LES BLOGS

Le soixantième anniversaire de l'Europe est-il calamiteux?

Tandis que l'Europe s'apprête dans une dizaine de jours à fêter ses soixante ans, cet anniversaire célébré en grand pompe à Rome risque d'être calamiteux, voire cauchemardesque.

13/03/2017 09:15 CET | Actualisé il y a 3 heures

Tandis que l'Europe s'apprête dans une dizaine de jours à fêter ses soixante ans, cet anniversaire célébré en grand pompe à Rome risque d'être calamiteux, voire cauchemardesque.

Quel visage politique pour les Pays-Bas?

Des élections législatives ont lieu aux Pays-Bas cette semaine: l'extrême-droite de Geert Wilders, qui dirige le parti dit de la "liberté", ouvertement raciste et non seulement sécuritaire, allié de Marine Le Pen au parlement européen, remportera en tout état de cause un nombre significatif de sièges, qui pourrait aller de 25 à 30. Il doublerait alors la mise et pourrait être en situation de former un gouvernement. Toutefois, une zone sanitaire devrait l'isoler de tous les autres partis pour l'empêcher d'accéder aux responsabilités. On voit mal en effet que Geert Wilders, premier ministre pressenti, se rende à Rome pour représenter son pays lors de la célébration du traité de Rome, alors que son parti politique représente le contraire de toutes les valeurs de l'Union européenne. Dans ce cas de figure, il devrait être exclu des cérémonies de Rome.

Mais ce scénario le plus sombre a des chances de ne pas se produire heureusement Le parti du premier ministre conservateur et libéral Mark Rutt semble être repassé devant l'extrême-droite et, en cas de difficultés, d'autres combinaisons politiques pourraient être envisagée pour faire barrage à l'extrême-droite.

L'hystérie anti-réfugiés de Viktor Orbán

Ces premières élections, avant l'élection présidentielle en France, constituent un premier test en 2017 de la montée du populisme en Europe. Toutefois, d'autres pays marqués par le néonationalisme d'Etat anti-européen, seront également présents à Rome. En premier lieu, la Hongrie avec un premier ministre qui s'oppose ouvertement aux décisions de l'Union européenne s'agissant de l'accueil des migrants et qui vient de décider unilatéralement de retenir dans des camps les demandeurs d'asile, en contradiction avec les règles issues des traités et des conventions internationales.

Cette pratique, qui rappelle des méthodes de l'Allemagne nazie, est honteuse, alors que l'Union européenne a pris des décisions courageuses pour mieux contrôler les flux migratoires ces deux dernières années, notamment la création d'un corps de gardes frontières européen. Viktor Orbán s'est singularisé l'année dernière en organisant un référendum anti immigration dirigé contre l'Union européenne. On se demande ce que fera ce personnage sulfureux à Rome aussi.

La dérive autoritaire de Beata Szydło

Il en ira de même de même de la première ministre polonaise Beata Szydło, qui s'est autorisée à "bâcher" François Hollande en plein Conseil européen la semaine dernière, en le malmenant devant la presse et en affirmant que le président français ne serait de toute plus en poste dans quelques semaines, enfin que sa parole importait peu...Aujourd'hui, la première ministre a décidé de réduire le tribunal constitutionnel à une simple chambre d'enregistrement aux ordres du gouvernement et refuse de prendre en compte les avertissements de la commission européenne.

Cette même responsable vient même de dire qu'elle était opposée à une Europe à deux vitesses prônée de nouveau par Angela Merkel et François Hollande ; mais que viendra donc faire également cette femme à Rome? Quel est le sens de convier à une réunion de ce qui devrait être la célébration des valeurs de l'Union européenne qui furent celles des Pères-fondateurs de l'Europe communautaire, des personnes qui violent tous les jours ces valeurs alors que ces pays doivent tout à l'Europe?

La célébration des soixante ans de l'Europe communautaire risque donc d'être inutile si des décisions énergiques d'avenir ne sont pas prises. L'Europe doit faire de la politique et non pas se réduire chaque jour un peu plus à ressembler à une structure internationale classique où seul résonne le vocabulaire diplomatique sans saveur ni odeur, car se bornant au plus petit dénominateur commun.

L'attelage dirigeant en voie d'éclatement

La France et l'Allemagne, avec l'Italie et l'Espagne, sont ainsi parfaitement fondées à suggérer la relance de la construction européenne à partir de quelques uns. Toutefois, il sera permis d'avoir quelques interrogations. Au mois de mai François Hollande aura quitté l'Elysée. Il n'est pas certain qu'au mois de septembre Angela Merkel occupe encore la chancellerie à Berlin. L'Italie est affaiblie et l'actuel premier ministre Paolo Gentiloni est aussi fragilisé par la volonté de l'ancien premier ministre Matteo Renzi de revenir au pouvoir en provoquant de nouvelles élections. Aujourd'hui, l'attelage qui tient le groupe de pays voulant aller de l'avant est en train de céder, ce qui rend le rôle des conducteurs très périlleux, d'autant que les uns derrière les autres pourraient céder leur place.

Si Rome doit avoir une signification dans l'histoire de la construction européenne, il s'agira alors de poser les bases d'une nouvelle impulsion politique, sans avoir peur de l'affrontement en osant adopter des décisions qui pourraient ne pas recueillir l'unanimité. Il faudrait alors que quelques pays se réunissent symboliquement à Messine où se tînt au mois de juin 1955 la première conférence préparatoire des ministres des affaires étrangères en vue de la signature des traités de Rome du 25 mars 1957.

Lire aussi:

Aux dirigeants européens de se ressaisir pour offrir une vision politique claire à l'Europe

Que peut vraiment l'Europe face au Brexit?

BLOG - La sortie de l'euro préconisée par le FN est un scénario catastrophe anti-national

Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici

Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost

Retrouvez-nous sur notre page Facebook

À voir également sur Le HuffPost: