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Développement durable: un sujet sérieux pour certaines maisons de couture

Les modes passent, contrairement au développement durable.

07/03/2017 11:28 CET | Actualisé 07/03/2017 18:50 CET

En ce moment, dans la mode, la "durabilité" a le vent en poupe. Soyons honnêtes, pour un secteur basé sur l'évasion à tout prix, il n'est pas facile d'affronter certaines réalités sordides. Pourtant, c'est bien ce qui est en train d'arriver.

L'effondrement de l'usine de vêtements bangladaise Rana Plaza, en 2013, et la sortie de The True Cost (2015), un documentaire dans lequel Andrew Morgan expose la face cachée du prêt-à-porter, ont provoqué un électrochoc, d'autant que le secteur de la mode est le deuxième plus gros pollueur après l'industrie pétrolière. Les consommateurs (la génération Y, notamment), qui se soucient davantage de ce qu'ils achètent et des pratiques qu'ils veulent voir disparaître, se demandent donc s'il est capable de se réformer.

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A la fin de l'année dernière, le McKinsey Global Fashion Index estimait la valeur du secteur à 950 Milliards. Il n'est donc pas surprenant que l'industrie de l'habillement soit responsable de 10% des émissions mondiales de carbone, principale cause humaine du réchauffement de la planète, du fait de la fabrication du textile. Chaque année, près de 70 millions d'arbres sont abattus pour fabriquer des tissus tels que la rayonne, le viscose, le modal et le lyocell. Avez-vous récemment regardé les étiquettes de vos vêtements? C'est écrit dessus, noir sur blanc. Et ce n'est pas tout: on estime que plus d'un milliard d'animaux sont tués chaque année pour leur cuir et 50 millions, pour leur fourrure.

Mais des associations professionnelles, des groupes du secteur du luxe, des universités et des organisations à but non lucratif ouvrent la voie du changement. Le Fair Fashion Center de l'Université Calédonienne de Glasgow fait office de pionnier en la matière, puisqu'il collabore avec près de 30 PDG et 211 marques (conglomérats de luxe et grandes entreprises de distribution et de vente au détail) pesant près de 190 Millions Pour l'instant, la plupart des marques préfèrent rester discrètes. Toutefois, François-Henri Pinault, PDG du groupe Kering, qui regroupe les marques de luxe Saint Laurent, Alexander McQueen et Gucci, n'hésite pas à évoquer les changements qui s'imposent.

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Et puis il y a Stella McCartney, dont le modèle de développement durable est un exemple pour le secteur. Elle est, elle aussi, membre du groupe Kering. Depuis la création de sa société, elle travaille avec l'ONG Canopy pour garantir que la production du textile répond à des normes strictes en matière de durabilité. En s'approvisionnant exclusivement dans des forêts suédoises certifiées et en procédant à l'extraction dans des usines européennes elles aussi certifiées, elle réduit l'impact du transport des matières premières. Lors d'une conférence annuelle organisée au London College of Fashion, en novembre, elle déclarait: "La mode s'est affranchie des lois. Cette impunité doit cesser. Il faut s'intéresser de plus près à ses méthodes. » Elle a raison. Et elle est la preuve que c'est possible: 53% de ses collections féminines et 45% de ses vêtements pour hommes sont fabriqués de manière durable.

Le coupable: les tendances éphémères (la "fast fashion") qui pousse les gens à jeter leurs vêtements après les avoir mis quelques fois, sans même y réfléchir. D'après l'Agence américaine de protection de l'environnement, le secteur de la mode est responsable de 85% des déchets textiles en décharge, soit près de 21 milliards de tonnes. Ce constat pousse les grandes enseignes de prêt-à-porter à agir. H&M a ainsi mis en place un programme permettant aux clients de rapporter leurs vêtements usagés en échange d'une réduction sur leur prochain achat. Depuis 2013, la marque a récupéré 30 000 tonnes de vieux habits, qui ont ensuite été donnés à des boutiques de bienfaisance ou recyclés pour servir de matériau isolant.

L'an dernier, Zara a lancé Join Life (dans la lignée de la collection Conscious chez H&M en 2011), une gamme de vêtements fabriquée avec du coton bio, de la laine recyclée et du Tencel. De son côté, Topshop propose une collection en édition limitée, Reclaim, avec 20 pièces créées à partir de chutes de jersey, de coton et de jeans.

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On dit qu'un bon jean peut durer toute une vie. Le mode de fabrication de jeans Water<Less de Levi's a donc été accueilli avec beaucoup d'enthousiasme. En optant pour un procédé sans eau de délavage à la pierre, l'entreprise affirme réduire sa consommation d'eau jusqu'à 96% pour certains modèles.

Enfin, cette année devrait marquer l'arrivée de l'indice Higg, un instrument de mesure standardisé de la chaîne d'approvisionnement du secteur de l'habillement et de la chaussure. Celui devrait aider les consommateurs à prendre conscience, via les étiquettes apposées sur les vêtements, de l'impact social et environnemental de leurs achats.

La mode durable semble bien partie.

Pour en savoir plus sur le développement durable, rendez-vous sur Electrify the World, une initiative Nissan sur la mobilité intelligente.

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