Année passée en revue : 2002

L’année 2002 a été une transition, la frauduleuse « guerre contre le terrorisme » lancée aux Etats-Unis par le gouvernement Bush après les attentats du 11 septembre était utilisée pour justifier des attaques historiques perpétrées contre les droits démocratiques et les libertés civiques. Dans le même temps, l’occupation de l’Afghanistan a été suivie par des préparatifs menés au grand jour pour une invasion de l’Irak.


Il y a eu deux forces motrices majeures ayant motivé le caractère de plus en plus dangereux et militariste de la politique étrangère américaine et qui ont trouvé un écho dans la classe dirigeante aux quatre coins du monde.

La première a été, une décennie plus tôt, l’effondrement de l’Union soviétique qui avait écarté le principal obstacle à une extension de la puissance militaire des Etats-Unis. Lors de la guerre dans le Golfe Persique en 1991, le gouvernement de George W. Bush père avait cessé sa progression après avoir parcouru quelques kilomètres dans la partie Sud du pays plutôt que de risquer une confrontation avec l’Union soviétique, le principal soutien international de Saddam Hussein. En 2002, ce n’était plus un problème.

Le deuxième élément a été la crise du capitalisme américain qui a été révélée de façon plus marquante dans l’effondrement d’Enron en décembre 2001, le cas, jusque-là, le plus spectaculaire de fraude patronale et de pillage. S’ensuivit tout au long de l’année 2002 une vague de licenciements de masse et de scandales de corruption au sein des entreprises et une chute sensible des marchés boursiers. Pour l’élite dirigeante américaine, l’action militaire agressive avait fourni à la fois un débouché pour les tensions sociales et un moyen de compenser son déclin économique à long terme en s’emparant du contrôle des principales sources de pétrole et de gaz, les ressources les plus cruciales de l’industrie moderne.

Le président américain George Bush présente la résolution autorisant en octobre 2002 le recours à la force contre l’Irak.

L’Afghanistan et « l’axe du mal »…

En janvier 2002, le président George W. Bush a résumé le changement de la politique étrangère américaine dans son discours Discours sur l'état de l'Union : Bush déclare la guerre au monde. Le président avait choisi comme cible la Corée du Nord, l’Iran et l’Irak comme faisant partie de « l’axe du mal » et menaçait d’agir militairement contre ces pays en dépit du fait qu’ils n’avaient rien à voir avec les attentats terroristes commis quatre mois plus tôt.

Le WSWS avait caractérisé ce discours de déclaration de « guerre contre le monde. » Dans une déclaration du comité de rédaction (editorial board statement), le WSWS avait expliqué que le « programme de la conquête du monde » de Bush avait de profondes racines sociales et économiques.

Il y a des dangers réels auxquels l’impérialisme américain est confronté mais ils ne proviennent pas des petites bandes de terroristes ou des gouvernements de pays faibles et appauvris de l’autre côté du monde. Ces dangers résultent de l’aggravation de la crise du capitalisme mondial et des contradictions qui ne cessent de croître au sein des Etats-Unis entre une élite super-riche et la vaste majorité de la population laborieuse.

Le programme belliqueux présenté dans le discours de Bush a été rapidement transformé en recommandations politiques. Le gouvernement a transmis au Congrès un Rapport de la politique nucléaire (Nuclear Posture Report) qui a désigné sept pays comme étant des cibles potentielles pour des armes nucléaires américaines, dont deux Etats dotés de l’arme nucléaire, la Russie et la Chine, et cinq qui ne la possédaient pas – l’Irak, l’Iran, La Syrie, la Libye et la Corée du Nord. En d’autres termes, le gouvernement américain planifiait non seulement la mise en œuvre d’actions susceptibles de déclencher un holocauste thermonucléaire mondial mais aussi le recours unilatéral à des armes nucléaires contre des pays non nucléaires, des meurtres de masse à une échelle sans précédent dans l’histoire.

L’année a commencé par l’occupation de positions clé en Afghanistan par des dizaines de milliers de soldats américains. Les Taliban ont été délogés et remplacés par un faible régime mis en place par les Etats-Unis et dirigé par le président Hamid Karzaï, la très grande majorité de la population vivant dans l’oppression et des conditions de pauvreté abjectes (conditions of desperate poverty and oppression.) Les combats se sont poursuivis tout au long de l’année. En dressant le bilan de l’invasion et de l’occupation américaine, le WSWS a décrit de manière détaillée (detailed) une crise sociale catastrophique, un gouvernement fantoche dans la capitale afghane et la plus grande partie d’un arrière-pays contrôlé par des seigneurs de guerre rivaux, corrompus et rémunérés par Washington.

Au début de l’année, le journaliste du Wall Street Journal Daniel Pearl avait été enlevé et assassiné par un groupe pakistanais allié à Al Qaïda. Le comité de rédaction du WSWS avait publié le 31 janvier une déclaration appelant à sa libération. Le 21 février, un enregistrement vidéo fut publié montrant que Pearl avait été décapité trois semaines auparavant, suscitant dans le monde entier choc et révulsion. Dans un communiqué très largement lu, L'assassinat de Daniel Pearl, le WSWS avait condamné les meurtriers qui « ont fait preuve d’un degré épouvantable de lâcheté et de faillite politique. » Dans le même temps, le WSWS a indiqué les racines politiques du meurtre de Pearl qui, comme dans le cas de tous ceux tués dans l’attentat du 11 septembre, étaient la « conséquence des décisions réactionnaires et implacables prises par Washington au cours des 20 dernières années dans sa lutte pour le contrôle des réserves de pétrole et la défense de ses intérêts géostratégiques impérialistes. »

En développant sa campagne de propagande relative à la « guerre contre le terrorisme », le gouvernement Bush a compté sur le soutien du Parti démocrate et sur les services d’une section dominante parmi des intellectuels. Un événement important avait été la publication d’une lettre ouverte de soixante universitaires de droite, « Lettre d’Amérique : les raisons d’un combat, » qui cherchait à fournir une défense morale de « guerre juste » pour l’éruption d’un militarisme d’agression. Dans une analyse détaillée des partisans universitaires de la guerre, « Réaction politique et charlatanerie intellectuelle : la déclaration de soutien des intellectuels américains pour la guerre  » le président du comité de rédaction du WSWS, David North avait écrit :

La lettre témoigne du niveau d'avilissement qui passe pour la vie intellectuelle aux États-Unis. Il est honteux jusqu'à un certain point que les arguments vulgaires et trompeurs de la droite politique et de leurs défenseurs universitaires soient incontestés et non dénoncés. De nombreux universitaires hautement qualifiés, spécialistes dans divers domaines des sciences sociales, sont tout à fait conscients que la propagande pro-guerre de l'administration Bush est un tissu de mensonge. S'ils le voulaient, beaucoup de ces personnes pourraient facilement démolir les arguments de Moynihan, Skocpol et leurs collègues. Mais ils baissent la tête et restent bien silencieux. De cette façon, ils contribuent au climat de réaction politique et d'arriération générale qui prévaut aux États-Unis.

Mais cela ne fera qu'un temps. Les événements vont porter, plus tôt encore que bien des gens ne l'imaginent, les coups au corps politique qui susciteront le désir et la capacité d`une réflexion sérieuse.


L’intensification des préparatifs de guerre contre l’Irak

A l’été, des discours prononcés par le vice-président Richard Cheney et par Bush lui-même ont montré que le gouvernement avait commencé à recentrer son attention sur une guerre contre l’Irak. Dans un discours tenu en juin à West Point (speech at West Point), Bush avait souligné une politique de guerre sans fin dans laquelle l’armée « doit être prête à frapper sans préavis dans chaque coin sombre du monde. »

La nature sans précédent de la décision de lancer une guerre agressive contre un pays plus faible, un pays sans lien avec les attentats du 11 septembre et qui ne présentait aucun danger pour les Etats-Unis, a fait que Washington et ses alliés ont dû imaginer un prétexte : celui d’affirmer que l’Irak possédait des « armes de destruction massive » que Saddam Hussein pourrait fournir à al Qaïda ou d’autres groupes terroristes malgré l’hostilité farouche qui existait entre Hussein et les intégristes islamiques.

Par la promotion de ces fausses affirmations, la presse américaine (American press), notamment des journaux influents comme le New York Times et le Washington Post, et des journalistes comme Thomas Friedman, ont joué un rôle crucial. Quelques jours à peine après l’allocution de Cheney, le Times a publié un long article co-écrit par Judith Miller qui prétendait que l’Irak avait acheté des tubes d’aluminium qui ne pouvaient servir à rien d’autre qu’à être des éléments pour des centrifugeuses. La totalité de l’article était mensonger et fourni au Times, cuillerée par cuillerée, par la CIA dans le but de conférer à la décision de Bush d’aller en guerre une plus grande crédibilité aux yeux de l’opinion publique.
Le WSWS et le Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP) ont analysé les véritables causes de la guerre, révélé au grand jour les mensonges sur les « armes de destruction massive », organisé des meetings et publié des déclarations (statements) dénonçant la campagne pro-guerre. Nous avons expliqué qu’une lutte contre la guerre devait être fondée sur une lutte contre le Parti démocrate au moyen d’une mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière contre l’impérialisme et le système capitaliste.

Lors d’une réunion tenue en octobre à Ann Arbor, Michigan, David North, a présenté un rapport intitulé « La guerre contre l'Irak et la poussée militariste des États-Unis vers la domination mondiale » et qui a analysé la « stratégie en matière de sécurité nationale » publiée récemment par le gouvernement Bush. North avait souligné :

Le document présente comme politique d'orientation des États-Unis le droit d'utilisation de sa force militaire partout dans le monde et n'importe quand, contre tout pays perçu par l'administration américaine comme une menace possible ou éventuelle pour les intérêts américains. Aucun autre pays dans l'histoire moderne, pas même l'Allemagne nazie à l'apogée de la folie d'Hitler, n'a jamais lancé de déclaration aussi époustouflante avouant sa course à l'hégémonie planétaire, ou pour parler plus crûment encore, à la domination mondiale.

Ce rapport examinait le Tribunal militaire international de Nuremberg sur les crimes de guerre devant lequel les dirigeants nazis furent mis en accusation pour avoir mené une guerre d’agression et dont les procureurs, entre autres l’Américain Robert Jackson, avaient dit qu’elle était la source de laquelle découlait tous les autres crimes.

Lors de réunions organisées plus tard durant le même mois, le secrétaire national du SEP, Nick Beams, a présenté un rapport sur « L’économie politique du militarisme américain au 21ème siècle » (The political economy of American militarism in the 21st century) qui fournissait des explications économiques et historiques détaillées sur la poussée vers la guerre.

La campagne pro-guerre menée par le gouvernement Bush a culminé dans le vote historique du Congrès américain de soutenir une guerre non déclarée et non provoquée contre un petit pays tout à fait sans défense.

Tant les Démocrates que les Républicains ont voté pour autoriser une action militaire (voting to authorize military action), ce qui comprenait l’ensemble de la direction des deux partis au Congrès et tous les candidats présumés à la nomination démocrate pour la présidentielle.

Le gouvernement travailliste de Blair en Grande-Bretagne (Blair Labour government) avait fidèlement repris les arguments du gouvernement Bush et joua devant un auditoire international le rôle principal dans l’encouragement à une offensive guerrière contre l’Irak. La France et l’Allemagne (Germany) avaient appuyé la guerre en Afghanistan et s’y étaient associées mais s’étaient opposées à l’attaque proposée contre l’Irak craignant toutes deux qu’une telle violation flagrante du droit international ne provoque une opposition révolutionnaire d’en bas et qu’un impérialisme américain perdant de plus en plus son contrôle ne devienne dangereux pour leurs propres intérêts.

Après le vote du Congrès autorisant la guerre, le gouvernement Bush a révélé ses projets d’établir durablement un règne militaire en Irak. Une déclaration du comité de rédaction du WSWS (Les projets américains pour l'Irak : un retour au colonialisme) a caractérisé ce projet de retour ouvert au colonialisme, foulant au pied les droits démocratiques de la population irakienne au prétexte de la « libérer » du régime de Hussein qui, il y a quelques années à peine, avait été le bénéficiaire du soutien militaire et des flatteries diplomatiques des Etats-Unis.


La guerre et les droits démocratiques

Pour ouvrir la voie aux projets de guerre, le gouvernement Bush avait dû surmonter l’opposition de son principal ennemi, la classe ouvrière aux Etats-Unis et internationalement à l’aide d’une combinaison de frayeurs « terroristes » visant à faire paniquer l’opinion publique et de mesures répressives pour intimider les adversaires politiques.

Une décision clé a été d’agrandir considérablement les installations pénitentiaires à la base navale de Guantanamo, à Cuba, où des centaines de détenus furent emprisonnés indéfiniment dans des conditions inhumaines. Les premiers prisonniers furent arrêtés en Afghanistan puis d’autres les rejoignirent, interpellés par la CIA et des agences de renseignement alliées partout dans le monde, et ce dans la vaste majorité des cas sans preuves crédibles.

Le gouvernement Bush avait cherché à inculper d’actes de terrorisme passibles de la prison à vie John Walker Lindh, un citoyen Américain capturé en Afghanistan et un membre présumé des Taliban. La preuve principale contre lui furent ses propres déclarations faites devant les interrogateurs militaires alors qu’il était blessé et détenu en secret et sans accès à un avocat. Le but en était de donner un exemple par une condamnation sévère pour annoncer au monde que toute résistance à l’agression américaine serait durement punie.

En mars, des articles de presse ont révélé que le gouvernement Bush avait créé un ministère fantôme « shadow government » composé de centaines de responsables censés prendre le pouvoir dans des conditions d’urgence où la loi martiale aurait été instaurée en cas d’attaque nucléaire terroriste contre Washington DC. L’aspect le plus significatif de ce projet est que le gouvernement secret en attente était composé uniquement de responsables relevant de l’exécutif. Aucun responsable des organes législatif et judiciaire n’était inclus, ni aucun dirigeant élu des partis siégeant au Congrès. Même ceux qui se trouvaient dans la ligne de succession constitutionnelle à la présidence n’étaient pas au courant de l’existence de ce programme

Entre-temps, les pouvoirs de police furent considérablement accrus en vertu du Patriot Act qui avait été adopté après le 11 septembre. Les droits des immigrés (rights of immigrants) ont été attaqués, notamment ceux des Musulmans originaires du Moyen-Orient ou d’Asie centrale et dont plus d’un millier ont été interpellés suite à un coup de filet durant les mois qui ont suivi les attentats. Deux citoyens américains, Jose Padilla et Yaser Esam Hamdi, furent détenus indéfiniment en violation flagrante de leurs droits d’habeas corpus. En juin, Bush annonça vouloir tenter de rassembler des dizaines d’agences de police différentes en un seul nouveau département mammouth de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security).
Au premier anniversaire du 11 septembre, le comité de rédaction du WSWS a publié une déclaration (statement) disant :

En l’espace d’à peine un an, ce gouvernement a perpétré les attaques les plus radicales contre les droits démocratiques de l’histoire du pays. Ce que cela implique ce n’est pas seulement le renforcement des pouvoirs de la police, mais le démantèlement de protections constitutionnelles contre la tyrannie remontant à la Révolution américaine. La structure même du gouvernement est en train d’être radicalement modifiée, transformant les rapports qui existent non seulement entre les trois pouvoirs – exécutif, législatif et judiciaire – mais encore ceux qui existent entre la population et la force armée de la police et de l’armée.


La crise du capitalisme en Europe et en Amérique

Alors que la guerre impérialiste et le renforcement de la répression d’Etat qui l’accompagne formaient le principal axe de la politique mondiale, le WSWS a aussi concentré son attention sur l’aggravation de la crise économique aux Etats-Unis et en Europe.

La banqueroute d’Enron en décembre a été suivie par une vague de faillites et de scandales de corruption d’entreprise aux Etats-Unis, exposant la pourriture existant au cœur du capitalisme américain. Le WSWS expliqué (explained) que la faillite de l’entreprise énergétique avait ses racines dans la financiarisation accrue de l’économie américaine et dans laquelle le marché boursier et l’augmentation des valeurs boursière sont devenus le principal mécanisme par lequel la classe dirigeante accumule sa richesse. Ce faisant, l’élite patronale s’est engagée dans une vaste opération de pillage – dont le vol par Enron de milliards de dollars (theft of billions of dollars) de la Californie n’était qu’un exemple.

Le WSWS a analysé les liens profonds existant entre Enron et l’establishment politique. Enron et le gouvernement Bush étaient des âmes sœurs dans la fraude et la criminalité (kindred spirits in fraud and criminality,) et le PDG d’Enron, Kenneth Lay, avait activement participé au groupe de travail énergétique secret mis en place par le vice-président Dick Cheney pour discuter entre autres des champs pétroliers irakiens.

Après Enron, les scandales de corruption d’entreprise ont éclaté dans toute une suite d’entreprises qui avaient cherché à accroître les valeurs boursières par la manipulation comptable, y compris WorldCom, Tyco, Xerox, et d’autres. D’autres entreprises géantes, dont Kmart et USAir, ont déposé leur bilan, entraînant la suppression de milliers d’emplois.

En Europe, l’année a commencé par l’introduction de l’euro, la monnaie commune pour 12 des 15 pays de l’Union européenne, avec les exceptions importantes de la Grande-Bretagne, du Danemark et de la Suède.

Une analyse (analysis) de Chris Marsden, le secrétaire national du Socialist Equality Party de Grande-Bretagne, a relevé les divisions profondes existant au sein de la bourgeoisie au sujet de l’euro et prévenait de ce que la classe ouvrière ne pouvait se ranger ni derrière la faction pro-euro, ni derrière la faction anti-euro. L’euro ne résoudrait pas, mais exacerberait plutôt les divisions de classe et les divisions nationales au sein de l’Europe capitaliste.

Le simple fait de créer une monnaie commune n'offre pas la base pour un développement harmonieux de la vie économique sur le continent. La classe capitaliste est par essence incapable de surmonter le conflit fondamental entre la production organisée à l'échelle mondiale et la division du monde entre Etats-nations antagonistes. Au contraire, dans le cadre du marché européen unique, la compétition entre les puissances européennes rivales pour la domination du continent va se poursuivre et s'aggraver…

Ce qui a réuni les gouvernements allemand et français, ainsi que ceux des dix autres Etats, à ce moment de l'histoire, c'est leur besoin urgent d'élaborer une stratégie commune pour la guerre commerciale contre les Etats-Unis et de continuer l'offensive sociale et économique contre la classe ouvrière européenne.

Le point focal de cette offensive a été l’Italie où le magnat de la presse milliardaire Silvio Berlusconi était arrivé au pouvoir en mai 2001 et avait lancé des attaques considérables contre les droits des travailleurs et les prestations sociales. Le 23 mars, l’une des plus vastes manifestations publiques de l’histoire d’après-guerre eut lieu à Rome, impliquant quelque trois millions de personnes.

Peter Schwarz, le secrétaire du Comité International, a expliqué (explained) que l’arrivée au pouvoir de Berlusconi était la conséquence des trahisons de la soi-disant alliance de l’Olivier, la coalition politique incluant les deux factions des anciens staliniens du Parti communiste italien. Il s’ensuivit une analyse précise du gouvernement de Berlusconi (Berlusconi’s government) et de son parti politique personnel, Forza Italia, ainsi que bien d’autres articles sur les luttes de la classe ouvrière italienne (Italian working class).
En Allemagne, les sociaux-démocrates et la bureaucratie syndicale ont imposé les exigences des employeurs pour une réduction des niveaux de vie de la classe ouvrière. Les syndicats ont décidé de saborder d’importantes luttes de la classe ouvrière telle la grève des ouvriers de la métallurgie (metalworkers strike) au mois de mars.

Le gouvernement de coalition du Parti social-démocrate (SPD) et des Verts nomma une commission dirigée par le directeur des ressources humaines de Volkswagen, Peter Hartz, pour rédiger un projet de « réforme » des programmes sociaux et marché du travail destiné à créer un énorme secteur à bas salaire susceptible de servir de levier à une attaque frontale contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Sur la base de ce programme, le gouvernement de coalition conserva le soutien du patronat et remporta les élections en septembre (won re-election in September).

A l’automne de 2002, le gouvernement travailliste du premier ministre Tony Blair a dénoncé les grèves des sapeurs pompiers (strikes by firefighters) pour des salaires et des conditions de travail meilleurs. Ce conflit fut le premier test auquel furent soumis toute une couche de responsables syndicaux, nombre d’entre eux provenant de groupes pseudo-gauches comme le Socialist Workers Party et le Socialist Party, et qui prétendaient lutter pour que le Parti travailliste (Labour Party) « redevienne » socialiste. Le WSWS exposa au grand jour ces dirigeants (exposed these leaders) et ceux qui ont cherché à entretenir des illusions sur eux. Cette critique fut rapidement confirmée lorsque le syndicat des pompiers annula les grèves pour entamer des pourparlers avec les employeurs. Une soi-disant revue indépendante recommanda la privatisation de certains services d’incendie.


Le WSWS et les élections en France

Le développement politique central en Europe, et celui dans lequel le WSWS a fait sa plus importante intervention, ont été les élections présidentielle et législative en France. Elles eurent lieu en quatre étapes : un scrutin à deux tours pour l’élection du président, les 21 avril et 5 mai 2002 et un scrutin à deux tours pour le vote des députés un mois plus tard, les 9 et 16 juin.

Au moment de la campagne électorale, la France avait un gouvernement divisé avec un président gaulliste de droite, Jacques Chirac, élu en 1995 et un Parti socialiste majoritaire au parlement, dirigé par le premier ministre Lionel Jospin, élu en 1997. Cette division du pouvoir, qualifiée de cohabitation, avait laissé Chirac en charge de la politique étrangère et militaire, tandis que le cabinet de Jospin était responsable de la politique intérieure et fut, dans l’esprit des travailleurs français, assimilé au programme de privatisation et de suppression d’emplois mis en œuvre partout en Europe.

Si Chirac était largement détesté dans la classe ouvrière et que sa tentative de réélection était considérée comme incertaine, Jospin et le PS ne représentaient nullement une alternative. Le candidat de l’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen du Front national néo-fasciste, fut en mesure de se présenter comme l’unique candidat majeur à s’opposer au consensus gouvernemental. Un tiers des électeurs sont restés chez eux et le PS, tout comme le Parti communiste, a perdu du soutien au profit des candidats des partis de « l’extrême gauche » qui ont obtenu 11 pour cent, soit près de trois millions des voix.

Lors du premier tour des élections, Chirac est arrivé en tête avec moins de 20 pour cent des voix – ce qui indiquait l’ampleur de son impopularité – mais, contre toute attente, Jospin ne termina pas second pour participer au second tour, mais perdit au profit de Le Pen. Cela signifiait qu’au second tour, prévu le 5 mai, les électeurs devaient choisir entre Chirac et Le Pen, des candidats de droite qui avaient recueilli ensemble le soutien de moins d’un quart des électeurs inscrits. Des centaines de milliers de travailleurs et de jeunes sont descendus dans la rue pour manifester leur haine contre les fascistes et leur crainte de voir arriver Le Pen au pouvoir.

En réponse aux résultats du premier tour, le Comité International de la Quatrième Internationale a publié une déclaration lançant un appel à la classe ouvrière pour qu’elle boycotte le second tour des élections afin d’« enlever toute crédibilité à cette escroquerie électorale » et afin qu’elle ait « un moyen de traduire le mécontentement de masse en une authentique action politique. »

Le CIQI a rejeté les affirmations des syndicats, du Parti Socialiste et du Parti communiste qu’un vote pour Chirac était indispensable pour empêcher que le néo-fasciste Le Pen n’arrive au pouvoir. Ces forces étaient elles-mêmes responsables de la montée du vote de Le Pen qui avait en grande partie progressé dans les anciennes régions ouvrières industrialisées ayant jadis été des bastions du PS et du PCF.

La déclaration soulignait que le Front national posait un véritable danger mais qu’il ne pouvait être évité par un vote pour Chirac. Les résultats des élections ont au contraire révélé une crise de confiance à l’égard de l’ensemble de la structure politique bourgeoise, tant vis-à-vis de la droite gaulliste que de la « gauche » social-démocrate. La classe ouvrière devait avancer une alternative politique claire.

Un boycott est nécessaire pour commencer la clarification politique de la classe ouvrière et s'opposer à la désorientation créée par la traîtrise des partis socialistes et communistes. Les travailleurs, étudiants et intellectuels qui bouillonnent de colère devant le résultat des élections ne doivent pas être laissés dans l'isolement, ou pire, être acculés à contribuer à faire élire un gouvernement engagé à attaquer la classe ouvrière. Une politique active est nécessaire, comprenant l'organisation de réunions pour promouvoir le boycott, de manifestations et de grèves politiques. Ceux qui prétendent que voter pour Chirac est le seul moyen de battre le Front National ne font que révéler leur propre paralysie et pessimisme. Une classe politique qui présente un tel personnage dans le rôle du champion de la démocratie ne fait que révéler sa propre décrépitude.

La déclaration a averti de ce que l’issue probable d’un soutien de « gauche » pour Chirac serait un président droitier soutenu par une vaste majorité de droite au parlement – le résultat préféré de la bourgeoisie. Elle concluait ainsi :

Contre le chauvinisme nationaliste, la xénophobie et le protectionnisme prônés par Le Pen ­ et dont de larges sections de la soi-disant gauche se font l'écho - la classe ouvrière doit avancer son propre programme internationaliste pour unifier les luttes des travailleurs partout en Europe pour défendre son niveau de vie et ses droits démocratiques. Pour les travailleurs, l'alternative au marché unique européen des sociétés transnationales c'est la lutte pour les Etats Socialistes Unis de l'Europe.

Alors que la crise politique en France sollicitait l’attention européenne et internationale, le rôle joué par les trois partis de « gauche » qui avaient jadis affirmé être trotskystes devenait crucial. Il s’agit de Lutte Ouvrière (LO), de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et du Parti des Travailleurs (PT). Le CIQI a publié une lettre ouverte pour leur demander de se joindre à une campagne de la classe ouvrière en faveur d’un boycott tout en mettant en garde ceux qui avaient voté pour ces organisations qu’elles n’avaient aucune intention de le faire.

Durant les manifestations du 1er mai à Paris et dans d’autres villes, les partisans du CIQI ont distribué cette déclaration appelant à un vaste boycott du second tour des élections. Peter Schwarz, le secrétaire du CIQI, et le rédacteur artistique du WSWS, David Walsh, s’étaient rendus à Paris pour rendre compte de ces événements politiques marquants.

Durant les deux semaines de l’entre-deux tours de l’élection, le WSWS a publié des dizaines de reportages et de commentaires faits sur place et concernant la crise française, dont des interviews d’Arlette Laguiller, la candidate présidentielle de Lutte Ouvrière, d’Olivier Besancenot , le candidat présidentiel de la Ligue communiste révolutionnaire et de Robert Hue, le secrétaire général du Parti communiste français.

Nos correspondants ont eu des discussions avec des ouvriers ainsi qu’avec de simples membres de la LCR et du Mouvement des jeunes communistes. Il y eut un échange de lettres et des polémiques quotidiennes quant à la ligne d’action à suivre pour la classe ouvrière en France.

Les partis de la pseudo-gauche ont soit rejeté, soit ignoré le boycott proposé par le CIQI et ont soit ouvertement soutenu Chirac ou se sont pour l’essentiel abstenus sans défier la campagne pro-Chirac menée par le PS, le PCF et les syndicats. Ceci a permis au candidat de droite de remporter le deuxième tour des élections par une forte avance de plus de 80 pour cent, et ensuite les élections législatives en juin. Comme l’avait souligné le WSWS et le CIQI, le gouvernement Chirac qui en résulta intensifia sa politique réactionnaire d’austérité à l’encontre des masses laborieuses et ses attaques racistes contre les immigrés.


Autres développements politiques

Tout au long de l’année, le WSWS a analysé et commenté un vaste éventail de développements politiques s’étant produit sur chaque continent.

En février, l’ancien président serbe, Slobodan Milosevic, comparaissait devant le Tribunal pénal international pour l’ancienne Yougoslavie. Dans une série de trois articles (three-part series) le WSWS a réfuté l’affirmation que Milosevic était l’unique responsable du bain de sang en Yougoslavie, une accusation visant à couvrir le rôle joué par les puissances occidentales dans le démantèlement de ce pays.

Toujours en février, au Sri Lanka, le gouvernement mené par l’United National Party (UNP) signait un cessez-le-feu (cease-fire) officiel avec les séparatistes des LTTE (Tigres de libération de l’Eelam tamoul). Le WSWS expliqua que les deux camps avaient subi des pressions considérables de la part des Etats-Unis et des puissances européennes pour mettre un terme au conflit et à son influence déstabilisante sur le sous-continent indien, mais l’accord fut fragile et ne régla rien.

Dans le cadre de sa défense intransigeante des droits démocratiques fondamentaux et de l’unité des travailleurs tamouls et cinghalais, le SEP sri lankais (Sri Lankan SEP launched a campaign) lança une campagne pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle de près d’un millier de prisonniers politiques tamouls détenus en vertu de la draconienne Loi de prévention du terrorisme et des dispositions d’urgence en vigueur dans le pays.

Le même mois, la pire flambée de violence communautaire en Inde en dix ans, fomentée par le parti chauvin hindou BJP, coûta la vie à plus de 800 Musulmans dans l’état du Gujarat. Le WSWS a expliqué que cette tragédie n’était pas seulement la responsabilité du BJP mais aussi celle du Parti du Congrès et des factions rivales du stalinisme en Indien.

Des élections eurent lieu en mars au Zimbabwe et les puissances européennes, menées par la Grande-Bretagne, vinrent appuyer de tout leur poids le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) contre le régime au pouvoir de longue date de Robert Mugabe. Les puissances impérialistes montèrent une campagne contre Mugabe au sujet d’infractions alléguées aux droits démocratiques, de violence contre ses adversaires politiques et de la confiscation de fermes appartenant à des blancs. Elles imposèrent des sanctions qui ravagèrent l’économie du pays.

Egalement en mars, eut lieu l’incursion militaire israélienne dans la Bande de Gaza. Le gouvernement Sharon envoya des chars dans le but d’assiéger le quartier général du président de l’Autorité palestinienne et de l’OLP, Yasser Arafat et perpétra le massacre de Jénine (massacre in Jenin).

Les commentaires parus sur le WSWS ont examiné le rôle joué par Sharon en 1982 dans les crimes de guerre (Sharon’s role in the war crimes) commis durant l’invasion israélienne du Liban et qui a culminé dans le massacre de réfugiés palestiniens. Il examina en détail la faillite politique de l’OLP (political bankruptcy of the PLO) qui représentait l’échec du nationalisme bourgeois arabe séculaire et ouvrait la voie à la montée politique de l’intégrisme islamique réactionnaire du Hamas. Le WSWS a aussi condamné une proposition de boycott des universitaires israéliens (Non au boycott des universitaires israéliens ), rejetant cette décision comme un effort réactionnaire d’assimiler l’ensemble de la population israélienne aux crimes commis par le régime sioniste.

Le WSWS a exposé au grand jour le soutien accordé par Washington au coup d’Etat raté d’avril visant à destituer le président vénézuélien Hugo Chavez et en a analysé la signification. La tentative d’un changement de régime encouragée en coulisses par le gouvernement Bush et motivée en partie par la volonté de contrôler les vastes ressources pétrolières du pays, fut un échec cuisant même si la politique nationaliste de Chavez demeurait une impasse pour la classe ouvrière d’Amérique latine.

Tout au long de l’année, le WSW a poursuivi ses reportages sur les attaques croissantes du gouvernement Howard en Australie contre les réfugiés. Celle-ci occasionnèrent des grèves de la faim (hunger strikes) et d’autres protestations (protests). Dans une série en quatre parties (four-part series), le WSWS a fourni non seulement un examen minutieux de l’enquête sénatoriale officielle sur le cas du le SIEV X, un bateau de réfugiés qui avait fait naufrage fin 2001 en tuant 353 personnes. Les témoignages des commandants des forces navales avaient contredit les affirmations faites plus tôt par les autorités australiennes de n’avoir eu aucne connaissance du SIEV Y avant qu’il ne coulât.

En octobre, eurent lieu des attentats à la bombe sur l’île indonésienne de Bali (terrorist bombings in the Indonesian island of Bali) qui tuèrent plus de 200 personnes, dont 88 Australiens. Après qu’il a été divulgué que les agences de renseignement avaient eu connaissance par avance de menaces d’actes de terrorisme dans les centres touristiques en Indonésie, la colère s’éleva contre le fait que le gouvernement Howard n’avait pas donné d’alerte publique (failure to issue any warning). Quelques jours après les attentats, des policiers et des officiers lourdement armés d’ASIO, le service de renseignement intérieur australien, organisèrent des rafles terrifiantes (terrifying raids) dans les maisons de familles islamiques ouvrières à Sydney et à Perth.

Le WSWS a aussi étudié (examined) la crise existant au sein du Parti libéral canadien au pouvoir et qui a conduit à l’annonce en août que Jean Chrétien démissionnerait bientôt en tant que premier ministre. Chrétien avait dirigé les plus fortes coupes dans les dépenses sociales de l’histoire canadienne, pour introduire ensuite un plan de 100 milliards de dollars de gains en capital et de réductions d’impôts pour les sociétés. Et pourtant, le patronat appuya le défi sans précédent pour le leadership venu de l’ancien ministre des Finances de Chrétien, Paul Martin, dans l’espoir que celui-ci poursuivrait une politique encore plus droitière.

L’élection de Luis Inacio Lula da Silva, le dirigeant du Parti des Travailleurs (PT) au Brésil (Le brésilien «Lula» célèbre sa victoire, le FMI demande plus d'austérité), a amené au pouvoir dans le plus vaste et le plus important pays d’Amérique latine, un gouvernement basé sur les syndicats. Le WSWS a expliqué que les promesses populistes de l’ancien dirigeant des travailleurs métallurgistes étaient incompatibles avec les exigences du FMI, de l’impérialisme américain et de la bourgeoisie brésilienne, et qu’il serait à leurs ordres.

La crise politique américaine trouva une nouvelle expression lors du premier vote national depuis le vol de l’élection présidentielle de 2000. Le WSWS a analysé la déroute subie par les Démocrates (rout suffered by the Democrats) expliquant qu’elle représentait une continuation de la couardise et de la faillite politique déjà manifestées par ce parti patronal, en 2000 et précédemment, dans sa réaction face à la procédure de destitution contre Bill Clinton.

Le bâtiment du tribunal de La Haye

Art et culture

Outre la publication de nombreuses critiques de films parmi lesquels on trouve The Royal Tenenbaums, Black Hawk Down, Rabbit-Proof Fence, The Fellowship of the Ring, Frida, Insomnia, 8 Mile et The Quiet American – des critiques du WSWS assistèrent à des festivals du film dans le monde entier, comme ceux de Berlin, Buenos Aires, San Francisco, Sydney, Toronto, et Cottbus en Allemagne.

Des articles nécrologiques retracèrent la carrière de plusieurs figures importantes du cinéma comme les metteurs en scène Billy Wilder et John Frankheimer, er l’acteur Richard Harris.

Il y eut aussi des articles livrant une appréciation de l’acteur de télévision et humoriste britannique Spike Milligan, du contrebassiste de jazz Ray Brown et du chanteur de chansons folkloriques Dave Van Ronk qui fut associé au mouvement trotskyste dans les années 1960.

L’éventail des sujets discutés dans la rubrique artistique devint toujours plus étendu : cela incluait entre autres un commentaire des origines de la chanson anti-lynchage “Strange Fruit”, une critique du film de Ken Burns sur Mark Twain (Ken Burns documentary profile of Mark Twain) et une critique par Piyaseeli Wijegunasingha d’un nouvel opéra en langue cingalaise, basé sur une histoire traditionnelle de la vie de Bouddha (new Sinhala-language opera).

La critique par David Walsh d’une nouvelle adaptation de King Lear au Festival de théâtre de Stratford au Canada débattait des aspects sociaux de la grande tragédie de Shakespeare, en particulier du moment où le roi sombre dans la folie, rejeté de la société, et erre parmi les plus pauvres de ses anciens sujets.

Plusieurs critiques importantes d’expositions artistiques furent publiées, parmi lesquelles  celle d’art surréaliste (surrealist art) de Düsseldorf, en Allemagne et l’exposition « Degas et la danse » (Degas and the Dance) à l’Institute of Arts de Detroit.

Une des plus importantes expositions de 2002, tenue dans une demi-douzaine d’endroits différents aux Etats-Unis exposait l’œuvre du peintre afro-américain Jacob Lawrence (African-American painter Jacob Lawrence). L’exposition comprenait sa suite de soixante peintures de la grande migration noire depuis le Sud des Etats-Unis dans la première moitié du vingtième siècle, ainsi qu’une suite de vingt-quatre panneaux montrant la vie et la mort de l’abolitionniste John Brown.

Clare Hurley écrivit à propos de cette exposition:

En montrant l’universel, l’art ne peut pas résister au particulier. Cependant, Lawrence recherche un aspect de l’expérience humaine non différentiée par l’individu, illustré par le fait qu’il ne semble jamais peindre des visages particuliers ou même des visages tout court. Les têtes sont baissées, détournées, sans expression ou ils ont des traits schématiques.

Cela produisait des problèmes artistiques qui étaient liés à l’environnement politique dans lequel Lawrence (1917-2000) a travaillé durant toute sa carrière :

Même dans le domaine de l’art socialement engagé, la position de Lawrence était difficile. D’une part, il était soumis à la critique de ne pas être assez radical, de l’autre il se trouvait censuré par l’establishment blanc, duquel il dépendait, à chaque fois qu’il introduisait quelque chose qui suggérait même de loin la violence de l’expérience noire. 

Le responsable de la rubrique artistique, David Walsh, prit à deux reprises la parole dans l’Etat du Michigan. En janvier, il s’adressa à un forum tenu à Détroit (forum in Detroit) au Museum of New Art sur l’art dans le nouveau millénaire. En décembre, il prit la parole dans ce même musée lors d’une discussion sur le sujet « Les artistes et la guerre contre l’Irak » (Artists and the War Against Iraq).

Parmi les autres sujets traités figurait une nécrologie du paléontologue Stephen Jay Gould.

Une critique du livre (review of the book) « The Einstein File: J. Edgar Hoover’s Secret War Against the World’s Most Famous Scientist, » débattait de questions importantes soulevées par la ‘peur rouge’, la chasse aux sorcières du maccarthysme dans les années 1950 et le rôle politique d’Albert Einstein.