FEMME NON-RÉÉDUCABLE
« En Tchétchénie, on ne dit ni bonjour, ni dieu te bénisse, ni la paix avec toi. On dit la liberté sera avec toi ! ; Cette liberté qu’ils n’ont jamais connu » car, depuis le 18e siècle, les citoyens tchétchènes sont persécutés par les forces russes. Ainsi commence la pièce de théâtre « Femme non-rééducable » qui retrace le travail de Anna Politkowskaja, la reporter, auteure et activiste pour les droits de l’homme.
Etant un monologue, cette pièce montre uniquement le personnage d’Anna Politkowskaja sur scène, mettant en évidence le combat seule que cette femme a portée durant son temps de vie. Les différentes scènes sont constituées de la narration d’extraits de sa vie, des interviews et des extraits d’articles.
Au début, une bande sonore est diffusée pour improviser un dialogue entre Anna et un soldat russe de 19 ans en Tchétchénie. Cette scène est utilisée pour résumer l’histoire russe récente, depuis 1986 (la naissance de ce soldat) jusqu’à aujourd’hui. La perestroïka1 et la glasnost21 puis la chute de l’URSS ont engendré l’espoir et la foi en un changement. Mais au contraire, n’ont fait que croître les inégalités, la misère, la famine et les consolidations de regroupements d’extrême droite, d’ultra nationalistes, du KGB et de la mafia.
Le soldat explique qu’avant d’être soldat il vivait dans la misère et qu’il s’est engagé car l’armée recrutait parmi les pupilles de la nation et offrait un bon salaire. Il représente un peuple misérable et désespéré. Le jeune soldat accompli le taux d’homicides, il reste dans la norme qui est à 34 personnes par jour ! A la question de ce qu’il aimerait faire s’il aurait le choix, il répond « la guerre !! C’est tout ! ». Il ne connait rien d’autre.
Les médias et la société attisent la haine contre le peuple tchétchène. Le spectateur est averti sur les méthodes d’exécution affreuses appliquées durant cette guerre atroce. Des groupes spéciaux de nettoyage ethnique ont été créés, composés par des anciens détenus, des nationalistes, et des mercenaires. Un général interrogé avoue qu’ils foutent les cadavres dans les poubelles. Ils ne sont pas assez bien payés pour s’en occuper.
L’occupation de la ville de Grozny, qui rend toute vie insupportable, est illustrée. Les gens y demeurent sans eau, sans bouffe, sans électricité, sans téléphone, sans rues, sans droit de sortir de chez eux, encore moins de quitter la ville, avec des militaires partout qui contrôlent chaque personne qui ose circuler.
On apprend que la journaliste avait été convoquée pour négocier avec les tchétchènes qui avaient pris en otage 800 personnes dans le théâtre de Moscou. Ces preneurs d’otages étaient des hommes et des femmes, des médecins, ingénieurs, professeurs se sacrifiant, des bombes attachés à leurs corps. Ils n’attendaient rien, sauf que leur voix soit entendue dans le monde entier. Ils ne montraient aucune pitié envers leurs otages car les forces russes (n’en font pas non plus preuve, elles tuent ….) elles n’ont faisait pas preuves dans leur pays, celle-ci tuaient toute la population sans remords.
Anna Politkowskaja accuse les politiciens, les militaires et les oligarchies russes de même que le jeune président tchétchène, Ramsan Kadyrow, installé par Putin de commettre un génocide en Tchétchénie.
La pièce fait comprendre qu’Anna Politkowskaja ne veut pas prendre position entre « les terroristes » et le pouvoir russe dans ce conflit. Elle nie toute forme de violence. En tant que journaliste elle s’efforce de faire connaître la vérité à contre courant des autres journalistes, ce qui se révèle comme la plus difficile des missions. Tous les journalistes russes sont soumis à l’autorité étatique. S’ils n’écrivent pas pour la classe politique, ils sont considérés comme indignes. Les médias les dénoncent comme traitres, menteurs, fous et folles. Ils sont muselés, par tous les moyens. A 47 ans Anna Politkowskaja se sent fatiguée, ni enragée ni haineuse, seulement fatiguée par les diffamations dans tous les médias et les menace de meurtre au quotidien. Le 7 Octobre 2006 elle est retrouvé assassinée dans le couloir de son immeuble à Moscou, tuée par 4 balles, dont une dans la tête. Un pistolet de la même marque utilisé pour tous les meurtres politiques russes a été déposé à côté de son corps. Des milliers de personnes étaient présentes pour son enterrement, mais aucun représentant de l’Etat.
Au contraire, lors d’un questionnement d’une personne appartenant à l’élite politique sur sa mort, la réponse donné fut : « Jamais entendu parlé ».
La pièce sera joué le 10.12.1011 (20h) à l’Abbaye de Neumünster pour l’occasion de la journée mondiale des droits de l’homme. Entré libre
http://www.ccrn.lu/Culture/Offre-diversifiee/Programmation/Theatre/Femme-non-reeducable-memorandum-theatral-sur-Anna-Politkovskaia-Saturday-10-December-2011-8-00-00-pm
Natascha Bisbis
1 Perestroïka: est le nom donné aux réformes économiques et sociales menées par Mikhaïl Gorbatchev en URSS d’avril 1985 à décembre 1991.
2 Glasnost : est une politique de liberté d’expression et de la publication d’informations, introduite par Mikhaïl Gorbatchev en URSS en 1985.