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Les valeurs du vivant au tournant des XIXe et XXe siècles

Les valeurs du vivant au tournant des XIXe et XXe siècles

Cabanès Jean-Louis

Le darwinisme et le néo-darwinisme ont imposé un cadre notionnel dont Bergson hérite même s’il conteste le monisme de Haëckel et le « système » spencérien. La vie se perpétue et s’accroît à travers les formes évolutives du vivant, tandis que l’individu est à la fois un récapitulatif et un individu nouveau, un bourgeon en qui se manifeste la poussée vitale, mais aussi un être pour la mort. À ce gradualisme semblent correspondre sur le plan rhétorique des réseaux métaphoriques qui lient le biologique et le social, le psychique et le biologique. Dans les dix dernières années du siècle, la vie s’impose comme l’institutrice des valeurs. Elle est fécondité, elle en appelle à la productivité économique, à l’expansion des races civilisées. Donnée immédiate, socle premier, elle est aussi l’horizon final d’une éthique dans le roman de Zola, Le Docteur Pascal, comme dans les essais de Jean-Marie Guyau. Il faut réconcilier l’art et la vie, estiment, à l’instar de ce philosophe, les écrivains naturistes que Gide semble prolonger dans Les Nourritures terrestres. En réalité, il s’en distingue par l’abandon de tout solidarisme et rompt avec le gradualisme biologique. Plus généralement, les dix dernières années du siècle s’éloignent du pathos, du dramatisme dont le darwinisme s’était parfois auréolé. L’apologie de l’être en vie, c’est aussi celle de la joie dont Bergson se fait le chantre.

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