Du 12 au 23 septembre : quels intérêts défend Mélenchon ?

13 Septembre 2017

Mélenchon a fini par participer, avec tous les députés de La France insoumise (LFI) souligne-t-il, à la manifestation CGT du 12 septembre. Et il a tenu à dire qu’il « n’y avait pas de compétition avec la CGT », entre la manifestation du 12 et celle de LFI le 23 septembre à Paris « contre le coup d’État social » de Macron, où « tout le monde est bienvenu ».

Au passage, Mélenchon s’est félicité par avance que son initiative du 23 rassemble « des milliers de militants de toutes origines, des syndicalistes, des communistes, des socialistes, (…) même si leurs dirigeants n’ont pas choisi d’y appeler ».

On verra ce qu’il en sera. Mais ce que l’on voit déjà, c’est que Mélenchon se pose en chef de l’opposition à Macron sur le terrain de ce qui pourrait ressembler aux défuntes Union de la gauche ou Gauche plurielle.

Pour cela, il lui faut à la fois rassembler derrière lui le plus largement, et ne se retrouver lié à aucun appareil partisan ou syndical dont il dépendrait. Cela explique pourquoi maintenant il s’essuie régulièrement les pieds sur le PCF, alors qu’il y a cinq ans il avait eu besoin de la capacité militante de ses membres et sympathisants pour se placer sur orbite.

Du côté d’un PS naufragé, Mélenchon ne risque pas grand-chose et peut même se targuer que l’ex-candidat du PS à la présidentielle 2017, ­Benoît Hamon, ait annoncé venir manifester avec LFI le 23 septembre.

Qualifier cela « d’événement politique de première importance », cela fait sourire. Mais cela donne une idée de ce que Mélenchon cherche à faire : recycler à son profit des politiciens pouvant ressusciter des illusions auprès des milieux populaires, comme celles qui avaient accompagné les avatars de l’Union de la gauche de Mitterrand à Jospin.

Et ce n’est pas un hasard si Mélenchon, qui use et abuse du mot peuple, rejette tout ce qui pourrait rappeler que les travailleurs font partie d’une classe sociale qui a des intérêts spécifiques à défendre.

Lors de son meeting de rentrée dans le quartier du Panier à Marseille, il a appelé « le peuple » au « combat » et à « déferler » fin septembre dans Paris contre « le président des riches ». Au nom de quoi ? En reprochant à Macron d’imposer « le libéralisme, donc la pagaille » et « d’engueuler les Français ». Les Français ? Ce sont pourtant les travailleurs, en activité, en retraite ou au chômage, français ou non, qu’attaque Macron. Mais ce n’est pas ce qui préoccupe Mélenchon. D’ailleurs, il l’a rappelé publiquement à Marseille, en disant qu’il s’adressait au peuple dans son ensemble, et non aux seuls salariés organisés.

Mélenchon veut se placer dans le cadre institutionnel du système. Qu’il le fasse en solo ou pas, comme certains le lui reprochent, importe peu. Il ne souhaite pas que les travailleurs mènent le combat sur le terrain de la lutte de classe, mais bien qu’ils s’en remettent à un politicien qui prétend représenter le peuple.

De Mitterrand à Jospin, puis Hollande, les travailleurs ont payé cher les illusions en un « bon » gouvernement qui les protégerait dans le cadre du système. Et ils continuent d’en faire les frais avec la démoralisation actuelle du monde du travail et de ses organisations, alors que le monde de la bourgeoisie, lui, s’attaque tous azimuts aux conditions d’existence de la classe ouvrière.

Pierre LAFFITTE