Découvrez la suite de l'interview vidéo sur : http://essec.mediagong.tv/Vogel/ Louis Vogel - Président de l'Université Panthéon Assas, du PRES Sorbonne Université et de la Conférence des Présidents d'Université Chapitre 1 - Un avocat d'affaires engagé pour l'Université française Chapitre 2 - La problématique actuelle en regard de l'Histoire Chapitre 3 - Les PRES ou la fin des découpages facultaires Chapitre 4 - Un plaidoyer pour le Droit Chapitre 5 - La fin de la dichotomie entreprises -- universités Chapitre 6 - Parcours diversifiés et pédagogie interactive ------------------------------------------------------------­--------------------­----------------------------- Bien qu'il soit devenu un avocat d'affaires connu, Louis Vogel a fait, tout au long de sa trajectoire, l'expérience de l'Université. Il y a d'abord rencontré un maître, Berthold Goldman, qui le précéda comme Président d'Assas de 1974 à 1979, mais qu'il avait une première fois décidé de suivre lorsqu'étudiant, il avait renoncé à la préparation des concours administratifs pour débuter une thèse sur les lois anti trust. Pragmatique, Louis Vogel partit la rédiger à Yale, dans le pays où l'anti trust était né. A son retour, il développa une double carrière : d'une main la rédaction de contrats, de l'autre l'enseignement du droit des contrats. Puis vint le moment où ses collègues universitaires lui téléphonèrent pour qu'il se présente à la Présidence d'Assas et où il accepta parce que cette Université, qu'il aimait, lui paraissait en danger. Comme s'il était temps de dire stop au dépeçage inauguré par Napoléon et que décrit si précisément Françoise Balibar, l'éditrice d'Einstein : « Napoléon réussit le tour de force de créer une université sans recherche et pratiquement sans enseignement, l'excluant même de la formation aux métiers essentiels à la nation ». Il est possible que la connaissance de l'anti trust et la nature stratégique du droit aient été déterminantes dans le parcours de Louis Vogel dans les instances universitaires françaises. A l'heure de l'autonomie des universités, voici un acteur qui intervient désormais à tous les niveaux : la Présidence de son université, puis celle d'un de ces creusets d'alliances récemment créés, le PRES Sorbonne Université, où il a fait entrer rien moins que l'INSEAD pour lancer une Ecole de droit à Paris et à Singapour, le tout sous un nom connu du monde entier, et enfin la Présidence de la Conférence des Présidents d'université. Et partout, de l'intérieur, il s'oppose à la centralisation toujours rampante de l'Etat et aux excès de gouvernance auxquels ses collègues sont si sensibles. Car le plus urgent, c'est de redonner confiance aux enseignants. A la conférence des Présidents d'université, Louis Vogel a été élu en plaidant pour l'unité dans la diversité, la CPU étant appelée à réguler les tendances centrifuges nées de l'autonomie des universités. C'est sans doute là que son art de la transition et ses capacités de stratège seront le plus rudement mises à l'épreuve. En effet, les écoles, qui devaient travailler dans les PRES avec les universités pour créer des formations et de la recherche à l'intersection des disciplines, se regroupent déjà entre elles à Paris ou à Saclay. Et le grand emprunt renforce les positions actuelles, manque de vision prospective quant aux zones d'avenir et ne favorise pas la diversification des universités elles mêmes. Mais l'unité essentielle aux yeux de Louis Vogel, c'est en fait un modèle fédérateur qui remonterait le temps, celui de la IIIème République et de la Révolution, pour retrouver l'Université globale du Moyen-âge, mais avec d'autres disciplines bien entendu. Une Université qui intégrerait les grandes écoles et la Recherche. Dans ce grand ensemble tendu vers le doctorat (avec un jeu de thèses courtes et de thèses longues), il y aurait de la diversité à tous les étages : diversité des étudiants qui ne seraient pas sélectionnés, diversité de formations qui prendraient le relais de découpages facultaires obsolètes, parcours différenciés avec possibilité de passerelles, diversité de la pédagogie où l'interactivité et l'enseignement à distance voisineraient avec l'amphithéâtre. Ce décloisonnement généralisé renouvellerait aussi la vie étudiante et atteindrait même la dichotomie entreprises -- universités avec laquelle Louis Vogel veut en finir, voyant même dans l'apprentissage « un gisement inexploité ».

• published: 04 Apr 2011
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