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jeudi, juillet 19, 2012

19 juillet 1936 : révolution sociale et victoire sur le fascisme




Mille neuf cent trente six. Le talon de fer de l’État et du capitalisme écrase l’Europe. En URSS le capitalisme d’État s’installe dans une dictature sanglante. En Allemagne c’est le cauchemar nazi. En Italie règne le fascisme mussolinien. Au Portugal, Salazar impose la terreur.

A l’opposé de cette domination bestiale qui étendra rapidement ses tentacules à tout le continent, les idéaux de liberté et d’égalité vont triompher un moment en Espagne grâce à la révolution sociale et libertaire du 19 Juillet 36.

Les militaires espagnols imbibés d’autoritarisme et de colonialisme, se sentaient un destin national de mercenaires au service des industriels et des grands propriétaires.

Quand ils firent leur coup d’État, le 18 Juillet 1936, ils pensaient que tout irait vite, qu’en Espagne comme ce fut le cas en Allemagne ou en Italie, la population se soumettrait à la brutalité de la force armée. C’est l’inverse qui se produisit . Contre les généraux traîtres il se leva dans les 24 heures un ras de marée révolutionnaire qui allait submerger non seulement les militaires fascistes mais également la bourgeoisie dominante. Dans leur calcul, les réactionnaires et les fascistes d’Espagne avaient oublié que le contexte social de ce pays était différent du reste de l’Europe. Depuis des décennies que se succédaient dans ce pays les grèves de solidarité et que se multipliaient les "aténéos" (centres culturels libertaires), il s’y était développé une culture d’auto-organisation. Les luttes dans les quartiers et dans les entreprises, menées par la base, avaient forgé une mentalité qui refusait la soumission. Les ouvriers et les paysans ne suivaient pas les politiciens. Contrairement à de nombreux pays dans ces années, le Parti communiste et le parti fasciste (en Espagne, les phalangistes) étaient groupusculaires. Cette situation inédite qui a permis la première défaite historique du fascisme fut l’oeuvre de l’anarchisme militant. La spécificité des militants anarchistes espagnols était d’être majoritairement issus des classes exploitées. D’origine paysanne ou ouvrière ils restaient dans leur milieu pour y mener la lutte de classe. A l’inverse de ce qui s’est produit en France, ils ne rejoignaient pas les appareils syndicaux réformistes. Ensemble, avec leurs collègues et avec leurs voisins, ils ont construit une fédération de groupes et de syndicats qui avaient tous pour projet le communisme libertaire et dont le fonctionnement et les tactiques essayaient d’être en cohérence avec leurs finalités.

En conséquence, Le 19 juillet 1936 vit non seulement la défaite des militaires factieux battus par le peuple en armes mais la naissance d’une révolution sociale et libertaire. Cette journée fut historique car la force et la confiance collective furent telles que spontanément des masses d’hommes et de femmes descendirent dans la rue pour s’opposer au coup d’État. Dans la plus grande partie du territoire on vit des militaires, au départ arrogants et prêts à toutes les brutalités, reculer devant des foules décidées à ne pas se laisser faire puis finir par se rendre au premier venu.

Tout comme ils avaient gagné leur liberté, tout aussi naturellement et dans un même mouvement les paysans se réapproprièrent les terres des grands possédants et les ouvriers prirent en main les machines. Dans les champs, surtout en Aragon, Valence et Catalogne, il y eut un regroupement des terres cultivées en commun au sein des Collectivités villageoises. Chacun était libre de participer ou pas à ces Collectivités. Mais même les plus sceptiques y adhéraient quand ils constataient que la Collectivité produisait mieux pour tous et avec moins de travail. Quant aux ouvriers catalans ils placèrent leur entreprise en auto-gestion et au service de tous.

Bien-entendu les privilèges, les traditions et l’obscurantisme religieux furent jetés par la fenêtre. Dans le pays de l’inquisition, on eut le droit de vivre en union libre ou de divorcer. C’était dans une atmosphère de liesse, de bonheur partagé et de fraternité que le peuple marchait vers un futur plus juste et plus humain en cet été de 1936.



Cela pouvait être contagieux. La bourgeoisie ne pouvait supporter un tel exemple. Elle était consciente de l’ampleur du vide politicien occasionné par la socialisation et l’autogestion des moyens de production qui ne laissaient aucune place aux gesticulations politiciennes. Le communisme libertaire était en marche et rendait inutile toute forme de pouvoir et de hiérarchie. Le premier acte des anciens dirigeants politiques fut d’inciter les anarchistes à participer à un gouvernement de front populaire. Ceux ci commirent l’erreur d’accepter. Certains, dont Fédérica Montseny, furent nommés ministres et ce n’est que trop tard qu’ils s’avisèrent d’avoir ainsi remis le pied à l’étrier aux adversaires de la révolution sociale. Ces derniers préféraient tout plutôt que l’émancipation sociale. lis allaient peu à peu accomplir leur travail de sape. Les politiciens professionnels socialistes et communistes, alors qu’ils ne représentaient rien, siégèrent également dans le gouvernement républicain unitaire qui fut de moins en moins symbolique et de plus en plus réactionnaire. De plus, le capitalisme avait de nouveau un pied dans chaque camp et pouvait manoeuvrer au niveau international.

Dans le camp fasciste, bien sûr, les nazis de Hitler et les chemises noires de Mussolini vinrent soutenir Franco. Dans le camp "démocrate", les bourreaux staliniens furent invités par les dirigeants républicains. Le but des uns et des autres était commun : écraser les libertés et liquider les militants et les conquêtes révolutionnaires. Après les journées de mai 1937 à Barcelone ceci se réalisa au grand jour. On assista alors à la répression ouverte contre les dissidents anarchistes ou marxistes, puis à la destruction des collectivités par les chars du Parti Communiste Espagnol. Ce fut la militarisation de la société. La transformation par la force de la révolution en une guerre traditionnelle, dont l’épisode culminant fut l’imbécile bataille de l’Èbre, n’apporta que du sang et des larmes.

Ce fut à l’aube de la deuxième guerre mondiale -dont elle constitua de bien des manières une répétition générale- que prit fin la guerre d’Espagne.

C’était en 1939.

Un militant.

*   *   *

samedi, juillet 16, 2011

Mardi : 75 ans de la révolution espagnole

Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand.


Plus d'information sur le site de l'UCL.

jeudi, juillet 08, 2010

La révolution espagnole sur les ondes de Québec...

(Via Voix de Faits)
Nos camarades du Collectif la Nuit, ont eu l'excellente idée de diffuser un feuilleton radiophonique sur la guerre d'Espagne, sur les ondes de la radio de Québec. Pour ceux et celles que ça pourrait intéresser...Bonne écoute!

Pour écouter les podcasts--par  ici

jeudi, avril 16, 2009

Salud Abel!


Abel Paz, qui fut militant de la CNT lors de la révolution espagnole et l'un des historiens les plus importants de cette période est décédé le 13 avril 2009. Par sa mort, le mouvement anarchiste perd un pan important de sa mémoire vivante en plus de perdre un militant infatigable.

Voici un extrait de sa biographie:
Né à Almeria en 1921, dans une famille d’ouvriers agricoles, sous le nom de Diego Camacho, Abel Paz (son nom de plume) est d'abord apprenti dans une usine de textile (1934). Il rejoint en 1935 le syndicat anarchiste Confederacion National del Trabajo (CNT). Quand éclate la guerre civile en 1936, il participe aux combats contre les troupes franquistes (au sein de la Colonne Durruti) jusqu'à la victoire de celles-ci, qui le contraint à s'exiler en France (1939). Comme tant d'autres réfugiés espagnols, il est enfermé en France dans des camps de prisonniers (Argelès-sur-Mer, Le Barcarès et Saint-Cyprien). En 1942, il rejoint en Espagne la guérilla anti-franquiste. Arrêté et emprisonné pendant plus de dix ans, il s'exile à nouveau en France en 1953, où il travaille dans une imprimerie jusqu'en 1977, date de son retour en Espagne. Il publie des livres sur la guerre civile espagnole. Il deviendra notamment le biographe de Buenaventura Durruti. Il vit à Gràcia, quartier populaire de Barcelone.



Salud Abel!

lundi, juillet 28, 2008

Le lundi matin en vidéo:Un documentaire sur la vie de Buenaventura Durruti

Un documentaire intéressant sur la vie de Buenaventura Durruti, dirigé par Abel Paz et Paco Rios. Ce film est basé sur la biographie de Durruti écrite par Abel Paz (Un combattant libertaire dans la révolution espagnole).

samedi, juillet 19, 2008

19 juillet 1936...

2 documentaires sur le 19 juillet 1936.Un de propagande sur la Colonne Durutti(en français) et l'autre sur les premières journées de la révolution espagnole(espagnol). Aujourd'hui 19 juillet, 72 ans après, 2 documentaires pour rendre hommages à touTes ces camarades qui ont lutté-es au nom d'un monde meilleur.

Le 19 juillet 1936, profitant de la mobilisation contre le soulèvement militaire fasciste, le peuple prend spontanément le pouvoir, reléguant le gouvernement et la bourgeoisie comme de simples instruments inutiles. C'est le début de la révolution espagnole...

4 jours après que les troupes rebelles furent défaites à Barcelone, la première milice anarchiste fortes de plus de 3000 femmes et hommes, et mené par Buenavanetura Durruti, quitte la Catalogne pour libérer leurs camarades à Saragosse.



Un petit documentaire fait à partir d'images prises par l'Union du Film de la CNT du 19 au 23 juillet 1936.

lundi, mai 12, 2008

Chronique littéraire: Commissaire de choc - L’engagement d’un jeune militant anarchiste dans la Guerre civile espagnole.

Lorsque les gens de l’Atelier de création libertaire, les éditeurs de ce magnifique témoignage de la révolution espagnole, reçurent le manuscrit de « Commissaire de choc », ils furent à prime abord repoussé par ce titre plutôt provocateur. Un titre qui allait à l’encontre de la position traditionnelle des anarchistes qui s’opposèrent à la création de l’armée populaire en 1936, lors de la révolution espagnole. Ce livre, « Commissaire de choc » c’est avant tout l’engagement d’un jeune militant de la CNT qui donna sans regrets sa jeunesse au service de la révolution espagnole, comme des milliers d’autres camarades lors de cette révolution avortée par les fascistes.

L’auteur, Joan Sans Sicart, est né le 16 mai 1915 à Barcelone d’une famille de la petite bourgeoisie « éclairée ». Son père, militant, doit quitter avec sa famille en 1929 l’Espagne, alors sous la dictature de Primo de Rivera, pour se réfugier en France à Perpignan. En 1930, alors âgé de 14 ans, Joan retourne avec sa famille en Catalogne où il côtoiera les anarchistes, parmi les plus influents de leur époque, qui se réunissaient chez lui. On peut penser à Peirõ, Montseny, Pou, Buenasaca, et de nombreux militants de la CNT (Confederación Nacional del Trabajo-anarco-syndicaliste), pour ne nommer que ceux-ci. Champion d’athlétisme à 17 ans, il deviendra instituteur à l’âge de 21 ans.

En juillet 1936, alors que les troupes rebelles, sous le commandement du général fasciste Franco, tentent un coup d’état, la révolution espagnol éclate. Sans Sicart part volontaire dans l’armée de la république, sous les drapeaux de la CNT. Il y combattra dans la désormais célèbre Colonne Durrutti puis dans la 26ième division après la « militarisation » des milices et leur centralisation au sein de l’«armée populaire ». Arrivé sur le front en juillet 1936, en tant que délégué de centurie, il deviendra le plus jeune commissaire politique de la 121ème brigade mixte, puis de la 72ème division, et finalement commissaire du XVIIIème corps d’armée en février 1939, au moment où les derniers combattants républicains tentent de fuir vers la France.

Il faut savoir que les défaites militaires d'août et septembre 1936, et la désorganisation totale du front, ont durement ébranlé les partisans du maintien des milices. Plusieurs anarchistes influents tels que Durruti, Garcia Oliver et Mera, demandent alors la mise en place d’une organisation unifiée sous un commandement unique. Une politique largement imputable au parti communiste stalinien. Il était primordial, selon ces anarchistes, d’instaurer une discipline de fer au combat et dans le service, d’élaborer une stratégie de combat efficace ainsi que de coordonner le ravitaillement, l’équipement et les communications. Une prise de position qui ne sera pas sans soulever multitudes de débats et de luttes parfois violentes au sein du front populaire. Autant certains anarchistes supportaient cette militarisation autant d’autre l’ont qualifié de prémisse à la « contre-révolution stalinienne ». Mais c'est à partir de ce moment que débutèrent les divergences politiques au sein des révolutionnaires. Les anarchistes tentent alors de réaliser ces transformations dans le cadre des milices, en maintenant l'élection des officiers, la solde unique et la suppression des grades.

Sans Sicart qui désirait plus que tout la victoire face aux fascistes, fut de ceux qui supportèrent ces mesures et devint alors commissaire politique. C’est dans cette optique qu’il accepte, à la demande de la CNT, d’aller à l’École des Commissaires, où il sortira premier de sa promotion, non sans avoir eu maille à partir avec le directeur qui était alors un membre influent du parti communiste. Le rôle du commissaire est alors de représenter la politique de guerre du gouvernement dans l’armée. Le commissaire est avant tout l'éducateur politique des soldats et des officiers, l'agent de liaison avec la population civile et l'organisateur du travail, des loisirs, du repos.

Puis ce fut la déroute des troupes républicaines et la fuite vers la France. Sans Sicart est alors en charge de restituer 12 chars d’assauts russes avec leur armement, à l’armée française, au poste frontalier de la Jonquera. C’est à partir de ce moment que Sans Sicart se retrouve incarcéré au camp de concentration de Saint Cyprien comme de nombreux espagnols. De nombreuses aventures l’y attendront encore. Puis il obtiendra un sauf conduit du gouvernement français, à la demande du gouvernement espagnol en exil, pour son attitude exemplaire durant la guerre. Sans Sicart sera par la suite persécuté par le régime de Vichy et sera actif au sein de la résistance française. Puis il œuvrera activement à la réorganisation de la CNT en France de 1945 à 1959.

« Commissaire de choc » est une biographie aux allures de roman, qui nous transportent à travers les milles et unes péripéties d’un milicien ordinaire qui a vécu une époque extraordinaire. Mais c’est avant tout un livre qui regorge de détails sur les lieux et les évènements de 1936 à 1939. Un livre qui relate au jour le jour, les batailles et la vie sur le front durant cette guerre, qui fut l’un des plus beaux espoirs révolutionnaires du 20ième siècle. C’est aussi le récit des expériences, des batailles, des bagarres, des amours et de l’autodiscipline exemplaire d’un militant qui désirait avant tout la victoire contre le fascisme et qui a tout donné pour que cette révolution puisse enfin voir le jour.

Mais c’est aussi un livre qui nous fournit une vision diamétralement opposée de la vision figée des anarchistes espagnoles qui s’opposèrent à la création de l’armée populaire. Un point de vue qui ne peut nous laisser froid et nous force à reconsidérer d’un point de vue positif certains aspects de cette militarisation, qui pour beaucoup d’anarchistes, fut le tombeau de cette révolution.

L’Atelier de création libertaire qui devait faire paraître ce livre en octobre 2007 envoya les épreuves à Joan, qui était entre temps tombé gravement malade. Joan s’est éteint le 30 septembre, à 9h45. Il a eu le temps de voir avec émotion le tirage numérique de son livre avant de quitter cette vie qui fut plus que remplie.

Un livre à lire absolument cet été....

Salud Joan!

Joan Sans Sicart, Commissaire de choc – L’engagement d’un jeune militant anarchiste dans la Guerre civile espagnole (traduit de l’espagnol par Rita Pinot, préfaces de Manuel Vasquez Montalban et de Mimmo Pucciarelli), Atelier de création libertaire, 266 pages.

Disponible à la librairie l’Insoumise (Montréal) au coût de 22$.