ÉCONOMIE

Le pari révisé mais toujours risqué de la hausse de TVA promise par Fillon

Passer de 20 à 22%? L'idée ne fait pas l'unanimité.

13/03/2017 10:55 CET | Actualisé il y a 1 heure
AFP
Dénoncée, amendée... Le pari risqué d'une hausse de la TVA promise par François Fillon

ÉCONOMIE - Après les affaires, la bonne affaire. En revenant dans Les Echos sur son programme économique, détaillé lors d'une conférence de presse ce 13 mars en fin de matinée, François Fillon cherche à convaincre les Français qu'il peut sortir le pays de l'ornière. "Je suis le seul qui propose un espoir!", assure-t-il.

Au cœur de son "choc de compétitivité", 40 milliards d'allègements de charge pour les entreprises et plus de 10 milliards pour le pouvoir d'achat, en partie financés par une hausse de la TVA qui fait polémique.

Devenir le candidat de la valse des étiquettes? François Fillon a senti le danger. Emmanuel Macron préfère booster le pouvoir d'achat grâce à une baisse des cotisations sociales financée par une hausse de la CSG, quand Marine Le Pen finance son généreux programme avec une taxe de 3% sur les importations, et la sortie de l'euro.

Pour commencer, François Fillon a amendé son projet. Il annonce dans Les Echos que tous les taux intermédiaires échapperont à la hausse de deux points, et ils sont nombreux (voir ci-dessous), à commencer par l'hôtellerie et la restauration.

"Nous avons considéré que le taux intermédiaire était plutôt supérieur à la moyenne européenne, à l'inverse du taux normal de 20%, et qu'une hausse pouvait avoir des incidences négatives sur les services, justifie la candidat. Le gain budgétaire, relativement faible, ne justifie pas un tel risque."

De nombreux produits et services de bases échapperaient à la hausse

Mais même comme ça, la hausse de 20 à 22% de la TVA est toujours perçue comme un "risque" pour la consommation. "Je ne suis pas favorable à l'augmentation de la TVA, a dénoncé Serge Papin, président de Système U sur France Inter, ce 13 mars. Faire porter aux produits de grande consommation une fiscalité qui n'est pas la sienne, c'est quelque chose qui va jouer négativement sur la consommation."

"N'oublions pas que le seul pilier de notre économie qui tienne bon malgré tout, c'est la consommation intérieure. Si on fait reposer une fiscalité supplémentaire, il risque d'y avoir des conséquences sur la croissance et notamment sur le secteur agroalimentaire qui n'en a pas besoin", a-t-il conclu.

Alors, taxe sur la consommation ou pari sur la croissance? Eh bien, les deux en même temps. Tout dépendra de l'équilibre que François Fillon réussira à trouver.

Pour commencer, pas la peine d'être alarmiste. Rappelons que l'hôtellerie et la restauration ne sont pas les seuls secteurs à bénéficier d'un taux intermédiaire. Alimentation, chauffage, culture, santé... de nombreux produits et services de bases échapperont à la hausse.

(suite de l'article après le tableau)

En clair, toutes nos dépenses n'augmenteraient pas de 2% du jour au lendemain. Le coût des biens de première nécessité, auxquels les plus pauvres sont très sensibles, n'augmenteraient pas. En revanche, les vêtements, l'ameublement, la high tech, etc., n'y couperaient pas.

De plus, l'impact sur la consommation pourrait être annulé si les entreprises décident d'absorber cette hausse en rognant sur leurs marges. "Dans le cadre d'une compétition internationale, il faudra comprimer les marges. En 1995, quand Juppé a passé la TVA de 19,6 à 20%, on n'a rien vu, rappelle Daniel Gérino, président du cabinet de conseil en investissement Carlton Selection. Cela revient à affaiblir les entreprises au moment où on veut les renforcer."

"Raisonnement comptable"

Mais c'est justement là où le projet de François Fillon devient paradoxal. Pour réduire les charges qui pèsent sur le travail en France, bien plus élevées que chez nos voisins, il transfère une partie de la pression fiscale sur la consommation... qui aura à son tour un effet sur les ventes des entreprises.

"Tout est circulaire, il n'y aucune vérité absolue économique nulle part, tempère Daniel Gérino. La question est de trouver comment sortir du cercle de hausse de la dette et de la dépense publique où la France est enfermée."

Pour notre expert, le pari de François Fillon n'est pas dénué de sens s'il peut rétablir la compétitivité internationale de nos entreprises, mais il manque l'essentiel. "Fillon a un raisonnement comptable. Il ne dresse pas de perspectives pour le pays. Dans une économie mondialisée, le point de démarrage est l'enseignement. Aucun candidat n'a de réflexion de fond sur ce sujet."

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