Calabre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Aller à : navigation, rechercher
Calabre
Blason de Calabre
Héraldique
Drapeau de Calabre
Drapeau
Administration
Pays Drapeau de l'Italie Italie
Chef-lieu Catanzaro
Provinces 5
Communes 409
Président Mario Oliverio (PD)
depuis 2014
NUTS 1 ITF (Italie méridionale)
ISO 3166-2 IT-78
Démographie
Population 1 956 446 hab. (30/06/2013)
Densité 130 hab./km2
Géographie
Superficie 1 507 900 ha = 15 079 km2
Localisation
Localisation de Calabre
Liens
Site web regione.calabria.it

La région de Calabre (en italien : Regione Calabria), plus couramment appelée la Calabre (en italien : Calabria [kaˈlaːbrja] ; en calabrais : Calàbbria [kʰɐˈlɐbːrjɐ] ; en griko : Calavrìa), est une région d'Italie située à l'extrême sud-ouest de la péninsule. Ses habitants sont les Calabrais. La capitale régionale est Catanzaro et la plus grande ville Reggio de Calabre.

Administration[modifier | modifier le code]

Les cinq provinces de Calabre.

la région[modifier | modifier le code]

  • Le siège du conseil régional est à Catanzaro.

Les provinces[modifier | modifier le code]

La région est divisée en cinq provinces :

Géographie[modifier | modifier le code]

NASA : photo satellite de la Calabre.

C'est une région essentiellement montagneuse, comptant plusieurs massifs :

  • le Pollino ;
  • la Serra de Pellegrino ;
  • le Sorino ;
  • la Sila ;
  • l'Aspromonte.

Les vallées sont étroites et ravinées.

Climat[modifier | modifier le code]

Le climat est méditerranéen, marqué par une longue sécheresse estivale de la mi-mai à la mi-septembre, alors que les automnes et les printemps sont pluvieux. Les hivers sont doux sur les côtes comme dans les plaines, comme celle de Gioia Tauro en basse Calabre ou celle de Sibari en haute Calabre, le temps est aussi souvent pluvieux. En montagne, il fait froid avec parfois des chutes de neige sur le massif de l'Aspromonte et celui de la Sila; les étés sont très chauds et secs, le thermomètre peut dépasser les 40°C en période de canicule. Sur le relief, il fait un peu plus frais avec l'altitude, et des orages peuvent se développer et donner des averses de brève durée aux heures les plus chaudes. Des medicanes peuvent se former en mer, en automne ou en hiver, mais rarement, et toucher la région engendrant des intempéries violentes.

Données climatiques de la ville de Reggio de Calabre.

Températures moyennes mini et maxi en janvier : 8°C - 15°C. Températures moyennes mini et maxi en juillet : 22°C - 31°C. Précipitations en janvier : 69,6 mm. Précipitations en juillet : 7 mm. (source meteoam, 1971-2000.)

Géologie[modifier | modifier le code]

La Calabre se réfère généralement à « l’arc calabrien », aussi appelé « l’arc calabro-lucanien » ou « arc tyrrhénien ». Il s'agit d'un domaine de forme semi-circulaire qui s'étend depuis la partie sud de Basilicate jusqu'au secteur nord-est de la Sicile, dit le Peloritani. Certains auteurs préfèrent étendre ce domaine depuis l'Arc calabrais de Naples dans le nord jusqu'à Palerme au sud-ouest.

Le domaine se compose principalement des roches du « socle calabrien » (cristallines et métamorphiques) d'âge paléozoïque, partiellement recouvertes par des sédiments néogènes. Des études récentes et toujours en cours ont montré que ces roches font partie d'une unité tectonique (chevauchement) couvrant des unités des Apennins méridionales et des Maghrebides de la Sicile[1].

L'évolution du système Néogène géotectonique Méditerranée centrale, est caractérisée par un déplacement de l'Arc calabrien vers le sud-est, se plaçant sur le promontoire de la plaque africaine (Argand, 1916, et Guazzone Boccaletti, 1972). Les principaux éléments de cette chaîne sont donc : la Calabre ou « Bloc Calabro peloritano », la chaine Apenninique méridionale, et la chaîne maghrebide sicilienne. L'avant-pays de ce système est formé par les promontoires de la plaque africaine : la plate-forme Apula, une partie de la plaque Adria, et la plate-forme Ibleo ou «Ragusa», séparée par le bassin de la mer Ionienne. La mer Tyrrhénienne, « Bassin Tyrrhénienne », est considérée comme un bassin arrière-arc de ce dernier système de subduction, où des « microplaques » liées à la plaque africaine rentrent au-dessous des microplaques d'affinités européenne (Arco Calabro).

La géologie de la Calabre a été étudiée depuis plus d'un siècle dans le détail. Pour la littérature scientifique avant 1973, se référer à Ognibene (1973). Ippolito (1959) présente une bibliographie complète des travaux avant cette date. Cortese (1895), Limanowski (1913), Quitzow (1935), Caire et al. (1960), Caire (1961), Grand-Jacquet et al. (1961), Ogniben (1969, 1973), Caire (1970, 1975, 1978), Burton (1971), Amodio-Morelli et al. (1976), Dubois (1976), Grand-Jacquet et Mascle (1978), Moussat (1983), van Dijk (1992), et van Dijk et al. (2000) proposent aussi d'intéressants livres, monographies et jalons. Il convient de noter que, dans les premières œuvres sur la géologie de la Calabre, on a généralement défini deux phases : l'évolution et la déformation du socle jusqu'à l'Éocène tardif, et la phase « post-tectonique » avec le sédimentation des séquences post-orogéniques, pendant le Néogène tardif. Puis, par des études plus approfondies des affleurements et les études liées à l'extraction des hydrocarbures (sections sismiques et forages profonds), il est devenu évident que la dernière déformation est considérée comme post-Miocène, Pliocène et même post Pléistocène moyen[1].

Pendant le dernier épisode, le « Récent », la zone est caractérisée par une activité volcanique et sismique. En général, cela a été attribué à une phase de restauration isostatique après la déformation de la phase de Pléistocène moyenne. Certains auteurs ont la conviction que la subduction est encore active.

Carte géotectonique de la Méditerranée centrale et de l'Arc calabrien. Le tracé bleu indique la position de la Section géotectonique. D'après van Dijk (1992)[1].
Section géotectonique de l’Arc calabrien. Gauche : NO ; Droit : SE. D'après van Dijk (1992)[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Antiquité[modifier | modifier le code]

La Calabre[2] est d'abord sous domination lucanienne, puis elle est colonisée par les Grecs à partir du VIIIe siècle av. J.-C.. Ils fondèrent Locri, Crotone, Sybarys, Reggio, Caulonia et de nombreuses autres colonies sur la côte ionienne. La région est progressivement hellénisée. Elle avait une importance stratégique pour le contrôle du détroit de Messine. Avec la Sicile, elle constitue la « Grande-Grèce ». C'est la terre d'adoption de Pythagore.

À partir du IIIe siècle av. J.-C., la région passe peu à peu sous le contrôle de Rome qui l'appelle Bruttium, du nom du peuple des Bruttiens, anciens alliés de Hannibal, qui occupent la région.

Invasions barbares[modifier | modifier le code]

À partir de la fin de l'Antiquité, elle n'échappe pas aux invasions barbares : elle est pillée et saccagée par les Wisigoths des rois Alaric et Athaulf (410/411). Alaric meurt sous les murailles de Cosenza et est enterré avec un important trésor dans le lit du Busento, qui arrose la ville. Le « trésor d'Alaric », qui a toujours échappé aux pillards et aux chercheurs de trésor, est toujours autant recherché.

Elle est également pillée par les Vandales installés en Afrique romaine, puis passe partiellement sous domination ostrogothique. Lors des guerres gothiques opposant les Ostrogoths aux Byzantins, elle est ravagée par les guerriers de Totila avant de passer sous domination byzantine, puis par des bandes de Francs et d'Alamans venus (en principe) aider les Goths du nouveau roi Teias.

Les Lombards pénètrent eux aussi en Calabre peu de temps après leur invasion de l'Italie et la région subit régulièrement les attaques du duché lombard de Bénévent. Le roi lombard Liutprand est peut-être à l'origine de l'actuelle ville calabraise de Longobardi, fondée vers 735, qui tire son nom du peuple lombard (les Langobards, devenus « Lombards » pour la France; Longobardi en italien).

À partir du IXe siècle, elle commence à subir les incessants raids de pirates sarrasins puis au Xe siècle, elle est peut-être atteinte et pillée par des bandes magyares qui se sont aventurées en Italie jusqu'à Bénévent.

De la période normande à aujourd'hui[modifier | modifier le code]

Au XIe siècle, elle est conquise peu à peu par des Normands.

L'antique route principale de Locri.

Le célèbre aventurier normand Robert Guiscard, arrivé en Italie en 1047, installe son repaire à San Marco Argentano (1048), sur les hauteurs du Crati. De là, il sème la terreur dans la région, pillant les monastères, rançonnant la population et harcelant les troupes byzantines. Les Normands expulsent peu à peu les Byzantins de Calabre et érigent la région en duché (1059), Robert devenant, en plus de duc d'Apulie, duc de Calabre et de Sicile. La prise de Reggio en 1061, achève la conquête normande de la Calabre. Cette dernière sert alors de base pour attaquer et conquérir la Sicile musulmane et sarrasine.

Roger de Hauteville, surnommé (le) « Bosse » ou « Bosso » pour sa robustesse, et son frère cadet de « Guiscard » s'installe à Mileto vers 1061. De là, il entame la longue conquête de la Sicile, achevée en 1091 avec la prise de Noto. En 1130, le duché normand de Calabre est rattaché au royaume normand de Sicile du roi Roger II de Sicile. Sous la période normande, après une période de troubles et de guerres succède, à partir du XIIe siècle, une période de prospérité. De nombreux édifices religieux sont construits ou rebâtis.

Le sort de la Calabre reste alors lié au royaume sicilien : passant tour à tour des Maison Hauteville aux nobles Hohenstaufen (à partir de 1194-1197/1198), puis aux Français (Angevins) (seconde moitié du XIIIe siècle), aux Espagnols, aux Habsbourgs (ceux d'Espagne et ceux d'Autriche), puis aux Bourbons. En 1445 la ville de Rende avec quatre autres villages voisins fut donné a la famille des Adorno, doges a Gênes, avec le titre de comte. La famille dogale des Adorni tient Rende jusqu'en 1529 à l'extinction de la ligne des mâles. En 1532 Rende fut donné avec le titre de marquis à Fernando de Alarçon, général de Ferdinand le Catholique et puis de Charles Quint, dont les descendants gardèrent la ville jusqu'à la chute de la féodalité en 1806. Enfin, en 1860, elle est intégrée au royaume d'Italie, réunifié.

L'industrie du fer[modifier | modifier le code]

La sidérurgie calabraise 
Lors de l'Expédition des Mille en 1860 (Risorgimento), la Calabre est réputée pour sa sidérurgie et ses fabriques d'armes. Le complexe industriel de Mongiana
Fabrique d'armes de Mongiana.
et Ferdinandea a été construit par les Bourbons et il est, à l'époque, le fleuron de l'industrie du Royaume des Deux-Siciles. À Ferdinandea, il y a trois hauts-fourneaux : le « Santa Barbara », le « Santo Ferdinando » et le « San Francesco ». Ils produisent une fonte de qualité identique à celle produite par la sidérurgie anglaise. Les hauts-fourneaux sont alimentés en charbon de bois produit à partir des forêts du massif des Serre et en minerai de fer par la mine de [Stilo]. Ce complexe employait plus de 2 000 personnes. C'est autour de cette usine que s'est développé ce « pays » des Serre. Les salariés furent les premiers au monde dans cette industrie à bénéficier, avec une participation de l'employeur d'une mutuelle pour l'assistance médicale et la pension[3].

Le déclin et la disparition de cette industrie est une conséquence de l'unité italienne.

Économie[modifier | modifier le code]

La fin de l'ère industrielle de la Calabre et du sud de l'Italie commence à partir de 1860. C'est une conséquence du marché unique qui s'instaure après l'unité de l'Italie. La suppression des protections douanières déplace le centre économique et industriel du sud vers le nord de l'Italie. Ces effets ont été si néfastes que 140 ans après la fin du royaume des Deux-Siciles, la région en souffre encore actuellement. Aujourd'hui, la Calabre est la région la plus pauvre d'Italie et elle souffre d'un chômage important.

L'économie informelle 
La volonté de travailler au pays se traduit par une forte présence de l'économie informelle et du travail au noir qui de facto, même s'il n'est pas comptabilisé, contribue à la marche de l'économie.
La Mafia 
La Calabre possède une tradition mafieuse comparable à celle de la Sicile.
  • La Mafia locale porte le nom de Ndrangheta.
  • Son développement remonte au XIXe siècle après l'unité italienne.
  • Elle est devenue depuis les années 2000 l'organisation criminelle la plus puissante d'Europe.

Agriculture[modifier | modifier le code]

Sa principale ressource est l'agriculture : oliviers, arbres fruitiers (principalement agrumes), bois (châtaignier et sapin). La Calabre produit 95 % de la culture des bergamotes. L'élevage occupe une place importante.

Huile d'olive 
C'est la seconde région italienne pour cette production.
Production viticole 
La culture de la vigne remonte à la Grande-Grèce. En 2011, elle a produit 302 000 hl de vins.

Tourisme[modifier | modifier le code]

Le tourisme est en croissance, surtout le long de la côte du côté de Tropea, d'Amantea, Capo Vaticano, sur la mer Tyrrhénienne.

les Bronzes de Riace 
Deux statues en bronze, du Ve siècle av. J.-C., sont considérées comme l'exemple le plus intéressant de l'art du bronze en Grèce. Elles sont conservées au Musée National de Reggio Calabria. Les deux statues représentent deux athlètes mesurant environ deux mètres de hauteur. Les lèvres et les bouts des seins sont en cuivre, les cils et les dents en argent, les yeux en ivoire et pâte de verre.

Elles ont été découvertes par un pêcheur à huit mètres sous la mer à 800 mètres du rivage de Riace en 1972 et restaurées à la Direction Générale des Beaux Arts à Florence.

Transport maritime[modifier | modifier le code]

Le port de Gioia Tauro a été construit pour permettre l'approvisionnement en minerai et en charbon du 5e centre sidérurgique qui devait être construit en Calabre dans les années 1970. À la suite de la crise mondiale de la sidérurgie, ce projet a été abandonné et le port a été considéré pendant de longues années comme une « friche industrielle » inutilisée.

Il est devenu le plus important port de conteneurs de Méditerranée.

Transport aérien[modifier | modifier le code]

L'Aéroport de Lamezia Terme a fortement développé ses liaisons nationales et internationales au cours des dernières années grace aux vols charters et à ceux des compagnies low-cost.

Les maffiosi italo-américains du XXe siècle Albert Anastasia et Frank Costello sont originaires de Calabre, natifs respectivement de Tropea et Lauropoli.

Émigration et immigration[modifier | modifier le code]

La Calabre est, depuis la fin du XIXe siècle, une source importante de main d'œuvre pour de nombreux pays du monde entier comme principalement l'Argentine et le Brésil en Amérique du Sud, les États-Unis, le Canada, l'Australie, la France, la Belgique, l'Allemagne et la Suisse. Cette émigration s'est tarie dans les années 1970, pour se diriger vers le nord de l'Italie, centre économique de la péninsule.

Elle devient aujourd'hui un lieu d'immigration pour de nombreuses personnes originaires d'Europe de l'Est.

Démographie[modifier | modifier le code]

Liste des communes calabraises de plus de 20 000 habitants[4] :

  1. Reggio de Calabre - 186 013 habitants
  2. Catanzaro - 93 265 hab.
  3. Lamezia Terme - 71 123 hab.
  4. Cosenza - 69 827 hab.
  5. Crotone - 61 529 hab.
  6. Corigliano Calabro - 40 533 hab.
  7. Rossano - 38 280 hab.
  8. Rende - 35 352 hab.
  9. Vibo Valentia - 33 857 hab.
  10. Castrovillari - 22 518 hab.
  11. Acri - 21 263 hab.
  12. Montalto Uffugo - 20 553 hab.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a, b, c et d van Dijk, J.P. (1992); Late Neogene fore-arc basin evolution in the Calabrian Arc (Central Mediterranean). Tectonic sequence stratigraphy and dynamic geohistory. With special reference to the geology of Central Calabria. Geologica Ultrajectina, 92, 288 pp.; On voit les référence la continue, et aussi: van Dijk, J.P., Bello, M., Brancaleoni, G.P., Cantarella, G., Costa, V., Frixa, A., Golfetto, F., Merlini, S., Riva, M., Toricelli, S., Toscano, C., and Zerilli, A. (2000); A new structural model for the northern sector of the Calabrian Arc. Tectonophysics, 324, 267-320.
  2. Dans l'Antiquité, c'était la pointe du talon de la botte italienne, la partie au sud de l'Apulie qui était appelée Calabre (en latin Calabria). La Calabria avait pour ville principale Brundisium (en italien Brindisi ; en français Brindes ou Brindisi), un important port de l'Adriatique auquel menaient les « via Appia » et « via Traiana ». (Dictionnaire Gaffiot, Tite-Live.)
  3. http://palingenesicom.blogspot.fr/2012/08/appunti-di-viaggio-da-una-citta-fantasma.html
  4. DONNÉES ISTAT

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • A. Miceli di Serrapideleo, « I conti di Rende in Calabria durante il regno di Alfonso I e di Ferrante d'Aragona (1422-1494) » in Historica, Reggio Calabria, no 2, 1974
  • A. Miceli di Serrapideleo, « San Francesco di Paola ed i miracoli dei pesci resuscitati » in Rivista Storica Calabrese, Reggio Calabria, 2007

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Antiquité romaine

Liens externes[modifier | modifier le code]