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Pourquoi je trouve que la vidéo virale du Professeur Robert Kelly est une drôle d'illustration du racisme ordinaire

J'ai bien ri, enfin jusqu'au moment où j'ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux...

13/03/2017 12:09 CET | Actualisé 13/03/2017 12:25 CET

En ce moment tourne sur les réseaux sociaux une vidéo que vous avez sans doute vue: l'américain Robert Kelly, professeur d'université et expert en politique sud-coréenne est interviewé via Skype par la BBC quand ses enfants font irruption dans son bureau.

D'abord, c'est la grande, puis le bébé arrive tranquille dans son youpala. Le contraste entre le pauvre professeur en costume cravate qui essaie tant bien que mal de continuer l'interview et les enfants qui débarquent est hilarant. La maman hyper stressée arrive ensuite pour récupérer les gamins, à quatre pattes, sans doute pour ne pas être dans le champ de la caméra (c'est raté!). J'ai bien ri, enfin jusqu'au moment où j'ai vu les commentaires sur les réseaux sociaux...

Bien sûr, le papa a l'air coincé, il fait une interview pour la BBC et tout à coup, il est interrompu. Il tente de faire partir sa fille sans y arriver et j'ai vu qu'on l'accusait de violence (!). C'est vrai que les gamins ont l'air traumatisés. D'après ce que j'ai lu, ils ont cru que leur père était sur Skype avec leurs grands-parents et ont voulu leur parler.

Ensuite dans la plupart des commentaires, les gens ont cru que sa femme était la nounou! Eh non, c'est sa femme! J'ai l'impression que beaucoup ont pensé qu'une Asiatique dans la même maison qu'un homme blanc ne peut forcément être qu'une domestique... Et ça, ça m'énerve, ce racisme ordinaire! Si sa femme avait été une grande blonde, personne n'aurait pensé que c'était la nounou. Donc c'est sa femme, elle s'appelle Jung-a Kim et elle est prof de yoga.

HelloCoton a aussi partagé la vidéo et là, pareil, la nounou ceci, la nounou cela. Je commente rarement sur Facebook car ce n'est pas constructif et on se retrouve à devoir se justifier/à se faire insulter, et ça n'avance à rien, je le sais. Mais là, j'ai craqué et mis un commentaire et on m'a répondu "Les enfants n'ont pas l'air d'avoir des gènes asiatiques" (c'est du code pour dire qu'ils n'ont pas les yeux très bridés et qu'ils ne sont pas très bronzés...). Pour moi c'est évident qu'ils sont métis, ce qui veut dire qu'ils n'ont pas forcément des traits asiatiques très prononcés. J'ai juste répondu en partageant cette photo du Daily Mail (oui, je me mets au niveau de mes interlocuteurs).

Je vous explique pourquoi ce genre de commentaire me touche: mon mari est asiatique, notre fils est donc métissé. Si je suis seule avec mon fils, ça m'arrive que de parfaits inconnus me posent les questions suivantes:

Vous l'avez adopté à quel âge?

Il est mignon, il vient d'où?

Vous êtes allée l'acheter le chercher où?

C'est un petit vietnamien?

Au début, j'expliquais et puis j'en ai eu marre de me justifier. Maintenant je dis "Non, c'est du fait maison" et en général la conversation s'arrête là.

Quand je suis avec mon mari, on nous laisse tranquilles...

Curieusement aussi, quand je suis seule, on me tend les tracts du Front national le samedi matin au marché, mais si je suis avec mon mari et mon fils j'ai la paix! C'est bizarre, non?

Et sinon, Robert Kelly a un chouette blog si ça vous intéresse, ça s'appelle Asian Security Blog (et il doit avoir un trafic dingue en ce moment!)

Parmi mes lecteurs qui ont des familles mixtes, je suis preneuse de témoignages!

Ce billet est également publié sur le blog Koalisa.

Koalisa

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