Dans une chanson qui s'inspire des portraits peints du Fayoum il y a plus de 2000 ans Pierre Castonguay voyage au grée du temps et des rencontres. C'était certainement dans le Fayoum Près du souk ou de la smala Tout près d'Er Rubayat, d'Abousir el-Melek ou d'Hawara Qu'on s'était vu sous l' abricotier en fleur Devant ce mur d'adobe presque rose sous l'ardeur du soleil au zénith Tout près d'un alambic alchimique Qui sentait l'alcool des alcôves Et qui claque au museau comme un son de timbale Tu étais peut-être la fille de l'alcade Parce que tout le monde devait parler de toi De ton clan, de ta famille dans l'almanach Je devais ménager les élans de mon cœur Suite à une peine d'amour Pour que ma démarche corresponde à la résolution D'un algorithme glouton Et m'apporte dans un amalgame de sentiments Au seuil de ta porte Descendu d'une monture Frôlant de ma sandale enchevêtrée dans les brindilles d'alfa sa robe alezane Glissant sur mon pantalon de taffetas suave de zouave du Jura souabe Tel un ver à soie, serrant contre mon cœur une bourse en peau d'oryx algazelle Décorée de motifs algébriques J'ai du croire que je possédais l'aman Ou quelques saufs conduits que le cœur, cet amiral ambré De la poitrine des amants aux odeurs de santal S'accorde pour oser user de l'arsenal Des mots de la tendresse en aval de l'azur De l'esprit d'un courtisan ouvert tout azimut Comme un askari sans crainte d'avaries Sous l'azérolier secoué par sa charge rouge et jaune sous le vent Me sentant porteur d'un cœur carmin pompant l'élixir du charme Alors que je n'avais qu'un cœur d'artichaut Descendant de ma monture comme on enlève ses babouches le soir venu Avec des rêves en forme de baldaquin Issu des chants d'alcôves relatant les mille et une nuits Sans barakah, sans sagesse ni bénédiction Comme on délaisse le barda de sa monture Cravache en main Comme un bédouin sentant le baroud Pour s'être défendu mousquet en main Dans maintes affaires de cœur Avec une affection enduite d'huile de bourrache Thé à la bergamote en main sous la bougie Sortant d'un cabas pêle-mêle Des souvenirs anciens Ces cafards de carafes, ces spleens lotis de larmes encerclées d'auréoles Sortis des cafés de nulle part Où l'on arrive ailleurs comme un caïd au calibre douteux Parce qu'on est parti de rien Comme un calife sans califat Comme le camaïeu des tatouages en forme de cupidon bon marchés Au bras des prisonniers Comme un camelot au regard altier Prêt à défendre sa camelote En oubliant qu'il ne descend pas d'une caravelle Portant son trésor aux milles carats Mais d'une caravane transportant des carafes usuelles Et de caroube pour un mauvais chocolat À vendre dans quelque bazar de casbah de vieille ville Pour amuser des enfants à la sortie des manèges Et les tout-petits des carrousels Près des chadoufs où l'on puise l'eau des fontaines Et des puits anciens Près des étals des chemisiers vendant chemises Comme un chèque défrayant la soude Chimie de lavandière Comme un chiffre au chiffrier Comme un pelage de civette En motif de chat musqué En forme d'expression vernaculaire En forme de saphir taillé par le truchement des jets de sable du désert En forme d'incantation tentaculaire sur le sofa Dans le vrac des mots sacrés, Prononcés comme un aboiement de clebs Et les amulettes de coton, des talismans Qu'on glisse sous le couffin d'un nouveau-né Sous la coupole magique d'une mosquée Ou dans l'ombre d'un minaret marquée de safran Sur le sable frais Je vous ai approché Comme une dame aperçue au divan des douanes Comme une drogue de drague Sous la dague écarlate laissée en gage Près d'un jeu d'échecs Comme un cheval fougueux prisonnier de son socle Entre une tour et un pion dans le dialogue oblique Des fous, ces faux émirs, ces varans distingués Qui font toute une histoire d'un fumet d'épinard et d'estragon Et qui jouent les fakirs fanfarons sous le fardeau des jours En prenant des pauses et des allures de fennecs et de nababs Cachant leurs grandes oreilles sur le fez des preneurs à gage Empaquetés de flouze et du fruit des tarifs Exigeant la gabelle du sel sur le portefeuille En plein gala de gazelles et de gerboises de cinéma comme un safari Qui rêvent des premières pages des gazettes entourées de genettes Qui grugent les déclarations chocs et font surgir les scoops Comme des girafes portant un gilet goudronné de talc Au nom des grandes chaînes Ces goules issues des misérables gourbis de la rumeur...

• published: 26 Jun 2014
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