C'EST LA VIE

Chefs, pâtissiers, commis... ces personnes atteintes de troubles psychiques ont repris le travail grâce à la cuisine

"Fous de gourmandise", l'expo qui raconte comment la cuisine a redonné vie à des personnes atteintes de troubles psychiques.

13/03/2017 10:16 CET | Actualisé il y a 2 heures

SANTÉ - Le nez au-dessus des casseroles, ils hument les fumets. Ils sont salariés des Fourneaux de Marthe et Mathieu qui n'emploient que des personnes atteintes de troubles psychiques. La photographe Anne Betton a pu les prendre sur le vif, au sein de cet établissement et service d'aide par le travail (Esat).

À l'occasion de la Semaine d'information sur la santé mentale, qui commence lundi 13 mars, la jeune femme expose son travail remarquable à la mairie de Nanterre, jusqu'au 20 mars.

Mise en lumière

Anne Betton propose des doubles portraits de ces employés, avec une mise en scène au travail, et une autre dans la vie privée. Ces personnes souhaitent être perçues comme capables d'accomplir les mêmes tâches que tout le monde, avec constance et dévouement.

Ils ont donc été nombreux à accepter de se faire photographier par Anne Betton, dans leur intimité. D'autant que son précédent travail, "Donnons un visage à la maladie psychique", avait mis en lumière sa capacité à valoriser les personnes atteintes de maladies psychiques et à leur donner de la visibilité.

Les déclics

Dans les quelques lignes qui accompagnent chaque portrait, on ne lira pas de détails sur la maladie dont souffre la personne, mais plutôt des citations pour évoquer ces moments où un déclic les a remis sur les rails. Ce déclic, c'est souvent la bienveillance et la bonne ambiance qui règnent dans ces fourneaux.

ANNE BETTON
"J'ai été bien accueillie, le travail me plaît et l'ambiance est bien. C'est plaisant d'apprendre quelque chose. Mon problème est que je panique trop facilement quand il y a beaucoup de travail, alors je m'énerve et je pars me calmer. Également, lorsque je ne comprends pas, je me braque parce que je suis en panique. Je dois réussir à être plus posée et plus confiante, à garder plus de distance afin d'être moins vulnérable. Être moins dans l'émotionnel pour angoisser moins vite et ainsi moins m'énerver."

ANNE BETTON
"Il y a une bonne ambiance, on peut apprendre facilement, le travail est intéressant et valorisant. Il n'y a pas de réflexions désobligeantes. Et puis, le temps de travail est basé sur le temps partiel. On apprend un métier. J'aime venir ici. Je me lève à 4 heures du matin et j'arrive à 6h10, avant l'ouverture, comme quelques-uns de mes collègues. On discute, on plaisante, on rit, c'est sympa de commencer la journée comme ça."

ANNE BETTON
"Après avoir exercé plus de 10 ans en pharmacie, j'appréhendais de travailler en Esat. C'est un nouveau métier pour moi, je craignais de ne pas être à la hauteur. Si obtenir un appartement au sein d'une résidence accueil m'a permis de reconstruire ma vie sur de nouvelles bases, mon nouveau travail est venu consolider cet ensemble. Il y a une bonne équipe, pas de stress, chacun son rythme, il y a de la bienveillance et de la gentillesse. Depuis, je me sens moins seule. C'est stimulant."

ANNE BETTON
"J'aime la pâtisserie. Apprendre et faire apprendre aux nouveaux. Transmettre. Nous obtenons une reconnaissance par ce savoir-faire, mais aussi par le montant qui nous est alloué chaque mois. Cela reste néanmoins difficile de gérer sa fatigue. Dormir est le seul moyen que j'ai trouvé pour gérer ce que j'appelle 'les crises de vide'. C'est comme la 'maladie des vides', je me remplis d'anxiété et ne peux plus penser. J'apprends à travailler malgré la maladie, et je ne vais plus dormir chez mes parents.

ANNE BETTON
"J'ai demandé l'orientation Esat lorsque j'ai découvert les Fourneaux. Ici, j'ai appris un métier, gagné confiance en moi, je me sens utile et il y a une bonne équipe. A terme, j'aimerais intégrer le milieu ordinaire, c'est valorisant car même si j'avais le même salaire je n'aurais plus à compter sur l'AAH (Allocation Adulte Handicapé). Ici c'est une étape dans ma vie."

Lire aussi :

Les troubles mentaux ne sont pas des fictions !

Une enfance plus simple pourrait protéger nos petits contre les troubles psychiques

Voici à quoi ça ressemble d'être amoureux quand on a des TOCs

Pour suivre les dernières actualités sur Le HuffPost C'est La Vie, cliquez ici

Deux fois par semaine, recevez la newsletter du HuffPost C'est La Vie

Retrouvez-nous sur notre page Facebook

À voir également sur Le HuffPost: