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dimanche, février 03, 2013

Qu'est-ce qu'une révolution communiste et libertaire?

Les lignes qui suivent paraîtront sans doute naïves à certain(e)s. 

C’est le risque encouru en traitant simplement, et en peu de mots, de sujets complexes qui ont fait l’objet d’innombrables publications, depuis deux siècles au moins.

Il s’agit d’apporter les premiers éléments de réponse (de réflexion, de débat) à des questions que se posent - sans presque jamais oser les formuler - beaucoup de ceux et de celles qui découvrent les manifestations de rue et les drapeaux libertaires.


Peut-être des militantes et militants plus confirmé(e)s pourront-ils également faire leur profit de ce dialogue imaginaire, qui n’a d’autre ambition que d’en susciter d’autres, de vive voix.

 (Ce texte a été écrit en 2002 par Claude Guillon, un anarchiste français, et est tiré directement de son site web.)

Qu’est-ce qu’une « révolution » ?

Nous appelons révolution un changement radical - c’est-à-dire qui s’attaque aux racines - du système économique, social et politique en place.

Dans une société capitaliste comme celle où nous vivons, une révolution s’attaquera au salariat, système dans lequel l’activité humaine est pour l’essentiel contrainte et limitée au travail (production de marchandises), travail exploité pour le profit des patrons et/ou des actionnaires.

La révolution abolira, avec le travail salarié, l’argent, qui sert de support à l’abstraction de la valeur (d’une marchandise, d’une heure de travail, d’un être humain...).

La révolution se heurte aussitôt à ce que l’on peut désigner comme les « grandes » institutions, l’État par exemple, sa police, et éventuellement son armée. Elle bouleverse aussi les institutions de la vie quotidienne que sont la famille et le couple, où les rapports d’autorité s’organisent selon l’âge et le sexe (autorité des adultes sur les mineur[e]s, des hommes sur les femmes). Ce bouleversement est à la fois un objectif important des révolutionnaires, et l’effet matériel d’une période de rupture avec les habitudes de la vie courante (grève générale, déplacements difficiles, occupations...).

Si certaines choses sont aujourd’hui plus faciles à changer qu’il y a un siècle (par exemple : dissocier plaisir érotique et procréation, grâce à la contraception), d’autres comportements ont peu varié (les femmes effectuent toujours 70% des tâches ménagères). La réflexion et les luttes sur ces questions sont partie intégrante d’un combat révolutionnaire qui ne s’arrêtera pas par miracle un grand soir ou un beau matin.

La perspective d’une révolution n’est-elle pas utopique ?

Autrement dit : une révolution est-elle possible ?

Ce qui est impossible pour nous, et ça nous en sommes sûrs, c’est de supporter le monde tel qu’il est !

Nous avons tout à gagner à un bouleversement radical du monde, et rien à y perdre, parce que tout ce qui fait pour nous le plaisir de notre brève existence - les rencontres, les discussions, l’amour, les émotions partagées - tout cela est aujourd’hui contraint, limité, atrophié.

Il n’existera pas de société parfaite une fois pour toute où vivre heureux sans conflits. C’est dans l’effort même, dans le mouvement même de transformation révolutionnaire des rapports sociaux, que la vie se révèle mille fois plus passionnante.

Comme l’écrivait l’anarchiste russe Bakounine : « Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres [ajoutons : et les femmes libres, et les enfants libres] qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté. [...] Ma liberté personnelle ainsi confirmée par la liberté de tout le monde s’étend à l’infini. »

Il faudra bien continuer à manger, à s’éclairer à vider les poubelles, que sais-je ?

Passés les premiers jours de paralysie, inévitable et nécessaire (pour affirmer la force du mouvement, contrecarrer d’éventuels mouvements de l’armée ou de la police), il faut remettre en marche certains secteurs d’activités : transports, ravitaillement, distribution d’eau, de gaz, d’électricité. Tous ces biens seront distribués gratuitement.

Un grand nombre d’autres secteurs seront définitivement abandonnes, soit immédiatement, soit progressivement.

Immédiatement : les usines produisant des marchandises inutiles (une majorité de la production actuelle) ou nuisibles. Progressivement : un secteur comme le nucléaire, qui exige, même après l’arrêt de la production, une surveillance et des activités complexes de démantèlement.

On remarque que l’abolition du salariat, le partage par roulement des tâches indispensables au fonctionnement de la société (ramassage des ordures, par ex.), et la suppression de l’argent (distribution communautaire des biens de première nécessité ; pour le reste imagination et troc sur le modèle des actuels SEL) règle très simplement la fausse question du chômage.

Notons encore qu’en matière d’alimentation, seuls les aliments dits « biologiques », aujourd’hui réservés à une clientèle aisée, seront distribués collectivement. Ce choix de bon sens écartera le risque de catastrophe de type « vache folle » ou OGM.

Bien des questions pratiques seront discutées et réglées le moment venu par les gens concernés, et d’une manière impossible ou difficile à prévoir Il est donc vain de dresser par avance un catalogue de mesures. Cependant, il faut comprendre qu’une révolution ne signifie pas la prise en main par une population du monde tel qu’il est. Il faudrait, sinon, « autogérer » les usines d’armement, l’administration fiscale, et les camps de rétention pour sans-papiers... On se demande pourquoi on dépenserait tant d’énergie pour en arriver là ?

Avançons l’hypothèse, à titre d’exemple, et pour illustrer malgré tout notre raisonnement, qu’en matière de transport, un moyen aussi coûteux, aussi dangereux, et aussi nuisible à l’environnement (kérosène, bruit) que l’avion serait progressivement abandonné. On peut penser qu’à rebours de la préoccupation « moderne », la durée des voyages sera considérablement allongée. Parce qu’on ne se souciera plus de « faire l’Asie en dix jours », et que l’on préférera découvrir des gens et des paysages, sans patron pour vous dicter la date du retour.

La révolution n’est-elle pas synonyme de violence ?

Il n’est pas difficile, en observant autour de soi, dans sa famille ou dans la rue, en regardant la télévision ou en lisant le journal, de voir que le monde tel qu’il est aujourd’hui, le capitalisme en voie de mondialisation, héritage des sociétés coloniales du siècle dernier, que le monde actuel est synonyme de la pire violence.

À titre d’exemple : la violence domestique masculine fait aujourd’hui, dans un pays comme l’Espagne, six fois plus de victimes (90 femmes assassinées par mari ou amant en 2001) que le terrorisme des séparatistes basques de l’ETA.

Le degré de violence nécessaire pour renverser l’ordre établi ne dépend pas que de la bonne volonté des révolutionnaires, mais dans une large mesure de la réaction des maîtres du monde. L’acharnement des industriels, des technocrates, des politiciens, et des électeurs de Le Pen à réagir à un mouvement révolutionnaire ; la violence dont ils seraient disposés à user pour le réduire, tout cela conditionne de manière imprévisible le degré de violence inévitable d’une révolution.

Dans une société techniquement développée où peuvent être mises en œuvre de nombreuses techniques de sabotage (informatique notamment), qui ne nécessitent pas ou très peu de violence physique, les meilleures chances sont réunies de paralyser le système en faisant moins de victimes humaines que les accidents de la route un week-end de Pâques.

Par la suite, la société en révolution - par les priorités qu’elle adopte en matière de santé (pas de médicaments toxiques ; pas de contingentement des matériels hospitaliers), de prévention (Sida), de réduction des travaux pénibles et dangereux -, réduit le nombre des « victimes sociales » qui paient aujourd’hui de leur vie le fonctionnement d’un système fondé sur le profit.

N’est-il pas plus facile et plus réaliste de changer la société par des réformes ?


Le réformisme se présente comme une solution raisonnable et « réaliste ».

Le problème, c’est que, seul, il ne réforme jamais rien.

La fonction historique et politique du réformisme n’est pas d’aboutir aux mêmes résultats qu’une révolution, par des moyens plus lents ou plus « doux ». La fonction du réformisme est de désamorcer les révoltes et de convaincre les victimes du système capitaliste qu’on peut très bien aménager leur sort à l’intérieur du système, sans en changer les règles, et sans priver les réformistes de leurs jobs.

Même s’il s’agit d’obtenir des réformes, la stratégie révolutionnaire est la plus efficace. En effet, un pouvoir ne peut répondre que de deux façons - éventuellement combinées - à une menace révolutionnaire : par la force armée ou par les concessions réformistes.

Si un mouvement social limite de lui-même, dans le souci d’être présentable à la télé, raisonnable et réaliste, ses prétentions et ses buts, il n’échappera pas à la violence (on lui envoie les CRS) et risque de ne rien obtenir du tout.

Dans une négociation, le pouvoir essaiera toujours d’accorder moins que ce qui est demandé ; si je demande moins que ce que je veux, je suis assuré de ne pas obtenir ce que je veux.

Le plus simple est d’afficher clairement le projet révolutionnaire, ce qui n’empêche pas de tirer avantage des concessions momentanés de l’État.

Prendre le parti de la révolution ne signifie pas opter pour « tout ou rien », en remettant toujours l’essentiel à plus tard (au grand soir), c’est au contraire profiter de toutes les occasions historiques, de toutes les luttes, pour réaffirmer l’exigence communiste et libertaire : tout se réapproprier dans la liberté, pour tout partager dans l’égalité.

Tout ce qu’il est convenu de nommer les « avancées démocratiques » ont d’ailleurs été accordées sous la pression de la rue et des barricades. Il arrive que les gouvernants modernes y fassent allusion, quand ils espèrent que ce rappel historique dissuadera de nouveaux barricadiers de se dresser contre eux. On dira par exemple que des gens sont morts pour que nous ayons le droit de vote, ce qui devrait nous décourager d’utiliser d’autres moyens d’action. Mais bien sûr, c’est un mensonge. Beaucoup de gens ont effectivement combattu et certains sont morts en combattant, et dès la Révolution française, contre ceux qui voulaient la confisquer, en décréter la fin obligatoire, puis plus tard contre ceux qui voulaient revenir à la monarchie. Mais finalement, c’est bien la république qui a tue le plus d’ouvriers sur les barricades, notamment en 1848 et en 1871, durant la Commune de Paris.

Il existe de nouveaux groupes réformistes. Ils utilisent parfois un vocabulaire ou des méthodes d’action illégales empruntées au mouvement révolutionnaire. Ils réclament le droit au logement, un revenu garanti pour tous, ou une taxe sur les mouvements de capitaux... Ils captent l’indignation généreuse et le besoin d’action de beaucoup de gens qui ne se sentent pas attirés par des groupuscules révolutionnaires souvent fermés et sectaires. Ils n’ont pas d’autre perspective qu’un illusoire « contrôle citoyen » sur le capitalisme.

Or la « démocratie », c’est précisément la mise en scène politique du contrôle citoyen, garant de la moralité d’un « capitalisme à visage humain » ; « l’économie régulée par le droit », comme dit José Bové. Même s’ils peuvent embarrasser momentanément un ministre, un gouvernement ou une administration, ils participent finalement au bon fonctionnement du système, qui s’applique à les neutraliser, les intégrer, les digérer.

Le projet révolutionnaire, c’est-à-dire le projet d’une rupture révolutionnaire avec le monde présent et le projet de la construction d’une autre société, n’est pas un rêve, au sens où il serait impossible à réaliser. Le projet révolutionnaire, c’est la meilleure façon d’être réaliste, c’est-à-dire de s’en tenir à nos révoltes, à nos désirs, à nos rêves, pour refuser le cauchemar hélas trop réel d’un monde dont Marx constatait déjà qu’il est « baigné par les eaux glacés du calcul égoïste ».

Il existe des partis, des ligues d’extrême gauche qui se réclament du communisme et/ou de la révolution. Qu’est-ce qui les sépare des libertaires ?

Des postaliniens [1] du PC aux trotskistes de la LCR (100% à gauche, avec de vrais morceaux de gauche dedans !) il ne manque pas de partisans du « communisme » ou d’une « révolution », à condition qu’ils en soient les chefs et les bénéficiaires !

Les anarchistes, les communistes libertaires sont restés fidèles au principe affiché par la Première Internationale : l’émancipation des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes.

Nous n’avons que faire des avant-gardes, des magouilleurs et des bureaucrates ! C’est aux exploités eux-mêmes à prendre leurs affaires en mains, partout et dès maintenant - sur les lieux de l’exploitation salariée, dans les quartiers et dans la rue - sans attendre la bonne période historique décrétée par le comité central.

Les retours sur l’histoire (celle de la révolution russe, par exemple) sont des moyens efficaces de vérifier la réalité des bons sentiments affichés aujourd’hui par les uns et par les autres. Il fallu à peine huit ans aux bolcheviks pour éliminer, par le meurtre et la mise en camps, toute opposition politique : mencheviks, socialistes révolutionnaires et anarchistes. La révolte des marins de Cronstadt et l’insurrection Makhnoviste en Ukraine furent écrasées dans le sang. La Terreur bureaucratique, dont Trotski fut un rouage essentiel (à la tête de la police politique et de l’armée rouge), se retourna contre ses propres partisans. Lui-même fut exécuté, sur ordre de Staline, dans son exil mexicain. Or beaucoup de trotskistes actuels ont autant de mal que les postaliniens à digérer leur passé et à condamner sans ambiguïtés ni baratin les crimes de lénine, de trotski, et de staline.

Aujourd’hui, les trotskistes de la LCR tentent de capter à leur profit la sympathie pour les idées anarchistes qu’ils sentent dans le mouvement social et ses manifestations. Besancenot n’a plus que l’adjectif « libertaire » à la bouche et explique que son drapeau rouge s’est teinté de noir [2] (et de vert, pour draguer les écolos). Mais que dit-il ? Que la LCR veut participer à « un gouvernement qui romprait avec le capitalisme et ouvrirait la voie au socialisme démocratique » (Révolution, p. 150). C’est mot à mot le même mensonge que Mitterrand a utilisé à la fin des années 70 pour reconstituer un parti socialiste capable... de ce que nous avons vu (il est vrai que la taupe trotskiste Jospin parvint à se faire nommer Premier ministre). Bien sûr, tout serait différent avec la LCR ! Est-ce si sûr ? Lisons Besancenot : « Nous ne pensons pas supprimer l’argent du jour au lendemain (p. 180) [...] Notre projet est plus ambitieux : créer massivement des emplois en réduisant le temps de travail [...] (p. 209). « Cependant, la phase de transition [vieille blague bolchevique !] vers une société égalitaire, le processus de production sera encore soumis à la division technique du travail. Il ya aura encore des ouvriers, des employés, des techniciens et des cadres exerçant chacun des fonctions spécifiques ; les revenus seront encore définis selon les compétences et non les besoins (p. 252). »

Et qu’arrivera-t-il aux impatients qui n’auront que foutre de produire pour le nouveau régime sous la direction des mêmes cadres, payés avec le même argent, le tout sous la direction lumineuses des militants LCR ? On leur enverra les « nouveaux emplois » miliciens chargés de leur faire rentrer dans le crâne à coup de crosses le réalisme historique qui décide en réunion de comité central à quel moment les temps sont mûrs !

Comment faire confiance à des gens qui, même après 80 ans de réflexion, justifient d’avance les répressions futures ? Leurs placards sont remplis de cadavres, nous ne l’oublions pas. Quant aux idées libertaires et au noir de nos drapeaux qu’ils prétendent gérer en franchise : BAS LES PATTES !

Tout ce qu’il faudrait changer, inventer !... Ça paraît une tâche surhumaine !

À moins de céder au délire des croyants, selon lequel il existerait un « dieu » créateur qui manipulerait les humains comme des marionnettes et les surveillerait depuis on ne sait quel « au-delà », il faut bien considérer que les êtres humains sont les seuls responsables de leur vie, de ce qu’ils y acceptent ou refusent.

Ça ne veut pas dire que le sans-papier vivant à Paris ou le paysan sans-terre brésilien sont coupables de l’oppression qu’ils subissent, mais que ce sont des hommes de chair et de sang qui les exploitent et les persécutent, et non une fatalité surhumaine, contre laquelle il serait impossible ou vain de se dresser.

Quant aux efforts que nécessite la construction d’un autre futur, ils sont immenses, mais - à l’échelle de l’espèce humaine entière - pas plus impressionnants que ceux que tu as fournis, nourrisson humain de quelques kilos, dépendant en tout des adultes qui t’entouraient, pour devenir un individu pensant, parlant et marchant sur ses pattes de derrière, capable d’utiliser un ordinateur et de chanter un poème de Rimbaud...

Pense à l’extraordinaire gisement de culture, de savoir-faire, et d’énergie que constitue l’humanité, aujourd’hui divisée par les fanatismes religieux, les guerres coloniales ou tribales, l’exploitation et la faim. Ce gisement n’est utilisé qu’à dix pour cent peut-être, et pour le seul bénéfice du capitalisme mondialisé. Il ne sera pas difficile de faire « moins pire » !

Je suis désolé, mais j’y crois pas !

Personne ne te demande de « croire » à la révolution, comme on croit au Diable, aux extraterrestres ou à la réincarnation. Il ne s’agit pas non plus d’une perspective lointaine et motivante, comme une espèce de super-carotte (bio !) à te suspendre devant le nez.

La révolution est le projet collectif de la libre association d’individus libres, qui commencent à changer le monde dès maintenant.

Il n’est que trop facile de trouver dans la lecture d’un journal ou le comportement de ses collègues des raisons de se replier dans le cynisme vulgaire : « Tous des cons ! ». Pour les plus atteints, le comble de la rancœur misanthrope vise telle catégorie particulière : les Noirs, les immigrés, les femmes...

Pour un révolutionnaire, « l’optimisme de la volonté » n’est pas un parti pris moral, il a un contenu dynamique et pratique : plus on éprouve la jouissance, et plus on aime faire l’amour ; plus on rencontre d’individus différents, et plus on est affamé de la diversité du monde ; plus on vérifie dans l’action ses capacités à changer la vie, et plus on se découvre de nouvelles raisons d’agir.

Vade-mecum II, Paris, (première version, mai 2002).
[1] Au PC ou à Attac, le postalinien (contraction du préfixe post et du qualificatif stalinien), n’a plus la faucille et pas toujours la carte, mais il assume le rôle historique du stalinien : nuire à la révolution par tous les moyens.
[2] Révolution, Flammarion, 2003, p. 72.

jeudi, août 23, 2012

Blanc bonnet, bonnet blanc

Je me souviens plus comment je suis tombé sur ça, mais je voulais le partager avec vous et puis, ça tombe bien, ce soir c'est le lancement de ce nouveau web magazine nommé Nous Autres d'où est tiré l'article.

Au delà de la loi en tant que tel, c'est le jeu politique derrière qui m'a fait le plus sourire; les acteurs, plusieurs encore sur scène, ont des positions opposées a celles d'aujourd'hui, on entends les mêmes bla-blas, les indignations creuses, les larmes de crocodiles et tout le tralala du triste spectacle politicien. Une autre époque, qui nous rattrape aujourd'hui avec la mise en application du fameux article 500,1 du code de la sécurité routière, mais aussi un aide mémoire pour nous rappeler que rouge ou bleu, ils nous saignent a blanc!

* * *

DE LA ROUTE À LA RUE : 
PETITE HISTOIRE POLITIQUE D'UN INSTRUMENT DE RÉPRESSION POLICIÈRE


Ministres et députés sont bien concentrés à débattre des virgules et des termes exacts d’un projet de loi qui pourra les protéger des moyens de pression populaires. Une déclaration récente du premier ministre témoigne de leur état d’esprit : « Il faut que les gens comprennent que ça ne sert à rien de se dresser contre un gouvernement, contre une population [1]».  Pour ces personnes au sommet de l’appareil étatique, il est hors de question que la rue dicte la conduite de l’État, même s’il faut que la Sûreté du Québec intervienne brutalement contre des regroupements citoyens ou que la Ligue des Droits et Libertés en vienne à condamner les méthodes excessives du gouvernement québécois [2].

On se croirait presque en 2012

Pourtant, lorsque ce scénario défile, ce sont les camionneurs indépendants qui dévient de la ligne droite de l’ordre établi, les grandes entreprises de transport qui leur mettent des bâtons dans les roues à coup d’injonctions, le Parti québécois qui tente de freiner leur élan et Lucien Bouchard qui a les deux mains sur le volant du pouvoir. Les enseignants enseignent et les étudiants étudient, après avoir eux-mêmes défié les anciens ministres de l’Éducation Pauline Marois en 1996 (menace de dégel des frais de scolarité) et François Legault en 1999 (contrats de performance universitaires). Nous sommes au printemps 2000 et le gouvernement péquiste se prépare à adopter sans opposition le projet de loi 130 [3] modifiant le Code de la sécurité routière (CSR) [4].

L’une des modifications en jeu, l’ajout de l’article 500.1, contient des dispositions et amendes semblables à la loi 12 (projet de loi 78) du printemps dernier [5]. En mettant en place cette nouvelle mesure législative, le ministre des Transports Guy Chevrette espère surtout qu’elle aura un effet dissuasif sur les camionneurs et, éventuellement, fournira au gouvernement un outil punitif pour réagir à de nouveaux blocages des voies de circulation majeures. Ce n’est qu’une douzaine d’années plus tard que l’article 500.1 sera utilisé abondamment pour justifier les arrestations par centaines de manifestants exprimant pacifiquement et publiquement leur mécontentement politique. Signe du destin, l’objet principal du projet de loi est de permettre et d’encadrer le virage à droite au Québec.

lire la suite ici

mercredi, mars 07, 2012

Manifestation étudiante : la meilleure nouvelle de la journée

Sur le site du 24h Montréal :
Selon ce que rapporte TVA Nouvelles, le porte-parole du module des relations avec les médias du SPVM, Ian Lafrenière, aurait été blessé lors de la manifestation.

mercredi, juillet 13, 2011

[France] La grande grève des mineurs de 1948

Au mois de juin, la cour d'appel de Versailles a rendu un verdict des plus surprenant. Elle a tranché en faveur de 17 mineurs qui avaient été licencié suite à une grève...en 1948! Ces mineurs avaient participé à la longue grève dans le bassin minier du nord de la France. La cour a reconnu qu'ils avaient bel et bien été licencié pour fait de grève et a condamné les charbonnages de France a dédommager les 17 familles d'une somme de 30 000 euros. Évidemment, plusieurs de ces mineurs sont décédés depuis.


La grève de 1948, malgré son ampleur, est une grève presque oubliée dans l'histoire du mouvement ouvrier. On retrouve un texte ici et là, parfois un paragraphe ou deux dans un bouquin sur le mouvement ouvrier, mais rien de plus. Et pourtant, cette grève des mineurs, appelée par la CGT, fut votée par 218 616 des 259 204 mineurs (84%) et dura plus de 8 semaines, soit les mois d'octobre et de novembre 1948. Une grève pour du pain et des hausses salariales au lendemain de la guerre et de l'effort de l'après-guerre des "mineurs héros de la France" qui avaient pour mandat de restaurer les ressources énergétiques d'une France anéantie par l'occupation allemande. Cette grève fut ponctuée d'une violence policière et militaire inouïe. Les généraux humiliés d'avoir été battu en quelques jours par les allemands, quelques années plus tôt, purent prendre une revanche sur des mineurs désarmés. Les grévistes furent réprimés aux lacrymo utilisés lors de la guerre et importés d'Allemagne, mitraillés avec des armes américaines et leurs barricades détruites au canon. Il y eut au total plus de 3000 arrestations et 2783 condamnés. Parmi eux, 1073 furent condamnés à la prison ferme, 244 condamnés avec amende en sursis et 375 à la prison et des amendes fermes (source). Au Québec, on se rappellera, que l'année suivante, soit en 1949,  la grève d'Asbestos sera aussi le théâtre d'une répression brutale par l'État.

Les CRS firent les arrestations, par le biais de listes de noms de militants communistes, socialistes ou syndicalistes. Une tactique précédemment utilisés en 1941 par la Gestapo lors des grèves, en pleine guerre,  dans le bassin minier. De là est apparu le slogan "CRS=SS", en raison des méthodes similaires d'arrestation. À la différence près, qu'en 1941, la France était occupée par les troupes nazi, alors qu'en 1948, c'était Jules Moch, ministre de l'intérieur qui était le chef d'orchestre de cette répression. Il faut savoir, qu'en 1948, le SFIO, l'ancêtre des socialistes est au pouvoir et que Jules Moch est membre de ce parti! Au sommet de la répression, le ministre socialiste déploiera plus de 60 000 soldats et CRS en armes contre 15 000 grévistes, sous prétexte que c'était une "grève insurrectionnelle" et que les mineurs étaient manipulés par Moscou.

À tout ceci s'ajoute la mort de 4 mineurs lors des répressions sanglantes, entre autre par balle et de 2 autres en prison.

Ce qui poussa même John Lewis, dirigeant du syndicat étasunien United Mine Workers à adresser à Léon Blum, alors dirigeant des socialos, ce message: 
 Vous devriez mettre de la nourriture dans les estomacs rétrécis des mineurs français, plutôt que de tirer des balles américaines dans leurs corps mal nourris ! En payant des salaires aux mineurs français de 30 ou 40 dollars par mois, on commet un déni de justice ! 
 
Même si une partie de la gauche crie victoire face à cette décision de la cours, on peut toutefois être sceptique quant à la portée de cette victoire en comparaison de la répression sanglante par les socialistes de l'époque... 



Évidemment, cette grève qui n'était pas à l'origine appelé par les communistes, fut  appuyée par les communistes français qui participèrent activement à celle-ci. D'ailleurs, si le sujet vous intéresse, je vous invite fortement à écouter en balado-diffusion la série en 3 parties présentée sur les ondes de l'émission française animée par Daniel Mermet, Là Bas Si J'y Suis.

Partie I
Partie II 
Partie III

De plus, un film de combat de l'époque, relatant la grève, et dont la plupart des copies ont été détruites par les flics, est disponible en ligne et nous vous le présentons ici sur ce blogue. La dernière scène du film, avec les mineurs expulsés par les flics et l'armée, est émouvante. Les mineurs défaits quittent le bassin au chant de l'Internationale. Des images qui démontrent tout le courage de ces hommes qui se battaient contre l'exploitation et pour la dignité de leurs camarades.

Bonne écoute!

vendredi, juin 17, 2011

C'est une excellente question, M. Labeaume

Soucieux de ne pas voir sa ville ridiculisée sur les ondes de CNN suite au 24 juin, le petit maire avec une grosse tête a annoncé que ses chiens municipaux allaient empêcher le monde de boire dans la rue le soir de la St-Jean, comme c'était d'usage de le faire depuis belle lurette.

Dans ces conditions, la répression, alcoolémie aidant, risque fort d'attiser le feu. Et advenant que des troubles surviennent, opposant buveuses et buveurs à la flicaille, tu viendras nous vomir que c'est regrettable, qu'il y a de ces gens qui ne comprendront jamais, que la police aura eu raison sur toute la ligne.

mardi, mars 22, 2011

Le peuple syrien est en mesure de vaincre le tyran!

Lu sur Anarkismo.net

Les tyrans se trompent toujours, car ils ne comprennent pas ce qu'il faut comprendre. Ce que les tyrans comprennent ou croient, c'est que le bâton est toujours suffisant pour vaincre les peuples.

Et ils pensent que c'est comme ça la vie : des maîtres et des esclaves, des pauvres et des riches, les tyrans se trompent principalement parce qu'ils ne comprendront jamais ce que les peuples opprimés peuvent faire.

Les tyrans pensent que les opprimés et les affamés se révoltent, dans d'autres pays, à cause de la faiblesse de la répression, et la brutalité insuffisante du système, les tyrans se trompent car ils croient que ce qui est vrai dans les jours de silence et de soumission, reste aussi vrai les temps de Révolution.

Bachar al-Assad se trompe aujourd'hui car il pensait que lui et ses services de sécurité et les miliciens et tortionnaires de la «sécurité» sont plus fortes que le peuple syrien en période de révolution.

Quand les gens se soulèvent, lorsque les esclaves se lèvent, la faiblesse , la stupidité, l'impuissance et les illusions des tyrans et de leur chiens mercenaires se dévoile. Ils pensent que l'humiliation, l'oppression, la répression comme eux, dureront à jamais, que nous sommes nés avec eux et que nous mourons avec eux. Mais les esclaves écrivent aujourd'hui une nouvelle histoire, une nouvelle épopée pour la liberté dans cet Orient et dans ce monde. Ceux qui écrivent l'histoire aujourd'hui, ce sont les esclaves, la foule, le peuple insensé, les opprimés, et non les tyrans, et leurs bourreaux. Ni leurs criminels !

Aujourd'hui, les syriens se sont révoltés, ce n''est qu'une question de temps pour que Bashar voit, et comprenne enfin, ce que peut faire un peuple asservi dans une période révolutionnaire, période où les peuples sont révoltés, au temps de la naissance de notre liberté, il n'y a pas de place pour les dictateurs dans ce pays des révolutionnaires. Il n'y a pas de place pour les dictateurs, et les tyrans ne peuvent que partir,

Dégage, Bashar !

C'est le temps des pauvres aujourd'hui, c'est l'histoire de notre révolution, et de notre liberté, et tu n'a pas d'autre choix que de partir,

مازن كم الماز Mazen Kamalmaz, anarchiste syrien
traduction française par Berckman CGA, aidé par Cheikh A.
Related Link: http://www.ahewar.org/debat/show.art.asp?aid=251207

dimanche, février 27, 2011

Vous auriez dû rester chez vous!

L'émission The fifth estate, de la chaîne CBC, présente un dossier, huit mois plus tard, sur le G20 de l'été dernier, à Toronto : You should have stayed at home.

À travers les histoires individuelles de quelques personnes qui y ont été arrêtées, et avec tout un paquet d'images prises par des caméras et des cellulaires à partir de la foule, l'émission vient ajouter des preuves des abus de pouvoir dont les boeufs de Toronto ont fait preuve pendant le G20.

Et même si vous ne comprenez strictement rien à l'anglais, les nombreuses vidéos sont sans équivoque.

Disponible sur le site web de CBC.

mardi, octobre 19, 2010

Lettre d'un camarade en prison

Voici le message d'un de nos camarades emprisonné à Toronto (eh oui! les arrestations se poursuivent!). Cette lettre est un appel à la lutte et à la résistance que le camarade en question nous a écris quelques heures avant d'aller se rendre aux autorités, nous voulions la partager avec vous. Alors la voici...

J'aimerais pouvoir vous saluer de vive voix, et je le ferais si ce n'était que celle-ci s'est éteinte, comme tant d'autres, entre les murs de ma cellule. Aujourd'hui c'est moi qu'ils viennent chercher, hier c'était d'autres camarades et demain ce peut être n'importe qui. Dans un régime comme le nôtre, où le caractère policier est dissimulé derrière les tables de la loi ; où l'arbitraire côtoie l'impunité et l'injustice se gonfle de rituels absurdes, la résistance reste toujours un devoir. La révolte brûle dans nos cœurs et nos esprits : nous sommes la révolution. Ils peuvent nous emprisonner, mais ils ne pourront jamais nous changer. Ils essaieront de nous divertir, ils n'y arriveront pas. Ils essaieront de nous terrifier, ils n'y arriveront pas. N'ayons pas honte de ce que nous sommes : ce devrait plutôt être notre fierté.

Jean Cayrol, résistant et auteur français, écrivait que «même un paysage tranquille, même une prairie avec des vols de corbeaux, des moissons et des feux d'herbe, même une route où passent des voitures, des paysans, des couples, même un village pour vacances, avec une foire et un clocher, peuvent conduire tout simplement à un camp de concentration.»

C'est ce en quoi ils ont transformé nos vies, à Toronto comme ailleurs. Bien qu'auto-proclamé bienfaiteur de l'humanité et le seul garant de la légitimité, le capitalisme n'en a aucune sans ses armes : sans ses matraques, ses prisons, ses fusils, ses tanks et j'en passe. Le régime capitalo-parlementaire est liberticide. Il est son antithèse et, comme tous ceux de son espèce, criminalise la dissidence et marginalise les résistantEs. Nous naissons, travaillons et mourrons enchaînés. Pire que tout : nos liens sont notre consentement. C'est pourquoi, bien qu'enfermé, je suis plus libre que plusieurs.

Le spectacle de notre déchéance quotidienne est aussi violent que la répression de nos soulèvements. L'essence marchande de la société actuelle a réussi – et c'est avec effroi que je le constate- à accorder plus d'importance aux biens qu'aux êtres humains. Nos frères et nos soeurs meurent un peu partout dans le monde par notre faute, avec notre collaboration. Une vitre fracassé entraîne une réaction plus vive, un jugement plus prompt, qu'une jeune personne matraquée.

Les uniformes des milices ont changé, mais ils gardent toute leur signification. Ce sont tous nos vies qui tombent sous leurs balles et notre liberté qui flanche sous leurs coups. Leur mépris conforte leur ignorance, et vice-versa.

Si c'est là le piètre spectre de vie qu'il faut mener, alors il y a longtemps déjà que je suis enfermé dans une cage. Les murs ne sont pas toujours visibles.

Dehors, il y a des gens qui se battent encore et toujours, des personnes qui se sacrifient pour les valeurs les plus nobles qui soient. Mes pensées volent vers eux et elles. De Montréal à Toronto, de Vancouver à Berlin, de Paris au Chiapas, en passant par Athènes, ce sont des êtres animés d'une détermination sans faille et, armés de leurs rêves, brandissent le flambeau de leurs vies, seules révolutionnaires. Pouvoir côtoyer de telles personnes est un plaisir sincère.

Après toutes ces longues années, l'oppression continue d'être combattue. La résistance ne s'éteindra qu'avec la feu qui la consume.


Vive l'amour, vive la paix, vive la vie, vive l'Anarchie.



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mardi, août 31, 2010

Bœuf, porc ou poulet: les nombreux visages de la police

par Marc-André Cyr*

Les manifestations contre le G20 ont véritablement ameuté les forces de l'ordre et de la répression, du jamais vu depuis plusieurs décennies. Mais alors que des policiers de plusieurs provinces ont été mobilisés pour contrer les manifestants et que la répression et l'infiltration avaient commencé bien avant le sommet, une question demeure toujours sans réponse : comment les radicaux ont-ils malgré tout réussi à brûler quatre voitures de police et à fracasser les vitrines d'une cinquantaine de multinationales ?

Une première hypothèse — qu’on pourrait appeler l’ « hypothèse du poulet frit », du « rôti de bœuf » ou encore de la « côtelette de porc aux pommes » — suggère que les policiers aient été tout simplement déjoués par les militantes et les militants radicaux. Étant comme toujours en retard d'une guerre, les forces de l’ordre auraient stupidement appréhendé la répétition des événements d'avril 2001, soit des attaques quasi permanentes au mur de sécurité. À Québec, la casse ne cibla au total qu'une quinzaine de vitrines au profit d'attaques parfois spectaculaires contre les forces de l'ordre. La hiérarchie policière de Toronto aurait donc disposé la vaste majorité de ses effectifs autour du périmètre de sécurité, laissant le centre-ville de Toronto et ses fragiles vitrines à la disposition des militants anticapitalistes. Cette hypothèse est d'ailleurs logique avec la suite des événements. La police ayant été déjouée, il ne lui restait qu'à prouver, à retardement, qu'elle mettait tout en œuvre pour protéger la propriété. Ceci expliquerait l'intensification des arrestations et de l'intimidation qu'elle appliqua systématiquement après la tumultueuse manifestation de samedi.

Mais une autre hypothèse — qu'on pourrait appeler « l'hypothèse du simili-poulet » — est également plausible. Le 30 juin dernier, le Toronto Sun nous apprenait que les policiers de Toronto avaient reçu l'ordre de ne pas intervenir alors que le Black bloc et ses alliés passaient à l'action. N’attendant que le feu vert pour agir, un officier affirme avoir reçu l'ordre du centre de commandements de « ne pas engager » d'opération afin de mettre un terme à l'action directe.

Pourquoi la hiérarchie policière aurait-elle agi ainsi ? Comment interpréter cette inaction? Rappelons que les forces de l'ordre n'en sont pas à leurs premières « irrégularités » : on se souvient, entre autres, des agents provocateurs lors du Sommet pour le Partenariat sur la sécurité et la prospérité (PSP) à Montebello en 2007, de ceux présents dans le groupe Germinal en 2001, de même que du cas de Joseph Gilles Breault, alias Youssef Mouammar, indicateur de la police responsable de menace d'attentat dans le métro de Montréal.

Un retour sur le rôle des agents indicateurs lors des manifestations des années 1960 au Québec nous renseigne également sur les stratégies policières contre les mouvements sociaux. On se souvient du rôle des agents sans uniforme lors du fameux Lundi de la matraque en 1968 — les témoignages de l'époque rappellent tristement ceux des militants présents à Toronto . On se souvient également du rôle scandaleux des agents infiltrateurs dans les rangs du FLQ, les rapports gouvernementaux Keable et Macdonald les ayant minutieusement documentés : vol de dynamite et d'explosifs, incendies criminels, attentats, bombes incendiaires, publication de faux communiqués, cambriolages, holds ups … font toute partie des actions policières pour « combattre le terrorisme ».

Pour comprendre l'action de la police, il faut la situer dans son contexte politique. Son action, pas plus que la loi à laquelle elle répond normalement, ne peut être mise à l'écart des rapports sociaux — qui sont des rapports de domination et d'exploitation — structurant notre société. Les policiers ne défendent pas seulement la « loi » supposément neutre et abstraite, ils soutiennent l'État et son gouvernement, de même que les représentants de ces institutions et les décisions concrètes qu'ils prennent à ce titre. Ajoutons également que les policiers défendent l'institution à laquelle ils appartiennent et par laquelle ils ont un statut social, du pouvoir, des privilèges et un salaire. Compris ainsi, le travail des forces de l'ordre ne vise plus uniquement à faire respecter la loi, mais bien à légitimer — aux yeux du public et des grands médias — ses propres opérations, qui sont elles-mêmes à mettre en relation avec les politiques gouvernementales.

Les vidéos de policiers déguisés en Black block lors des manifestations contre le G20 à Toronto se multiplient et, d’après plusieurs témoignages de citoyens et de journalistes, la hiérarchie policière semble avoir délibérément laissé la « casse » avoir lieu sans intervenir. L'objectif était de légitimer le milliard dépensé en sécurité ? De justifier, avant même qu’elles n’aient lieu, le millier d'arrestations? Les forces de l'ordre auraient-elles préféré s'en prendre à des militants pacifistes pendant dans leur sommeil plutôt que d'affronter le Black bloc face à face ? D’où venaient ces ordres: du gouvernement fédéral, de la ville, du chef de police ?

Alors qu'on sait que le chef de la police a menti à propos de la loi concernant les fouilles autour du périmètre de sécurité et que nombre des « armes » déballées en grande pompe au public n'avaient en fait rien à voir avec les manifestations (où étaient simplement des jouets), cette hypothèse n’est pas à écarter. Non seulement les abus de force et de violence ont atteint des sommets historiques lors de cette fin de semaine, mais les nombreux mensonges commis par la police nous permettent de croire que son action a également atteint des sommets en termes de mensonges et de manipulation de l'opinion publique.

* Cet article a été publié dans numéro Le Couac de septembre.

mardi, juillet 13, 2010

Manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s au G20 de Toronto

Samedi 17 juillet 2010 à 13h
Carré Phillips (Coin Sainte-Catherine et Place Phillips)

Face à la violence policière, aux attaques contre notre résistance et aux arrestations sans précédant des manifestant-e-s anti-G20, la Convergence des luttes anticapitalistes CLAC 2010 appelle l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif tombé-e-s aux mains de l’armée policière.

La CLAC2010 exige la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20.

*Manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s du G20 de Toronto, le 17 juillet 13h00 au Carré Phillips*

Environ 1090 arrestations ont eu lieu durant la fin de semaine du 25 au 27 juin à Toronto par kidnapping, profilage politique, raids dans des résidences privées et lieux d’hébergement, violence, brutalité, intimidation et harcèlement. C’est le plus grand nombre d’arrestation de masse dans l’histoire du Canada, et elles furent effectuées envers des manifestant-e-s qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques capitalistes, sécuritaires, sexistes, colonialistes et antisociales du G20 et des grands financiers de ce monde.

Ce dont nous avons été témoins à Toronto était une attaque en règle contre les forces progressistes dénonçant le G20 et ses politiques meurtrières. Cette répression sans précédant, ordonnée en haut lieu politique, visait à faire taire la dissidence et à criminaliser nos mouvements sociaux. Ce sont des tactiques bien connues pour diviser les populations, briser la résistance et imposer des politiques régressives. Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’intensification de la répression policière et dans les concessions exigées des populations. À preuve, le chef de la police de Toronto a menti volontairement à la population en prétendant que sa police avait des pouvoirs étendus durant le G20 (Loi des travaux publics) et en exposant devant les médias des armes soit-disant "saisies" aux manifestant.e.s. Or, ces "armes" dont une arbalette et une scie à chaine n'appartenaient qu'à des passant.e.s et non pas aux manifestant.e.s anti-G20. Le mensonge et la suppression des droits humains est un premier pas vers un État totalitaire...

Il y a actuellement des centaines de personnes accusées, entre autres, de complot pour commettre des méfaits et des voies de fait sur des policiers, dont 17 avec des accusations plus sérieuses. Actuellement, 14 prisonniers.eres politiques croupissent toujours derrière les barreaux et se font mettre sur le dos tout ce qui s’est passé dans les rues de Toronto lors du sommet du G20, alors que la plupart ont été arrêtées avant même que les manifestations ne commencent. Si vous en doutiez encore, il y a bel et bien des prisonniers et prisonnières politiques au Canada!

La CLAC2010 veut donc dénoncer cette répression stratégique et politique et exprimer haut et fort sa solidarité avec tou-te-s les arrêté-e-s du G20 et surtout avec les 14 personnes qui demeurent encore incarcérées en attente de leur enquête sur le cautionnement. Nous exigeons la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques et l’annulation immédiate de toutes les accusations portées contre les personnes arrêtées lors du G20. Nous vous invitons à une manifestation en solidarité avec les arrêté-e-s de Toronto qui aura lieu le 17 juillet 2010 à 13h00 au Carré Phillips; pour réclamer leur libération, l'annulation des accusations et réaffirmer notre droit légitime à la dissidence politique.

Nous n’accepterons jamais la criminalisation de la dissidence.
Nous ne nous tairons pas face à la répression politique.
Libérez nos camarades!

NOUS EXIGEONS!
* Le retrait des accusations
* La libération immédiate des prisonniers.ères politiques du G20

Venez marcher avec nous!

Pour plus d'infos:
La Convergence des luttes anticapitalistes - CLAC 2010
www.clac2010.net

samedi, juillet 03, 2010

Le cœur de l'action directe

Ceux et celles qui, loin de leur téléviseur, se sont rendu à Toronto cette fin de semaine ont été témoins et victimes d'une violence policière et étatique d'une rare intensité, un cas unique dans l'histoire canadienne des dernières décennies. Les Québécois, qui gardent un très mauvais souvenir de la Crise d'octobre 1970, devraient aujourd'hui être scandalisés par un tel déploiement de violence et de terreur.

Mais alors que les hommes les plus puissants du monde s'arment de lois spéciales et de brutalité afin de développer des plans d'austérité dont souffriront de nombreux peuples de la terre, la seule violence qui fait l'unanimité dans sa condamnation n'est pas celle des princes et de leurs valets, mais bien, et évidemment, celle des manifestants radicaux. Bill Blair, le chef de police de Toronto, affirmait en fin de semaine: « Nous n'avons jamais vu un tel niveau de délinquance gratuite, de vandalisme et de destruction dans nos rues ». Le ministre canadien de la sécurité publique, Vic Toews, ajoute pour sa part : « Nous condamnons les actes de violence et de destruction insensés perpétrés par un groupe de bandits » et il ose même souligner le «professionnalisme» et la «constante vigilance» dont ont fait preuve les forces de l'ordre. Plusieurs groupes supposément progressistes comme Greenpeace et certains syndicats relayent également le message des forces de l'ordre en condamnant l'action directe.

Le message dominant est clair, cette violence est « apolitique » et « destructrice ». Reproduisant les sempiternelles préjugés de Gustave Le Bon sur l'irrationalité de la foule, qui tire ses racines de la fin du 19e siècle, l'élite en place, plutôt que de voir dans l'action directe une critique en acte de la société marchande, préfère la considérer comme motivée par un quelconque spasme libidineux déviant. En associant ainsi l'action directe à la violence des « voyous » et des « bandits », les porte paroles de la loi et de l'ordre tentent de se positionner — alors que l'État canadien a fait systématiquement fi des droits humains et que certains militants sont encore portés disparus — comme les seuls défenseurs légitimes de la raison et de la démocratie.

L'action des Black bloc et des autres groupes révolutionnaires est pourtant rationnelle. Parmi le répertoire presque infini d'actions qui s'offre à eux, les anarchistes vont choisir des cibles précises, stratégiques et politiques. Contrairement à ce que prétendent les forces de l'ordre, on ne verra jamais un militant radical attaquer les « citoyens ordinaires ». Dans la quasi-totalité des cas, les attaques ciblent visent l'État (c'est pourquoi ils ont brûlé quelques voitures de police), la marchandise (une cinquantaine de vitrines fracassées) et les médias (plusieurs voitures portant leur logo ont été attaquées). Principalement, l'action directe tente de s'attaquer, comme dirait le bon vieux Marx, à l'unité de base du capitalisme, à ce médiateur des rapports sociaux, la marchandise. En s'en prenant ainsi à ce fétiche moderne, l'action directe tente de briser le processus qui donne à de ces choses inanimées le pouvoir qu'elles ont sur nos vies. Pour les anticapitalistes, le pouvoir structurant de la marchandise n'est pas plus rationnel que les cantiques du Saint-Sacrement ou les incantations Voodoo.

Alors que l'État canadien s'est défait de ses apparats démocratiques afin de revêtir celui de l'État policier — rien de trop beau pour protéger les princes du monde venu chez nous discuter profit et rentabilité — les amis de l'État et autres fidèles défenseurs de la société marchande dénoncent en cœur cette violence, minime et symbolique, des militants radicaux. Guy Debord ne se trompait décidément pas lorsqu'il affirmait que dans la société spectaculaire marchande, « le vrai est un moment du faux ». Seule une société comme la nôtre peut ainsi renverser le réel au point de faire porter le fardeau de la violence sur ceux et celles qui la subissent.

Face à tant de mensonge et de brutalité, la violence des militants radicaux a minimalement le mérite de s'en prendre aux riches et aux puissants et non aux classes les plus pauvres de nos sociétés. Les quelques dizaines de vitrines brisées visaient à dénoncer, justement, la violence systématique de cette société de domination, celle qui réduit le vivant à l'état de marchandise et qui saccage systématiquement la planète. Cette action est destructrice, il est vrai, mais destructrice d'exploitation et d'injustice. C'est contre les banques, contre les multinationales et contre l'État canadien qu'est dirigée la violence des radicaux. En accordant systématiquement plus d'importance à cette violence minime et symbolique qu'à celle de l'État, incommensurablement plus vaste et brutale, les amis du régime démontrent que leur système de valeur est hiérarchisé de telle façon que la destruction d'objets inanimés est plus scandaleuse que la violence économique qui réduit des milliards d'êtres humains à la pauvreté, à la misère et à l'exploitation.

vendredi, juillet 02, 2010

Le G20 à Toronto: L'élégante matraque de la démocratie


Les mauvais mots sont toujours pour les mauvaises personnes, et les mauvaises personnes n'ont généralement… pas un mot à dire. La violence, en ce sens, n'est jamais celle de celui qui en parle. Jamais un politicien, un porte-parole policier ou militaire ou encore — ce qui revient pratiquement au même — un journaliste ne se portera à la défense de la violence. La violence, c'est toujours l'Autre qui l'exerce. Et comme les classes dirigeantes fondent leur légitimité sur la Démocratie et la Liberté, ils ne pourraient, eux qui sont si sensibles et généreux, être des vecteurs de violence.

Il faut analyser les choses objectivement, disent-ils. Notre société donne la parole aux citoyens: les plus timides consomment — que dis-je! — votent équitable et signent des pétitions, les plus éduqués écrivent des lettres dans les journaux, les nostalgiques fondent des syndicats, les arracheurs de dents peuvent se présenter aux élections et les plus taquins manifestent pacifiquement. Les plus audacieux peuvent même fonder leur propre entreprise citoyenne, organiser des épluchettes de blé d'Inde pour se financer, faire des macarons, passer des tracts… Ils vont bientôt attirer l'attention des forces de l'ordre, mais bon, s'ils n'ont rien à se reprocher, on se demande bien qui ça peut déranger … N'est-ce pas ça, la démocratie ?

Bien sûr, disent encore les gestionnaires du régime, certaines lamentations sont chroniques: des hippies, des anarchistes, des féministes et des révolutionnaires pas trop propres, il y en aura toujours. On se souvient de la violence « terroriste » du Black Bloc lors du Sommet des Amériques et de la violence « organique » des grévistes de l'ASSÉ qui avaient déféqué dans un bureau gouvernemental — ce qui était faux, mais avait quand même permis au ministre de se débarrasser des revendicateurs au profit d'interlocuteurs plus raisonnables, donc plus abrutis, que sont la FEUQ et la FECQ. Comble d'ironie, on se souvient aussi de la violence des « pacifistes » manifestant contre le départ des troupes canadiennes vers l'Afghanistan. Pour l'occasion, toujours bien en laisse, Mario Roy nous avait parlé, tout en se grattant le derrière de l'oreille avec la patte qui n'écrit pas, de « l'assaut de pacifistes guerriers » (La Presse, juin 2007).

Lors des manifestations contre le G20 à Toronto, malgré la très démocratique répression systématique, la présence de plusieurs milliers de flics (ils en importent de Montréal, c'est tout dire), les nombreuses d'arrestations, les gaz, le mur de plusieurs kilomètres, la méthodique campagne de dénigrement, d'espionnage et d'intimidation… La même chanson est sans surprise gazouillée à l'unisson par les amis de l'ordre, bien sûr, mais également par une certaine gauche réformiste désirant charmer l'opinion publique (cette somme abstraite et contradictoire d'électeurs-clients) en bichonnant son image de marque.
Comme toujours, la violence dépeinte par les scribouilleurs en laisse est attribuée à ceux et à celles qui la subissent. Selon les fins critères sensibles de l'esthétique bourgeoise, l'action directe n'aura jamais l'élégance d'un gracieux coup de matraque. Car si la répression policière a la possibilité de se transfigurer, comme l'eau en vin, en « opération de paix », en « maintient de l'ordre », voire en « protection des manifestants », l'action militante n'a pas ce privilège. Elle est et restera de la violence « apolitique », « irrationnelle » et « terroriste ».

Tout le monde le sait, mais comme beaucoup de gens — même de gauche — écoutent trop la télé, répétons-le encore une fois: dans le monde, les biens des 200 personnes les plus riches dépassent le revenu total de 41 % de la population mondiale — soit le revenu de plus de deux milliards et demi de personnes; au Canada, le salaire des plus grands dirigeants est de 174 fois plus élevés que celui du travailleur ordinaire et le salaire national moyen est gagné par les plus gras des PDG en une demi-journée de travail. Partout sur terre, des gens meurent parce que leur vie est inutile ou nuisible à l'accumulation du capital; d'autres sont tués par nos armées sans même que les journaux n'en fassent mention; des centaines de milliers d'enfants naissent, grandissent et meurent dans des dépotoirs; des millions de jeunes filles sont vendus sur le marché international… Ajoutons que l'étalage indécent des marchandises protégées par les sbires de l'État est violence pour celui qui ne peut se les payer. Et ajoutons encore, accessoirement, que la planète se dégrade à un tel rythme que l'époque grise et terne qui est la nôtre pourrait bien être … la dernière.

Le mandat officiel du G20 est de « promouvoir la stabilité financière internationale ». C'est contre cette stabilité de fosse commune que les gens vont manifester dans des sommets comme celui de Toronto. A la violence systématique, froide et calculatrice, ils opposent la force de leur propre volonté d'émancipation. Non seulement ils subissent la répression brutale des forces de l'ordre, mais doivent, à peine remis de leurs émotions, subir la matraque des flics de papiers, ceux que notre société appelle trop généreusement les « journalistes ».

Et si la gauche radicale utilise une certaine violence — minime et symbolique, du moins pour le moment — il ne faut pas perdre de vue que son action vise, justement, la fin de la violence. Elle est destructrice, il est vrai, mais destructrice de destruction. Négatrice de la négation, elle est affirmation de liberté et de dignité. Car il sera toujours moins violent de brûler une banque que d'en ouvrir une.

Mais ça, on n'en parlera pas à la tivi…

* Cet article a été écrit le 18 juin, soit quelques jours avant les manifestations contre le G20. Il est disponible dans le journal Le Couac de juillet.

mercredi, juin 30, 2010

Résistances au G20


Libérez nos camarades - La solidarité n'est pas un crime

L'UCL appelle à la solidarité dans la foulée des mobilisations contre le Sommet du G20 à Toronto et de l'intense répression politique qui l'a accompagné. Nous sommes une trentaine à être aller à Toronto pour manifester avec la Convergence des luttes anticapitalistes, la CLAC-2010, et nos camarades de l'organisation anarchiste Common cause. Ce que nous avons vu et vécu nous révolte au plus haut point et c'est pourquoi nous prendrons de nouveau la rue jeudi le 1er juillet pour dénoncer la répression et revendiquer la libération de toutes les personnes arrêtées.

Contre le G20

Il est peut-être utile de rappeler quelques faits de base. Le G20 est une institution illégitime qui jouit d'un pouvoir d'influence démesuré dans la sphère internationale. De plus en plus, l'organisation est appelée à intervenir dans l'économie mondiale. Il s'agit clairement d'un organe de gouvernance globale au service des intérêts capitalistes. Les politiques et orientations discutées dans ses rencontres ont des impacts majeurs sur la vie des peuples de la terre. Par exemple, l'orientation en faveur de l'austérité budgétaire entérinée la fin de semaine dernière signifie concrètement qu'après avoir injecté massivement des fonds publics pour stabiliser l'économie capitaliste en crise, on refile la facture aux classes populaires. Les raisons de manifester contre le G20 ne manquent pas, c'est un concentré de tout ce qui ne va pas avec le système actuel.

Résistance

Malgré un climat de terreur et une campagne médiatique sans précédent pour décourager les gens de manifester contre le G20, la mobilisation fut au rendez-vous. Au point culminant des manifestations, samedi, environ 20 000 personnes ont pris la rue dans une grande marche unitaire. Une fraction anticapitaliste et anticoloniale, comptant des milliers de personnes, était présente dans la marche. Mobilisée sous le signe de la diversité des tactiques, la convergence «Get off the fence» a réussi à déjouer la police et a permis toutes sortes d'actions directes, dont les actions du black bloc qui ont fait le tour des médias. Le message était clair : votre opération de sécurité à un milliard ne nous empêchera pas de manifester et de nous attaquer aux symboles du capitalisme. Dans l'ensemble, la manifestation a été un succès. Le centre des affaires de Toronto a été complètement bloqué et les gens ont pu manifester malgré la police.

Répression

La répression policière a commencé bien avant les manifestations. D'une part, l'espace public de Toronto a été complètement militarisé et la présence policière était étouffante. D'autre part, les services de sécurité harcelaient depuis des mois les activistes, avaient infiltré certains groupes et ont procédé à des arrestations préventives de personnes clefs dans des raids brutaux dans la nuit de vendredi à samedi. La situation déjà difficile, avec son lot de contrôles d'identité, de fouilles et de brimades diverses, s'est intensifiée en fin de journée samedi. Prenant officiellement prétexte du chaos au centre-ville et des actions du black bloc, la police a décidé de se défouler sur l'ensemble des personnes à portée de main. Soudainement, il n'y avait plus de zone de manifestation autorisée. Il suffisait d'être jeune et d'avoir vaguement l'air d'un manifestant pour se faire arrêter (des journalistes et beaucoup de passant-e-s y ont goûté). Nous n'étions plus à l'abri nulle part : il y a eu des raids dans de nombreux appartements privés, des dortoirs ont été envahis, des voitures et des autobus ont été immobilisés et leurs occupants arrêtés, etc. Tous les prétextes étaient bons pour arrêter les gens et casser le mouvement. En deux jours et deux nuits, plus de 900 personnes ont été arrêtées, souvent très brutalement, ce qui en fait la plus grande vague d'arrestations de l'histoire contemporaine du Canada. Après avoir été humiliés et détenus pendant des heures dans de véritables cages, souvent sans pouvoir communiquer avec l'extérieur, l'immense majorité des personnes arrêtées (+ de 700) ont été relâchées sans accusations, ce qui est un témoignage éloquent de l'arbitraire policier.

Solidarité

L'UCL veut saluer le courage de toutes les personnes, radicales ou non, qui ont osé défier le climat de terreur installé par l'État et qui ont pris part aux manifestations contre le Sommet du G20 à Toronto. Ce fut un honneur de manifester avec vous tous et toutes. L'État a montré son vrai visage répressif en fin de semaine mais l'opération policière est en train de tourner au fiasco en terme de relations publiques pour les forces de répression et c'est tant mieux. Que nous ayons été à Toronto ou pas, nous sommes des milliers à être révoltés par ce que nous avons vu. Ne faisons pas l'erreur de croire que c'est terminé. Nous ne devons pas oublier nos camarades qui sont encore en prison en Ontario. C'est pourquoi nous appelons à joindre massivement la manifestation en solidarité avec les victimes de la répression politique lors du Sommet du G20 appelée par la CLAC-2010. Rendez-vous au Carré Saint-Louis, métro Sherbrooke, à midi, le 1er juillet.

Secrétariat externe
Union communiste libertaire
30 juin 2010

N.B.: Vous trouverez sur notre site web des témoignages de membres de l'UCL arrêtés lors du Sommet du G20 à Toronto [www.causecommune.net]

Source photo: 2010.mediacoop.ca (vous y trouverez plus de 111 pages de photos et des dizaines de vidéos)

Torontanamo, ou 1 milliard de dollars de répression

Nous publions ici le témoignage choquant d'une camarade de l'UCL qui a participé aux manifestations en résistance au G20 la fin de semaine dernière. Plusieurs détails de cette expérience ne manqueront pas de donner la chair de poule à toute personne de conscience.
Lire la suite sur causecommune.net

Le plus indispensable des devoirs

UCL-Montréal juge pertinent de publier ici cette lettre que les journaux bourgeois, sans grande surprise, ont refusé de publier.

Notre démocratie se base, fondamentalement, sur les droits et les libertés. Le gouvernement est censé les faire respecter … mais, quand les forces de l'ordre violent ces droits, comment réagir, étant donné que l’État a le monopole de la violence légitime? Si on se fit à la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, il n’y a qu’une option: le renversement du gouvernement par la force, ou, plus simplement, l’insurrection. Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection devient "le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs". (Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, article 35 ,1793).

Cette fin de semaine, les droits du peuple canadien et québécois ont été violés a Toronto, les mesures de sécurité ridiculement chères, l’interdiction de s’approcher de la clôture à moins de 5 mètres sous peine d’arrestation, les nombreuses attaques de manifestations totalement pacifiques par les forces de l’ordre, les conditions déplorables (et illégales) de détention des manifestants qui protestaient contre la tenue du sommet... Certains manifestants ont utilisé la force contre des banques, des succursales de multinationales et contre les agents répressifs de l’État . Organisés ou non, membres d’un Black bloc ou non, ils ont utilisé leur droit a l’insurrection, purement et simplement. Quand on se plaint que la démocratie perd de sa valeur, que les gens sont cyniques et qu’il faudrait que les jeunes s’impliquent plus en politiques, alors pourquoi traiter de vandale ceux qui se battent pour la sauvegarde de cette démocratie ? N'était-ce pas Thomas Jefferson qui disait que l’arbre de la liberté doit être parfois arrosé du sang des patriotes et des tyrans? Les soi-disant casseurs ont fait plus qu’exercer leur droit, ils ont fait leur devoir le plus important de citoyens en mettant leur sécurité physique en jeu lors des manifestations.

La démocratie parlementaire ne s’est pas gagnée pacifiquement (demander au patriote de 1837 ou au révolutionnaire français et anglais). Elle ne se défendra pas contre ses pires ennemis, une minorité de privilégiés et leurs valets, de manière douce. Quant à ceux qui ne sont pas prêts à mettre leur corps en jeu pour la liberté, ayez au moins la décence de vous taire au lieu de cracher et de mépriser ceux qui se font gazer et matraquer pour sa défense.

mardi, juin 29, 2010

Information sur les montréalais-es arrêté-es à Toronto

Dans le contexte du nombre effarant de personnes qui ont été arrêtées à Toronto, le comité légal de la CLAC a mis en place une structure pour tenter d'aider à retracer les personnes arrêtées.

NUMÉROS DE TÉLÉPHONE POUR LES ARRÊTÉ-ES DE MONTRÉAL

Si vous voulez des nouvelles d'une personne détenue, que vous cherchez un-e ami-e ou un-e membre de votre famille dont vous êtes sans nouvelles ou que vous savez qu'une personne de Montréal a été arrêtée, nous vous invitons à téléphoner à un des numéros suivants:

-- 514 563 1437 ou 514 243 2776

Nous relayerons par la suite les demandes d'informations à des militants et militantes qui sont à Toronto en ce moment et qui font le suivi des personnes de Montréal arrêtées dans le cadre de l'intense répression de cette fin de semaine.

Nous tenons toutefois à rappeler que nous opérons dans un contexte ou près de 900 personnes ont été arrêtées et dans lequel les droits des détenu-es ont été largement supprimés, incluant le droit d'accès à un-e avocat. Cela complique grandement la tâche des personnes faisant du soutien juridique. Cela dit, nous faisons de notre mieux pour appuyer et venir en aide aux arrêté-es.

SVP, pas d'appels de journalistes ou de médias à ce numéro.

Si vous connaissez des gens de Toronto qui ont été relâchés et qui cherchent à revenir à Montréal, il est possible de contacter le comité de transport de la CLAC au 1 647 238 7139 (s'il n'y a pas de réponse à ce numéro et que vous pouvez envoyer un message texte, faites-le.)

URGENT -- Levée de fonds pour les cautions

Si vous pouvez contribuer à la levée de fonds pour la caution des arrêté-es (il faudra probablement que l'on trouve plusieurs milliers de dollars au cours des prochains jours), contactez nous à contreleg20@gmail.com.

Libérez nos camarades!
Solidairement,
le Comité légal de CLAC 2010

Dénonçons les 900 arrestations des résistant-e-s au G20

 (source:CLAC2010.net)

Du jamais vu dans l’histoire du Canada

Manifestation contre la répression et en solidarité avec les arrêtéEs du G20

Jeudi le 1 juillet – 12h au Carré St-Louis à Montréal

Face à la violence policière, aux attaques contre notre résistance et aux arrestations sans précédant des manifestantEs anti-G20, la Convergence des luttes anticapitalistes – CLAC 2010 - appelle l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif tombéEs aux mains de l’armée policière.

Plus de 900 arrestations ont eu lieu durant la fin de semaine à Toronto par kidnapping, profilage politique, raids dans des résidances privées et lieux d’hébergement, violence, brutalité, inditimidation et harcèlement. C’est le plus grand nombre d’arrestation dans l’histoire du Canada, et elles furent effectuées envers des manifestantEs qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques capitalistes, sécuritaires, sexistes, colonialistes et antisociales du G20 et des grands financiers de ce monde.

MANIFESTATION JEUDI 1er JUILLET À MONTRÉAL

CLAC 2010 dénonce la répression policière d’une ampleur sans précédent au Canada intervenue à Toronto lors du Sommet du G20. À la violence policière s’ajoute l’annonce d’une série de mesures d’austérité économique (réduction de déficits, hausses de taxes, coupes dans les services sociaux), qui constituent autant de violences économiques dirigées contre les populations. Les travailleuses et les travailleurs sont appelés à payer la note pour la dernière crise financière, alors que les banques et le secteur financier, qui en sont les responsables et qui ont bénéficié de 20 000 milliards $ en plans de relance, ne se voient imposer aucune nouvelle régulation.

Les 900 arrestations arbitraires et politiques à Toronto sont du jamais vu dans l’histoire du Canada, soit près de trois fois plus qu’en octobre 1970. Les policiers ont violé les droits fondamentaux, détenu des gens durant des heures sans accusations formelles, sans recours à un avocat, sans nourriture et sans eau. Les policiers se sont montrés coupables d’entrée par effraction sans mandat, de profilage, d’intimidation et de harcèlement, de kidnapping, d’usage démesuré de la force sur des manifestantes, des manifestants ainsi que des journalistes. Nous voyons bien qu’État policier et violence économique vont de pair.

lundi, juin 28, 2010

G20 de Toronto : un État policier à la défense du capitalisme

Nous reproduisons ici le communiqué diffusé aujourd'hui par la CLAC-2010 [le groupe qui organisait la mobilisation montréalaise contre le G20 à Toronto].

Appel à une manifestation de solidarité jeudi le 1 juillet à 12h au Carré Phillips

Convergence des luttes anticapitalistes – CLAC 2010

Montréal, le 28 juin 2010 - La CLAC 2010 dénonce la répression policière d’une ampleur sans précédent au Canada intervenue à Toronto lors du Sommet du G20. À la violence policière s’ajoute l’annonce d’une série de mesures d’austérité économique (réduction de déficits, hausses de taxes, coupes dans les services sociaux), qui constituent autant de violences économiques dirigées contre les populations. Les travailleuses et les travailleurs sont appelés à payer la note pour la dernière crise financière, alors que les banques et le secteur financier, qui en sont les responsables et qui ont bénéficié de 20 000 milliards $ en plans de relance, ne se voient imposer aucune nouvelle régulation.

« Les 900 arrestations arbitraires et politiques à Toronto sont du jamais vu dans l’histoire du Canada, soit près de trois fois plus qu’en octobre 1970. Les policiers ont violé les droits fondamentaux, détenu des gens durant des heures sans accusations formelles, sans recours à un avocat, sans nourriture et sans eau. Les policiers se sont montrés coupables d’entrée par effraction sans mandat, de profilage, d’intimidation et de harcèlement, de kidnapping, d’usage démesuré de la force sur des manifestantes, des manifestants ainsi que des journalistes. Nous voyons bien qu’État policier et violence économique vont de pair », explique Danie Royer, coporte-parole de la CLAC2010.

« Chaque jour, partout dans le monde, des gens meurent des conséquences directes des politiques sociales et économiques mises de l’avant par les élites regroupées dans cette instance illégitime qu’est le G20. Les réductions de déficit fièrement annoncées ne feront qu’empirer les conditions de vie de millions de personnes. Stephen Harper a d’ailleurs rappelé que l’objectif visé était de contenter et de rassurer les marchés financiers. Rien sur l’environnement, des miettes pour la santé des femmes, rien sur les conséquences sociales de la crise économique, dont les personnes migrantes sont les premières victimes. Tout pour consolider le capitalisme, un système économique qui privilégie une infime minorité au détriment de l’immense majorité », s’indigne Mathieu Francoeur, coporte-parole de la CLAC2010.

Ce dont nous avons été témoins à Toronto visait à faire taire la dissidence et à criminaliser les mouvements sociaux. Ce sont des tactiques bien connues pour diviser les populations, briser la résistance et imposer des politiques régressives. Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’intensification de la répression policière et dans les concessions exigées des populations.

Nous appelons l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif, qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques autoritaires, sécuritaires, racistes et antisociales.

La CLAC 2010 tiendra un rassemblement le jeudi 1er juillet 2010 à midi au Carré Phillips, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Union, à Montréal.

* * *

La Convergence des luttes anticapitalistes de Montréal 2010 (CLAC 2010) est un réseau de groupes et d'individus qui se sont réunis pour consolider leurs luttes respectives à l'échelle locale et mobiliser leurs communautés en vue des sommets du G8 et du G20.

samedi, juin 26, 2010

G20 : les grands médias font leur boulot

Stéphane Paquet, un envoyé spécial de La Paresse à Toronto, nous a chié un bel article aujourd'hui. Particulièrement vide en analyse, son collage de vomissements d'idéologie dominante vient se rajouter au portrait déjà fort élégant de la couverture médiatique du G20.

L'éternelle question de la violence...
La « violence » de quelques chars de boeufs carbonisés (des choses, donc), dont l'image spectaculaire suffit à aveugler certaines personnes, est-elle même comparable à ce qui se trame, en huis clos, dans les coulisses du pouvoir, où l'on cherche les meilleures façons de renforcer un système axé sur l'exploitation du plus grand nombre?
Y'en a encore qui se souviennent de l'étymologie du mot démocratie et, le cas échéant, qui croient encore que c'est le terme approprié pour décrire nos sociétés? Sérieusement?

mardi, juin 22, 2010

Club Compassion : rassemblement de soutien

C'est demain, mercredi 23 juin, au palais de justice, à 10h, que comparaissent les accuséEs dans l'affaire du Club Compassion et de ses dérivés.

Un rassemblement funèbre (pour enterrer la justice et la compassion) est donc organisé sur place en solidarité avec les travailleuses, les travailleurs et les bénéficiaires du Club Compassion de Montréal.

1, Notre-Dame Est, à 10h.