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« Cyril Hanouna »

Brève méditation sur un champion de l’homophobie télévisuelle décomplexée

par Mathieu Magnaudeix
23 mai 2017

18 mai dernier dans l’émission télé « Touche pas à mon poste », l’animateur Cyril Hanouna s’est distingué par un canular d’une homophobie abjecte. En guise de réaction, pour exprimer notre écoeurement, nous reprenons ce texte parfait publié sur Facebook par Mathieu Magnaudeix.

« Cyril Hanouna » c’est le mec que t’as détesté à l’école ou au collège. Tu l’as haï, le petit con qui t’humiliait à la récré, le décérébré qui riait de toi avec ses potes en te montrant du doigt, le mec au rictus qui t’appelait la "tapette" dès que tu apparaissais dans son champ de vision, le gars qui transformait tes récrés en cauchemar et auquel tu repenses souvent alors que ça fait bien longtemps tout ça.

Tu l’as haï, tu l’as maudit, t’as juré qu’il l’emporterait pas au paradis, et finalement il l’a pas emporté, ce pauvre mec, parce que t’es devenu qui tu es, merde à lui, il aurait bien aimé que tu restes là dans ton coin à pleurnicher, à avoir honte, à le craindre, lui et son petit pouvoir, lui et sa bande, lui et tous ceux qui riaient à ses blagues, mêmes les copains ou les copines que t’aimaient bien et qui étaient obligés de rire avec les autres parce qu’il était puissant au royaume déjà fucked up des courtisans du groupe scolaire.

« Cyril Hanouna », c’est le mec qui un jour t’as fusillé sur place, pas la peine de frapper pour te transpercer, celui qui t’as imité en sautillant, ou bien c’est cette fille au primaire, les filles aussi faisaient ça, qui m’appelait « la schtroumpfette » et tortillait des fesses devant moi pour se moquer juste parce que j’étais un petit garçon pataud et princesse, pédé déjà mais qui le savait pas, la scène de l’humiliation suprême, un matin dans une cour d’école d’une ville de province, un moment de rien qui t’a transpercé le coeur et auquel tu peux pas t’empêcher de penser sans avoir les yeux à nouveau humides, vingt-cinq ans après, vingt-cinq ans après, bon sang, cette scène-là en boucle alors que t’as effacé tant de bonheurs fugaces de ta mémoire.

« Cyril Hanouna », c’est le gars que t’as jamais compris. Pourquoi t’as besoin de faire ça ? Pourquoi t’as besoin d’humilier ton chroniqueur gay ? Pourquoi tu parles tout le temps d’homosexualité, comme si ça t’obsédait, 42 fois en un mois, ça veut dire des centaines et des centaines de fois par an, pourquoi c’est si grave, c’est quoi ton problème ?

Pourquoi tu ne nous laisses pas tranquille ? Tu crois pas que toi et tous les « Cyril Hanouna » du monde vous avez pas assez donné ? Pourquoi, là, maintenant, tu pièges des homos au téléphone pour te rire d’eux devant tout le monde en tortillant du cul, en prenant une voix pincée et traînante, en bougeant le poignet, les truc dont t’a dit que c’était pas des choses de garçon, parce que tu crois que t’es plus viril avec ton humiliation en réunion connard.

C’est pas grave tu vas dire, d’ailleurs tous tes fans disent « c’est juste pour rigoler », « on peut plus rien dire », « vous êtes relous, c’est pas de l’homophobie », « et l’hétérophobie vous y avez pensé un peu ? ». Tu vas même inviter un pédé, le Refuge ou je sais pas qui pour te faire pinkwasher « oui bon c’était limite mais bon on a bien ri », le truc typique des pervers absolus, « je t’humilie et je t’aime », et puis séquence suivante, tiens après les pédales on va humilier la meuf maintenant, elle est vraiment trop conne celle-là avec son décolleté et ses remarques débiles.

Tu te rends pas compte de la violence symbolique que tu produis. Tu te rends pas compte que des centaines, des milliers de gamins qui regardent ton émission, tu leur colles la honte d’eux-mêmes. Tu te rends pas compte que tes méthodes, c’est les mêmes que celles de ces mecs au lycée qui écrivent ton nom sur les murs avec « sale pédé » à côté. Les mêmes que les casseurs de pédé qui les traquent sur Internet avant de leur péter la gueule à coup de batte, à Paris ou à Grozny.

« Cyril Hanouna », je te renvoie ta merde dans la gueule pour pas qu’elle me salisse, même pour pas qu’elle m’effleure.

Lave-toi maintenant.