VIE DE BUREAU

1 travailleur sur 3 déclare avoir déjà fait un burn out... Mais savent-ils vraiment de quoi ils parlent?

Il ne faut pas confondre gros ras-le-bol et vrai pétage de plomb.

16/03/2017 10:52 CET | Actualisé il y a 17 heures
Simon Winnall
Un travailleur sur trois déclare avoir déjà fait un burn out... Mais savent-ils vraiment de quoi ils parlent?

VIE DE BUREAU - Les Français seraient-ils fâchés avec le travail? D'après l'enquête nationale de la CFDT dévoilée ce 16 mars, réalisée auprès de 200.000 personnes, une majorité de salariés aime son travail mais en juge la charge "excessive" et 36% déclarent avoir déjà fait un burn out.

Plus d'un travailleur sur trois? Le syndrome d'épuisement professionnel est au cœur des débats sur la souffrance au travail, au point que Benoît Hamon a promis de le reconnaître comme maladie professionnelle s'il est élu.

Mais cette proportion spectaculaire de burn out en France semble surtout montrer une méconnaissance de la réalité de cette maladie, ou a minima une confusion entre ras-le-bol, dépression et authentique burn out, un vrai pétage de plomb accompagné de plusieurs semaines, voire mois d'arrêt de travail.

Les témoignages recueillis pas la CFDT sur ce thème font d'ailleurs la part belle aux troubles du sommeil, et montrent ensuite la difficulté des travailleurs à distinguer le burn out des autres formes de vague à l'âme professionnel.

Ce genre de confusion est fréquente, et a été dénoncé à plusieurs reprises par les spécialistes de la question.

Pour commencer, le burn out n'a rien à voir avec un gros coup de fatigue, ou de ras-le-bol, aussi violent soit-il, comme l'ont expliqué les journalistes Emmanuelle Anizon et Jacqueline Rémy, contributrices du HuffPost:

"Dans le langage courant, le terme de burn out est mis à toutes les sauces, pour désigner à tort une simple indigestion passagère de boulot, une sensation d'épuisement, un ras-le-bol temporaire de sa chefferie... Le vrai burn out est une lame de fond, qui ronge en douce ses victimes, et les abat d'un coup. Comme les hommes et les femmes que nous avons rencontrées pour ce livre. Edouard le banquier, au volant de sa voiture, s'est évanoui dans un embouteillage. Anne la journaliste a quitté son bureau avec sa tasse de café encore pleine. Pierre-Yves le prof a quitté sa salle de classe au milieu d'un cours... Virginie, cadre marketing, n'a pas pu se lever un matin: 'Mon corps refusait littéralement de m'obéir'. Et ce cataclysme les a mis hors-jeu pendant des mois, des années. Le travail les a 'tués'."

Ceux qui ont été témoin de l'effondrement d'un collègue s'en souvienne d'ailleurs très bien. "Du jour au lendemain, cet associé s'est mis à tenir des propos complètement incohérents, jusque dans ses e-mails, à n'importe quelle heure, confie au HuffPost un avocat, associé d'un grand cabinet parisien. Il est parti plusieurs mois en arrêt de travail, avant de revenir à temps partiel quelques temps. Mais il ne s'en est jamais vraiment remis, il a fini par changer de métier."

Si tant de gens se sentent concernés, c'est probablement à cause de la banalité des symptômes. Difficulté de sommeil, irritabilité, difficulté à se détendre le soir ou en vacances, sentiment d'urgence permanent... Comment ne pas s'y reconnaître? Comme le montrent les tests d'auto diagnostiques en ligne, c'est l'accumulation crescendo de ces signaux d'alertes qui débouchent sur la crise. La sophrologue Clémence Peix Lavallée le montre très bien aussi à travers le cas d'un patient.

Autre écueil, la confusion entre dépression et burn out. Pour Christophe Bagot, psychiatre psychothérapeute, spécialiste du stress et de l'anxiété de performance, c'est au contraire la "maladie des enthousiastes", tandis que Muriel Robin, qui a expérimenté les deux, a une formule bien à elle pour les différencier.

Résultat, soigner un burn out prend du temps, et laisse souvent des traces. Même avec un mois d'arrêt de travail, il faut parfois prendre encore du temps avant de retourner au bureau. Une fois de retour, il ne faut pas avoir peur d'alerter sa hiérarchie, d'en parler avec elle, pour éviter tout risque de rechute.

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