Alfredo Cospito, publié dans Croce Nera Anarchica, n. 2, été 2015
« Nous nous engageons à libérer monseigneur Marco Ussia dès que l’Église aura fait une déclaration en faveur des prisonniers politiques détenus en Espagne… Notre action a pour but de mettre l’Église face à sa conscience et à sa responsabilité, dans ce moment critique pour le peuple espagnol, puisque, après 27 ans de dictature fasciste, les démocrates espagnols qui réclament un minimum de liberté d’expression et d’association, reconnue par la Charte des droits de l’homme, sont toujours en prison… »
Enlèvement de Monseigneur Ussia, Rome, avril 1967 – Groupe Premier Mai/Sacco et Vanzetti
«… La science Étasunienne au service du crime… Frappons un par un les responsables du génocide vietnamien ! Johnson s’en fout des marches pour la paix, utilisons ses armes à lui : dynamite et sabotage ! »
Attentat contre l’entreprise américaine Dow Chemicals, Milan, 30 mars 1968 – Groupe anarchiste… (le reste du tract est illisible car brûlé)
« Nous condamnons l’Église pour ses activités contre la révolution… son œuvre criminelle d’appui au fascisme espagnol »
Attentat contre l’Église de San Babila, Milan, 10 juin 1968 – Anarchistes
« Compagnon, détruis les banques… détruis les églises… détruis les universités… pille les supermarchés »
Attentat contre le supermarché Rinascente, Milan, 30 août 1968 – Anarchistes
« Dernière nouvelles : la police a encore tué deux journaliers en Sicile ! Cela est sa sainte mission. Peuple, révolte-toi ! Contre l’autoritarisme, contre les lois, l’État et l’Église qui bénit tout cela. Vive l’anarchie ! »
Attentat à la dynamite contre la Mairie de Gênes, 3 décembre 1968 (en solidarité avec les journaliers tués à Avola) – Groupe révolutionnaire Carlo Cafiero
« Camarade travailleur, les richesses sont dans les banques… détruis les banques… Dans les universités il y a la culture scientifique… détruis les universités. Dans les églises tu trouves l’oppression de la raison… détruis les églises. Dans les magasins on trouve les produits marchands : détruis-les ! »
Deuxième attentat contre le supermarché Rinascente, Milan, 15 décembre 1968 – Brigade anarchiste Ravachol
« La science américaine est un instrument d’asservissement des peuples… les formidables entreprises spatiales ne nourrissent pas les exploités »
Attentat à la dynamite contre la base OTAN de Camp Darby, Pise, 3 janvier 1969 – Groupe anarchiste J. Most
« Inculpés ! Brûlez les toges des juges ! Faites du tribunal un champ de bataille… la lutte continue avec tous les moyens à disposition, contre l’autorité de l’État et de l’Église. Salut ! »
Attentats à la dynamite contre le Palais de Justice et le Ministère de l’instruction, Rome, 27 et 31 mars 1969 – Association Révolutionnaire Anarchiste pour la Révolution Sociale
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La lecture de l’histoire d’un certain anarchisme a toujours été partielle, intéressée et souvent n’a rien à envier à celle des historiens officiels. Le but de ce texte est d’aller aux origines de cette victimisation qui a infecté et continue d’infecter le mouvement anarchiste italien depuis plus de quarante ans, depuis le massacre de la Piazza FontanaI. Quitte à passer pour « révisionniste », avant de développer mes thèses je dois préciser quelques points. Bien qu’étant certain que la bombe de la Piazza Fontana ait été posée par l’État, je fais suivre à cette certitude quelques convictions « différentes » :
– la conviction que nombre d’attentats que la gauche extra-parlementaire de ces années-là a fait passer pour fascistes étaient des attentats anarchistes, avec des revendications tout à fait crédibles ;
– la conviction que Giuseppe PinelliII n’était pas un pacifiste, un non-violent, un martyr de la gauche, une icône de la démocratie, mais un anarchiste révolutionnaire qui, peu avant d’être tué par CalabresiIII et cie, avait coopéré activement et concrètement avec une organisation anarchiste qui pratiquait la lutte armée avec des bombes et des enlèvements à travers l’Europe, le Groupe international anarchiste Premier Mai1, émanation directe des FIJL2 et qui du coup, comme tout anarchiste cohérent avec ce qu’il faisait, croyait dans la violence révolutionnaire ;
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