ÉTATS-UNIS - Depuis l'élection de Donald Trump à la tête des États-Unis, les femmes se sont mobilisées à plusieurs reprises pour défendre leurs droits mis à mal par ce président et ses acolytes. Après la Marche des femmes, les "Pussy hat", #NotmyPresident ou #DressLikeaWoman, les Américaines se sont emparées d'un nouveau slogan: "Nevertheless, She Persisted" ("Malgré tout, elle a persisté"). Cette expression n'est pas tirée de la récente interview d'Hillary Clinton mais bien de l'intervention du juge fédéral républicain Mitch McConnell.
Réunis le mardi 7 février, les sénateurs américains étaient invités à étudier la nomination de Jeff Sessions au poste de Ministre de la Justice. Un débat qui n'a pas manqué de raviver les tensions entre démocrates et républicains. Déjà connue pour sa ténacité face à Trump, la très combative sénatrice du Massachusetts, Elizabeth Warren, farouchement opposée à cette candidature, a fait le choix de s'exprimer à travers une lettre de Coretta Scott King. Dans cette correspondance, vieille de 30 ans, la veuve de Martin Luther King adresse à un sénateur une critique du juge fédéral de l'époque: Jeff Sessions.
Nul doute que ce vieux dossier n'a pas enchanté le clan républicain. Mitch McConnell a alors exercé son droit procédural de mettre fin au discours d'Elizabeth Warren, arguant qu'elle violait ici la règle XIX du Sénat américain qui interdit à un sénateur de s'en prendre à un autre.
Elizabeth Warren was silenced for reading Coretta Scott King letter on the eve of Jeff Sessions' vote pic.twitter.com/nb5HcWNARr
— Rolling Stone (@RollingStone) 8 février 2017
L'acte a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Avec la même ardeur que pour la Women's March, les femmes ont fait éclater leur indignation en utilisant les propres mots de Mitch McConnell. Un cri de ralliement contre une tirade qui a été perçu comme la tentative d'un homme puissant pour faire taire une femme: "Elle a été avertie. On lui a donné une explication. Malgré tout, elle a persisté". Les hashtags #LetLizSpeak, #ShePersisted et #NeverthelessShePersisted sont alors montés pour prendre la défense d'Elizabeth Warren.
By silencing Elizabeth Warren, the GOP gave women around the world a rallying cry. #ShePersisted #LetLizSpeak pic.twitter.com/uH6WIngHaL
— Kamala Harris (@KamalaHarris) 8 février 2017
Érigé en tant que nouveau slogan féministe, "Nevertheless, She Pesisted" a fait émerger sur la toile un nombre incroyable d'hommages rendus à des femmes qui, comme Elizabeth Warren, ont lutté contre le sexisme, les discriminations ou inégalités de genre. Des figures qui, finalement, se sont opposées à l'autorité masculine. Des figures qui, malgré tout, ont persisté.
For all the women they tried to silence #ShePersisted #Neverthelessshepersisted pic.twitter.com/6jdbyYmBW5
— Carol Henderson (@carollucy326) 8 février 2017
Nevertheless, she persisted. pic.twitter.com/zViODM7Aha
— Mike McFeely (@MikeMcFeelyWDAY) 8 février 2017
La riposte Warren
Et pour persister, elle a persisté. Elizabeth Warren ne s'est effectivement pas démontée face aux accusations de ses homologues républicains et a continué à défendre ses opinions. "Je ne resterai pas muette sur la nomination de ce Ministre de la Justice qui est l'auteur de commentaires désobligeants et racistes n'ayant aucune place dans notre système judiciaire", a-t-elle asséné sur son compte Twitter.
I will not be silent about a nominee for AG who has made derogatory & racist comments that have no place in our justice system.
— Elizabeth Warren (@SenWarren) 8 février 2017
Privée du débat sur la candidature de Jeff Sessions, l'homme qui ne sait pas reconnaître une agression sexuelle, elle a également tenu à lire la lettre devant les portes du Sénat. La vidéo a été partagée sur Youtube et cumule plus de 74.000 vues.
"She was warned. She was given an explanation. Nevertheless, she persisted."
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 8 février 2017
So must we all.https://t.co/JXROGHPNkH
La lettre de Coretta Scott King dénonce le comportement raciste de Jeff Sessions lorsqu'il était juge fédéral. Il utilisait, alors, "le pouvoir impressionnant de son poste pour dissuader les citoyens afro-américains du libre exercice de leur droit de vote".
Un dessin pour rappeler aux femmes qu'elles ne sont pas seules
Inspirée par cet événement, l'écrivaine et artiste Courtney Privett a pris son crayon pour exprimer sa peur et sa frustration. Mère de deux petites filles, elle a imaginé les problèmes auxquels elles seront peut être confrontées au cour de leur vie par le simple fait qu'elles soient des femmes. "Je pensais, 'j'espère qu'elles n'entendront pas les mêmes choses que moi'", a-t-elle confié dans une interview téléphonique au Huffington Post américain.
Son dessin, devenu viral sur les réseaux sociaux, représente une femme de dos, entourée d'innombrable paroles. Des phrases que certaines femmes passent leur vie à entendre: "C'est le travail d'un homme", "Salope", "Les filles ne peuvent pas faire ça" ou encore "Tu pourrais être tellement plus belle si tu faisais un effort".
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