Année passée en revue : 2007

Les événements de 2007 ont montré qu’il était impossible, aux Etats-Unis et internationalement, de lutter contre la montée du militarisme à l’aide des vieux partis politiques et de l’appareil d’Etat bourgeois. Tout comme le président américain George W. Bush et le premier ministre britannique Tony Blair avaient en 2003 commencé la guerre au mépris de l’opinion publique, Bush a, en 2007, intensifié la guerre malgré sa défaite aux élections de novembre 2006. (Voir: archive 2007)


La « poussée militaire » en Irak après les élections de 2006

L’échec de la démocratie a été particulièrement frappant en Amérique où la population avait voté massivement lors des élections au Congrès en novembre 2006 pour des candidats prétendant être contre le gouvernement Bush et la guerre en Irak. Cependant, une fois au pouvoir, les démocrates ont collaboré avec la Maison Blanche de Bush en approuvant des centaines de milliards de dollars supplémentaires pour la guerre.

Peu après le début de l’année, Bush a annoncé des plans pour une escalade importante de la guerre en Irak (escalate the war in Iraq). Cette « poussée militaire » signifiera l’addition d’environ 30.000 soldats en Irak et se concentrera sur les centres de résistance à l’occupation américaine, à Bagdad et dans la province d’Anbar.

En réaction à l’intensification de la guerre et aux nouveaux projets de l’impérialisme américain, le WSWS a publié une déclaration (Pour une mobilisation internationale des travailleurs et des jeunes contre la guerre en Irak) qui disait :

Tandis que l’administration Bush soutient que le but de la guerre en Irak est d’y apporter la démocratie, l’intensification de la guerre a permis de révéler l’effondrement des processus démocratiques aux États-Unis mêmes. L’opposition massive à la guerre qui s’est exprimée aux élections de novembre dernier et qui fut soutenue par des millions de personnes à travers le monde, ne peut trouver de véritable expression au sein de l’establishment politique américain ou de ses deux principaux partis.

Le comité de rédaction du WSWS a aussi publié une déclaration (statement) dénonçant les préparatifs de guerre américains contre l’Iran et la traduisit en Farsi, la principale langue dans la population iranienne. Plus tard dans l’année, le WSWS a dénoncé l’invocation de la Troisième Guerre mondiale (invocation of World War III) par Bush et la publication d’une série en trois parties (three-part series) qui examinait la signification géopolitique de l’Iran pour l’impérialisme américain.

Le Socialist Equality Party et son mouvement de jeunesse ont organisé une conférence d’urgence contre la guerre (La conférence de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale et du Parti de l’égalité socialiste adopte une perspective internationaliste et socialiste pour s’opposer à la guerre) qui eut lieu à Ann Arbor, Michigan, et qui a attiré de nombreux jeunes et des travailleurs venus de 17 Etats et du Canada.

La résolution adoptée à la conférence (Pour la fin de l’occupation en Irak ! Non à la guerre contre l’Iran ! Pour un mouvement socialiste international contre la guerre !) a expliqué les liens existant entre la guerre en Irak et les attaques grandissantes contre les droits démocratiques, les emplois et le niveau de vie sur le plan intérieur en émettant une mise en garde sévère :

L’Irak n’est pas la première et, si le système capitaliste n’est pas renversé, ne sera pas la dernière cible de la guerre impérialiste. Le 21e siècle n’est même pas vieux d’une décennie et il est déjà très clair que sans l’intervention de la classe ouvrière, les tragédies et les crimes sanglants du dernier siècle ne seront pas seulement répétés : ils seront pires encore.

En mai, le WSWS a publié un article en trois parties (three-part article) par Bill Van Auken montrant pourquoi « ensemble, les opérations menées par les Etats-Unis en Irak correspondent à un sociocide – le meurtre délibéré et systématique d’une société entière. » L’article a dit :

L’Irak qui figurait jadis parmi les pays les plus avancés de la région, a été réduit en termes d’indicateurs économiques et sociaux de base, au niveau des pays les plus pauvres de l’Afrique sub-saharienne. 

« Ce qui est en cause, c’est la destruction systématique de l’ensemble de la société par un déchaînement de violence et de criminalité à une échelle jamais vue depuis les ravages faits par les armées de Hitler en Europe durant la Seconde Guerre mondiale.

Parmi les indicateurs de l’effondrement social il y a:

  • Un bilan des morts se chiffrant par centaines de milliers
  • Des réfugiés à l’extérieur estimés à 2 millions et des déplacés à l’intérieur à 1,9 million.
  • Une augmentation de 150 pour cent de la mortalité infantile
  • La moitié de tous les enfants souffrant de malnutrition
  • Un déclin catastrophique dans la situation des femmes
  • Un taux de chômage réel de près de 70 pour cent

Alors que le caractère abominable de la guerre est de plus en plus manifeste, le Parti démocrate, après avoir pris le contrôle du Congrès en janvier suite aux élections de novembre, n’a rien fait pour enrayer l’escalade de Bush. Au cours du printemps, les démocrates ont :

  • Abandonné le projet de vote sur une résolution non contraignante (non-binding resolution) désapprouvant la ‘poussée’.
  • Proposé de prolonger le financement de la guerre (extend funding for the war) de 18 mois en échange d’une promesse creuse que les troupes américaines seraient « redéployées » après cette date.
  • Voté une résolution au Sénat par 94 voix contre une s’opposant à toute réduction de financement (opposing any cutoff of funding) de la guerre au nom du « soutien aux troupes. »
  • Laissé tomber toute discussion d’inclure dans la loi de financement de la guerre une échéance pour un retrait (a withdrawal deadline)

Pour terminer, les dirigeants démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat se sont inclinés devant les exigences de la Maison Blanche de Bush pour que le Congrès approuve le financement de la guerre sans aucune restriction quant aux opérations en Irak. Le WSWS a commenté (commented) cela ainsi :

La raison fondamentale de l’impuissance des démocrates est le caractère du Parti démocrate. Il est, au même titre que les républicains, un parti de l’impérialisme américain. Les démocrates ont dès le départ appuyé les objectifs impérialistes généraux qui sous-tendent l’invasion et l’occupation de l’Irak, et la décision plus générale de l’élite financière américaine d’utiliser sa puissance militaire pour dominer les ressources et les marchés du monde.

Dans le même temps avait débuté la campagne de nomination des candidats présidentiels démocrates. La sénatrice Hillary Clinton, dont on s’attendait à ce qu’elle mène la course, se vit défiée par le sénateur Barack Obama. La tentative de celui-ci de prendre une pose critique vis-à-vis de la guerre en Irak n’était fondée que sur des divergences tactiques quant à la meilleure façon d’atteindre les objectifs de l’impérialisme américain. Au sujet du futur président, le WSWS avait écrit près de deux ans avant sa prise de fonction :

Tout comme ses homologues… [Obama] est un défenseur pur et dur des intérêts géopolitiques du capital américain. Une fois élu, il n’hésitera pas à recourir à la force militaire pour garantir l’hégémonie américaine au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans le monde.

La capitulation des démocrates a indigné ceux qui étaient véritablement opposés à la guerre en Irak et qui s’imaginaient encore que la nouvelle majorité du Congrès agirait pour y mettre fin. Cindy Sheehan, la mère d’un soldat tué en Irak, qui était devenue une militante anti-guerre bien connue, a publiquement quitté le Parti démocrate (L’opposante à la guerre en Irak, Cindy Sheehan, quitte le Parti démocrate) Les défenseurs de « gauche » des démocrates, dont le magazine Nation, ont évité tout commentaire (avoided any commentary) à ce sujet.

Les conséquences épouvantables de la guerre pour la société américaine ont été démontrées en avril lors d’un nouvel épisode, la fusillade mortelle par un étudiant de 23 ans Cho Seung-Hui qui a tué 32 étudiants à l’université de Virginia Tech (Plus de trente morts à l’université de Virginia Tech) – le pire cas d’une fusillade de masse de ce type dans l’histoire des Etats-Unis. En commentant la signification plus générale de cet événement, David Walsh a écrit (Le massacre de Virginia Tech : les racines sociales d’une autre tragédie) que le militarisme et la violence avaient prospéré durant la décennie qui avait précédé le massacre.

La présence de George W. Bush à la cérémonie qui a eu lieu au campus de Virginia Tech mardi après-midi était particulièrement inappropriée. C’est un homme qui incarne le pire aux États-Unis, son élite corrompue et riche. En tant que gouverneur du Texas, Bush a présidé à l’exécution de 152 êtres humains ; en tant que président, il a sur les mains le sang de milliers d’Américains, de dizaines de milliers d’Afghans et de centaines de milliers d’Irakiens. Son administration a fait de la violence incessante la fondation de sa politique mondiale, justifiant les assassinats, l’emprisonnement secret et la torture.

Les États-Unis ont occupé des parties de l’Asie centrale ou du Moyen-Orient pour la plus grande partie des huit années depuis Columbine. Après avoir volé les élections et en utilisant les attentats terroristes du 11 Septembre, le régime Bush-Cheney a lancé une guerre fondée sur des mensonges. La leçon qu’enseigne l’élite dirigeante est claire : pour atteindre ses objectifs, toute forme de brutalité est légitime… La prolifération de la violence, les appels soutenus à la peur, l’incitation à la paranoïa — tout ceci a des conséquences ; cela crée un certain climat.


La crise du gouvernement Bush et le délabrement de la démocratie américaine

La capitulation des démocrates n’est pas le résultat de la force du gouvernement Bush mais l’expression du fait que l’ensemble de l’establishment politique était engagé dans une politique criminelle de militarisme à l’étranger. Quelles que soient les critiques émises à l’égard des républicains, les démocrates sont déterminés à empêcher toute appréciation des forces motrices fondamentales de la politique gouvernementale. Toutefois, en dépit de tous les efforts déployés par les Démocrates, la crise et la criminalité du gouvernement se sont manifestées dans un certain nombre d’événements significatifs de 2007 :

  • En mars, Lewis Libby, l’ancien directeur de cabinet du vice-président Cheney, fut condamné pour quatre chefs d’accusation (convicted on four felony counts) retenus contre lui pour mensonge et entrave à la justice liés à la divulgation délibérée du nom d’une femme agent de la CIA en guise de représailles contre une critique publique faite par son mari de la guerre en Irak.
  • En août, le conseiller politique de la Maison Blanche, Karl Rove (Karl Rove resigned) a démissionné après des mois durant lesquels il fut rapporté qu'il avait exercé des pressions sur le Département de la Justice pour congédier des procureurs qui rechignaient à mener des enquêtes à propos d'accusations bidon de fraude électorale présentées par des groupes liés aux républicains lors des élections de 2006.
  • Plus tard le même mois, le procureur général des Etats-Unis, Alberto Gonzales a démissionné de son poste (Attorney General Alberto Gonzales resigned), en partie en raison de l’enquête en cours sur les évictions de procureurs fédéraux américains où il fut accusé à plusieurs reprises de parjures devant des comités du Congrès et en partie en raison du rôle qu’il a joué dans la rédaction de mémos justifiant la torture (justified torture) et les écoutes illégales (illegal wiretapping) de citoyens américains.

L’extension de la guerre est allée de pair avec l’intensification des attaques contre les droits démocratiques. Au cours de l’année, la Maison Blanche avait obtenu l’approbation par tribunal d’élargir l’espionnage domestique, avait poursuivi le procès de José Padilla (trial of Jose Padilla), obtenant finalement une condamnation (conviction), avait revendiqué des privilèges de l’exécutif de grande envergure (La Maison-Blanche s’arroge le droit de défier la loi) pour entraver les enquêtes du Congrès et avait publié un décret présidentiel sanctionnant le recours de la CIA à la torture lors des interrogatoires (CIA interrogations using torture).

L’affaire de José Padilla, un citoyen américain de Brooklyn, a été particulièrement significative. En mai 2002, Padilla a été arrêté à Chicago en tant que « témoin important » dans le cadre des attentats du 11 Septembre. Fondé sur des soupçons de complot à la « bombe sale » le gouvernement Bush lui attribua plus tard le statut de « combattant ennemi » et le transféra dans une prison militaire où il fut soumis à l’isolement absolu et à la privation de sommeil; on lui administra de force des drogues et le soumit à d'autres formes encore « d’interrogatoire avancé » pour le faire parler. Il a été privé de la possibilité de consulter un avocat pendant trois ans et demi.

Padilla est devenu un précédent. Le WSWS a remarqué (noted) que « le gouvernement Bush voulait utiliser Padilla pour faire valoir les droits du président d’ordonner l’emprisonnement militaire illimité à un citoyen américain, détenu sur le sol américain, » en annulant le droit constitutionnel à un procès équitable. En novembre 2005, craignant qu’une décision attendue de la Cour suprême puisse juger la détention de Padilla illégale, le gouvernement Bush l’a fait transférer dans une prison civile et l’accusa de crimes n’ayant absolument aucun rapport avec ceux dont il avait été initialement accusé.

Egalement en 2007, le vice-président Cheney a publiquement déclaré que son bureau n’avait pas besoin de se conformer (did not have to comply) aux décisions exécutives, le mettant quasiment au-dessus de la loi. Entre-temps, Bush a affirmé que l’armée constituait une base de soutien en soi (constituency of its own) pour le président, susceptible de soutenir les actions du président en dépit même d’une vaste opposition de l’opinion publique.

La réaction des démocrates a été une collaboration totale avec ces attaques contre les droits démocratiques, dont l’adoption par le Congrès d’une nouvelle loi (new law) autorisant l’espionnage à grande échelle par le gouvernement et comprenant une immunité rétroactive pour les compagnies de télécommunication ayant participé à l’interception illégale de communications téléphoniques et de courriels.

En décembre, on apprenait que deux ans plus tôt la CIA avait détruit (the CIA had destroyed) des bandes vidéo qui documentaient l’utilisation de la torture. Ces bandes contenaient la preuve de la torture par simulacre de noyage subi par au moins deux prisonniers, dont Abu Zubaydah. Le gouvernement Bush avait minutieusement suivi la torture de Zubaydah, considérant son traitement comme un précédent pour la légitimation de la torture comme instrument de la politique de l’Etat.

La destruction des bandes vidéo a non seulement servi à protéger la CIA mais à camoufler la responsabilité de l’ensemble du gouvernement dont des dirigeants démocrates du Congrès, qui avaient été régulièrement informés sur les interrogatoires. Commentant l’implication évidente des Démocrates dans le camouflage de la torture et des attaques contre les droits démocratique, le WSWS avait déclaré :

La duplicité des démocrates souligne le manque de tout engagement sérieux pour la défense des droits démocratiques au sein des deux partis de l’élite patronale américaine. Si les Démocrates obtenaient le contrôle de la Maison Blanche en 2008, il n’y aurait pas de changement important dans la politique de base du gouvernement américain. Les démocrates ont été démasqués à maintes reprises comme les complices directs du gouvernement Bush, de la torture jusqu'aux guerres d’agression illégales en passant par l’espionnage domestique.


Les signes avant-coureurs de la crise économique mondiale

Tout au long de 2007, le WSWS a analysé les signes croissants d'une crise économique et financière axée sur l’effondrement du prêt hypothécaire prédateur « subprime » aux Etats-Unis. Après l’effondrement de la bulle dot.com en 2000, la classe dirigeante américaine a réagi en abaissant radicalement les taux d’intérêt. Une nouvelle bulle spéculative a été générée par le marché hypothécaire. Les banques et les institutions financières réalisèrent d’énormes profits grâce au prêt prédateur puis par la composition de paquets revendus sous forme de titres hypothécaires (Mortage backed securities, MBS).

En même temps, les travailleurs ont utilisé la hausse des prix de l’immobilier et l’obtention facile de crédit pour compenser la stagnation des salaires. Les prêteurs se firent une spécialité de convaincre les familles ouvrières d'accepter des prêts à taux d’intérêt initialement faible mais qui au cours des années augmentaient fortement (les soi-disant taux variables). Au moment où les nouveaux taux entraient en vigueur, les millions de ces propriétaires de maisons n'étaient plus en mesure de payer les factures plus élevées.

L’ensemble du processus était intrinsèquement instable et commença à se dégrader dans le courant de l’année ce qui se manifesta sous la forme de saisies immobilières accrues (manifested in rising home foreclosures). Les difficultés survenues sur le marché hypothécaire des 'subprime' commencèrent à se propager à d’autres valeurs financières, entraînant une série de fortes chutes sur les marchés mondiaux. Les dépenses de consommation commencèrent à décliner fortement suite à la baisse des prix immobiliers et de l’insécurité économique générale.

Le WSWS a expliqué (explained) ainsi la portée plus générale de la frénésie spéculative :

L’entrée des grandes institutions financières sur le marché des prêts hypothécaires est l’expression d’un processus plus général – l’orientation du capital financier vers des entreprises plus risquées en quête de profit… Entre autres choses, le flux d’argent bon marché a contribué à financer la multiplication aux Etats-Unis des opérations de LBO (« leveraged buyouts » - acquisition par endettement) et qui ont atteint l’année dernière 418 milliards de dollars, soit trois fois leur niveau de 2005.

En juin, l’effondrement de deux fonds spéculatifs clé (collapse of two key hedge funds) contrôlés par Bear Stearns, une société de premier plan de Wall Street, a montré la fragilité de ces fonds alternatifs fortement endettés.
De mars à août, Wall Street a été en proie à des convulsions et a subi d’énormes fluctuations d’un jour à l’autre. Le 19 juillet, le Dow Jones Industrial Average (l’indice de référence de la bourse de New York) a battu le record absolu de 14.000 points pour ensuite plonger de 638 points au cours des semaines suivantes, éliminant des milliards de dollars en valeurs boursières.

Le 7 août, la plus grande banque par actions française, BNP Paribas, a suspendu ses activités (suspended operations) dans trois de ses sicav qui étaient « engagées dans des transactions avec des titres américains adossés sur hypothèques ». Le Dow Jones a dégringolé de 387 points et les répercussions ont été ressenties dans le monde entier.

Dans un commentaire publié le 17 août, le WSWS a montré (traced) comment l’actuelle crise avait son origine dans la baisse du taux de profit des entreprises non financières et dans la politique de la baisse des taux d’intérêt pratiquée par la Réserve fédérale américaine et visant à créer de nouvelles bulles.

La crise, qui a mis en exergue la profonde intégration de l’économie mondiale à l’époque de la mondialisation, a eu un impact tant en Europe qu'en Asie. Plusieurs banques britanniques furent parmi les premières affectées et Northern Rock a été la première à s’effondrer bien que n’ayant pas été exposée directement aux crédits hypothécaires américains. Le renflouement de Northern Rock tout comme celui des banques allemandes SachsenLB et IKB, impliqua une garantie rapide à l'aide de vastes quantités d’argent public.

Il y a eu des déséquilibres fiscaux massifs en Chine alors que les considérables réserves en devises étrangères ont provoqué une bulle du marché boursier (stock market). A la fin de l’année, l’excédent de la balance commerciale de la Chine avait contribué à générer une inflation atteignant un record de 11 ans et déclenché des troubles sociaux.


Changements politiques dans le monde

L’année a été marquée par d’importants changements politiques en Europe: un nouveau premier ministre en Grande-Bretagne et un nouveau président en France et des groupes « de gauche » qui ont joué un rôle nouveau et important à la fois en Italie et en Allemagne.

En mai, Nicolas Sarkozy, le candidat du parti droitier UMP a remporté les élections présidentielles françaises devant la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal et succéda au président UMP Jacques Chirac. Le WSWS avait relevé que « les différences entre Royal et Sarkozy sont d’ordre tactique et ne sont pas des différences fondamentales ». Tous deux sont d’accord pour la défense des intérêts nationaux de l’impérialisme français en rendant les entreprises encore plus compétitives mondialement grâce à de profondes réformes structurelles – aux dépens de la classe ouvrière.
Les élections ont aussi représenté en France « le résultat final du déclin qui dure depuis des décennies du mouvement ouvrier officiel. »  Voir http://www.wsws.org/francais/News/2007/mai07/050507_elections.shtml - Les questions de classes dans les élections présidentielles françaises - Par le comité de rédaction- 5 mai 2007).

Les groupes qui jadis avaient prétendu être trotskystes sont totalement intégrés dans le camp de la politique bourgeoise. L’unique parti à tirer avantage de la faillite de la « gauche » traditionnelle est le Front National d’extrême droite qui a été en mesure de tirer profit du mécontentement des travailleurs avec les partis communiste et socialiste. (Virage à droite encore plus marqué de la campagne électorale en France...)

Après dix ans passés au pouvoir, Tony Blair a démissionné en tant que premier ministre de Grande-Bretagne. L’élévation de son successeur, Gordon Brown, à la direction sans pratiquement connaître de résistance, confirme que le parti travailliste n’est guère plus qu’un croupion droitier hostile aux travailleurs.

Il n’y a pas un iota de principe (not one iota of principle) dans l’amer conflit entre la faction de Blair et celle de Brown. Ils furent les architectes communs de l’abandon par le Parti travailliste (Labour) de sa politique réformiste.

Brown avait suspendu en 1994 ses propres ambitions de leadership avec la promesse qu’il remplacerait Blair à une date ultérieure. Tout au long des dix ans au pouvoir de Labour, Brown a soutenu toutes les mesures profondément impopulaires du gouvernement. Une fois au pouvoir, Brown a confirmé sa détermination de poursuivre le programme de New Labour (determination to continue New Labour’s agenda).

Le conflit a confirmé (confirmed) la réduction de l’aile gauche du parti à un croupion dont le candidat, John McDonnel, a été incapable de lancer un défi après n’avoir pas même obtenu le soutien de 45 députés – sur un total de 355 – dont certains au sein de son propre Socialist Campaign Group. Plus tard dans l’année, la coalition soi-disant de gauche Respect-Unity a fait scission (split), comme l’a fait aussi le (Scottish Socialist Party).

En Italie, le gouvernement de « centre-gauche » de Romano Prodi, appuyé par Rifondazione Comunista (PRC) et le groupe pabliste Sinistra Critica, a prouvé son caractère droitier en poursuivant l’engagement de l’Italie dans la guerre en Afghanistan, par la prolongation du bail de la base militaire américaine de Vicenza dans le Nord de l’Italie et le lancement d’attaques intensives contre la classe ouvrière telle la réforme détestée des retraites pension reform. Le PRC a soutenu Prodi en dépit d’une manifestation de 100.000 personnes (demonstration of 100,000) contre la politique de guerre du gouvernement.

En juin, le parti La Gauche (Die Linke), (Voir :Allemagne: quel but « La Gauche » cherche-t-elle à atteindre ?) a été officiellement créé en Allemagne par la fusion de l’ancien parti dirigeant stalinien d’Allemagne de l’Est, renommé PDS, et un groupe de bureaucrates syndicaux et anciens sociaux-démocrates d’Allemagne de l’Ouest, mené par l’ancien dirigeant du SPD, Oskar Lafontaine. L’objectif central du nouveau parti est de garder le contrôle sur la classe ouvrière et de réprimer tout mouvement indépendant contre le statu quo.

Au milieu du mois de novembre, le gouvernement droitier de Howard en Australie a été chassé du pouvoir (Howard government in Australia was thrown out of office). Cette défaite honteuse a marqué la fin du dernier partenaire restant de la « coalition des volontaires » originale de Bush. Le vote contre le gouvernement a été tellement évident que non seulement il a décimé la coalition libérale-nationale, mais que Howard lui-même a perdu son siège au parlement qu’il détenait depuis 33 ans.

Tout au long de 2007, le WSWS analysé (WSWS analyzed) la crise grandissante de la dictature militaire au Pakistan parrainée par les Etats-Unis et une alliée clé dans l’occupation de l’Afghanistan. Le gouvernement Bush a cherché à étayer le régime du général Pervez Musharraf en sollicitant le soutien de Benazir Bhutto et de son Parti du peuple pakistanais (PPP) pour finalement négocier un accord en vertu duquel le PPP a facilité la « réélection » de Musharraf comme président.

Bhutto – qui durant les cinq précédentes années avait maintes fois répété qu’elle était déterminée à empêcher un mouvement de masse contre la dictature de Musharraf par crainte qu’elle « n’échappe à tout contrôle » – est retournée au Pakistan en octobre. Mais, un accord parrainé par Bush (Bush-sponsored deal) avec Musharraf s’est rapidement détérioré. Début novembre, Musharraf a imposé l’état d’urgence, puis l’a levé le 8 janvier pour organiser une mise en scène d’élections législatives nationales et provinciales. Deux semaines avant les élections, Bhutto fut assassinée (Après l’assassinat de Benazir Bhutto, l’administration Bush se rue à la défense de Moucharraf). Son meurtre portait le sceau d’un meurtre d’Etat orchestré par les forces de sécurité.


Les luttes de la classe ouvrière internationale

Le développement de la crise économique mondiale a entraîné un nombre considérable de luttes de la classe ouvrière qui ont soulevé des questions politiques fondamentales.

Début juin, les postiers ont entamé une série de grèves (postal workers in Britain) contre les réductions opérées par Royal Mail, dont l’élimination de la distribution du courrier le dimanche. Des grèves sauvages ont eu lieu qui ont accentué la détermination des responsables du syndicat CWU (Communication Workers Union (CWU) officials) d’annuler l’action. En octobre, le syndicat a appelé à de nouvelles grèves de 48 heures (48-hour strikes), et en réaction aux nouveaux débrayages officieux, le SEP a publié une déclaration (statement) appelant les postiers à prendre l’initiative indépendamment des syndicats :

Les postiers sont engagés dans une lutte à mort. Rien ne peut être défendu sans se libérer de la camisole de force que le CWU leur a imposée. Ce qui est indispensable c’est une offensive politique et industrielle indépendante contre non seulement Royal Mail mais contre ses partisans au parlement.

Une telle lutte requiert la création de comités ouvriers de base s’adressant aux travailleurs qui sont confrontés à des attaques identiques partout en Grande-Bretagne ainsi qu’aux postiers en Europe qui doivent également faire face à une privatisation.

Le WSWS a aussi révélé au grand jour le rôle joué par le Socialist Workers Party (SWP), ce groupe partisan des théories du capitalisme d’Etat jouit d’une influence significative dans la direction du CWU. Le SWP et la bureaucratie du CWU ont uni leurs efforts pour saborder la lutte et faire passer de force un accord (push through a contract) représentant une défaite totale pour les travailleurs à tous points de vue. »

En juillet, en Allemagne les conducteurs de train organisés dans le syndicat GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer) ont revendiqué une augmentation de salaire de plus de 30 pour cent. Le WSWS a souligné que les deux syndicats de cheminots officiels agissaient comme briseurs de grève (strikebreakers). Les tentatives du syndicat indépendant GDL de faire des compromis mèneraient inévitablement à la défaite malgré l’humeur combative des conducteurs de train et le vaste soutien dont la grève a bénéficié de la part de la population.

Durant la grève ferroviaire en Allemagne, les travailleurs des transports et des chemins de fer ont aussi débrayé en France (France: La grève dans les transports paralyse le pays), affichant une énorme combativité pour s’opposer aux réductions des droits à la retraite exigées par le gouvernement Sarkozy. L’ampleur de la grève avait pris le gouvernement au dépourvu et Sarkozy s’est tourné vers les dirigeants syndicaux, notamment la CGT menée par les staliniens, pour désamorcer le conflit.
Le mouvement de grève en France s’est amplifié en novembre (broadened in November) alors que les gaziers et les électriciens ont déclenché des grèves et que les cheminots ont à nouveau débrayé, tous luttant contre les exigences de Sarkozy de mettre un terme aux conditions favorables dont bénéficiaient les travailleurs de ces industries. Dans une déclaration publiée le 19 novembre, le comité de rédaction du WSWS avait indiqué les implications qu’avaient pour la classe ouvrière ces grandes luttes qui se déroulaient simultanément en France et en Allemagne. (France : Les travailleurs ont besoin d’une nouvelle stratégie politique)

Il n’existe pas de réponse nationale à la crise à laquelle sont confrontés les travailleurs. Derrière Sarkozy il y a l’Union européenne, les gouvernements européens, les grandes entreprises transnationales et les banques.

Ce n’est pas par hasard que les conducteurs de train allemands soient en grève en même temps que les cheminots français. Des deux côtés du Rhin, ils luttent contre la subordination des services publics et de tous les aspects de leur vie aux dictats du patronat.

Au Sri Lanka, le Parti de l’Egalité socialiste a mis en avant une perspective révolutionnaire pour des dizaines de milliers d’enseignants des écoles publiques (public school teachers) qui ont cessé le travail en septembre. La grève de 24 heures a été la grève la plus largement suivie de l’histoire du pays mais le gouvernement a réagi par une répression policière et des poursuites en justice. Finalement, les syndicats ont annulé toute nouvelle action de grève (called off any further strike action) et ont capitulé devant le gouvernement.

Le WSWS a assuré une couverture extensive des trahisons que les travailleurs de l’automobile ont connues aux Etats-Unis de la part du syndicat United Auto Workers (UAW). Il y eut deux événements majeurs : l’acquisition de Chrysler par un fonds spéculatif (Le syndicat des Travailleurs unis de l'automobile capitule devant le ...) et une nouvelle convention collective chez General Motors (GM) (a new General Motors (GM) contract). (Voir aussi : Votez ‘non’ au bradage organisé par l’UAW chez General Motors !)

La convention collective négociée chez GM suite à une grève de 48 heures en septembre a libéré la société de toutes ses obligations de verser des prestations de santé à ses quelque 400.000 retraités et à leurs familles. Les retraités recevront en contrepartie leur argent d’un fonds de pension fort de plusieurs millions de dollars contrôlé par le syndicat. Ce fonds s’appelle fonds VEBA (Voluntary Employees’ Beneficiary Association) et il fait des responsables syndicaux des actionnaires à part entière dans l’exploitation des travailleurs. La convention a aussi mis en vigueur pour les travailleurs nouvellement recrutés le premier système d’embauche de travailleurs de « second ordre » (second tier) payés moins chers (two-tier wage scheme)
En réaction à ces échecs historiques, le WSWS a publié un article pour tirer les leçons de la trahison de l’UAW (the lessons of the UAW contract betrayal). Il a appelé les travailleurs de l’automobile à rompre avec l’UAW comme condition préalable à la conduite d’une lutte viable pour la défense des emplois et des conditions de vie.

Le déclin des syndicats et de toutes les organisations ouvrières basées sur un programme nationaliste démontre les limitations inhérentes au syndicalisme et la nécessité de se doter d’un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière basé sur une perspective internationaliste et socialiste. Aucune des questions auxquelles sont actuellement confrontés les travailleurs ne peut être résolue sur la base d’une conception syndicaliste consistant à exercer une pression sur les employeurs et qui se bas sur l’Etat-nation.

En novembre 2007, 12.000 membres du syndicat professionnel de la Guilde des écrivains WGA (Writer Guild of America) ont débrayé en démarrant la première grève des écrivains depuis vingt ans (the first writers’ strike in twenty years). Alors que la grève s’est poursuivie bien plus longtemps qu’escompté, les écrivains ont bénéficié du soutien (writers won support) de vastes sections de l’industrie du spectacle. Le responsable artistique du WSWS, David Walsh, s’était rendu à Hollywood pour participer à l’intervention menée par le WSWS parmi les grévistes. Le WSWS a interviewé ces travailleurs (The WSWS interviewed workers) pour donner une voix à la grève.

La grève des écrivains en 2007

Matériel mis en ligne


La défense de Trotsky et du matérialisme par le CIQI

L’année 2007 a marqué une avancée majeure dans la campagne menée par le Comité International pour la défense de l’héritage politique de Léon Trotsky, le codirigeant de la Révolution russe et le fondateur de la Quatrième Internationale. Elle a commencé avec des conférences (David North réfute les falsifications sur Trotsky lors de conférences ...) tenues par David North en Grande-Bretagne pour révéler les falsifications opérées par deux universitaires britanniques et biographes de Léon Trotsky, Ian Thatcher et Geoffrey Swain.

Ces conférences furent affichées plus tard sur le WSWS en tant qu’examen en quatre parties (four-part review) des volumes de Thatcher et de Swain, pour être par la suite publiées sous forme de livre sous le titre, Léon Trotsky et l’école postsoviétique de la falsification historique et ultérieurement inclues dans le livre Défense de Léon Trotsky. North explique que la falsification de l’histoire est une question de vie et de mort pour le mouvement ouvrier international.

Quiconque a étudié les origines de la terreur stalinienne et sérieusement pesé ses conséquences n’est porté à sous-estimer les implications politiquement réactionnaires et socialement destructrices de la falsification historique. Nous savons d’après l’exemple de l’Union soviétique que le processus politique qui s’est d’abord manifesté par la falsification de l’histoire de la Révolution russe s’est par la suite intensifié pour prendre la forme d’une extermination massive des révolutionnaires russes.

Le principal objectif de la nouvelle école des falsificateurs, a précisé North, était « de discréditer Léon Trotsky en tant que figure historique significative, de nier le fait qu’il représentait une alternative au stalinisme, et d’insinuer que son héritage politique ne contient rien de pertinent pour aujourd’hui ou de valeur pour l’avenir. » Il a présenté une analyse détaillée des déformations et des mensonges contenus dans ces livres en attirant l’attention sur le contraste entre leurs efforts déployés pour dénigrer Trotsky et leur apologie des actions de Staline.

North a expliqué la signification objective de ces attaques contre Trotsky: dans des conditions où les partis dirigeants, notamment ceux jadis associés au mouvement ouvrier, sont de plus en plus discrédités, la publication de ces livres vise à empêcher un regain d’intérêt pour Trotsky et le socialisme révolutionnaire. « Aujourd’hui, comme vous le savez, nous sommes dans l’ère de la guerre préventive, et ces ouvrages représentent une sorte de frappe préventive contre la réémergence de l’influence du trotskysme. »

La critique de Swain et de Thatcher montrait de quelle façon ces falsifications historiques ont été perçues par le monde universitaire en général. « Comment peut-on s’expliquer la réception bienveillante de ces deux livres lamentables ? a-t-il demandé. « C’est, je pense, lié à la prédominance durant plus d’un quart de siècle de modes de pensée véritablement réactionnaires et associés au post-modernisme qui nient le concept même de la vérité objective. »

La répudiation contemporaine de la vérité objective, aidée par l'affirmation que seule la cohérence interne du récit importe, que celui-ci doit être jugé selon ses propres dires, va à l’encontre de tout travail scientifique sérieux ou même de la pensée rationnelle. Elle encourage un climat du ‘tout est permis’, où les falsifications fleurissent, où il n’y a pas de contestation lorsque des mensonges sont proférés au sujet de l’histoire...

Une nouvelle génération doit faire face actuellement à des problèmes immenses et qui mettent sa vie en danger. Partout elle se voit confrontée à la crise et à la décrépitude. L’avenir même de la planète est mis en question si des réponses ne sont pas trouvées à la crise du système capitaliste mondial. L’étude de l’histoire doit jouer un rôle crucial dans la découverte des réponses requises par l’humanité au vingt-et-unième siècle. Mais comment l’histoire peut-elle être étudiée si elle est falsifiée ? Les travailleurs et les jeunes du monde ont besoin de la vérité et la lutte pour la découvrir et la défendre constitue la force motrice intellectuelle du progrès humain.

Le contraste entre de telles falsifications tendancieuses et politiquement motivées et le travail de chercheurs authentiques et consciencieux a été souligné par la publication de deux volumes significatifs sur l’histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire, qui tous deux ont fait l’objet en 2007 d’un compte rendu critique par le WSWS. Ces œuvres furent celles d’Alexandre Rabinowitch The Bolsheviks in Poweret de Bryan Palmer James P. Cannon and the Origins of the American Revolutionary Left, 1890-1928.
Rabinowitch, qui est professeur émérite de l’Université d’Indiana, a présenté une œuvre significative de recherche historique. Il a exploré, sur la base de recherches qui se sont étendues sur une vingtaine d’années, dont une grande partie provient des archives nouvellement ouvertes dans l’ancienne Union soviétique, les conséquences politiques et sociales du renversement du gouvernement provisoire bourgeois et du développement du régime bolchevique durant l’année 1918.

Dans leur compte rendu critique (Voir : http://www.wsws.org/fr/articles/2007/dec2007/bolc-d07.shtml), Frederick Choate et David North ont loué le travail de recherche et l’exposition des détails de la première année du régime bolchevique à St Petersbourg tout en remarquant que Rabinowitch n’a pas disposé de cadre interprétatif plaçant le matériel dans son contexte historique et politique correct. Néanmoins, ils ont écrit, « Pour le lecteur marxiste, il y a beaucoup à apprendre des éléments présentés par Rabinowitch même si on est en désaccord avec son appréciation de leur sens politique. »

Le livre de Bryan Palmer offrait un examen sérieux des 38 premières années de la vie de Cannon, couvrant la période de son accession à la direction du syndicat Industrial Workers of the World, son rôle dans la fondation et les premières années du Parti communiste aux Etats-Unis (CPUSA), ensuite sa décision de rompre avec le stalinisme pour soutenir l’Opposition de Gauche, qui a conduit à son expulsion du CPUSA et à la fondation du mouvement trotskyste en Amérique.

Comme Fred Mazelis et Tom Mackam l’ont expliqué (explained), « C’est un grand travail de recherche scientifique qui traduit un sérieux engagement à l’égard de l’histoire du mouvement ouvrier. Il deviendra un point de référence vital pour de futures études sur Cannon et les débuts du Parti communiste.

La défense de la vie et de l’oeuvre de Trotsky par le CIQI fait partie intégrante d’une élaboration plus générale des perspectives révolutionnaires. En 2006, deux anciens membres de la Workers League (le prédécesseur du Socialist Equality Party aux Etats-Unis), Alex Steiner et Frank Brenner, qui avaient été politiquement inactifs durant un quart de siècle, ont publié, sous le titre « Objectivisme et marxisme », une attaque virulente du travail théorique, de la ligne politique et des activités pratiques du Comité International de la Quatrième Internationale et du World Socialist Web Site.

Ces critiques, qui sont ancrées dans des conceptions utopiennes antimarxistes liées à l’Ecole de Francfort, ont été l’occasion de clarifier d’importantes questions de l’histoire révolutionnaire, de la théorie marxiste et de la politique socialiste. L’ouvrage de David North intitulé « Le marxisme, l’histoire et la conscience socialiste » (Marxism, History and Socialist Consciousness) a été la réponse du Comité International de la Quatrième Internationale à leur document, elle fut publiée sur le WSWS et sous forme de livre en août 2007.

Dans une réponse exhaustive, North a analysé en détail les arguments de Steiner et de Brenner, y compris la dénonciation du CIQI selon laquelle il s’est « métamorphosé… en WSWS » et a « mis en sommeil… l’expression organisationnelle de l’internationalisme révolutionnaire. » En expliquant la signification historique du WSWS, North a écrit :

Depuis la fondation du WSWS en février 1998, plus de 18.000 articles ont été publiés par le comité de rédaction international qui dirige le travail collectif d'une équipe d’écrivains marxistes en constante expansion réunie sur la base des principes, de l’histoire et de la perspective théorique du Comité International. Tant en théorie qu’en pratique, le WSWS représente un jalon historique dans le développement de l’internationalisme révolutionnaire.

Les critiques formulées par Steiner et Brenner du soi-disant « objectivisme » du CIQI sont centrées sur le rejet de l’importance centrale qu’accorde le mouvement marxiste à l’étude des conditions socio-économiques et au caractère de classe des tendances politiques. Ceci était lié à la promotion de leur part de l’« utopie » comme la base du développement de la conscience socialiste. Dans un passage important qui résume la compréhension marxiste de la relation entre la conscience socialiste et la réalité objective, North a écrit :

Le problème de la conscience socialiste se présente d’une certaine manière à ceux qui y voient la réflexion idéelle d’un processus socio-économique réel et d’une tout autre manière à ceux pour qui aucune relation objective et nécessaire de ce genre n'existe entre les fondations économiques de la société capitaliste et la formation de la pensée sociale. Pour les marxistes, la lutte pour la conscience socialiste ne consiste pas à convaincre la grande masse des travailleurs de mener une lutte contre le capitalisme. Le mouvement marxiste s’efforce bien plutôt de développer au sein des sections avancées de la classe ouvrière, une compréhension scientifique de l’histoire en tant que processus gouverné par les lois, une connaissance du mode capitaliste de production et des relations sociales qu’elles engendrent ainsi qu’une idée de la véritable nature de l’actuelle crise et de ses implications historiques mondiales, en procédant à partir de la reconnaissance de l’inévitabilité de telles luttes qui découlent du processus objectif de l’exploitation de l’extraction de la plus-value, et qui sont intensifiées par l’aggravation de la crise économique et sociale du système capitaliste. Il s’agit de transformer un processus historique inconscient en un mouvement politique conscient, d’anticiper et de prévoir les conséquences de l’intensification de la crise capitaliste mondiale, de mettre à nu la logique des événements et de formuler stratégiquement et tactiquement la réponse politique adéquate.


Les campagnes du Parti de l’Egalité socialiste

Au cours de l’année, le Parti de l’Egalité socialiste en Australie a organisé, tant au niveau des élections nationales que des Etats fédérés, une série d’importantes interventions politiques pour la défense des droits démocratiques contre le mauvais traitement infligé à la population aborigène. Ont fait partie de ces interventions les élections en Nouvelle Galles du Sud (New South Wales), une campagne pour démasquer la collaboration de l’Australie dans la persécution de David Hicks à la prison de Guantanamo, et l’opposition à l’intervention militaro-policière dans les communautés aborigènes effectuée par le gouvernement Howard dans les Territoires du Nord (Northern Territory intervention).

Le 22 juin, le Parti de l’Egalité socialiste a publié une déclaration, intitulée Le gouvernement australien impose un régime militaro-policier aux Aborigènes (Australian government imposes military-police regime on aborigines).

Une analyse ultérieure a expliqué que l’aspect clé des projets du gouvernement a été l’ouverture des terres aborigènes à l’exploitation (opening up of Aboriginal land), à la promotion immobilière et au profit d’entreprises commerciales comme l’industrie minière, le tourisme et l’agriculture. Selon ces projets, les communautés « économiquement non viables » seraient privées de fonds gouvernementaux et fermées, supprimant ainsi aux habitants les programmes sociaux pour les intégrer à des programmes de travail à bas salaire.

Le SEP a aussi défendu le Dr. Mohamed Haneef, un jeune médecin détenu sans procès par le gouvernement Howard et les services de renseignement comme collaborateur supposé des attentats terroristes du métro de Londres en 2005. Le coup monté s’est rapidement transformé en une débâcle politique pour le gouvernement Howard après que le parquet se soit opposé à une ordonnance de tribunal requérant une libération sous caution de Haneef. Son avocat a alors riposté en divulguant des documents (releasing documents) qui prouvaient clairement l’innocence d’Haneef, contraignant le gouvernement à laisser tomber tous les chefs d’accusation (drop charges) et à le libérer.

Finalement, en octobre et en novembre, le SEP a présenté des candidats aux élections fédérales (federal election), en mettant en garde contre les illusions dans l’opposition travailliste qui était donnée gagnante en raison de l’écrasante hostilité populaire contre le gouvernement droitier de Howard.
Par principe, le SEP a rejeté toute forme d’arrangement (rejected any deals) avec les autres partis pour transférer des voix conformément au système électoral australien où les électeurs doivent choisir tous les partis inscrits sur le bulletin de vote en les indiquant par ordre de préférence. Le SEP a appelé ses électeurs à classer les autres partis de manière aléatoire sans donner de préférence au Parti travailliste et aux Verts, contrairement à la politique pratiquée par les groupes de la pseudo-gauche qui ont participé aux élections en tant qu’acolytes des deux partis bourgeois.

En Grande-Bretagne (Britain), le SEP a présenté des candidats lors des élections au parlement écossais et à l’assemblée galloise. Notre campagne a promu le développement d’un nouveau mouvement socialiste contre un gouvernement d’ultra-riches qui avait soutenu l’agression meurtrière de l’impérialisme américain en Irak et en Afghanistan.

Au centre de notre campagne se trouvait la lutte pour l’unité internationale de la classe ouvrière à l’encontre de tout genre de nationalisme, de racisme, et autres formes de chauvinisme ethnique et religieux. Ceci a eu une signification toute particulière en raison des tentatives de présenter le nationalisme écossais et gallois comme étant une base pour la construction d’un nouveau parti ouvrier et d’appuyer le Parti national écossais (Scottish National Party, SNP) et les arguments de Plaid Cymru en vertu de quoi les problèmes de ces régions étaient dû au « règne des Anglais ». Comme nous l’avons expliqué dans notre manifeste électoral, « le séparatisme national n’a rien à voir avec le socialisme. Il exprime les intérêts d’une couche de la classe moyenne ambitieuse qui cherche à établir ses propres relations avec le capital, les groupes transnationaux et l’Union européenne. »

Au Sri Lanka, le SEP a lutté tout au long de l’année pour Nadarajah Wimaleswaran, un membre du parti sur l’île de Kayts, près de la péninsule de Jaffna à la pointe nord du pays et son ami Sivanathan Mathivathanan qui avaient disparu alors qu’ils se déplaçait entre deux points de contrôle de la marine. (Voir : Le SEP sri lankais exige une enquête d'urgence sur la disparition d ...)

Une campagne publique menée avec persistance par le SEP a contraint la Commission des droits de l’homme au Sri Lanka (Sri Lankan Human Rights Commission) à organiser une audience sur ces disparitions. La police et les autorités militaires ont largement boycotté une audience ultérieure qui a toutefois mis en évidence de nombreuses preuves indiquant que Wimaleswaran et son ami avaient été détenus par les forces de sécurité. Alors que le SEP et les épouses des deux hommes ont continué à soulever la question, l’enquête du HRC en pratique été close (effectively shut down).
Le Comité international (CI) a déploré la mort prématurée dans un accident de la route survenu en Grande-Bretagne du camarade Raveenthiranathan Senthil Ravee (Senthil). Né à Jaffna, Senthil avait émigré à Paris après la signature de l’accord indo-sri lankais en 1987. A Paris, il entra en contact avec des partisans du CI et lutta pour renforcer l’influence du CI parmi les Tamouls exilés. Senthil a lutté pour que soient assimilées les leçons du mouvement trotskyste au Sri Lanka, comprenant la trahison du LSSP et la lutte de principe mené par la RCL à son encontre. Il avait applaudi le lancement en 2000 de la page en langue tamoule du WSWS, comme étant un instrument décisif pour la construction du CIQI sur le sous-continent indien.


Art, culture et science

Le ton des commentaires culturels publiés par le WSWS fut donné par une conférence du responsable de la rubrique Art et culture David Walsh. Walsh parla à un meeting organisé par des étudiants de l’Université de York à Toronto, Ontario en janvier. Il parla sur le sujet « Film, histoire et socialisme » (Film, History and Socialism) et expliqua que la crise générale du cinéma et des arts était une expression de l’atmosphère politique dans son ensemble, mais qu’elle pouvait être surmontée par une renaissance de la culture socialiste.

Walsh parla de l’age d’or d’Hollywood coïncidant avec l’arrivée de cinéastes européens émigrés aux Etats-Unis dans les années 1930 et 1940 et qui avaient apporté une compréhension politique influencée par les conceptions socialistes. Il dit :

Les artistes n’étaient peut-être pas d’accord avec les marxistes sur les contradictions du capitalisme mais il y avait en général une reconnaissance instinctive de la part des intellectuels les plus perspicaces à Paris, Berlin, Londres, Vienne, Budapest et bien sur Moscou que la société existante n’avait pas d’avenir et qu’il fallait penser aux problèmes culturels de la future organisation de l’humanité.

S’élevant au-dessus du désert cinématographique de 2006, un des aspects notables de 2007 fut la sortie d’un certain nombre de films, de qualité variable, traitant des guerres en Irak et en Afghanistan. Parmi ceux-ci, il y avait Redacted, Rendition et un film remarquable intitulé Battle for Haditha. Des films comme Pan’s Labyrinth, The Good Shepherd,Children of Men, etMichael Clayton témoignaient également d’un approche plus critique.

Des films jumeaux mis en scène par Clint Eastwood présentaient la bataille d’Iwo Jima vus depuis les perspectives américaine et japonaises. Flags of Our Fathersdécrivait l’exploitation cynique par les responsables américains et les médias de trois des soldats figurant dans la scène emblématique, photographiée après l’événement, du drapeau américain planté sur le Mont Suribachi.

Letters from Iwo Jimaétait un film plus remarquable encore et offrait un portrait empreint de sympathie, s’appuyant sur des lettres publiées, de soldats japonais morts durant la bataille. David Walsh écrivit :

Faire un film sur les souffrances endurées par ‘vos’ soldats est une chose, en faire un sur les horreurs infligées à l’‘ennemi’ en est une toute différente. Ce travail possède une certaine signification, produit qu’il est au beau milieu de la « guerre » indéfinie « contre la terreur » de l’administration Bush, une guerre qui consume d’innombrables vies et des milliards de dollars. Le cinéma américain a du moins fait un bout de chemin depuis Saving Private Ryan en 1998.

Walsh a critiqué le dernier film de Michael Moore Sicko, le considérant un pas en arrière comparé à son documentaire anti-guerre de 2004, Fahrenheit 9/11, et dit à ce propos : « Moore s’étend sur certains points, surtout ceux dont il pense qu’ils amuseront, souvent à peu de frais, tout en passant bien trop vite sur les questions principales. » Les critiques artistiques du WSWS furent présents à de nombreux festivals du film importants. Le site publia une évaluation de cinéastes tels que Michelangelo Antonioni, Ingmar Bergman, et John Huston.

Dans la rubrique théâtre, nous avons publié une nécrologie du dramaturge d’origine hongroise george Tabori (1914-2007) (George Tabori) ainsi qu’une critique du film britannique important Fallujah sur le siège par l’armée américaine de cette ville irakienne, et du film de Tom Stoppard, The Coast of Utopia, traitant de la vie des exilés révolutionnaires russes au milieu du dix-neuvième siècle.

Le WSWS a aussi publié un article sur le cinquantième anniversaire de la publication du célèbre poème d’Allen Ginsberg (1926-1970), « Howl » (Howl) tout comme un examen de l’œuvre d’Emily Carr (1871-1945) (Emily Carr), peintre canadienne.

Dans le domaine de la musique, Richard Phillips a écrit un article nécrologique sur James Brown (1933-2006) (obituary of James Brown) dans lequel il décrivait l’évolution de Brown, qui avait grandi dans la petite ville pauvre de Barnwell, en Caroline du Sud, pendant la Grande dépression, pour devenir un des plus grands chanteur de Rhythm and Blues aux Etats-Unis.

Dans le domaine des sciences naturelles, le WSWS porta une attention considérable aux questions d’environnement, en particulier aux conclusions scientifiques montrant que le réchauffement climatique était le résultat de l’activité humaine. Le WSWS examina et présenta aussi les informations selon lesquelles l’interférence politique (political interference) dans la recherche, exercée au nom des grandes compagnies pétrolières, devenait monnaie courante. Nous avons publié des articles montrant que le programme d'échange de droits d'émissions de gaz à effet de serre de Kyoto était une source lucrative de profits. Nous avons expliqué que ce « programme avait empêché l’investissement dans des technologies contribuant à long terme à une diminution des émissions causant le réchauffement planétaire ».

Une déclaration en deux parties du SEP australien (A two-part statement by the Australian SEP) a soulevé la question du changement climatique lors des élections fédérales de 2007. Elle offrait un exposé détaillé du système d’échange des quotas d’émission, des mécanismes de compensation de carbone et des solutions banqueroutières présentées par tous les partis de l’establishment politique australien, y compris les Verts.

Le WSWS a aussi publié une évaluation théorique et politique d’un certain nombre de livres sur l’athéisme publiés en 2007, notamment du plus important d’entre eux  The God Delusiondu biologiste évolutionnaire Richard Dawkins. Le WSWS examina les forces et les limites de l’approche de Dawkins. Le compte rendu du livre de Dawkins, tout comme une critique d’un livre plus réactionnaire de Sam Harris, indiquait également les rapports existant entre un athéisme anhistorique et un soutien anti-musulman et droitier de l’impérialisme américain.