C'EST DEMAIN

Le premier robot bricoleur est made in France

Pyrène, développé par des chercheurs français, pourrait bien être l'ouvrier des usines du futur. Airbus serait même intéressé par l'idée.

09/02/2017 18:07 CET | Actualisé il y a 14 heures
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Ce robot fabriqué par des chercheurs français pourrait devenir l'ouvrier de l'usine de demain.

C'EST DEMAIN - Il peut visser ou percer: Pyrène, le "premier" robot humanoïde au monde conçu pour se servir d'outils, a été présenté jeudi 9 février à Toulouse, et pourrait bien devenir l'ouvrier de "l'usine du futur", selon son concepteur, le Laboratoire d'analyse et d'architecture des systèmes (LAAS) du CNRS.

La montée des marches est encore hésitante et des filins sont toujours accrochés aux épaules pour retenir le robot, s'il vient à tomber. Pourtant, en dépit des apparences, Pyrène est le dernier cri des humanoïdes.

"Avec la première génération de robots, on développait des capacités locomotrices: la marche et la coordination des mouvements", explique Philippe Souères, responsable du département robotique au LAAS de Toulouse.

"Cette nouvelle génération est capable non seulement de bouger mais également d'agir sur son environnement et de produire des forces, afin de le rendre capable d'exécuter des tâches", ajoute-t-il.

Un robot plus agile

Ainsi, le robot anthropomorphe d'1,75m et de 100 kg est capable d'effectuer 32 mouvements articulaires indépendants, ce qui lui permet de surmonter un grand nombre d'obstacles, comme un terrain accidenté ou des marches d'escalier, avec une "rapidité inédite", se félicite Olivier Stasse, directeur de recherche au sein de l'équipe Gepetto, qui pilote le projet au sein du LAAS.

"C'est grâce à la locomotion généralisée", explique l'heureux papa de Pyrène: cette nouvelle génération est non seulement capable de marcher mais également de "s'appuyer sur un mur ou de se saisir d'une rampe pour monter les escaliers", se félicite-t-il, pendant que son bébé s'agrippe à une barre, avant d'escalader quelques marches installées dans le labo du LAAS, devant un parterre de journalistes.

Grâce à des caméras stéréo à détection de profondeur, Pyrène peut "voir" un obstacle avant de le contourner, là où ses ancêtres poursuivaient leur chemin, le percutaient et tombaient. En témoignent les nombreux scotchs réparateurs et mousses protectrices qui ont dû être collés sur HRP-2, le robot japonais d'ancienne génération sur lequel le LAAS travaille depuis 2006.

AFP

Bientôt capable de percer un trou

Les humanoïdes actuels, même les robots de service qui font le buzz actuellement dans les maisons de retraite belges, sont souvent perdus si une personne change subitement de trajectoire sous leur nez, ou si un balai est tombé au sol, devant eux.

Pyrène est lui capable "d'interagir avec l'environnement et les êtres humains, grâce à ses capacités de perception", déclare Olivier Stasse, qui souligne que, à terme, l'objectif est de faire un "robot qui soit capable de comprendre la chambre de mes fils", peu rangée comme on peut l'imaginer, afin d'y intervenir.

Pyrène "a le réflexe pour pouvoir réagir", explique Philippe Souères. Il est donc ainsi "capable de manipulations". Après "quelques mois de développement" au sein du LAAS, Pyrène sera capable de "se servir d'outils et d'effectuer des actions complexes, telles que visser quelque chose ou percer un trou", affirme Olivier Stasse.

Airbus intéressé

D'autres robots en sont bien entendu capables aujourd'hui, mais il s'agit d'une première mondiale "pour un robot humanoïde bipède", assure le chercheur.

L'avenir du nouveau-né semble donc tout tracé. "On commence à s'interroger avec nos collègues chez Airbus à des applications", souligne Olivier Stasse.

"Aujourd'hui, l'industrie aéronautique est peu automatisée par rapport aux constructeurs automobiles par exemple", rappelle-t-il. Il est en effet encore impossible pour un robot de s'accroupir dans une carlingue pour aller y visser des boulons fixant une aile. Pyrène a l'ambition, à terme, de pouvoir s'en charger.

Déjà, le robot s'entraîne à percer et visser sur des objets prêtés par Airbus. A quand une "usine du futur" où des Pyrène interviendraient sur les chaînes de l'avionneur européen? "Dans un horizon relativement court. On peut parler en terme de quelques années", s'avance Philippe Souères.

Mais les robots humanoïdes "n'ont pas vocation à remplacer la main-d'œuvre humaine", assure Olivier Stasse, mais à "œuvrer à ses côtés". "Pyrène pourrait ainsi effectuer ces tâches éprouvantes susceptibles de causer des troubles musculosquelettiques chez l'homme", précise-t-il.

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