Année passée en revue : 2009

L’année 2009 a été dominée par l’extension du marasme économique mondial causé par l’effondrement de Wall Street en septembre 2008. Le chômage et la pauvreté ont grimpé considérablement en Amérique du Nord, en Europe et de plus en plus dans les « pays émergents » d’Asie.


Les élites dirigeantes de tous les pays ont utilisé le chômage de masse comme une arme pour faciliter une réduction drastique des salaires et des conditions de travail ainsi que pour réduire les coûts de travail. Elles ont lancé une attaque frontale contre les prestations sociales – les soins de santé, l’éducation, les retraite – acquises de haute lutte par la classe ouvrière au cours du siècle précédent.

Washington et Wall Street ont pris les commandes. Le président Barack Obama, dont l’élection a été le résultat d’une campagne publicitaire fondée sur le slogan creux pour le « changement » visant à exploiter l’hostilité de masse éprouvée à l’égard du gouvernement Bush, a dirigé un gouvernement qui s’est vite révélé être le plus réactionnaire de toute l’histoire américaine. Le nouveau gouvernement, qui a disposé d’une confortable majorité à la fois à la Chambre des Représentants et au Sénat, a poursuivi et accentué la politique droitière de son prédécesseur.

Des travailleurs sans emploi faisant la queue à l’Agence pour l’emploi à Detroit

La crise mondiale du capitalisme

La crise de 2008 a été un événement qui a transformé l’histoire du capitalisme mondial. Dans la première Perspective (Le crack de 2008 et ce que nous réserve 2009) du WSWS de 2009, Nick Beams écrivait :

Lorsqu’on passe en revue l’histoire, certaines années ressortent plus que d’autres à cause des événements clés auxquels elles sont associées. Les années 1914, 1929, 1933, 1939 et dans une période plus récente, 1956 et 1989 en sont des exemples. Ce sera le destin de l’année 2008 de faire partie de ces années clés.

L’effondrement de Wall Street a été l’expression d’une crise systémique profondément enracinée. Dans un rapport (report) fait le 10 janvier lors d’une réunion plénière du Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, SEP) du Midwest, son président national, David North, et son secrétaire national, Joseph Kishore, ont souligné que la crise intensifierait le conflit de classe partout dans le monde en créant les « conditions objectives préalables requises pour une crise révolutionnaire. »

Il n’y aura pas de solution pacifique et ‘socialement neutre’ à la crise. Les réactions improvisées de la classe dirigeante américaine aux perturbations économiques ne résoudront rien. D’ores et déjà des centaines de milliards ont été gaspillés dans divers plans de sauvetage précipitamment conçus. En ce qui concerne le président Obama, il recherche l’impossible : une solution à la crise n’affectant pas les fondements du capitalisme et les intérêts de l’élite financière.

Ce rapport présenté 10 jours avant l’investiture d’Obama le 20 janvier, avait donné un aperçu du caractère du prochain gouvernement.

Avant même qu’il n’assume officiellement ses fonctions comme « dirigeant du monde libre », Obama – de par le choix de ses ministres, la proposition de son plan « de relance » économique, son silence durant l’attaque d’Israël contre la bande de Gaza – prouve sa fidélité aux sections les plus puissantes de l’élite patronale. Quelles que soient les modifications apportées à la tactique et au ton, il n’y aura pas de démantèlement de la machine militaire américaine, et encore moins un renoncement aux ambitions mondiales de l’impérialisme américain… Obama a clairement fait comprendre qu’il continuerait la politique d’assistanat des banques pratiquée par le gouvernement…

La rapidité vertigineuse du désaveu par Obama de ses propres promesses électorales exprime bien plus que sa propre malhonnêteté et son propre cynisme. Elle reflète une profonde crise de la démocratie américaine. Les institutions actuelles et le cadre politique sont insensibles à l’expression démocratique de la volonté populaire. Qu’il s’agisse d’un démocrate ou d’un républicain au gouvernement, cela n’influence en rien l’orientation de base de la politique gouvernementale. Le système des « deux partis » fonctionne de façon de plus en plus grossière comme un outil par lequel l’oligarchie financière dirigeante exerce son pouvoir politique et contrôle l’Etat. Il résulte de ce fait politique essentiel que la direction du gouvernement Obama ne sera pas changée par une pression populaire sur sa « gauche », comme l’affirment les multiples organisations protestataires de la gauche libérale et petite- bourgeoises axées sur le Parti démocratique. La fin de la guerre et de l’inégalité, tout comme un règlement de comptes avec les crimes de l’impérialisme américain ne peuvent être obtenus dans le cadre d’un régime capitaliste-impérialiste dégénéré. Ce qui est requis ce n’est pas un « changement » – qui fut le mantra creux de la campagne électorale d’Obama – mais une révolution sociale.

Prévoyant l’augmentation des luttes sociales dans le monde entier, le rapport a expliquait :

Chaque crise historique oblige les principales classes à adopter un point de vue indépendant et à avancer, avec plus ou moins de clarté, une solution de classe. Les premiers appels à l’unité nationale et à un sacrifice commun se dissoudront rapidement dans des récriminations mutuelles, en une hostilité grandissante et un conflit ouvert.

Les événements survenus en 2009 ont confirmé la justesse de cette analyse. Durant les premiers mois de l’année, l’économie mondiale se trouva en chute libre. Fin janvier, 74.000 licenciements furent annoncés en une seule journée aux Etats-Unis. (Lundi noir : 74 000 licenciements en un jour) 750.000 emplois furent anéantis en janvier et tout autant en février.
Dans le même temps, les marchés boursiers subissaient un fort repli. En une seule journée, en mars, l’indice américain Dow Jones Industrial Average avait perdu 4,6 pour cent à la clôture pour tomber à son plus bas niveau depuis 12 ans (the lowest level in 12 years). Les marchés mondiaux ont connu une évolution similaire.

L’aggravation de la dépression a gonflé les déficits budgétaires dans un pays après l’autre alors que les recettes fiscales chutaient et que les dépenses gouvernementales pour les allocations chômage et autres formes d’aide augmentaient. En Europe, les taux d’intérêt de la dette gouvernementale ont grimpé en flèche, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Irlande (Ireland) et en Italie et il y a eu des mises en garde contre un éventuel éclatement de la zone euro (euro zone).

En Allemagne, la grande coalition entre l’Union chrétienne-démocrate et le Parti social-démocrate a exhorté tous les pays européens à respecter une stricte discipline fiscale. Ceci a signifié d’énormes réductions des dépenses sociales, une hausse du chômage et de la pauvreté. Entre-temps, des cadeaux fiscaux et autres mesures de relance (stimulus measures) furent adoptées pour aider les grands groupes.

Le premier gouvernement à tomber sous l’effet de la crise fut celui de l’Islande après que des protestations de masse eurent lieu suite à l’effondrement de la monnaie et du système bancaire. Fin janvier, le WSWS a noté que « des milliers de manifestants se sont rassemblés devant le bâtiment du parlement et ont jeté des œufs, de la peinture et des rouleaux de papier toilette sur le premier ministre Geir Haarde (du Parti de l’Indépendance, PI, droite) et la police a répliqué en tirant du gaz lacrymogène. C’est la première fois depuis 1949 que du gaz lacrymogène a été utilisé contre la population en Islande. » (Voir : Les protestations contre la crise économique font chuter le gouvernement islandais) C’était là des signes avant-coureurs de choses à venir. Un gouvernement de coalition nationale a été formé issu d’une alliance entre sociaux-démocrates et Verts sur la base d’une dévaluation massive de la monnaie et de lourdes charges financières placées sur le dos de la classe ouvrière.

En Grande-Bretagne (Britain), le chômage a dépassé la marque des deux millions, et le mois de février a enregistré le plus fort taux de chômage depuis 1971. En France, une vague de licenciements a déclenché une opposition généralisée de la classe ouvrière et contraint les syndicats à appeler, fin janvier, à une grève nationale de 24 heures (France : les travailleurs ont besoin d’une perspective socialiste pour combattre la crise économique) dans le but de faire baisser la pression et de prévenir tout mouvement pour faire tomber le gouvernement du président Nicolas Sarkozy.

Il y eut des protestations partout en Europe de l’Est (Eastern Europe), où la population laborieuse des pays anciennement dirigés par les staliniens a fait les frais de la crise capitaliste. Les gouvernements se sont effondrés en Lettonie (Latvia), en République tchèque (Czech Republic) et en Hongrie (Hungary). Le chômage a monté en flèche en Scandinavie ; en Suède (Sweden) un demi-million de personnes furent privées d’emploi et le constructeur automobile Saab a demandé sa mise en faillite.

Les économies asiatiques dépendantes de l’exportation ont commencé à ralentir considérablement (slow sharply) à partir du début de l’année. En Chine, plus de 20 million de travailleurs migrants ruraux ont perdu leurs emplois (lost their jobs) au fur et à mesure de la fermeture des usines. Le régime a réagi (responded) par un vaste plan de relance des dépenses tout en s’efforçant à faire baisser les salaires et à sauvegarder la position de la Chine en tant que première plateforme mondiale de main-d’œuvre bon marché.

Le Japon, avec la dévastation de son économie fondée sur les exportations du fait du ralentissement mondial, a enregistré une chute record de son BIP (record fall in GDP) – un taux annualisé négatif de 12,7 pour cent. L’économie de l’Inde s’est heurtée à un mur avec la suppression d’un demi-million d’emplois (half million jobs wiped out) et la prévision de l’élimination de 1,5 million de plus dans la première moitié de 2009. En Turquie (Turkey), une autre économie régionale en croissance rapide, le taux de chômage était à deux chiffres,.

En réaction à la crise, le SEP (Etats-Unis) et le WSWS ont organisé un nombre de réunions dont une série de conférences régionales sous le titre, « La crise économique mondiale, la faillite du capitalisme et le bien fondé du socialisme. » Une résolution (resolution) fut adoptée et qui exposait une perspective socialiste contre la crise.

Au printemps de 2009, David North, le président du comité de rédaction international a présenté deux rapports importants expliquant les origines historiques et les implications politiques de la crise. « La crise capitaliste et le retour de l’histoire, » (“The capitalist crisis and the return of history,”) une conférence tenue lors de réunions en mars, a débuté en remarquant que la crise avait sapé les fondations idéologiques du capitalisme.

Des économistes bourgeois sérieux reconnaissent que la crise de l’économie mondiale – la pire depuis les années 1930 – a porté un coup dévastateur à la légitimité internationale du système capitaliste. Les panacées du libre marché qui pendant près de trois décennies ont été portés aux nues par les politiciens, les experts des médias et de nombreux économistes du milieu universitaire comme étant des vérités incontestables, ont été intellectuellement et moralement discréditées.

North a attiré l’attention sur ce qu’il a appelé « le deux poids deux mesures intellectuel » grâce auquel les apologistes du capitalisme, qui avaient affirmé que l’effondrement de l’Union soviétique avait prouvé l’impossible viabilité d’une économie planifiée, cherchaient à présent à éluder la signification historique de l’effondrement économique mondial et niaient qu’il représentait la faillite du système de profit fondé sur le marché.

North a expliqué que les racines de la crise étaient liées au déclin à long terme du capitalisme américain et aux contradictions inhérentes au système économique d’après-guerre. La conférence a examiné en détail les différentes phases dans l’histoire des fusions et des acquisitions opérées aux Etats-Unis, allant des périodes antérieures d’expansion de la base industrielle américaine aux périodes plus récentes où les sociétés américaines ont réagi à une compétition accrue en recourant à un processus de consolidation. Dans les années 1980, la bourse avait commencé à jouer un rôle de plus en plus prépondérant et le « modus operandi essentiellement parasitaire, destructeur et criminel du nouveau modèle d’entreprises à impératifs financiers était solidement établi. »

North concluait ainsi:

La spéculation omniprésente et alimentée par l’endettement, n’est pas la cause de la crise mais plutôt une manifestation des contradictions profondément enracinées dans l’économie américaine et mondiale… [L]es mesures même adoptées par le capitalisme américain pour réagir aux pressions économiques auxquelles il a été confronté il y a plus de quatre décennies ont préparé le terrain de la crise à laquelle il est confronté actuellement. C’est précisément en raison du caractère historique et mondial des contradictions qui sous-tendent la crise actuelle, que les affirmations du gouvernement Obama selon lesquelles l’actuel déclin fera place, dans un délai raisonnable, à une croissance économique renouvelée et soutenue et allant de pair avec une reprise et une amélioration des niveaux de vie pour la grande masse de la population, seront discrédités par les événements.

North a mis en évidence les implications sociales et politiques de la transformation de la structure du capitalisme américaine :

Rien ne permet de croire que les élites dirigeantes réagiront durant la première et la deuxième décennie du 21ème siècle à l’effondrement du capitalisme avec moins de brutalité qu’elles ne l’ont fait dans les années 1930 et 1940. Rien dans la culture contemporaine ne suggère que l’élite patronale et financière ultra-riche est devenue plus civilisée et moins encline à la violence pour défendre ses intérêts que les magnats du siècle dernier. Le fonctionnement de l’économie capitaliste ne peut pas être séparé d’une manière métaphysique quelconque des relations et des intérêts de classe qui en sont issus et dans lesquels il est ancré. Durant le dernier quart de siècle, la décrépitude du capitalisme américain a créé un puissant groupe social qui contrôle une vaste richesse et dont l’arrogance sociale et politique a été amplifiée par son parasitisme économique. Si une conclusion était à tirer de la première réaction de la classe dirigeante aux faillites et aux effondrements produits par sa propre politique, elle serait qu’elle est déterminée à faire payer les frais de la crise à la grande masse de la population.

Dans « La crise économique et la résurgence du conflit de classe aux Etats-Unis, » (The economic crisis and the resurgence of class conflict in the United States), une conférence prononcée lors de réunions régionales en mai, North a encore une fois examiné les origines de la crise, en mettant l’accent en particulier sur l’histoire de la lutte de classe aux Etats-Unis. La classe dirigeante américaine mène depuis trente ans des attaques incessantes contre la classe ouvrière et occasionne une croissance énorme de l’inégalité sociale, qui atteint des niveaux sans précédent depuis les années 1920. Et pourtant, ceci est allé de pair avec un effondrement des activités de grève, étant donné que les responsables syndicaux cherchent à étouffer l’opposition sociale.

Le rapport a examiné la croissance des ressources financières des syndicats, alors même que le nombre de leurs adhérents baisse et que les travailleurs qui y sont piégés subissent des concessions répétées sur le plan des salaires et des prestations. « La répression de la lutte de classe dans les pays capitalistes avancés et la restauration du capitalisme en Europe de l’Est et en Chine a créé, durant les années 1980, 1990 et la première décennie du 21ème siècle, un environnement favorable à la politique associée à la croissance massive de l’industrie de la finance, criblée de dette. Ceci était un environnement qui nécessitait la suppression de toutes les restrictions – sociales, politiques et même juridiques – aux activités spéculatives irresponsables du capital.

Une période prolongée de réaction sociale et politique signifie la suppression forcée et artificielle des contradictions sociales et économiques. Le degré selon lequel ces contradictions ont été supprimées détermine la force et l’intensité de la crise qui s’ensuit. L’on doit donc d’attendre à ce que l’actuelle crise génère des soulèvements sociaux explosifs.


Le gouvernement Obama et la contre-révolution sociale mondiale

Comme le WSWS avait averti, la réponse des gouvernements du monde à la crise n’a pas été « socialement neutre, » mais était fondée sur la défense inconditionnelle des intérêts de l’aristocratie financière. Ceci valait surtout pour les Etats-Unis.

Le gouvernement Obama a réagi à l’effondrement de Wall Street en décidant de manière agressive de renforcer le système financier américain aux dépens de la classe ouvrière. Obama a réuni un cabinet de guerre (a class war cabinet) et a insisté, dans son discours inaugural, sur une politique d’austérité pour faire payer la crise à la classe ouvrière (austerity policies).

Avec le soutien du congrès, contrôlé par les démocrates, le nouveau gouvernement a considérablement augmenté (greatly expanded) le renflouement de 700 milliards de dollars des banques débuté sous le gouvernement Bush. D’ici l’été, les éventuels coûts du sauvetage bancaire a été estimé à plus de 23 billions (milliers de milliards) de dollars (over $23 trillion), dont une série de programmes appliqués derrière le dos de la population américaine.

Obama a introduit et fait voter par le Congrès un plan de relance (stimulus package) qui était bien moins important que les cadeaux faits à Wall Street et sans prévoir la moindre mesure directe de création d’emploi. Il a consisté en un allègement fiscal et en subventions aux entreprises tout comme en une aide minimale aux gouvernements régionaux risquant une faillite immédiate.

Obama a fait obstacle aux appels pour limiter les salaires des dirigeants (pay limits on executives) des entreprises renflouées, rassurant ainsi l’élite de Wall Street et lui signalant qu’il voulait garantir leurs intérêts, tant sur le plan institutionnel que personnel. La réaction en fut une envolée des cours sur les marchés boursiers qui commença à la mi-mars ; Wall Street eut alors la certitude que le nouveau gouvernement prendrait toutes les mesures nécessaires pour défendre les ultra-riches en faisant payer la crise à la classe ouvrière.

A ceci s’était ajouté les efforts entrepris pour réduire, sous l’impulsion de la frauduleuse et réactionnaire loi sur la santé (health care) d’Obama, les coûts de programmes sociaux clés; un énorme gaspillage en faveur des compagnies d’assurance et des fabricants de médicaments. Le nouveau gouvernement a aussi intensifié les attaques commencées sous Bush contre l’éducation publique (attacks on public education) avec son programme de « Race to the top » (course à l’excellence), destiné à encourager les Etats fédéraux à réduire les salaires et les conditions de travail des enseignants, à fermer les écoles publiques, à créer davantage d’écoles gérées par le privé et à augmenter le nombre des examens obligatoires.

Alors que les cours de la bourse ont commencé à rebondir, le chômage a fait de même. L’année 2009 a révélé un décalage croissant entre les fortunes de Wall Street et les revenus  de la classe ouvrière. Aux Etats-Unis, le chômage a continué implacablement son ascension (Unemployment in the US continued to rise relentlessly), atteignant en octobre un record officiel de 10,2 pour cent. Le chiffre véritable tenant compte des sous-employés et les travailleurs découragés avoisinait les 17 pour cent.
Dans les régions ouvrières, la pauvreté et la misère sociale se sont aggravées, ce qui se reflète  le plus clairement dans les milliers de personnes désespérées qui se présentent chaque fois que des emplois (job applications) ou des soins de santé gratuits (health care services) sont proposés.

Le point culminant de la contre-révolution sociale initiée par le gouvernement Obama a été le feu vert qu’il a donné pour la réduction drastique des salaires des travailleurs américains à l’occasion du « sauvetage » de l’industrie automobile américaine (auto industry). La Maison Blanche a insisté sur une réduction généralisée de 50 pour cent des salaires pour tous les travailleurs nouvellement recrutés chez General Motors et Chrysler.

A l’annonce par Obama du rejet d’un plan de sauvetage de l’automobile au profit d’un autre, exigeant des « sacrifices » plus grands des travailleurs de l’automobile, le WSWS avait écrit (wrote) :

Les banquiers d’affaires représentés par Obama se servent de la crise économique pour restructurer radicalement les relations de classe en Amérique. Comme point d’orgue d’une offensive contre la population laborieuse qui a duré trois décennies, ils détruisent à présent tout se qui reste des acquis obtenus par les générations précédentes de travailleurs dans le but d’accroître l’exploitation de la classe ouvrière.

L’attaque menée contre les travailleurs de l’automobile deviendra le fer de lance d’attaques identiques contre des travailleurs partout dans le pays et internationalement, et ce dans chaque secteur de l’économie.

Le SEP a mené une campagne énergique pour que les travailleurs de l’automobile rejettent les accords conclus chez General Motors et Chrysler, pour qu’ils rompent avec le syndicat United Auto Workers et mettent en place des comités indépendants de travailleurs dans le but d’organiser la défense de leurs emplois et de leurs conditions de vie. Dans une déclaration (statement) largement diffusée lors des assemblées de ratification des accords des travailleurs de GM, le SEP avait souligné que le syndicat avait accumulé 1,2 milliards de dollars d’actifs tandis que les travailleurs avaient perdu leur emploi par centaines de milliers.

L’UAW n’est un syndicat que de nom. Sa transformation en une entité économique – plus justement appelée « UAW, SA » – est l’aboutissement de décennies de trahisons. Les intérêts matériels de cette couche corrompue sont totalement indépendants et hostiles aux travailleurs.

Des réductions identiques des salaires et des avantages sociaux ont été imposées aux travailleurs des usines de GM, Ford et Chrysler au Canada, et le syndicat Canadian Auto Workers a collaboré de manière tout aussi servile que l’UAW. Les réductions, qui sont appuyées par le gouvernement fédéral conservateur canadien et le gouvernement libéral de l’Ontario, s’élevèrent à plus de 20 dollars l’heure pour les salaires et les prestations sociales. Le SEP canadien avait lancé une campagne (campaigned) pour le rejet des coupes en appelant les travailleurs canadiens à organiser une lutte transfrontalière en alliance avec leurs collègues des usines automobiles américaines.

Opel, la filiale allemande de GM, a employé la même méthode de chantage (blackmail tactics) en menaçant de fermer les usines ou de carrément déposer le bilan si les travailleurs n’acceptaient pas des réductions substantielles de salaires. Environ 30 pour cent de la capacité de production automobile européenne doit être supprimée, a-t-elle déclaré. Le plus important syndicat allemand, l’IG Metall, a cherché à intimider les travailleurs pour qu’ils fassent des sacrifices au profit de leur « propre » entreprise nationale au lieu de s’unir au travailleurs de GM et aux autres travailleurs de l’automobile aux Etats-Unis et dans le monde entier. (Voir : « La politique réactionnaire du nationalisme économique »)

Les équipementiers automobiles ont suivi l’exemple de GM, Ford, Chrysler et autres constructeurs automobiles. En Grande-Bretagne, les exigences en faveur de réductions de salaire ont entraîné l’occupation de l’usine Visteon (Visteon plant), par les travailleurs, ce qui a à son tour déclenché une action identique des travailleurs de l’usine de turbines éoliennes Vestas Blades.

En mai, des centaines de travailleurs de l’usine automobile Ssangyong en Corée du sud ont occupé leur usine après que l’entreprise, qui est durement touchée par la crise, a déposé le bilan et annoncé des plans pour le licenciement de 2.600 travailleurs, plus d’un tiers de l’effectif.

L’occupation qui a duré 77 jours a vu aussi de fréquents affrontements (clashes) entre les travailleurs et la police avant d’être brutalement réprimée, sur ordre du gouvernement du président Lee Myung-bak, par 4.000 policiers anti-émeute. Dans une perspective qui tire les leçons politiques de la lutte, le WSWS a expliqué :

La répression d’Etat de l’occupation de Ssangyong prouve que la défense du droit fondamental à un emploi est une question révolutionnaire. Au milieu de l’aggravation de la crise du capitalisme, les droits les plus élémentaires de la classe ouvrière sont incompatibles avec les exigences du patronat. Toute lutte en faveur de l’emploi implique nécessairement une lutte politique, non pas contre une entreprise individuelle, mais contre le gouvernement, l’élite patronale et ses syndicats complices.

Outre les luttes des travailleurs de l’automobile de par le monde, le WSWS a rendu compte de nombreuses luttes de classe importantes provoquées par les employeurs et les gouvernements qui cherchaient à faire payer la crise aux travailleurs et il s’est battu pour leur donner une direction. Parmi ces luttes il y eut notamment :

  • Les énormes protestations en Irlande (Ireland) contre la politique de rigueur, l’occupation de la cristallerie de Waterford (Waterford crystal works) par des travailleurs refusant sa fermeture et un puissant mouvement de grève à l’automne qui a culminé en un débrayage de 24 heures (one-day walkout) de 300.000 employés du secteur public.
  • La lutte à la raffinerie de pétrole de Lindsey en Grande-Bretagne où le SEP s’était opposé aux efforts entrepris par les syndicats et les groupes de « gauche » pour l’orienter dans une direction nationaliste à l’aide du slogan « Des emplois britanniques pour les travailleurs britanniques » (British jobs for British workers).
  • Les grèves des employés du secteur public en Grande-Bretagne, dont les travailleurs du métro de Londres (London Underground), les postiers, les professeurs d’université (postal workers, university lecturers) et les éboueurs de Leeds. La lutte prolongée des postiers, y compris une série de grèves qui fut finalement trahie (betrayed) grâce à l’appui des groupes de « gauche » (“left” groups) qui exerçaient une influence considérable au sein des syndicats des postiers.
  • Les longues grèves des travailleurs municipaux canadiens à Toronto et à Windsor, en Ontario où, dans l’une des villes, les grévistes furent l’objet d’une campagne de dénigrement de la part des médias et subirent la violence policière, et dans l’autre furent confrontés au recrutement de briseurs de grève.

La guerre à Gaza, en Afghanistan, au Pakistan, en Irak et au Sri Lanka

Obama doit son élection en grande partie aux illusions de la population qu’il représentait une alternative anti-guerre au gouvernement Bush. Le caractère véritable du nouveau gouvernement a été révélé avant même le jour d’investiture, alors que tous deux, le président Bush et le président nouvellement élu Obama, ont soutenu l’attaque dévastatrice menée par Israël contre la bande de Gaza. (Voir : « Atrocités israéliennes à Gaza : impasse politique et effondrement moral »). Au cours de quatre semaines de violences brutales et unilatérales, les forces israéliennes ont tué plus de 1.300 Palestiniens, ne perdant qu’une poignée de soldats.

Dans une déclaration (Voir : « Hors de Gaza ! ») dénonçant la guerre, le WSWS écrivait:

Un million et demi de personnes sont emprisonnées dans une zone grande comme la région métropolitaine de Détroit, un petit morceau de terre coincé entre le désert et la mer Méditerranée. Elles sont empêchées de sortir par les troupes israéliennes au nord et à l’est et par les troupes du dictateur égyptien Moubarak au sud.

Le 10 janvier, le WSWS publiait une déclaration, « La réponse socialiste à la crise de Gaza », qui fut diffusée dans des manifestations internationales contre la guerre israélienne à Gaza. La déclaration rejetait toute tentative de mettre sur un pied d’égalité la politique de l’Etat d’Israël avec celle de la population en général et soulignait l’énorme inégalité qui règne au sein d’Israël.

La société israélienne est déchirée par de profondes divisions sociales. Son gouvernement nage dans la corruption. L’un des objectifs de l’attaque sur la bande de Gaza consiste, en pleine campagne électorale, à détourner l’attention des tensions sociales bouillonnantes à l’intérieur même d’Israël.

Le sionisme s’est avéré être un piège pour le peuple juif. Les socialistes ont toujours mis en garde que la question juive ne pouvait être résolue en établissant un Etat national capitaliste sur une base religieuse. La victoire contre l’antisémitisme et la persécution des juifs est complètement liée à l’abolition de la société de classe capitaliste et au sort de la classe ouvrière internationale. L’Holocauste n’a été possible que par la destruction préalable du mouvement ouvrier allemand aux mains des nazis.

Un commentaire ultérieur exposait le rôle perfide joué (perfidious role) au Moyen-Orient par divers régimes bourgeois arabes, qu’il s’agisse de monarchies ou d’Etats policiers dirigés par l’armée.

Quelques semaines seulement après son arrivée à la Maison Blanche, Obama commença à intensifier la guerre en Afghanistan où le régime fantoche d’Hamid Karzaï, qui avait été installé après l’invasion américaine en 2001, était en train de se désagréger. En février, Obama envoya 17.000 soldats supplémentaires (17,000 additional troops) en Afghanistan, qui furent suivis par 4.000 autres (another 4,000 in March) en mars. Fin novembre, il annonça (announced) une augmentation des troupes (« surge ») encore plus importante, 30.000 hommes supplémentaires, portant le nombre total du déploiement américain à près de 100.000 soldats. Le WSWS réagit ainsi (replied) à un discours retransmis le 1er décembre par la télévision dans tout le pays :

La référence faite par Obama aux attentats du 11 Septembre 2001 dans le but de dépeindre la guerre comme une défense contre le terrorisme est une escroquerie. La véritable raison de l’occupation américaine de l’Afghanistan – qui est amplement débattue au sein de l’establishment de la politique étrangère – est la sauvegarde d’une position hégémonique dans une Asie centrale riche en pétrole, dans l’intérêt de la stratégie mondiale de l’impérialisme américain.

Le renforcement des troupes en Afghanistan est allé de pair avec l’intensification des attaques contre des cibles de l’autre côté de la frontière au Pakistan où les forces de la guérilla combattant l’occupation américaine avaient des bases et des abris sûrs. Le gouvernement Bush avait commencé à mener la guerre des drones contre ces cibles, mais Obama a considérablement étendu l’échelle et la férocité des attaques, tuant des milliers de personnes, dont un grand nombre de villageois innocents.

Le WSWS a examiné les implication de l’intensification de la situation en Afghanistan et au Pakistan en termes d’accroissement des tensions et de la perspective d’une guerre dans toute la région (war in the wider region), y compris en Inde, en Chine, en Russie, en Asie centrale, au Caucase et en Iran. Après qu’Obama a présenté une nouvelle stratégie militaire pour l’Asie centrale aux côtés de Robert Gates, un vestige du gouvernement Bush, et de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, la rédaction du WSWS a publié une déclaration (statement) mettant en garde contre les sinistres implications de cette stratégie.

Sur place en Afghanistan, l’escalade a apporté à la population des souffrances de plus en plus grandes et un bain de sang. Obama a limogé le commandant des forces américaines en Afghanistan, le Gen. David McKiernan pour le remplacer par le spécialiste de la contre-insurrection, le général Stanley McChrystal, connu pour la férocité de la campagne d’assassinat que ses forces armées spéciales avaient menée en Irak.

Le régime Karzaï a reporté une élection présidentielle prévue (Voir :« Elections corrompues en Afghanistan. ») pour permettre l’arrivée de troupes américaines supplémentaires. Lorsqu’elle se déroula finalement en août sous les fusils de l’occupation américaine et ceux de l’OTAN (« Afghanistan : élection à la pointe du fusil »), l’élection fut une mascarade, avec une participation lamentable, une manipulation générale, et le boycott par l’opposition d’un second tour prévu qui entraîna par la suite l’investiture de Karzaï pour un deuxième mandat avec la bénédiction de Washington.

Un nouvel aspect de la crise grandissante en Afghanistan fut l’émergence des forces armées allemandes pour jouer, pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, un rôle offensif significatif. Ceci résulta en septembre dans le massacre de Kunduz (Kunduz massacre) lors duquel 119 personnes furent tuées dans une frappe aérienne ordonnée par un officier allemand.

Les Etats-Unis maintinrent tout au long de l’année l’occupation de l’Irak (maintained its occupation of Iraq) alors qu’Obama respectait le calendrier fixé par Bush et le premier ministre irakien Nouri al-Maliki en vertu de l’accord sur le statut des forces américaines (Status of Forces Agreement, Sofa) signé en 2008. Obama n’accéléra pas le rythme des retraits, refusant absolument de l’accélérer.

Dans une perspective intitulée, « Irak : la guerre oubliée », le WSWS avait commenté :

L’actuelle relative stabilité fut réalisée par plus de cinq ans de répression sanglante de l’opposition irakienne contre l’invasion américaine – la plus violente ayant eu lieu durant les années du renforcement des troupes. Jusqu’à 1,2 millions d’Irakiens perdirent leur vie, tout comme plus de 4.500 Américains et autres soldats de l’occupation. L’héritage de l’occupation américaine est une société brisée et traumatisée, minée par des divisions communautaires et incapable de satisfaire même aux besoins sociaux les plus élémentaires de la population.

A la fin du mois de juin, les troupes américaines se retirèrent des villes irakiennes et à la fin août, les troupes de combat furent retirées et un grand nombre d’entre elles redéployés en Afghanistan. Le véritable objectif de l’invasion américaine et de la conquête de l’Irak – la saisie des vastes ressources pétrolières (major oil companies) – fut exposé au grand jour au moment où les principales sociétés pétrolières entamèrent des pourparlers avec le régime Maliki mis en place par les Etats-Unis. En novembre, Exxon-Mobil devint le premier géant pétrolier basé aux Etats-Unis à profiter directement de la guerre en signant un contrat pour développer l’énorme champ pétrolier de Qourna-ouest.

Les conditions restèrent hautement instables et violentes en Irak, comme le montrèrent une série d’attentats sanglants à la voiture piégée (Voir : La réalité derrière le « succès » américain en Irak) et des luttes politiques intestines acharnées parmi les forces rivales au sein de la bourgeoisie irakienne – sunnite, chiite, kurde – et qui ont amené le pays au bord d’une nouvelle guerre civile. Les escadrons de la mort dirigés par les Etats-Unis restèrent le plus puissant élément de la vie quotidienne en Irak.

D’ici la fin de l’année, le gouvernement Obama avait même accru, par rapport à son prédécesseur, le nombre de troupes impliquées dans des guerres étrangères et le retrait de l’Irak fut plus que compensé par l’escalade en Afghanistan. Ceci n’empêcha nullement un comité norvégien d’attribuer le Prix Nobel de la paix à l’individu responsable de mener plus de guerres que nul autre être humain avant lui: le président Obama.

Dans une perspective intitulée, « Le prix Nobel de la guerre », le WSWS avait expliqué que la récompense était une déclaration de solidarité de la part de l’impérialisme européen à l’égard du nouveau dirigeant de l’impérialisme américain :

… en légitimant ces guerres et en faisant la promotion d’un retour au multilatéralisme dans la politique étrangère américaine, les puissances européennes voient un moyen de légitimer leur propre virage vers le militarisme et de miner l’opposition à la guerre au sein de leur propre population.

Le prix Nobel de la paix à Obama, loin de signifier un espoir que la plus grande puissance militaire au monde se tourne vers la paix, est lui-même une approbation de la guerre et représente un avertissement que l’intensification de la crise du capitalisme mondial crée les conditions pour la résurgence du militarisme et la menace de conflits internationaux plus étendus.

Dans les mois qui ont précédé l’annonce du prix Nobel, le gouvernement Obama avait montré sa véritable nature en publiant ce qui correspondait à une amnistie générale pour la torture (blanket amnesty for torture) et les autres crimes de guerre commis sous le gouvernement Bush. En août, il fut révélé que la Maison Blanche poursuivait essentiellement la même politique en ce qui concernait la « rendition » (restitution) de personnes suspectées de terrorisme. La promesse de campagne d’Obama de fermer le camp de concentration de Guantanamo Bay resta lettre morte.

Un autre conflit militaire arriva à une fin sanglante en 2009 : la longue guerre civile au Sri Lanka. Le gouvernement du président Mahinda Rajapakse avait lancé une offensive militaire au printemps qui détruisit le groupe séparatiste des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE), déplaça des centaines de milliers de Tamouls et tua jusqu’à 40.000 personnes.

Le SEP du Sri Lanka s’était toujours opposé à la guerre contre la population tamoule tout en rejetant en même temps la perspective du séparatisme national adoptée par le LTTE et par laquelle la bourgeoisie tamoule cherchait à instituer de meilleures conditions pour sa propre exploitation des travailleurs tamouls. Une déclaration (statement) publiée en mars par le SEP dénonçait l’offensive du gouvernement et avançait une perspective d’alternative.

Ce n’est qu’en s’unissant sur la base d’un programme socialiste que la classe ouvrière est en mesure de mobiliser les masses opprimées derrière elle et de mettre sur pied une offensive contre la véritable source de l’inégalité sociale, le communautarisme et la guerre – le système de profit en soi.

Dans une déclaration dénonçant les crimes de guerre commis par le régime sri lankais, le secrétaire général du SEP, Wije Dias, a déclaré :

L’assaut final est loin d’être un acte de libération, l’armée rassemble les civils dans de sordides camps de détention entourés de barbelés et de gardes armés. Ils sont traités comme des prisonniers de guerre, et pas comme des réfugiés. La « guerre contre le terrorisme » de Rajapakse est une guerre pour la sauvegarde du pouvoir politique et des privilèges de l’élite dirigeante cinghalaise. Dans ce conflit, la minorité tamoule en général est considérée comme l’ennemi.

Dans un autre commentaire (commentary) publié après la destruction finale du LTTE, Dias a écrit :

Tous les travailleurs doivent rejeter le chauvinisme nauséabond qui émane de l’establishment politique et médiatique. Le SEP dit aux travailleurs : ce n’est pas votre guerre et ce n’est pas votre victoire. Nous mettons en garde, qu’une nouvelle attaque sauvage contre la position économique et sociale de la classe ouvrière est en train d’être préparée derrière les parades de la victoire.


La « Révolution verte » en Iran et d’autres événements politiques

Les élections présidentielles du 12 juin (June 12 presidential election) en Iran ont révélé d’amères divisions au sein de l’élite politique de la République islamique. Le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, fut déclaré vainqueur sur plusieurs candidats en course. Des manifestations de masse s’ensuivirent, principalement dans des quartiers occupés par la classe moyenne et supérieure où les candidats de l’opposition avaient leur principale base de soutien. Le WSWS a critiqué les allégations douteuses à propos d’une présumée révolte populaire en Iran promue par les médias occidentaux sous le sigle de « Révolution verte » (Voir : Pour le pouvoir ouvrier et un Iran socialiste »).

Le WSWS a fondé son approche à cette crise sur une analyse historique (historical analysis) de la Révolution iranienne et sur les leçons fondamentales du 20ème siècle, avant tout sur la nécessité pour la classe ouvrière d’adopter un point de vue politique indépendant au lieu de se ranger derrière l’une ou l’autre faction de la bourgeoisie.

La crise en Iran fut mise à profit (seized on) par les gouvernements américain et européens pour promouvoir leurs propres intérêts impérialistes. D’une manière similaire à celle employée en soutenant diverses « révolutions de couleur » en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique pour la mise en place de régimes plus conformes à leurs vœux, la propagande impérialiste s’est servie là aussi d’une campagne « Droits de l’Homme » pour mobiliser du soutien en faveur de l’aile préférée par lui au sein d’un establishment politique iranien farouchement divisé.

Comme l’a expliqué le WSWS, le gouvernement Obama, les puissances impérialistes européennes et leurs partisans libéraux tels le New York Times et le magazine the Nation avaient disposé de nouveaux alliés dans la campagne contre l’Iran – des groupes de « gauche » de la classe moyenne qui s’étaient opposés au gouvernement Bush et qui maintenant s’alignaient derrière Obama. Ceci devait plus tard se reproduire dans leur soutien pour les guerres en Libye et en Syrie : le WSWS a écrit (The WSWS wrote) à ce sujet :

Pour l’ensemble du milieu des organisations « progressistes » et de « gauche » aux Etats-Unis et internationalement, les élections du 12 juin sont devenues l’occasion de se ranger derrière leur propre gouvernement pour soutenir le mouvement d’opposition dirigé par le candidat présidentiel vaincu, Mir Hossein Moussavi.

Ces groupes ont non seulement adopté inconditionnellement les affirmations selon lesquelles l’élection a été volée, ils ont ignoré la politique économique et étrangère droitière de l’opposition, le caractère bourgeois de sa direction et le fait que sa principale base sociale était formée de sections mieux loties de la classe moyenne. Le fait que les masses de travailleurs iraniens se soient abstenues de participer aux manifestations qui ont suivi l’ élection, que les gouvernements impérialistes des Etats-Unis et d’Europe se sont uniformément ralliés derrière l’opposition en dit long sur le caractère soi-disant démocratique et progressiste du mouvement de Moussavi.

Un phénomène politique généralisé tel qu’il s’est déroulé suite aux événements survenus en Iran est révélateur des changements importants qui ont lieu dans certaines couches sociales. Dans ce cas, il reflète le passage dans le camp de la droite politique de couches de la classe moyenne qui avaient jusque-là dominé l’opinion publique à gauche.

Alors que la crise iranienne traînait en longueur pendant des mois, la trajectoire politique du mouvement de protestation de la classe moyenne qui s’était regroupé autour de Moussavi devenait de plus en plus évidente, exposant par la même les diverses organisations de la pseudo-gauche, dont le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France et l’International Marxist Tendency e Grande Bretagne (Voir : L'Iran, l'impérialisme et la « gauche »), des organisations qui se posent en socialiste ou en marxiste.

En février 2009, l’organisation pabliste de longue date Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) en France s’est dissoute pour faire place au « Nouveau Parti anticapitaliste » (NPA). La nouvelle organisation répudia explicitement tout lien avec le trotskysme. Elle proclama au contraire que son objectif était l’« unité » de toutes les organisations de la classe moyenne et de la « gauche » bourgeoise qu’il appelait « anticapitalistes », y compris les syndicats et le Parti socialiste (PS) discrédités de François Hollande.

Le WSWS a fait remarquer que le NPA était totalement indifférent à la question de l’histoire et de la perspective politique et qu’il cultivait le mépris à l’égard de ces questions pour faciliter sa collaboration avec toutes sortes d’éléments politiques, de gauche ou de droite. Face à l’aggravation de la crise économique et à la résistance grandissante de la classe ouvrière à la politique d’austérité, la fondation du NPA reflètait un profond besoin de l’élite dirigeante, (Voir : « Le Nouveau Parti anticapitaliste tient son congrès fondateur ») de diriger la colère populaire vers des canaux inoffensifs. Le WSWS a expliqué que le NPA agissait comme un frein au développement politique de la classe ouvrière vers la gauche.

En 2009, il y eut une série d’importantes élections en Asie. En janvier, l’alliance de 17 partis menée par la Ligue Awami remportait les élections nationales au Bangladesh en écrasant le Parti nationaliste du Bangladesh et ses alliés islamiques fondamentalistes dans un raz-de-marée en sa faveur exprimant l’opposition populaire généralisée contre le précédent régime appuyé par l’armée.

Des élections fédérales qui se sont tenues partout en Inde en avril et en mai se sont traduites par le renforcement de l’Alliance unie et progressiste (UPA) conduite par le Parti du Congrès (Congress Party-led UPA). Le principal perdant fut le Front de gauche mené par les staliniens qui perdit plus de la moitié de ses députés à la Lok Sabha (chambre basse du parlement). Une importance toute particulière a revêtu la déroute des staliniens au Bengale occidental (Stalinists in West Bengal) où le gouvernement de cet Etat contrôlé par les staliniens avait poursuivi une politique expressément « pro-patronale », y compris en recourant à la violence de l’Etat et à des nervis pour réprimer l’opposition des paysans aux expropriations de leurs terres pour la mise en place de zones économiques spéciales (ZES) et autres grands projets de développement de la grande entreprise.

Peu de temps après les élections, le gouvernement du Congrès dirigé par Manmohan Singh interdisait le Parti communiste d’Inde (maoïste) (banned the Communist Party of India (Maoist))en tant qu’organisation « terroriste ». Ces mesures antidémocratiques « contre le terrorisme » – soutenues par les staliniens du CPI et du CPM – visaient à faciliter la libération des terres tribales destinées à l’extraction minière et de ressources naturelles. S’ensuivit une importante offensive militaire (military offensive) menée contre des insurgés maoïstes et lors de laquelle plus de 100.000 soldats furent mobilisés.

Au Japon, l’énorme colère sociale trouva son expression dans les élections nationales qui eurent lieu en août. Pour la deuxième fois seulement depuis sa fondation en 1955, le Parti démocrate libéral (LDP) au pouvoir fut balayé du pouvoir (swept from office) lors d’une débâcle cinglante. Le Parti libéral démocrate (DLP) – un amalgame d’anciens membres du LDP et du Parti socialiste et soutenu par le Parti communiste japonais stalinien (Japanese Communist Party) – constitua un nouveau gouvernement mené par Yujio Hatoyama. Une perspective du WSWS expliquait :

« L’ignominieux effondrement électoral du LDP en plein milieu de la plus grande crise économique mondiale depuis les années 1930 est un signe supplémentaire que la politique, non seulement au Japon mais internationalement est sur le point d’entrer dans des eaux inconnues et agitées. »

Des élections législatives fédérales eurent lieu en septembre en Allemagne. Les deux principaux partis formant la Grande coalition, le parti droitier de la chancelière Angela Merkel, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti social-démocrate (SPD) évitèrent tout débat sérieux (Voir : « Les élections législatives 2009 en Allemagne : un complot du silence sur les implications de la crise économique ») sur l’impact de la crise mondiale en Allemagne et en Europe.

Les élections résultèrent dans la victoire de Merkel (victory for Merkel), du CDU, et de son partenaire de coalition préféré, le Parti libéral démocrate (FDP) et leur accordèrent une majorité mettant fin à la Grande coalition. Les partis de droite avaient en réalité perdu des voix mais les sociaux-démocrates (Social Democrats) en perdirent davantage, chutant à 23 pour cent seulement. Ceci reflétait une profonde aliénation populaire à l’égard du SPD et de l’ensemble de l’establishment politique mais profita à des partis, dont les Verts et Die Linke (La Gauche), qui ne représentaient aucunement une alternative politique. 

En Amérique centrale, une crise majeure éclatait en Honduras où le premier coup d’Etat militaire d’Amérique latine durant la période d’après la Guerre froide eut lieu le 28 juin. Le président Manuel Zelaya qui était arrivé au pouvoir en tant que conservateur mais qui avait adopté une politique qui fâcha la petite élite économique et politique du Honduras, fut renversé et contraint à l’exil au Costa Rica. Le Département d’Etat américain tout en critiquant publiquement le coup d’Etat, (while publicly criticizing the coup) manoeuvra en coulisses pour l’appuyer tacitement. La « médiation » soutenue par les Etats-Unis légitima très rapidement l’éviction de Zelaya (legitimized the ouster).En août, le Département d’Etat américain accusa Zelaya (blaming Zelaya) d’avoir « provoqué » sa propre éviction.

Une opposition populaire de masse contre le coup d’Etat se poursuivit durant des mois et le nouveau régime mis en place par l’armée y réagit par la répression (repression). Lorsque le président déchu rentra secrètement au Honduras pour se réfugier à l’ambassade brésilienne, le régime instaura l’état d’urgence (state of siege). Zelaya même ne fut ni capable ni intéressé à mener une lutte basée sur la classe ouvrière. Une nouvelle élection qui se déroula le 29 novembre allait élire un nouveau gouvernement droitier dirigé par Porfirio Lobo. La participation était inférieure à 50 pour cent. (Voir : « L’élection hondurienne marquée par la répression et un taux d’abstention massif »)

Le gouvernement conservateur du Canada recouru également à des méthodes antidémocratiques pour procéder pour la deuxième fois en un an à la fermeture du parlement (shutting down parliament) pour se dégager d’une crise politique. En décembre 2008, les conservateurs avaient effectué un « coup constitutionnel » faisant en sorte que le gouverneur général non élu suspende le parlement et empêchant ainsi les partis d’opposition de renverser le gouvernement. Douze mois plus tard, le but des conservateurs fut de faire échouer les auditions parlementaires sur la complicité du Canada dans la torture en Afghanistan. Après qu’un ancien diplomate canadien de haut rang en poste en Afghanistan (Voir : « Le Canada complice de la torture de centaines de détenus afghans ») ait témoigné que le gouvernement et les Forces armées canadiennes (CAF) avaient remis des prisonniers aux forces de sécurité afghanes pour être torturées, le premier ministre Stephen Harper (Prime Minister Stephen Harper) et les gros bonnets de l’armée répondirent par des mensonges et des calomnies.

Manifestation durant la « Révolution verte » soutenue par les Etats-Unis en Iran
Des affrontements suite au coup d’Etat appuyé par les Etats-Unis au Honduras

Le travail du Comité International

Un événement majeur du travail du CIQI fut en 2009 le démasquage de la biographie de Léon Trotsky par l’historien britannique Robert Service comme une falsification flagrante. Le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, s’est servi de sa critique de la diatribe de Service (review) pour réfuter cette dernière tentative de calomnier le marxisme et la lutte historique menée par Trotsky contre le stalinisme. North écrit que :

Trotsky: A Biography est un livre grossier et injurieux, publié sans respect pour les normes les plus élémentaires du travail universitaire. La "recherche" de Service, si on accepte de l'appeler ainsi, a été accomplie de mauvaise foi. Son Trotsky n'est pas de l'histoire, mais plutôt un exercice de dénigrement.

North a dévoilé la méthode de travail de Service : ignorant les points de vue effectifs de Trotsky en faveur d’attaques personnelles de son caractère. Le livre regorge d’erreurs factuelles qui exposent la compréhension limitée de Service du matériel historique et de la propre vie de Trotsky.

Bien que Service décrive avec suffisance sa biographie comme ‚complète’, on n’y trouve pratiquement aucun extrait ni résumé acceptable des principaux ouvrages politiques de Trotsky. Service n’a même pas présenté les principales notions et thèses de la théorie de la révolution permanente qui a constitué le fondement du travail politique de Trotsky sur une période de 35 ans. Ses écrits volumineux sur la Chine, l’Allemagne, l’Espagne, la France et même la Grande-Bretagne sont à peine mentionnés...

Comment est-il possible d’écrire la ‘biographie complète’ d’un homme qui était parmi les auteurs les plus prolifiques du vingtième siècle, sans prêter l’attention nécessaire à sa production littéraire ?

North réfute l’affirmation de Service que Trotsky a cherché à minimiser ses origines juives en montrant en détail comment cet argument est employé d’une façon qui plaise à l’antisémitisme.

Cette réponse à Service fut suivie par une importante réunion publique à Londres, lors de laquelle North a donné une conférence, « Historians in the Service of the ‘Big Lie’: A Examination of Professor Robert Service’s Biography of Trotsky » (Les historiens au service du ‘grand mensonge’ : un examen de la Biographie de Trotsky par Robert Service). La conférence dit en conclusion :

Lev Davidovitch Trotsky et [la première épouse de Trotsky] Alexandra Lvovna Sokolovskaya étaient des être humains hors du commun, représentants d’une génération révolutionnaire dont la capacité de sacrifice au service de l’épanouissement de l’humanité, semblait ne connaître aucune limite. Combien il est pitoyable de la part du professeur Service et de ses semblables de croire qu’il réussira, par des insultes, des falsifications et des diffamations, à rabaisser ces titans à son misérable niveau.

La critique et la conférence ont constitué ensemble une révélation dévastatrice des méthodes de Service et parallèlement, près de 70 ans après sa mort, une puissante défense de la perspective révolutionnaire pour laquelle Léon Trotsky a lutté et qu’il symbolise.

Une autre contribution majeure (Another major contribution) venant s’ajouter au travail théorique et politique du Comité International est la publication de l’édition en langue anglaise de Stalin’s Terror of 1937-38: Political Genocide in the USSR (La terreur stalinienne de 1937-38 : un génocide politique en URSS), par le regretté historien et sociologue marxiste Vadim Rogovin.

Il s’agit du cinquième des sept volumes écrits par Rogovin entre 1990 et sa mort en 1998. L’auteur est un adversaire marxiste de la bureaucratie stalinienne au sein de l’Union soviétique, « un homme qui pourrait à juste titre être jugé comme étant le plus grand historien soviétique de l’ère poststalinienne. » Rogovin, adversaire des attaques anticommunistes perpétrées contre le socialisme et la Révolution russe et qui suivirent la dissolution de l’URSS, avait entretenu un dialogue fécond avec le Comité International durant les années qui ont précédé sa mort prématurée à l’âge de 61 ans.

Parallèlement à ce travail théorique et historique vital, les sections du Comité International ont mené des campagnes pour faire connaître à de larges sections de la population laborieuse  son programme socialiste. Au Sri Lanka, le SEP a participé à cette fin aux élections provinciales et nationales, en faisant campagne au début de l’année parmi les travailleurs des plantations (plantation workers), dans les villages de pêcheurs (fishing villages), dans la capitale Colombo, parmi les cheminots, (rail workers, Tamil workers), les travailleurs tamouls et d’autres sections. Plus tard dans l’année, le SEP a lancé sa campagne (campaign) pour les élections nationales prévues en janvier 2010.

A l’automne de 2009, une importante lutte éclata parmi les travailleurs des plantations de thé sri lankais. Issus principalement de la minorité tamoule, ces travailleurs furent longtemps réprimés brutalement et privés de leurs droits alors que les syndicats qui sont dirigés par des agents politiques corrompus ont refusé de lever le petit doigt pour eux.

Le SEP a prévenu les travailleurs des plantations (SEP warned tea plantation workers) que les syndicats étaient en train de préparer, en collaboration avec les employeurs et le gouvernement, l’imposition d’un nouvel accord pour de bas salaires.

Le parti a appelé les travailleurs d’expression tamoule de se mobiliser sur la base d’un programme socialiste indépendamment des syndicats. Les travailleurs de la plantation de thé de Balmoral à Agarapathana dans les collines centrales ont réagi en formant un comité d’action avec l’assistance du SEP (Voir : « Sri Lanka : un appel du Comité d'action de la plantation Balmoral à tous les travailleurs ». Ils lancèrent un appel aux autres travailleurs. « Mais nous n'en sommes pas responsables [de la crise] et nous ne devrions pas avoir à payer pour une crise créée par un système d'exploitation anarchique. Nous devons nous unir aux travailleurs du monde entier dans la lutte pour une société reconstruite suivant des principes socialistes pour répondre à nos besoins, pas à ceux du petit nombre de riches. »

Début 2009, le WSWS avait abondamment écrit sur les pires feux de brousse jamais vus en Australie, une catastrophe sociale majeure qui tua 173 personnes dans l’Etat de Victoria. La couverture des faits comprenait des comptes rendus sur place (on the spot reports), des interviews avec des rescapés, des entretiens avec des spécialistes des feux de brousse et des scientifiques en matière de changements climatiques (climate change scientists), et des divulgations sur le blanchiment politique (political whitewash) de la part du gouvernement concernant ces événements tragiques.

Le SEP (Etats-Unis) a présenté son propre candidat lors des élections municipales pour la mairie de Detroit. L’employé municipal D’artagnan Collier, un membre du SEP et de son prédécesseur, la Workers League, depuis plus de deux décennies, débuta sa campagne (launched his campaign) en mai. Il s’adressa à un large public (spoke to wide sections) de travailleurs leur expliquant comment contre-attaquer politiquement et répondre à la crise en train de dévaster la ville. Jadis un considérable centre industriel et le phare de l’industrie automobile, Detroit a perdu, ces dernières décennies, bien plus de la moitié de sa population.

En Allemagne, le Partei für Soziale Gleichheit (Parti de l’Egalité sociale, PSG) a obtenu la confirmation de sa candidature aux élections fédérales (won ballot status) après avoir également réussi à inscrire ses candidats sur le bulletin de vote pour les élections parlementaires européennes de juin. Le manifeste électoral du parti (Voir : « Votez pour le Parti de l’Egalité sociale aux élections législatives en Allemagne ») dénonce l’Union européenne capitaliste et en appelle aux travailleurs pour lutter en faveur des Etats socialistes unis d’Europe.

Le PSG rejette l’Union européenne, ses institutions et son projet de constitution. En cela nous partons du point de vue du socialisme international et non du nationalisme. L’unification progressiste de l’Europe n’est possible que sur une base socialiste.

Le manifeste fut traduit en turc, la langue parlée par de nombreux travailleurs immigrés en Allemagne, ainsi qu’en français et en anglais. Le PSG a présenté des candidats dans les plus importants Länders allemand, en Rhénanie-du-Nord/Westphalie et à Berlin et organisé des réunions à Leipzig, Hambourg, Munich, Francfort et d’autres villes encore.

Le CIQI a organisé un certain nombre de réunions politiques pour marquer le 70ème anniversaire de la Seconde guerre mondiale. Les sections européennes ont tenu une réunion à Londres à laquelle des intervenants venus de Grande-Bretagne, France et Allemagne ont analysé la conflagration impérialiste et ses répercussions sur la classe ouvrière partout en Europe. (Voir : « Les trotskystes européens commémorent le 70e anniversaire de la Deuxième Guerre mondiale et Soixante-dix ans après la Deuxième Guerre mondiale : les leçons essentielles »)

A la San Diego université en Californie, David North a donné une conférence (Voir : « Il y a 70 ans éclatait la seconde Guerre mondiale : les causes, les conséquences et les leçons (Première partie). ») sur le même sujet. Nick Beams a donné des conférences à Sydney et à Melbourne sur « La Deuxième guerre mondiale: leçons et avertissements » (Voir : http://www.wsws.org/francais/News/2009/dec2009/nbp1-d03.shtml)
Après avoir examiné les origines et les conséquences de la Première et de la Deuxième Guerre mondiale, y compris les tragiques pertes de vies humaines, North a souligné les contradictions identiques qui déchirent de nos jours le système capitaliste mondial. Il a conclu en disant :

Même si beaucoup de choses ont changé depuis le début de la première Guerre mondiale, il y a 95 ans, et celui de la seconde il y a 70 ans, nous vivons encore dans l'ère de l'impérialisme. Donc, les grandes questions qui se posent à l'humanité aujourd'hui sont : est-ce que le développement de la conscience politique dans la classe ouvrière internationale pourra contrer l'accumulation des tendances destructives de l'impérialisme ? Est-ce que la classe ouvrière pourra développer une conscience politique suffisante assez vite avant que le capitalisme et le système des Etats nations impérialistes n’entraînent l'humanité dans un abîme ?

Ce ne sont pas là des questions à considérer d’un point de vue purement académique. Le fait même que ces questions soient posées exige une réponse active. Les réponses ne seront pas données dans une salle de classe mais dans le conflit réel des forces sociales. C’est la lutte qui donnera la réponse. Et l’issue de cette lutte dépendra, d'une manière décisive, du développement de la conscience révolutionnaire, c'est-à-dire socialiste. La lutte contre la guerre impérialiste trouve son expression la plus haute dans le combat pour développer une nouvelle direction politique de la classe ouvrière.

Trotsky durant l'enquête de la Commission Dewey en 1937, l’un des nombreux épisodes falsifiés par Robert Service
Un groupe de cueilleuses de thé au Sri Lanka

Matériel mis en ligne



Arts, science et histoire

Le WSWS a poursuivi sa couverture des festivals internationaux du film (international film festivals), et écrit des critiques de films tels que The Reader, Slumdog Millionaire, Tulpan, The Hurt Locker, Inglourious Basterds, Bright Star, Vincere, A Serious Man et bien d’autres.

Particulièrement intéressants furent un certain nombre d’interviews de figures de premier plan du monde du cinéma et du théâtre comme Bertrand Tavernier et Trevor Griffiths. Le rédacteur de la rubrique artistique a continué son examen de l’histoire du film, publiant des articles sur la liste noire d’Hollywood (Hollywood blacklist) dans les années 1950 et sur la carrière d’Orson Welles. Des articles nécrologiques incluant une appréciation de l’auteur de théâtre britannique Harold Pinter et de la carrière du romancier américain John Updike.

En janvier, le WSWS a publié une critique (reviewed) d’une série télévisée importante sur HBO au sujet de John Adams et de la Révolution américaine. Cette série, « en mettant en scène la vie domestique (en particulier sa relation avec Abigail, sa brillante épouse) et publique de son sujet, réussit à capturer le développement de la conscience révolutionnaire et le conflit interne sur le type de nation que l’Amérique devait devenir. »

Le WSWS a porté une attention particulière aux questions soulevées par l’arrestation (the arrest) du cinéaste Roman Polanski par les autorités suisses en septembre. Polanski, qui a la double nationalité polonaise et française et est un survivant de l’holocauste, fut menacé d’extradition vers les Etats-Unis pour y faire face à des accusations provenant d’une affaire de rapports illicites avec une mineure remontant à 32 ans.

Le WSWS s’est opposé à la campagne réactionnaire des milieux libéraux et de la pseudo-gauche menée contre Polanski. Leurs efforts pour ressusciter les accusations étaient soutenus par les féministes bourgeois et des organisations de la pseudo-gauche comme l’International Socialist Organization. Ces hypocrites libéraux et « de gauche » ont ignoré les conditions dans lesquelles Polanski avait fui les Etats-Unis, confronté qu’il était à un juge vindicatif qui avait signalé son intention d’annuler une entente relative au plaidoyer. Polanski fut emprisonné pendant deux mois à Zurich avant d’être libéré sous caution et assigné à résidence. Les autorités suisses ont plus tard décidé de ne pas poursuivre l’extradition.

Au cours de ces événements, le WSWS a aussi passé en revue la carrière de Polanski (reviewed Polanski’s career) plaçant la campagne menée contre lui dans le contexte de ses propres expériences et de la manière dont celles-ci avait trouvé expression dans son œuvre.

La couverture par le WSWS des développements scientifiques, comprenant aussi l’histoire de la science, a continué de s’étoffer. Parmi ces contributions figuraient de nombreux articles sur la paléontologie (paleontology) et l’évolution humaine (human evolution). Le WSWS écrivit aussi sur le travail du téléscope spatial Hubbes (Hubble space telescope).                

Parmi les anniversaires notables ayant donné lieu à des articles figuraient le 400e anniversaire des découvertes les plus fameuses de Galilée (Galileo), le 40e anniversaire du premier atterrissage (human landing) sur la lune et à l’occasion du bicentenaire de Charles Darwin, un examen (examination) du rapport entre l’œuvre pionnière de Darwin et celle de son grand contemporain Karl Marx.

Sur le sujet de l’environnement, le WSWS a mis en ligne des conférences importantes données lors de meetings publics du SEP australien sur le marxisme, le socialisme et le changement climatique  (“Marxism, socialism and climate change.”)

Le WSWS a porté une attention croissante aux sujets historiques, allant de l’histoire du mouvement ouvrier à la Guerre civile américaine et aux événements plus récents du 20e siècle, traités également dans la rubrique « Cette semaine dans l’histoire ».

Des articles parurent sur les grèves générales de Toledo, Minneapolis et San Francisco en 1934, le massacre de Haymarket à Chicago en 1885, le 150e anniversaire du raid de l’abolitionniste John Brown (John Brown’s Raid) sur Harpers Ferry, le 70e anniversaire du pacte Hitler-Staline (70th anniversary of the Stalin-Hitler Pact) et le début de la Seconde guerre mondiale (Second World War).

D’autres articles importants traitèrent de la tragédie de la révolution chinoise de 1925-1927 (Tragedy of the 1925-1927 Chinese Revolution), du 20e anniversaire du massacre de la Place Tienanmen (Tiananmen Square) par la bureaucratie stalinienne chinoise, du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin (Berlin Wall), du 60e anniversaire de la révolution chinoise (Chinese Revolution), du 50e anniversaire de la révolution cubaine (Cuban Revolution) et des 25 ans de la grève des mineurs britanniques (British miners strike).

Paul Giamatti, à gauche, dans le rôle d’Adams, et David Morse dans le rôle de George Washington dans la série John Adams sur HBO