Guerre de la drogue au Mexique

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Guerre de la drogue au Mexique
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Militaires mexicains dans l'État de Michoacán en 2007

Informations générales
Date - en cours
(10 ans 1 mois et 5 jours)
Lieu Basse-Californie
État de Durango
Sonora
État de Chihuahua
Michoacán
Tamaulipas
Nuevo León
Sinaloa
Issue En cours
Belligérants
Drapeau du Mexique Mexique Cartel de Sinaloa
Cartel du Golfe
Los Ántrax (en)
Artistas Asesinos
La Barredora
Gente Nueva
Los Mexicles
Los Pelones
Cartel des chevaliers templiers
Cartel de Jalisco Nueva Generación
La Familia Michoacana
Mara Salvatrucha
Los Zetas
Cartel de Juárez
Barrio Azteca
Cartel de Tijuana
Cartel Oaxaca
Cartel de Milenio
Cartel Beltrán Leyva
Cartel indépendant d'Acapulco
Mara Salvatrucha
Commandants
Felipe Calderón
Enrique Peña Nieto
Luciano Reynosa Pérez
Enrique Reynosa
Ismael Zambada García
Joaquín Guzmán
Homero Cárdenas Guillén
Ignacio Nacho Coronel
Antonio Cárdenas
Nazario Moreno González
Jorge Eduardo Costilla Sánchez White flag icon.svg
Enrique Reynosa
Antonio Carlos Beirão Paulino
Omar Treviño Morales White flag icon.svg
Heriberto Lazcano
Miguel Treviño Morales White flag icon.svg
Amado Carrillo Fuentes
Vincente Carrillo Fuentes White flag icon.svg
Arturo Beltrán Leyva
Héctor Beltrán Leyva White flag icon.svg
Luis Fernando Sánchez Arellano White flag icon.svg
Forces en présence
36 000 militaires et policiers 100 000 sicaires[1]
Pertes

entre 54 927[7] et 99 667[8] tués (civils, fonctionnaires et malfaiteurs) entre décembre 2006 et mai-juin 2012
~ 10,000 disparus[9]

~ 1.6 million de déplacés[10]

Notes

Cabinet de la Sécurité nationale1

La guerre de la drogue au Mexique[11],[12],[13] commence à impliquer massivement l'armée mexicaine à partir de décembre 2006, bien que celle-ci ait été utilisée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants antérieurement.

Début 2009, environ 36 000 militaires et policiers, dont 8 500 dans la seule ville de Juárez[14], luttent contre environ 100 000 membres des cartels de la drogue mexicains et leurs unités paramilitaires[1].

Cette lutte contre les narcotrafiquants et les règlements de compte entre cartels ont causé plus de 50 000 morts dans le pays entre l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderón fin 2006 et juin 2012. Cependant, d'autres estimations font monter le chiffre total à environ 100 000 victimes sur la même période et cela sans compter les 27 000 disparus[15]. Un bilan en août 2014 fait état de plus de 80 000 morts[16]. L'enjeu pour les cartels réside dans le contrôle du marché local, et du trafic vers les États-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne[17].

Préludes[modifier | modifier le code]

Du début du XXe siècle aux années 1970[modifier | modifier le code]

Montage de photographies de la lutte contre les stupéfiants au Mexique entre décembre 2006 et 2007.

Les États-Unis interdisent l'opium et la coca à usage non thérapeutique en 1914 (Harrison Narcotics Tax Act)[18] : à cette époque, le pavot à opium est cultivé depuis longtemps au Mexique, tandis que la coca ne s'y est jamais implantée[18]. En 1920, le Mexique interdit la production et la vente de marijuana[18], puis, en 1926, de l'opium[18]. Le pavot était cultivé légalement et principalement dans le nord-ouest (États de Sonora, Sinaloa, Chihuahua et Durango)[18].

En Baja California, le gouverneur Esteban Cantú (en) (1917-1920) partisan de Pancho Villa profitait du trafic de l'opium dont la culture était alors légale au Mexique[19].

Le Sinaloa, situé sur la côte du Golfe de Californie, et dont allaient provenir les trafiquants les plus importants après la Seconde Guerre mondiale, était relié aux États frontaliers de la Californie et de l'Arizona, Chihuahua et Sonora, par un chemin de fer construit au XIXe siècle, permettant ainsi l'acheminement des marchandises, dont la politique prohibitionniste américaine avait conduit à renchérir le prix[18]. Il allait profiter des réseaux de transport le liant à la Côte Pacifique, meilleurs que ceux allant vers l'Est, ainsi que de son rôle de producteur, pour devenir la pépinière des trafiquants[18]. La commune de Badiraguato se distingue comme l'une des régions importantes de production d'opium : surnommée la « Sicile mexicaine », c'est de là que viennent des parrains célèbres, tel les Caro Quintero, Ernesto Fonseca (en) et Juan José Esparragoza Moreno[18], qui firent partie du cartel de Guadalajara, ou encore les frères Beltran Leyva, etc.

Des Chinois, qui profitaient de leur expérience de l'opium (introduit de force en Chine au XIXe siècle lors des guerres de l'opium), s'appuyèrent aussi sur leurs concitoyens résidant aux États-Unis (y construisant notamment les chemins de fer), pour s'introduire sur le marché mexicain au début du XXe siècle, à la suite d'un durcissement de la politique migratoire des États-Unis[18]. À la suite de plusieurs pogroms dans le nord-ouest du Mexique, ils émigrèrent en masse vers les États-Unis, perdant le contrôle du trafic de l'opium, dont la majorité était destinée à l'export, la consommation mexicaine étant très faible[18].

Après la Seconde Guerre mondiale, alors que les cultures du pavot à opium perdaient du terrain au Sonora, à la suite des campagnes du gouvernement mexicain, elles en gagnaient dans le Sinaloa, le Durango et le Chihuahua[18]. Dès cette époque, les accusations de collusion entre politiques et trafiquants sont instrumentalisées afin de servir d'arme politique[18]. Ainsi, lorsqu'en 1944, le gouverneur du Sinaloa, Rodolfo T. Loaiza (en), est assassiné, on prétend, à tort, que le meurtre aurait été commandité par les trafiquants, soit parce qu'il se serait opposé à eux soit parce qu'il n'aurait pas respecté une promesse[18]. En 1947, la presse accuse le général et ex-secrétaire Pablo Macías Valenzuela (es), nouveau gouverneur du Sinaloa, de contrôler le trafic de l'opium de l'État[18]. Emanant d'une presse aux ordres, ces accusations n'avaient que peu de valeur ; elles nécessitèrent cependant l'intervention du président, Miguel Alemán, pour les faire taire[18].

C'est le gouvernement d'Alemán qui décide, en 1947, de lancer une campagne contre la production d'opium dans le nord-ouest, seconde du genre depuis celle de 1938 initiée à la suite des pressions du gouvernement Roosevelt[18]. La façon dont celle-là s'initia présagea des campagnes ultérieures : les fédéraux envoyés sur place logèrent dans un hôtel de Roberto Domínguez, l'un des principaux trafiquants d'opium[18].

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis manquent de morphine pour leurs soldats, la route d'importation de l'Asie étant coupée. Roosevelt demande au consul général mexicain de relancer la culture du pavot au Mexique pour fabriquer cette morphine[20].

Dans les années 1960, sous Nixon, la « guerre contre la drogue » s'impose comme priorité, en réaction à la contre-culture (mouvement beatnik et hippie, contestation contre la guerre du Viêt Nam, etc.). Nixon ordonne ainsi, en septembre 1969, l'opération Intercept, fouillant — en pure perte — tous les véhicules en provenance du Mexique à la recherche de marijuana[18].

Dans les années 1970, l'État fédéral envoya l'armée pour tenter d'éradiquer les cultures de plantes psychotropes (pavot et cannabis), lors de l'Opération Condor. Celle-ci se révèle un échec, marqué par le déplacement des cultures et l'émigration interne forcée des paysans, ainsi que de nombreuses violations des droits de l'homme[18]. De nombreux petits paysans et petits trafiquants furent arrêtés, mais aucun gros bonnet[18]. Les trafiquants s'installèrent à Guadalajara, deuxième ville du pays, dans l'État de Jalisco[18].

C'est durant cette décennie que les trafiquants mexicains, en premier lieu desquels Miguel Angel Félix Gallardo, Luciano Reynosa Pérez et Pedro Avilés Pérez originaires d'Espagne et du Sinaloa et actionnaires dans diverses banques, s'imposent comme intermédiaires dans les filières de cocaïne issue de Colombie[18]. Félix Gallardo et Luciano Reynosa travaillent notamment avec le cartel de Medellín de Pablo Escobar[18].

Des années 1970 aux années 2000[modifier | modifier le code]

Des soldats d'infanterie de marine Mexicains lors d'un combat contre un cartel à Xalapa, Veracruz en 2012.

Dans les années 1990, marquées par l'arrestation de Miguel Angel Félix Gallardo en 1989 et par la mort du colombien Pablo Escobar en 1993, deux familles de trafiquants issus du Sinaloa émergent faisant concurrence au Cartel de Sinaloa sur le contrôle des filières de circulation de la cocaïne, principalement, ainsi que d'héroïne et de marijuana, les Arellano Félix, qui deviendront connus sous le nom de « cartel de Tijuana », et la famille d'Amado Carrillo Fuentes, connu comme le chef du « cartel de Juárez »[18].

En 1997, la mort de ce dernier ouvre la porte à une guerre de succession[21]. En 2001, Joaquín Guzmán, dit El Chapo, membre du cartel de Sinaloa, s'évade et commence son ascension[21]. En 2008, il rompt avec certains de ses alliés, qui fondent le cartel Beltrán Leyva. Les cartels se regroupent en deux camps distincts, leurs conflits meurtriers retombant sur la société civile.

Les opérations policières et militaires avaient commencé avant Felipe Calderón, bien que celui-ci les ait étendues. Ainsi, les relations avec les États-Unis se refroidirent à la suite de l'affaire Enrique Camarena, du nom d'un agent de la DEA assassiné en 1985, et qui avait provoqué la dissolution de la Dirección Federal de Seguridad (DFS), agence de renseignement chargée de la lutte anti-drogues et placée sous l'autorité directe du président, qui, depuis sa création en 1947, avait joué un rôle central d'intermédiaire entre le champ politique et les narcos[18]. Le commandant de la police judiciaire fédérale, héritière de la mission anti-stupéfiants du DFS, Guillermo González Calderoni, s'illustre alors en faisant arrêter divers trafiquants, ce qui conduit à affaiblir les Sinaloans sous la présidence de Carlos Salinas de Gortari (1988-1994), au profit, notamment, d'un trafiquant du Tamaulipas, Juan García Ábrego (en), à la tête du cartel du Golfe[18]. Accusé lui-même de corruption en 1993, González Calderoni prendra la fuite au début des années 1990. Osiel Cárdenas (en) succèdera à García Abrego, arrêté en 1996, et engagera d'ex-militaires, dont certains de l'unité d'élite Grupos Aeromóviles de Fuerzas Especiales (GAFES), dans son escadron Los Zetas[18].

Parallèlement, la CIA aurait soutenu les trafiquants de drogue mexicains et les auraient mis en lien avec les cartels colombiens, afin de financer les Contras en guerre contre le régime sandiniste au Nicaragua[22]. Des membres des Contras auraient ainsi été entraînés dans des ranchs du cartel de Sinaloa[22].

Après l'arrestation, en 1989, de Félix Gallardo, par le commandant González Calderoni, à la suite de l'affaire Camarena, son organisation se scinde en tendances rivales[18]. Certains affirment que Félix Gallardo aurait attribué, de sa prison, des zones (plazas) à divers cartels[18]. À partir de 1992, des conflits meurtriers opposent les frères Arellano Félix à d'autres trafiquants du Sinaloa[18]. Le cartel de Juárez, d'Amado Carrillo Fuentes, devient alors l'une des organisations criminelles principales du Mexique[18] avec le Cartel de Sinaloa. Ce dernier, en contact avec plusieurs généraux, travaille avec le Colombien Miguel Rodriguez Orejuela, du cartel de Cali[18], s'appuyant sur le gouverneur du Quintana Roo, Mario Villanueva Madrid, pour utiliser cet État comme base de transport. Carrillo Fuentes fait l'objet d'une tentative d'assassinat, en 1993, émanant des frères Arellano Félix[18].

En mai 1993, le cardinal Juan Jesús Posadas Ocampo est assassiné à Guadalajara: selon la version officielle, il aurait été confondu avec Joaquín Guzmán par les sicaires des Arellano Félix. L'un des frères rencontre, à deux reprises, l'ambassadeur du Vatican, Girolamo Prigione (en), en décembre 1993 et janvier 1994, lequel informe le président Carlos Salinas de la volonté de négocier des trafiquants[18]. Le procureur général du Mexique, Jorge Carpizo McGregor (en), suggère plutôt de les arrêter, suggestion non retenue, et qui indique une passivité suspecte venant d'un président aux pouvoirs étendus[18].

En 1995, le général José Gutiérrez Rebollo devenait célèbre pour avoir fait arrêter Héctor Luis Palma Salazar (en), un membre du cartel de Sinaloa. L'année suivante, il était nommé à la tête de l'INCD (Instituto Nacional para el Combate a las Drogas). La nomination d'un général à la tête de l'INCB par le président Zedillo signalait l'implication croissante des forces armées mexicaines dans la lutte anti-drogues, ce que Francisco Molina Ruiz, ex-tsar de la lutte anti-stupéfiants, déclarera en août 1997 être une grave erreur, celles-ci étant également infiltrées par les cartels de la drogue[23]. Quelques mois plus tôt, en janvier 1997, le général Gutiérrez Rebollo était en effet arrêté pour corruption, et sera condamné à plus de 70 ans de prison, notamment pour avoir aidé le cartel de Juárez.

Après les élections de 2000, le nouveau président, Vicente Fox (PAN), annonce le retrait de l'armée des opérations anti-drogue[18]. Il revient sur sa décision après une réunion organisée par le responsable américain de la lutte anti-drogues, le général Barry McCaffrey (en), et nomme un militaire, Rafael Macedo de la Concha (en), en tant que procureur général de la République, qui lui-même nomme d'autres militaires à des postes-clés[18]. Depuis lors, le Secrétariat de la Défense Nationale du Mexique (SEDENA) joue un rôle central dans la lutte anti-narcos[18], participant à l'Opération Mexique sûr lancée en juin 2005 dans le Tamaulipas. De nombreux parrains ont été depuis arrêtés[18], le cartel de Juárez d'Amado Carrillo étant cependant relativement épargné[18]. Tombent ainsi, en 2003, Osiel Cárdenas (en), du cartel du Golfe et à la tête des Zetas, plusieurs têtes du cartel de Tijuana des Arellano Félix, etc. Le cartel de Sinaloa semble cependant lui aussi épargné : de 2004 à 2010, sur 53 174 personnes arrêtées, seules 941 lui étaient associées[21]. Cela viendrait de son influence au sein des plus hautes sphères du pouvoir.

Parallèlement, en 1999, le président Bill Clinton et son homologue Ernesto Zedillo se rencontrent pour coordonner les opérations contre le trafic de stupéfiants. La rencontre avait eu lieu dans un ranch près de Mérida, appartenant au magnat Roberto Hernández Ramírez, lui-même accusé par la presse locale d'implication dans le trafic de cocaïne[24].

Le même homme accueillit, en 2007, une nouvelle rencontre au sujet du trafic de drogues, cette fois-ci entre George W. Bush et le président Felipe Calderón[25]. L'aide américaine s'est concrétisé l'année suivante par le vote de la loi instaurant l'Initiative de Mérida.

Le gouvernement mexicain a été accusé [Qui ?] de rester passif jusqu'à l'élection du président Felipe Calderón (PAN, droite), qui a fait de la lutte contre le trafic de stupéfiants un des objectifs les plus importants de son mandat (2006-2012). Même Calderón lui-même est soupçonné : évoquant El Chapo et El Diablo, le journaliste d'investigation Anabel Hernandez déclare ainsi: « Il est protégé - tous les présidents mexicains ont couvert un cartel, à un moment donné[21]. » En 2004, le chercheur Luis Astorga remarquait, alors que l'implication maintenue des militaires, sous Vicente Fox, élu en 2000, avait permis de nombreuses arrestations :

« Comme le montre l’histoire du trafic de drogues au Mexique, l’arrestation de quelques chefs, ou de milliers de personnes de moindre importance, n’a eu d’effet sensible ni sur la diversité ni sur les quantités des drogues introduites aux États-Unis. Même les mesures de sécurité adoptées aux postes frontières américains après le 11 septembre 2001 n’ont fondamentalement affecté ni la structure de l’offre ni les prix des drogues disponibles sur le marché américain. Les arrestations de trafiquants n’ont pas non plus eu d’effets dissuasifs sur les personnes impliquées dans le commerce des drogues illicites. Ce dernier reste économiquement des plus rentables, et le restera vraisemblablement à court terme. Loin de s’affaiblir, les organisations de trafiquants dirigées par des Sinaloans sont tout aussi hégémoniques à l’heure actuelle qu’elles l’ont été depuis des décennies. Elles semblent même de plus en plus proches de contrôler l’ensemble des points de passage de drogues sur la frontière avec les États-Unis[18]. »

Malgré les nombreuses arrestations, décès et extraditions sous Calderón, rien n'indique que la situation a changé, la population civile devenant au contraire de plus en plus otage des conflits entre cartels et avec les forces de l'ordre.

Développement du conflit[modifier | modifier le code]

Carte des principales zones de violence en 2007.

La présidence de Felipe Calderón[modifier | modifier le code]

Le , sur ordre du président Felipe Calderón, plus de 5 000 militaires ont été envoyés dans l’État du Michoacán afin de reprendre aux cartels de la drogue les territoires qu’ils contrôlaient. Bien que faisant suite à l'Opération Mexique sûr lancée par Vicente Fox en juin 2005, l'Operativo Conjunto Michoacán a été présentée comme une première dans la lutte contre le narco-trafic au Mexique en raison de l'implication de l'armée dans ce que le gouvernement a qualifié de « guerre »[26].

À partir de ce moment, l'envoi de troupes dans les différents États de la Fédération s'est accentué au fur et à mesure de l'augmentation des décès liés au trafic de drogues : loin de mettre fin aux activités des cartels, l'arrestation ou la mort des principaux chefs ouvre la voie à de violentes luttes intestines. La militarisation des opérations, qui s'accompagne de violations des droits de l'homme et d'exposition des forces armées à la corruption par les cartels, n'a pas été sans critiques. Ainsi, en mai 2007, le président de la Commission nationale des droits de l'homme (en), José Luis Soberanes (en), annonçant une cinquantaine de cas enregistrés de violations des droits de l'homme dans le Michoacán, préconisait de cantonner les forces armées à leur rôle extérieur et d'attribuer la lutte contre les narcotrafiquants aux seuls policiers[27].

Le , le gouvernement a lancé le Plan Tijuana, destiné à mettre fin à la violence en Basse-Californie et tout particulièrement à Tijuana, envoyant 3 296 hommes des différents corps de sécurité de l'État[28]. Face à la recrudescence de la violence liée au trafic de drogue, plus de 2 000 soldats ont été envoyés le à Ciudad Juárez, dans le cadre de l'Operativo Chihuahua, officiellement pour accélérer la lutte contre le cartel de Juárez : « nous sommes la dernière force de défense de l'ordre intérieur du pays » affirmait alors un officier, laissant comprendre en filigrane que face à la corruption endémique des forces de police municipales et nationales, l'intervention des forces armées apparaissait indispensable[29].

La corruption, au niveau local et fédéral, est en effet l'un des graves problèmes affectant l'État. En 2007, l'ex-gouverneur de Quintana Roo, Mario Villanueva Madrid, fut condamné à plus de 30 ans de prison pour trafic de stupéfiants en association avec le cartel de Juarez[30], avant d'être extradé aux États-Unis en 2010. En février 2009, le chef de la police de Cancún, Francisco Velasco Delgado, était arrêté pour avoir couvert les activités du cartel du Golfe ; en novembre 2008, c'était le chef de la lutte anti-drogues lui-même, Noé Ramirez Mandujano (en), qui était incarcéré pour corruption dans le cadre de l'Operación Limpieza (« Opération propreté »), ainsi que des proches collaborateurs du secrétaire de la Sécurité Publique, Genaro Garcia Luna[31]. Ramirez Mandujano était à la tête du SIEDO (en) (Subprocuraduría de Investigación Especializada en Delincuencia Organizada), créé en 2003 à la suite d'un scandale de corruption affectant l'organisme antérieur chargé de la lutte contre le crime organisé. En 2008, selon Calderon lui-même, la moitié des policiers mexicains « ne sont pas recommandables »[32].

Dans un premier temps, les autorités mexicaines ont voulu croire à l'efficacité des opérations militaires dans le nord du pays : le secrétaire Genaro García Luna affirmait en avril 2008 que les militaires auraient pu rentrer dans leurs casernes avant la fin de l'année, étant donné qu'à la suite du déclenchement de Operativo Chihuahua « il commençait déjà à y avoir une diminution de l'activité criminelle »[33].

205 millions de dollars et plusieurs armes saisis à Mexico en 2007 par la police mexicaine et la DEA américaine.

L'explosion de violence en 2008 a néanmoins été sans précédent : le , le premier attentat public attribué à un cartel a lieu à Morelia, dans le Michoacán et en décembre, on recensait déjà 5 031 morts liées au conflit pour la seule année 2008, 7 882 depuis le début du mandat de Felipe Calderón[34]. La lutte contre le trafic de drogue a alors été érigée en enjeu national, la pression de l'opinion publique s'accentuant au fil des décomptes des morts publiés chaque jour dans la presse. Le conflit touche aussi des États du sud (17 morts à Acapulco en juin 2009)[35], laissant craindre des retombées négatives pour l'industrie du tourisme, vitale pour l'économie mexicaine. De plus, cette même année surgit le décès du chef du Cartel de Sinaloa Luciano Reynosa Pérez. Enrique Reynosa, son fils se hisse à la tête du cartel, il est réputé pour son extrême cruauté et ses rapports plus que violents avec son entourage.

Parmi les raisons invoquées par les autorités pour justifier la difficulté de la guerre contre les cartels figure la capacité opérationnelle des trafiquants : le secrétaire Genaro García Luna a admis face au députés, en septembre 2008, que les plus de 20 000 armes saisies au cours des deux premières années de l'administration Calderón « sont équivalentes à celles qu'utilisent toutes les polices ». Il indiquait également que la police mexicaine souffrait d'un retard technologique face aux cartels qui se sont sophistiqué dès les années 1970, puis se sont servis de la mondialisation et du potentiel technologique comme instruments pour leurs opérations, alors même que la police fédérale ne dispose pas des techniques d'identification et de localisation des téléphones portables[36].

Le National Drug Intelligence Center estime que les trafiquants mexicains opérant aux États-Unis génèreraient entre 17 et 38 milliards de dollars par an de revenus (entre 13 et 29 milliards d’euros) [37] dépassant largement le budget de la défense (10,062 milliards de dollars en 2007) et plus que le déficit du commerce extérieur de ce pays[38]. Selon une estimation publié par la CIA en 2007, les plantations d'opium au Mexique couvriraient 6 900 hectares, soit un potentiel de production de 18 tonnes d'héroïne pure ou 50 tonnes d'héroïne black tar; la culture de marijuana s'étendrait, elle, sur 8 900 hectares, ce qui équivaut à une production potentielle de 15 800 tonnes[39] et fait du Mexique le troisième producteur mondial d'opium derrière l'Afghanistan et la Birmanie[20].

Le , le Ministère de la Défense a annoncé l'envoi de 5 332 militaires à Ciudad Juárez en renfort des 2 026 déjà présents, afin d'affronter les sicaires des deux cartels (Juárez et Sinaloa) qui se font la guerre pour se partager le territoire de la ville frontalière avec les États-Unis[40].

Mi-juin 2009, on comptait 3 050 morts dus à cette guerre des gangs. Cette extrême violence permet tous les règlements de compte, les assassinats de journalistes et de syndicalistes — entre autres — sont désormais courants[41].

L'imminence des élections législatives du 5 juillet 2009 (en) a précipité les opérations anti-corruption, en raison de l'importance de l'enjeu de ces opérations contre les trafiquants. Calderon demande un processus d'« épuration et de certification des corps policiers ».

En février 2009, les militaires encerclent par surprise le commissariat de Cancún. Ils contrôlent et désarment le millier de policiers présents, avant d’arrêter le chef de la police soupçonné d’être impliqué dans le narcotrafic.

Le dix maires, un juge et seize fonctionnaires de l'État de Michoacán ont été arrêtés par la police fédérale et l'armée au cours d'une opération inédite par son ampleur[42]. Le gouverneur du Michoacán, Leonel Godoy Rangel, a indiqué ne pas avoir été prévenu de l'opération, ce qu'il a interprété comme une tentative de porter atteinte à son parti, le Parti de la révolution démocratique (PRD, gauche), en vue des élections. Un basculement de cet État à droite aurait pu en effet assurer la suprématie du parti présidentiel (le PAN) au Congrès[43]. Toutefois, les élections ont finalement été remportées par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre-gauche), qui a historiquement dominé la scène politique nationale. Le PRI a ainsi remporté 241 sièges, contre seulement 147 pour le PAN, qui arrive deuxième.

62 kg de cocaine saisi lors du Project Coronado lancé contre La Familia Michoacana en 2009.

Le , l'infanterie de marine mexicaine réussit à abattre Arturo Beltrán Leyva (en), le dirigeant du cartel des Beltrán Leyva[44]. Un de ses hommes de main les plus sanguinaires, Edgar Valdez Villarreal (en) surnommé La Barbie, a été arrêté près de Mexico le [45]. Le c'est au tour de Tony Tormenta (en), chef du cartel du Golfe, d'être abattu par la marine dans la ville de Matamoros dans l'État de Tamaulipas[46]. L'aide apportée par la DEA aux forces de sécurité mexicaines, notamment à la marine, a permis de retrouver ces deux hommes[47]. Le , c'était au tour de Nazario Moreno González, chef du cartel de La Familia du Michoacán d'être abattu. Au lendemain de l'annonce de sa mort, des centaines de personnes ont manifesté en soutien au cartel à Apatzingán [48].

Le Casino Royale après l'attentat à Monterrey du 25 août 2011.

En 2010, les affrontements entre les gangs et les attaques contre les forces de l'ordre et les civils redoublent d'intensité, en effet, cette année compte le double de morts de l'année 2009, avec plus de 15 000 morts[49]. Entre autres, 43 personnes dont 15 policiers sont tuées le 14 juin 2010[50]. C'est dans ce contexte que l'armée se désengage depuis avril 2010 de Ciudad Juárez où elle est remplacée par la police fédérale[51].

Le Mexique se trouve en 2010, en termes de morts violentes[49], à un niveau bien supérieur à l'Irak (60 morts militaires[52] et environ 3 000 civils tués en 2010[53]).

Un exemple de l'extrême violence et de l'armement quasi-militaire des cartels est donné lors d'une embuscade effectué par le cartel de Sinaloa contre un convoi de Los Zetas le faisant 29 morts sur une autoroute et la capture par la police d'un engin blindé artisanal[54]. Environ cent dix véhicules blindés dont une vingtaine de ces narcotanks ont été saisis dans le seul état de Tamaulipas par les forces de sécurité à la mi-janvier 2012[55].

Le 13 mai 2012, une tuerie de masse à Cadereyta Jiménez a lieu, 49 cadavres décapités, mains et pieds sectionnés, sont découverts au bord d'une route à une trentaine de kilomètres à l’est de Monterrey. Ce massacre est revendiqué par le groupe criminel des Zetas[56]. Quatre jours plus tôt, on avait découvert 18 cadavres dans deux automobiles abandonnés sur une route proche de Guadalajara, dans l’ouest du pays[56].

Toutes les classes de la société civile sont atteintes par la violence, quatorze maires ont été assassinés sans explication valable en 2010 et trois autres durant les quinze premiers jours de 2011[57] ainsi qu'une militante pacifiste féministe début janvier 2011[58].

Le 4 mai 2012, le président reconnaît que la corruption a permis la pénétration du crime organisé au sein des institutions de sécurité mexicaine et appelle les États du Mexique à terminer la vérification de la probité de leurs agents. Un exemple est le remplacement en août 2012 des 348 agents chargés de la sécurité à l’aéroport international de Mexico[59].

Un rapport d'un centre de l'OTAN sur le terrorisme relève en 2011, selon les sources publiques, un total de 452 actes terroristes (5e rang mondial) faisant 1 778 tués, 322 blessés et 61 personnes enlevées[60].

Le mandat de Enrique Peña Nieto[modifier | modifier le code]

Le 7 octobre 2012, Heriberto Lazcano, chef des Zetas été tué après un échange de coups de feu avec l'infanterie de marine mexicaine à Sabinas, État de Coahuila. Son corps a été volé à la morgue[61].

Le 30 avril 2013, la police mexicaine capture Inès Coronel, beau-père d'El Chapo, un des dirigeants du Cartel de Sinaloa[62].

Le 22 février 2014, Joaquín Guzmán est de nouveau arrêté par la marine mexicaine[63].

Le 22 août 2014, une gendarmerie nationale mexicaine est fondée ayant un effectif de 5 000 gendarmes triés sur le volet. En 2018, elle devrait compter 10 000 membres[64],[65].

Bilan humain[modifier | modifier le code]

Cartels et zones d'influence de ceux-ci au Mexique en 2008.

Le bilan de la violence au Mexique est incertain. Ainsi, en août 2012, l'Institut national de statistiques et géographie mexicain annonce que 27 199 homicides ont été enregistrés en 2011 ; entre 2007 et 2011, le total s'élève selon celui-ci à 95 632 assassinats. Sur la base de la tendance enregistrée en 2012, l'on estime à 120 000 le nombre d'homicides au cours du mandat de Calderon. Ce bilan en fait le conflit le plus meurtrier de la planète du début des années 2010[66]. En août 2014, un bilan fait état de 22 322 disparations[16]. Il est supérieur aux bilans ci-dessous annoncés auparavant :

  • Plus de 23 000 tués au total entre 2007 et mai 2010[67].
  • Plus de 30 000 morts entre fin 2006 et fin 2010, depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon[17]
  • 10 475 tués entre décembre 2006 et mars 2009[68] incluant plus de 1 000 agents et fonctionnaires du gouvernement[69] et plus de 242 décapitations[69].
  • 2 477 tués en 2007[70].
  • 5 630 tués en 2008[71].
  • 7 724 tués en 2009[72].
  • 15 273 tués en 2010[3]
  • 1 481 membres de la Sécurité publique tués entre 2006 et septembre 2010, plusieurs démissions faisant suite au danger[73].
  • 45 000 membres des cartels de la drogue arrêtés au premier trimestre 2009[69]. 8 392 arrestations en 2009.
  • Saisie de 718 tonnes de marijuana et 2,5 tonnes de cocaïne en 2009[74].
  • Saisie de plus de 2 326 tonnes de drogues en 2010, record mondial[75].

Le bilan par provinces, selon le Trans-Border Institute et l'Université de Californie à San Diego, est le suivant[76] :

Localisation 2006 2007 2008 2009
Michoacán Michoacan in Mexico (location map scheme).svg 543 238 233 371
Basse-Californie Baja California in Mexico.svg 163 154 604 320
Guerrero Guerrero in Mexico (location map scheme).svg 186 253 287 638
Sinaloa[77] Sinaloa in Mexico (location map scheme).svg 350 346 680 767
Chihuahua Chihuahua in Mexico (location map scheme).svg 130 148 1 649 2 082

Pour l'année 2010, la moitié des homicides se concentrent dans les trois provinces suivantes : Chihuahua, Tamaulipas et Sinaloa[3].

En novembre 2009, lors d'une conférence internationale à Albuquerque, Jorge Castañeda, ancien secrétaire des relations extérieures du Mexique, accuse l'armée d'exécutions extrajudiciaires[78].

La Commission nationale des droits de l'homme a été saisie de plus de 2 000 plaintes (140 par mois en 2009) alléguant des violations des droits de l'homme de la part des forces de sécurité et de l'armée[79]. La Commission a répertorié 26 cas d'abus début juillet 2009, dont 17 impliquant la torture (asphyxie, décharges électriques, etc.)[79]. Ces violations des droits de l'homme ont conduit à geler 15 % des fonds prévus dans le cadre de l'Initiative de Mérida, un programme mexico-américain mis en place par l'administration Bush en juin 2007, doté d'un budget de 1,4 milliard de dollars[79].

En 2010, la détérioration des droits de l'homme au Mexique, notamment due aux exactions de l'armée, est épinglée par Human Rights Watch dans son rapport annuel[80].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Conséquences aux États-Unis[modifier | modifier le code]

Depuis le début des opérations contre les cartels lancées par l'administration Calderón, la montée de la violence à la frontière entre les États-Unis et le Mexique gagne le sud des États-Unis, une zone sensible pour les autorités américaines, notamment à cause de l'immigration illégale, et qui fait déjà l'objet d'une surveillance importante. Le problème du narcotrafic est en fait partagé par les deux États, car le Mexique constitue la principale route de la cocaïne et des autres drogues illégales vers les États-Unis[81].

Selon le U.S. Immigration and Customs Enforcement, on trouvé entre les années 1990 et 2009 au moins 75 tunnels traversant la frontière[82].

En 2007, dans le cadre de la campagne des États-Unis contre la toxicomanie, l'administration Bush lance l'Initiative Mérida, une aide de 1,3 milliard de dollars américains sur trois ans pour l'Amérique centrale et les Caraïbes afin de lutter contre le trafic de drogue. En mai 2009, le Congrès des États-Unis double le financement de ce plan[83].

Lors d'un voyage officiel à Mexico le , la secrétaire d'État Hillary Clinton a indiqué qu'« il est injuste de rendre fautif le Mexique pour la guerre » entre les cartels, elle a de même reconnu que les autorités américaines n'avaient pas su freiner la « demande insatiable » venue des États-Unis ce qui a stimulé le narcotrafic, au même titre que la contrebande d'armes[84].

Michael Hayden, directeur sortant de la CIA, a écrit une liste des préoccupations par ordre d'importance pour son agence en février 2009[85], il en ressort que la deuxième menace après Al-Qaïda et ses franchises sont bien les organisations criminelles mexicaines liées au trafic de drogue.

Le président Barack Obama a décidé de soutenir le président mexicain dans la guerre contre les cartels, notamment par l'envoi de 300 à 400 agents fédéraux supplémentaires à la frontière, ainsi que par la création d'un centre de renseignements régional dépendant du FBI[86]. Un renforcement de la coopération avec le Mexique prévoyant l'envoi d'agents américains de l'autre côté de la frontière, ce qui est toujours une source de crispation chez les politiques mexicains, est aussi prévu[86]. Le , la Secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, Janet Napolitano, qui s'est elle aussi rendue à Mexico, a annoncé que 400 millions de dollars seront dépensés afin d'améliorer la technologie de surveillance aux points de passage avec la frontière mexicaine[87].

La lutte contre l'immigration illégale et le trafic de drogue aux États-Unis a fait beaucoup augmenter les moyens de surveillance à la frontière entre les États-Unis et le Mexique depuis les années 1990. Le nombre de patrouilleurs de la United States Border Patrol passant de 3 555 pour un coût de 326,2 millions de dollars en 1992 à 17 415 patrouilleurs pour un coût de 2,7 milliards de dollars en 2009[réf. souhaitée].

Le , la Garde nationale de Californie a déployé un premier contingent pour renforcer ceux-ci[88].

Conséquence sur le tourisme[modifier | modifier le code]

Plusieurs pays ont fini par déconseiller à leurs ressortissants certaines régions du pays les plus affectée par les violences. En 2012, le gouvernement français déconseillait formellement l'état de Tamaulipas et l'état de Nuevo León, ainsi qu'un certain nombre de villes frontalières des États-Unis comme Tijuana, Ciudad Juarez, Chihuahua et Tampico. Le gouvernement canadien demande d'éviter tout voyage dans le nord de la Baja California et les États de Sonora, Chihuahua, Coahuila, Nuevo León, Tamaulipas, Durango et Sinaloa[89]. En raison du nombre croissant de leur citoyens victimes d'homicide au Mexique (35 en 2007, 120 en 2011)[90], les États-Unis déconseillent une quinzaine de régions, principalement au nord[91].

Malgré les violences, le nombre de touristes visitant le Mexique augmente, de 6 % en 2009 et de 2 % en 2010[92]. Cependant, plusieurs compagnies de croisières ont décidé en 2011 de supprimer certaines de leurs lignes vers les côtes mexicaines en raison des craintes croissantes de leurs clients[93].

Implications internationales[modifier | modifier le code]

En tant qu'organisations criminelles transnationales, « les cartels mexicains auraient commencé à infiltrer des éléments en Europe et sur le continent nord-américain dans le but d’y développer leurs activités criminelles »[94], notamment en Espagne, point d'entrée principal des « narcos » par le Cartel de Sinaloa allié au Cartel du Golfe, à La Familia Michoacana et au MS-13. Si ce phénomène venait à se confirmer, il aurait des conséquences très importantes sur la criminalité en Europe, une « guerre des gangs » n'étant pas à exclure en pareil cas.[réf. nécessaire]

Dans un entretien, du 8 octobre 2008, avec le directeur du programme anti-crime du Bureau for International Narcotics and Law Enforcement Affairs du Département d'État, celui-là spécifia que le mouvement libanais était impliqué dans le trafic d'héroïne et de cannabis[95] et selon le journal conservateur The Washington Times et le Service de recherche du Congrès, le Hezbollah aurait noué des contacts avec différents cartels afin de participer au trafic d'êtres humains et de stupéfiants transitant vers les États-Unis[96],[97]. En dehors de l'intérêt financier, le Hezbollah en profiterait pour introduire clandestinement des activistes sur le sol américain et tenterait d'obtenir pour son compte - et pour celui de l'Iran - des matériels de haute technologie. En échange, les cartels mexicains recevraient armes et entraînement pour ses « sicaires »[98].

En juin 2010, Sue Myrick, représentante de la Caroline du Nord et membre du House Permanent Select Committee on Intelligence de la Chambre des représentants des États-Unis demande une commission d'enquête sur le sujet[99].

Notes et références[modifier | modifier le code]

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Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]