Salle 7 – Capter l’Algérie; Effacer pour contrôler

Capter l’Algérie
Effacer pour contrôler

Pour construire une société nouvelle dont l’Européen deviendra le pilier, il faut détruire et transformer : supprimer les structures existantes, détruire les lieux d’implantation originels, remodeler l’Alger ottomane et établir une nouvelle ville portuaire. Sitôt la capitale conquise, les Français transforment le tissu urbain sur le modèle des villes du Nouveau Monde. L’urbanisme s’inspire du damier: angles droits, rues larges, places, édifices publics, culturels et cultuels. L’arrivée massive des colons à partir de 1842 bouleverse le mode de vie et l’économie agricole des autochtones et transforme leurs paysages. L’Algérie conquise, le gouvernement général crée en 1844 une administration destinée à encadrer les populations locales par ce qui a été improprement baptisé les « bureaux arabes ». En 1848, l’Algérie est annexée à la France et divisée en trois départements: Oran, Alger et Constantine.

Vigouroux et Ph. Caillat, Alger. Projet d’une nouvelle ville dressé et présenté le 20 janvier 1858 à Son Excellence monsieur le maréchal Randon, Alger, 1858, carte lithographiée, 51,7 x 70,8 cm. Bibliothèque nationale de France © BnF

Le projet d’extension d’Alger perçu comme une « nouvelle ville » européenne juxtaposée à la vieille cité blanche originelle s’appuie sur la mise en service de la ligne de chemin de fer créée par décret le 8 mars 1857. Artères larges en damier, édifices publics et cultuels, seconde extension du port, lien entre les axes de transport et les activités économiques, espaces verts sont autant d’éléments qui illustrent ce que doit être une ville moderne desservie par le plus important port d’Afrique du Nord.

Horace Vernet, Prise de Bône, 27 mars 1832, 1835, huile sur toile, 260 x 227 cm. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Peintre de la conquête française, Horace Vernet a suivi l’armée et peint ici le décor de la prise de Bône, en mars 1832. Au premier plan il peint une figure « orientale » impassible a ce qui survient à l’arrière-plan, la pose du drapeau tricolore. Cette scène distingue deux temporalités très usitées par les peintres orientalistes, l’action vive des soldats de l’Armée d’Afrique, l’inaction fataliste des « musulmans ». Le tableau exposé au salon de mars 1835 a été acheté par Louis-Philippe pour Versailles.

Colonisation de l’Algérie. Avis aux ouvriers, 1848, affiche imprimée, 73 x 52,5 cm. Archives nationales d’outre-mer, © FR ANOM Aix-en-Provence Tous droits réservés, n° 9 Fi 593

La révolution de 1848 met fin à la Monarchie de Juillet et proclame la Seconde République. A Paris les conditions de vies du prolétariat sont si misérables qu’elles font craindre une insurrection. Dès septembre, on promeut l’installation d’une main d’œuvre ouvrière dans les centres de colonisation agricole en Algérie. Des « convois de 1848 » assimilés à une déportation massive de miséreux acheminent plusieurs centaines de millier de futurs colons dont une grande partie restera indigente en terre africaine.

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