Des étudiantEs de l'Université du Québec en Outaouai seront en grève demain, le 11 novembre, dans le cadre d'une «Journée de solidarité étudiante» contre la répression.En effet, dans le cadre d'une lutte contre un monopole alimentaire et pour l'ouverture d'un café-étudiant autogéré, la répression s'est abattue sur une demi-douzaine d'étudiantEs de l'UQO. Cinq d'entre-eux ont reçu une réprimande écrite alors qu'un sixième, été suspendu pour la totalité de la session, en plus d’être interdit d’accès aux différents établissements de l’UQO.
Ce qu'on reproche au juste aux étudiantEs? D'après le
Droit du 21 octobre, l'affaire remonte à des «incidents» survenus en septembre dernier, à la cafétéria de l'université alors que des étudiants avaient organisé un boycott des services offerts par l'exploitant de la cafétéria, la compagnie Laliberté, en raison de la fermeture du café étudiant. Lors du boycott, les étudiants ont distribué de la nourriture gratuitement à leurs collègues.
D'après le journaliste, un groupe d'étudiants a alors été menacé de suspension mais seul l'un d'eux l'a été pour le reste de la session d'automne. On aurait aussi reproché à cet étudiant d'avoir enregistré les propos du Doyen des études... Le porte-parole de l'UQO, Jean Boileau, a justifié la suspension en indiquant que l'étudiant a contrevenu au code de conduite de l'UQO en perturbant le fonctionnement du service alimentaire. Hoouuu les dangereux contestataires!
Répression anti-syndicalePour une raison qui m'échappe, les associations étudiantes concernées n'appuient pas trop sur l'identité de l'étudiant suspendu. Pourtant, un communiqué de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC-FTQ) est particulièrement éclairant. En effet, David Clément, c'est son nom, est président du Syndicat des étudiant-e-s salariés de l'UQO (SEES-UQO affilié à l'Alliance) et président de l'Association étudiante du module des sciences sociales tandis que les cinq autres seraient des «leaders étudiantEs» selon le syndicat. En plus de restreindre grandement sa liberté syndicale, cette suspension prive David Clément d'un revenu comme assistant de recherche, tout en retardant de plusieurs mois ses études. Voilà qui n'est pas anodin.
Afin de contester et de dénoncer la gestion autocratique et la répression de la direction de l’UQO, les associations étudiantes des modules des Sciences sociales (AÉMSS) et du module de Psychoéducation (AÉMP) de l’UQO ont lancé un ultimatum à l'administration jeudi dernier. Soit l’UQO retire la totalité des sanctions contre les étudiantEs et le Directeur du Service des terrains et bâtiments démissionne, soit les associations étudiantes modulaires appelent à une «Journée de solidarité étudiante» le 11 novembre en plus de décréter une grève pour cette journée. Aux dernières nouvelles, l'administration n'a pas donnée suite.
Depuis l'ultimatum, 2 autres associations modulaires de l'UQO auraient également appelées à la grève mais je n'ai pu confirmer cette information contenu dans le communiqué de l'AFPC. Toutefois, l’association générale des étudiant-e-s de l'UQO a appelé ses quelques 5500 membres à participer activement à la «Journée de solidarité étudiante».
De son côté, l'AFPC dénonce les mesures d'intimidation prises à l'endroit d'étudiants et d'étudiantes de l'UQO et appuie les associations étudiantes qui seront en grève le 11 novembre. La vice-présidente exécutive régionale de l'AFPC, Maria Fitzpatrick, estime que «la suspension et les lettres de réprimande sont des mesures d'intimidation qui doivent être annulées; ce type d'action visant à bâillonner une opposition légitime et non violente est complètement démesurée et n'a pas sa place au sein d'une institution ou doivent être encouragés les débats».
«Nous sommes en faveur de la liberté d'expression, ajoute Maria Fitzpatrick, et ce qu'on fait les étudiants sanctionnés n'est que d'expression pacifique de ce droit. La direction de l'UQO devrait avoir honte d'avoir utilisé des moyens aussi radicaux pour museler une opinion dissidente. Cette attitude, au sein d'une université du réseau public québécois, est incompréhensible. Nous demandons la levée immédiate de ces sanctions.»
Vers un café autogéréNe l'oublions, tout ce branlebas de combat concerne la volonté des étudiantEs de se rapproprier les services alimentaires sur le campus. C’est donc dans ce contexte hostile que fut créé une coopérative de solidarité afin d’autogérer les cafés-bars. Ce projet a suscité l’implication et l’engouement de la communauté universitaire.
«En plus de s’attaquer à la liberté d’expression et d’association des membres de la communauté universitaire, l’UQO cherche à ralentir un projet étudiant dynamique, mobilisateur et rassembleur qui est la réappropriation des cafés-bars par l’entremise de la coopérative. l’Association étudiante du module des Sciences sociales (AÉMSS) dénonce cette dérive fascisante des établissements d’enseignement, à laquelle l’UQO participe activement», a déclaré Caroline Bourbonnais, porte-parole de l’AÉMSS.
Les associations en lutte de l’UQO militent ardemment en faveur de l’octroi de la gestion des cafés-bars à la coopérative de solidarité créée par les étudiantEs, l’Autogéré (quel beau nom!).