Exilé-e-s dans l’hiver des Balkans : communiqué de Migreurop

Étiquettes

, , ,

Quand l’hiver devient un élément supplémentaire au service des politiques européennes anti-migratoires (voir ici et ), Migreurop dénonce la manière dont il peut transformer les hotspots des îles grecques et les frontières des Balkans en un mouroir comme le sont la méditerranée ou le Sahara. Communiqué :

http://www.migreurop.org/article2770.html

« L’Union européenne ne peut pas abolir les hivers :

 elle doit mettre fin à la politique criminelle des hotspots !

À partir de quel moment la non assistance à personne en danger devient-elle un crime ? Quel nombre de morts permet de qualifier un crime contre l’humanité ? Ces questions se posent depuis longtemps à propos des milliers de personnes décédées en Méditerranée faute de voies légales d’accès à l’Union européenne (UE). Aujourd’hui, la situation de plus en plus grave de milliers d’exilé·es, pris au piège par des températures glaciales dans les camps grecs et sur les « routes des Balkans », met très directement en cause les choix de l’UE en matière de « gestion des flux migratoires ».

Au printemps dernier, pour ne pas accueillir les centaines de milliers de réfugié·es qui fuyaient les conflits syriens, irakiens ou d’autres régions en crise, les fonctionnaires de la Commission et les membres du Conseil européen ont mis en œuvre une « solution hotspot » qui n’a manifestement pas intégré les variable météorologiques : l’hiver, les températures baissent et le froid sévit, y compris sur les îles de la mer Egée désertées par les touristes.  Seuls des camps de toile ont été prévus pour des exilé·es « stockés » dans l’attente de l’organisation des retours forcés, considérés par les fonctionnaires et les dirigeants européens comme la meilleure solution pour régler la « crise migratoire ».

Car la Commission européenne et les États membres n’ont jamais cru à la « relocalisation », dispositif censé « soulager » les pays de première ligne (Grèce et Italie) et permettre aux hotspots de ne pas devenir des lieux durables de relégation « d’indésirables ». De fait, alors que l’objectif annoncé est le transfert de 63 000 personnes depuis la Grèce vers d’autres pays de l’UE avant le mois de septembre 2017, moins de 8 000 ont, à ce jour, pu bénéficier de ce dispositif.

Ainsi, environ 15 000 personnes sont actuellement prisonnières des hotspots des îles grecques, battues par le vent et la neige ; des milliers d’autres sont bloquées, dans une urgence humanitaire et un froid extrêmes, sur les « routes des Balkans » fermées par les membres de l’UE et leurs alliés. Or, les personnes enfermées dans les hotspots sont placées sous l’autorité directe d’agences et de fonctionnaires européens qui doivent veiller à ce que ces lieux ne se transforment pas en mouroirs. Faire remonter la température n’est pas de leur ressort ; supprimer les hivers n’est pas à l’agenda de l’UE. En revanche, la fermeture des hotspots ainsi que l’organisation d’un accès au séjour et d’un accueil durables relèvent du pouvoir des responsables européens. C’est à l’aune des camps de toile disparaissant sous la neige que leur politique criminelle sera jugée.

25 janvier 2017

Contact : contact@migreurop.org »

 

arton2770-1baecPhoto : Belgrade, janvier 2017 | (c) Danilo Balducci

 

Exilé-e-s dans l’hiver des Balkans : pétition d’Amnesty International

Étiquettes

, , ,

L’hiver met en relief les conditions d’accueil en Grèce, et en particulier dans les hotspots des îles grecques, créés dans le cadre de la politique européenne, et où les exilé-e-s dorment dans des tentes sous la neige.

Amnesty International interpelle la Commission européenne pour que des conditions d’accueil dignes soient mises en place, que les moyens soient mis en place pour traiter les demandes d’asile correctement, et que les transferts prévus vers d’autres pays de l’Union européenne soient effectivement réalisés.

https://www.amnesty.be/je-veux-agir/agir-en-ligne/signer-en-ligne/article/abandonnes-par-l-ue-des-milliers-de-refugies-risquent-de-mourir-de-froid

Vous pouvez signer la pétition ici :

http://info.amnesty.be/adserver2/grece-refugies-abandonnes-par-ue.html

 

moria-hiverLe camp du hotspot de Moria, sur l’île grecque de Lesbos.

L’hiver dans les campings pour réfugié-e-s de l’Union européenne

Étiquettes

, , ,

Alors que la Commission européenne prévoit que les demandeur-se-s d’asile pourront à nouveau être renvoyé-e-s en Grèce dans le cadre du règlement européen Dublin III, l’hiver met en relief les conditions réelles d’hébergement. Souvent, des tentes dans des hangars vides, assez souvent, des tentes en plein air.

C’est le cas à Moria, dans l’île de Lesbos, l’un des hotspots créés par l’Union européenne.

http://blogyy.net/2017/01/09/le-vrai-visage-de-leurope-forteresse/

http://www.pappaspost.com/video-shocking-conditions-refugees-outdoor-camps-greece-moria-camp-lesvos-blanketed-snow/

https://www.washingtonpost.com/world/europe/unhcr-concerned-over-refugee-conditions-on-greek-islands/2017/01/06/1bd9153a-d40e-11e6-9651-54a0154cf5b3_story.html?utm_term=.4dbb62449014

– 28° en Bosnie-Herzégovine, – 27° en Serbie, les – 7° de la côte Croate paraîtraient doux si des rafales de 140 km/h n’étaient pas enregistrées à quelques kilomètres de là sur la côte monténégrine.

Par ce froid-là on meurt, et la liste des exilé-e-s mort-e-s en traversant les Balkans s’allonge, en Bulgarie ou en Grèce, près des frontières.

http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/les-dernieres-infos-o-refugiesbalkans-une-refugiee-somalienne-morte-de-froid-en-bulgarie

http://www.courrierdesbalkans.fr/le-fil-de-l-info/meteo-une-vague-de-froid-meurtriere-s-abat-sur-les-balkans.html

 

lesbos-7-janvierLesbos, les réfugié-e-s sont bloqué-e-s dans l’île dans le cadre de la politique de l’Union européenne des « hotspots » aux frontières et de l’accord avec la Turquie (voir ici, ici, ici et ).

Grèce : le City Plaza continue

Étiquettes

, , ,

Alors que la Grèce s’est couverte de camps et que c’est devenu une nasse dans laquelle les exilé-e-s sont pris-es et bloqué-e-s sur leur route vers les pays d’Europe où ils et elles espèrent construire leur vie, un hôtel abandonné était transformé en centre d’accueil autogéré. C’était le 22 avril 2016.

Le City Plaza a fête l’anniversaire de ses six mois d’existence du 10 au 13 novembre, par des débats et des activités pour les enfants. Il a également appelé à la mobilisation à l’occasion du 18 décembre, journée internationale des migrant-e-s. C’est un lieu d’hospitalité en lien avec un mouvement social particulièrement vivace en Grèce.

Vous pouvez suivre l’activité de l’hôtel City Plaza ici :

http://solidarity2refugees.gr/city-plaza/

 

Grèce : après les campements à la frontière macédonienne, évacuation de celui du Pirée

Étiquettes

, , ,

Après Idomeni (voir ici et ), Polykastro et les autres campements proches de la frontière macédonienne, les autorités grecques ont évacué et détruit le campement du Pirée, à côté d’Athènes.

https://www.facebook.com/HelpRefugeesUK/photos/a.123267671367248.1073741830.111893659171316/271369746557039/?type=3&theater

Les conditions d’accueil dans les camps surpeuplés gérés par l’État grec ne sont pourtant guère meilleures, comme en témoignent les récents rapports de Pro Asyl et de Catholic Relief Services (en anglais).

Vous pouvez télécharger le rapport de Pro Asyl ici.

Vous pouvez télécharger le rapport de Catholic Relief Services ici.

La procédure d’asile en Grèce reste, elle, largement inaccessible, comme en témoigne ce rapport du Forum Grec des Réfugiés (en anglais).

Vous pouvez télécharger le rapport du Forum Grec des Réfugiés ici.

 

Grèce : une association d’avocats poursuit le Bureau Européen de Soutien à l’Asile

Étiquettes

, , ,

L’accord entre l’Union européenne et la Turquie prévoit le renvoi vers la Turquie des exilé-e-s arrivé-e-s en Grèce à partir du 20 mars 2016. Mais ces personnes peuvent demander l’asile sur le sol grec, et de plus en plus de tribunaux grecs jugent que le renvoi en Turquie est illégal, ce pays ne pouvant pas être considéré comme sûr pour des personnes en recherche de protection.

Dans ce contexte le Bureau Européen de Soutien à l’Asile, qui intervient au côté des autorités grecques pour traiter les demandes d’asile, empêche l’accès des avocats aux parties des hotspots où sont enregistrée et examinées les demandes d’asile. Pour des raisons de sécurité, bien sûr, mais la sécurité de qui ?

L’Association des avocats de Mytilène, sur l’île de Lesbos, a par conséquent décidé de poursuivre en justice le Bureau Européen de Soutien à l’Asile pour cette entrave à l’accès aux droits.

https://www.newsdeeply.com/refugees/op-eds/2016/06/15/new-security-on-greek-islands-reduces-access

 

Hongrie : mouvement de protestation dans un centre fermé de demandeur-se-s d’asile

Étiquettes

, , ,

Enfermement, conditions matérielles déplorables, manque d’information, les demandeurs d’asile du centre fermé de Kiskunhalas ont entamé avant-hier mercredi 1er juin un mouvement de protestation.

 

http://www.migszol.com/blog/solidarity-with-the-people-protesting-against-poor-conditions-in-the-closed-asylum-detention-center-in-kiskunhalas-hungary

« Solidarité avec les personnes qui protestent contre les mauvaises conditions dans le centre fermé de détention des demandeur-se-s d’asile à Kiskunhalas, Hongrie

Les personnes emprisonnées dans le le centre fermé de détention des demandeur-se-s d’asile de Kiskunhalas ont organisé une protestation hier, 1er juin 2016. Aujourd’hui, la protestation continue. Ils demandent la liberté de quitter la prison et de vivre dans un camp ouvert, une procédure d’asile plus rapide et de meilleures conditions de vie dans le camp. D’après Julia Ivan, une juriste du Comité Helsinky Hongrois, une proportion importante des personnes qui protestent sont des gens que la Hongrie essaye d’expulser en Grèce dans le cadre du règlement Dublin III, malgré le fait que le Cour Européenne des Droits de l’Homme ait statué contre de telles expulsions.

Kiskunhalas est un des centres de détention des demandeur-se-s d’asile, où ceux et celles-ci sont maintenu-e-s emprisonné-e-s jusqu’à six mois, sans avoir jamais commis de crime. Les conditions dans ces camps sont encore plus mauvaises que dans les « camps ouverts » – dont des violecnes courantes de la part des gardes, un accès insuffisant ou absent au soutien juridique, aux soins, à la nourriture, à des travailleurs sociaux, ou à des traducteurs (voyez notre campagne anti-détention pour plus d’informations). Les personnes sont coupées de l’extérieur, avec environ 10 minutes d’accès à internet par jour et pas de téléphones portables autorisés. Le soutien juridique de qualité est limité, mais de nombreuses personnes nous ont dit qu’on ne leur avait simplement pas dit où et quand elles verraient un juriste à propos de leur demande. La Fondation Cordelia est présente une ou deux fois par mois pour offrir un soutien psychologique.

Depuis 2013, la politique du gouvernement est de détenir les personnes qui sont condidéréées comme à risque de quitter le pays pendant leur procédure d’asile. Dans la réalité, la pratique en est beaucoup plus répandue, comme souvent détenir des personnes selon leur nationalité ou d’autres critères arbitraires. À ce moment-là, le HCR avait critiqué la Hongrie parce qu’elle rendait la détention arbitraire systématique. D’après les personnes que nous connaissons dans le camp, en ce moment environ 90 % des réfugié-e-s à Kiskunhalas vivaient auparavant dans un camp ouvert, mais ont ensuite été conduites en prison après avoir essayé de continuer vers l’Autriche, quand d’autres sont venu-e-s directement de la frontière serbe. La majorité des personnes viennent d’Afghanistan, Syrie, Irak et Iran, mais nous avons aussi parlé avec quelqu’un empêché de retourner dans son pays au Kosovo.

Le manque d’information a conduit à l’indignation. La plupart des personnes dans le camp ne savent pas pourquoi est sont maintenues en détention. Les informations paraissent inexistantes et il n’y a pas de soutien disponible à l’intérieur du périmètre entouré de grilles et fortement gardé du camp. D’après nos contacts, le seuls moments où les personnes reçoivent des informations est quand leur détention est prolongée de deux mois. La plupart des réfugié-e-s ne savent pas si leur procédure de demande d’asile continue. Ainsi, pour le moins, un environnement idéal pour produire un profond mécontentement, la déception et le désespoir.

« Quand les crimes s’accumulent, il deviennent invisibles » a écrit Bertolt Brecht. Il aurait pu facilement décrire l’évolution du système d’asile hongrois. Ses changements et réformes constants, entraînant une escalade rapide vers le désastre, et trouvant alors des moyens plus humiliants et répressifs d’amener les survivants de la Méditerranée, les endurants d’Idomeni, les vainqueurs des clôtures, au désespoir et à la résignation. Tout ceci ne paraît plus choquer quiconque, engourdis par la lente abolition du droit d’asile et la normalisation générale des tendances autoritaires.

L’épisode le plus récent de la tragédie de la migration en Hongrie n’était cependant pas invisible. Au contraire, encore une fois, les gens ont dû combattre eux-mêmes sous les yeux du public pour que leur cris vers la liberté soit entendu, pour pouvoir exprimer leurs demandes politiques. Ce premier jour de juin les gens dans la prison pour réfugié-e-s de Kiskunhalas en avaient assez. 300 des 484 détenus ont commencé à protester en chantant « liberté » et en montrant des pancartes annonçant une grève de la faim. La foule a été rapidement maîtrisée par un nombre égal de policiers, ce qui a conduit à plusieurs heures de confrontation.

Les manifestants ont choisi trois représentants pur parler en leur nom. L’un d’eux, un réfugié syrien, a remis une pétition avec leurs demandes. Parmi elle il y avait la liberté de quitter le camp, des procédures d’asile plus rapides et de meilleures conditions de vie. La délégitimation immédiate et brutalement sans compromis est venue sous la forme du principal conseiller sécurité du gouvernement György Bakondi évoquant la menace de violences venant des manifestants tout en rejetant toutes les demandes. Bien que la sécurité soit utilisée comme un moyen de légitimer la répression et ignorer les revendications politiques des migrants, le danger de la violence est réelle. Placer les gens dans des prisons, dans ces conditions, est une recette pour l’escalade.

MigSzol est solidaire des manifestants et de leurs demandes et condamne fermement la pratique de la détention. MigSzol est aussi inquiet des conséquences à long terme de mettre les personnes dans ces conditions, bien sûr pour elles mai largement pour la société. L’aliénation et la colère provoquées inévitablement par ces conditions ne peuvent certainement pas être quelque chose que qui que soit en Hongrie désire. Pour finir, nous sommes profondément désappointés par certains médias hongrois, qui ont jusqu’ici été critiques par rapport à la propagande de guerre de la Fidesz, et qui ont maintenant commencé à utiliser le même langage que le gouvernement. Ils le rejoignent en appelant les personnes « migrants illégaux », jugeant de leur caractère sans avoir jamais parlé avec elles, les accusant de demander l’asile simplement pour arrêter leur expulsion prochaine. Migszol va protester contre ces pratiques éditoriales en écrivant aux responsables des médias et aux journalistes pour les interpeller directement. »

 

Grèce : quand des exilé-e-s d’Idomeni prennent la montagne

Étiquettes

, , ,

Au troisième jour de l’évacuation du campement d’Idomeni, à la frontière gréco-macédonienne, on peut en savoir un peu plus sur le sort des personnes. Celles qui auraient accepté de monter dans les bus vers lesquels la police anti-émeute les orientait ont été emmenées vers des centres existants ou d’autres créés pour l’occasion, notamment dans des usines désaffectées de la banlieue de Thessalonique, où les conditions matérielles sont indignes, précarité de l’hébergement, nourriture insuffisante, absence d’encadrement médical, isolement. Elles seraient environ trois mille.

À-peu-près trois mille personne seraient parties dans les montagnes pour échapper à la police et à ces centres gérés par l’armée, et se trouveraient dans des conditions plus précaires encore. Quelques sept cents personnes auraient réussi à passer en Macédoine, pour continuer leur route vers le centre de l’Europe.

Sources en grec :

http://www.efsyn.gr/arthro/ekkenosi-expres-stin-eidomeni

http://www.stokokkino.gr/article/1000000000033523/THessaloniki-Domes-filoksenias-makrua-apo-oikismous

En anglais :

http://www.keeptalkinggreece.com/2016/05/25/idomeni-evacuation-in-slow-pace-as-many-reluctant-to-move-to-new-camps/

L’expulsion au jour-le-jour d’après les informations des exilé-e-s :

http://moving-europe.org/category/ticker/

http://moving-europe.org/24-5-2016-updates-from-the-eviction-in-idomeni/

http://moving-europe.org/25-5-2016-updates-from-the-eviction-in-idomeni/

http://moving-europe.org/26-5-2016-day-three-of-the-idomeni-eviction/

 

Grèce : informations sur l’évacuation du camp d’Idomeni

Étiquettes

, , ,

L’expulsion des huit mille cinq cents exilé-e-s du campement d’Idomeni, à la frontière avec la Macédoine, a commencé hier matin. Le gouvernement grec a garanti qu’il n’y aurait pas de violences. Huit compagnies de police anti-émeutes ont été mobilisées. Dans la nuit avant le début de l’évacuation, les bénévoles, militant-e-s, journalistes, photographes, ont été recherché-e-s tente par tente, véhicule par véhicule, pour être éloigné-e-s des lieux, et qu’il n’y ait ainsi pas de témoins.

Mais des témoins il y en a bien sûr, les exilé-e-s eux-mêmes. Vous pouvez suivre en ligne la situation à partir des informations qu’ils et elles envoient :

http://moving-europe.org/24-5-2016-updates-from-the-eviction-in-idomeni/

https://www.facebook.com/movingeuropeproject/

https://twitter.com/movingeurope

 

Grèce : le moment de l’accord entre la Turquie et l’Union européenne

Étiquettes

, , ,

Le 20 mars entrait en vigueur l’accord entre la Turquie et l’Union européenne prévoyant le renvoi en Turquie des exilé-e-s arrivant en Grèce, contre la relocalisation en Europe d’un-e réfugié-e syrien-ne pour chaque réfugié-e syrien-ne expulsé-e vers la Turquie.

Le 20 mars, les centres d’accueil et d’identification ouverts des îles grecques, comme Chios ou Lesbos, se transforment en centres fermés. Les exilé-e-s y y deviennent des détenu-e-s. Les volontaires qui aidaient à rendre l’accueil moins indignes sont interdit-e-s d’accès dans les centres, tandis que les ONG comme Médecins Sans Frontières s’en retirent pour ne pas être complices des violations des droits qui se mettent en place. Face à la menace d’être renvoyé-e-s en Turquie, les exilé-e-s se révoltent. Les structures solidaires indépendantes des autorités qui pouvaient exister dans les îles sont détruites ou menacées de fermeture.

 

Témoignages :

Nouvelles par le collectif I AM YOU :

« CHANGEMENTS IMPORTANTS À LESBOS

Comme nous sortons 24 heures de turbulences, nous sommes enfin en mesure de partager les dernièrs changements à Lesvos. Hier matin, les autorités ont dit à toutes les ONG et aux volontaires de quitter le camp dans Moria, car il devait être pris en charge par la police et l’armée grecques. Ces nouvelles sont un grand choc pour nous tous, y compris le HCR et même le ministère. Il est arrivé soudainement et sans avertissement. Ces changements ont suivi le nouvel accord que l’Union européenne a conclu avec la Turquie et depuis hier Moria est maintenant encore une fois un centre de détention. Seules quelques organisations telles que Médecins du Monde et Médecins Sans Frontières (MSF) restent, mais jusqu’à quand nous ne savons pas.

Tous les réfugiés qui arrivent sur les îles grecques seront renvoyés en Turquie et pour chaque Syrien déportés un autre syrien en Turquie sera réinstallé dans l’UE. Ceci est le fonctionnement théorique. Toute personne qui a été enregistré à Moria avant que cette affaire ait été officielle a été transportée sur le continent par des ferries parttant de Lesvos vers Kavala, Le Pirée ou Athènes. Celui qui est arrivé à Lesvos après l’entrée vigueur de l’accord, à minuit le 20 Mars, est maintenant détenu à Moria. Les dernières informations indiquent également que finalement la police recueillera et confisquera les biens des gens tels que les téléphones portables. But inconnu, mais nos craintes sont que le centre soit fermé de manière à rendre presque impossible pour le monde extérieur de savoir ce qui se passe derrière ses portes.

En quelques heures, nous avons pu voir Moria se transformer à nouveau en l’endroit froid et chaotique qu’il était avant que les ONG et les bénévoles ne s’y impliquent. On pouvait voir la peur faire son chemin dans les cœurs des gens et sans vraies réponses à leurs nombreuses questions tout ce que nous pouvions faire était de dire aux gens au revoir et récupérer nos affaires avant de laisser les familles de se débrouiller par elles-mêmes. Même avec les nombreuses organisations et travailleurs qualifiés en place, les collaborations, les traducteurs et l’accès à des vêtements et àvde la nourriture, Moria était une lutte pour gérer la situation jour après jour. Maintenant, avec seulement la police et l’armée, dont la tâche principale est de garder l’endroit sûr et sans aucun moyen de communiquer avec les gens, il est très difficile d’imaginer ce qui va se passer et comment les familles seront traitées.

En tant que I AM YOU nous garderons une présence à Lesvos au cours des prochaines semaines afin d’évaluer les conséquences de tous ces changements. Nous travaillons à continuer à développer de nouveaux projets et nous nous rendrons bientôt à Idomeni et Athènes pour évaluer la façon de continuer à soutenir les familles qui fuient la guerre et la persécution.
I AM YOU a construit au cours des six derniers mois une organisation très forte, avec une équipe à long terme et des bénévoles dévoués, nous sommes confiants que nous serons en mesure de nous installer dans d’autres endroits et faire ce que nous faisons le mieux – la coordination avec d’autres organisations pour créer une structure qui fonctionne bien pour aider de grandes quantités de personnes le plus efficacement possible.

Même s’il a été très difficile de dire au revoir à l’endroit où nous avons commencé, la mission de I AM YOU de soutenir les familles et de partager leurs histoires avec le monde ne fait que commencer. »

 

Protestation des exilé-e-s au centre fermé de Chios :

« Centre de rétention et d’expulsion « Vial » sur l’île de Chios : « Hurria signifie la liberté! »

Manifestation contre les réadmissions en Turquie et pour le droit de continuer le voyage vers l’Europe

Aujourd’hui, le mardi 22 Mars, dans l’après-midi, des centaines de réfugiés enfermés dans le nouveau centre de rétention « Vial » sur l’île de Chios ont commencé une protestation pour faire entendre leurs voix contre la nouvelle forteresse Europe. Ils poursuivent leur lutte pour la liberté de mouvement comme ils sont devenus les premiers réfugiés touchés par les nouvelles mesures cruelles de détention / de réadmission après le sale accord entre l’UE et la Turquie.

Des milliers de réfugiés sont maintenant derrière les barreaux directement après avoir survécu aux voyages dangereux en bateau alors que simultanément les bénévoles et de nombreuses ONG ont été chassés des anciens hotspots. Dans le même temps le HCR ainsi que Médecins Sans Frontières (MSF) ont quitté les camps critiquant ouvertement le nouveau système comme injuste et inhumain.

La porte-parole du HCR Melissa Fleming : «Le HCR est pas partie à l’accord UE-Turquie, et nous ne serons pas impliqués dans les renvois ou la détention. » Marie Elisabeth Ingres, chef de mission MSF en Grèce: «Nous ne permettrons pas que notre aide soit instrumentalisées pour une opération d’expulsion massive et nous refusons de faire partie d’un système qui n’a aucun respect pour les besoins humanitaires ou de protection des demandeurs d’asile et des migrants « .

Plus que cela, les autorités ont même maintenant coupé tout contact avec les personnes à l’intérieur en confisquant leurs téléphones mobiles. La Grèce revient aujourd’hui aux horreurs passées de « Pagani » sinon pire.

En langue arabe Hurria signifie la liberté et c’est leur demande :

Ce sont les voix de centaines de réfugiés bloqués à Chios. Ils exigent simplement la liberté. Ils exigent que les gouvernements européens prennent la responsabilité et de les traiter comme des êtres humains. Ils veulent juste continuer leur voyage vers l’Europe. Pourquoi ne pouvons-nous pas accéder à l’Europe? Pourquoi voulez-vous de nous expulser vers la Turquie? Ils demandent à tous les autres réfugiés de se joindre à leur protestation et de rester unis contre les déportations.

Déjà plus tôt aujourd’hui les militants ont commencé à témoigner de la situation terrible dans le centre de détention de Vial, et dans un groupe facebook en arabe la première vidéo de la manifestation à Chios a été diffusée.

Ce n’est pas la seule manifestation d’aujourd’hui : à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine des milliers de personnes ont commencé une autre manifestation demandant l’ouverture des frontières afin de quitter la Grèce tandis que deux réfugiés ont essayé de s’immoler par le feu par désespoir.

En attendant Welcome to Europe a essayé de trouver des premières réponses aux questions les plus urgentes des personnes qui sont maintenant détenues sur les îles grecques, ainsi que de ceux qui sont coincés dans les différents camps ouverts et fermés sur le continent. C’est sssez difficile parce que beaucoup de choses vont encore changer et on ne sait pas exactement à quoi la situation va ressembler après des semaines et des mois. »

 

Du centre d’accueil autogéré PIKPA :

« COMMUNIQUE DE PRESSE: LESVOS SOLIDARITÉ

Quelques heures après que l’UE a approuvé les mesures barbares de l’accord UE / Turquie, un mouvement massif de réfugiés en provenance de l’île de Lesvos vers le continent a commencé. Les réfugiés ont reçu aucune information claire sur l’endroit où ils se dirigeaient ou sur leurs droits. Il était évident que le gouvernement n’avait pas et n’a pas de plan sur la façon dont les services d’hébergement et de soins de santé peuvent être fournis dans les nouvelles destinations.

Dans le même temps, le maire de Mytilène a annoncé à un groupe de représentants de Lesvos solidarité que l’espace de PIKPA doit être évacué. Cela signifie que les personnes vulnérables auxquels le centre donne refuge (personnes avec des problèmes santé chroniques, des handicaps, les familles monoparentales, les personnes âgées) devront partir immédiatement afin que le maire puisse transformer l’espace dans le camp pour enfants et un centre sportif. Après les nouvelles mesures qu’il a annoncées, il n’y aura pas besoin de camps d’hébergement solidaire.

Lesvos Solidarité a informé le maire, M. Galinos que nos résidents ne peuvent être déplacés à la hâte vers une destination inconnue, sauf si un suivi cohérent y compris des cas médicaux peut être garanti dans un centre qui couvre de manière appropriée leurs besoins. De plus, beaucoup de nos résidents ont demandé l’asile, le regroupement familial, la délocalisation; ces processus vont très lentement et ainsi nos résidents devront attendre pendant un certain temps jusqu’à ce que leur cas soit traité.

La municipalité a promis de ne pas laisser ces gens dans la rue, mais en tout cas le lieu doit être vidé pour être réutilisé à d’autres fins.

En ce moment historique où l’UE n’a montré aucun respect pour la défense des droits de la personne, l’abolition du camp PIKPA à Lesvos est fortement liée à une décision politique qui impose:

• La fermeture des espaces d’hébergement ouverts et auto-organisés
• La destruction complète du système de structures de sauvetage et de soutien sur les plages
• Les attaques contre les structures autonomes, des unités médicales, des cuisines sociales et des équipes de sauveteurs.
• La suppression du réseau de solidarité.

Les actions ci-dessus ont été menées pour empêcher le droit humain fondamental des personnes à demander l’asile; pour imposer la détention des réfugiés; et pour reconnaître la Turquie comme un pays sûr: un pays qui, en réalité, crée des réfugiés politiques, viole les droits humains et ne donne pas aux gens la possibilité d’accéder à leur droit de demander l’asile.

Ce nouveau régime de l’UE cherche à écraser les mouvements de solidarité et à refuser l’accès des populations à leurs droits fondamentaux : nous refusons de vivre dans ce genre d’Europe.
Dans le même temps, les frontières grecques restent fermées, transformant la partie continentale de la Grèce en un entrepôt pour des milliers de réfugiés et transformant l’île en prison, et promouvant des expulsions massives vers la Turquie sous la surveillance de l’OTAN.

Des alternatives doivent être disponibles pour protéger la population de ce régime inhumain:

• Résister à l’application de ces nouvelles mesures de toutes les manières possibles.
• Protéger et créer de nouvelles structures qui peuvent couvrir les besoins des groupes vulnérables.
• Créer un solide réseau d’espaces d’hébergement solidaire.

A cette époque, le collectif solidaire de Lesbos estime que le refuge pour les groupes vulnérables situés dans les installations de PIKPA et tous les les espaces de travail autogérés et auto-organisés en Grèce devraient rester en place et continuer à fonctionner parce que leur existence est encore plus importante, maintenant plus que jamais.

Nous ne sommes pas prêts à accepter que nos résidents soient jetés dans des camps inappropriés, où manque l’accès à des services de base et humains.

La décision de la municipalité de transformer l’espace de PIKPA en un centre de sport pour enfants devrait inclure des propositions solides sur où et comment un nouveau camp pour les personnes vulnérables pourrait être installé. Dans le même temps, nous exigeons que la municipalité reconnaisse la solidarité que les habitants ont démontrée au cours des derniers mois et de ne pas mettre à bas notre lutte et notre travail acharné. La municipalité doit également prendre position contre la transformation de l’île en un grand centre de rétention et contre le renvoi des réfugiés vers la Turquie, un pays où les droits fondamentaux sont absents. De plus, nous exigeons que la municipalité cesse de criminaliser les structures de solidarité et soutienne l’existence des camps d’hébergement solidaires, autogérés et ouverts.

Le centre solidaire PIKPA, qui a été accusé par la municipalité «d’actions illégales et irrégulières», a été pendant trois ans et demi une plaque tournante forte de solidarité, connue dans le monde entier. Nous ne permettrons pas que notre lutte de solidarité soit détruite à cause des mesures horribles et inhumaines que l’UE a décidé d’appliquer. »

 

À propos de la destruction des Cuisines Sans Frontières par les autorités :

« Le camp des Cuisines Sans Frontières a été détruit par les autorités grecques aujourd’hui. Tout le monde a été arrêté Tous les 19 camarades des cuisines ont été libérés sans charges. Mais des centaines de réfugiés sont arrêtés et détenus à Moria, aujourd’hui, et risquent l’expulsion.
Plus d’information sur facebook.

Fuck, ça fait mal : https://www.facebook.com/nobordersnetwork/photos/pcb.1034634243271134/1034632409937984/?type=3&theater »