Le poids insoupçonné de Montréal dans la course à la direction du Parti conservateur
Depuis plusieurs élections, Montréal est la grande ville canadienne où les conservateurs connaissent leurs moins bons résultats électoraux. La dernière fois que certains d'entre eux y ont été élus, c'était en 1988, sous Brian Mulroney. Malgré tout, les membres montréalais du Parti conservateur auront un grand poids dans le choix du prochain chef.
Un texte de Raphaël Bouvier-Auclair
« Je dirais ça, centre-gauche », lance un passant dans la rue Masson pour nous dépeindre le portrait politique de son quartier.
Au fédéral, Rosemont–La-Petite-Patrie est le fief du néo-démocrate Alexandre Boulerice. Au provincial, le quartier est partagé entre le chef péquiste Jean-François Lisée, et jusqu’à tout récemment, l’ancienne porte-parole de Québec solidaire, Françoise David.
Il y a tout de même quelques dizaines de militants conservateurs, dont Marc Rousseau, qui est un partisan du candidat Erin O'Toole. Même s'ils sont peu nombreux, les membres comme lui pourraient jouer un rôle déterminant pendant la course à la direction du parti.
On est influents, on se fait solliciter et je pense que l’importance du Québec dans la course a été notée depuis quelques mois.
Des votes puissants
C’est qu’avec le système en place au sein du parti, toutes les circonscriptions, qu’elles disposent de 25 ou 2500 membres, ont un poids égal. Chacune vaut 100 points.
Les points seront divisés entre les candidats, proportionnellement au pourcentage de vote obtenu. Pour l’emporter, le gagnant doit recueillir au moins la moitié des points disponibles à travers le pays.
Donc un vote dans une circonscription où les membres sont moins nombreux, comme celle de Rosemont, a un poids majeur.
Le Québec, même avec peu de membres, joue donc un grand rôle puisque la province dispose de près du quart des points.
Des raisons historiques
Pour comprendre ce système électoral, il faut remonter dans le passé.
L'Alliance, qui avait alors un nombre important de militants, notamment dans l'ouest, aurait préféré que le système donne un poids égal au vote de chaque membre plutôt qu’aux circonscriptions.
Mais l’exigence était essentielle pour les progressistes-conservateurs, plus présents dans le centre et l’est du pays.
Il fallait s’assurer que le Parti progressiste-conservateur n’était tout simplement pas avalé par l’Alliance canadienne et les réformistes. Dans ce contexte-là, cela devenait une espèce de condition sine qua non.
Un système contesté
Depuis l’existence du Parti conservateur actuel, congrès après congrès, des motions ont été présentées pour revoir le système électoral en place. Certains au sein de la formation jugent qu’il donne un poids disproportionné à certaines régions.
Ces motions n’ont jamais été adoptées.
Le député albertain Tom Kmiec reconnaît que certains militants de sa province auraient aimé un changement, par exemple un système qui aurait récompensé les circonscriptions plus riches en membres, en leur accordant davantage de points.
Si on avait 200 membres dans un comté au Québec, dans les Maritimes ou même en Ontario et au Manitoba, on aurait plus de points, ça aurait quelque chose d'intéressant.
L'élu respecte le choix des membres de conserver le système établi en 2003.
Les candidats à la conquête de membres
À Montréal, bien des militants, comme le président de l’association conservatrice de Papineau, se réjouissent que le système électoral soit toujours en place.
Il faut que le Parti conservateur soit le parti de tout le monde. Sans exclusion aucune.
M. Mergherbi, qui représente une association qui comprend entre 50 et 70 membres, a parlé directement à Kevin O’Leary et a été contacté par l’équipe de Maxime Bernier.
Contacts directs, appels, vente de cartes de membres. Dans cette course, Montréal et l'ensemble du Québec sont convoités.