Trois exilés risquent une déportation vers l’Erythrée, dictature militaire // Three risk deportation to Eritrea

FR:

Trois personnes de nationalité érythréenne, ont été arrêtées au port de Calais alors qu’elles voulaient se rendre au Royaume-Uni, puis placées en rétention. Elles sont arrivées au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot le 26 Novembre (juste à côté de l’aéroport de Roissy), où la Cimade est présente et a donné l’alerte.

Elles ont ensuite été présentées à le.la juge des libertés et de la détention (JLD) après 2 jours de rétention, comme la loi le prévoit. Ille a confirmé la validité du placement en rétention, la prolongeant ainsi de 28 jours, après lesquels une nouvelle rencontre avec la.le même juge pourra la prolonger de 15 derniers jours. Deux d’entre eux n’ont pas pu déposer de recours dans les temps (48 heures après la notification) pour contester les obligations de quitter le territoire français (OQTF), sans pays de destination, par la Préfecture du Pas-de-Calais, car le délai était expiré depuis 45 minutes quand ils ont vu la Cimade au CRA la première fois. Tout est fait ces recours pas possibles, que ce soit le très court délai, comme le fait que les associations d’aide juridique ne soient pas présentes tout le temps le weekend dans certains CRA (un weekend c’est… 48 heures), ou que les transferts en CRA après une retenue administrative au commissariat soient faits le plus tard possible (ce qui fait que parfois les personnes voient pour la première fois l’association présente au CRA après l’expiration du délai, comme ici), ou encore l’absence de traducteur.rice lorsque les OQTF leurs sont délivrées. La troisième personne a eu la « chance » de pouvoir faire son recours dans les temps – le tribunal administratif a rejeté sa requête le 05 Décembre.

On ne sait pas bien pourquoi ni comment un.e juge, que ce soit la.le JLD ou la.le juge administratif.ve, peut ne pas libérer un.e Erythréen.ne menacé d’expulsion vers son pays, au regard de l’article 13 de la DUDH et au regard des persécutions qu’illes craignent avec raison. D’ailleurs l’Erythrée (ainsi que le Soudan pour la personne expulsée la semaine dernière) ne fait pas partie de la liste des pays sûrs émise par l’office français de protection des réfugié.e.s et apatrides (OFPRA). Il reste un seul recours suspensif contre la décision de la préfecture qui serait celui contestant une OQTF, mais cette fois avec pays de destination, si toutefois elle était notifiée par la préfecture (il est déjà arrivé que des préfectures renvoient en toute illégalité alors que le pays de destination n’avait pas été fixé). Un recours, non suspensif celui-là, est encore possible devant la cour européenne des droits de l’humain.e, lorsque l’urgence le justifiera, c’est à dire après présentation des personnes aux autorités consulaires érythréennes. La Préfecture du Pas-de-Calais aurait déjà pris contact avec celles-ci afin qu’elles rencontrent et reconnaissent les trois personnes comme ses « citoyens » , puis délivrent un laisser-passer consulaire, qui permettrait alors de les embarquer dans un avion, direction Asmara, capital de la « Corée du Nord de l’Afrique ». Le haut commissariat pour les réfugié.e.s (HCR), instance de l’ONU, semble ne pas vouloir se saisir de l’affaire au motif qu’aucun des trois ne souhaite demander l’asile en France.

Plusieurs possibilités d’actions. Le temps risque de manquer si elles sont présentées aux autorités consulaires érythréennes pour mobiliser assez rapidement des solidarités qui pourraient empêcher à nos amis un retour au pays où ils risquent leur vie, encore plus après l’avoir quitté.

RESTONS VIGILANTS ! En attendant d’autres nouvelles, nous pouvons d’ores et déjà contacter et saturer les lignes téléphoniques et boîtes mails des autorités engagées dans cette tentative de déportation et les interpeller pour leur demander de l’annuler et de libérer Monsieur E., Monsieur P. et Monsieur A. :

  • Le ministre de l’intérieur, responsable d’une décision d’une telle gravité : vous pouvez écrire à sec.immigration@interieur.gouv.fr
  • Le gouvernement et les personnes en charge des cabinets ministériels :
    jean-pierre.jouyet@elysee.fr, sylvie.hubac@elysee.fr, premier-ministre@pm.gouv.fr, bernard.cazeneuve@pm.gouv.fr, bruno.leroux@interieur.gouv.fr, thierry.lataste@interieur.gouv.fr, eric.morvan@interieur.gouv.fr, pierre-antoine.molina@interieur.gouv.fr, gabriel.kunde@interieur.gouv.fr, sec.chefcab@interieur.gouv.fr, raphael.sodini@interieur.gouv.fr, muriel.nguyen@interieur.gouv.fr, luc.derepas@interieur.gouv.fr
  • La préfète du Pas-de-Calais, auteure de la décision et qui peut l’annuler :  par téléphone: 03.21.21.20.00,  par fax : 03.21.55.30.30, sur le formulaire de la préfecture

Les frontières font les guerres, les nations font les déportations.

Les frontières tuent. Une jeune Erythréenne a d’ailleurs perdu la vie à la frontière entre l’Italie et la France il y a quelques jours, n’oublions pas tou.te.s les autres qui meurent sur le pas de notre porte tous les jours.

Aucune déportation n’est excusable! C’est la logique cynique de coopération de l’UE avec des dictatures comme l’Erythrée pour empêcher les mouvements humains à leur point de départ, sans régler le problème qui crée ces flux mais en l’invisibilisant, afin que chacun.e puisse avoir sa conscience pour soi.

no-borders-no-nations-stop-deportation

ENG:

Three Eritrean persons were arrested and detained at the port of Calais, wanting to go to the UK. They arrived at the Mesnil-Amelot detention centre on 26 November (right next to Roissy airport), in which the Cimade works, and sounded the alarm.

They were presented to the Judge of Freedoms and Detention (JLD) after 2 days of detention, as is provided by the law. The judge confirmed the validity of the detention, extending it by 28 days; a further meeting with the same judge could extend it by the last 15 days. Two of the detained were unable to file an appeal in time (48 hours after notification) to challenge the obligations to leave French territory (OQTF), without a country of destination, given by the Prefecture of Pas-de-Calais because the deadline had expired since 45 minutes when they saw the Cimade in the detention centre for the first time. Everything is done to make these appeals not possible: be it the very short time-frame, the fact that legal aid associations are not present all weekend in some detention centres (a weekend is … 48 hours), or that transfers to the detention centres after an administrative detention at the police station are made as late as possible (so sometimes the first time people see the association present at detention centre is after the deadline, as in this case), or as well the absence of a translator when the OQTFs are issued. The third person had the “opportunity” to be able to make his appeal in time – the administrative court rejected his request on December 5th.

It is unclear why or how a judge, whether the JLD or the administrative judge, may not release an Eritrean who is threatened with deportation to his country, considering Article 13 of the Universal Declaration of Human Rights and in view of the persecutions which they rightly fear. Moreover, Eritrea (as well as Sudan, where a person deported last week) is not part of the list of safe countries issued by the French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons (OFPRA). There remains only one suspensive appeal against the decision of the Prefecture which would be the one challenging an OQTF, but this time with the country of destination, if it is even announced by the prefecture (it has already happened that prefectures have deported illegally without the country of destination having been established). An appeal, not a suspensive one, is still possible before the European Court of Human Rights, when the urgency justifies it, i.e. after presentation of the persons to the consular authorities of Eritrea. The Pas-de-Calais Prefecture had already contacted them to meet and recognize the three persons as their “citizens” and then issue a document letting them pass to Eritrea, which would then enable them to board them on an airplane towards Asmara, capital of “North Korea of Africa.” The United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) seems unwilling to take up the case on the grounds that none of the three wish to seek asylum in France.

Several possibilities of actions. If the persons are presented to the Eritrean consular authorities, time may run out and people need to mobilize rather quickly to try to prevent our friends from returning to the country where they risk their lives, even more so after leaving.

STAY VIGILANT! While waiting for further news, we can already contact and saturate the telephone lines and mail boxes of the authorities involved in this deportation attempt and ask them to cancel it and free Mr E., Mr P And Mr A:

  • The Minister of the Interior, responsible for a decision of such severity: write to sec.immigration@interieur.gouv.fr
  • The government and those in charge of ministerial offices: Jean-pierre.jouyet@elysee.fr, sylvie.hubac@elysee.fr, premier-ministre@pm.gouv.fr, bernard.cazeneuve@pm.gouv.fr, bruno.leroux@interieur.gouv.fr, thierry.Lataste@interieur.gouv.fr, eric.morvan@interieur.gouv.fr, pierre-antoine.molina@interieur.gouv.fr, gabriel.kunde@interieur.gouv.fr, sec.chefcab@interieur.gouv.fr, Raphael.sodini@interieur.gouv.fr, muriel.nguyen@interieur.gouv.fr, luc.derepas@interieur.gouv.fr
  • The prefect of Pas-de-Calais, author of the decision and who can annul it: By phone: 03.21.21.20.00,  By fax: 03.21.55.30.30,  On the prefecture contact form

Borders make wars, nations make deportations.

The borders kill. A young Eritrean woman lost her life on the border between Italy and France a few days ago, let us not forget all the others who die on our doorstep every day.

No deportation is excusable! It’s the cynical logic of EU cooperation with dictatorships like Eritrea to prevent human movements at people’s point of departure, without solving the problem that creates these flows but by invisibilizing it, so that everyone can have his conscience for himself.

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