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Renovatio, inventio, absentia imperii

De l’Empire romain à l’impérialisme contemporain

From the Roman Empire to Contemporary Imperialism

Dall’Impero Romano all’imperialismo contemporaneo

Van het Romeinse Rijk tot hedendaags imperialisme

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Publié le vendredi 20 décembre 2013 par Luigia Parlati

Résumé

At the heart of the present conference will be the ‘reception’, ‘Nachleben’ or ‘permanence’ of the Roman Empire, of an idea and a historical paradigm which since Classical Antiquity has supported the most widespread claims to obtain and consolidate power. The focus will be on ‘culture’, this latter concept intended in a broad sense, i.e. including not only the arts, architecture, literature etc., but also philosophy, religion and, most importantly, discourse. As such, a wide array of themes will be subjected to academic scrutiny. Whereas the main focus will be on Europe and North America, this conference will also reach out towards non-Western contexts, whether or not directly related to the Roman example.

Annonce

Argumentaire

Au cœur de ce symposium, on trouvera la ‘réception’, le ‘Nachleben’ ou encore la ‘permanence’ de l’Empire romain, soit d’une idée et d’un paradigme historique qui, depuis l’Antiquité classique, a rencontré les prétentions les plus divergentes à l’obtention et à la consolidation du pouvoir. La notion de culture sera au centre des attentions, interprétée au sens large, c’est-à-dire non seulement les arts, l’architecture, la littérature, etc., mais aussi la philosophie, la religion et -surtout-, le discours et la rhétorique. Un très large éventail de thèmes sera traité ; bien qu’essentiellement centrée sur l’Europe et l’Amérique du Nord, la présente conférence offrira aussi des regards sur des contextes non-occidentaux, aussi bien dans leur relation à l’exemple romain que dans l’absence de cette dernière.

Une dimension théorique et sociologique intégrera la discussion, introduisant des questionnements méthodologiques concernant le thème général de la conférence. Plus spécifiquement, les questions suivantes seront posées : quelle est notre position en tant que chercheurs, appartenant à un contexte contemporain, souvent occidental, démocratique et capitaliste ; en ce qui concerne la notion d’empire, quels sont ses éléments constitutifs, quelles sont les conditions idéologiques auxquelles cette notion est généralement soumise ; en d’autres mots, hormis les nombreuses variantes de réception de la notion d’empire, à travers quel genre de filtres observons-nous inévitablement ce phénomène ? Car le monde a changé radicalement depuis le début du XXIe siècle : après la dissolution de l’Union soviétique, les événements du 11 septembre 2001 ont inauguré un ‘impérialisme’ américain revivifié ; en même temps, une variante essentiellement économique, catalysée par des pouvoirs émergents tels que la Chine, ont mené à une croissante contestation des structures de pouvoir existantes.

Suite à une telle prise de conscience métahistorique, cette conférence traitera autant de la nature de l’Empire romain que de ses héritiers historiques, à commencer par tous ceux qui, à travers les siècles, se sont appuyés sur elle. De par la confrontation d’une série de regards hautement divergents concernant ce thème, les participants exploreront des questions fondamentales à l’écriture, la création, et la négociation non seulement de l’histoire culturelle, mais aussi de l’histoire elle-même.

Axes thématiques

Quatre sessions thématiques présenteront des points de vue relevant de contextes temporels et géographiques hautement variés :

Session °1 : Rome et son héritage. L’Imperium Romanum dans la culture européenne de l’Antiquité classique à la montée des superpouvoirs européens (Ier siècle-XIXe siècle)

Dans l’ancienne Rome, l’idée d’empire a été soigneusement modelée à la fin de l’époque républicaine et au début de l’époque impériale, et elle est restée résiliente à travers l’histoire européenne et aussi américaine. Le modèle impérial romain est devenu la référence culturelle et politique pour les rois et empereurs de l’époque féodale, pour le pouvoir croissant des États au début de l’époque moderne, et pour l’expansion coloniale européenne à partir du XVIe siècle. La politique d’images et la rhétorique reflétaient les auteurs classiques et le rôle de certains politiciens. L’architecture romaine dressait une scène pour des démonstrations de pouvoir et d’idéologie. Si la renovatio imperii a inspiré des monarques occidentaux tels que Charlemagne, la loi romaine annonçait la centralisation étatique des États européens émergents à partir de la fin du Moyen Âge, les fondements du pouvoir de l’État et l’autorité du prince, ainsi que les attitudes de rois et ducs pendant la Renaissance. Dans le même temps, les idées de républicanisme et de résistance au pouvoir se réclamaient, elles aussi, de la descendance de Rome. En effet, et comme on le voit notamment aussi dans l’intérêt croissant pour l’Empire romain pendant le siècle des Lumières et sous Napoléon Ier (voir Ingres, etc.), l’exemplum historique de l’Empire romain est d’une nature extrêmement diversifiée et polymorphe, et son applicabilité ne peut être aucunement confinée à une seule interprétation.

Session °2 : Perspectives évolutives sur une catégorie historique : l’Empire romain dans l’époque contemporaine

Depuis la Révolution française, qui, dans un processus de ‘nationalisation des masses’ (Mosse), plaça les intérêts du peuple au cœur des débats sociétal et politique, l’héritage de l’ancienne Rome a fait l’objet d’échanges intenses. Dans cette période de discussions soutenues concernant les limites et la légitimité du pouvoir individuel et collectif furent créés nations et États. À travers les XIXe et XXe siècles, la Rome de l’Antiquité était un précédent historique duquel on pouvait tirer des leçons. Si à un niveau sociologique, le républicanisme romain a été à la base de ferventes aspirations, ce fut avant tout l’idée d’empire qui inspira les moments clef de l’histoire mondiale : des instances de politiques nationalistes agressives du XIXe siècle à la montée et le déclin des structures de pouvoir populaires, fascistes et communistes du XXe siècle, de la sanctification définitive des États-Unis comme seul superpouvoir occidental en 1945 jusqu’à son omnipotence virtuelle à la fin du siècle, du colonialisme au post- et néocolonialisme, l’impérialisme romain n’a pas cessé d’agir, que ce soit comme un exemplum historique ou comme une mise en garde. Cette session envisage de poursuivre l’exploration du sort présent, et futur, de l’Empire romain, en évaluant la façon dont des sociétés contemporaines se sont attribué, ont modelé et quelquefois aussi radicalement rejeté, l’héritage culturel de Rome dans leur quête de pouvoir et de légitimité.

Session °3 : L’empire imaginaire. Performance et représentation du pouvoir

Dans les arts plastiques, la référence à l’Empire romain n’a jamais disparu, puisque l’exaltation des fastes de la puissance impérialiste-monarchique s’est prolongée dans les avatars de celui-ci, en particulier dans ses perpétuations médiévales qu’ont constitué l’Empire byzantin, l’Empire carolingien et le Saint Empire romain germanique. Parallèlement s’est imposée une réinterprétation des modèles figuratifs païens qui durent s’adapter à l’idéologie chrétienne, suscitant de vastes débats sur le rôle de l’image qui culmineront avec les crises iconoclastes. Dans le prolongement du discours fondateur de Pétrarque, la Renaissance a décuplé le souci de renouer avec les racines de l’Antiquité gréco-romaine, à la recherche d’une pureté des formes plus imaginée que réelle. Offrant une nouvelle lecture de Vitruve, elle a même tenté de rivaliser avec la Rome impériale dans le domaine de l’architecture pour légitimer le pouvoir et l’autorité. Elle a conduit à de nouvelles interrogations et partant à de nouvelles crises opposant les partisans des Anciens et des Modernes. La réappropriation des formes de l’Antiquité romaine dans une démarche perpétuellement renouvelée d’exploration du réel, la sublimation par les arts de modèles totalitaires qui en sont issus (de Charlemagne à Napoléon, de Staline à Hitler et Mussolini), la traduction iconographique moderne de légendes de la Rome impériale, les théories artistiques fondées sur le mythe du modèle perdu de l’Antiquité romaine, sont des pistes qui pourront être explorées, aussi bien dans les arts visuels que dans la musique et la littérature.

Session °4 : Empires sans Rome?

Contrairement aux empires européen et américain, l’idée, et la mise en œuvre, d’empire telle qu’inspirée par la Rome de l’Antiquité était beaucoup moins évidente en dehors du monde occidental. Néanmoins, certains développements impériaux dans le monde islamique (les califats omeyyades et abbassides au Moyen Âge et l’Empire ottoman à partir du XVe siècle) s’inspiraient des arts, des images et des concepts administratifs de l’Imperium Romanum (et de son successeur direct en Méditerranée orientale, l’Empire byzantin). Ailleurs dans le monde, la Rome classique n’était perçue que de loin, voire même était considérée comme un concept étranger. Cette session explorera comment l’idée d’empire fut vécue en Chine, dans le sous-continent indien, et dans le monde islamique. La Chine Han, Tang, Ming ou Qin développa-t-elle des concepts ou réalisations d’empire différents, et l’organisation tribale mongole, ou encore l’Inde moghole avec ses racines islamiques, étaient-elles influencées, à travers leurs contacts avec les empires abbasside, fatimide, mamelouk ou ottoman, par d’anciennes idées romaines ? Et finalement, quand dans les XVIIIe et XIXe siècles les pouvoirs colonialistes européens ont envahi ces empires, le concept européen, et donc romain, d’empire est-il entré dans la culture locale, c’est-à-dire dans des traditions de représentation et d’application de l’idéologie impériale ? Par ailleurs, cette session permettra aussi de discuter la notion d’‘empire sans empire’ : en une époque de crise économique sans précédent, dans un monde qui est devenu un village global, la mondialisation et le capitalisme financier international ont pu être considérés comme les traductions les plus récentes de la notion d’empire, les interactions entre les marchés financiers annonçant l’émergence d’une nouvelle forme d’empire.

À l’occasion du 75ième anniversaire de l’Academia Belgica; conférence organisée par l’Academia Belgica (Rome), avec le soutien de l’Institut Historique Belge de Rome, et la Fondation Princesse Marie-José

Modalités de participation

Où et quand? Bruxelles, 11-13 septembre 2014

-Les propositions de communications (max. 1 p.) seront envoyées,

au plus tard le 31 janvier 2014,

à empire2014brussels@gmail.com, accompagnées d’un c.v. académique (max. 3 pp.: institution scientifique d’appartenance, publications académiques, diplômes obtenus,...).

Les propositions retenues seront communiquées le 25 février 2014 au plus tard.

-La publication des actes est prévue, après sélection et évaluation des communications définitives, qui seront envoyées au plus tard le 30 novembre 2014.

Comité organisateur:

  • -Wouter Bracke (directeur, Academia Belgica, Rome)
  • -Jan De Maeyer (président, Institut Historique Belge de Rome)
  • -Pierre-Yves Kairis (président, Fondation Princesse Marie-José)
  • -Peter Stabel (président, Academia Belgica, Rome)

Keynote speakers confirmés:

Wim Blockmans (Université de Leiden), Christophe Imbert (Université de Toulouse-Le Mirail), Martin Kohlrausch (KU Leuven), Christoph Schönberger (Université de Konstanz)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Catégories

Lieux

  • Bruxelles, Belgique (1000)

Dates

  • vendredi 31 janvier 2014

Mots-clés

  • réception, empire, impérialisme, Rome

Contacts

  • Valérie Nahon
    courriel : empire2014brussels [at] gmail [dot] com

Source de l'information

  • Valérie Nahon
    courriel : empire2014brussels [at] gmail [dot] com

Pour citer cette annonce

« Renovatio, inventio, absentia imperii », Appel à contribution, Calenda, Publié le vendredi 20 décembre 2013, http://calenda.org/270671