Tagged: violence

De l’huile sur le feu

Comment (presque) provoquer une émeute, ou la police française dans la Jungle

 

Mardi dernier la police de Calais a créé un dangereux mouvement en mettant de l’huile sur le feu pour faire s’embraser les violences dans un moment déjà très tendu sur la Jungle. Si les violences éclatent, l’Etat aurant du sang sur les mains. Pour l’instant, les différentes communautés de la Jungle se sont refusées à mordre à l’hameçon que l’Etat leur tend.

Dans la nuit du Lundi d’avant, une bagarre a explosé sur l’autoroute près de Marck, principalement entre des groupes d’Afghans et de Soudanais tentant de faire la traversée pour le Royaume-Uni. La police est intervenue avec des canons à eau pour disperser la foule. Dans le courant de la nuit, 15 Soudanais ont été hospitalisés, dont un blessé gravement, et un a été tué. Les circonstances exactes entourant sa mort restent floues.Mardi, une bande d’au moins 20 policiers – des CRS et la Police Judiciaire – sont entrées dans la Jungle vers 18 heures. Ils ont marché jusqu’à l’intersection sur la rue principale, où les quartiers Soudanais et Afghans se rejoignent, se sont mis en formation, les armes prêtes à servir et semblent avoir affiché une seule photo sur  le mur d’un bâtiment.

La photo était apparemment un gros-plan de l’homme tué la nuit d’avant. Mort, donc.

Les policiers sont réstés en formation et regardaient, l’un deux filmant les passants. Ils ont ensuite continué leur défilé à travers la Jungle, pour enfin se retirer et se cacher dans le parc à containers de La Vie Active, protégés par les grillages et les vigiles de la sécurité privée entourant celui-ci. Avant de partir, se démarquant car filmé par un militant, un des hommes de la Police Judiciaire a physiquement menacé le militant, l’agrippant pendant qu’un de ses collègues l’avertissait lui de vive voix en lui disant “take care” à 3 reprises d’un air effrayant.

Une fois les policiers partis, les tensions ont commencé à augmenter. Les conversations se répandaient dans la jungle comme une traînée de poudre. Les groupes habituels de deux ou trois personnes sur la rue principale étaient remplacés par des groupes beaucoup plus gros – cinq, dix, quinze – principalement rassemblés par nationalité.

L’insulte et l’indignation étaient particulièrement palpables dans le quartier soudanais. Un de leurs frères avait été tué la nuit précédente et la police ajoutait insulte et manque de respect à la tragédie, photographiant le mort et l’affichant ensuite en plein milieu de la place pubique, comme une menace imminente ou un trophée exhibé à travers rues.

Des Africains de différentes nationalités ont commencé à se rassembler et les Afghans, munis de battes de cricket, de tuyaux et de planches de bois, ont commencé à emplir les rues, fourmillant, les tensions augmentant encore.

Etrangement, l’après-midi s’est terminée dans un calme relatif, bien que le risque de violences était loin d’être terminé. Plusieurs informations concordaient à dire que les représentants communautaires ont entrepris de désamorçer les tensions avant qu’elles ne se transforment en violences sérieuses. Tandis que les tensions latentes entre les différentes communautés de la Junglesont sans-cesse exacerbées par l’Etat, via les démantèlements et la surpopulation qui en résultent, l’intervention de la police concernant ce meurtre semblant au mieux profondément irresponsable, voire franchement criminel au pire.

Quoi qu’il en soit des circonstances de la mort de cet homme, afficher une photo d’un corps, mort, dans un endroit public à la jonction géographique entre les deux premières communautés impliquées est une insulte à la personne décédée et à la communauté. C’est également une incitation à la violence.

Comme répandre des rumeurs pour entretenir les tensions existantes, les agissements de la police semblent avoir eu clairement pour but d’inciter la violence dans la Jungle, comme cela était arrivé en février. Après l’affichage de la photo, ils sont partis, invisibles. Ils ont mis le feu aux poudres avant de s’enfuir.

L’absence de violence après le décès de l’homme Soudanais et les “investigations” (si on peut appeler cela comme ça) de la police qui suivirent sont la preuve d’une maturité collective réussissant à gagner malgré les circonstances largement défavorables. Les agissement de la police ont fourni, plus que le bois, aussi la poudre et l’étincelle pour mettre le feu dont on n’est vraiment pas passé loin. Avant que la police ne s’en mêle, la violence entre les communautés était une possibilité bien réelle ; après leur intervention elle semblait presque inévitable. Néanmoins le moment est passé. Correctement.

Bien sûr, la police niera toute mauvaise intention et soutiendra qu’ils enquêtaient juste sur le décès de la nuit précédente et cherchaient des témoins ou de nouvelles informations (en accrochant une photo sans donner d’explications à personne ni poser de questions, oui c’est comme ça qu’on enquête en France apparemment). Mais certaines pratiques ne doivent pas être passées sous silence. La police et la préfecture savent que le nettoyage (le démantèlement comme on l’appelle pour rester courtois) de la Jungle rencontre de nombreux obstacles, autant à cause des gens vivant ici que des retombées politiques de l’action lourde qu’une éviction majeure provoquerait inévitablement.

Si la colère ambiante de 9 000 personnes (sur)vivant dans des conditions bien souvent inhumaines peut être utilisée comme un outil pour, de un, détruire des morceaux de la Jungle par elle-même (à travers émeutes, incendies volontaires, etc.) et comme un prétexte pour, de deux, intensifier les violences policières, alors la police fera très certainement de son mieux pour exploiter et encourager cette colère. Ce qu’ils ont fait Mardi à la perfection.

Ce qui, ce Mardi, aurait pu apparaître comme l’une des plus innoffensives interventions des flics dans la Jungle, n’est vraiment pas passé loin de devenir l’une de leurs plus destructrices. Jusqu’à présent, l’équilibre a tenu malgré d’immenses conflits. Mais s’il se rompt, l’Etat français aura du sang sur les mains.

Fuel

How to (nearly) incite a riot: Lessons from the French police in the Jungle

 

On Tuesday the Calais police made a dangerous move to fuel violence in an already-tense moment in the Jungle. If violence erupts, the state will have the blood on their hands. For now, the communities in the Jungle have refused to rise to the bait.

On Monday night, conflict broke out on the motorway near Marck, between predominantly Afghan and Sudanese groups attempting to make the crossing to the UK. The police were called in with water cannons to disperse the crowd. In the course of the evening, 15 Sudanese were hospitalised and one was killed. The exact circumstances surrounding his death remain unclear.
On Tuesday, a gang of at least 20 cops – some CRS, some Police Judiciare – entered the Jungle at approximately 6pm. They marched to the intersection on the main road where the Sudanese and Afghan neighbourhoods meet, held formation, weapons ready, and seemed to post a single photo on the wall of a building.
The photo was apparently a close-up image of the man who had been killed the night before. Dead.
The police stood in formation and watched, with one filming those passing by. They then marched through the Jungle, concealing themselves in the La Vie Active container park, surrounded by fences and private security. Before leaving, one of the Policia Judiciare, having his unmarked car filmed by an activist, physically grabbed and threatened the activist, while a colleague threateningly told them to ‘Take care.’
Once the police were gone, tensions began to rise. The conversations spread throughout the Jungle like wildfire. The usual groups of twos and threes on the main road were replaced by bigger groups – five, ten, fifteen, mostly divided by nationality.
The outrage in the Sudanese quarter was palpable. One of their brothers had been killed the night before, and the police had piled insult and disrespect onto the tragedy, by photographing the deceased and then posting the photo in the middle of a public place, like a looming threat or a game trophy to be paraded through the streets.
Africans of different nationalities began to group together and Afghans with cricket bats, pipes and planks of wood began to fill the streets, milling about, as tensions rose.
Remarkably, the afternoon ended in relative calm, though the possibility of violence has far from gone. Several reports have said that community leaders managed to defuse tensions before they erupted into serious violence. While the ongoing tensions between different communities in the Jungle are constantly exacerbated by the state, via evictions and the resulting overcrowding, the police intervention surrounding this murder seemed deeply irresponsible at best, and outright criminal at worst.
Whatever the circumstances surrounding this man’s death, to post a photo of a dead body in a public place, at the geographic juncture between the two primary communities involved, is an insult to the deceased and to the community. It is also an incitement to violence.
Like spreading rumours to stoke existing tensions, the police’s move appears to have been aimed at inciting violence in the Jungle, as happened in February. After the photo posting, they left and were not to be seen. They chucked a match into the petrol and then walked away.
The lack of violence following the death of the Sudanese man and the following instigations by the police, is a testament to a collective maturity winning out in the Jungle under massively unfavourable circumstances. The actions of the police provided more than the kindling, but also the spark for a wildfire that very nearly was. Even before the police arrived, violence between communities was a very-real possibility; after their intervention, it seemed almost inevitable. Yet the moment passed.
Of course, the police will deny any ill-intent, and argue that they were simply investigating the death of the night before and searching for witnesses or new information. But such tactics must not be allowed to pass unnoticed. The police and the prefecture know that clearing the Jungle faces many obstacles, from both the people living there, as well as the political fall-out of the heavy-handed action that a major eviction would inevitably require.
If the boiling anger of 9,000 people living in often-subhuman conditions can be used as a tool to either destroy parts of the Jungle itself (through riots and arson, etc), or as a pretext for escalating police violence, then the police will surely do their best to exploit and encourage this anger. Which is what they did on Tuesday.
What may appear one of the cops’ more innocuous interventions into the Jungle on Tuesday, very nearly became one of their most-destructive. So far, the levee has held against immense odds, but if it breaks, the state will have blood on its hands.

VIDEO Violences policiere juste apres la visite de M. Cazeneuve a Calais (4 mai 2015)

Ces images ont été capturées le 5 mai 2015, dès 8h du matin et tout au long de la journée, sur la branche d’autoroute menant au port ferry de Calais (A216). Ce sont juste quelques exemples du quotidien : l’ordinaire de la brutalité policière à l’encontre des candidats au passage entre Calais et l’Angleterre, qui tentent de se dissimuler dans les camions. Calais Migrants Solidarity entend aussi rappeler les conditions difficiles dans lesquelles ce travail peut être réalisé.

1- à 0’12, Trois membres des Compagnies Républicaines de Sécurité (CRS) forcent une personne qui s’était cachée dans un camion à repasser de l’autre côté de la barrière. L’un d’entre eux pousse violemment une personne et la projete ainsi vers le bas-côté. A la fin de la séquence (0’22”) un second policier décharge une salve de gaz lacrymogène à l’aide d’un spray alors que les deux exilés étaient déjà en train de fuir.

2 – à 0’28”, Un CRS évacue une personne qui s’était cachée dans un camion, et le projette violemment de l’autre côté de la glissière de sécurité.

3 – A 00’42”, Sur la bretelle d’autoroute A16, en direction de l’Eurotunnel. Une voiture de police ralentit et décharge une salve de gaz lacrymogène en passant à proximité d’un groupe de migrants se trouvant de l’autre côté de la barrière, comme pour les dissuader d’essayer de la franchir.

4 – à 00’51”, Une personne est violemment projetée à terre, hors du camion. Un membre des CRS la poursuit, lui assène plusieurs coups de pieds au sol. L’homme parvient à se relever et tente de s’enfuir, mais reçoit alors de nouveau coups de pieds et coups de poing. à 1’09, nouvelle salve de gaz lacrymogène par son collègue, à gauche sur l’image.

5 – à 1’15”, Un CRS évacue une personne qui s’était cachée dans un camion, et le projette violemment de l’autre côté de la glissière de sécurité.

6 – à 1’24”, Un CRS menace de sa matraque et court en criant afin de faire fuir un groupe de migrants, comme par jeu.

7 – 1’40” : Scène filmée le 22 avril 2015 à proximité de la bretelle de l’A16 et de l’Eurotunnel. Un des cameramen du groupe filmant les violences policières est poursuivi par la police, immobilisé et encadré par plusieurs policiers, il est jeté à terre, un genou sur sa tête.

8 – 1’55” : Un CRS frappe la glissière de sécurité avec sa matraque, menaçant un groupe de migrants.

Rappelons qu’en janvier dernier, l’ONG Human Rights Watch avait publié un rapport dénonçant les violences policières, entraînant une réaction condescendante, dénégatrice du ministère de l’Intérieur (“le Gouvernement déploie des réponses globales et adaptées.”).

http://www.hrw.org/fr/news/2015/01/20/france-les-migrants-et-les-demandeurs-dasile-victimes-de-violence-et-demunis

http://www.interieur.gouv.fr/Actualites/Communiques/Accusations-publiques-contre-les-forces-de-l-ordre-formulees-par-l-association-Human-Rights-Watch

Plus d’information :

(EN/FR) https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

(FR) https://passeursdhospitalites.wordpress.com/

 

Police Violence

Attacks in Calais against migrants have increased massively in the past few months in both severity and frequency. We have seen many migrants beaten by police causing broken legs, arms and facial injuries. We have also heard many reports of police chasing migrants into busy motorways, which have been the cause of deaths over the last few months. Last week an Eritrean man was hit by a car whilst being chased by police, luckily he survived but others didn’t.

On Friday 19th December I was witnessed a similar attack by police forcing people to run in front of traffic. Several Eritrean men were sitting on a dividing barrier along the motorway near Leader Price waiting for truck traffic to back up on the road.

A Peugeot Police Nationale car with three officers inside pulled up on the other side of the road behind the sitting men. They opened the doors and sat with their legs out of the car, hands on batons ready to charge at the men sitting on the barrier. At that moment the road was clear, with a group of trucks approaching at about 50 – 60 mph. The police rushed at the men right before the truck was going to pass, running at them with their batons out and forcing the migrants to flee in front of the moving truck.

The truck driver repeatedly hit his horn but made no attempts to slow down, seemingly just annoyed by the migrants for ‘being in his way.’ The men narrowly passed before the truck with the last man less than half a meter from being run down.

After the attack I saw the three police laughing and mocking the migrants, clearly taking a lot of pleasure in causing pain and suffering.

It is obvious to me after witnessing this attack by the police that it was fully their intention to cause serious injury or death to the migrants. The police in Calais are actively creating situations in which deaths of migrants is a likely outcome.

Other witnesses have told of similar incidents, including in the death of an unknown man on 1st December 2014 and police pushing migrants into the cold winter water whilst beating them with batons.

Racism in the police is extremely apparent and the feeling of being untouchable seems to be increasing which in turns increases their confidence to attack migrants more and more brutally.

The police are currently operating without any fear of justice. They attacks are carried out away from the eyes of the local Calais population, against undocumented and unaccounted migrants. No Border activists have been making attempts to film police during attacks but so far have been arrested and had their cameras destroyed with high voltage electricity at the police station.


Les attaques contre les migrants à Calais ont augmenté massivement au cours des derniers mois à la fois en ce qui concerne gravité et la fréquence. Nous avons vu de nombreux migrants se faire battre par la police causant des fractures importantes au niveaux des bras et des jambes ainsi que des blessures au visage. Nous avons aussi beaucoup entendu parlé de la police chassant migrants, les forçant à s’échapper en traversant l’autoroute. Ce type d’attaque a été la cause de décès au cours des derniers mois. La semaine dernière, un homme a été érythréen heurté par une voiture tout en étant pourchassé par la police, il a heureusement survécu, mais d’autres ne ont pas eu cette chance.

Le vendredi 19 Décembre j’ai été témoin d’une attaque similaire par la police forçant les gens à courir devant dans le trafic. Plusieurs hommes érythréens étaient assis sur une barrière de séparation le long de l’autoroute près de Leader Price attentant d’avoir la voie libre pour traverser sans danger. Une voiture Peugeot Police Nationale avec trois officiers se sont arrêtés tous près des hommes Erythréen assis de l’autre côté de la route. Ils ont ouvert les portes et se sont assis avec les jambes hors de la voiture, les mains sur matraques, prêt à charger les hommes assis sur la barrière. A ce moment, la route était clair, suivi par un un groupe de camions approchant à environ 50 à 60 mph. La police à chargé sur les hommes juste avant que le camion passe, courant leur matraques à la main et forçant les migrants à fuir devant le camion roulant à toute allure.

Le conducteur du camion a frappé à plusieurs reprises son klaxon, mais n’a fait aucune tentative pour ralentir, apparemment juste agacé par les migrants «d’être sur son chemin». Les hommes ont passé de justesse avant que le camion passe. Le dernier homme à passé à moins d’un demi-mètre de se faire écraser.

Après l’attaque, je ai vu les trois policiers en riant et se moquant des migrants, en prenant manifestement beaucoup de plaisir à causer de la douleur et de la souffrance.

Il est évident pour moi après avoir assisté à cette attaque de la par de la police qu’il était pleinement leur intention de causer des blessures graves ou même la mort des migrants. La police à Calais créent activement des situations dans lesquelles la mort des migrants est un résultat probable.

D’autres témoins ont partagé que des incidents similaires, y compris la mort d’un homme inconnu le 1er Décembre 2014 et la police poussant migrants dans l’eau froide d’hiver tout en les frappant avec des matraques.

Le racisme dans la police est extrêmement apparent et le sentiment d’être intouchable semble être en augmentation qui à son tour augmente leur confiance pour attaquer les migrants de plus en plus brutalement.

Les policiers agissent actuellement sans aucune crainte de la justice. Leurs attaques sont menées loin des yeux de la population locale Calais, contre les migrants sans papiers et portées disparues. Des militants No Border ont fait des tentatives pour filmer la police au cours d’attaques mais jusqu’ici ils ont été arrêtés et leurs caméras a été détruites avec l’électricité à haute tension aux poste de police.

Two men shot last night by security guards/ Deux hommes touchés par balle par des agents de sécurité

Two men have been shot last night by a security guard in a parking of the ferry port. One was shot in the arm and has been allowed to leave hospital, the other was shot in the back and is right now in surgery. Once again it is clear that there is no limit to the repression of migrants.

Deux hommes ont été blessés par balle hier dans la nuit par un homme de la sécurité, sur le parking du ferry. Un a été blessé au bras et il a pu quitter l’hôpital. L’autre s’est fait tirer au dos et est actuellement au bloque opératoire. Une fois encore il est évident qu’il n’existe pas de limite répressive dans cette “chasse” aux migrants.