Année passée en revue : 2008

En 2008, la crise du capitalisme mondial qui s’était depuis longtemps développée sous la surface a éclaté, constituant le plus grand bouleversement financier depuis le krach boursier de 1929 et la Grande Dépression. Le WSWS a analysé les processus qui ont conduit à cet événement sur plus d’une décennie.


L’effondrement des marchés mondiaux a été suivi par la banqueroute de la banque d’affaires géante Lehman Brothers, le 15 septembre. Dans un pays après l’autre, les gouvernements capitalistes sont intervenus pour étayer le système financier et les banques aux dépens de la classe ouvrière. Des ressources massives ont été mises à la disposition de l’élite financière,  financées par l’imposition d’attaques historiques menées contre de la classe ouvrière  en même temps que l’économie mondiale plongeait dans récession la plus profonde depuis les années 1930. La multiplication des licenciements, la baisse des salaires et la montée en flèche des prix alimentaires ont créé une catastrophe sociale à l’échelle mondiale.

Aux Etats-Unis, la crise a frappé au beau milieu de la campagne électorale présidentielle qui devait déterminer qui allait remplacer le gouvernement largement discrédité et détesté de George W. Bush. Pour la population américaine, l’élection de Barack Obama en novembre de cette année représentait une tentative d’inverser les huit dernières années passées sous Bush.  Pour l’élite dirigeante toutefois, Obama, le premier président afro-américain, a fourni une cure de rajeunissement au système politique tout en élargissant et en approfondissant l’ensemble de la politique de son prédécesseur sur le plan national et international.

En réaction aux signes croissants d’une profonde crise du capitalisme mondial, le Comité International de la Quatrième Internationale a pris un certain nombre d’actions décisives. En août 2008, le Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP) aux Etats-Unis a tenu son congrès fondateur, approuvant les documents qui avaient été préparés au cours de l’année. Deux mois plus tard, le World Socialist Web Site a engagé une refonte majeure constituant la base d’une immense expansion du contenu et du nombre de lecteurs du site.


Le grand krach de 2008

L’effondrement financier de l’automne 2008 s’était dessiné depuis longtemps – l’expression d’une crise mondiale prolongée ayant pour centre les Etats-Unis. Le WSWS avait anticipé ce développement et avait durant l’année précédant le krach expliqué la portée considérable des perturbations traversées par le marché de l’immobilier américain.

Le 1er janvier 2008, le WSWS a publié un rapport prononcé par le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, lors d’une réunion du SEP aux Etats-Unis, « Notes sur la crise politique et économique du système capitaliste mondial et la perspective et les tâches du Parti de l’égalité sociale » disant :

L’année 2008 connaîtra un approfondissement important de la crise politique et économique du système capitaliste mondial. Les perturbations qui affectent les marchés financiers mondiaux sont une manifestation de beaucoup plus qu’un ralentissement conjoncturel, mais plutôt d’un dérèglement profond du système qui est déjà à l’œuvre pour déstabiliser la politique internationale…

Seize années après la dissolution de l’Union soviétique, un événement qui annonçait prétendument le triomphe définitif et irréversible du capitalisme mondial, l’économie tremble sur ses bases.

North a examiné les relations entre la crise et les changements survenus dans la structure du capitalisme américain et de la classe dirigeante :

La tendance persistante à la création de bulles spéculatives émane de profondes contradictions dans le développement du système capitaliste mondial, contradictions qui sont particulièrement liées au déclin historique de la position mondiale du capitalisme américain. La baisse à long terme de la rentabilité de l’industrie aux Etats-Unis pousse les institutions financières américaines à rechercher d'autres sources de hauts retours sur l’investissement. Le mode d’existence de l’élite dirigeante américaine a été caractérisé au cours des 30 dernières années par la séparation toujours plus grande entre le processus d’accumulation de la richesse et les processus de production industrielle.

La croissance économique de l’économie mondiale durant les années qui ont précédé 2008 a été intrinsèquement instable ; d’une instabilité qui est centrée sur les relations entre les Etats-Unis et la Chine. Comme le secrétaire national du SEP, Nick Beams, l’a expliqué dans un rapport (report) présenté lors d’une école du SEP en Australie, « En un mot : L’augmentation de la croissance de la Chine (ainsi que d’autres pays) n’aurait pas été possible sans la massive croissance de la dette aux Etats-Unis. Mais cette croissance de la dette qui a maintenu l’économie américaine tout comme une demande mondiale a maintenant débouché sur une crise. »

L’intensification de la crise tout au long de 2008 a réfuté les affirmations des responsables gouvernementaux américains comme quoi les problèmes du marché des emprunts hypothécaire « subprime » pourraient être contenus. Le 14 mars, la Réserve fédérale américaine a pris des mesures d’urgence pour empêcher l’effondrement de Bear Stearns, la cinquième plus grande banque d’investissement américaine et l’une des plus grandes institutions financières et de courtage du monde.

Dans un article publié le mois suivant sur les implications internationales de la crise financière mondiale (global implications of the world financial crisis), Beams a écrit :

Ce jour-là, le monde a radicalement changé. Les vieux expédients présentés jour par jour par les divers commentateurs financiers, les dirigeants politiques, les économistes universitaires et les pontes des médias sur les exploits et les vertus du « libre marché » - à savoir qu’il représenterait la forme la plus avancée, voire même l’unique forme d’organisation sociale et économique – se sont révélés être absolument sans valeur.

Le 13 juillet, la Réserve fédérale et le Trésor américain ont pris des mesures d’urgence pour étayer deux géants du refinancement hypothécaire, Fannie Mae et Freddie Mac, (Fannie Mae and Freddie Mac). Le président démocrate de la Commission bancaire du Sénat, Christopher Dodd, a affirmé que les deux institutions étaient « en bon état » en faisant valoir comme preuve, que « Le président de la Réserve fédérale l’avait dit. Le secrétaire du trésor l’avait également dit. » Compte tenu des expériences de l’année passée, le WSWS a expliqué que « de tels ‘vœux pieux’ n’arrangeraient pas les choses. »

Le renflouement des géants du crédit hypothécaire visait à soutenir les marchés financiers et à garantir en même temps la richesse de l’aristocratie financière. Le gouvernement Bush – y compris le secrétaire du Trésor Henry Paulson, l’ancien PDG de Goldman Sachs – a œuvré en coulisses avec les banques de Wall Street pour débloquer des centaines de milliards de dollars d’argent des contribuables à cette fin.

Les mesures d’urgence furent insuffisantes et le 7 septembre, le gouvernement américain a annoncé qu’il prenait effectivement le contrôle de Fannie Mae et de Freddie Mac (Le gouvernement américain prend contrôle de géants du refinancement hypothécaire pour éviter l’effondrement financier) dans ce qui fut la plus importante intervention gouvernementale dans l’économie américaine depuis les années 1930.

Une nouvelle analyse (further analysis) du 12 septembre a expliqué que le la prise de contrôle du gouvernement soulignait la « nature profonde et systémique de la crise qui a précipité cette action. » Une suite de bonds incontrôlés des marchés boursiers dans le contexte de la crainte d’un effondrement imminent de la banque d’investissement Lehman Brothers et de la première caisse d’épargne du pays, la banque Washington Mutual, montrait que l’opération de sauvetage était une « mesure palliative de première urgence ne contribuant nullement à résoudre la crise sous-jacente du capitalisme américain. »

Trois jours plus tard, Lehman Brothers (La crise de Wall Street et l’échec du capitalisme américain) s’effondrait, suivie le lendemain par le renflouement du plus grand assureur du monde, American International Group (AIG) (bailout of American International Group (AIG)). Les marchés mondiaux se sont écroulés dans une atmosphère de panique grandissante sur les marchés financiers américains et européens. Le renflouement d’AIG a représenté un revirement de la politique que le gouvernement Bush avait adoptée en laissant Lehman tomber en faillite.

Les agissements de la classe dirigeante américaine, sous la direction du gouvernement Bush et avec le soutien du Parti démocrate, étaient des tentatives désespérées pour étayer le système financier tout en utilisant la crise pour opérer un transfert, sans précédent dans l'histoire, de la richesse dans ses propres poches. Non seulement ceux qui ont créé la crise n’ont pas été tenus responsables, ils furent en mesure de s’enrichir considérablement. Une grande partie de l’argent octroyé à AIG par exemple est allé directement aux géants de Wall Street comme Goldman Sachs qui ont été intégralement indemnisés pour les contrats d’assurance qu’ils avaient passés avec l’assureur.

Ces actes criminels ont culminé dans le renflouement bancaire à hauteur de 700 milliards de dollars nommé Troubled Asset Relief Program (TARP). Le Socialist Equality Party a dénoncé ce plan de sauvetage dans une déclaration (statement) disant qu’il s’agissait d’un « transfert sans précédent de fonds publics aux principales banques et à l’élite financière américaine aux dépens de la grande masse de la population … Comme après le 11 septembre, [l’aristocratie financière] cherche à utiliser la crise pour faire accepter une politique qui dans d’autres circonstances serait totalement inacceptable. »

La Chambre des représentants avait initialement rejeté le renflouement en grande partie à cause de l’opposition de l’aile droite du Parti républicain. Ceci avait provoqué une forte chute des marchés boursiers et une réaction furieuse de la part de l’élite dirigeante, réaction qu'on  trouva résumée dans un commentaire du journal londonien de Murdoch, Times, sous le titre « Le Congrès est la meilleure réclame pour une dictature. »

Dans un commentaire (comment) ultérieur, le WSWS a écrit : « Ce langage provocateur, tirant la conclusion logique des sentiments anti-démocratiques plus largement exprimés, exprime en fin de compte les ramifications objectives de la crise économique et sociale qui est en train de ronger le capitalisme américain et mondial. »

La loi TARP fut finalement votée et entra en vigueur le 3 octobre. Des plans de sauvetage identiques furent promulgués par le gouvernement travailliste en Grande-Bretagne (Labour government in Britain), par le gouvernement conservateur d’Angela Merkel (German government of Angela Merkel), le gouvernement Sarkozy en France (France : 360 milliards d’euros pour renflouer les banques) et les gouvernements en Espagne (Spain), en Suède (Sweden), en Irlande (Ireland) et en Europe de l’Est. Que les partis dirigeants soient libéraux ou conservateurs, d’extrême droite ou sociaux-démocrates, ils ont tous adopté la même position de classe : sauver les banques et les grands investisseurs et en faire payer le prix à la population laborieuse.

Mais les répercussions de la crise de Wall Street avaient déjà commencé à se propager à travers toute l’économie mondiale. Le dernier trimestre de 2008 a connu des réactions financières en chaîne:

  • La faillite de Washington Mutual, la plus grande caisse d’épargne des Etats-Unis, rachetée par JP Morgan Chase
  • L'effondrement total du système financier en Islande (L’Islande : un aperçu de l’avenir) où le gouvernement a suspendu les activités boursières et racheté les trois principales banques du pays
  • La chute record en une seule journée enregistrée par la bourse australienne (Australian stock exchange) qui a effacé près de 100 milliards de dollars de capitalisation boursière
  • Le renflouement de Citigroup, la plus importante institution financière américaine au coût de 249 milliards de dollars
  • L’effondrement de Bernard L. Madoff Investment Securities, le plus grand système de Ponzi jamais démasqué 

Le 15 novembre, une réunion du groupe des nations du G-20 (Le sommet du G20 ressemble plus à la Conférence économique) a été organisée à Washington au milieu d’appels réclamant un renouvellement du système financier international. Le WSWS a expliqué que « le sommet n’apportera aucune solution à la crise qui est en train de s’aggraver rapidement. Bien au contraire, en l’absence de tout programme cohérent, il se pourrait bien que les divisions entre les principales puissances capitalistes s’accentuent. »

Lorsque l’année s’est achevée l'économie mondiale était en chute libre: se produisirent des licenciements de masse, des faillites d’entreprises, et d’industries entières – notamment de l’industrie automobile américaine. Le chômage, la pauvreté et la misère sociale se propagèrent. .

Le siège de Lehman Brothers à Times Square, New York.
Les candidats Obama et McCain en réunion le 25 septembre 2008 avec le président Bush et les dirigeants des deux partis au Congrès et au Sénat pour discuter du sauvetage des banques.

Les élections présidentielles américaines de 2008

La campagne électorale américaine de 2008, qui a culminé en novembre dans la victoire de Barack Obama sur John McCain et la réélection du Congrès à majorité démocrate, a eu lieu dans le contexte d’une crise économique en plein déroulement et dans une atmosphère de haine généralisée à l’égard du gouvernement Bush. Bush a quitté la présidence avec un taux d’approbation d'une petite vingtaine de pour cents faisant de lui le président le plus détesté de l’histoire des Etats-Unis.

Des millions de travailleurs ont espéré que l’élection serait l’occasion d’un changement de cours – la fin des guerres en Irak et en Afghanistan, la fin de la torture et de la destruction des droits démocratiques et celle d’inverser la politique économique dictée par les riches. La principale préoccupation de la classe dirigeante était cependant de choisir le nouveau président qui puisse réaliser le plus efficacement les aspirations à la domination mondiale des Etats-Unis et défendre les intérêts de Wall Street.

Bien que le Parti démocrate ait soutenu l’ensemble de la politique du gouvernement Bush, le système bipartite aux Etats-Unis a fait que le mécontentement populaire s’est exprimé par l’élection du candidat démocrate. En la personne de Barack Obama, la classe dirigeante a trouvé le moyen d’organiser une campagne de marketing hautement coordonnée autour des mots d’ordre de l’« espoir » et du « changement. » Le statut d’Obama en tant que premier président afro-américain a signifié que son élection pouvait être présentée comme une étape historique majeure alors même qu’il s’apprêtait à poursuivre, sur le plan national  et international, tous les éléments de la politique américaine.

Le Parti démocrate est passé par une campagne prolongée de désignation de son candidat qui opposa Hillary Clinton à Obama. Les différences entre ces deux candidats n’étaient que superficielles. Tous deux sont des défenseurs du système de profit et tous deux préconisent des formes de politique identitaire, Clinton aspirant à être la première femme devenue présidente et Obama le premier président afro-américain. Cependant, la capacité d’Obama d’avoir pu dire s’être opposé à la guerre en Irak, pour laquelle Clinton avait voté, se révéla être un avantage significatif.

Dans « Les deux visages de Barack Obama », le WSWS a commenté le soutien que ce dernier a accordé à l’ancien président de la Réserve fédérale, Paul Volcker, une figure qui est étroitement associée aux attaques menées contre la classe ouvrière sous Reagan :

Les gens comme Volcker voient le sénateur de l’Illinois comme un véhicule utile afin de réaliser d’importants changements qui n’ont pas pour but d’améliorer les conditions de vie de la masse des travailleurs, mais plutôt de défendre les intérêts mondiaux du capital financier américain.

Sans doute croient-ils qu’Obama, qui serait le premier président afro-américain des Etats-Unis, est le mieux équipé pour faire face aux dangers posés par la crise économique continuelle et les tensions économiques grandissantes. Qui d’autre que lui est mieux placé pour demander des sacrifices encore plus grands à la classe ouvrière, le tout au nom de l’unité et du « changement » ? En même temps, il présenterait un nouveau visage au monde dont ils espèrent qu’il aidera l’impérialisme américain à se sortir des débâcles de la politique étrangère et de l’isolation mondiale croissante qui sont l’héritage de l’administration Bush.

La « lune de miel entre Obama » (love affair with Obama) et la bourgeoisie européenne qui devint de plus en plus évidente au fur et à mesure que l’année s’écoulait, avait aussi sa source dans la croyance qu’il disposait « d’une meilleure vision quant à comment projeter la puissance militaire et économique de l’Amérique » et qu’il était « moins susceptible d’être unilatéraliste que Bush. »

Lorsqu’Obama a finalement remporté la nomination (Obama remporte la nomination présidentielle démocrate), il se dépêcha de démontrer son allégeance à l’impérialisme et au patronat américain. Il lança ce que le WSWS a qualifié de « tournée patriotique » pour prouver son soutien à l’armée et à l’impérialisme américains. Peu de temps après, il faisait clairement comprendre son soutien (made clear his support) pour la poursuite de l’occupation de l’Irak en réitérant son intention (La candidature d’Obama et le nouveau consensus sur l’Afghanistan) d’intensifier la guerre en Afghanistan. Il a appuyé le programme domestique d’écoute clandestine de Bush. Sa décision de choisir le sénateur Joseph Biden comme colistier a été un camouflet pour tous ceux qui avaient espéré qu’Obama prendrait au sérieux ses appels au changement.

Entre-temps, comme le WSWS l’a expliqué (explained), les partisans d’Obama au sein des médias libéraux et des groupes radicaux petits-bourgeois ont continué de promouvoir sa candidature au motif que, peu importait le caractère droitier de sa politique, l’élection d’un Afro-américain représentait une transformation politique historique :

Obama est le résultat de la politique identitaire qui a pris son essor dans les années 1970. Cette politique opportuniste à la mode, promue par des sections de l’élite dirigeante, a élevé la race et le sexe d’une personne au-dessus de sa position de classe en visant à miner toute lutte organisée des travailleurs et de la population pauvre contre leur oppression sociale. Pour une portion relativement petite des noirs, des latinos et des femmes, elle est devenue un moyen de promouvoir leur carrière aux dépens de la masse.

La campagne électorale opposant Obama à John McCain qui avait remporté en février la nomination républicaine (secured the Republican nomination) sur Mitt Romney, a évité tout débat sur des questions réelles. Durant le troisième débat entre Obama et McCain (Obama and McCain’s third debate) qui a eu lieu au milieu de la plus grande crise économique depuis la Grande Dépression, le krach financier ne fut guère mentionné. Les deux candidats ont approuvé le renflouement de 700 milliards de dollars des banques, mais Obama s’était montré moins frileux dans son soutien (Obama was more unreserved in his backing), et cela lui valut les faveurs de Wall Street.

McCain qui avait choisi la gouverneur ultra-droitière de l’Alaska Sarah Palin comme son colistier, a vu ses perspectives d’évaporer. Au fur et à mesure que son soutien s’affaiblissait à l’approche des élections, le duo McCain-Palin chercha de plus en plus ouvertement à mobiliser l’ultra-droite (whip-up the ultra-right) en appelant à des sentiments semi-fascistes.

Pour faire face aux partis du patronat, le Socialist Equality Party a présenté ses propres candidats Jerry White à la présidence et Bill Van Auken à la vice-présidence. Le SEP a mené une campagne à travers tous les Etats-Unis et internationalement (internationally), en plaidant la cause du socialisme et en mettant en garde que « ni les Démocrates et ni les Républicains ne présentent à la classe ouvrière leurs véritables programmes… Le prochain gouvernement fera augmenter le chômage, réduira considérablement les dépenses dont les programmes sociaux ont désespérément besoin, approuvera les attaques des entreprises contre le niveau des salaires et les conditions de travail et intensifiera la suppression des droits démocratiques par le gouvernement. »

Alors que l’Amérique se rendait aux urnes (went to the polls), le WSWS soulignait que, bien que des dizaines de millions de personnes voteraient pour Obama, « La politique du gouvernement nouvellement élu ne sera pas guidée par [leurs] illusions… mais par la réalité de la crise financière mondiale. »

Ceci fut rapidement confirmé. Obama, le président élu s’est engagé à réduire le budget fédéral en promettant à Wall Street « tout ce qui est nécessaire. » Son équipe économique (economic team) était composée d’individus qui jouissaient de liens étroits avec l’aristocratie financière. Le gouvernement formé par Obama (cabinet Obama assembled) a démontré sa loyauté inébranlable à l’impérialisme américain. Il a maintenu le secrétaire à la Défense de Bush et a nommé un nombre sans précédent d’anciens généraux 4 étoiles (4-star generals) dans ses services. (http://www.wsws.org/francais/News/2008/dec08/dict-d30.shtml)

Au lendemain des élections, les médias américains ont interprété la victoire d’Obama selon des critères entièrement raciaux, insistant pour dire que ceci représentait un événement historique. Le WSWS a rejeté (rejected) cette position et fait remarquer qu’elle était utilisée pour étouffer tout débat sur l’attente populaire qu’Obama reviendrait sur la politique du gouvernement Bush, ce qui n’avait rien à voir avec la couleur de la peau. L’obsession avec la question raciale qui a fait d’Obama un héraut du « progrès » indépendamment de sa véritable politique l’a aidé à appliquer son programme droitier.

Une semaine après la réélection d’Obama (One week after Obama’s reelection), le WSWS a défini la dynamique sociale de base qui caractérisera son gouvernement.

Que se passera-t-il lorsque la classe ouvrière commencera à lutter pour ses intérêts sociaux et entrera en conflit avec le gouvernement Obama, lorsque la nature de classe du gouvernement Obama sera démasquée et que les travailleurs se mobiliseront pour s’y opposer ? Alors la base de classe du libéralisme en tant que point de vue politique d’une section de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie sera dévoilée et sa nature fondamentalement réactionnaire démasquée.

Quelle qu’ait été la première euphorie suscitée par la victoire d’Obama, l’aggravation de la crise économique se fera sentir dans un proche avenir dans la vie de dizaines de millions d’Américain et commencera à clarifier les intérêts de classe qui sous-tendent le nouveau gouvernement. Ceci préparera le terrain pour une nouvelle période de luttes de classe aux Etats-Unis.


Le congrès fondateur du SEP (Etats-Unis)

En 2008, le Comité International de la Quatrième Internationale a pris un certain nombre de mesures décisives en réaction à la crise capitaliste et en prévision de la multiplication des luttes de classes dans le monde. En août, quelques semaines seulement avant que la crise financière n’éclate, le Socialist Equality Party des Etats-Unis avait tenu son congrès fondateur, un événement majeur dans l’histoire de la Quatrième Internationale et du mouvement ouvrier international. Dans les années à venir, il sera suivi par les congrès fondateurs de sections du SEP en Australie, en Allemagne, en Grande-Bretagne et au Sri Lanka.

Comme l’expliquait un rapport du congrès (WSWS report on the Congress) publié sur le WSWS :

Le congrès fondateur est l’aboutissement du travail théorique, politique et organisationnel aux Etats-Unis et internationalement au cours de plus d’une décennie. Le prédécesseur du SEP, la Workers League (Ligue des Travailleurs) avait entamé en juin 1995 le processus de sa transformation en parti. Il partageait l’avis du Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI) que l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, le discrédit irrévocable du stalinisme en même temps que la faillite politique des partis sociaux-démocrates et réformistes, et des organisations syndicales, mèneraient à un changement fondamental dans les relations entre le mouvement trotskyste et des sections combatives de la classe ouvrière et des jeunes radicalisés par l’aggravation de la crise du capitalisme américain et mondial.

Le lancement en février 1998 du World Socialist Web Site qui s’est rapidement développé pour devenir la publication socialiste sur Internet la plus lue au monde, a entraîné une expansion de l’influence politique du CIQI et un afflux important de nouveaux membres au Socialist Equality Party. L’intensification de la crise politique et économique du capitalisme mondial au cours de la dernière décennie a de plus justifié la perspective sur laquelle la formation du SEP avait été fondée.

Durant les années qui ont précédé le Congrès fondateur, le SEP avait commencé à attirer sous sa bannière une nouvelle couche de travailleurs et de jeunes. Ce n’était que le début. Le congrès fondateur était la réponse du SEP à la crise croissante du système capitaliste, le but étant de préparer le renouveau du trotskysme et de la perspective de la révolution socialiste mondiale.

Le Congrès a adopté deux documents majeurs, Les fondations historiques et internationales du Parti de l’Egalité Socialiste et la Déclaration de principes du Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party, SEP) ainsi qu’une constitution du parti. En plaçant l’histoire au centre de la fondation du parti, le SEP a souligné qu’un nouveau mouvement socialiste devait se fonder sur une assimilation des expériences du mouvement de la classe ouvrière depuis plus d’un siècle. Le document historique dit :

La stratégie révolutionnaire socialiste ne peut se développer que grâce aux leçons des luttes passées. Avant tout, l’éducation des socialistes doit s’orienter vers le développement d'une connaissance détaillée de l’histoire de la Quatrième Internationale. Le développement du marxisme comme fer de lance théorique et politique de la révolution socialiste a trouvé son expression la plus avancée dans les luttes menées par la Quatrième Internationale, depuis sa fondation en 1938, contre le stalinisme, le réformisme, les révisions pablistes du trotskysme, et toutes les autres formes d’opportunisme politique.

L’unité politique au sein du parti sur les questions essentielles de programme et de tâches politiques ne peut être obtenue que par une évaluation commune des expériences historiques du 20e siècle et de leurs leçons stratégiques centrales.

La Déclaration de principes du SEP a été adoptée comme base d'une adhésion au parti. Elle élabore la position du parti en ce qui concerne les questions fondamentales telles que l’indépendance politique de la classe ouvrière, la nature de la crise capitaliste, la nécessité du socialisme, de l’internationalisme, la défense des droits démocratiques et la lutte contre la guerre ainsi que le rôle du parti dans lutte pour la conscience socialiste. Elle déclare :

Le programme du Parti de l’Egalité socialiste exprime les intérêts de la classe ouvrière, la principale et décisive force sociale révolutionnaire internationale dans la société capitaliste moderne. La tâche centrale du SEP est d'obtenir le soutien des travailleurs américains pour le programme du socialisme international. Sur la base de ce programme, le SEP lutte pour unifier et mobiliser les travailleurs pour la conquête du pouvoir et l'établissement d'un état ouvrier aux Etats-Unis. Il créera ainsi les conditions préalables objectives pour le développement d'une société vraiment démocratique, égalitaire, et socialiste. On ne peut réaliser ces objectifs que dans le cadre d'une stratégie internationale, dont le but sera l'unification mondiale des travailleurs de tous les pays et la création des Etats socialistes unis du Monde.

Le Congrès a élu une nouvelle direction pour le Socialist Equality Parti, dont David North comme président national et Joseph Kishore comme secrétaire national, ainsi qu’un nouveau comité national.

Le Congrès a rendu hommage à Eddie Benjamin, un membre de longue date du Socialist Equality Parti aux Etats-Unis et de son prédécesseur, la Workers League, qui est décédé subitement d’une crise cardiaque le 5 février 2008 à l’âge de 55 ans. Eddie faisait partie d’une génération remarquable de jeunes ouvriers afro-américains qui fut gagnés à la politique révolutionnaire durant les années 1970 en opposition au nationalisme noir et à la politique identitaire.

Deux mois plus tard, en octobre, le WSWS lançait son site Internet remanié (redesigned). Parmi les multiples changements qui furent apportés figurait l’introduction d’une rubrique de perspective quotidienne. Ce remaniement avait été entrepris pour faire face aux exigences posées par un lectorat en rapide expansion et en prévision de changements majeurs dans la situation économique et politique mondiale.

Le premier article de perspective, écrit par David North, le président du comité de rédaction international, résumait l’évaluation par le WSWS des implications objectives de la crise en cours et du rôle à jouer par le WSWS lui-même :

1. La crise financière mondiale, qui a son centre aux Etats-Unis, marque un tournant décisif dans la crise historique du système capitaliste mondial. L’analyse marxiste des contradictions inhérentes et insolubles du mode de production capitaliste a reçu une remarquable confirmation.

2. L’aggravation de la crise économique exacerbera les tensions d’ores et déjà considérables qui existent entre les principales puissances impérialistes et capitalistes. Le conflit historique fondamental entre le développement internationalement intégré des forces productives et le système d’Etat-nations engendrera de plus en plus le danger d’une guerre mondiale. Les efforts entrepris par les Etats-Unis pour compenser le déclin de leur position économique dans le monde, comme le montre de façon spectaculaire une crise qui perdure, prendront de plus en plus un caractère militariste irresponsable et déchainé.

3. La dégradation de la situation économique mène inexorablement à une recrudescence de la lutte de classe à une échelle mondiale. La classe ouvrière s’opposera avec une détermination de plus en grande aux efforts entrepris par les vieilles organisations bureaucratiques corrompues – les partis politiques et les syndicats – pour bloquer et trahir ses luttes.

4. La théorie marxiste, la perspective et le programme du socialisme révolutionnaire mis en avant par le Comité International de la Quatrième Internationale trouveront un nouvel auditoire que constitueront les travailleurs, les étudiants, les jeunes et les intellectuels nouvellement radicalisés. Seul un parti solidement fondé sur une théorie marxiste et qui défende sans équivoque l’héritage du trotskysme relèvera les défis d’une nouvelle époque révolutionnaire. 

C’est sur cette évaluation de la crise en cours que le comité de rédaction international voit le remaniement et la relance du World Socialist Web Site comme un pas majeur en avant dans la lutte pour le pouvoir ouvrier et l’établissement du socialisme.

Le Congrès fondateur du SEP a été une avancée majeure dans la clarification politique de la classe ouvrière internationale grâce aux efforts combinés de toutes les sections du Comité International de la Quatrième Internatinale.


La guerre et le militarisme

Les soulèvements économiques et politiques ont eu lieu en 2008 sur fond de guerre impérialiste continue en Irak et en Afghanistan, de frappes militaires américaines de plus en plus agressives au-delà de la frontière afghane, au Pakistan, et d’une pression accrue contre l’Iran, largement perçu comme une cible probable d’attaques soit par les Etats-Unis soit par Israël.

En août 2008, une guerre a éclaté (war broke out) entre la Russie et l’ancienne république soviétique de Géorgie, cette dernière étant appuyée par le gouvernement Bush. L’armée géorgienne a mené une offensive contre la capitale de la province séparatiste d’Ossétie du Sud. La Russie a riposté de manière décisive et repoussé l’armée géorgienne en l’espace de cinq jours. Les Etats-Unis et la plupart des puissances occidentales ont soutenu inconditionnellement la Géorgie et ont lancé une campagne de propagande contre la Russie au nom de la défense de la « souveraineté nationale et de l’intégrité du territoire » de la Géorgie.

La raison sous-jacente à ce conflit armé qui a menacé de se développer en un conflit à grande échelle entre les Etats-Unis et la Russie, avait été la motivation de l’impérialisme américain d’isoler la Russie (US imperialism’s drive to isolate Russia) afin de garantir son hégémonie sur les ressources énergétique d’Asie centrale et de ses voies de transit à travers le Caucase. Un commentaire du WSWS (Sous couvert d’aide humanitaire Bush envoie des troupes américaines en Géorgie) a placé les problèmes de la classe ouvrière au Caucase dans une perspective internationale et historique.

Dans le même temps, la ‘montée en puissance’ militaire du gouvernement Bush en Irak n’a pas apporté de victoire militaire même si elle a considérablement accru le nombre de morts dans la population irakienne et les forces d’occupation américaines, comme le WSWS l’avait fait remarqué (WSWS noted) au début de l’année.

Au cours de l’année 2008, il y a eu d’importantes opérations militaires à Mosul, Basra, dans la ville de Sadr City à Bagdad et à Amarah. En juin, les sociétés pétrolières américaines, britanniques et françaises ont reçu des contrats sans adjudication publique pour exploiter les réserves pétrolières irakiennes (Iraqi oil reserves).

Au cours de l’année le nombre de frappes de drones (drone strikes) a considérablement augmenté à l’intérieur du Pakistan. Cette escalade (escalation) a été l’oeuvre de la CIA et du Commandement des Forces d’opérations spéciales de l’armée avec le vif soutien du sénateur Obama.Une frappe aérienne américaine (US airstrike) contre un poste militaire pakistanais a tué 11 soldats. Les Etats-Unis ont aussi accru les frappes de drones en Somalie (Somalia) alors que l’OTAN déployait (NATO deployed) un nombre croissant de bâtiments militaires dans le Golfe d’Aden.

Les efforts entrepris (push) par les Etats-Unis en vue d’un régime de sanctions de plus en plus féroces contre l’Iran se sont aussi intensifiés en 2008, avec les menaces de guerre (threatening war) du gouvernement Bush. Durant la campagne présidentielle, Hillary Clinton avait menacé d’« oblitérer » (“obliterate”) l’Iran, tandis que Barack Obama répétait que « toutes les options étaient sur la table. »

L’investiture d’Obama comme président des Etats-Unis a été l’occasion d’une réorientation des efforts militaires dans la région en direction de l’Afghanistan qui avait été le front depuis longtemps « délaissé » par rapport à l’Irak. Obama, après avoir remporté la nomination du parti démocrate pour la présidentielle, avait demandé, durant des voyages effectués en été dans ces deux pays déchirés par la guerre, à ce qu’un grand nombre de troupes retirée d’Irak soient redéployées en Afghanistan (La candidature d’Obama et le nouveau consensus sur l’Afghanistan).

La décision prise par Obama après sa victoire aux élections de novembre de maintenir à son poste le ministre de la Défense de Bush, Robert Gates, un vétéran de l’insurrection soutenue par la CIA dans les années 1980 en Afghanistan et qui avait provoqué la montée d’al Qaïda en premier lieu, avait signalé une nouvelle priorité donnée à ce pays d’Asie centrale.

La composition de l’équipe de la sécurité nationale choisie par Obama: Hillary Clinton comme secrétaire d’Etat, le commandant de l’OTAN à la retraite, James Jones, comme conseiller à la sécurité nationale, ainsi que Gates, montrait que tous ceux qui avaient voté pour les démocrates dans l’espoir de finir les guerres du gouvernement Bush avaient été trompés (deceived).

A la fin de l’année, les porte-parole de l’armée américaine révélèrent que le nouveau gouvernement doublerait le nombre de troupes américaines déployées en Afghanistan en préparation d’une furieuse escalade du carnage, qui eut lieu au printemps de 2009.


Autres changements politiques dans le monde

L’Europe

En mars 2008, le Kosovo proclame son indépendance (Kosovo declared independence) de la Serbie, neuf ans après la guerre menée par les Etats-Unis et l’OTAN contre Belgrade. Le WSWS a exposé la position « humanitaire » frauduleuse des puissances impérialistes et de leurs apologistes aux Balkans dans des commentaires sur le traitement différent accordé au dirigeant de l’Armée de libération du Kosovo, Ramush Haradinaj et du dirigeant serbe de Bosnie, Radovan Karadzic. Bien qu’ils aient tous deux été sous le coup d’accusations de crimes de guerre liés au « nettoyage ethnique », le responsable Kosovar a été acquitté tandis que le Serbe a été arrêté.

Lors des élections législatives espagnoles plus tard le même mois, le Parti des travailleurs socialistes du premier ministre José Luis Zapatero au pouvoir a été réélu (was re-elected) en battant le Parti populaire. La Gauche unie (Izquierda Unida, IU) qui est menée par le Parti communiste (PCE) a enduré de lourdes pertes après une scission de l’ancien groupe stalinien (split in the former Stalinist group).

En avril, le premier ministre Silvio Berlusconi a remporté un troisième mandat en Italie (won a third term in office) en dépit de sa corruption notoire et d’une haine populaire largement répandue. Alors que Fausto Bertinotti, le dirigeant de longue date de l’ex Rifondazione Comunista stalinien, a rejeté la faute de la victoire de Berlusconi sur la population italienne, la responsabilité effective en incombait à la faillite de la soi-disant gauche (bankruptcy of the so-called Left). Rifondazione avait rejoint le gouvernement de « centre-gauche » de Romani Prodi, le maintenant au pouvoir pendant deux ans, alors qu’il menait les attaques sociales contre la classe ouvrière et continuait la guerre en Afghanistan.

Une grève générale eut lieu le 21 octobre en Grèce pour protester contre une proposition de budget d’austérité et de renflouement des banques. En décembre, le meurtre par la police d’un étudiant de 15 ans a déclenché des protestations de masse dont la combativité a choqué l’élite dirigeante européenne (shocked Europe’s ruling elite). Le WSWS a traité des questions politiques soulevées par ces protestations de masse (the political issues posed by the mass protests) (voir : Les questions politiques des manifestations de masse en Grèce), et fait remarquer que le virement brutal vers la droite entrepris par le parti socialiste (PASOK) et le Parti communiste (KKE) conduisait à une influence croissante de la « gauche radicale », notamment de SYRIZA. Le WSWS a prévenu (warned) que derrière sa rhétorique SYRIZA mettait en avant une politique qui était « inoffensive pour la classe dirigeante. »

Le Canada

Fin novembre-début décembre, le Canada a été en proie à des convulsions suite à une crise politico-constitutionnelle majeure, dans l’un des premiers contre-coups de l’effondrement financier mondial de 2008. Finalement, le gouvernement conservateur minoritaire a survécu après que le premier ministre Stephen Harper ait convaincu la gouverneure-générale de suspendre le parlement, dans ce que le WSWS avait caractérisé de « coup constitutionnel » constitutional coup.

La crise avait débuté en septembre lorsque Harper qui menait un gouvernement minoritaire depuis février 2006, a demandé des élections anticipées dans l'espoir de dissimuler toutes les implications de la crise financière. Le SEP au Canada a mis en garde contre le « tout sauf les conservateurs » (« anybody but Conservative ») des syndicats et de la classe moyenne de « gauche » qui visait à ranger les travailleurs derrière une coalition du Parti libéral et du Nouveau Parti démocratique (NDP) social-démocrate.

Le jeu de Harper échoua les conservateurs étant limités à un nombre de sièges minoritaires (minority of seats). Le 1er décembre, après que les conservateurs aient rejeté toute mesure pour contrebalancer le déclin rapide de l’économie canadienne, les libéraux, le NDP et le Bloc québécois annoncèrent avoir conclu un accord pour remplacer le régime conservateur minoritaire conservateur par une coalition gouvernementale libéraux-NDP (Liberal-NDP coalition government).

Les conservateurs, en passant outre les normes parlementaires de base et soutenus par la section la plus puissante du capital canadien, exigèrent que la gouverneure-générale non élue dissolve le parlement pendant une période de six semaines afin d’empêcher que les membres du parlement n’exercent leur droit constitutionnel de battre le gouvernement (shut down parliament). Les partisans de la coalition acceptèrent rapidement cette action anti-démocratique.

L’Asie et l’Australie

En mars et en avril le gouvernement chinois a été secoué par une suite de protestations et d’émeutes (protests and riots) au Tibet. Le comité de rédaction du WSWS a expliqué quelles étaient les questions de classe contenues dans cette situation.(La répression au Tibet : les questions de classe)
Deux catastrophes dévastatrices en Asie ont mis en relief l’extrême vulnérabilité des grandes masses de la population dans la région tout en mettant en lumière l’intérêt personnel des autorités locales et internationales. Le cyclone Nargis (Cyclone Nargis) a frappé la Birmanie le 3 mai causant la mort ou la disparition de plus de 60.000 personnes. Jusqu’à 2 millions de personnes furent laissées sans abri. Plus tard, en mai, un séisme de magnitude 7,8 a ravagé la province chinoise de Sichuan.(Tremblement de terre en Chine : lourd bilan des victimes et grandes conséquences économiques) Le bilan a dépassé les 80.000 morts et disparus. Une colère généralisée a entraîné des protestations au sujet des bâtiments de mauvaise qualité construits dans les villes et les villages appauvris et de la corruption qui règne parmi les responsables.

En août, les Jeux olympiques de Beijing eurent lieu sur fond d’opérations de sécurité massives, révélant un régime qui s’estimait en état de siège (under siege). Le WSWS a commenté que la cérémonie d’ouverture, s’élevant à 100 millions de dollars US, avait passé sous silence (blacked out) une grande partie du 20ème siècle ; le Parti communiste chinois avait tenté d’y « remodeler son image en tant que régime favorable aux affaires et qui avait depuis longtemps répudié sa prétention d’avoir une tradition ‘socialiste’ ou ‘révolutionnaire’ ».

D’importants événements politiques sont survenus dans le sous-continent indien, dus en grande partie à la pression exercée par l’impérialisme américain tant sur le Pakistan que sur l’Inde. En juillet, l’Alliance progressiste unie (UAP) dirigée par le Parti du Congrès a survécu de justesse à un vote de confiance provoqué par sa décision d’expulser de ses rangs le Front de gauche dirigé par les staliniens de façon à pouvoir consolider un « partenariat stratégique » (strategic partnership) avec l’impérialisme américain.

En septembre 2008, sur ordre des Etats-Unis, le Groupe des fournisseurs nucléaires a levé l’embargo imposé sur le commerce nucléaire civil avec l’Inde en dépit de fortes objections de la Chine (strenuous objections from China). L’objectif véritable de Washington était d’atteler la Nouvelle Delhi à sa stratégie d’isoler et au besoin, de contrecarrer militairement la Chine. En vertu de l’accord nucléaire indo-américain (Indo-US nuclear accord), les Etats-Unis ont accepté de négocier un statut nucléaire pour l’Inde dans le cadre du régime de règlementation nucléaire civil mondial.

Fin novembre, des hommes armés ont coordonné des attaques terroristes (coordinated terror attacks) contre des objectifs multiples dans la cité indienne de Mumai causant la mort de plus de 170 personnes et en blessant 300 lors d’un affrontement avec les forces de sécurité indiennes qui a duré 59 heures. Les attaques de Mumbai ont eu pour conséquence de faire augmenter les tensions sur le sous-continent indien. Avec le soutien actif des Etats-Unis, les attaques de Mumbai ont été utilisées en Inde pour intensifier la « guerre contre le terrorisme ». Fin décembre, le parlement indien a fait voter une draconienne loi « anti-terroriste » (anti-terror).

En Australie, le gouvernement travailliste a adressé des excuses officielles (formal apology) à la population aborigène, censément pour des crimes tenant du génocide commis envers elle au cours des deux siècles précédents. Le WSWS et le SEP (Australie) ont mis en garde que la politique de « réconciliation » ne ferait rien pour surmonter les terribles conditions sociales auxquelles sont confrontées les communautés indigènes. Le véritable objectif était de faciliter le projet du parti travailliste (Labor) d’attirer une couche de dirigeants indigènes privilégiés et de s’en servir pour renforcer l’intervention policière et militaire du précédent gouvernement Howard dans les communautés indigènes.

Dans une série d’articles et de reportages sur place (on-the-spot reports), le WSWS a exposé la brutale réalité quotidienne endurée par la population aborigène et les crimes que la classe dirigeante australienne a cherché à dissimuler durant des décennies. Ceci a abouti à une série de sept articles sur les conditions dans le Territoire du Nord (Australie : l'intervention dans les Territoires du Nord — La nécessité d'une stratégie socialiste)

Le cyclone Nargis atteint la Birmanie

Matériel mis en ligne


Les luttes internationales de la classe ouvrière

Les luttes ouvrières en 2008 ont exprimé l’opposition internationale grandissante des travailleurs à l’encontre des assauts sans relâche perpétrés contre l’emploi, le niveau de vie et les droits démocratiques et qui ne cessent de s’intensifier avec l’aggravation de la crise économique mondiale. Il y a eu d’importantes grèves aux Etats-Unis, en Australie, en Roumanie, en Allemagne, en France (France : Les conducteurs de trains en grève contre les attaques sur leurs conditions de travail ) , en Egypte, en Turquie (Turkey), et en Afrique du Sud.

Dans le plus long débrayage de l’industrie automobile américaine, qui a débuté le 26 février, 3.600 travailleurs des usines du Michigan et de New York de la société American Axle ont mené une grève âpre de trois mois contre l’exigence de cette entreprise de faire baisser le salaire horaire de 28 dollars à un niveau de 11,50 dollars. Le syndicat UAW a laissé les travailleurs dans l’ignorance et avec des rations correspondant à la pauvreté ne leur versant qu’une indemnité de grève de 200 dollars par semaine – tout en ayant à leur disposition un fonds de grève de près de 750 millions de dollars.

Les articles apparus sur le WSWS, qui dépassèrent le nombre de quarante-quatre, furent largement distribués sur les piquets de grève et aux travailleurs de l’automobile aux Etats-Unis et au Canada. De plus, des équipes de journalistes du WSWS ont enregistré plus d’une dizaine de vidéos et d’interviews avec les grévistes.

La trahison de l’UAW chez American Axle (UAW betrayal at American Axle) a servi à poser les fondements d’un assaut frontal contre la classe ouvrière. Elle a servi à préparer le terrain pour les préparatifs, engagés fin 2008, de renflouage de l’industrie automobile américaine au moyen d’une réduction massive des salaires de 50 pour cent. Une déclaration publiée par le WSWS et le SEP (US) a tiré d’importantes leçons sur le rôle joué par les défenseurs de « gauche » des syndicats. (Les leçons politiques de la grève à American Axle - Déclaration du World Socialist Web Site et du Parti de l’égalité socialiste)

La ‘gauche’ ouvrière joue un rôle absolument critique pour la bureaucratie syndicale, cherchant à encourager l’illusion que l’UAW et les autres syndicats peuvent être réformés. Tout en ne faisant rien pour mobiliser les travailleurs contre la trahison de la grève, ces ex-radicaux et dissidents syndicaux – incluant Wendy Thompson, l’ancien président du local syndical à l’usine American Axle de Detroit et un partisan de Labor Notes – soutiennent constamment l’autorité de l’UAW, prétendant que la grève pouvait être gagnée en faisant pression sur la direction pour qu’elle entreprenne la lutte.

En décembre, en réaction à l’actuelle crise économique, 250 travailleurs de Republic Windows and Doors (workers occupied Republic Windows and Doors), ont occupé, dans ce qui était la première action indépendante d’une section de la classe ouvrière aux Etats-Unis, l’usine de Chicago en Illinois qui était sur le point de fermer.

En mars en Egypte, les travailleurs des secteurs public et privé en grève rejoignaient des milliers de grévistes de l’industrie textile du Caire et réclamaient une augmentation du salaire minimum national à 218 dollars US par mois. Ces grèves représentaient la plus forte vague de combativité ouvrière en Egypte depuis la fin des années 1940 et le début des années 1950.

En avril, 20.000 travailleurs roumains de l’automobile de la filiale du groupe français Renault revendiquaient une augmentation de 42 pour cent. (Les ouvriers de l’automobile roumains en grève contre des salaires de misère)
En Afrique du Sud, une grève générale de 24 heures (Afrique du Sud : Grève générale contre la hausse des prix) appelée par le Congrès des syndicats sud-africains (Congress of South African Trade Unions, COSATU) a mobilisé en août ses deux millions d’adhérents pour protester contre la hausse des prix de la nourriture et du carburant. Le WSWS avait prévenu que, ce faisant, l’objectif du COSATU, qui travaillait en étroite collaboration avec le gouvernement, était de canaliser la colère populaire dans des manifestations restreintes.

Au Royaume-Uni, le WSWS a fourni une couverture extensive des grèves, y compris de celle des enseignants. Plus de 200.000 personnes participèrent à une journée d’action pour les salaires. La grève toucha aussi les travailleurs d’une raffinerie écossaise (refinery workers), des chauffeurs de camions citernes et un demi-million d’employés des collectivités locales (local government employees). La même question était posée dans toutes ces grèves : les responsables des syndicats limitent l’ampleur et la durée des actions tout en cherchant à se concilier les employeurs et le gouvernement travailliste.

Un tract publié par le SEP britannique à l’adresse des travailleurs locaux en grève disait :

Les travailleurs doivent commencer à prendre l’initiative. Ils doivent construire leurs propres organisations indépendantes de base qui représentent leurs intérêts et pas ceux d’une bureaucratie bien nantie. Ceci signifie une rupture avec les syndicats et le gouvernement travailliste que ceux-ci défendent pour construire une authentique direction socialiste.

Les travailleurs des transports en commun publics de Berlin (Public transport workers in Berlin went on strike) ont fait grève pendant près de deux mois pour revendiquer une augmentation de salaire substantielle. La grève à Berlin faisait partie d’un mouvement de grève plus large dans tout le pays. Elle a aussi affecté d’autres secteurs du service public (affected other sectors of the public service), les deux aéroports et le système ferroviaire. L’arrêt de travail des salariés du transport visait le gouvernement municipal de Berlin (la soi-disant ‘coalition rouge-rouge’) du Parti social-démocrate et du parti La Gauche [Die Linke, homologue allemand du Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon en France) et qui avait imposé des réductions drastiques des salaires en détruisant de nombreux emplois dans le service public.

Le syndicat Verdi a rapidement réduit sa revendication salariale initiale pour finir par trahir la grève. Près des deux-tiers des membres de Verdi dans les transports publics urbains de Berlin (BVG) ont voté contre le contrat. Mais la direction syndicale l’a approuvé et signé (union leadership accepted and signed it). Le WSWS a publié une déclaration (statement) dans laquelle il a tiré les leçons politiques de la grève à la BVG. Elle a expliqué le développement objectif qui avait conduit au déclin des syndicats ainsi que la perspective socialiste internationale du WSWS.

En Australie, le Conseil de l’Etat de Victoria du Syndicat australien de l’éducation (Victorian State Council, AEU) a voté en mai l’acceptation d’une nouvelle convention collective avec le gouvernement travailliste. Celle-ci  abandonnait toutes les revendications formulées par les enseignants tout au long d’une lutte prolongée d’une année et introduisait pour nombre d’entre eux une baisse réelle de salaire, une grave insécurité de l’emploi et un accroissement de la crise dans les salles de classe. L’opposition s’intensifia (Opposition escalated) et l’AEU démarra une féroce campagne dans le but de faire passer en force l’accord.

Le WSWS a à maintes reprises démasqué la tactique de l’intimidation et de l’incitation à la division employée par les syndicats. Le SEP (Australie) a appelé les enseignants à rejeter la liquidation de leur grève. Malgré une résistance significative des travailleurs, l’accord fut finalement imposé, ce qui ouvrit la voie au premier ministre travailliste Rudd ; celui-ci put dévoiler une série de réformes droitières et de grande portée du système d’éducation national (right-wing reforms to the national education system).

Un piquet de grève à l’usine American Axle à Hamtramck, Michigan, au début de la grève de 2008
Les forces de sécurité matraquent des manifestants durant la grève générale égyptienne en 2008

Léon Trotsky et le 70ème anniversaire de la Quatrième Internationale

L’année 2008 a marqué le 70ème anniversaire de la fondation de la Quatrième Internationale sous la direction de Léon Trotsky. Le Parti de l’Egalité socialiste a célébré cet anniversaire par la tenue de réunions dans le monde entier. Dans le même temps, le CIQI a poursuivi sa campagne pour la vérité historique et sa défense des traditions historiques de Trotsky et du mouvement trotskyste.

Aux Etats-Unis, le SEP a organisé des réunions portant le titre « Le 70ème anniversaire de la Quatrième Internationale : le socialisme et l’avenir de l’humanité. » A ces réunions furent présentés des rapports par un certain nombre d’intervenants, dont le rapport principal, de David North, qui a été publié sur le WSWS, « A propos du 70ème anniversaire de la fondation de la Quatrième Internationale » (« On the 70th anniversary of the founding of the Fourth International »).

Les fondements théoriques et politiques de la Quatrième Internationale ont été préparés par Trotsky durant les années qui on précédé la fondation. En examinant le caractère indispensable des écrits de Trotsky durant cette période, North a dit qu’ils étaient basés sur trois éléments :

Premièrement, Trotsky était le plus grand représentant du ‘marxisme classique’ – c’est-à-dire le représentant d’une école théorique et politique et d’une tradition le reliant directement à Marx et à Engels, et qui a formé et inspiré le mouvement de masse des travailleurs révolutionnaires qui était apparu durant les dernières décennies du 19ème siècle. Comme cela a été expliqué dans Les fondations historiques et internationales du Parti de l’Egalité socialiste, Trotsky incarnait ‘une conception de la théorie révolutionnaire, enracinée philosophiquement dans le matérialisme, tournée vers l’extérieur, vers la cognition de la réalité objective, et qui avait pour but l’éducation et la mobilisation politique de la classe ouvrière et était stratégiquement préoccupée par la lutte révolutionnaire contre le capitalisme.’

Deuxièmement, Trotsky a compris plus profondément que tout autre penseur politique du 20ème siècle les dimensions mondiales et la dynamique de la révolution socialiste, l’interaction dialectique entre les processus socio-économiques internationaux et les conditions nationales historiquement déterminées. Cette compréhension avait trouvé une expression dans la théorie de la révolution permanente, formulée en premier par Trotsky dans sa réponse aux problèmes soulevés par la Révolution de 1905 en Russie. Il y expliquait que dans un pays arriéré la relation entre les tâches démocratiques bourgeoises traditionnelles et les aspirations implicitement socialistes de la classe ouvrière était apparue d’une manière qui contredisait les conceptions existantes et requérait un nouveau paradigme théorique.

Troisièmement, Trotsky a assimilé les leçons politiques essentielles de la lutte de Lénine contre l’opportunisme menchévique et le centrisme durant les années allant de la scission de 1903 au dénouement révolutionnaire de 1917.

Le Parti de l’Egalité socialiste en Australie (Australia) et au Sri Lanka a aussi organisé des réunions très suivies sur le 70ème anniversaire. En Australie, James Cogan, qui écrit pour le WSWS, a présenté un rapport (report) sur les origines historiques de la Quatrième Internationale tandis que Nick Beams a étudié (reviewed) l’état de la crise capitaliste mondiale dans le contexte des principes historiques du mouvement trotskyste.
Du 20 au 23 novembre, l’Association américaine des études approfondies slaves (American Association for the Advancement of Slavic Studies) a organisé son congrès annuel. Parmi les diverses tables rondes, l’une était consacré à « L’intellectuel et l’héritage de la politique de Léon Trotsky, » qui était présidé par un chercheur indépendant, Lars Lih. Parmi les participants à ce panel il y avait North, le spécialiste de Trotsky Baruch Knei-Paz de l’université hébraïque de Jérusalem, et le journaliste du WSWS, Vladimir Volkov.

Le rapport de North, « Léon Trotsky, l’hystoriographie soviétique et le sort du marxisme classique », traitait de l’histoire des écrits biographiques sur Trotsky, depuis la trilogie monumentale d’Isaac Deutscher dans les années 1950 et 1960, jusqu’à « La pensée sociale et politique de Léon Trotsky » de Knei-Paz en 1978, et les années où les études sur Trotsky se tarirent au début des années 1980. North remarqua que plusieurs récentes biographies dont celles d’Ian Thatcher et de Geoffrey Swain, étaient apparues, mais qu’elles ne contenaient aucune nouvelle information et se consacraient à la diffamation et à la falsification historique.

En examinant les raisons qui se cachent derrière ces changements dans l’étude consacrée à Trotsky, North accorda une attention particulière au conflit existant entre la perspective mondiale de Trotsky et les conceptions qui se sont imposées dans l’intelligentsia de gauche. Trotsky avait maintenu

Un engagement irréconciliable au matérialisme philosophique, la conviction que les processus historiques étaient régis par des lois, la confiance dans le pouvoir du raisonnement humain (au sens matérialiste), dans sa capacité de découvrir la vérité objective, et en association avec ceci, la conviction du rôle progressiste de la science. Trotsky était un déterministe, un optimiste, et un internationaliste, convaincu que la révolution socialiste découlait nécessairement des contradictions insolubles du système capitaliste mondial. Par-dessus tout, il a insisté pour dire qu’il existait une force révolutionnaire au sein de la société, la classe ouvrière, qui renverserait le système capitaliste pour poser les fondements du socialisme mondiale.

En octobre, le WSWS a publié un essai de North, L’odyssée politique et intellectuel d’Alex Steiner (The Political and Intellectual Odyssey of Alex Steiner) où il prenait la défense du marxisme et du matérialisme philosophique contre les conceptions néo-utopistes de l’Ecole de Francfort et de tendances affiliées.


Arts, culture et science

Durant l’année 2008, le WSWS a écrit abondamment sur le cinéma, le théâtre, la musique et l’histoire de l’Art.

L’année a commencé et a fini par une exploration de l’oeuvre de Trevor Griffiths, à commencer par une interview avec le dramaturge britannique et un examen (review) de sa pièce consacrée au révolutionaire américain Thomas Paine. Plus tard, Griffiths et le responsbale de la rubrique Arts du WSWS ont tenu une discussion publique intitulée « L’écrivain et la révolution » (the writer and revolution) et au cours de laquelle ils ont discuté le travail de Griffiths et les questions politiques auxquelles les artistes étaient confrontés à la fin des années 1960 et dans les années 1970.

L’année culmina avec une série de discussions par le responsable de la rubrique art David Walsh en Angleterre. Dans « L’art et le socialisme : les vrais prémisses. » (Art and socialism: the real premises) David Walsh argumenta en faveur d’une véritable approche marxiste des questions artistiques contre celle promue par le stalinisme ou le postmodernisme « de gauche ».

Il existe des théories opposées pour ce qui est de savoir ce qui constitue un art ‘progressiste’ ou ‘subversif’. Notre point de vue est relativement facile à comprendre : l’art est, avant tout, réellement radical dans la mesure où il transmet, par ses propres moyens, la vérité sur la vie et la réalité, quelque douloureuse ou complexe celle-ci puisse être. Une connaissance approfondie du monde et une profonde sensibilité à son égard sont des conditions préalables à la réalisation d’un changement radical.

Dans les mois jusqu’à la fin de l’année, nous avons discuté de nombreux films et documentaires. Charlie Wilson’s War de Mike Nichols sortait du lot à cause du fait qu’il célébrait les manigances américaines en Afghanistan. Body of War, qui traitait d’un ancien combattant blessé et Standard Operating Procedure sur la torture à la prison d’Abou Ghrib révélaient la brutalité de la guerre en Irak malgré qu’ils aient aussi des faiblesses importantes.

Le WSWS a écrit des critiques sur les travaux de cinéastes connus d’Hollywood et de cinéastes indépendants comme le W d’Oliver Stone, Burn After Reading de Paul Thomas Anderson, There Will be Blood des frères Coen, Lust, Caution de Ang Lee et Milk de Gus Van Sant.

Nous avons aussi porté à l’attention de nos lecteurs des films moins connus comme Before the Rains, Frozen River, Young@Heart, et l’humoristique Be Kind Rewind. Waltz with Bashir (Valse avec Bachir) un drame caucemardesque sur l’invasion israélienne du Liban en 1982 méritait une attention particulière.

En décembre, David Walsh a interivewé Mike Leigh parlant avec lui de son film Happy Go Lucky. Et le WSWS  continué sa couverture des festivals du film dans le monde.

Dans des articles parus à l’occasion de la mort de Paul Newman, Richard Widmark, et Charlton Heston et des metteurs en scène Sydney Pollack et Jules Dassin (qui avait été mis sur la lsite noire), le WSWS a examiné l’histoire du cinéma américain et l’impact durable des chasses aux socières anticommunistes à Hollywood. Nous avons aussi relevé la disparition des artistes britanniques Paul Scofield et Ken Campbell, de l’écrivain  Hugo Claus, du dramaturge Harold Pinter, de l’artiste  Eartha Kitt, et du peintre Robert Rauschenberg. En réponse à la mort du poète Adrian Mitchell, David Walsh a écrit un commentaire de nature plus personnelle.

Dans le domaine de la peinture, le WSWS a écrit sur des expositions consacrées à Gustave Courbet et Alexander Rodchenko. Ce dernier article a aussi été l’occasion d’examiner l’héritage de la Révolution russe dans l’art soviétique, un thème dont nous avons également traité dans le domaine de l’architecture et de la littérature (architecture, literature). A la fin de l’année, David Walsh a interviewé David King à propos de son remarquable travail sur l’histoire en photographies de la révolution russe et de l’URSS.

Le WSWS examina des questions d’histoire et de tendances dans le théatre moderne à travers la critique de pièces comme ‘Commune de Paris’ (Paris Commune) et Adding Machine ainsi qu’un échange sur le travail de Bertolt Brecht.

Dans le domaine des sciences, le WSWS a écrit un article en deux parties sur une lettre récemment mise aux enchères d’Albert Einstein letter by Albert Einstein qui établi de façon définitive son engagement en faveur de l’athéisme.