socialiste a rappelé son « engagement » de « ne pas augmenter les impôts des Parisiens sur la prochaine mandature, et cet engagement, je le respecterais si je suis maire de Paris ».

Pour appuyer l’expertise de Paris Métropole, M. Laurent rappelle que « toutes les intercommunalités de France dont le périmètre est à cheval sur plusieurs départements ont  – lorsqu’elles ont décidé de percevoir une partie de la taxe d’habitation- un taux unique qui correspond à une moyenne». 

Le gouvernement aura son mot à dire dans le débat puisque le mécanisme budgétaire de la future MGP sera fixé par ordonnances. Elles sont loin d’être rédigées. 

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Yves Jeuland raconte à nouveau Bertrand Delanoë dans un documentaire

Le pouvoir, il l’a pris à Paris. Il s’en déprend. Bertrand Delanoë a choisi de tirer sa révérence en mars 2014. Libéré des contingences électorales, le maire de la capitale livre ses confidences dans un documentaire d’Yves Jeuland, programmé vendredi 18 octobre sur Fance 3 à  23 h 10 : Delanoë libéré.

Avant 2001, Yves Jeuland l’avait suivi vingt-deux mois, caméra à l’épaule, avec une journaliste du Monde, Pascale Sauvage, pour réaliser un film haletant, Paris à tout prix, sur les coulisses de sa victoire. Douze ans plus tard, il installe son personnage face à lui, au milieu d’un studio de télévision immense, dans une mise en scène minimaliste, clin d’œil au mythique Discorama de Denise Glaser. Le maire de Paris retrace toute  sa carrière. Devant le réalisateur, il ne cache pas ses émotions, jusqu’à réprimer ses larmes quand la nostalgie s’en mêle.

Pourquoi un homme politique décide-t-il de quitter le pouvoir ? Bertrand Delanoë invoque son besoin de « liberté ». Revoyant  les images de son parachutage raté dans le Vaucluse aux législatives de 1986,  il assure que cet « échec m’a rendu l’immense service que j’ai réussi à être libre. J’avais peur d’être toute ma vie dépendant de la politique, d’être recouvert de poussière ». Sans démissionner de son mandat d’élu parisien, il part chercher fortune à l’époque dans le privé et devient conseil en communication. « C’est une question de survie, j’étouffe », se justifie-t-il devant la caméra. En 2008, il échoue au congrès de Reims à prendre la tête du PS. « Et alors ? s’exclame t-il cinq après. La belle affaire ! Vive la vie ! » 

« Me libérer de l’emprise des grands chefs »

Il y a  chez M. Delanoë la hantise de ne plus être maître de son destin.  Parlant de Mitterrand : « Il avait une présence qui en imposait.  Je ne voulais pas qu’il me domine. J’avais peur qu’il me fasse penser des choses que je ne pensais pas car je l’admirais beaucoup. » Evoquant son autre mentor, Lionel Jospin, il confie : « J’avais besoin de me libérer de l’emprise de ces grands chefs que j’admirais. Je voulais être moi-même. »

A force de chercher à ouvrir les serrures de cet homme secret, Yves Jeuland découvre une autre clé : l’origine du lien qui l’attache à Paris. « D’abord, j’ai adoré Paris à travers les yeux de ma mère. Elle adorait Paris. » Lui, adolescent à Rodez, n’a découvert la ville qu’à 18 ans. « Elle nous racontait » la ville, dit-il, à chacun de ses retours de la capitale.

Bertrand Delanoë n’a-t-il  tant voulu devenir maire de Paris que pour l’amour d’une mère ? Une mère « croyante » qui faisait dire des messes pour qu’adviennent les victoires de son fils, une femme qui « avait quelque chose d’héroïque qui faisait l’admiration de tout le monde ».

« Je n’ai pas besoin du pouvoir pour respirer », confie-t-il à Yves Jeuland . Il n’en dit pas plus. Sinon que son devoir lui paraît accompli. Que sa mission l’a comblé. En écoutant la chanson de Barbara Perlimpinpin au générique de fin – une chanson qui parle de  l’enfance, et qu’il aime –, on se prend à croire qu’avoir régné treize ans sur la ville dont sa mère était éprise a pu légitimement suffire à son bonheur.

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Valérie Pécresse rassemble la famille UMP d’Ile-de-France

 

« C’est la journée de la grande réconciliation » se réjouissait un proche de Valérie Pécresse au milieu des tables et des nappes blanches sur la pelouse du parc de l’Ile Saint-Germain à Issy-les- Moulineaux (Hauts-de-Seine), samedi 21 septembre. « Nous vivons une journée particulière », a insisté l’ancienne ministre du budget de Nicolas Sarkozy devant quelque  200 élus, militants, sympathisants venus pique-niquer à son invitation dans la ville d’André Santini (UDI).

La réunion de famille UMP-centristes aura été l’occasion pour Mme Pécresse d’orchestrer le soutien officiel de Roger Karoutchi  à sa candidature programmée à la présidence de la région Ile-de-France en 2015.

La veille, le sénateur copéiste des Hauts-de-Seine avait annoncé, dans le Figaro, qu’il se rangeait derrière la députée filloniste des Yvelines. Celui qui avait été battu par Mme Pécresse lors de la primaire interne, en 2010,  pour la désignation de la candidature UMP  à la présidence de l’Ile-de-France, a confié dans un entretien au quotidien qu’il avait « envisagé d’être candidat en Ile-de-France pour conduire la bataille. » Mais, soulignant  que l’élection régionale s’annonce  «rude (…) avec un vrai risque de triangulaire avec le FN au second tour », M.Karoutchi a estimé qu’il fallait « éviter les divisions du passé »  et que Mme Pécresse était « mieux placée » que lui.

 

Son renoncement devrait permettre à l’ancien secrétaire d’Etat chargé des relations avec le parlement de se consacrer à la conquête d’une autre présidence : celle du groupe UMP au Sénat qui devrait donner lieu à renouvellement dans un an. « Pour l’emporter, il aura besoin de  rassembler les sénateurs fillonistes qui sont nombreux dans le groupe » décrypte un conseiller de Mme Pécresse, proche de l’ancien premier ministre.

Lestée d’un leadership régional désormais incontesté, Mme Pécresse a adoubé, samedi,  une soixantaine de candidats UMP prêts à partir à la conquête des mairies franciliennes en 2014 : «Aujourd’hui, commence la longue marche vers l’alternance !  votre victoire aux municipales sera notre victoire aux régionales. En avant ! », a lancé la chef de file de l’UMP à la Région, sous le regard encourageant de Patrick Devedjian, patron des Hauts-de-Seine.

Le message s’adressait aussi à Nathalie Kosciuko-Morizet, candidate de la droite à Paris. Accueillie  en guest star,  NKM s’est offert un intermède champêtre dans sa campagne pour vivre ce moment de rassemblement que lui offrait Mme Pécresse. Entourée de nombreux élus Ump de la capitale, NKM a salué en « Valérie, la fédératrice de la région » avant d’étriller la municipalité parisienne, « Valérie a besoin qu’on gagne Paris  pour gagner la région », confiait, en aparté,  la députée de l’Essonne que M.Karoutchi aurait bien aimé voir se présenter à la région en 2015.

« Qu’NKM gagne ou non la capitale ne changera rien pour nous », relativisait un  pécressiste en la regardant s’en aller pour se rendre à une autre « fête des familles », dans le 15e arrondissement de  Paris, cette fois.

 

 

 

 

 

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Les extrêmes au centre de la campagne à Paris

Jamais dans l’histoire des municipales à Paris, les extrêmes n’ont été autant au centre de la campagne. Du coup, PS et UMP sont confrontés à un même défi : capter l’électorat modéré tout en contrant l’offensive des partis radicaux.

Pour la candidate socialiste, Anne Hidalgo, il s’agit de déjouer l’offensive du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, décidé à faire de la capitale un test de son audience nationale. Le PG tente de dissuader le PCF de participer à des listes d’union dès le premier tour avec le PS, comme ce fut le cas à chaque scrutin depuis 1977  sauf en 1989. Faute d’empêcher cette alliance, il compte conduire des listes autonomes. Avec pour objectif d’affaiblir le PS.

Pour Nathalie Kosciusko-Morizet, la partie est compliquée aussi. La candidate de l’UMP fait face à l’ambition affichée du FN « d’investir les grandes villes » et « de faire de Paris un enjeu national », selon Florian Philippot, vice-président du parti d’extrême-droite. A l’UMP, l’hypothèse d’une perçée du FN est prise au sérieux : « J’alerte depuis un an sur le fait qu’on aura des triangulaires avec le FN », confie Jérôme Dubus, conseiller de Paris (UMP) du 17e. « Dans certains arrondissements, le FN peut monter jusqu’à 10 %. Il y a des risques de triangulaires dans le 12e,13e, 17e et 20e arrondissement », pronostique ce proche de Jean-François Copé.

Le contexte conduit le PS et l’UMP à durcir leur discours. Anne Hidalgo assume de se prêter au jeu de la surenchère pour rassembler ses alliés : « J’ai entendu dans les propositions faites par le PC à Paris celle de 30 % de logements sociaux supplémentaires à l’horizon 2030. Je suis prête à m’engager là-dessus si on est dans un engagement ensemble », a déclaré la candidate socialiste, le 14 septembre, à la Fête de l’Humanité. Le PS parisien se montre ouvert : « Le PC a 8 conseillers de Paris, nous sommes prêts à leur en accorder 12 s’ils font alliance avec nous », confie Rémi Féraud, patron de la fédération PS de Paris. Les communistes doivent trancher, le 19 octobre, par un vote des militants s’ils font liste commune ou non avec le PS.

De son côté, NKM ne veut pas sembler tributaire du FN. La députée de l’Essonne, qui reste fidèle à son refus de renvoyer « dos à dos le FN et le PS », sait que le parti de Marine Le Pen ne lui fera aucun cadeau. Elle préfère renvoyer la responsabilité de montée de l’extrême droite sur le PS. « Quand la gauche ne daigne pas discuter des questions de sécurité dans les logements sociaux, elle fait sciemment le jeu des extrêmes », allègue-t-elle.

Mais elle intègre bel et bien la menace FN. En ciblant les « Roms », qu’elle accuse de « harceler » les Parisiens, NKM préempte une thématique sécuritaire chère au parti d’extrême-droite.

Mme Hidalgo et Mme Kosciusko-Morizet sont confrontées au même risque : se brouiller avec l’électorat centriste en voulant se couvrir l’une sur son flanc gauche, l’autre sur son flanc droit. « Ralier à la fois les bobos et les fachos sera compliqué pour NKM », résume M. Féraud, codirecteur de campagne de la candidate PS. Concilier bobos et électeurs à la fibre « coco » ne sera pas une mince affaire, non plus, pour Mme Hidalgo.

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La campagne parisienne « à l’américaine » de NKM

« Aujourd’hui, il y a des Bastilles à prendre », proclamait-elle, le 15 février, en annonçant son engagement dans la bataille de Paris. Nathalie Kosciusko-Morizet  a donné rendez-vous, dimanche 30 juin, à un « millier » de partisans, place de la Bastille, pour son premier rassemblement depuis qu’elle est la candidate officielle de l’UMP. « Je souhaite engager un dialogue singulier avec les Parisiens et les Parisiennes », confiait-elle, à la veille de ce happening où chacun pourra apporter « à boire et à manger ».

Pour NKM, le défi est double. Pour espérer gagner la municipale, il s’agit de  capter — au-delà de la droite traditionnelle — les habitants dits « bobos » et ceux des quartiers populaires. « Comme disait Chirac, c’est pas dans la musette ! », résume Jean-François Probst, jadis conseiller de Jean Tiberi à la mairie de Paris.

Compter sur  les simples réseaux de son parti ne peut lui permettre d’élargir son électorat. S’assurer de nouveaux relais suppose de réussir à « interfacer le numérique et le médiatique avec le contact physique avec les électeurs», théorise-t-elle.

Depuis quelques semaines, la députée (UMP) de l’Essonne s’est lancée dans une campagne à l’anglo-saxonne. Nathalie Kosciusko-Morizet organise ce qu’elle appelle des « corners ». Le mot évoque les « speaker corners » de Londres où des orateurs prennent la parole en public sur des sujets qui concernent la vie de la cité.

Son matériel de campagne se résume à  une table pliante, une bouteille de soda et quelques friandises qu’elle installe sur le trottoir pour engager l’échange avec les chalands.  « Rien à voir avec la technique d’Arnaud Montebourg,  qui faisait campagne  avec son micro au coin de la rue ! », prévient-elle, en évoquant la candidature à la primaire socialiste, en 2011, du ministre du redressement productif. « Je ne viens pas  porter la bonne parole mais la recueillir, nuance NKM. J’ai remarqué que  les femmes, qui souvent s’expriment  moins spontanément que les hommes dans les réunions publiques, viennent plus facilement me parler » dans la rue.

Elle prévoit ces opérations « NKM près de chez vous » dans les cent vingt et un « quartiers de Paris », petites unités de base administratives dotées chacune d’un conseil de quartier, censé structurer la vie locale.

Dans ces « corners, je rencontre beaucoup de gens qui me disent qu’ils  sont prêts à devenir des volontaires de ma campagne», assure-t-elle. « Volontaires » : elle emprunte le mot cette fois au vocabulaire de Barack Obama.

Outre ces causettes au coin de la rue, Mme Kosciusko-Morizet « organise des panels avec des gardiens d’immeuble, des policiers, des éboueurs, des chauffeurs de taxi ». « Une façon de toucher un public qui n’a pas l’habitude de participer à des ateliers politiques », dit-elle.

Son projet sera bouclé à l’automne. La constitution des listes dans les arrondissements est prévue pour novembre. « Je prendrai, dit-elle, des gens de droite, du centre, et de la société civile. »

Dimanche, à la Bastille, NKM n’a pas prévu d’annoncer l’arrondissement dans lequel elle sera candidate. Elle a promis de le faire « avant le 14 juillet ».

« J’irai dans l’arrondissement dans lequel ma candidature peut aider à faire basculer les choses », explique-t-elle.

L’analyse de sa stratégie laisse penser que le choix du 14e serait l’hypothèse la plus plausible. En cas de victoire, elle engrangerait une dizaine de conseillers de Paris pour la droite. Une prise indispensable pour pouvoir faire basculer la majorité des cent soixante-trois conseillers de Paris qui élisent le maire de la capitale.

Son profil de droite modérée lui donne a priori des atouts pour s’ancrer dans cet arrondissement.

En 2008, Marielle de Sarnez, numéro 2 du Modem, avait réussi à y être élue, avant de démissionner, en 2010, de son mandat parisien. La vice-présidente du parti de François Bayrou se représente dans le 14e  avec l’ambition de présenter des listes de « rassemblement de tous les centres » dans les vingt arrondissements.  « NKM est libre ! », se contente de répondre Mme Sarnez à l’évocation de la venue éventuelle de la candidate UMP sur ce qu’elle considère comme ses terres.

Avec ou sans accord avec Mme Sarnez, Nathalie Kosciusko-Morizet affronterait, dans ce cas, l’actuel maire (PS) de l’arrondissement, Pascal Cherki. « NKM c’est la droite à  la Marcel Proust, la droite à clochettes des beaux quartiers. Elle ne correspond en rien à la culture du 14e, marquée par un passé ouvrier et une forte tradition humaniste héritée du catholicisme social », la met au défi l’élu.

Député, membre de l’aile gauche de son parti, M. Cherki annoncera « en septembre » son intention ou non d’être candidat.

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Quand Bertrand Delanoë met la Seine en scène, l’UMP cherche la réplique

« Ah tiens ! Tu es là Rachida ! Mais je croyais que tu étais contre pourtant ! » En apercevant Rachida Dati en haut de l’immense escalier de bois en contrebas du musée d’Orsay, Bertrand Delanoë jubile. La maire (UMP) du 7arrondissement s’est glissée au milieu d’un aréopage d’élus PS parisiens pour l’inauguration, mercredi 19 juin, des aménagements de la rive gauche de la Seine. « Tu es intelligente ! Tu sais que tous les gamins de ton quartier bourgeois vont venir profiter des berges ! », la taquine le maire de la capitale.

Les transformations des quais de la Seine entre le musée d’Orsay et celui du quai Branly sont « la réalisation la plus emblématique du second mandat de M. Delanoë ; celle aussi où il a mis le plus sa patte », glisse un des acteurs du projet. Le quai qui longe le 7e arrondissement est redevenu, mercredi, après quatre ans de concertation et de travaux, un lieu de promenade comme au temps des expositions universelles. En janvier 2013, l’autoroute urbaine, créée en 1960, a été fermée à la demande de la mairie de Paris.

Un investissement « raisonnable »

L’UMP pronostiquait des embouteillages massifs sur les artères alentours, du fait du report de la circulation, désormais interdite sur le quai. « Les effets catastrophiques que certains redoutaient ne se sont pas produits », assurait, tranquillement, mercredi, en marchant le long du fleuve, Bernard Boucault, le préfet de police de Paris.

Entre le pont Royal et celui de l’Alma, 2,3 km sont désormais accessibles aux piétons et aux cyclistes. La rive gauche étant une zone inondable, tous les équipements ont été conçus pour être entièrement démontés en vingt-quatre heures, en cas de crue.

Le coût du projet s’élève à 26,6 millions d’euros pour les travaux et 5 millions pour le fonctionnement annuel. Un investissement « raisonnable » pour un budget parisien d’1,7 milliard d’euros a jugé, mercredi, M. Delanoë. « Mettre en valeur un des plus beaux paysages de Paris va contribuer à l’attractivité de la capitale », s’est félicité le maire de la capitale.

Sur ce tronçon, environ 2 000 voitures circulaient jusqu’en janvier aux heures de pointe. Depuis la fermeture à la circulation, les études de trafic de la préfecture, réalisée en mars, montrent qu’un tiers des automobilistes s’est reporté sur les quais hauts de la rive gauche où une file supplémentaire a été créée. « Ce qui a permis de limiter l’allongement des temps de parcours pour traverser Paris d’est en ouest à environ deux minutes », indique la préfecture.

L’effet du report se fait plus durement sentir, rive droite. Un tiers des automobilistes qui empruntaient les quais bas de la rive gauche emprunte désormais la rue de Rivoli. Les trajets sur cette artère se sont ralentis de « six à sept minutes », calcule la préfecture. « Nous nous employons à lutter contre le stationnement en double ou triple file devant certains grands hôtels pour fluidifier le trafic sur cet axe », précise M. Boucault. Enfin, un tiers des automobilistes qui passaient par la rive gauche a renoncé à circuler en voiture dans Paris pour se rabattre soit sur le périphérique soit sur les transports en commun.

En septembre, un nouveau bilan des reports de trafic sera établi par la préfecture qui peut décider, à tout moment, de rétablir la circulation sur les berges de la rive gauche.

« Un maire en fin de règne »

Après s’être opposée au projet , la droite peine à trouver des angles d’attaque. « On ne s’oppose pas à la réappropriation du site mais la mairie a mis la charrue avant les bœufs en ne prévoyant aucun transport en commun alternatif », déplore Laurence Douvin, élue du 17e arrondissement en charge des transports au groupe UMP.

Ce projet est « une petite satisfaction égoïste d’un maire en fin de règne qui rêve d’un Paris de promeneurs bucoliques », dégaine le groupe UMP, dans un communiqué. « C’est un petit projet pour un petit Paris pour des petits politiques », confie au Monde Rachida Dati. La maire du 7e regrette que la mairie n’ait pas lancé un consultation internationale d’architectes-urbanistes pour concevoir un aménagement des berges de la Seine à l’échelle de la métropole « avec une vraie dimension économique et pas uniquement ludique ».

Nathalie Kosciusko-Morizet cherche, de son côté, la bonne tirade, convaincue qu’elle a intérêt à proposer plutôt qu’à s’opposer à tous les chantiers du maire.

« Je trouve normal qu’une ville ne  soit pas un vaste circuit automobile », a déclaré la candidate UMP à la mairie de Paris, sur Public Sénat, mercredi. Mais il est possible « de faire autrement que de dégoûter les automobilistes », estime-t-elle.

NKM confie qu’elle a « fait travailler des architectes » sur un projet alternatif. Dans le schéma qu’elle imagine, la circulation pourrait être rétablie  sur le quai bas à hauteur du musée d’Orsay. « A cet endroit, la voie sur berge est plein Nord. L’hiver, il n’y a pas une goutte de soleil, c’est très froid, a-t-elle expliqué  sur Public Sénat. Ce n’est pas forcément l’endroit vous auriez envie d’aller vous promener. En revanche, sur le quai haut, vous avez le musée d’Orsay, vous avez la Grande Chancellerie de la légion d’honneur. » Mieux vaudrait, selon elle, que le quai haut devienne un espace élargi dédié à la promenade, avec des couloirs réservés aux circulations douces (bus, taxis, vélos, livraisons en véhicules électriques).  Les automobilistes redescendraient le long de la Seine sur un trajet à la place de l’escalier géant installé par M. Delanoë. NKM retouche le projet sans le remettre en cause.

« NKM, c‘est la droite ni oui ni-non », ironise l’entourage d’Anne Hidalgo. Mercredi, tout en soulignant la « beauté et la réussite » du site qu’elle inaugurait aux côtés de M. Delanoë, la candidate du PS a évoqué la « piscine flottante » sur la Seine, qu’elle créerait dans le 15e arrondissement si elle est élue maire en 2014.  L’aménagement des berges ressemble déjà à un roman-fleuve.

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Anne Hidalgo dévoile sa boîte à idées pour Paris

Etre dans la continuité sans se laisser enfermer dans l’héritage : Anne Hidalgo doit relever ce défi pour incarner « le renouvellement » que les Parisiens attendent selon Bertrand Delanoë. Sans  pour autant aller jusqu’à « la rupture », a nuancé le maire de Paris dans l’interview au Journal du Dimanche, le 16 juin.

Le think tank sur internet baptisé Oser Paris,  qu’elle a crée en septembre,  dont les travaux ont été présentés lundi 17 juin, participe de cette stratégie. Oser Paris a été conçu comme un outil pour répondre à la « nécessité d’ouverture au-delà des élus sortants et des  technos du PS qui ont l’expérience de douze ans de gestion de la ville avec tout ce que cela a de positif mais aussi de négatif», explique Bruno Julliard, porte-parole de la candidate socialiste.

«Le site a remporté un large écho», s’est félicité Jean-Louis Missika, directeur de campagne d’Anne Hidalgo en ouverture de la restitution des contributions dans le grand amphithéâtre de l’Ecole nationale des arts et métiers,lundi, dans le 13e.

Près de mille propositions ont été déposées sur le site par plus de deux mille adhérents dont «  un peu moins de 50% sont des militants du PS », estime l’adjoint à l’innovation de M.Delanoë

« Nous arrivons à un moment crucial, celui de l’intégration des contributions », a-t-il insisté. «C’est sur la restitution  des propositions que Désir d’Avenir s’est cassé les dents», a rappelé M.Missika. Dépassée par l’afflux de propositions, Ségolène Royal n’a pas réussi, en 2007, à éviter la déception de ses soutiens dont bon nombre d’ idées sont restées lettre morte au moment de l’élaboration de son programme présidentiel.

Les propositions des Parisiens  sont à la fois sages et décoiffantes. Ils rêvent d’ouvrir les kiosques à musique des jardins publics aux musiciens amateurs, de créer des fermes urbaines,  de fermer le périphérique à la circulation pendant 24 heures tous les ans, d’installer un téléphérique entre les gares d’Austerlitz de Lyon et de Bercy…Mais ils proposent aussi de créer des « brigades de sécurité dans les lieux touristiques », des « correspondants de nuit dans les quartiers festifs ». Ils veulentune ville plus « numérique », plus ouverte aux chercheurs et aux étudiants.

« Cette méthode est la bonne, je la revendique a conclu Anne Hidalgo. Mais il faut choisir quand on est maire. On ne peut pas dire : «  peut-être que oui, peut-être que non ! »  Je suis candidate à gérer une ville. Je ne peux pas tout promettre, sinon ce  serait proposer un marché de dupes aux Parisiens », a –t-elle prévenu.

La première adjointe du maire de Paris a cité, lundi, quelques propositions d’Oser Paris auxquelles elle souscrit : le retour des tramways  à l’intérieur de Paris, la couverture  du périphérique « partout où cela est possible », l’ouverture des préaux d’ écoles le week-end. La proposition de créer des « speaker corner » comme à Londres lui semble  « très bien ». Et puisqu’il faut des exemples étrangers, elle a d’elle-même suggéré  de créer des  « lieux »  où habitants de tous les âges  d’un même quartier se retrouveraient pour boire un verre, lire le journal, se tenir compagnie. « A la manière des  « social club » en Espagne, a souri la candidate d’origine madrilène.

Aujourd’hui accessible sur adhésion payante, le site d’Oser Paris sera ouvert à « tous les Parisiens » dès le 26 juin. Et donnera lieu à un livre numérique en octobre. « Oser Paris nous permet de nous adresser à  un électorat centriste  sans avoir à passer  par des accords avec les appareils partisans », s’est félicité, en marge des débats,  Rémi Féraud, le patron de la fédération PS de Paris.

Parallèlement à ce think tank numérique, le parti socialiste  planche aussi sur le projet de Mme Hidalgo. « On a besoin  de la production d’un projet avec une idéologie et une coloration politique cohérente susceptible de rassembler notre camp », rappelle un membre de l’équipe de Mme Hidalgo . Livraison prévue à l’automne.

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Quand Rachida Dati joue les bonnes élèves de la réforme des rythmes scolaires

Ce lundi 17 juin, Rachida Dati est aux Anges, un café du 7e arrondissement, à l’ombre des Invalides. L’ex-garde des sceaux a un sourire radieux malgré les trombes d’eau qui s’abattent sur le trottoir. Elle a convié la  presse à la présentation de sa nouvelle cause : Encore Elles, une association qui vise à aider des jeunes filles de « condition modeste » qui vivent en zone d’éducation prioritaire (ZEP) à poursuivre leurs études, apprendre l’anglais, trouver un stage…

La maire (UMP) du 7e veut faire tomber, pour les autres, les barrières sociales auxquelles elle s’est elle-même heurtée. « L’idée n’est pas de dire : ‘j’ai souffert, je veux aider ceux qui souffrent’, mais, ‘j’ai eu de la chance. Je veux en donner à ceux qui en ont besoin' », explique-t-elle.

« Profitez-en à mort ! »

Dans l’aventure lancée en juillet 2012 – et qui démarre  vraiment maintenant – elle a enrôlé une avocate,  une éditrice, une huissière, une fiscaliste… Sont partie prenante, deux directeurs d’un établissement scolaire privé du 8e arrondissement. Ils s’engagent à accueillir « gratuitement » cinq jeunes filles en classe préparatoire que l’association leur recommandera.

Rachida Dati s’engage à « ouvrir son carnet d’adresses pour aider d’en haut » celles qui connaissent les mêmes difficultés. « On va vous donner accès à des choses que vous ne connaissez pas. Nous, on va vous aidez ! Profitez-en à mort ! », s’exclame Mme Dati, à l’adresse des jeunes filles de 18 à 22 ans, qui déposeront leur candidature sur le site de l’association.

Et la voilà qui enchaîne : « Les grandes élections, on les gagnent avec les classes populaires. On a gagné en 2007. On les a perdu en 2012 parce qu’on avait perdu les classes populaires. La gauche n’a pas gagné avec les couches populaires. Elle a gagné contre nous », s’emballe l’ex-ministre de Nicolas Sarkozy.

Tenez ! Un exemple : la mairie de Paris réforme les rythmes scolaires dès la rentrée 2013. « C’est un beau projet« , dit-elle. Allonger le temps périscolaire, « pour les familles défavorisées, ce n’est pas stupide. Elle n’auront plus à payer les centres de loisir du mercredi. C’est un moyen d’aider les femmes qui travaillent et qui n’ont pas beaucoup d’argent. Mais ce n’est jamais une justification de la réforme qui est mise en avant par la mairie de Paris », remarque Mme Dati.

« C’est un créneau politique »

Dommage selon elle, que cette réforme se fasse « dans la précipitation ». « On va former des animateurs dans l’urgence. La mairie va demander, par exemple, à des femmes qui faisaient le ménage de devenir animatrice. Vous imaginez ! »

Dans « mon 7e », dit-elle, « j’ai fait des propositions à la mairie de Paris. J’ai pris l’initiative de proposer des animateurs. J’ai à cœur que cela marche !  Je peux dire aux maires d’arrondissement de gauche :  ‘Vous voulez que je vous donne mon modèle ?' ».

Mme Dati l’assure : cet investissement  dans la mise en œuvre de la réforme, « ce n’est pas électoraliste ! »  Même si, « c’est un créneau politique », reconnaît celle qui briguera de nouveau la mairie du 7e, aux municipales, en mars 2014.

Qu’on se le dise, la bonne élève (UMP) des rythmes scolaires, c’est elle.

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Quand NKM convoque Napoléon, Delanoë s’invite chez Victor Hugo

Velouté d’asperges et steak pané pour les convives de Bertrand Delanoë. Croustillant de chèvre, dorade et bavette pour les invités de Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM). A Paris, la bataille municipale se livre à table.

Lundi 10 juin, NKM, candidate de la droite pour 2014, déjeune au Bouche B, un restaurant du 4e arrondissement, à portée de tir de l’hôtel de ville, avec la plupart des quelque cinquante élus UMP de la capitale, en marge des débats mensuels du conseil de Paris.

« Jusqu’à Austerlitz »

L’heure est à la mobilisation : pour conquérir la capitale, « je souhaite que nous soyons très organisés. Un peu comme une armée », lance-t-elle à ses troupes attablées. Autour d’elle, Jean Tiberi, Françoise de Panafieu, Bernard Debré, Philippe Goujon, Claude Goasguen et Jean-François Legaret, président du groupe. « Pourvu que ce ne soit pas une armée mexicaine ! »,  bougonne le maire (UMP) du 1er arrondissement. NKM reprend la boutade au vol :  « Une armée napoléonienne jusqu’à Austerlitz », insiste-t-elle dans un style tout militaire. « On espère que ce ne sera pas jusqu’à Waterloo ! », ose à voix basse un élu dans la salle.

Ce lundi, autour d’une longue nappe blanche, fleurie, Bertrand Delanoë, le maire de la capitale, convie la presse à déjeuner, comme à chaque conseil de Paris. Anne Hidalgo, candidate du PS pour 2014 est à sa droite. Soudain, une journaliste , informée par un tweet, colporte les propos de la candidate UMP à peine prononcés au restaurant.

NKM se prendrait-elle pour Napoléon ? M. Delanoë, mordant : « Napoléon, c’était la référence de Philippe Séguin ! Remarquez, lui c’était Napoléon III », se souvient-il à propos de l’ancien ministre de Jacques Chirac, candidat officiel du RPR à la mairie de Paris qu’il a battu, en 2001. Puis il ajoute : « Moi, ma référence, c’est plutôt Victor Hugo dont la maison à Guernesey appartient à la Ville de Paris. Je me sens plus à l’aise avec cette référence-là. Mais chacun fait ce qu’il veut », poursuit-il, ironique. Avant d’évoquer son émotion en visitant, pour la première fois à l’automne, la maison de l’auteur des Châtiments exilé sous le second Empire.

« Voilà une information ! »

 A son tour Anne Hidalgo, saisissant le micro réagit :  « Je vais avoir une remarque coquine, sourit-elle. Moi aussi, mes références sont largement du côté des démocrates, de ceux qui ont défendu la liberté et la démocratie. Je suis née à Cadix, la seule ville que Napoléon n’a pas réussi à conquérir après trente mois de siège. » « Voilà une information ! », s’esclaffe M.Delanoë avant de replonger dans la routine du jeu des questions-réponses sur l’actualité municipale.

Retour à la table de NKM où les commensaux entament le plat de résistance. La candidate s’en prend au mode d’élection du maire de Paris : « La gauche a tripatouillé et est en train de continuer à tripatouiller le scrutin parisien », explique-t-elle.

Après une première réforme révisant le nombre de conseillers par arrondissement, censurée, en mai, par le Conseil constitutionnel, une proposition de loi de Jean-Jacques Urvoas, président de la commission des lois devrait être présentée le 10 juillet à l’Assemblée nationale. Elle prévoit de réduire le nombre de conseillers de Paris dans certains arrondissements moins peuplés du centre et l’ouest de la capitale et d’accroître ceux des arrondissements plus peuplés de l’est et du nord. « Puisqu’il faut passer une nouvelle loi électorale, profitons-en pour avoir un scrutin clair et transparent comme dans l’immense majorité des communes de France », suggère NKM.

La députée de l’Essonne rappelle qu’elle vient de signer une proposition de loi déposée, il y a quelques jours, par Bernard Debré, député (UMP) du 17e arrondissement. Celui-ci propose d’élire le maire de Paris au suffrage universel direct.

« Surréaliste »

A l’hôtel de ville, le dessert est servi. Sans se douter que NKM casse du sucre sur la réforme du PS, M. Delanoë met les pieds dans le plat : le projet de réforme électorale porté par le PS « n’est ni un projet pour la gauche ni pour la droite, assène-t-il. Il s’agit d’acter une évolution démographique. »

Puis, avant d’avaler deux cafés agrémentés d’un carré de chocolat, il tire à vue sur la proposition défendue par NKM en la jugeant « surréaliste ». Vouloir élire le maire de Paris au suffrage direct, « c’est vraiment la négation des arrondissements. C’est un coup politicien à quelques mois d’une élection », dégaine-t-il.

Dans les couloirs du conseil de Paris, après le déjeuner, les élus UMP se félicitent du « moment très convivial » partagé avec NKM. Les journalistes espèrent alors se mettre une bonne information sous la dent. La candidate a-t-elle, à table, confié dans quel arrondissement elle comptait se présenter ? Aucun de ses convives ne lui a demandé. Aucun n’a osé. Entre la poire et le fromage. La presse, ce lundi, est restée sur sa faim.

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Anne Hidalgo, « l’héritière » vous salue bien !

Anne Hidalgo, àˆ la fin de son discours au Bataclan. Photo : Michaël Zumstein/VU pour « Le Monde »

Anne Hidalgo était à l’affiche du Bataclan, mardi 28 mai. Le spectacle sur scène aurait pu s’appeler « L’héritière vous salue bien ! » Dans ce vieux théâtre d’opérette du boulevard Voltaire, au parquet qui craque, aux fauteuils de velours rouge, la candidate PS à la mairie de Paris, investie le 22 mai par les militants socialistes parisiens, a réuni plus d’un millier de personnes pour son premier meeting de campagne. Avec au parterre, Bertrand Delanoë, et Lionel Jospin aux premières loges.

Celle que Nathalie Kosciuko-Morizet a surnommée « l’héritière » du maire ne s’est pas défilée : « La droite me lance ce vocable comme une injure : héritière ! Ce que le passé nous lègue, je le revendique », a fièrement clamé la première adjointe du maire de Paris. « Oui, je suis une héritière, de cette culture politique qui ne s’accommode ni de l’inertie, ni du renoncement, ni des compromissions », s’est félicitée Mme Hidalgo, donnant un coup de chapeau à Bertrand Delanoë.

Anne Hidalgo applaudie par Bertrand Delanoë et Jean-Marie Le Guen. Photo : Michaël Zumstein/VU pour « Le Monde »

Sur scène, le maire de la capitale l’a précédée : « Depuis que le débat a commencé sur les élections municipales à Paris, il paraît qu’il y a une querelle d’héritage. On cherche les héritiers ! », s’est-il amusé. « Croyez-vous que les Parisiens aient envie d’une rupture avec leur héritage ? Je pense qu’ils peuvent choisir le renouvellement, une nouvelle étape sans rompre avec le passé », s’est exclamé Bertrand Delanoë.

Assis au premier rang, Lionel Jospin n’a pas regretté d’être venu. Sans doute, ces propos lui ont-ils rappelé quelque souvenir.

En 1995, alors candidat à la présidentielle, il avait revendiqué son « droit d’inventaire » sur les septennats de François Mitterrand. Dix-huit ans plus tard, Mme Hidalgo a résolu autrement la délicate question de l’héritage. A sa manière : en assumant – pleinement – le bilan du maire sortant. Comme on récupère un talisman.

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