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Calais, délit de solidarité, Exilés, Italie, Paris, solidarité
La guerre aux citoyen-ne-s solidaires menée dans la fin de règne de François Hollande touche aux fondements de notre société. Peut-être comme l’Affaire Dreyfus en son temps. Qu’il s’agisse de Gwen à Paris ou d’Éric à La Roya, il s’agit bien fondamentalement de savoir dans quelle société nous voulons vivre.
« Pour les exilé-e-s, contre la démesure pénale : pétition en soutien à Gwen Mallauran
La politique de répression des luttes sociales et de la solidarité aux exilé-e-s se généralise en faisant de faits minimes autant d’affaires pénales.
Dans celle qui a suscité cette pétition, soutenue par plus de 100 personnalités, la démesure de l’autorité publique y outrage le bon sens : 29 heures de détention et d’importantes peines encourues et ce pour avoir exprimé une légitime colère…
PÉTITION :
Gwen Mallauran doit comparaitre le jeudi 2 février 2017 à 9h devant la 29ème chambre du TGI de Paris pour avoir « outragé » verbalement le préfet de région J-F Carenco, « dépositaire de l’autorité publique (…) en criant par trois fois ‘Carenco salaud’ » selon les « faits reprochés ».
Le 4 novembre dernier se déroulait, à grands renforts médiatiques, l’ultime démantèlement gigantesque d’un campement de réfugiés autour de la place Stalingrad à Paris, présenté comme une mesure favorable à leur accueil et à leur dignité. Seule face à l’hypocrisie de cette mise en scène, elle a manifesté sa colère.
À l’issue de 29 heures de détention, sa convocation devant le tribunal lui a été signifiée. Que cherche par là « l’autorité publique »?
La démesure de ces poursuites et leur sens politique dans notre contexte nous alertent. Elle était seule pour tenter de faire entendre une autre voix devant cette brutale évacuation. Nous savons trop que cette solitude résulte de nos difficultés à nous regrouper sur tous les fronts : nous ne voulons pas la laisser seule face à la répression.
Nous réclamons l’arrêt de toutes les poursuites à l’encontre de Gwen Mallauran.
PREMIERS SIGNATAIRES : José Alcala, cinéaste, Pierre Alferi, écrivain, Guy Alloucherie, metteur en scène , Mathieu Amalric, cinéaste et comédien, Paul Avoine, dessinateur, Etienne Balibar, professeur émérite de philosophie, Université de Paris-Ouest, Gilles Bannier, cinéaste, Ludivine Bantigny, historienne, Emmanuel Barot, philosophe, université Jean Jaurès (Toulouse), Aurélien Barrau, astrophysicien, Professeur à l’université Grenoble-Alpes, Arno Bertina, écrivain, Julie Bertuccelli, cinéaste, David Bobée, metteur en scène, directeur du Centre Dramatique National de Normandie-Rouen, Pascal Bonitzer, scénariste et cinéaste, Lucie Borleteau, cinéaste et comédienne, Nicolas Bouchaud, comédien, Clara Bourreau, scénariste , Guillaume Brac, réalisateur, Nicole Brenez, professeur, Geneviève Brisac, écrivain , Rodolphe Burger, musicien , Olivier Cadiot, écrivain, Judith Cahen, cinéaste, Manuel Cervera-Marzal, sociologue, Patrick Chamoiseau, écrivain, Yves Citton, professeur de littérature, Laurent Cantet, réalisateur, Jean-Paul Civeyrac, réalisateur, Enzo Cormann, écrivain, Catherine Corsini, cinéaste, Marie Cosnay, écrivain, François Cusset, écrivain et historien, Sonia Dayan-Herzbrun, sociologue, Christine Delphy, directrice de recherche émérite, CNRS , Claire Denis, cinéaste, Rokhaya Diallo, journaliste et réalisatrice, Alice Diop, cinéaste, Cédric Durand, économiste , Annie Ernaux, écrivain, David Faroult, universitaire, Philippe Faucon, réalisateur et producteur, Pascale Ferran, cinéaste, Geneviève Fraisse, philosophe, CNRS, Isabelle Garo, enseignante de philosophie, Rémo Gary, chanteur , Dyana Gaye, cinéaste, Stéphane Gérard, cinéaste, Fabrice Gobert, cinéaste , Alain Gomis, réalisateur, Yann Gonzalez, cinéaste, Dominique Grange, chanteuse engagée, Robert Guédiguian, cinéaste, Nacira Guénif, anthropologue, Chantal Jaquet, philosophe, professeur à l’université Paris Panthéon-Sorbonne , Helena Klotz, cinéaste, Stathis Kouvélakis, philosophe, King’s College Londres , Geoffroy de Lagasnerie, sociologue et philosophe, Paul Laverty, auteur et scénariste , David Lapoujade, philosophe, Olivier Le Cour Grandmaison, universitaire, Ken Loach, cinéaste, Frédéric Lordon, chercheur CNRS, Philippe Malone, écrivain, Gilles Manceron, historien, Philippe Mangeot, professeur en littérature, Maguy Marin, chorégraphe, Tonie Marshall, cinéaste, productrice et comédienne, Corinne Masiero, comédienne et citoyenne de base, Laurent Mauvignier, écrivain, Elli Medeiros, chanteuse, Cyril Mennegun, cinéaste, Daniel Mermet, journaliste, Guillaume Meurice, humoriste, Stéphanie Murat, cinéaste et comédienne, Jean-Luc Nancy, philosophe, Mariette Navarro, dramaturge et écrivain, Olivier Neveux, professeur d’études théâtrales, Ens de Lyon, Helena Noguerra, chanteuse, Rebecca O’Brien, productrice de cinéma, Paul Otchakovsky-Laurens, éditeur , Véronique Ovaldé, écrivain, Yves Pagès, écrivain et éditeur, Ugo Palheta, sociologue, université Lille 3 , Marie Payen, comédienne, Benoit Peeters, écrivain et scénariste, Willy Pelletier, sociologue et coordinateur général de la Fondation Copernic, Antonin Peretjatko, cinéaste, Nicolas Philibert, cinéaste, Aude Picault, dessinatrice, Guillaume Pigeard de Gurbert, professeur de philosophie, Roland Pfefferkorn, sociologue , Nathalie Quintane, enseignante, écrivain, Jacques Rancière, philosophe , Sophie Reine, monteuse, Philippe Renonçay, écrivain, Michèle Riot-Sarcey, historienne, Christophe Ruggia, cinéaste , Céline Sallette, comédienne, Virginie Sauveur, réalisatrice , Valentin Schaepelynck, enseignant-chercheur , Céline Sciamma, réalisatrice , Jean-François Sivadier, metteur en scène et acteur, Bernard Stiegler, philosophe, Jacques Tardi, dessinateur, Etienne Tassin, professeur de philosophie, Université Paris Diderot, Enzo Traverso, historien , Lewis Trondheim, dessinateur, Frédéric Videau, cinéaste, Tanguy Viel, écrivain, Eric Vuillard, écrivain , Martin Winckler, médecin et écrivain »
« VALLEE DE LA ROYA
LE SAF SOLIDAIRE DU DELIT D’HUMANITE
Le gouvernement n’assume pas son devoir d’humanité.
Il poursuit et harcèle ceux qui le remplissent à sa place.
Depuis plusieurs mois, des citoyens de la Vallée de la Roya, à la frontière italienne, ainsi que de nombreuses associations de défense des Droits de l’Homme, ne cessent d’alerter les pouvoirs publics, les autorités judiciaires, les représentants de l’Etat et du département, du drame humain qui se déroule sous leurs yeux.
La reconduction de l’état d’urgence a entrainé le rétablissement de la frontière entre l’Italie et la France, poussant des centaines d’exilés à se réfugier dans la Vallée pour pouvoir passer la frontière et demander l’asile en France.
Or, sans équipement, les risques qu’ils prennent sont importants et de plus en plus de réfugiés sont retrouvés dans un état sanitaire très préoccupant.
Parmi eux se trouvent de nombreux mineurs non accompagnés, livrés à eux-mêmes. L’application de la loi française doit amener à leur mise à l’abri par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance ou à la saisine du juge pour enfants.
Mais au contraire, leur droit à être protégé est nié. Même munis de justificatifs d’ouverture d’une procédure de protection, ils font l’objet de « refus d’entrée », formalisés ou pas, puis de refoulements en Italie, parfaitement illégaux et contraires au droit international.
Devant ce déni de droit et d’humanité, des citoyens n’ont d’autre choix que de se substituer à la carence d’un Etat aveugle et sourd.
Ils sauvent la vie et rétablissent la dignité de ces hommes et femmes fuyant leurs pays. Ils accomplissent les gestes de première urgence : aide, hébergement, soins et conseils.
Ce sont ceux-là que l’Etat décide de poursuivre, de placer en garde à vue et de perquisitionner de manière gratuite et brutale.
La vallée est en état de siège, sillonnée par les forces de police, de gendarmerie et par l’armée.
Le SAF dénonce le non-respect des droits fondamentaux des mineurs et – la traque des citoyens solidaires.
Le SAF demande l’abandon des poursuites pour délit de solidarité
Le SAF exige l’application de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’Homme et des libertés fondamentales et de la Convention Internationale des droits de l’Enfant et le respect par la France de ses engagements internationaux. »
« Mama Herrou écrit au procureur. La frontière, la Gestapo, l’accueil d’enfants, on connait ça chez les Herrou…
La mère de Pierre-Alain s’était exprimée ici avant son procès et ensuite après le procès ici. Aujourd’hui c’est au tour de la mère de Cédric de s’adresser au procureur et il y a des moments ou il faudrait écouter les mamans.
Lettre de la mère de Cédric au procureur Jean-Michel Prêtre.
Monsieur le Procureur, je vous fais une lettre……
Je suis la mère de celui contre lequel vous vous acharnez. Ma grand-mère paternelle a elle aussi, en 1918 passé la frontière d’Italie à pied, par les montagnes elle a perdu le bébé qu’elle portait au cours de ce périple (peut être a-t-elle croisé à ce moment là les grands mères de messieurs Ciotti et Estrosi, qui sait ?), elle s’est louée telle une bête de somme pour tirer les « charetons » je me souviens d’elle avec la lanière de cuir qui lui barrait le torse… Ma mère quant à elle était allemande, ma sœur est née dans les geôles de la Gestapo, elles ont été toutes deux libérées par les Américains ; C’est ce sang là qui coule pour moitié dans les veines de mes deux fils que vous avez fait arrêté jeudi, l’autre moitié étant du pur sang de Bretagne… c’est têtu un Breton, et ça n’a pas peur des tempêtes.
S’ils ne sont pas Français « de souche » (c’est ce qui reste d’un arbre mort, non?) ils ont des racines profondes et vivantes dans ce pays qui est le leur et qu’ils aiment.
Pour que vous compreniez… nous avons été « famille d’accueil pendant 25 ans. Cédric avait 5 ans, Morgan 7, quand les premiers enfants sont arrivés. Ils ont partagé leurs jouets, leur table, leur maison, leurs parents avec 15 enfants délaissés, de toutes origines, certains battus, violés…..
Alors quand Cedric vous dit que ces enfants qu’il voit sur nos chemins et nos routes de la Roya, ce sont ses frères et ses sœurs, il ne vous ment pas. Et quand il interpelle si fort les services de l’ASE, c’est qu’il en connaît les rouages.
Nous avons quatre enfants puisque ils ont accepté d’intégrer deux de ces enfants à leur famille, ce sont leur sœur et leur frère à présent et nous en sommes très fiers !
Voilà monsieur le Procureur, et tous ceux qui le traite de passeur, de trafiquant d’êtres humains et de voleur, voilà à qui vous avez à faire.Avec tout mon respect
Mama Herrou
« Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes » Ghandi »