« La civilisation a fait du paysan un âne qui porte le bât. La bourgeoisie a seulement modifié la forme du bât », écrit Trotsky dans le chapitre de son Histoire de la révolution russe consacré à l’évolution de l’état d’esprit dans les campagnes. Les paysans, qui représentaient les trois quarts de la population, vivaient des conditions différentes suivant les régions et suivant leur situation sociale, du travailleur agricole sans terre au fermier louant la terre, en passant par les propriétaires, et dont les petits peinaient à nourrir leur famille tandis que les gros faisaient partie des notables du village. Mais au fil de la révolution, les paysans se manifesteront de plus en plus radicalement, n’hésitant pas à devancer les hésitations du gouvernement provisoire et à s’emparer directement des terres.