Trial results – Repression

After new and new delays, nearly a year of waiting, the appeals court of Douai, which took place on October 19, finally gave the verdict for a friend charged and tried on December 14, 2015 for charges associated with participating and organizing riots in November 2015 (link, link, link). An earlier court ruled not-guilty for 2 of the three charges. The appeals court gave a verdict of “guilty” on three charges, with a suspended sentence of one year of prison.

Outraged about once again the “justice” trying to fence in our lives, we are outraged about the racism of the charges and the repressions of people who choose to associate with those outside their race and papers status. Claiming that it requires a young white person to incite people of colour – who have made revolutions in their countries, fought wars, have fled their countries for persecution for political struggles—to express outrage over systematic continuing beatings and gassings by police, this is what the appeals court reaffirmed.

Unsurprisingly, the police make cases just like this one, to shirk any responsibility for their violence and to punish those who speak out against it. In Calais (but not only), the cops have for years been taking the legitimacy of violence with impunity, acting outside the law they serve. The same cops and government officials responsible get to cover it up too. Criminalization of solidarity, racial profiling, raids (link), deportations (link), etc… are continuous and don’t stop.

In some circles, people show support for those on trial by going to hearings, finding lawyers, spreading information, making banners, noise and more. It is important but tiring. Fight the oppression of prisons by helping people from not going in them, but instead by smashing them. Fire to the prisons! Fire to cops!

A French riot police officer gesturea as he is surrounded by flames, during a demonstration against the controversial labour reforms of the French government in Paris on September 15, 2016. Opponents of France's controversial labour reforms took to the streets on September 15, 2016 for the 14th time in six months in a last-ditch bid to quash the measures that lost the Socialist government crucial support on the left. Scores of flights in and out of France were cancelled as air traffic controllers went on strike to try to force the government to repeal the changes that became law in July. / AFP PHOTO / Thomas SAMSONTHOMAS SAMSON/AFP/Getty Images

Trois exilés risquent une déportation vers l’Erythrée, dictature militaire // Three risk deportation to Eritrea

FR:

Trois personnes de nationalité érythréenne, ont été arrêtées au port de Calais alors qu’elles voulaient se rendre au Royaume-Uni, puis placées en rétention. Elles sont arrivées au centre de rétention administrative (CRA) du Mesnil-Amelot le 26 Novembre (juste à côté de l’aéroport de Roissy), où la Cimade est présente et a donné l’alerte.

Elles ont ensuite été présentées à le.la juge des libertés et de la détention (JLD) après 2 jours de rétention, comme la loi le prévoit. Ille a confirmé la validité du placement en rétention, la prolongeant ainsi de 28 jours, après lesquels une nouvelle rencontre avec la.le même juge pourra la prolonger de 15 derniers jours. Deux d’entre eux n’ont pas pu déposer de recours dans les temps (48 heures après la notification) pour contester les obligations de quitter le territoire français (OQTF), sans pays de destination, par la Préfecture du Pas-de-Calais, car le délai était expiré depuis 45 minutes quand ils ont vu la Cimade au CRA la première fois. Tout est fait ces recours pas possibles, que ce soit le très court délai, comme le fait que les associations d’aide juridique ne soient pas présentes tout le temps le weekend dans certains CRA (un weekend c’est… 48 heures), ou que les transferts en CRA après une retenue administrative au commissariat soient faits le plus tard possible (ce qui fait que parfois les personnes voient pour la première fois l’association présente au CRA après l’expiration du délai, comme ici), ou encore l’absence de traducteur.rice lorsque les OQTF leurs sont délivrées. La troisième personne a eu la « chance » de pouvoir faire son recours dans les temps – le tribunal administratif a rejeté sa requête le 05 Décembre.

On ne sait pas bien pourquoi ni comment un.e juge, que ce soit la.le JLD ou la.le juge administratif.ve, peut ne pas libérer un.e Erythréen.ne menacé d’expulsion vers son pays, au regard de l’article 13 de la DUDH et au regard des persécutions qu’illes craignent avec raison. D’ailleurs l’Erythrée (ainsi que le Soudan pour la personne expulsée la semaine dernière) ne fait pas partie de la liste des pays sûrs émise par l’office français de protection des réfugié.e.s et apatrides (OFPRA). Il reste un seul recours suspensif contre la décision de la préfecture qui serait celui contestant une OQTF, mais cette fois avec pays de destination, si toutefois elle était notifiée par la préfecture (il est déjà arrivé que des préfectures renvoient en toute illégalité alors que le pays de destination n’avait pas été fixé). Un recours, non suspensif celui-là, est encore possible devant la cour européenne des droits de l’humain.e, lorsque l’urgence le justifiera, c’est à dire après présentation des personnes aux autorités consulaires érythréennes. La Préfecture du Pas-de-Calais aurait déjà pris contact avec celles-ci afin qu’elles rencontrent et reconnaissent les trois personnes comme ses « citoyens » , puis délivrent un laisser-passer consulaire, qui permettrait alors de les embarquer dans un avion, direction Asmara, capital de la « Corée du Nord de l’Afrique ». Le haut commissariat pour les réfugié.e.s (HCR), instance de l’ONU, semble ne pas vouloir se saisir de l’affaire au motif qu’aucun des trois ne souhaite demander l’asile en France.

Plusieurs possibilités d’actions. Le temps risque de manquer si elles sont présentées aux autorités consulaires érythréennes pour mobiliser assez rapidement des solidarités qui pourraient empêcher à nos amis un retour au pays où ils risquent leur vie, encore plus après l’avoir quitté.

RESTONS VIGILANTS ! En attendant d’autres nouvelles, nous pouvons d’ores et déjà contacter et saturer les lignes téléphoniques et boîtes mails des autorités engagées dans cette tentative de déportation et les interpeller pour leur demander de l’annuler et de libérer Monsieur E., Monsieur P. et Monsieur A. :

  • Le ministre de l’intérieur, responsable d’une décision d’une telle gravité : vous pouvez écrire à sec.immigration@interieur.gouv.fr
  • Le gouvernement et les personnes en charge des cabinets ministériels :
    jean-pierre.jouyet@elysee.fr, sylvie.hubac@elysee.fr, premier-ministre@pm.gouv.fr, bernard.cazeneuve@pm.gouv.fr, bruno.leroux@interieur.gouv.fr, thierry.lataste@interieur.gouv.fr, eric.morvan@interieur.gouv.fr, pierre-antoine.molina@interieur.gouv.fr, gabriel.kunde@interieur.gouv.fr, sec.chefcab@interieur.gouv.fr, raphael.sodini@interieur.gouv.fr, muriel.nguyen@interieur.gouv.fr, luc.derepas@interieur.gouv.fr
  • La préfète du Pas-de-Calais, auteure de la décision et qui peut l’annuler :  par téléphone: 03.21.21.20.00,  par fax : 03.21.55.30.30, sur le formulaire de la préfecture

Les frontières font les guerres, les nations font les déportations.

Les frontières tuent. Une jeune Erythréenne a d’ailleurs perdu la vie à la frontière entre l’Italie et la France il y a quelques jours, n’oublions pas tou.te.s les autres qui meurent sur le pas de notre porte tous les jours.

Aucune déportation n’est excusable! C’est la logique cynique de coopération de l’UE avec des dictatures comme l’Erythrée pour empêcher les mouvements humains à leur point de départ, sans régler le problème qui crée ces flux mais en l’invisibilisant, afin que chacun.e puisse avoir sa conscience pour soi.

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ENG:

Three Eritrean persons were arrested and detained at the port of Calais, wanting to go to the UK. They arrived at the Mesnil-Amelot detention centre on 26 November (right next to Roissy airport), in which the Cimade works, and sounded the alarm.

They were presented to the Judge of Freedoms and Detention (JLD) after 2 days of detention, as is provided by the law. The judge confirmed the validity of the detention, extending it by 28 days; a further meeting with the same judge could extend it by the last 15 days. Two of the detained were unable to file an appeal in time (48 hours after notification) to challenge the obligations to leave French territory (OQTF), without a country of destination, given by the Prefecture of Pas-de-Calais because the deadline had expired since 45 minutes when they saw the Cimade in the detention centre for the first time. Everything is done to make these appeals not possible: be it the very short time-frame, the fact that legal aid associations are not present all weekend in some detention centres (a weekend is … 48 hours), or that transfers to the detention centres after an administrative detention at the police station are made as late as possible (so sometimes the first time people see the association present at detention centre is after the deadline, as in this case), or as well the absence of a translator when the OQTFs are issued. The third person had the “opportunity” to be able to make his appeal in time – the administrative court rejected his request on December 5th.

It is unclear why or how a judge, whether the JLD or the administrative judge, may not release an Eritrean who is threatened with deportation to his country, considering Article 13 of the Universal Declaration of Human Rights and in view of the persecutions which they rightly fear. Moreover, Eritrea (as well as Sudan, where a person deported last week) is not part of the list of safe countries issued by the French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons (OFPRA). There remains only one suspensive appeal against the decision of the Prefecture which would be the one challenging an OQTF, but this time with the country of destination, if it is even announced by the prefecture (it has already happened that prefectures have deported illegally without the country of destination having been established). An appeal, not a suspensive one, is still possible before the European Court of Human Rights, when the urgency justifies it, i.e. after presentation of the persons to the consular authorities of Eritrea. The Pas-de-Calais Prefecture had already contacted them to meet and recognize the three persons as their “citizens” and then issue a document letting them pass to Eritrea, which would then enable them to board them on an airplane towards Asmara, capital of “North Korea of Africa.” The United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR) seems unwilling to take up the case on the grounds that none of the three wish to seek asylum in France.

Several possibilities of actions. If the persons are presented to the Eritrean consular authorities, time may run out and people need to mobilize rather quickly to try to prevent our friends from returning to the country where they risk their lives, even more so after leaving.

STAY VIGILANT! While waiting for further news, we can already contact and saturate the telephone lines and mail boxes of the authorities involved in this deportation attempt and ask them to cancel it and free Mr E., Mr P And Mr A:

  • The Minister of the Interior, responsible for a decision of such severity: write to sec.immigration@interieur.gouv.fr
  • The government and those in charge of ministerial offices: Jean-pierre.jouyet@elysee.fr, sylvie.hubac@elysee.fr, premier-ministre@pm.gouv.fr, bernard.cazeneuve@pm.gouv.fr, bruno.leroux@interieur.gouv.fr, thierry.Lataste@interieur.gouv.fr, eric.morvan@interieur.gouv.fr, pierre-antoine.molina@interieur.gouv.fr, gabriel.kunde@interieur.gouv.fr, sec.chefcab@interieur.gouv.fr, Raphael.sodini@interieur.gouv.fr, muriel.nguyen@interieur.gouv.fr, luc.derepas@interieur.gouv.fr
  • The prefect of Pas-de-Calais, author of the decision and who can annul it: By phone: 03.21.21.20.00,  By fax: 03.21.55.30.30,  On the prefecture contact form

Borders make wars, nations make deportations.

The borders kill. A young Eritrean woman lost her life on the border between Italy and France a few days ago, let us not forget all the others who die on our doorstep every day.

No deportation is excusable! It’s the cynical logic of EU cooperation with dictatorships like Eritrea to prevent human movements at people’s point of departure, without solving the problem that creates these flows but by invisibilizing it, so that everyone can have his conscience for himself.

Deported to Sudan / Déporté au Soudan

Yesterday, Baker (a man arrested in Calais during the evictions) was deported to Khartoum, Sudan. Having received a negative response on his asylum request from OFPRA the late day before, he was put on the first morning flight. He had not embarked a flight last week.

FR:

Hier, Baker (un homme arrêté à Calais lors des expulsions) a été déporté à Khartoum, au Soudan. Ayant reçu une réponse négative sur sa demande d’asile de l’OFPRA, tard jeudi, il a été mis sur le premier vol du matin. Il n’avait pas embarqué de vol la semaine dernière.

Bruxelles 1er décembre : Procès de 6 passagères qui se sont opposées à une déportation // Bruxelles 1 Dec: Trial of 6 Passangers Who Opposed a Deportation

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FR:

La criminalisation des personnes qui s’opposent aux logiques de déportations mais également envers toutes les personnes en soutien ou en solidarité des personne sans papier et exilées suit son cours,  de l’italie à la (f)rance, en passant par la belgique.

Jeudi ce sont donc six personnes qui se sont opposées à la déportation d’une personne camerounaise qui seront jugées pour entrave à la circulation aérienne.

La justice coloniale voudrait écraser ces personnes, briser les résistances et les oppositions aux logiques de trie humain aux frontières, ne les laissons pas seules!

Opposons nous à toutes les déportations, solidarité avec les accusées  !

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LE TEXT SUIVANT DE : gettingthevoiceout.org

” Rébellion et entrave méchante à la circulation aérienne”

De Ventimiglia à Calais, de Ceuta à Melilla, de Lesbos à Athènes, à toutes les frontières et au-delà….la criminalisation de ceux qui entravent la bonne marche des politiques migratoires européennes bat son plein !

Pour exemple parmi d’autres le procès de 6 passagers ayant empêché l’expulsion d’un homme sur un vol organisé par la renommée SN Brussels Airlines, qui expulse quotidiennement les désignés indésirables.

Soyons nombreux au Palais de Justice Place Poelaert à Bruxelles ce 1 décembre à 8h 30 pour exprimer notre détermination à refuser ces tentatives d’intimidation et cette répression de ceux qui osent entraver « leur circulation aérienne » !

NoBorders,NoDeportations

Ils ont déclaré la guerre aux migrants, nous leur déclarons la guerre !

Ci-après leur appel soutenu par quelques associations Droitdel’Hommistes et le CISPM.

http://www.gettingthevoiceout.org/wordpress/wp-content/uploads/2016/11/Appel-6-h%C3%A9ros-FR.odt

 

ENG:

The criminalization of people who oppose the logic of deportations but also all the people in support or solidarity of the undocumented and exiled people continues to follow its course, from italy to france, via belgium.

On Thursday, six people who opposed the deportation of a Cameroonian person will be tried for obstructing air traffic.

Colonial justice would want to crush these people, to break the resistance and the oppositions to the logics of sorting of humans at the borders, do not leave them stand alone!

Let’s oppose all the deportations, solidarity with the accused!

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BELOW TEXT FROM: gettingthevoiceout.org

From Ventimiglia to Calais, from Ceuta to Melilla, from Lesbos to Athens, at all borders and beyond, the criminalisation of those who hinder the good functioning of European migration policies is in full swing.

As an example among many others, the prosecution of 6 passengers who hindered the deportation of a man on a flight operated by the very famous SN Brussels which daily deport the designated unwanted.

Let’s gather in front of the Court of Justice Place Poelaert in Brussels on 1st of December at 8.30 a.m. in order to show our determination to refuse these intimidation attempts and the repression of those who dare hindering ‘their air traffic’!

NoBorders, NoDeportations

They waged war against migrants, we are waging war against them!

Here below the call supported by a few “human rights associations” and the CISPM

The call call-6-heroes-en

Journée habituelle à Calais en 2016 ou le retour en masse des contrôles au faciès et rafles

Depuis le démantèlement de la Jungle, nous assistons, impuissants ou presque, à une chasse aux migrants qui déborde largement du seul sujet migratoire. En effet toutes les forces de l’ordre sont mobilisées depuis pour traquer, contrôler l’identité et la situation administrative de toute personne qui pourrait être exilée et, le cas échéant la placer en rétention et l’entraîner dans une procédure d’expulsion. Dans «toute personne qui pourrait être exilée», comprenez qu’ils contrôlent toutes les personnes racisées à leurs yeux, c’est à dire dont la couleur de peau n’est pas blanche.

Le grand retour en masse des contrôles au faciès et des rafles en France, s’ils avaient été oubliés par certains, nous replonge dans une période sombre : contrôles de masse sur des critères physiques et arrestations des indésirables, enfermement, déportation. Devoir cacher quelqu’un par peur d’une arrestation et/ou d’une déportation est une chose qu’aucun d’entre nous ne voudrait avoir vécu, de par la honte et la peur provoquées chez la personne devant être de fait protégée et cachée, et le sentiment d’absurdité et de criminalité qui sont nôtres. En fait nous ne voulons pas protéger les gens, nous voulons qu’ils puissent vivre normalement sans que personne n’ait besoin de les protéger, à part l’État. Finalement, quand on déporte une personne vers son pays d’origine ou vers un autre pays où elle pourrait être persécutée (pays d’origine, Turquie, Italie, etc.) parfois sans lui avoir même laissée la possibilité de demander l’asile dans de bonnes conditions, cela pourrait être assimilé à une persécution presque constituée par l’Etat déportant. Mais passons…


Mise en situation.

Calais, Jeudi 08 Novembre 2016. Chroniques d’une journée tristement ordinaire à Calais.

Ce jour-là nous étions comme souvent partis pour faire du copwatching, informer la population locale sur les contrôles au faciès et les exilés sur leurs droits en cas d’arrestation. Nous voilà à la gare de Calais Ville vers 19 heures, lieu de passage fréquent autant pour les habitants de la région que pour les exilés.

Après quelques arrivées de trains, infructueuses pour les forces de l’ordre puisque aucune personne de couleur n’en est sortie, et donc aucun contrôle d’identité (puisque pour rappel on ne contrôle que celles qui «n’ont pas l’air française»), un équipage de CRS décide de contrôler notre petit groupe de cinq. En effet, deux d’entre nous distribuions des tracts en français sur les contrôles aux faciès, tandis que les trois autres surveillaient les forces de l’ordre, qui elles-mêmes surveillaient les personnes descendant des trains. Donc, motif du contrôle, nous distribuions des tracts, ce qui est interdit sans autorisation selon Messieurs les CRS, apparemment non au fait de la loi ou gros menteurs. Jusqu’à preuve du contraire et disposition spéciale par arrêté préfectoral, la distribution de tracts est autorisée dans l’espace public, dont font partie les gares (nous étions qui plus est à l’extérieur de la gare). Finalement le motif du contrôle c’est simplement qu’ils s’embêtaient un peu à surveiller des passagers non contrôlables puisque blancs , et qu’on devait passablement les ennuyer à distribuer des tracts à quelques mètres d’eux sur les contrôles au faciès qu’ils pratiquent. Finalement ils ont réagi un peu comme aurait réagi la Gestapo si vous leur aviez dit à l’époque qu’ils étaient racistes… Et ils ont plus de moyens que nous quand il s’agit de nous mettre des bâtons dans les roues ! En deux temps trois mouvements, nous voilà encerclés par sept CRS, qui nous empêchent de fumer, d’utiliser nos téléphones et nous confisquent nos pièces d’identité le temps du contrôle. Tant mieux, pendant ce temps-là ce sont sept CRS en moins sur le dos des copains un peu trop colorés aux yeux des pouvoirs publics. Une fouille des sacs pour tout le monde, une palpation de sécurité pour un d’entre nous, et quelques blagues de mauvais goût plus tard – du type «un visa à Cuba, tiens une révolutionnaire» ou encore «pour quelqu’un qui fait rien vous avez beaucoup de visas dans votre passeport, vous faites partie des nouveaux bourgeois-bohème ?» – nous voilà libres. Nous n’avons pas eu notre copie de PV à la fin du contrôle. PV qui a pourtant été le motif de quelques questions d’ordre privé, du genre «c’est quoi votre travail», avec obligation de réponse si on avait envie de revoir notre pièce d’identité, bien qu’il nous ait semblé ne pas être à ce moment-là ni en garde à vue, ni en audition, ni dans l’obligation légale de répondre à ses foutues questions qui pourraient très bien servir à nous harceler par la suite (à l’inverse, imaginez ce que quelqu’un pourrait potentiellement faire s’il avait accès hors cadre légal aux adresses perso des CRS…). D’autant que le ton et la politesse des questions dudit CRS auraient fait peur à la Dame de Fer en personne. Ce petit contre-temps aura quand même duré une bonne heure, entre notre extrême dangerosité, nos fiches à la DGSI et autres longueurs sur les ondes de la place Beauvau, ils avaient de quoi faire pour une fois. Disons que ça leur demandait plus de réflexion que simplement “bronzé + pas de papiers = centre de rétention” ou “manifestant = allez les gars, on frappe fort”.

Quelques camarades nous avaient rejoints à la fin du contrôle. Comme pour donner un exemple qui vérifierait les soi-disant mensonges et diffamations écrits sur nos tracts à propos de contrôles au faciès des forces de l’ordre (selon les dire d’un des CRS au début du contrôle d’identité), voilà qu’on nous prévient qu’à 50 mètres, à l’entrée du parc Saint Pierre, quatre personnes à la peau un peu trop bronzée sont en train de se faire contrôler par des CRS. Ils ont rien compris, encore des mecs qui reviennent de quelques années de vacances sur la route pour l’Europe, et on les arrête. C’est pas comme ça que le tourisme va repartir à Calais…

Bref, on arrive alors que l’équipage d’un van de CRS est en train de contrôler quatre personnes qui parlent français, on apprendra par la suite qu’ils sont d’origine égyptienne. On commence à filmer et très vite l’un des CRS, le chef jouant le bon flic nous explique qu’ils ne sont pas dans l’illégalité et qu’ils agissent sur réquisition du procureur, et qu’il aimerait bien qu’on les laisse faire leur boulot calmement et sans poser de problèmes. Nous on aimerait qu’il nous montre la réquisition du procureur mais le petit chef veut pas, pas le droit de la voir, allez voir ailleurs.

Pendant qu’on discute – ou qu’il essaye de nous distraire selon le point de vue – on aperçoit celui à l’intérieur du van faire des appels au talkie. On a pas de talkie nous, mais on réfléchit et on sait bien ce que ça veut dire. Les renforts sont jamais très loin dans le coin. Tandis qu’ils essayent de nous dissuader de filmer le contrôle, en faisant obstacle aux caméras et en nous éloignant le plus possible de leur périmètre de contrôle (espace vital du CRS), on continue à filmer parce que, quand même ce ne sont pas les CRS qui font la loi en France, et on a bien le droit de les filmer. Comprenant qu’on arrêtera pas de filmer, ils passent au plan B. Assez classique, l’un des CRS se met à nous filmer, l’air de dire “vous voyez, moi aussi je sais le faire !”, presque moqueur. Évidemment il le fait avec son téléphone personnel, sinon c’est pas drôle. Sauf que nous on a théoriquement notre droit à l’image pour nous, puisqu’on est pas des agents dépositaires de l’autorité publique dans l’exercice de nos fonctions… Il le sait probablement très bien, et il doit aussi savoir qu’en tant que CRS et dans l’exercice de ses fonctions, il a peu voire aucun risque d’être inquiété puisque protégé par son plus grand supérieur hiérarchique, le gouvernement. D’ailleurs deux de ses collègues l’imitent, à croire que la connerie c’est contagieux ou que c’est inclus en option à la naissance chez certains.

Ça y est, les renforts arrivent ! Un van qui se met juste devant le premier, afin de cacher le contrôle et de limiter l’accès à celui-ci, dont les hommes sortent rapidement et se rapprochent de nous (la vilaine pression…) et un autre qui se met à quelques mètres, nous observant. Au cas où on aurait pas compris, les hommes de loi sont là, attention à nous. Cette fois on est un peu trop nombreux pour un contrôle d’identité, ils veillent juste au moindre faux-pas. D’ailleurs un copain commence à leur faire la morale, histoire d’échanger les rôles, sur le racisme d’état, leur foutu boulot de merde qui consiste à emmerder toute personne qui n’a pas assez l’air française. C’est pas le moment de déraper, sinon quinze CRS te tombent dessus pour outrage, reste calme, même si c’est pas facile d’accepter toute cette merde et de fermer sa gueule.

Comme si ça suffisait pas, voilà qu’un encagoulé apparemment engagé par le ministère de l’intérieur – même si c’est difficile à prouver puisqu’il cache son matricule avec son écusson CRS – confisque le téléphone d’une des personnes contrôlées. La PAF arrive, fourgon blanc banalisé, là ça sent pas bon du tout pour les copains égyptiens contrôlés, et ils l’ont très bien compris. Ça sent même la rafle à plein nez. L’un deux commence à protester. Paraîtrait qu’il sort déjà de centre de rétention. Par ici ça compte pas, tant qu’ils font leurs quotas de placements en CRA, peu importe le motif et si t’en sors tout juste (voir la Crazette n°15 de la Cimade pour plus d’histoires croustillantes sur les placements abusifs). Ils les embarquent, sans explication ni ménagement, traînant et secouant celui qui tente de protester. Salut les copains, bonne chance et désolé pour vous de ne pas avoir les bons papiers sur vous au bon moment…

On passera plus vite sur les suivants : dans les minutes qui suivent, la même équipe du monsieur avec sa cagoule qui cache son matricule contrôle un Monsieur noir à 10 mètres du précédent contrôle, plus proche de la gare. Le contrôle ne dure pas longtemps, il a des papiers en règle et parle français. Bel exemple de l’humiliation du contrôle au faciès. Encore une fois on a honte et on est désolés, mais probablement pas autant que lui.

Dans la foulée on reçoit un coup de fil, des copains français se font contrôler pas loin, près du parc Richelieu, par la fine équipe du cagoulé. La raison ? Ils filmaient un contrôle d’identité, celui de deux français pas blancs, ce qui n’est a priori pas interdit. Les deux personnes en question s’étaient déjà faites contrôler dix minutes avant.

Du coup pendant qu’ils contrôlaient les copains qui avaient filmé, les deux personnes contrôlées à l’origine s’indignaient devant les CRS des contrôles au faciès, sans qu’aucun d’entre eux ne semble choqué ni gêné de ce qu’ils font subir à longueur de journée à toutes les personnes dont la tronche ne leur revient pas parce qu’elle n’est pas 100% pur blanche. J’ai la foutue impression de me répéter. C’est toujours pareil. Police, contrôle des copains exilés, contrôle des copains français qui s’insurgent. Pas de contrôle du français blanc lambda. Jamais. Et puis quand t’entend ce même CRS cagoulé et cachant son matricule faire l’apologie d’Eric Zemmour et te dire que, vu qu’il se reconnaît dans son idéologie, il n’a absolument pas honte de faire son taf pourri et de contrôler les gens à leur gueule, ça y est là t’as vraiment envie de pleurer. Ou de l’allonger mais là tu prends des risques. Et puis le mec te sort le plus naturellement du monde que le port du matricule n’est plus obligatoire. Il ne répétera évidemment rien de tout ça quand on aura sorti nos caméras. On a la rage et le rire nerveux.

Un des copains toujours contrôlé se voit palper pour avoir utilisé son téléphone pendant le contrôle. La prochaine étape c’est quoi ? Au coin parce qu’on a parlé entre nous ? Ils font ça devant tout le monde, alors que le copain a demandé à ce que ce soit fait à l’abri des regards, comme le prévoit l’article R. 434-16 « Contrôles d’identité » du Code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie nationale : « chaque fois que les circonstances le permettent, la palpation de sécurité est pratiquée à l’abri du regard du public ». Et pour se payer notre tête jusqu’au bout, lorsqu’un copain demande à voir la réquisition du procureur pour ces contrôles d’identité, le chef accepte la requête sous condition de présenter une pièce d’identité, ce qu’il fait. Ce à quoi le CRS répond : «en fait le papier est dans l’autre camion !», voyez comme ils sont drôles. A se demander si CRS n’est pas le nom de la classe qu’il y a entre le CP et le CE1.

Bien sûr, étant tous français, avec des papiers en règles et n’ayant rien fait d’illégal, tout le monde repart libre. On a au moins la chance d’avoir les « bons » papiers.

Avant de partir, en montant dans son camion, la bête cagoulée nous gratifiera de quelques cris a priori porcins mais en tout cas assez difficiles à analyser. On a toujours pas saisi si c’était une blague islamophobe ou juste une manifestation de son instinct sauvage. Sans vouloir tomber dans la diffamation, peut-être un peu des deux. Dans tous les cas, j’ai vraiment eu pitié de lui à ce moment comme jamais dans ma vie. Même avec une cagoule je n’aurais pas osé. Même un cochon avec une cagoule n’aurait d’ailleurs probablement pas osé. On oubliera pas non plus, les recroisant dans leur camion un quart d’heure plus tard et ouvrant la fenêtre en nous voyant le à peine moqueur « bon appétit », le sourire aux lèvres visiblement contents et fiers d’avoir satisfait leurs besoins en plaisanteries et d’avoir finit la soirée sur une si bonne note.

Ce texte ne serait pas complet si nous n’ajoutions pas que, bien évidemment, sur toute cette fin d’après-midi et ce début de soirée des plus sympathiques, nous n’avons pu observer aucun contrôle d’identité d’une personne blanche. Et pourtant on en a passé du bon temps auprès des dépositaires de l’autorité publique ce jour-là. On est même retournés à la gare vers 22h30 23h pour surveiller les gendarmes qui surveillaient l’arrivée d’un train. Seuls des blancs en sont descendus, et l’un des gendarmes a laissé échapper un soupire d’ennui, disant qu’il se faisait vraiment « chier ». S’ils avaient envie de s’occuper ils auraient pu faire semblant de ne pas faire des contrôles qu’au faciès en contrôlant quelques voyageurs même s’ils avaient l’air de bon français. Mais non, apparemment ça ne fait pas partie de leur travail.

Le lendemain on recroisera une des deux dernières personnes dont nous avons filmé le contrôle, travaillant à la gare. Oui, on peut avoir le teint un peu foncé et être français, en règle et même travailler. Mais plus que ça on devrait aussi pouvoir être exilé et avoir le droit de circuler librement !

Mais à Calais en ce moment, si t’es pas assez blanc, faut te cacher pour échapper à la police et aux rafles. Le racisme d’Etat n’est pas prêt de s’arrêter, à tous de faire attention à ce qu’il ne dérive pas sur des pentes encore plus abruptes, n’oublions pas les Histoires.

Douce France…

Grèves de la faim et mouvements de protestation en série dans les CAO // Mass hunger strikes and revolts in CAOs

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Tout au long de la semaine dans de nombreux CAO, des mouvements de protestations ont eu lieu (grève de la faim, révoltes, boycotte des activités proposées par les gestionnaires…). Ces “incidents” n’ont pas vocations à sortir des centres, la “prise en charge”* et la “mise à l’abris”* des éxilées de Calais ne pourrait être entachée de quelquonques insatisfactions de la part des personnes “bénéficiaires”*.

Aucunes infos sur ces mouvements et sur la portée politique des revendications des personnes expulsées de Calais ne semble devoir se faire entendre, elles ne sont relayées par aucuns médias nationaux et encore moins par les préfectures. Seuls quelques collectifs et associations présentEs dans et autour de ces lieux ont pu relayer ce que certaines d’entre elles qualifient de “manifestation d’un malaise”, et que d’autres qualifient plutôt de mouvement de protestation ou de révoltes.

On note d’ailleurs que la capacité des exilées à exprimer leurs colères varie selon la postures des associations et collectifs en lien avec elleux.

Certaines soutiennent les exilées en leur facilitant l’accès a des moyens de diffusion et d’expression de leur revendications, notamment au CAO de Rennes où les exilées ont entamé une grève de la faim et écrit un communiqué pour protester contre le retournement de veste des préfectures concernant les personnes dublinées, qui selon les déclarations officelles avant l’expulsion du bidonville auraient du être assurées de ne pas être déportées malgrè la présence d’emprintes dans d’autres pays, promesse évidemment non tenue avec des demandes de réadmission vers l’Italie en cours.

Dans d’autres CAO  les associations administrent, se posent en gestionnaire des éxilées en adoptant des postures patriarcales tendant à nier ou minimiser la capacité des protestataires à porter elles mêmes leurs revendications, n’hésitant pas à se positionner en médiatrices/négociatrices avec les autorités, les éxilées n’ayant pas la possibilité  de s’exprimer en leurs noms, comme au  CAO de Beaucé où certaines ont également refuser de s’alimenter pour des raisons similaires à celles des personnes du CAO de Rennes.

Aujourd’hui c’est au CAO de Laon (Aisne) que la colère des exilées s’est manifestée pour des raisons qui ne sont pas précisées par les souitiens sur place. Une personne suite à ce mouvement de révolte a été placée en garde à vue pour “menaces physiques proférées contre une éducatrice” .

Il est difficile de se faire une idée de la multitude de mécontentements et de révoltes au sein des CAO, parfois très isolés et eloignés des réseaux de soutien. Il est cependant évident que celles-ci vont se multiplier dans les jours/semaines à venir compte tenu des promesses non tenues des préfectures et des tentatives de déportations dans le cadre des accords de Dublin et des personnes déboutées menacées d’OQTF présentes en nombre dans les CAO.

*ces mots sont empruntés aux déclaration des officiels. cynisme oblige…

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EN:

Throughout the week in many CAOs, protests have taken place (hunger strike, revolts, boycotts of activities proposed by managers there …). These “incidents” have no particular call to leave the centers, the “being put in care”* and the “sheltering”* of the exiles of Calais could not be tainted by some dissatisfactions on the part of the “beneficiaries.”*

No information on these movements and on the political significance of the claims of those expelled from Calais seems to be something that has to be heard – they are not relayed by any national media, and even less by the prefectures. Only a few collectives and associations present in and around these places have been able to relay what some of them describe as “a manifestation of malaise,” and which others describe instead as protest or revolts.

Moreover, the ability of the exiles to express their anger varies depending on the position of the associations and collectives associated with them.

Some support the exiles by facilitating access to means of disseminating and expressing their claims, notably at the CAO in Rennes. There, the exiles have begun a hunger strike and wrote a statement to protest against the prefectures’ flip-flopping (going back) on their word concerning those with “Dublin” fingerprints: according to official statements given before the expulsion of the jungle, these people should have been assured that they would not be deported despite the presence of fingerprints in other countries, a promise evidently not kept as there are are requests for readmission to Italy in progress.

In other CAOs, the administering associations pose as managers of the exiles by adopting patriarchal positions that tend to deny or minimize the capacity of protestors to carry out their own demands; these associations do not hesitate to position themselves as mediators/negotiators with the authorities and the exiles do not have the opportunity to express themselves in their names. E.g. in the CAO Beauce, where some people refuse to eat for reasons similar to those given in the CAO in Rennes.

Today, in the CAO of Laon (Aisne), the anger of the exiles manifested for reasons that are not specified by the supporters on site. A person following this revolt was placed in custody for “physical threats against an educator.”

It is difficult to get an idea of the multitude of dissatisfactions and revolts within CAOs, sometimes very remote and isolated from support networks. It is clear, however, that they will multiply in the coming days/weeks considering of the broken promises made by the prefectures and the attempts to deport people under the Dublin agreements, and considering the numbers of rejected persons threatened with OQTF (obligation to leave french territory) in the CAO.

* These words are taken from official statements. Cynicism required …

Marseille : manifs, occupations devant l’Ofii. Des demandeureuses d’asile réclament un toit ! // Marseille: Asylum Seekers Demand a Roof!

ofii3Depuis le 3 Novembre, un groupe de demandeureuses d’asiles afghanNEs – rejoint rapidement par des soudanaisEs –  a décidé de manifester devant l’OFII de Marseille pour demander l’accès au logement au CADA <Centre d’accueil de demandeurs d’asile> aquel ils ont droit en tant que demandeurs d’asile, mais dont ils sont prive’s depous plusieurs mois (plus d’une année pour certains).

“Nous demandons l’application de nos droits en tant que demandeurs
d’asile en France. Nous n’avons pas de logement (alors que certains
d’entre nous sont là depuis au moins un an)”

Leurs revendications de droit au logement sont soutenues par le
collectif El Manba/Soutien Migrant.e.s 13, dans la foulée des actions
collectives menées récemment en faveur du logement des personnes
migrantes mises à la rue à la veille de la trêve hivernale (demandeurs
d’asile, mineurs isolés étrangers, sans-papiers).

chronique chronologique :

ofii-2

communiqué du 16 novembre:

Suite à la mobilisation de ce matin, L’OFII PROMET D’HÉBERGER LES DEMANDEURS D’ASILE SOUS 40 JOURS…
En attendant l’hiver commence et leur seule solution reste la rue !

Les demandeurs d’asile mobilisés ont rédigé un communiqué et souhaitent le partager :

” Sans réponse de l’OFII 10 jours après notre dernière mobilisation devant ses bureaux, nous nous sommes à nouveau rassemblés au 61 boulevard Rabateau ce matin-même, à partir de 10h, afin de demander le logement en CADA (Centre d’accueil des Demandeurs d’asile) auquel nous avons droit et dont l’attribution traîne depuis des mois (parfois plus d’une année).
Cette fois-ci nous avons pu nous entretenir avec le directeur de l’OFII, qui nous a dit avoir bien pris connaissance de nos revendications et nous a promis de nous proposer des solutions de logement dans les 40 jours à venir, à Marseille ou dans les alentours.
L’ensemble des personnes présentes, une cinquantaine, majoritairement des demandeurs d’asile afghans, pakistanais et soudanais, dont quelques familles, se sont identifiées sur une liste nominative en faisant référence à leur numéro de demandeurs d’asile.
Il va sans dire que durant ces 40 jours de recherche de solutions promises, nous n’avons toujours pas de solution d’hébergement : c’est le début de l’hiver et dans la rue, c’est la loi du plus fort que nous subissons.
Nous avons toutefois décidé d’accorder notre confiance au directeur de l’OFII, respectueux du travail de l’administration et du droit français. Réciproquement, nous attendons que nos droits soient aussi respectés et qu’il tienne les engagements pris à ce jour devant nous.
Dans 40 jours, nous ferons un nouveau point public de la situation pour les personnes signataires de la liste.
Le groupe d’Afghans.”
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Communiqué du 11 novembre:

Sans réponse de l’OFII à leurs revendications d’hébergement en ce début d’hiver, les copains demandeurs d’asile reconduisent leur mobilisation au 61 boulevard Rabateau.

Chacun est invité à venir les soutenir d’autant de manières possibles à partir de 10h ce matin! Thé, café, sandwichs, matos pour occuper la place!

Voici leurs revendications rédigées dans deux communiqués :

“Nous sommes venus ici pour demander un logement pour tous. En tant que demandeur d’asile en France nous avons le droit d’exiger une place en CADA. De même, nous avons droit à des cours de français. Nous somme toujours dans la rue, comment on peut faire pour passer l’hiver ? Nous attendons une solution de logement depuis des mois (de quelques mois jusqu’à deux ans) mais aucune solution a été trouvée. Nous allons continuer notre rassemblement ici et faire pression sur l’OFII et sur les institutions compétentes afin que nos revendications soient prises en compte.
Un groupe d’Afghans”

“Nous les personnes soudanaises, nous venons à l’OFII depuis un an et plus. Nous n’avons eu aucune réponse de la part de l’OFII depuis 10, 11, 9 mois. L’hiver arrive et nous habitons toujours dans la rue. Personne de nous a donné accès, ni à une maison, même temporaire, ni à l’école pour apprendre le français, ni à la gratuité des transports, ni à la carte de sécurité sociale. Pourtant ça fait partie de nos droits de demandeurs d’asile. Ce qu’on a c’est juste une adresse postale où on peut recevoir du courrier. Pourquoi ? C’est incompréhensible.
Le groupe soudanais”


 

communiqué du collectif Manba (CSM13) du 4 novembre en soutien à la mobilisation devant l’Ofii

Un toit c’est la loi…. Et l’hébergement d’urgence aussi. Pour toutes et tous, avec ou sans papiers. Depuis 2012, c’est même reconnu par le Conseil d’État comme un droit fondamental. Pour ce qui concerne les demandeurs d’asile, on y ajoute quelques textes, conventions et règlements. C’est un droit pour tou-te-s. Une obligation pour l’Etat. Sauf qu’en pratique, avec ou sans papiers, majeurs ou mineurs, Afghans Soudanais Syriens et autres demandeurs d’asile de tant de pays differents, avec ou sans bébé malade de 9 mois, tout le monde est à la rue. Hébergements jamais donnés, ou non renouvelés. Le 115 avec la gale et les puces. Restaient les squats… Ca, c’était avant que les squats ne soient expulsés.

Les humains viennent demander des comptes à l’OFII. La rue c’est la mort. L’hiver arrive. L’OFII décide qu’ils sont fermés. Ils ne dialogueront avec personne. Même pas une petite tentative, non. Wallou, mafichi, rien, niet, néant.

Les flics passent. Premier avertissement: il faut dégager le passage. Mais puisque le passage n’est pas encombré? Ça doit signifier qu’il faut dégager tout court. Rester invisible. Ne pas avoir le droit d’exister.

De Calais à Vintimille, de Paris à Marseille, la solidarité avec les migrants ne tarira pas. Ils font pousser des barbelés? Cultivons les tenailles! Pas un pas en arrière. Solidarité avec les demandeurs d’asile en lutte pour leurs droits!


communiqué du 3  novembre:

Un groupe de demandeurs d’asile afghans a décidé de manifester devant l’OFII de Marseille jeudi (aujourd’hui) pour demander l’accès au logement au CADA auquel ils ont droit en tant que demandeurs d’asile, mais dont ils sont privés  depuis plusieurs mois (plus d’une année pour certains).

“Nous demandons l’application de nos droits en tant que demandeurs d’asile en France. Nous n’avons pas de logement (alors que certains d’entre nous sont là depuis au moins un an). L’Etat français doit nous considérer comme n’importe quel autre réfugié et nous donner tout ce à quoi nous avons droit.
Le groupe des demandeurs d’asile afghans de Marseille ”

Leurs revendications de droit au logement sont soutenues par le collectif El Manba/Soutien Migrant.e.s 13, dans la foulée des actions collectives menées récemment en faveur du logement des personnes migrantes mises à la rue à la veille de la trêve hivernale (demandeurs d’asile, mineurs isolés étrangers,  sans-papiers).

A LEUR DEMANDE, SOYONS NOMBREUX A LES SOUTENIR !
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Pour rappel, notre collectif a déjà dénoncé à plusieurs reprises les manquements de l’Etat et des institutions en matière de logement, y compris quand il s’agit de mineurs isolés étrangers, et alors que le rythme  des expulsions des lieux occupés d’habitation s’accélère à Marseille (menées manu  militari et hors de tout cadre légal, sous les invectives racistes de la police).

Depuis plusieurs mois, il dénonce aussi le discours mensonger du gouvernement sur une prétendue politique d’accueil des exilés, servi en vernis à l’expulsion du  campement de Calais, alors qu’elle ne trouve aucune application dans la réalité,  bien au contraire, et que les libertés élémentaires des migrants sont de plus en  plus gravement atteintes.


En lien,  un son de la manif du premier jour ( 5 min) pour partager l’ambiance et la détermination.

Vous pouvez écouter aussi le début du journal de midi30 de vendredi sur galère où des manifestants sont venus raconter la situation et leurs revendications

Doc vidéo sur la manif du lundi 7 novembre (Primitivi)

 

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ENGLISH:

Since 3 November, a group of Afghani asylum seekers – quickly joined by Sudanese (asylum seekers) – has decided to demonstrate in front of the OFII of Marseille to request access to housing in the CADA (Reception Center for Asylum Seekers) to which they are entitled as asylum seekers, but of which they have been deprived for several months (more than a year for some).

“We demand the enforcement of our rights as asylum seekers in France. We do not have housing (although some of us have been there for at least a year).”

Their demands for housing rights are supported by the Collective El Manba/Soutien Migrant.e.s 13, in the wake of the collective actions recently carried out in favour of housing for migrant people (asylum seekers, isolated minor foreigners, undocumented migrants)  placed on the street on the eve of the “winter truce” (a pause in evictions in France during the winter months).

Chronology:

Statement of 16 November:

Following the mobilization this morning, OFII PROMISES TO HOST ASYLUM SEEKERS WITHIN 40 DAYS …
Meanwhile the winter begins and the street remains their only solution!

The mobilized asylum seekers have drafted a communiqué and wish to share it:

“Without a reply from OFII ten days after our last mobilization in front of their offices, we again gathered at 61 Boulevard Rabateau this morning, from 10 am, to request housing in CADA (Reception Center for Asylum Seekers) to which we are entitled and whose allocation has lagged for months (sometimes more than a year).
This time, we were able to talk to the director of the OFII, who told us that he had taken note of our demands and promised us to offer housing solutions in the next 40 days, in Marseille or surrounding area.
All those present, about fifty, mostly Afghan, Pakistani and Sudanese asylum-seekers, including some families, identified themselves on a list of names with reference to their asylum-seeker number.
It goes without saying that during these 40 days in search for promised solutions, we still do not have an accommodation solution: we are at the beginning of winter and in the street, we suffer under the law of the strongest.
We decided, however, to give our confidence to the director of the OFII, respectful of the work of French administration and law. In return, we expect our rights to also be respected and that he will fulfill the commitments made in front of us on this day.
In 40 days, we will make a new public point on the situation for the people signed up on the list.
The group of Afghans.”
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Statement of 11 November:

Without response from the OFII to their demands for accommodation at the beginning of winter, the asylum seeker friends renew their mobilization at 61 Boulevard Rabateau.

Everyone is invited to support them in as many ways as possible from 10am this morning! Tea, coffee, sandwiches, materials for occupying the place!

Here are their claims written in two statements:

“We have come here to demand housing fall all. As asylum seekers in France, we have the right to demand a place in CADA, likewise, we have the right to French language courses. We
We are still in the street – how can we spend the winter? We are waiting for a housing solution for months (from a few months to up to two years) but no solution has been found. We will continue our gathering here and put pressure on the OFII and the relevant institutions so that our demands are taken into account.
A group of Afghans ”

“We, the Sudanese people, have come to the OFII for a year and more. We have had no response from OFII for 10, 11, 9 months. The winter is coming and we still live in the street. No one has given us access, neither to a house, even a temporary one, nor to a school to learn French, neither to the free transportation, nor to the social security card. Yet, it is part of our rights as asylum seekers. What we have is just a mailing address where you can receive mail. Why? It’s incomprehensible.
The Sudanese group”
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Statement from the Collective Manba (CSM13) of 4 November in support of the mobilization infront of the OFII

A roof is the law …. And emergency accommodation too. For all, with or without papers. Since 2012, it is even recognized by the Council of State as a fundamental right. As far as asylum seekers are concerned, there are some added texts, conventions and regulations. It is a right for all. A duty of the State. Except that in practice, with or without papers, adults or minors, Afghanis Sudanese Syrians and other asylum-seekers from so many different countries, with or without a sick 9-month-old baby, everyone is out on the street. Accommodations never given, or not renewed. The 115 <accomodations> with scabies and fleas. There remained squats … That was before the squats were evicted.

The humans come to hold the OFII accountable. The street is death. Winter is coming. OFII decides that they are closed. They will not talk to anyone. Not even a small attempt, no. Wallou, mafichi, nothing, niet, nil.

The cops go by. First warning: you have to clear the passage. But since the passage is not blocked? It must mean that you have to simply go away. Stay invisible. Not having the right to exist.

From Calais to Ventimiglia, from Paris to Marseille, solidarity with migrants will not dry up. Are they growing barbed wire? Grow the pincers! Not a step back. Solidarity with asylum seekers fighting for their rights! ———————————————————————————————–

Statement of 3 November:

A group of Afghan asylum seekers decided to protest before the OFII in Marseilles on Thursday (today) to request access to housing in the CADA (Reception Center for Asylum Seekers) to which they are entitled as asylum seekers, but of which they have been deprived for several months (more than a year for some).

“We demand the enforcement of our rights as asylum seekers in France. We do not have housing (although some of us have been there for at least a year). The French state must consider us like any other refugee and give us everything we have a right to.
The group of Afghan asylum seekers in Marseille ”

Their demands for housing rights are supported by the Collective El Manba/Soutien Migrant.e.s 13, in the wake of the collective actions recently carried out in favour of housing for migrant people (asylum seekers, isolated minor foreigners, undocumented migrants)  placed on the street on the eve of the “winter truce” (a pause in evictions in France during the winter months).

AT THEIR REQUEST, BE NUMEROUS TO SUPPORT THEM!
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As a reminder, our collective has already repeatedly denounced the State’s and institutions’ failures to provide housing, including in the case of unaccompanied foreign minors, and whereas the pace of evictions from occupied dwellings accelerates in Marseille (carried out in a military manner and out of any legal framework, under racist the insults from police).

For several months we have also denounced the government’s deceitful rhetoric about an alleged policy of welcoming the exiles, served in vain for the eviction of the Calais camp , whereas it finds no implimentation in reality; quite the contrary, and that that the basic freedoms of migrants are increasingly seriously violated.
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A link to the sounds of the first day (5 min) to share in the atmosphere and determination.

You can also listen to the beginning of the Friday midi30 new on galère, where protesters came to tell the situation and their demands.

Doc video on the demonstration of Monday 7 November (Primitivi)