Dérive et précarité
Créer sa propre activité en tant qu'auto-entrepreneur c'est facile , c'est pas cher mais pour certains ça ne rapporte pas gros ... car ce nouveau statut permet de transformer de manière fictive un salarié en chef d'entreprise .
Entré en vigueur le 1er janvier 2009, le statut d'auto - entrepreneur permet aux salariés, chômeurs, retraités ou étudiants de développer une activité à titre principal ou complémentaire pour accroître leurs revenus, avec des démarches simplifiées et un régime fiscal avantageux.
L'auto-entrepreneur ne paye en effet d'impôts et de cotisations sociales qu'en cas d'activité effective sous forme de chiffre d'affaires.
Si ce système facilite la création de sa propre activité nous assistons aujourd'hui à une véritable dérive !
Pour s'en rendre compte il suffit d'aller sur les sites d'offres d'emploi. : les offres telles qu'artisans recherchent peintres ou bars recherchent serveurs et serveuses à condition qu'ils aient le statut d'auto entrepreneurs explosent.
Rien d'étonnant car en prériode de crise il n'y a pas de petites économies et certains n'hésitent pas à recourir à moindre frais aux auto- entrepreneurs ( absence de charges sociales ou patronales, flexibilité du travail, possibilité de rompre le contrat de prestation de services unilatéralement etc...) alors qu'en fait ces personnes sont de véritables salariés ( lien de subordination)
Mieux encore , des employeurs se séparent de leurs salariés, y compris en les licenciant, pour mieux les reprendre ensuite comme auto-entrepreneurs, constate l'Urssaf d'Amiens. Certains secteurs, comme le bâtiment, sont particulièrement exposés à une telle dérive : "On reçoit de plus en plus de courriers de salariés qui demandent quels seraient leurs droits s'ils s'installaient en tant qu'auto-entrepreneurs et devenaient sous-traitants de leurs patrons", note Patrick Liebus, président de l'Urssaf de l'Ain.
L'ancien salarié est satisfait car souvent il gagne un peu plus qu'avant.
Mais c'est un leurre car dans le même temps il perd toutes les garanties attachées au contrat de travail et le droit aux allocations chômage.
L'employeur peut en effet rompre à tout moment le contrat de prestation de services qui les lie, le privant ainsi de revenus.
"Bien souvent, ils n'ont pas le choix, c'est ça ou la porte", relève Patrick Liebus.
Les entreprises qui utilisent ce procédé risquent de voir requalifié le contrat de prestation en un contrat de travail. L'URSSAF a les moyens d'effectuer un contrôle.
Les employés ont de leur côté la possibilité de se retourner vers les Prud'hommes.
"la répression des fraudes sera très attentive", promet le 3 février, au Salon des entrepreneurs à Paris, Hervé Novelli, le ministre chargé des PME.... pour qui "le succès du statut l'emporte sur telle ou telle dérive".
Cette déclaration sera t-elle suivie de mesures concrètes qui permettent d'enrayer le phénomène ?
Nous pouvons légitimement en douter car grossir les statistiques du chômage n'est pas dans l'air du temps.
Les régionales approchent et il faut montrer un bilan favorable de l'action gouvernementale !
Alors en bon VRP de ce système le gouvernement continue de le présenter sur son site de manière quasi idyllique.
"si vous êtes retraités , salariés, étudiants et que vous souhaitez un revenu supplémentaire, si vous êtes chômeurs et que vous souhaitez "rebondir' vous pouvez devenir auto entrepreneur.
Le régime de l'auto-entrepreneur mis en place par Hervé Novelli, c'est un passeport offert à tous les Français qui souhaitent transformer leur talent en argent et bénéficier de revenus supplémentaires. Cela répond à un vrai besoin, particulièrement en cette période de crise."
c'est bien connu en France il y a du travail il n'y a qu'à se pencher pour le ramasser !
Pour devenir auto entrepreneur rien de plus facile :
finie la tracasserie administrative : l'auto-entrepreneur n'aura pas besoin de s'immatriculer au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers ;
une seule déclaration suffit : il doit s'inscrire sur le site en ligne www.lautoentrepreneur.fr pour pouvoir commencer son activité dès le lendemain ;
ce qui est vrai lorsqu'on souhaite créer son activité est aussi vrai pour l'interrompre : l'auto-entrepreneur peut cesser son activité sans être soumis à des formalités ou à des obligations administratives complexes
Il n'y a qu'une seule limite pour être auto-entrepreneur : il faut réaliser moins de 80 000 euros de chiffre d'affaires pour une activité commerciale ou moins de 32 000 euros pour les prestations de services et les activités libérales. Ces seuils évolueront chaque année comme le barème de l'impôt sur le revenu.