À l'approche de la date limite, comment Bergevin peut-il savoir ce que vaut son club?
BILLET – Vous êtes directeur général du Canadien. Vous arrivez à la date limite des transactions et votre formation vous a jusqu'à présent montré deux visages totalement opposés : celui d'une équipe de première place et celui d'un minable club de dernier rang. Vous faites quoi?
Un texte de Martin Leclerc
Le Canadien a maintenant complété les trois-quarts de son calendrier régulier. Voici la manière dont a évolué l’équipe dans chacun de ces trois segments :
- Matchs 1 à 20 : fiche de 14-4-2 (30 points, rythme d’une saison de plus de 120 points)
- Matchs 21 à 41 : fiche de 11-6-4 (récolte de 26 points, rythme d’une saison de 102 à 104 points)
- Matchs 42 à 61 : Fiche de 7-11-2 (récolte de 16 points, rythme d’une saison de 64 ou 65 points.
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Pour freiner cette chute vertigineuse, Marc Bergevin a posé un geste spectaculaire la semaine dernière en remerciant Michel Therrien et en accordant à Claude Julien un contrat de 5 ans, estimé à quelque 25 millions.
Même si le Tricolore n’a remporté que deux de ses quatre matchs depuis l’arrivée de Julien, la présence du nouvel entraîneur se fait déjà sentir.
- Le nombre de chances de marquer accordées à l’adversaire est encore trop élevé, néanmoins l’équipe a resserré sa défense et s’applique à sortir la rondelle de façon plus structurée, ce qui facilite la transition. L’échec-avant est nettement plus combatif et l’accent est davantage mis sur la récupération des rondelles libres et l’intensité des batailles à un contre un.
- Depuis l’arrivée de Julien, Carey Price affiche une moyenne d’efficacité de ,932. Le gardien numéro un du CH n’avait pas connu quatre matchs de suite au-dessus de la barre des ,900 depuis le mois d’octobre, alors qu’il survolait littéralement la LNH.
- Depuis l’arrivée de Julien, l’unité de désavantage numérique n’a toujours pas accordé de but (en 11 tentatives) alors qu’elle était en chute libre depuis un bon moment et qu’elle plombait constamment les chances de victoire de l’équipe.
- Au cours de la dernière semaine, le Canadien a vaincu deux clubs qualifiés pour les séries éliminatoires (sur les patinoires adverses en plus), chose que les partisans n’avaient pas vue depuis la mi-janvier.
Tout n’est donc pas noir. Cette formation est en train de revenir à la vie.
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Mais en même temps, Claude Julien a encore énormément de travail devant lui.
- Le CH a eu besoin de performances titanesques de Carey Price pour remporter ses deux dernières victoires. Le club n’a pas remporté un match en temps réglementaire depuis le 31 janvier.
- Malgré l’arrivée de Julien, l’équipe peine encore énormément à générer des chances de marquer. Dans des conditions normales, une équipe de la LNH génère environ 15 chances de marquer au cours d’une rencontre. Au cours des quatre derniers matchs, la moyenne du CH se situe à 7,75 chances par match. Ça ne fait pas des enfants forts.
- Ceci expliquant cela, depuis le début de février, seulement quatre attaquants du Canadien (Pacioretty, Radulov, Shaw et Galchenyuk) sont parvenus à secouer les cordages.
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Cela dit, même si Julien devait replacer cette formation sur le chemin de la victoire avant les séries éliminatoires, le CH demeurerait un géant aux pieds d’argile.
- La ligne de centre est un cafouillis sans nom. Alors que l’équipe amorce le dernier droit du calendrier, aucun des centres de l’équipe n’occupe le rôle qu’on lui avait assigné au début de la saison. Plekanec connaît une pénible fin de carrière (14 buts à ses 119 derniers matchs); Desharnais traverse une saison de misère; le jury délibère toujours dans le cas de Galchenyuk et Torrey Mitchell (qui n’a pas marqué depuis près d’une demi-saison) a été tassé à l’aile.
- Dans l’histoire moderne, combien d’équipes ont connu un long parcours éliminatoire après avoir confié le poste de premier centre à un jeune (Danault) qui avait amorcé la saison dans le rôle d’ailier gauche au sein du quatrième trio?
- Par ailleurs, le CH n’a pas été capable de dénicher à l’interne un défenseur gaucher pouvait bien faire circuler la rondelle et capable d’évoluer au sein de sa première paire aux côtés de Shea Weber. Jusqu’à samedi, ce rôle a été campé par Alexei Emelin, qui n’a jamais été capable d’assumer ce genre de responsabilités dans le passé. Samedi soir, Claude Julien a jumelé Weber à Andrei Markov face aux Leafs mais cette expérience pourra dificilement durer. Weber est un patineur moyen, alors que Markov se situe une coche en dessous. Les premiers trios adverses exploiteront cette faille.
- Dans l’histoire moderne, combien d’équipes ont connu un long parcours éliminatoire en misant sur un premier duo de défenseurs totalisant 69 ans d’âge?
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Alors, que feriez-vous si vous étiez Marc Bergevin? Votre équipe est-elle une sorte de docteur Jekyll, ou de Mister Hyde?
Il faut trancher. Le temps presse. D’un côté, vos vétérans ne rajeunissent pas. Et de l’autre, votre banque de jeunes espoirs (capables de jouer un rôle prépondérant dans la LNH) se résume presque à zéro et une barre.
Vos deux meilleurs espoirs sont Charlie Lindgren (un gardien embauché le printemps dernier à titre de joueur autonome alors qu’il sortait des rangs universitaires) et Mikhail Sergachev, un défenseur d’âge junior. Après ça? Bonne chance!
Au cours des deux prochains repêchages, le CH dispose de deux choix de première ronde et de quatre choix de deuxième ronde. Au lieu de continuer à pousser la neige vers l’avant, le temps n’est-il pas venu d’empiler le plus de choix possible pour essayer de rebâtir cette organisation?
Ce qui se produira d’ici mercredi après-midi sera fascinant. Les actions (ou l’inaction) de Marc Bergevin nous en diront beaucoup plus sur son évaluation du Canadien (et sur les grandes orientations de l'organisation) que tous les points de presse auxquels il a pris part au cours de la dernière année.