Année passée en revue : 2005

L’année 2005 s’est déroulée sous l’impact de deux grandes catastrophes naturelles qui ont révélé la défaillance du capitalisme mondial. Le séisme et le tsunami de l’Océan indien ont dévasté l’Indonésie, la Thaïlande, le Sri Lanka et l’Inde, tuant près 300.000 personnes. L’ouragan Katrina a frappé la côte du Golfe du Mexique aux Etats-Unis, inondant la Nouvelle Orléans et tuant plus de 1.800 personnes. Il démontra que la classe ouvrière était à peine plus sûre dans le pays le plus riche du monde que dans le plus pauvre.


Le tremblement de terre et le tsunami de l’Océan indien et l’ouragan Katrina aux Etats-Unis furent parmi les plus grandes catastrophes naturelles de l’histoire documentée. Mais le bilan des victimes et la destruction n’étaient pas seulement la conséquence des forces aveugles de la nature. Comme le World Socialist Web Site l’a souligné dans ses reportages sur les catastrophes, les facteurs sociétaux étaient cruciaux dans l’ampleur des dégâts.

La pauvreté produite par l’homme, avant out, a été la cause première des pertes de vie. Les gens vivant le long du littoral de l’Océan indien et de la côte du Golfe sont morts et ont souffert parce qu’ils étaient pauvres.

Des avertissements répétés avaient été formulés par des scientifiques et des ingénieurs, et pourtant les classes dirigeantes n’ont rien fait et ont laissé la population désemparée. Après que les catastrophes ont eu lieu, la réaction des autorités a été une combinaison d’incompétence et de négligence.

En particulier, l’ouragan Katrina a révélé le mépris le plus total du gouvernement Bush à la détresse de centaines de milliers d’Américains de la classe ouvrière. Cela fut montré de façon indélébile dans la photographie représentant Bush survolant la Nouvelle Orléans et en train de contempler la ville à travers la fenêtre d’Air Force One. Ceci eut un impact politique profond à la fois aux Etats-Unis et dans le monde entier dans des conditions où le gouvernement américain était en train de mener une guerre en Irak, en Afghanistan et ailleurs au nom d’une défense du peuple américain contre la menace terroriste.

Un village près de la côte de Sumatra ravagé après le tsunami dans l’Océan indien.

Le tremblement de terre et le tsunami de l’Océan indien

Le tremblement de terre qui a provoqué le tsunami de l’Océan indien a eu lieu le 26 décembre 2004 mais il aura fallu des jours pour réaliser l’échelle de l’événement et l’ampleur des dégâts. Le séisme avait été le troisième plus important jamais documenté, en atteignant une magnitude enregistrée entre 9,1 et 9,3 sur l’échelle de Richter et dont l’épicentre était tout juste à l’Ouest de l’île indonésienne de Sumatra.

L’Indonésie a été durement touchée, suivie par le Sri Lanka, l’Inde et la Thaïlande. Près de 300.000 personnes sont mortes dans 14 pays de par l’Océan indien suite à l’inondation et à la dévastation causée par la montée des eaux qui a atteint 10 mètres dans certaines régions côtières.

Le WSWS a assuré des reportages sur place alors que les gens de la région avaient commencé à secourir les survivants et à repêcher les morts, notamment au Sri Lanka où des adhérents du Socialist Equality Party avaient rejoint les régions côtières à l’Est et à l’Ouest de l’île pour rendre compte des efforts entrepris par des milliers de volontaires, dont des travailleurs des services de santé. Il y eut aussi des reportages faits sur place dans le Sud de l’Inde (India).

La réaction des travailleurs au sort des autres travailleurs dans le besoin a été remarquable. La tragédie a été au-delà des clivages raciaux et religieux ainsi que des frontières nationales. Comme l’un des reporters au Sri Lanka l’avait rapporté :

 Nous avons vu des hommes et des femmes, de jeunes garçons et filles, équipés de leurs pelles, de leurs bêches et d’autres outils en partance pour l’Ouest où ils se rendaient de leur propre initiative pour déblayer les décombres, nettoyer les maisons et aider les familles à se remettre sur pied. 

Ce que la crise a rapidement révélé c’était une reconnaissance élémentaire au sein de la population travailleuse que les problèmes auxquels ils étaient confrontés étaient les mêmes, indépendamment de la langue et de la religion. L’une des personnes interviewées l’a ainsi résumé : « Une quantité incroyable de gens s’est subitement trouvée démunie. Dans une période comme celle-ci, il n’y a pas de place pour penser à la race ou à la nationalité. Nous sommes tous des êtres humains. »

En opposition à la réaction généreuse des gens ordinaires partout dans le monde quelles que soient les divisions raciales ou religieuses, les gouvernements nationaux ont soit fait preuve d’apathie et de mépris soit ont utilisé la catastrophe pour poursuivre leurs propres intérêts. Au Sri Lanka, la présidente Chandrika Kumaratunga a imposé un gouvernement militaire (imposed military rule) dans 12 des 22 provinces.

En Indonésie, les autorités militaires avaient cherché à tirer profit du chaos causé par le séisme et le raz-de-marée pour lancer une offensive contre les rebelles séparatistes (offensive against separatist rebels) dans la province d’Aceh, dans la partie Nord de Sumatra. En Thailand, le gouvernement du milliardaire Thaksin Shinawatra a privilégié l’industrie touristique lucrative tout en négligeant les villages pauvres de pêcheurs. Le gouvernement de l’Inde pour prouver qu’il représentait la puissance dominante dans la région a bloqué l’aide étrangère destinée aux îles (Andaman and Nicobar Islands) situées en basse altitude et où 80 pour cent de la population s’est retrouvée sans abri.

Quant aux puissances impérialistes, elles n’ont offert qu’une aide dérisoire et même celle-ci elle fut dictée par des motifs de politique étrangère et de propagande et non pas par la solidarité humaine. Le secrétaire d’Etat américain Colin Powell (Secretary of State Colin Powell) avait exprimé l’espoir que le déploiement de forces militaires américaines dans une région majoritairement musulmane « assécherait les sources de mécontentement qui pourraient donner lieu à des activités terroristes. »

Le gouvernement australien du premier ministre droitier John Howard a fait passer ses efforts en matière d’aide dans le cadre d’un partenariat avec le régime indonésien de l’ex général Yudhoyono (bilateral pact). L’accord prévoyant que le gros du financement irait aux entreprises australiennes.

Lors d’une assemblée générale tenue à Ann Arbor au Michigan, les 8 et 9 janvier, le président du comité de rédaction, David North, a prononcé un rapport intitulé, « Le marxisme, le Comité International et la science des perspectives : une analyse historique de la crise de l’impérialisme américain, [Voir : Partie 2, Partie 3] » en commençant par souligner l’énorme sympathie qui a été portée de par le monde entier aux victimes de la tragédie.

 Combien ces manifestations de douleur réelle sont éloignées de celles peu généreuses, hypocrites et de pure forme données par les leaders de l'impérialisme américain et britannique! Ni Blair ni Bush n'ont été capables d'articuler d'une manière convaincante des inquiétudes pour le sort des millions de gens dont les vies ont été dévastées par la catastrophe. 

Faisant référence aux commentaires creux parus dans les médias sur « l’impossibilité de scruter les desseins affreux de la nature, » et qui se serait révélée par la catastrophe du tsunami, North a dit :

 L'impact du tsunami expose de manière particulièrement frappante la nature irrationnelle du capitalisme, son inaptitude à développer les forces productives de manière à élever les conditions de vie de larges couches de la population. Les médias s'emballent à propos du «miracle asiatique», mais la réalité de la question est que les bénéfices de l'infusion de capital dans la région ces dernières décennies sont allés à une petite élite de privilégiés. Des centaines de millions d'asiatiques vivent dans des huttes qui, même sous les plus favorables conditions climatiques, offrent une protection limitée contre les éléments. 

La catastrophe a été aggravée par le fait que l’Océan indien ne disposait pas de système d’alerte précoce aux tsunamis, contrairement au Pacifique qui en a un depuis 40 ans. Le besoin d’un tel système était parfaitement connu et comme le WSWS l’a relevé (Le tsunami de l'Océan Indien: Pourquoi il n'y eut pas d'alerte.), « Le coût de la mise en place d'un système d'alerte de tsunami dans l'Océan Indien est une bagatelle en comparaison avec les gigantesques bénéfices accumulés par les sociétés transnationales américaines, européennes et japonaises exploitant la main d'oeuvre bon marché de la région. »

Le WSWS et le SEP au Sri Lanka et en Australie ont organisé des réunions publiques sur le thème à la fois des causes et des conséquences du tsunami et des questions politiques en découlant. Ces réunions ont attiré beaucoup de monde et ont révélé une importante réaction à l’analyse faite par le WSWS.

L’un des participants à la réunion à Colombo avait remarqué, « J’étais en quête d’une analyse authentique de la catastrophe du tsunami et d’un programme scientifique pour éviter ce type de tragédie. Je ne crois pas aux programmes ‘d’unité nationale’ et de ‘reconstruction de la nation’ promus par les dirigeants. C’est pourquoi je suis venu ici dans le but de trouver une nouvelle voie. »


L’ouragan Katrina et les Côtes américaines du golfe du Mexique

L’ouragan Katrina s’était initialement formé au-dessus des Bahamas le 23 août 2005. Lorsqu’il a touché le Sud de la Floride – en laissant derrière lui plusieurs morts et une inondation – Katrina était un ouragan de la catégorie 1. Le fait de pénétrer dans les eaux chaudes du Golfe du Mexique a augmenté sa puissance et lorsque Katrina a frappé le Sud-Est de la Louisiane et la région côtière du Mississippi et de l’Alabama le lundi 29 août au matin, il était devenu le sixième plus puissant cyclone de l’histoire des Etats-Unis.

Plus de 1.800 personnes sont mortes des suites de cette tempête, principalement à la Nouvelle Orléans où les levées (digues, batardeaux, etc.) ont cédé et la plus grande partie de la ville a été inondée. Des jours durant, des habitants désespérés qui n’avaient pas été évacués – principalement des personnes âgées et des gens pauvres ne disposant pas de voiture – furent secourus des toits de leur maison ou entassés dans des conditions terribles au Superdome et dans d’autres centres de congrès en ville.

Le WSWS a expliqué (WSWS explained) que la mort et la dévastation infligées à la population sont la conséquence de la décrépitude des infrastructures du capitalisme américain et de l’indifférence et carrément de l’hostilité de la classe dirigeante à l’égard de la souffrance des victimes. Une déclaration de la rédaction (editorial statement) publiée le 2 septembre, avait tiré la conclusion que Katrina était un tournant décisif dans la politique américaine.

 La catastrophe qui a lieu à la Nouvelle Orléans et dans la région de l’embouchure du Mississippi sur la côte du Golfe du Mexique a été transformée en une humiliation nationale sans parallèle dans l’histoire des Etats-Unis. 

 Les scènes de la souffrance humaine épouvantable, du désespoir, de la misère et de la négligence se déroulant au milieu des ruines de ce qui fut jadis la Nouvelle Orléans ont révélé aux yeux du monde entier le cœur pourri de la société capitaliste américaine – et, de façon très significative, devant les yeux de sa propre population abasourdie. 

La couverture du WSWS a compris des révélations sur la réaction brutale des autorités locales (brutal response of local authorities) et de la police ainsi que des comptes rendus de témoins oculaires (eyewitness reporting) contenant des interviews et des photographies d’habitants de la Nouvelle Orléans et d’autres régions touchées. La couverture a aussi été un véritable dialogue entre des lecteurs qui comprenait des lettres d’habitants (letters from residents) piégés dans le chaos et des commentaires émanant de personnes horrifiées (comments of horrified people) vivant aux quatre coins du monde.

Dans les quatre mois qui ont suivi la fin d’août et jusqu’à fin décembre, le WSWS a publié 60 articles et des commentaires qui ont révélé les causes sociétales de la catastrophe. Des décennies de dérégulation, de privatisation et de démantèlement de services et de programmes publics ont multiplié l’impact social et économique de la tempête.

Dans une déclaration (editorial board statement) du comité de rédaction faite une semaine après le passage de Katrina, le WSWS avait expliqué les contradictions sociales fondamentales du système capitaliste que la catastrophe avait révélées :

 Les travailleurs accomplissent le travail qui permet de faire fonctionner l’infrastructure sociale mais ils ne disposent d’aucun pouvoir de décision sur elle. Ces systèmes sociaux sont pour la plupart détenus et contrôlés par des grands groupes pour lesquels le profit, et pas les besoins humains, sont le critère décisif. Ces systèmes pour lesquels différentes instances gouvernementales sont responsables, comme les levées et les canaux entourant la Nouvelle Orléans, sont tout autant subordonnés au profit par le contrôle de la politique américaine par les riches. 

Une deuxième déclaration émise par le comité de rédaction le 15 septembre a détaillé les ressources requises pour la reconstruction de la Nouvelle Orléans en remarquant qu’elles pourraient être facilement extraites de la richesse de l’élite dirigeante américaine. Ce qui était cependant requis c’était une nouvelle perspective de la classe ouvrière (a new perspective for the working class), fondée sur la reconstruction socialiste de la société :

 C’est avant tout la reconstruction de la Nouvelle Orléans et de la côte du Golfe qui exige une planification sociale, à commencer par un inventaire exhaustif des ressources matérielles disponibles : du terrain, de l’eau, des ressources naturelles, de la main-d’œuvre et de l’équipement. Cette planification doit être réalisée démocratiquement en étroite consultation avec la population laborieuse vivant dans la région et qui se trouvera au centre de la reconstruction. L’anarchie du marché et les intérêts de profit du patronat américain doivent être subordonnés aux besoins de la population. 

C’est avec un mélange de préjugé de classe, de stupidité et de mépris que le gouvernement Bush a alternativement ignoré, refusé de l’aide, blâmé et exploité ceux qui avaient le plus été dévastés par la tempête. Lorsque Bush a finalement rendu visite à la Nouvelle Orléans (Bush finally visited New Orleans) pour prononcer un discours à la nation, le WSWS a relevé la fébrilité de l’élite dirigeante et sa crainte que Katrina ne devienne un « événement charnière – l’un de ceux susceptibles d’attiser l’opposition populaire contre l’ensemble du système politique et social. »

L’impact politique n’a pas seulement été ressenti aux Etats-Unis, mais internationalement. Suite à la troisième grande catastrophe naturelle de l’année, un tremblement de terre au Cachemire (earthquake in Kashmir) qui a tué plus de 20.000 personnes, Wije Dias, le secrétaire national du SEP au Sri Lanka et le candidat présidentiel du parti à l’époque, avait commenté : (Voir : Le tsunami asiatique, l'ouragan Katrina, et le tremblement de terre au Cachemire : des leçons pour la classe ouvrière)

 Deuxièmement, l'attitude de la classe dirigeante américaine à l'égard des masses laborieuses de la Nouvelle Orléans fut exactement la même que vis à vis des victimes du tsunami asiatique et du tremblement de terre au Cachemire. Bush n'était pas plus prêt à changer ses projets de vacances pour des travailleurs américains en août qu'il ne l'était pour des paysans appauvris de l'Asie du sud en décembre dernier. Avant, pendant et après l'ouragan Katrina, le principe directeur de la réponse de l'administration Bush fut de protéger les intérêts de l'élite patronale. 


Les convulsions du Moyen-Orient

Tout au long de 2005, les conséquences de l’invasion et de l’occupation américaines en Irak et en Afghanistan se sont manifestées dans une crise grandissante et des convulsions politiques affectant l’ensemble du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, dont le Liban, la Bande de Gaza, l’Iran et l’Ouzbékistan.

Alors que la guerre de Washington en Irak entrait dans sa troisième année, un éditorial du comité de rédaction du WSWS déclarait : (Voir :La guerre criminelle de Washington en Irak entre dans sa troisième année)

Le caractère criminel de cette invasion s'est étendu comme un cancer dans tous les aspects de l'opération américaine en Irak. C'est à une échelle massive qu'ont été reproduits tous les crimes associés aux guerres et occupations coloniales du Moyen-Orient, de l'Afrique, de l'Asie et d'autres régions opprimées du globe. 

La brutalité de la guerre fut de plus en plus difficile à dissimuler. De nouveaux reportages ont émergé tout au long de 2005 montrant comment la destruction de Falloujah a été réalisée par les forces américaines au mois de novembre de l’année dernière, y compris au moyen de munitions telles que le phosphore blanc (white phosphorus) qui ont été interdites par les Conventions de Genève et d’autres traités.

La barbarie affichée à Falloujah n’a pas constitué un incident isolé. Il y eut un nombre d’articles relatifs à des massacres de civils (massacres of civilians) de la part des forces américaines. Au moins deux autres villes furent systématiquement détruites : Tal Afar en septembre et Husaybah en novembre.

Vouloir enquêter sur les crimes commis par l’occupation américaine était une opération à haut risque : avec une fréquence croissante, des tireurs d’élite de l’armée américaine ont tué par balle des journalistes (shot reporters). En septembre, un technicien du son de l’agence Reuters (US sniper killed a Reuters soundman) a été tué à Bagdad par un tireur américain embusqué, qui sera le huitième journaliste ou assistant des médias dont la mort aux mains de l’armée américaine a été confirmée.

Dans d’autres cas, des escadrons de la mort irakiens (Iraqi death squads) organisés par les Etats-Unis suivant le modèle utilisé au El Salvador ont enlevé et assassiné leurs victimes. En juillet par exemple, dix hommes ont été trouvés asphyxiés dans une fourgonnette où la température avait atteint 50 degrés Celsius.

Alors que la farce du simulacre de procès de Saddam Hussein était préparée durant l’été et l’automne de 2005, deux des avocats de la défense ont été assassinés par des escadrons de la mort. Le WSWS avait commenté ainsi le futur procès (WSWS commented on the coming trial) :

Il ne fait pas de doute que Hussein est responsable de nombreux crimes. Mais, s’il doit être jugé pour l’invasion d’un pays [l’Iran], la répression brutale de l’opposition armée, les représailles meurtrières contre des populations civiles sans armes et la perversion de la justice, alors le gouvernement Bush est tout autant coupable de tous ces crimes du fait de l’invasion illégale et de l’assujettissement de l’Irak et devrait aussi être poursuivi. 

En Afghanistan, les combats continuent entre les forces d’occupation des Etats-Unis et de l’OTAN et la guérilla afghane, bien qu’à un niveau inférieur à ce qui se passe en Irak. Le bombardement de civils (bombing of civilians) par les forces américaines a fréquemment exacerbé la résistance. Avec sa position de plus en plus menacée en Irak, le gouvernement Bush a fait pression sur l’OTAN et ses alliés asiatiques pour qu’ils augmentent leurs troupes, surtout durant la période précédant l’élection présidentielle contrôlée par les Etats-Unis et qui a confirmé le règne de Hamid Karzaï.

L’impact déstabilisateur de ces guerres impérialistes au Moyen-Orient en général a été révélé par l’assassinat en février de l’ancien premier ministre libanais Rafiq Hariri et incita des menaces belliqueuses de la part du gouvernement Bush à l’encontre de la Syrie et des accusations infondées comme quoi le régime de Damas était l’auteur direct du meurtre. Le WSWS a expliqué qui profitera (who stood to benefit) de la mort d’Hariri.

La Syrie a retiré ses forces militaires du Liban, sous la pression des Etats-Unis et des puissances impérialistes européennes. Mais le Hezbollah, le principal parti chiite, a organisé une vaste manifestation (huge demonstration), rassemblant jusqu’à un million de personnes, contre la menace d’une intervention américaine.

Suite à l’élection de Mahmoud Abbas comme président palestinien, l’Autorité palestinienne a cherché à s’arranger avec la pression grandissante de l’armée américaine. Abbas a signé un cessez-le-feu avec le gouvernement israélien dirigé par Ariel Sharon en échange de la libération de prisonniers et de subventions financières.

En août, le régime israélien a réagi en évacuant par la force des colons sionistes de la bande de Gaza (removing all Zionist settlers from the Gaza Strip), une action prise en partie pour s’attirer les faveurs de ses promoteurs américains, et pour éliminer une enclave non viable et vulnérable. Une série en quatre parties (four-part series) affichée sur le WSWS a examiné la montée du mouvement des colons d’extrême droite depuis la guerre de 1967 durant laquelle des forces israéliennes ont confisqué la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Plateau du Golan.

En Iran, le régime fondamentaliste islamique a adopté une attitude anti-américaine plus intransigeante en réponse au renforcement militaire américain à ses frontières orientales et occidentales avec l’élection en juin de Mahmoud Ahmadinejad comme président. Ahmadinejad a obtenu le soutien public grâce à des attaques à la fois contre les Etats-Unis et des sections les plus privilégiées de la bourgeoisie iranienne.

En mai, des protestations anti-gouvernementales en Ouzbékistan (anti-government protests in Uzbekistan), un point de transit clé pour la voie de ravitaillement américaine vers l’Afghanistan a conduit à un massacre brutal organisé par le dictateur Islam Karimov, l’allié des Etats-Unis et au cours duquel des centaines de personnes trouvèrent la mort. Le même mois, un rapport paru dans Newsweek (Newsweek report) signalant le mauvais traitement de prisonniers à Guantanamo, y compris la profanation de Corans, a déclenché des émeutes et des protestations dans plus d’une dizaine de pays essentiellement musulmans.

Tous ces développements ont attisé un sentiment anti-guerre au sein des Etats-Unis et en Europe, d’autant plus qu’il y a de nouvelles révélations du caractère clandestin de la décision de faire la guerre. Le soi-disant mémo de Downing Street (Downing Street memo), divulgué par la presse britannique en mai, a montré que le gouvernement Bush avait décidé dans les mois qui suivirent les attentats terroristes du 11 septembre 2001 de faire la guerre en Irak et que le premier ministre Tony Blair avait adhéré à la guerre dès février 2002, et que le gouvernement britannique avait été prévenu qu’à Washington « le renseignement et les faits étaient manipulés pour coller à la politique » de mener la guerre pour le renversement de Saddam Hussein.

Les médias qui sont à la botte du grand patronat ont cherché à supprimer (suppress) la révélation des mensonges qu’elle avait colportés tout en ignorant l’opposition populaire contre la guerre. Malgré ce silence des médias et le soutien bipartite pour la guerre de la part des politiciens démocrates et républicains, les sondages d’opinion ont montré que jusqu’à deux tiers des Américains préconisait un retrait immédiat de l’Irak.

La réalité du sentiment anti-guerre de masse devint indéniable même dans les médias américains après que des manifestations organisées par Cindy Sheehan, la mère d’un soldat américain tué en Irak qui avait démarré une protestation solitaire devant le ranch de Bush à Crawford, au Texas, pendant son mois de vacances. Des centaines de personnes se sont rassemblées pour la soutenir.

Le WSWS avait couvert la campagne de Sheehan, sa condamnation énoncée clairement et passionnée du gouvernement Bush (condemnation of the Bush administration) et de la guerre ainsi que les protestations de plus grande ampleur qu’elle provoqua avec sa caravane « Faire rentrer les soldats sans délai», en remarquant que ceci représentait l’émergence de nouvelles forces dans la politique américaine et rompait le consensus officiel en faveur de la guerre.

Cette campagne a culminé dans une énorme manifestation à Washington (huge demonstration in Washington) qui a vu affluer des centaines de milliers de personnes dans la capitale américaine. Cela fut la plus grande manifestation d’opposition depuis les protestations à l’échelle mondiale de février 2003. Le WSWS (WSWS warned) avait averti qu’en dépit de l’opposition sincère de Sheehan à la guerre et de sa critique des deux partis, les intervenants des manifestations n’offraient aucune voie pour aller de l’avant mis à part de faire pression sur le Parti démocrate – depuis longtemps la tombe de l’opposition sociale et politique à la classe dirigeante américaine – au lieu de rompre avec les Démocrates et avec l’ensemble du système politique bipartite.

Des troupes patrouillent dans l’Ouest de Bagdad

Matériel mis en ligne


L’aggravation de la crise en Europe

En 2005, il était apparu de plus en plus clairement que le projet d’unifier l’Europe sur une base capitaliste – l’Union européenne – était incompatible avec la démocratie. Pendant des années, la Commission européenne de Bruxelles avait dicté la politique d’austérité aux quatre coins du continent. A présent, les gouvernements européens, menés par l’Allemagne, ont cherché à draper ce complot contre la classe ouvrière d’une constitution antidémocratique qui a été approuvée en février par référendum en Espagne (referendum in Spain), malgré une abstention de masse.

Il y a eu une opposition grandissante qui a contribué à l’échec de la constitution dans les référendums tenus aux Pays-Bas et en France en mai. Le WSWS a publié une déclaration du comité de rédaction exhortant les travailleurs français à rejeter la constitution bourgeoise (Voir : France : Votez 'non' au référendum sur la Constitution européenne Pour les Etats-Unis socialistes d'Europe!), non pas sur la base des appels nationalistes de l’extrême droite et de la « gauche » petite-bourgeoise française, mais sur la base de l’internationalisme socialiste et de la lutte pour les Etats socialistes unis d’Europe.

L’Union européenne a aussi montré son vrai visage en tant qu’instrument de l’agression militaire à l’étranger et de la dévastation sociale sur le front intérieur. Loin d’unir les peuples sur le continent, elle est devenue le cadre des attaques contre les droits démocratiques et les prestations sociales.

Les réfugiés (Refugees) ont été dépouillés de leurs droits démocratiques. La politique d’austérité a été à la fois appliquée en Europe de l’Est et de l’Ouest, et a déclenché en mars la première manifestation unifiée (first united demonstration) des travailleurs d’Europe de l’Est et de l’Ouest à Bruxelles.

La France a joué son rôle traditionnel de pays où les conflits de classe prennent des formes politiques les plus ouvertes. En février, un demi million de personnes sont descendues dans la rue (half a million took to the streets) pour protester contre les attaques du gouvernement et 100.000 lycéens ont protesté contre la démolition en cours de l’éducation. Voir : France : Les lycéens continuent leur lutte et France: Le gouvernement réprime violemment les lycéens en lutte)

En octobre, des tensions sociales ont explosé dans la banlieue parisienne après que deux jeunes sont morts en tentant d’échapper à la police. Dans tout le pays, des émeutes ont éclaté (Voir : Paris frappée par des émeutes anti-police) dans des quartiers ouvriers et à population immigrée. La région parisienne avait été gouvernée pendant des décennies par le Parti socialiste et le Parti communiste et ces partis soutiennent maintenant totalement le stationnement des CRS dans les banlieues. La pseudo-gauche Ligue communiste révolutionnaire (LCR) a clairement indiqué sa position de classe en refusant de défendre ces jeunes (France : la LCR, parti "d'extrême gauche" refuse de prendre position sur la répression policière).

En Allemagne, l’accroissement de la polarisation sociale a entraîné un changement de gouvernement après les élections nationales en septembre 2005. Au bout de sept ans de pouvoir, la coalition entre le Parti social-démocrate (SPD) et les Verts a été remplacée par une grande coalition entre le SPD et le parti conservateur l’Union chrétienne-démocrate (CDU) dirigée par la chancelière Angela Merkel.

Le chancelier Gerhard Schröder (SPD) avait convoqué des élections anticipées (brought about early elections) en changeant les dispositions constitutionnelles. Il avait délibérément invoqué une motion de censure au parlement après que le SPD avait enregistré les pires résultats électoraux de son histoire en Rhénanie-du-Nord/Westphalie, le Land le plus peuplé et le plus industrialisé de l’Allemagne.

L’effondrement du soutien des sociaux-démocrates était la conséquence directe des lois « Hartz IV » qui étaient entrées en vigueur Allemagne au 1er janvier 2005. Elles avaient provoqué une hausse explosive de la pauvreté en créant un énorme secteur d’emplois à bas salaire (low-wage sector).

Dans le même temps, un nouveau parti, Die Linke (La Gauche) avait été formé. Son objectif était de combler le vide politique qui avait été créé par le tournant extrême vers la droite effectué par les sociaux-démocrates. La Gauche était apparu en juillet 2005 en tant qu’alliance électorale entre le vieux parti stalinien de l’Allemagne de l’Est et l’« Alternative électorale travail et justice sociale » (WASG), une scission des sociaux-démocrates menés par l’ancien ministre des Finances, et dirigeant du SPD, Oskar Lafontaine, (Lafontaine et le "Parti de la gauche"), aux côtés de responsables syndicaux de longue date.

Cette formation purement bureaucratique a été mise sur pied pour piéger les travailleurs et les emprisonner dans des illusions réformistes. Le parti La Gauche répand un discours de gauche (Left Party spouted demagogic left phrases) tout en lançant des attaques contre la classe ouvrière en pratique. Il a attiré tout un nombre de groupes pseudo-gauche qui avaient été effrayés à la possibilité que les travailleurs rompant avec le SPD ne s’engagent dans une voie révolutionnaire.

Le Parti de l’Egalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit, PSG), la section allemande du Comité International de la Quatrième Internationale a été l’unique force politique à mettre en avant lors des élections de septembre un programme indépendant de la classe ouvrière (independent program for the working class) en présentant des candidats dans quatre Länder, dont la Rhénanie-du-Nord/Westphalie, la Hesse, la Saxe et Berlin.

Lors des élections du 18 septembre (election of September 18), les électeurs ont rejeté le consensus droitier du SPD et de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) en conférant à La Gauche la plus forte augmentation des voix et en laissant ouverte la question de savoir quel parti mènera la coalition gouvernementale. Finalement, le CDU et le SPD ont conclu un accord pour la formation d’une grande coalition avec Angela Merkel (Merkel as chancellor) du CDU comme chancelière alors que le SPD prenait le ministère des Finances et la responsabilité d’imposer les attaques contre la classe ouvrière.

En Grande-Bretagne, le Parti travailliste a remporté un troisième mandat lors des élections générales du 5 mai (general election of May 5), mais avec une majorité considérablement réduite. L’hémorragie électorale (hemorrhaging of support), particulièrement dans les bastions travaillistes avait été entraînée par le rôle joué par la Grande-Bretagne dans la guerre illégale et l’occupation de l’Irak et par l’assaut contre les droits démocratiques.

Le 7 juillet, Londres fut le théâtre d’attentats à la bombe qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes et blessé des centaines d’autres. Une déclaration du comité de rédaction du WSWS a condamné les attaques (Les attentats terroristes à Londres : un crime politique). Les attentats ont coïncidé avec le sommet du G8 en Ecosse où les chefs de gouvernements réunis ont saisi ces atrocités pour justifier leur politique de guerre et les attaques contre les droits démocratiques. Le premier ministre Blair a insisté pour dire que « la guerre contre le terrorisme continu[ait]. »

Après les attentats à la bombe, le WSWS a examiné les questions politiques que la réaction officielle avait omis d’aborder : pourquoi les jeunes Musulmans (why the Muslim youth) impliqués et des centaines d’autres ont été attirés par l’extrémisme religieux et sont prêts à tuer et à être tués ; et pourquoi le gouvernement Blair était opposé à une enquête sur les défaillances des services secrets (opposing an inquiry into intelligence failings), des rapports faisant état d’avertissements quant à des attaques imminentes et fournis par l’ambassade israélienne et sur les allégations, qui finirent par s’avérer vraies, que les auteurs étaient connus des services secrets et avaient fait l’objet d’une surveillance.

Le 22 juillet, l’assassinat par balle à bout portant du travailleur brésilien, Jean Charles de Menezes dans une rame du métro de Londres a révélé l’existence d’une politique jusque-là secrète du tirer pour tuer. Comme le soulignait le WSWS dans La police abat un travailleur dans le métro de Londres: une conséquence tragique de plus de la politique guerrière de Blair

L'Angleterre, le pays de la Grande Charte des Libertés, est devenu un pays où des civils innocents peuvent être abattus dans les rues de la capitale au bon gré de la police, sans aucune explication et encore moins de réelle justification, le tout ne produisant qu'une brève déclaration de regret. 

Le WSWS a tiré les leçons des attentats à la bombe de Londres et du meurtre de Charles de Menezes dans un discours prononcé par Julie Hyland (report by Julie Hyland) lors d’une réunion électorale du PSG à Berlin. Elle a expliqué comment la population britannique avait récolté la tempête semée par la politique criminelle de Blair et qui avait déstabilisé le Moyen-Orient et avivé les tensions ethniques et religieuses au Royaume-Uni.

Une voiture incendiée dans la banlieue parisienne

Matériel mis en ligne


Les droits démocratiques et les questions sociales en Amérique

Aux Etats-Unis, le gouvernement Bush avait intensifié le renforcement des pouvoirs policiers opéré au nom de la « guerre contre le terrorisme », mais visant en réalité à réprimer l’opposition de la classe ouvrière aux suppressions d’emplois, à la réduction des niveaux de vie et des prestations sociales ainsi que la résistance à la guerre impérialiste.

Bush a débuté son second mandat le 20 janvier par un discours inaugural dont le but était, comme l’a écrit le WSWS (WSWS wrote), de « dissiper les illusions selon lesquelles soit la catastrophe en Irak soit l’opposition internationale de masse au militarisme de Washington dissuadera son nouveau gouvernement de poursuivre ses objectifs réactionnaires. »

Peu de temps après, dans son discours à la Nation Bush a positionné au cœur de sa politique intérieure le démantèlement de la sécurité sociale (dismantling of Social Security), du programme de revenu des retraités qui a été à la base du régime de sécurité sociale aux Etats-Unis depuis sa création sous Franklin Roosevelt dans les années 1930. Cette initiative fut toutefois rapidement interrompue face à l’opposition populaire de masse et à une série de crises politiques internationales et domestiques auxquelles la Maison Blanche fut confrontée.

Un important épisode qui a jeté le discrédit sur le gouvernement Bush, le Parti républicain et l’establishment politique en général a été le rôle joué par le gouvernement fédéral dans l’affaire Terri Schiavo, une résidante de Floride qui avait passé 15 ans dans un coma végétatif irréversible. Lorsque son mari Michael tenta de débrancher les machines la tenant en vie, ses parents s’y opposèrent, et l’aile chrétienne fondamentaliste du Parti républicain intervint pour exploiter cette tragédie familiale à ses propres fins.

Le monde entier assista alors à un spectacle odieux dans lequel « le respect de la vie humaine » fut promue par George Bush, un homme qui, en qualité de gouverneur du Texas, a cautionné l’exécution de 152 prisonniers et, en tant que président, a ordonné le nivellement de cités entières en Irak, l’envoi de forces spéciales américaines et d’escadrons de la mort de la CIA aux quatre coins du monde et le recours généralisé à la torture. Ce faisant, des figures du Parti démocrate (Democratic Party) allant du président du sénat Harry Reid au révérend Jesse Jackson l’ont aidé et encouragé.

A l’occasion d’un rapport donné lors d’une réunion (report to a meeting) à Ann Arbor, au Michigan, le président du comité de rédaction international du WSWS, David North, a examiné en détail le rejet de la science et de la rationalité dans cette campagne droitière. Il a expliqué que Bush et les Républicains du Congrès n’auraient pas pu intervenir sans le soutien des Démocrates :

 L’épouvantable dégénérescence de la vie politique et intellectuelle aux Etats-Unis trouve son expression non seulement dans l’agitation de l’extrême droite mais dans la prostration absolue du Parti démocrate et d’autres forces qui se font d’habitude passer pour des défenseur des droits démocratiques et des partisans du progrès social. Sans la duplicité du Parti démocrate, il n’aurait pas été possible aux Républicains de faire adopter à toute vitesse au Congrès leur « Loi Terri » qui est manifestement inconstitutionnelle et qui cherche à légitimer l’abrogation de droits démocratiques fondamentaux par voie législative.

La décrépitude des institutions du libéralisme américain a été la principale caractéristique de cette année. Au cours de l’été 2005, l’emprisonnement de la journaliste du New York Times, Judith Miller, ( jailing of New York Times reporter Judith Miller) a mis en lumière les relations incestueuses existant entre l’influent journal américain et l’appareil national de sécurité.

En 2003, avant l’invasion américaine, Miller avait servi d’intermédiaire à la CIA et au Pentagone pour la campagne de désinformation sur les prétendues armes de destruction massive irakiennes. Mais elle fut appelée à témoigner dans une autre affaire crapuleuse dans laquelle le chef de cabinet du vice-président, Richard Cheney, Lewis Libby, était accusé d’avoir révélé à la presse le nom d’un agent de la CIA dans le but de punir son mari, Joseph Wilson, un éminent critique de la guerre. Libby fut plus tard mis en examen (Libby was later indicted) et condamné bien que Bush intervînt pour lui épargner l’emprisonnement.

Durant la même période eut lieu la scission au sein de l’AFL-CIO (split in the AFL-CIO), au cours de laquelle une demi douzaine de syndicats majeurs, principalement du secteur public, quittèrent la centrale syndicale unique pour former un groupe de tutelle distinct appelé Change to Win. Le WSWS a expliqué qu’il n’existait pas de divergences de principe entre les deux bandes bureaucratiques, toutes deux cherchant à subordonner la classe ouvrière au Parti démocrate et à l’impérialisme américain.

Cette scission a été provoquée par la baisse continue du nombre d’adhérents, et l’adhésion de membres du secteur privé étant tombée sous les huit pour cent, un niveau jamais vu en 100 ans. Alors que la faction de Change to Win a repris le flambeau en faveur de réformes, elle demeure tout aussi engagée à défendre la rentabilité des entreprises que les syndicats qui sont restés au sein de l’AFL-CIO.

Lorsque les mécaniciens de Northwest Airlines, la quatrième plus importante compagnie aérienne du pays à l’époque, ont débrayé pour s’opposer à des réductions de 25 pour cent de salaire et à l’élimination de la moitié de l’effectif, les syndicats des deux factions ont ordonné à leurs membres de franchir le piquet de grève. Le WSWS a tiré les dures leçons de la grève des mécaniciens de Northwest (Northwest mechanics strike) et de la suppression des emplois qui suivit la faillite de Northwest (Northwest’s bankruptcy) plus tard dans l’année.

Le WSWS a couvert le débrayage de trois jours en décembre de 34.000 travailleurs des transports publics de la ville de New York ( États-Unis : La grève des transports publics de New York : un nouveau stade de la lutte des classes.) La grève qui a paralysé le plus grand système de transport du pays, a montré la formidable force sociale et la combativité des travailleurs, alors qu’ils défiaient le maire milliardaire de la ville, Michael Bloomberg, les attaques brutales de la part des médias dominants, les draconiennes lois antigrève et leur propre syndicat international en débrayant pour la défense de niveaux de vie décents.


Le SEP au Sri Lanka et le travail du CIQI

Une intervention centrale du Comité International de la Quatrième Internationale a été en 2005 la campagne menée par le SEP au Sri Lanka contre la politique de guerre et la réaction sociale poursuivie par le gouvernement de la présidente Chandrika Kumaratunga, durant les mois qui ont précédé les élections présidentielles de novembre. Après les élections, le premier ministre Mahinda Rajapakse succèdera à Chandrika Kumaratunga au poste de président.

Le SEP a analysé la crise politique (political crisis) qui avait initialement été déclenchée par l’action extra-parlementaire de Kumaratunga contre le gouvernement droitier de l’UNP en 2003 et qui fut exacerbée par l’impact du tsunami en Asie. Dans le but de remporter une étroite victoire électorale du Sri Lanka Freedom Party au pouvoir, Rajapakse avait formé des alliances avec des groupes bouddhistes d’extrême droite (ultra-right Buddhist-supremacist groups), alors que le parti de la gauche petite bourgeoise NSSP (petty-bourgeois leftist NSSP) accordait son soutien à l’organisation bourgeoise traditionnelle de droite, l’United National Party.

Le secrétaire général du SEP, Wije Dias, était le candidat présidentiel du parti et s’opposa aux préparatifs pour une reprise de la guerre civile contre le mouvement séparatiste tamoul, le LTTE, et avança un programme socialiste et internationaliste à la fois contre les coalitions bourgeoises et les séparatistes tamouls.

La campagne du SEP bénéficia d’une importante audience au sein de la classe ouvrière, tant d’expression cinghalaise que tamoule et ceci en dépit de menaces de violences (threats of violence). Wije Dias a aussi pris la parole à une réunion publique à Madras (a public meeting in Madras), en Inde, la capitale de l’Etat du Tamil Nadu d’expression tamoule.

Dans une déclaration publiée après la victoire de Rajapakse, Dias a expliqué (explained) que le nouveau gouvernement serait poussé à la fois par l’instabilité internationale grandissante et les contradictions inhérentes au capitalisme sri lankais de rompre le cessez-le-feu et de reprendre la guerre civile contre le LTTE :

 Maintenant que Rajapakse est au pouvoir, il deviendra vite évident qu’il ne peut satisfaire les aspirations de l’écrasante majorité de la population de mettre un terme à la guerre civile qui dure depuis 20 ans dans le pays ou d’améliorer les niveaux de vie. 

 Rajapakse avait mené sa campagne en alliance avec le Janatha Vimukthi Peramuna (JVP) et le Jathika Hela Urumaya (JHU) qui rejettent l’actuel cessez-le-feu et les pourparlers avec les Tigres de Libération de l’Eelam tamoul (LTTE). Il promet à présent une ‘paix honorable‘, c’est-à-dire une paix qui pose des conditions irréalisables pour toute négociation avec le LTTE. Comme toute personne politiquement éduquée le sait, il ne s’agit pas d’un plan de paix, mais de guerre.

D’autres événements importants dans la vie du CIQI a été l’université d’été du Socialist Equality Party (Etats-Unis) où des dirigeants de nombreuses sections du CIQI ont prononcé d’importantes conférences sur l’histoire du mouvement révolutionnaire au cours de la première moitié du 20ème siècle. Ces conférences ont été publiées par le WSWS au cours de l’automne. En font partie :

Le WSWS a publié une longue critique par Fred Williams de la biographie de Staline par Robert service ( Robert Service’s) . Cette biographie était criblée d’erreurs factuelles et d’omissions de textes importants. Plus important encore était le fait qu’elle représentait une tentative d’aider à une réhabilitation de Staline. Service allait par la suite écrire une biographie de Léon Trotsky qui sera l’objet d’une campagne majeure de la part du CIQI contre les falsifications de l’histoire, de la vie et de l’œuvre de Trotsky.  

Le CIQI a également honoré la mémoire de quatre figures importantes dans le travail de ses sections ou dans l’histoire de la Quatrième Internationale qui sont mortes au cours de l’année 2005. Il s’agit du pionnier trotskyste de l’Inde Druba Jyoti Majumdar (1929-2005), du trotskyste sri lankais de longue date Velupillai Sarawanaperumal (1948-2005), du trotskyste allemand Nathan Steinberger (1910-2005) qui fut exilé par les Nazis et survécut un camp de concentration stalinien en USSR et la persécution en Allemagne de l’Est, et de Ralph Edmond (1926-2005) un ouvrier métallurgiste américain ayant rejoint le SEP quand il avait déjà un certain âge et qui fit une contribution importante à la construction du mouvement socialiste. 


Art, culture et science

Le WSWS a poursuivi sa couverture fournie de films nouveaux, ce qui incluait un groupe important de films a caractère politique sortis vers la fin de l’année : Goodnight and Good Luck, Jarhead, Syriana et Munich.

D’autres films examinés comprenaient: The Aviator, Million Dollar Baby, Hotel Rwanda, The Assassination of Richard Nixon, Gunner Palace, Crash et The Constant Gardener.

Les critiques du WSWS furent présents aux festivals internationaux du film de Berlin, San Francisco, Sydney, Toronto, Cottbus and Neubrandenburg et Vancouver.

Les articles traitant des arts et de la musique comprenaient une exposition d’œuvres de l’artiste allemande de gauche Kathe Kollwitz, une exposition d’affiches révolutionnaires soviétiques (Soviet-era revolutionary posters) et une critique de la parution établissant un record de « The Massacre » par le rappeur américain 50 Cent.

David Walsh, le responsable de la rubrique Arts écrivit une longue nécrologie de l’auteur de théâtre Arthur Miller qui replaçait celui-ci dans son contexte historique et argumenta que :

 Si Miller était le principal dramaturge américain des années 1940, 1950 et ce jusque dans les années 1960, et il l’était probablement, cela indique, plus que tout autre chose, quelles étaient les difficiles conditions idélogico-artistiques de l’époque. Combien de temps ses pièces pourront durer en tant qu’œuvres vivantes et significatives est discutable. 

En octobre, l’auteur de théâtre Harold Pinter a reçu le Prix Nobel de littérature, un événement qui fut accueilli avec surprise dans de nombreux cercles médiatiques et universitaires. Pinter qui était aussi scénariste, poète et acteur, est considéré comme l’une des figures les plus influentes du théâtre britannique d’après-guerre. Son œuvre comprend des pièces comme The Caretaker, The Dumb Waiter et The Homecoming. Ilétait aussi un activiste anti-guerre qui a dénoncé la guerre du Golfe en 1991 et l’invasion de l’Irak en 2003. Il accusa le président américain George Bush et le premier ministre britannique de crimes de guerre. 

L’année 2005 a marqué le 100e anniversaire de la publication du travail d’Albert Einstein « De l’électrodynamique des corps en mouvement », plus connu sous le nom de théorie de la relativité restreinte et de la publication de trois autres travaux scientifiques qui ont représenté un bond dans de nombreux domaines de la physique moderne.  

Dans une série en quatre parties (a four-part series) Peter Symonds a discuté des réalisations d’Einstein et, dans une série de lettres et de réponses (letters and replies) entre les lecteurs du WSWS et l’auteur, il couvrit toute une suite de questions allant des vues politiques d’Einstein à l’élaboration de ses théories scientifiques.