Navigation – Plan du site
2. Bifurcations

Les funérailles joyeuses d’un Caterpillar

Chez les Ankave-Anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée
The Joyful Burial of a Caterpillar
Pierre Lemonnier
p. 112-133

Résumés

Arrivé par les airs chez les Ankave, le D3 immobilisé pendant dix ans en bordure d’une piste d’aviation dont il interdisait l’utilisation est un objet paradoxal. Sa présence et son histoire s’inscrivent dans un réseau d’acteurs, de hasards et de motivations complexes mais centrés sur le désir des Ankave d’accéder à ces items de modernité que sont la santé, l’école et l’accès au marché. À ce titre, c’est l’un de ces objets vers lesquels convergent toutes sortes de logiques sociales que l’anthropologue peut détailler et qui, dans d’autres circonstances, se révèlent cruciales pour penser une manière de vivre ensemble. Pour les Ankave, pourtant, ce tas de rouille est un non-objet : une chose sans l’ombre d’une utilité, hors de toute possibilité de recyclage faute des outils qui permettraient de le mettre en pièces utiles (clefs, leviers, burins, chalumeau oxhydrique, palan,…). C’est un objet sans place dans le système technique local. Juste une chose à faire disparaître dans un trou pour qu’eux-mêmes, armés de machettes et de brouettes sans pneu, voire sans roue, suppléent avec succès à la machine cassée.

Haut de page

Dédicace

À la mémoire de Denis Fauconneau, Henri Hervé, Pierre Le Gars

Accès au texte / extrait

Cairn

Texte intégral disponible via abonnement/accès payant sur le portail Cairn. Le texte intégral en libre accès sera disponible à cette adresse en janvier 2020.
Consulter cet article

Plan

Une piste, pour quoi faire ?
Du rêve à la réalité : quelques paragraphes pour une course d’obstacles de 18 ans
Un réseau hétéroclite d’acteurs
Le D3, un objet hors norme, hors système, hors jeu

Aperçu du début du texte

Caterpillar D3 series II

Caterpillar D3 series II

Fabriqué au Japon par Mitsubishi en 1990-1991, ce Caterpillar D3 series II de 7,8 tonnes est resté 10 ans sur la crête d’Ikundi. Son piédestal indique la hauteur de terre dégagée après son arrêt définitif, en mars 1999. (2008)

© Pierre Lemonnier

De mars 1999 à septembre 2009, un bulldozer Caterpillar était visible sur une arête montagneuse surplombant la rivière Suowi, en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG). Il aurait pu y rester à jamais, si ce n’est que, par sa présence même, il était la négation de ce pourquoi il était arrivé chez les Ankave-Anga : transformer en piste d’aviation une crête étroite et pentue partiellement couverte de forêt tropicale. Au moment où ses roulements de roues avant avaient rendu l’âme, son conducteur l’avait parqué là où les règlements et la raison exigent que la bande de terre sur laquelle des avions circulent soit bordée par une zone libre de tout obstacle. Il fallut donc l’enfouir six pieds sous terre po...

Haut de page

Pour citer cet article

Référence papier

Lemonnier, P. 2016 « Les funérailles joyeuses d’un Caterpillar chez les Ankave-Anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée », Techniques&Culture 65-66 « Réparer le monde. Excès, reste et innovation », p. 112-133.

Référence électronique

Pierre Lemonnier, « Les funérailles joyeuses d’un Caterpillar », Techniques & Culture [En ligne], 65-66 | 2016, mis en ligne le 31 octobre 2018, consulté le 30 novembre 2017. URL : http://tc.revues.org/7829 ; DOI : 10.4000/tc.7829

Haut de page

Auteur

Pierre Lemonnier

Est directeur de recherche émérite au CNRS (CREDO AMU, Marseille). Après avoir réalisé des travaux d’anthropologie économique et de technologie culturelle chez les producteurs de sel de la Côte Atlantique, il a entrepris, associé à Pascale Bonnemère, l’étude monographique de groupes anga de Papouasie-Nouvelle-Guinée : Baruya et Ankave. Ses travaux ont abordé les rites mortuaires et la culture matérielle. Ses recherches actuelles portent sur le rôle des objets et des actions matérielles dans les rituels d’initiation masculine des Anga.

Articles du même auteur

Haut de page

Droits d’auteur

Tous droits réservés

Haut de page