Souviens-toi, c’était il y a déjà une éternité, quand Internet était encore adolescent. Tu avais 4 followers sur Twitter, alors tu partageais sur Facebook les billets de blogs qui te faisaient marrer ou réagir. Et tu passais tes journées à commenter les articles de C’est la gêne. La Meuf, le Pédé, le Juif et l’Arabe te régalaient de leur plume acérée, qui pourfendait imposteurs et autres dictateurs à grands coups de « Ta gueule, machin » et « Si tu allais bien te faire cuire le cul, bidule ? ».
Ces avis toujours si subtils et si mesurés, c’était la marque de fabrique de ce blog collectif au succès fracassant, couronné d’un Golden Blog Award, qui m’a personnellement valu, ainsi qu’à nombre de comparses, certains de mes meilleurs moments d’Internet et un nombre exceptionnel de belles rencontres.
Mais pourquoi nous parle-t-il de ça aujourd’hui, vous demandez-vous aujourd’hui ? Parce qu’un jour, l’Arabe a eu l’outrecuidance de s’en prendre – dans des mots certes particulièrement fleuris – à la réalisatrice de génie du plus extraordinaire film jamais réalisé sur « les heures les plus sombres de notre histoire », qui l’a en retour trainé en justice.
Le feuilleton judiciaire qui a suivi vient de s’achever sur la condamnation de l’Arabe pour injures publiques – voilà qui satisfera les plus droitiers de nos lecteurs, qui aiment à prétendre que les arabes ne sont jamais condamnés – plaçant ce brave garçon qui s’est laissé une fois de trop emporter un peu loin par sa vergve dans une situation financière des plus délicates, puisque l’addition de cette petite plaisanterie, frais de justice des 2 parties comprises, s’élève à la modique somme de 7500€ (3500 de condamnation et 4000 de frais d’avocat).
Voilà qui fait sans doute plaisir à Morano, Copé, et autres pourfendeurs des « anonymes qui insultent cachés derrière leur écran », n’ayant toujours pas compris la nuance entre anonymat et pseudonymat, mais qui me fait personnellement tout à fait chier la bite.
Alors si je m’adresse à toi aujourd’hui, c’est en souvenir du bon vieux temps, de ces journées à enchaîner les barres de rire sur C’est la gêne au point d’avoir les abdos d’un athlète sans avoir pratiqué le moindre sport depuis 1927, de toutes ces belles rencontres, et parce que je me dis qu’un pays qui a donné 11 millions d’euros pour sauver un truc aussi pénible que l’UMP de la banqueroute doit bien pouvoir en réunir quelques milliers pour renflouer un mec aussi désagréable que l’Arabe, coupable d’avoir eu des mots un peu extrêmes dans le commentaire des propos suivants tenus par la susdite géniale réalisatrice, accusée d’avoir commis un film outrancièrement tire-larmes :
« On pleure pendant [LE CHEF D’ŒUVRE] parce que… on ne peut que pleurer. Sauf si on est un « enfant gâté » de l’époque, sauf si on se délecte du cynisme au cinéma, sauf si on considère que les émotions humaines sont une abomination ou une faiblesse. C’est du reste ce que pensait Hitler : que les émotions sont de la sensiblerie. Il est intéressant de voir que ces pisse-froid rejoignent Hitler en esprit, non ? En tout cas, s’il y a une guerre, je n’aimerais pas être dans la même tranchée que ceux qui trouvent qu’il y a ‘trop’ d’émotion dans [LE CHEF D’ŒUVRE] »
Si, en lisant ces lignes, les premiers mots qui te brûlent les lèvres sont interdits aux moins de 18 ans, tu conviendras aisément que tout ça mérite bien quelques euros de soutien à celui qui les a écrits le premier.
Allez, sois mignon(ne), clique sur http://www.leetchi.com/en/Cagnotte/242095/fe02da50
et fais tourner, surtout, fais tourner !
Ah, et évite d’insulter la réalisatrice de génie dans les commentaires, défoule-toi plutôt sur l’Arabe !