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30 janvier 2014

Chômage : Qui, de l'OCDE ou des patrons, se moque le mieux des seniors ?

Selon l'OCDE, la France doit inciter les seniors à travailler. Seul problème : 63,5% des Français âgés de 55 à 64 ans sont sans emploi. Ce qui n'empêche pas les employeurs de continuer de se séparer des plus âgés sans pour autant recruter des plus de 55 ans.




Grand spécialiste, s'il en est, du « YAKA - YFO », l'OCDE qui répète à l'envie qu'en France : « le turnover est faible et la protection des salariés en place, élevée » (en gros que nous ne partageons pas assez le temps de chômage), vient, écrit Le Monde, de faire des : « (...) recommandations explosives, dans un rapport rendu public jeudi 30 janvier. Intitulé « Vieillissement et politique de l'emploi : mieux travailler avec l'âge »

Qu'y a t-il d'explosif dans ces recommandations ?

L'OCDE dénonce tout d'abord les ruptures conventionnelles appliquées aux salariés les plus âgés. Il serait intéressant d'entendre Pierre Gattaz à ce sujet. En effet, c'est le Medef qui a lutté pour obtenir cette rupture conventionnelle.

Souvenez-vous de Laurence Parisot, la passionaria de cette nouvelle forme de licenciement : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » déclarait-elle avec gourmandise !

Ainsi nous avons découvert : le concept de « séparabilité » justifié de la façon suivante par le Medef : « La rupture conventionnelle a permis de moderniser le marché du travail et la relation salarié-employeur en instaurant une « flexisécurité » à la française»

Or, précise l'OCDE : « (...) les ruptures conventionnelles représentent plus d'un quart des fins de CDI chez les 58-60 ans, contre 16 % pour l'ensemble des Français. Contrairement aux démissions, les ruptures conventionnelles permettent aux salariés de bénéficier de droits au chômage. Un système qui constitue dès lors des « préretraites déguisées » Et, nous ajouterons, surtout de transférer à l'UNEDIC la responsabilité de ces salariés !

Outre que cette affirmation est exacte, on pourra faire remarquer à l'OCDE que s'il semble tomber de l'arbre, n'importe quel salarié français avait compris la manœuvre patronale. Il est bien évident que lorsque le Medef demandait le report de l'âge légal à la retraite, il n'envisageait pas une seconde, de maintenir plus longtemps les salariés âgés dans l'emploi !

Et l'OCDE de proposer : « (...) de rendre « moins attractives » les ruptures conventionnelles en fin de carrière (...) » Ce avec quoi, comme la CGT, nous sommes parfaitement d'accord, puisque la rupture conventionnelle est devenue l'outil préféré des DRH pour éviter des plans sociaux autrement plus contraignants, notamment en termes de reclassement. Et surtout pousser dehors des salariés pour qui on envisage absolument pas des adaptations de postes ou de conditions de travail.

Nul doute que le Medef condamnera ces arguments de l'OCDE, mais appréciera par contre la partie consacrée aux chômeurs seniors.

L'OCDE déplore que : « (...) la durée d'indemnisation maximale des chômeurs de plus de 50 ans est de trois ans, contre deux pour le reste de la population. Une durée parmi les plus longues des pays membres de l'OCDE (...) »

Rien de surprenant de la part de l'OCDE qui pour habitude de choisir le moins disant social dans ses rapports. Et l'organisation d'ajouter : « (...) L'OCDE appelle syndicats et patronat, qui discutent actuellement des règles d'indemnisation des chômeurs, à « remettre en cause » cette « filière longue ». « Les dépenses dégagées pourraient ainsi être mieux utilisées pour accompagner les chômeurs âgés vers l'emploi (…) en renforçant les aides de retour à l'emploi des seniors »

Le rédacteur du présent billet, ancien chômeur de longue durée (3 ans), ne peut que manifester sa colère. Heureusement que les seniors disposent d'une durée de 3 ans d'indemnisation, surtout quand on sait comment sont accueillies leurs candidatures. Toutes les excuses sont bonnes pour ne embaucher les plus de 50 ans !  Dont certaines que les employeurs ou DRH n'osent pas exprimer à voix haute, mais appliquent sans le moindre remord.

Florilège de propos recueillis par l'auteur du billet

Les plus de 50 ans sont plus sujets que les autres aux maladies : Cet argument est aussi sordide que celui qui consiste à éliminer des femmes jeunes au fait qu'elles ont des enfants en bas âge ou qu'elles pourraient être enceintes. En gros un plus de 50 ans ça risque plus de pathologies lourdes qu'un jeune. C'est, nous l'ont affirmé des employeurs ou DRH, sous le sceau du secret un critère d'élimination fréquent.

Les plus de 50 ans ont des prétentions salariales trop importantes : C'est dommage pour les employeurs, mais jeune avec 20 ans d'expérience, ça n'existe pas encore. Et l'expérience, ça a un prix. Toutefois, essayez si vous êtes un senior au chômage de proposer de travailler au SMIC pour redémarrer, vous verrez vite que l'objection du salaire élevé n'était qu'une allégation mensongère.

Les plus de 50 ans ne maîtrisent pas les outils de communication modernes : C'est de moins en moins vrai ! En effet, l'utilisation des nouvelles technologies est de plus en plus répandue en entreprise et les 50 ans et plus les utilisent aussi bien à titre professionnel que personnel (ordinateurs, tablettes, smartphones). Par contre, le nombre de chefs d'entreprises françaises qui ne s'en servent pas au fait qu'ils : « n'ont beaucoup trop de travail pour aller se connecter sur le net  ou taper un courrier classique ou un E-mail » est encore légion en France. En admettant que certains employés ne soient pas parfaitement familiers des nouveaux outils de communication, rien n'empêche de les former ! Encore une fois, il s'agit d'une allégation mensongère

Que viennent faire en ce cas les « aides au retour à l'emploi » des seniors proposées par l'OCDE ?

Doit-on verser une fois de plus des subsides aux employeurs pour qu'ils les recrutent ? Doit-on comme dans certains pays permettre aux entreprises de verser des salaires de 300 à 400 €, le complément étant à la charge de l'état et du contribuable ?

La vérité, c'est que les employeurs et leurs organisations syndicales ne veulent plus s'encombrer de salariés qu'ils considèrent comme trop âgés. Les seniors sont devenus l'une des premières variables d'ajustement des entreprises qu'elles soient en difficulté ou pas.

L'OCDE qui peut de temps en temps, ne pas être naïf (ou cynique) constate  : (...) les salariés ne sont pas les seuls responsables du retard français en matière d'emploi des seniors. L'OCDE pointe notamment les réticences à embaucher des plus de 50 ans côté employeurs (...) Pour contrer cette tendance, les auteurs du rapport demandent que les entreprises soient davantage contrôlées et sanctionnées. Ils avancent l'idée « d'utiliser régulièrement la méthode des candidatures fictives pour identifier la suspicion de discrimination d'une entreprise particulière ». Une fois repérée, l'entreprise devrait faire elle-même la preuve qu'elle n'a pas de pratiques discriminantes (...) »

De bonnes idées qui devraient rester des vœux pieux, dans la mesure où, les organisations patronales s'opposeront à tout contrainte, lui préférant un énième ... code de bonne conduite qui n'engagera ... que ceux qui veulent bien y croire !. 

Pour ce faire, en d'interpellation sur l'emploi de seniors, Pierre Gattaz le patron du Medef se fera fabriquer en urgence un pin's « J'aime les seniors en entreprise » qu'il pourra alterner avec celui sur lequel on peut lire « 1 million d'emplois». Facétieux non ? Que voulez-vous, on peut être patron et avoir de l'humour ...   

Source et bibliographie

Crédit image
Allergique.org

30 juillet 2013

« 35 projets » de Fillon : Un sommet de banalités et de cadeaux ... au Medef !

Rendu peu audible par le retour annoncé de Nicolas Sarkozy, François Fillon nous livre ses « 35 projets » dont la platitude peine à cacher la montagne de cadeaux offerte aux organisations patronales au cas où il deviendrait Président de la République. Revue de détail.

 

A part ses fans et ses adversaires de l'UMP, peu de gens visitent le site Force Républicaine de François Fillon. Il faut dire que depuis sa mise en place, on pouvait y lire des choses aussi intéressantes que les objectifs qui se résument à :

« Rassembler les Français et aller à la rencontre de tous ceux qui désespèrent de la République et cherchent de nouvelles raisons de s’engager
Fédérer des milliers d’adhérents de toutes professions et de toutes sensibilités pour amplifier notre action
S'engager la reconquête des territoires, avec l’UMP, dès 2014
»

Ou bien découvrir la page de dons destinée à remplir les caisses du micro parti de l'ancien premier ministre devenu au passage, conférencier via sa société « 2F Conseil » pour la modique somme de 30.000 à 50.000 euros. Que voulez-vous, préparer une primaire coûte cher ...

Néanmoins, si figurait dans les objectifs : « Présenter un projet percutant pour la France dès 2016 pour battre la majorité actuelle », on était jusque là bien en peine de trouver la trace d'un projet même anodin. Or, depuis très peu, c'est chose faite, au travers de la mise en ligne de « 35 propositions pour la France » sorte pré programme présidentiel qu'on ne peut pas vraiment qualifier de percutant.
Afin de donner un petit côté démocratique à l'exercice, les internautes peuvent voter pour ou contre chacune d'elles. Sauf que tout le monde sait que ce ne sont que des perfusés qui viennent docilement valider les projets du chef.

Sinon quelles sont les propositions ou projets de l'homme qui se verrait bien à l'Elysée en 2017 ?

Des propositions qui sont des quasi copié/collé des propos du gouvernement actuel

« L’innovation est la clé la croissance et de notre compétitivité. Innover, c’est développer les nouvelles technologies et les nouveaux produits qui assurent des marchés pour nos entreprises; c’est retrouver notre capacité d’exporter.  Je propose de renforcer les investissements d’avenir en concentrant nos efforts sur les secteurs stratégiques qui feront les ruptures de demain : transports du futur, biotechnologies, robots, économies d’énergie, réseaux d’information à très haut débit… Ces investissements d’avenir doivent être articulés avec ceux de nos partenaires européens afin de faire de l’Europe la première place de l’innovation dans le monde »

Des banalités sur l'Europe dont certaines ressemblent à des « YAKA » que François Fillon sait par avance inapplicables.

« Défendre la souveraineté nationale, c’est défendre l’Europe. Etre patriote, c’est voir dans l’Union européenne la seule réponse possible à l’émergence des nouvelles puissances et à l’instabilité du monde. Avec 28 membres, l’Europe doit être conçue sur un fonctionnement à géométrie variable autour de quatre cercles : le moteur franco-allemand, la zone euro, l’Union européenne, les partenaires de l’Union. Au cœur de l'Europe, je propose la création d’un noyau dur autour de la France et de l'Allemagne qui doivent faire converger leurs économies et leurs fiscalités (...) L’Union européenne doit être une place Forte qui sache mieux défendre ses intérêts et protéger ses frontières. Elle doit rester ouverte sur le monde, mais sur la base du donnant-donnant, face à des grands concurrents qui se protègent plus que nous. Je propose l’instauration de règles strictes de réciprocité dans les échanges internationaux, notamment les marchés publics (...) »

Nous vous laissons découvrir les autres, à l'exception toutefois de celles qui devraient réjouir les salariés français. Nous nous sommes amusés à les comparer à celles de Pierre Gattaz, le nouveau Président du Medef. En route pour le « jeu des ressemblances »

Encore une petite banalité pour commencer : « (...) Plongé dans la récession, la priorité des priorités est de créer les conditions de la croissance. Notre pays peut se redresser en travaillant plus, en innovant plus, en se réformant (...) » puis les choses sérieuses commencent

François Fillon : « (...)  je propose la suppression de la durée légale du travail, fixée à 35h, et la capacité donnée aux entreprises et aux salariés de négocier sur le terrain le temps de travail et son organisation »

Pierre Gattaz (Medef) : « (...) Les 35 heures font partie de ces dogmes qu'il faut revoir avec les partenaires sociaux. Le mieux c'est de le faire dans l'entreprise (...)  Le Monde

François Fillon : « (...) Notre coût du travail est supérieur à la moyenne européenne. Le poids des charges vampirise les marges d’investissement de nos entreprises. Je propose une baisse du cout du travail de 6% financée par une hausse de la TVA (...) »

Pierre Gattaz : « (...) Nous sommes aujourd’hui sur un niveau de coût du travail extrêmement élevé et nous demandons un transfert de 50 milliards de charges vers une fiscalité de type TVA et CSG » Medef

François Fillon : « (...) Notre code du travail est l’un des plus étouffants des pays industrialisés. Il dissuade les embauches et paralyse les entrepreneurs. Aujourd’hui le passage de 49 à 50 salariés entraine l’application de 34 législations et réglementations supplémentaires et son montant représente environ 4% de la masse salariale. Je propose que les seuils réglementaires qui régissent la vie des PME soient relevés de 50%

Pierre Gattaz : « (...) Ce que nous souhaitons au Medef ce serait de baisser de 3 à 5% par an le Code du travail, l'ensemble des 85 codes qui régissent la France. Aujourd'hui, nous sommes dans une inflation de codes, de normes, de règlements. A chaque fois quelles sont les victimes ? Ce sont les entreprises. Et quelle est la victime ultime ? C'est l'emploi (...) » Europe1

Quant au relèvement des seuils sociaux, c'est ne n'est,nous apprenait Le Monde en 2008 une nouveauté puisque : « (...) Déjà, en 2003, une proposition de loi signée par une centaine de députés de l'UMP suggérait d'assouplir la législation en dispensant de leurs obligations réglementaires, pendant cinq ans, les entreprises dont les effectifs ne dépasseraient pas de moitié les seuils sociaux de 10, 20 ou 50 salariés.(...) » On pourra d'ailleurs s'étonner que François Fillon qui préconnise cette mesure n'ait pas profité de la période 2007 à 2012 pour l'imposer. 

François Fillon : « (...) Je propose de réformer la formation professionnelle en remplaçant l’indemnisation du chômage par l’indemnisation de la formation. Ce droit à la formation serait encadré par deux contraintes : la dégressivité des allocations chômage pour inciter à la reprise d’activité et l’obligation d’accepter un emploi correspondant à la formation suivi.

Notre marché de l’emploi est trop cloisonné. Je propose la création d’un nouveau  contrat de travail alliant flexibilité et sécurité qui évite les effets de rupture entre CDD et CDI
(...) »

Quelle audace, lorsqu'on sait que les résultats du gouvernement Fillon sur le sujet. En effet, écrivait le site Juritravail, citant les chiffres de la Dares : « (...) Fin mai 2012 (...) Les catégories A, B et C totalisent 4.347.100 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, 4.621.000 en incluant les DOM (...) Dans les catégories D et E, 612.900 demandeurs d’emploi sont inscrits à Pôle emploi (...) » Et ça donne des conseils ?

Au fait que dit le Medef au sujet des allocations chômage ? : « (...) les employeurs veulent (...) revisiter en profondeur les conditions d'indemnisation, notamment en rétablissant une dégressivité des allocations pour inciter les chômeurs à reprendre plus rapidement un emploi (...) » Pierre Gattaz étant lui partisan de : (...)  limiter à 2000 euros le montant des allocations mensuelles et à un an la période totale d'indemnisation (...) »

Quant au contrat de travail alliant « flexibilité et sécurité » ce n'est ni plus ni moins que le serpent de mer du contrat de travail unique à droits progressifs. Rappelons qu'il faisait partie des engagements du candidat Sarkozy dont François Fillon était parfaitement au courant et qu'ils se sont dépêchés tous d'eux d'oublier pendant 5 ans !

François Fillon : « (...) Grâce aux réformes, le crash financier de notre régime par répartition a été évité (...) Je propose d’augmenter la durée d’activité en jouant à la fois sur une hausse de l’âge légal de départ en retraite qui doit progressivement atteindre 65 ans et une augmentation de la durée de cotisation (...) »

Parlons en des réformes des retraites organisées par François Fillon et son gouvernement ! Celles de 2003 et 2010 ont été tellement mal ficelées qu'il faut en refaire une dare-dare pour tenter d'équilibrer le système en 2020. Néanmoins, une fois de plus, le copié /collé Gattaz et Fillon est étonnant

Pierre Gattaz : « (...) plaide pour une hausse de la durée des cotisations retraite et un report de l’âge légal à 65 ans (...) La Dépêche

Quant à la capitalisation retraite, une fois de plus François Fillon est en osmose avec le patron du Medef

François Fillon : « Pour sécuriser le système par répartition, le développement d’un troisième étage de retraite par capitalisation est nécessaire.(...) »

Pierre Gattaz : « Il convient de développer la retraite par capitalisation de manière complémentaire au "système cœur" par répartition (...) » Politis

En résumé, un programme social et économique rédigé sur mesures, par les spécialistes du Medef ! Certes, 2017 est encore loin, mais en ce qui concerne François Fillon et son programme, les salariés sont d'ores et déjà prévenus !

25 juillet 2013

Retraites : Le Medef se fout de la gueule des salariés

Les dernières propositions du Medef sur la réforme des retraites sont une insulte aux millions de salariés qui font fonctionner au quotidien les entreprises. Mais, monsieur Gattaz et son organisation semblent assez satisfaits de leurs outrances !



La retraite à 70 ans, ça vous tente ? Hé bien c'est l'une des propositions du Medef pour assurer l'avenir des régimes de retraites.

Comment ça ? direz-vous.

Extrait du communiqué publié sur le site officiel du Medef : « (...) Seul un relèvement de l'âge légal de la retraite couplé à un allongement de la durée de cotisation est susceptible de rétablir durablement l'équilibre du système de retraite en respectant une solidarité intergénérationnelle. D'après les estimations du MEDEF, à horizon 2020, une durée de cotisation portée à 43 annuités et un relèvement de l'âge légal à 63 ans seraient un premier pas susceptible d'engager un redressement de la situation. Il est à noter que, même dans ce cas de figure, la France resterait en deçà de l'âge légal effectif dans les autres pays européens (65 ans, voire 67 ans déjà programmés dans plusieurs pays). A défaut d'agir sur l'âge légal, il conviendra que la durée de cotisation augmente très rapidement pour rétablir un équilibre financier, soit 44 annuités en 2020 » 

Faites un rapide calcul. A condition d'avoir une vie professionnelle linéaire : l'âge moyen pour un premier CDI étant de 27 ans + 44 ans de cotisation = 71 ans. Ce qui n'empêche par le Medef d'écrire : « (...) La pérennité de notre système de retraite par répartition est un enjeu majeur pour notre société. Il importe aujourd'hui que nos concitoyens, et notamment les salariés, aient confiance dans le système actuel et futur (...) »

C'est au nom de ce raisonnement que le même Medef écrit plus loin : « (...) La situation économique dégradée des entreprises françaises rend impossible toute solution visant à augmenter les charges qu'elles payent à moins de choisir délibérément d'augmenter le chômage à terme. Rappelons que les entreprises françaises ont un taux de marge de 28 % contre 40 % pour la moyenne européenne : une augmentation de 0,1 % des cotisations sociales des entreprises représente 2 000 à 6 000 postes détruits à court terme (2015) et 6 à 12 000 postes à long terme (5-10 ans) »

En clair, la solidarité ce n'est pas le problème des employeurs mais seulement celui des salariés. Belle mentalité ! Et le Medef d'ajouter : « (...) Il est donc indispensable, pour notre avenir et pour redonner confiance notamment aux salariés, que la réforme annoncée permette d'équilibrer notre régime de manière structurelle, lisible et transparente (...) » d'où le fameux : « (...) il conviendra que la durée de cotisation augmente très rapidement pour rétablir un équilibre financier, soit 44 annuités en 2020 » 

Mais ce n'est pas tout puisque dans ses propositions le Medef n'oublie pas ses adhérents bancassureurs : « (..) il convient de développer la retraite par capitalisation de manière complémentaire au «système cœur» par répartition (...) Dans le même temps, le taux de remplacement est plus bas chez les cadres que chez les non cadres. Encourager un complément de retraite par capitalisation, notamment chez les jeunes cadres, permettrait donc de leur assurer un meilleur taux de remplacement et donnerait une souplesse supplémentaire pour équilibrer le régime général »

Et Pierre Gattaz, de conclure : « Aujourd'hui, les Français sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. L'incertitude qui pèse sur le système de retraite actuel participe à cette inquiétude. Il est de notre devoir et de celui du gouvernement de tenir un discours de vérité et de proposer des réformes courageuses et ambitieuses qui redonnent confiance à nos concitoyens (...) »

Clairement, monsieur Gattaz et son organisation se foutent de la gueule des salariés et semblent assez satisfaits de leurs outrances ! Car l'angoisse c'est le chômage et la peur de ne pas avoir une retraite suffisante pour survivre. Mais « que diable » aurait pu dire Ernest-Antoine Sellières, l'un des prédécesseurs de Pierre Gattaz : On peut être patron et avoir de l'humour !

D'autant que le Medef n'envisage à aucun moment de s'engager sur le maintien dans l'emploi ou l'embauche des salariés ou chômeurs de 55 ans et plus. Rappellons au passage que l'adaptation des postes de travail où la prise en compte de la pénibilité doit être un autre excellent sujet d'amusement au siège du Medef.

En gros le salarié et son « coût » seraient les seuls obstacles à une France plus compétitive. Mais on n'est pas à une insulte près vis à vis de salariés qui se battent pourtant tous les jours pour faire tourner les entreprises de ce pays. Salariés dont on n'hésite pas à se séparer avec l'aide de la rupture conventionnelle (invention du Medef), ce bel outil qui sert essentiellement à faire payer par l'UNEDIC les dernières années des seniors (58-60 ans) avant l'âge de la retraite !

D'après un reportage réalisé par Rue89 chez Radiall l'entreprise de Pierre Gattaz, celui-ci aurait dit à l'un de ses salariés : « la lutte des classes, c’est terminé » et qu'en termes de dialogue social dans cette entreprise : « Les gens peuvent s’exprimer. Mais ça n’est jamais sur des remises en cause profondes. C’est pour dire qu’Untel s’est mal garé sur la place de parking ». Les salariés français sont maintenant prévenus de la façon dont le Medef de monsieur Gattaz va les traiter ! 


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18 juin 2013

Retraites : Le Medef propose de travailler plus ... tout au long de la vie et tout au long de l'année !

Dernière ligne droite pour Laurence Parisot avant de céder son siège de présidente du Medef. En forme de cadeau souvenir aux salariés, elle propose : « d'augmenter notre quantité de travail tout au long de la vie et tout au long de l'année ». Donc, travailler plus, sans la moindre garantie d'avoir le droit, un jour, à une retraite décente.

Dans quelques jours, Laurence Parisot va pouvoir passer plus de temps dans sa maison de Saint Barth et peut être un peu mieux justifier les 22 000 euro mensuels qu'elle se versait en tant que patronne de l'IFOP, en tant que : chargée de la veille stratégique de l'IFOP, le tout pour : « une demi-journée par semaine ». Néanmoins, cela ne semble pas suffisant pour apaiser le dépit qu'elle doit ressentir à l'idée de laisser sa place, alors qu'elle espérait bien rempiler pour un nouveau mandat.

Est ce ce dépit qui l'a poussée à commenter de façon vindicative le rapport de Yannick Moreau sur les retraites qui doit servir de base de négociation aux partenaires sociaux pour la énième « réforme » des retraites ?

Laurence Parisot : « A court terme, les leviers d'action envisagés [dans le rapport Moreau] sont une fois de plus des pistes fiscales, de hausse des cotisations des employeurs et des salariés. C'est inacceptable, inenvisageable, irresponsable. C'est faire comme si personne n'avait entendu parler de la chute de la compétitivité des entreprises françaises, du décrochage de l'économie et de la régression du pouvoir d'achat des salariés ( ...) La piste de l'âge et celle de la durée de cotisation sont considérées marginalement. Notre message sera celui du travail. Nous ne sortirons des difficultés qu'à condition d'augmenter notre quantité de travail tout au long de la vie et tout au long de l'année »

Les chômeurs actuels et futurs, de tous âges apprécieront !

Néanmoins, à y regarder de plus près, on constate que notre amie Laurence mélange allègrement les torchons et les serviettes. En effet, quel est le lien entre la durée légale du travail qu'elle n'a cessé de combattre en réclamant son abrogation, la compétitivité et l'avenir des régimes de retraites ?

Réponse : aucun. Si ce n'est une crise d'hystérie ultra libérale, due probablement à la frustration de ne pas avoir réussi à imposer aux salariés français des semaines de 48H00 payées au tarif de 35, licenciables à volonté et sans recours possible et, surtout, de ne pas avoir apporté aux banques et assureurs adhérents du Medef la rente de la retraite par capitalisation.

Analysons la situation par rapport à cette boulimie d'heures de travail réclamée par madame Parisot

Les carnets de commande des entreprises sont pleins à ce point qu'il soit nécessaire de faire travailler les salariés plus et plus longtemps ?

La réponse est non !

Les entreprises française relocalisent-elles au point qu'elles manquent de salariés ?

La réponse est non !

Les salariés sont-ils responsables d'une situation où les entreprises ont préféré ignorer l'innovation ou s'installer à l'étranger pour des raisons de normes sociales inexistantes ?

La réponse est non !

Les entreprises se battent-elles pour conserver à l'effectif les salariés de plus de 55 ans pour leur savoir-faire ?

La réponse est non !

Les entreprises recrutent-elles des chômeurs de plus de 55 ans ?

La réponse est non !

Dans ces conditions, comment exiger qu'on repousse la date de départ à la retraite. Et surtout pourquoi ?

Tout d'abord, par pure idéologie libérale. Ensuite, et surtout parce que le marché français de la capitalisation retraite est marginal. Il est clair qu'en allongeant et en déplaçant sans fin l'âge de départ à la retraite, les jeunes génération finiront par être demandeuses de plan retraites capitalisation leur permettant, de partir avant d'avoir obtenu le taux plein.

Ce qui, vous diront les économistes proches du patronat, sauvera définitivement notre système de retraites, puisqu'il ne versera quasiment plus que des pensions amputées par le fait que quasiment personne ne sera susceptible de cotiser au delà de 42, 43 ou 44 ans.

Conclusion de cette théorie fumeuse : Une paupérisation des retraités qui n'auront pas pu bénéficier d'un salaire décent pour épargner correctement sur un plan de capitalisation individuel. Or, lorsque l'INSSE indiquait  que :  50% des salariés gagnent moins de 1675 euros, et que les ouvriers sont payés en moyenne 1583 euros, on prend toute la mesure du désastre à venir. D'autant qu'il n'y a aucune raison pour que le loyer, les dépenses de nourriture ou d'habillement, de transports ou de santé diminuent.

Certes mais les banques et les assureurs qui ont tous laissé des plumes dans la crise des subprimes ou la crise des dettes des états ont besoin d'argent frais investi sur le long terme. Et dans la mesure où les plans de capitalisation retraite rendraient captive l'épargne des français sur des durées de 30 à 40 ans, cela représenterait une formidable aubaine et ... de beaux bénéfices pour les actionnaires de ces fonds de pension à la française. 

Alors, madame Parisot, arrêtez de vous servir de la compétitivité et de la régression du pouvoir d'achat pour justifier l'injustifiable en matière de retraites. A cause de la mondialisation, vous savez pertinemment que les emplois ne reviendront pas, à moins bien évidemment, que les salariés français acceptent d'être payés au tarif roumain, chinois ou Bengalis. Vous savez de toute façon que l'informatisation accrue des moyens de production réclamera toujours moins de personnel. Tout comme vous savez que le tout export initié par l'Allemagne prendra fin un jour faute d'acheteurs.

Expliquez plutôt aux salariés français que l'avenir de la retraite par répartition est probablement le cadet de vos soucis et que le rêve, partagé par de nombreux dirigeants de votre organisation patronale, d'éradiquer le programme du Conseil National de la Résistance reste un des objectifs prioritaires. Là au moins, vous serez crédible !

29 mai 2013

OCDE et Europe : La précarité généralisée comme réponse au chômage !

Selon l'OCDE et la Commission européenne, il suffirait que la France assouplisse encore son marché du travail, bloque les salaires, mette en place un SMIC jeunes et baisse les cotisations patronales pour faire baisser le chômage. En gros, la recette appliquée en Espagne, en Italie ou au Portugal avec le résultat qu'on connaît !
L'élément de langage est bien rôdé, si le chômage est au plus haut en Europe, c'est à cause des égoïstes qui ont un emploi et refusent de le partager avec ceux qui n'en n'ont pas. 

On peut en lire une synthèse, sous la plume de Hélène Syed Zwick, sur le site Fenêtre sur l'Europe  : « (...) La détérioration généralisée de la situation des marchés du travail nationaux en Europe, dont les causes structurelles sont désormais identifiées, exige des réformes en profondeur. Les nouveaux gouvernements en Espagne (Rajoy) et en Italie (Monti), mais aussi au Portugal (Passos Coehlo) se sont engagés à réformer leurs codes du travail respectifs. Ces pays, tout comme demain, inévitablement, la France et même l’Allemagne, sont confrontés à une problématique de fond identique : réduire le dualisme sur leur marché du travail qui scinde la population active en deux et qui fournit à une partie, sécurité et stabilité de l’emploi et à l’autre, majoritaire, une précarité génératrice d’insécurité et d’incertitudes (...) » Voir aussi : Réformes des marchés du travail, Espagne, Italie, Portugal

Avouez que lorsqu'on travaille dans le privé pour un salaire qui oscille entre 1300 et 1500 € brut par mois, se faire traiter de privilégié est assez surprenant. Néanmoins, les experts de l'OCDE et de la Commission européenne qui se moquent complètement de savoir si on peut se loger, se vêtir et manger correctement, avec de tels revenus le pensent !

C'est donc au nom de ce constat que l'OCDE et la Commission européenne viennent de demander à la France un certain nombre de réformes, essentielles pour eux, pour faire baisser le chômage de masse.

Pour l'OCDE « (...) Il faut donc accélérer les réformes (...) encourager la modération salariale et mettre en oeuvre un salaire minimum plus faible pour les jeunes adultes (...) »

En clair essayer de remettre en place le fameux « SMIC jeunes » baptisé par Edouard Balladur : Contrat d'insertion professionnelle 

Le seul problème pour ce type de contrat, c'est qu'une entreprise n'embauche que lorsque son carnet de commande le permet et non pas uniquement sur un critère de très bas salaire. Par contre, elle génère un effet pervers  : Elle se transforme vite en effet d'aubaine pour certains employeurs. En effet, elle ouvre la possibilité de recruter en priorité des salariés sous payés au détriment de salariés considérés plus chers.  Imaginez l'effet dans le cas où on assouplirait encore plus les conditions de licenciement !

Pour la Commission européenne  : « (...) le pacte pour la compétitivité, inspiré du rapport Gallois, et l'accord sur l'emploi, négocié par les partenaires sociaux, constituent des premiers pas dans la bonne direction. Pour M. Rehn (commissaire européen), il faut accélérer le rythme et l'ampleur des réformes (...) »

Traduction : comme l'écrivait l'un des candidats à la présidence du Medef, il faut passer à la version 2 de l'ANI et transformer chaque salarié en précaire permanent. Sans se poser, bien entendu, de question sur le fait qu'en fonction de l'âge ou de la capacité à changer de métier,  certains salariés, devenus chômeurs, ne retrouveront plus aucun emploi. 

Il suffira vous diront l'OCDE et la Commission européenne, de les cantonner à des mini jobs rémunérés à 3 ou 400 € par mois, comme en Allemagne où, sans cette astuce, le taux de chômage atteindrait 12%

Hé oui braves gens : « Le plein emploi est possible grâce à la totale précarité »  est en marche !


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Faujour

27 mai 2013

Chômage : Au Medef on aime l'idée des mini jobs !

Alors que la date de l'élection du futur président du Medef approche, les candidats rivalisent d'imagination pour proposer des solutions de plus en plus ... précaires pour les salariés. Dernière idée en date : Créer des mini jobs à la française en s'inspirant de leur très controversé modèle allemand.



Les candidats à la présidence du Medef n'en sont pas à une outrance près face au nombre record de chômeurs que connaît la France. Il y a peu, nous évoquions l'idée de Patrick Bernasconi qui proposait, alors que l'accord ANI vient seulement d'être validé par le parlement, de passer à une phase II de la flexibilité.

Histoire de ne pas être en reste, son concurrent Geoffroy Roux de Bézieux vient aujourd'hui de confier dans une interview au site web du magazine Challenge : « Il faut se poser la question des mini-jobs en France ».


Roux de Bézieux: "Il faut se poser la question... par Challenges


Mini jobs késako ?

C'est une invention allemande qu'on doit au gouvernement de Gerhard Schröder. Ils font partie des lois Hartz : « (...) mises en place entre 2003 et 2005 en Allemagne dans le cadre du vaste programme de réforme de l’État social (...) » nous explique le site des Missions allemandes en France. Ils figurent au chapitre Hartz II (application rétroactive au 1er janvier 2003) : « Soutien aux emplois faiblement rémunérés (« Mini-Jobs » (< 400 €) et « Midi-Jobs » (400-800 €) via des exonérations de cotisations salariales » Lire aussi le dossier très complet du CIRAC : « Les mini-jobs, une perspective pour les chômeurs ? »

Nous ne doutons pas que certains beaux esprits nous ressortent la litanie sur l'Allemagne : « Un vrai miracle économique: un taux de chômage historiquement bas, un commerce extérieur florissant, une croissance meilleure qu'en France, des PME orientées vers les nouvelles technologies... » histoire de valider un des volets les plus controversés de ces fameuses lois Hartz. 

L'Expansion en décembre 2012 nous expliquait l'effet pervers des mini jobs : « (...) Dans plusieurs secteurs comme la restauration, les "minijobs" ont pris la place de vrais emplois soumis aux charges sociales (...) l'Agence allemande pour l'emploi recense 7,4 millions de contrats de travail de ce type (...) » au point que, la fédération allemande des services, Ver.di critiquait : « (...) l'utilisation abusive de ce type de contrat, dans le commerce de détail notamment, qui s'en sert pour remplacer les contrats traditionnels à temps partiel (...) »

En octobre 2011, Slovar les Nouvelles évoquait les : « les failles et les défis du modèle allemand » dans lequel étaient cités les mini jobs allemands , se référant à un article/dossier

du très pertinent site Myeurop.

Extraits : « (...) un système qui, par vases communicants, aurait progressivement fait passer plusieurs millions d’allemands des listes de chômeurs à ceux de quasi-chômeurs ou travailleurs pauvres (...) Une responsable de l’Arbeitsagentur d’Hambourg (Pôle-emploi allemand), souhaitant garder l’anonymat, ne cache pas sa colère : Qu’on arrête de parler de miracle économique. Aujourd’hui, le gouvernement répète que nous sommes aux alentours de 3 millions de chômeurs, ce qui serait effectivement historique. La réalité est toute autre, 6 millions de personnes touchent Hartz IV, ce sont tous des chômeurs ou des grands précaires. Le vrai chiffre n’est pas 3 millions de chômeurs mais 9 millions de précaires (...) »

« Les Mini-Jobs : des contrats à temps partiel, payés 400 euros par mois, qui permettent aux employeurs d’être exonérés de charges mais prive ses bénéficiaires d’assurance maladie et travail. Ils n'ouvrent aucun droit à la retraite ou aux allocations chômage (...) » Ils : (...) tiennent le haut du pavé, avec une augmentation de 47,7%, simplement devancés par le boom de l’intérim (+134%) (...) Certaines entreprises ont voulu tirer profit du système, privilégiant, par exemple, deux ou trois mini-jobs, fiscalement neutres, à l’embauche d’un salarié en plein-temps (...) » 

Myeurop cite le cas de ce retraité qui sert des parts de gâteau à la cafétéria d’un centre de soins : « En tant que retraité je touche 525 euros par mois. Je paye un loyer de 440 euros. Avec téléphone, le gaz, etc, il faut rajouter 150 euros. Et cela ne suffit pas. Il faut bien vivre de quelque chose c’est pour ca que je travaille ici. Wolgang travaille donc 20 heures par semaine dans ce centre, et cela pour 390 euros par mois (...) »

C'est donc cette solution qui, avec la flexibilité accrue, face au chômage de plus de 17 millions de personnes en Europe, semble avoir les faveurs de M. Roux de Bézieux, de Karel Van Eetveld, le patron de l'union flamande des entrepreneurs indépendants qui propose une adaptation des mini-jobs à la Belgique ou du patronat espagnol qui y verrait un moyen de payer les salariés en dessous du SMIC local

Logiquement, M. Roux de Bézieux ne devrait donc pas tarder à nous proposer les fameux jobs à 1 € qui sont également « un des atouts » du système allemand et que Laurent Wauquiez rêvait d'imposer en France. En effet, en cumulant les mini jobs et les jobs à 1 euro, les chiffres du chômage devraient rapidement baisser au profit d'une précarité et d'une misère qui ne semblent pas tracasser les organisations patronales d'Europe. 

« Le miracle allemand n'est en effet que mirage - voire cauchemar - pour une partie importante des travailleurs allemands, en l'occurrence pour près de cinq millions d'entre eux ! » écrivait l'économiste Michel Santi sur le HuffPost.

Rien à ajouter, si ce n'est se battre contre l'application de ces vecteurs de misère durables !

13 mai 2013

43 ans de cotisations : Le cheval de troie de la capitalisation retraite !

Le Medef veut absolument repousser l'âge légal de la retraite à 65 ans et allonger la durée de cotisation à 43 ans. Ce qui, compte tenu de l'âge du premier emploi, reviendrait à condamner les salariés à partir à 70 ans ou cotiser 47 ans !

Même si Laurence Parisot vit ses dernières semaines de présidente du Medef, c'est elle qui représente l'organisation patronale reçue par Jean-Marc Ayrault, dans le cadre de la préparation de la conférence sociale des 20 et 21 juin. 

Conférence au cours de laquelle sera évoqué, entre autre, l'avenir des régimes de retraite.
Egale à elle même, elle a déclaré : « (...) Il convient, dans un objectif de moyen terme, d'allonger la durée de cotisation (...) Notre préconisation est d'allonger la durée de cotisation à 43 ans d'ici 2020 et de repousser l'âge légal de la retraite à au moins 65 ans à l'horizon 2040 (...) »

On aura beau rétorquer à notre « amie » Laurence que : L'âge moyen du premier emploi stable était de 20,5 ans en 1975, de 22,5 ans en 1992 et de 27 ans en 2009. Ce qui signifie, si on applique la demande d'allongement de la durée de cotisation proposé par le Medef, que pour obtenir le droit de partir à la retraite, à taux plein, il serait nécessaire de travailler jusqu'à 70 ans. Quant à ceux qui auraient commencé à travailler à partir de 18 ans, le report de l'âge de départ à la retraite leur ferait cotiser 47 ans pour obtenir le même taux plein ! Le tout, bien entendu dans un contexte où on dénombre 5,033 millions de français au chômage, dont moins d'un inscrit sur deux est indemnisé.

Les propos de madame Parisot sont d'autant plus cyniques que, comme nous le révélait un dossier étude de l'INSEE, en mars 2013 : « Le taux d’activité des personnes de plus de 55 ans est particulièrement faible en France, surtout pour les hommes, dont le taux d’activité est l’un des plus bas de l’Union européenne (...)  » Tout en sachant que ce taux est de 19,8% pour ... les 60-64 ans. Quant aux chômeurs de 56 à 64 ans, il leur est à la limite plus facile de gagner la cagnotte du LOTO que de retrouver un emploi !

En gros, on s'achemine vers des comptes en équilibre et des générations de retraités de plus en plus précaires. Mais que faire pour éviter ce cauchemar ?

Hé bien, très simplement en appliquant aux retraites le même système qu'à la santé. En effet, hormis être éligible à la CMU, qui aujourd'hui en France peut se passer d'une assurance complémentaire de santé privée ? 

En fonction de ses revenus il est donc possible de choisir un contrat haut de gamme ou d'entrée de gamme, ce qui à la sortie donne des résultats très différents pour les patients assurés ! Néanmoins, il faut savoir que si en 2010, les français ont versé 25,4 milliards de cotisation santé, ils ont laissé environ 22% de ces cotisations aux organismes complémentaires d'assurance maladie, nous apprend Que Choisir.  Ce qui, vous l'avouerez représente un joli pactole et surtout une jolie rente !

Or, le prochain pactole/rente que visent le Medef et ses adhérents bancassureurs c'est celui de la retraite !

Soyons logiques un instant : Il est clair qu'un jeune salarié à qui on va expliquer qu'il devra attendre 65 ou 70 ans pour obtenir une retraite à taux plein, dont l'indexation sera remise régulièrement en cause, sera sensible au fait de cotiser à un plan de capitalisation individuel,  qui pourrait lui permettre de pouvoir partir plus tôt, et dans de meilleures conditions. 

C'était d'ailleurs le sens de ce que disait l'ancien assureur Xavier Bertrand, ce matin sur Europe1, en parlant (6' 04) de la mise en place de la capitalisation retraite qui est, comme par hasard, une demande du Medef ! 


Xavier Bertrand : "Les retraités sont les... par Europe1fr


Mais, il n'y a que des avantages, vous expliquerons certains !

Pour ceux qui ont une bonne situation et de bon revenus, certainement. Quant aux autres, c'est à dire la très grande majorité dont le salaire se situe entre 1200 et 1700 €, le montant de l'épargne qu'ils pourront affecter à leur retraire privée sera faible. Et si on ajoute à celà les périodes où ils ne pourront rien épargner pour cause de difficultés familiales ou de chômage, à terme, sur une durée d'environ 45 ans, le résultat risque d'être très peu significatif. 

De plus, à part quelques charlatans, nul n'est capable de prédire ce vaudra l'argent placé durant 20, 30 et à fortiori 45 ans dans un fonds de retraite privé. Les salariés/retraités américains ruinés plus d'une fois pourraient vous en parler savamment ! 

Alors, que faire pour éviter la faillite des systèmes de retraites ?

Peut être lire plus attentivement les propositions d' Henri Sterdyniak, le directeur du Département économie de la mondialisation au sein de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui propose : « (...) une hausse des cotisations pour résorber le déficit des régimes (...) Pour garantir les retraites par répartition et convaincre les jeunes qu'ils auront bien une retraite satisfaisante, le gouvernement et les syndicats doivent annoncer clairement que c'est par la hausse progressive des cotisations que le système sera équilibré » Ce qui est préféré par les français à qu'un allongement de la durée ou le recul de l'âge légal de départ à la retraite.

Oui, mais les organisations patronales ont d'ores et déjà annoncé qu'elles s'opposeraient à toute augmentation des cotisations.

Et dire que la négociation n'a pas encore commencé. C'est dire s'il va falloir être vigilants !

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Avec l'aimable autorisation de Florian Rouliès 

26 avril 2013

Le concours Lépine de l'emploi du Medef et de l'UMP a commencé !

Alors que le nombre de chômeurs progresse impitoyablement, le Medef et l'UMP se lancent dans un véritable concours Lépine des solutions anti-chômage. Leurs réponses : Flexibilité et insécurité totales, le tout sur fond de chômeurs fainéants et irresponsables qu'il faut stigmatiser !


Créer de l'emploi, voilà donc la nouvelle croisade du Medef et de l'UMP ! Si du côté du Medef, Laurence Parisot, la Présidente sortante, on essaye mollement de persuader le bon peuple que l'ANI suffira à stopper l'hémorragie, à l'UMP, on ressort les vieilles recettes libérales qu'on n'a toutefois pas appliqué entre 2007 et 2012 !

Que dit le Medef ?

Laurence Parisot, à qui il ne reste que deux mois de mandat, et qui partage son temps entre l'expédition des affaires courantes et le surf à St Barth, essaye surtout de valoriser le texte ANI voulu et négociée par elle : « (...) ces mauvaises chiffres ne sont pas une fatalité : Je crois profondément qu'il est à la portée de la France de redevenir prospère, d'inverser cette terrible tendance, de réduire les déficits (...) l'accord permettra aux entreprises d'adapter (leur) organisation à la conjoncture (...) C'est un accord qui va fondamentalement réduire la peur de l'embauche qui existe aujourd'hui chez les chefs d'entreprise (...) »

Elle en profite, au passage pour brandir des chiffres invérifiables, en provenance du nouvel outil du Medef, dont Slovar vous parlait le 16 avril dernier : Le baromètre Tendance emploi compétence (TEC), qui montre que :  « (...) Au dernière trimestre 2012, 100.000 offres d'emploi proposées par les entreprises n'ont pas été pourvus (...) » 

Plus sérieusement, c'est aux déclarations des deux candidats les mieux placés à sa succession qu'il faut s'intéresser.

Du côté de Pierre Gattaz, on peut lire ceci : « (...) tous les chefs d’entreprises de France ont six problèmes majeurs : le coût du travail, la peur de l’embauche, le financement du développement de leur entreprise, la fiscalité et l’environnement réglementaire, la transmission. Sur tous ces sujets, nous devons aller plus loin. Si nous les réglons, nous serons les rois du monde ! (...) »

Dans son programme, on trouve pêle-mêle, des idées que n'aurait pas renié son père, Yvon Gattaz, ex président du CNPF, (l'ancêtre du Medef), lui qui assurait dans les années 80, que : « si on facilitait les licenciements, il y aurait un pic d’embauche de 400 000 emplois » 

On trouve également dans ses proches conseils Denis Kessler, dont le premier but dans la vie est, la destruction du programme du Conseil National de la Résistance

Quelques extraits du programme de Gattaz fils: 

« Il faut que nos concitoyens comprennent que les entrepreneurs installés en France sont des héros
L’accord (ANI) de janvier dernier est un premier pas, mais il nous faut aller largement au-delà.
Il faut transférer 50 milliards (de cotisations) vers l'impôt
Le fléau du chômage, qui affecte la société française, s’analyse d’abord comme un symptôme,le fruit d’une maladie provoquée par un terrible système d’entraves administratives et fiscales
»

Auquel il faut ajouter bien entendu le report de l'âge légal de la retraite à 65 ans, tout comme Roux de Bézieux son concurrent.

Le même de Bézieux dont les propositions raviront les salariés. En effet, il pointe : « (...) les Prud'hommes, juridiction lente et inégalitaire (...) » Remet en cause : « (...) les contrats de travail, qui sont parfois un frein à l'embauche (...) » et surtout insiste sur le fait que : « (...) La première négociation test du président élu sera la renégociation de l'assurance-chômage (...) il faudra revoir le plafonnement des indemnités et mettre en oeuvre leur dégressivité (...) »

Face à ce festival de recettes, l'UMP n'a pas voulu être en reste. Première remarque : Pourquoi l'UMP qui a disposé de 5 ans pendant lesquels elle avait une confortable majorité n'a t-elle pas mis en place les mesures qu'elle préconise aujourd'hui ?

Directement issues des réflexions des libéraux de l'UMP (Chatel, Longuet et Novelli) les propositions du Mouvement Populaire ne sont qu'un catalogue des pires solutions face à la situation actuelle de l'emploi. Néanmoins, elles sont une parfaite compilations des demandes les plus folles réclamées depuis la nuit des temps par les organisations patronales. Elles portent le « joli » nom de :  Libérer le travail !

Hervé Mariton délégué général chargé du projet de l'UMP, nous explique : . « (...) Nous refusons la fatalité du chômage et croyons que la France peut revenir au plein emploi(...) On a besoin pour cela d'une politique économique plus dynamique qui inspire davantage confiance, mais aussi de corriger vigoureusement certaines règles du travail qui, aujourd'hui, empêchent le développement de l'emploi et aggravent la situation du chômage (...) défendant une logique d'assouplissement du marché du travail (...) »

On trouve dans le catalogue :

Suppression des 35 heures,
contrat de travail unique,
réforme de l'indemnisation du chômage


Amis du copié/collé patronal bonjour ! Sachez toutefois que l'ensemble de ces mesures devrait selon ses auteurs nous ramener au plein emploi !

On notera au passage que pour l'UMP, Pôle Emploi qui était, pourtant pour eux, l'une des plus brillantes réussite de Nicolas Sarkozy disparaitrait et se verrait remplacé par une : Agence pour le travail qui regrouperait Pôle emploi, des missions locales de Cap emploi et de l'Apec, des services d'orientation et de formation professionnelle. Et selon l'UMP : « cette agence aura pour mission d'accompagner du mieux possible les salariés, quand ils ont un emploi et quand ils n'en ont pas (...) » Avec quels moyens financiers diront certains esprits chagrins ?

Hé bien l'UMP va une fois de plus vous étonner ! En effet écrit L'Express : « (...) l'UMP propose de renforcer les moyens humains d'intervention et de suivi de cette agence en les finançant par ... une plus grande dégressivité de l'indemnisation chômage des demandeurs d'emploi» 

En résumé : la flexibilité la plus totale en toute insécurité ! Quand aux chômeurs de longue durée, ou non indemnisés, ou seniors dont personne ne veut ? Là dessus, Medef et UMP ne sont pas très loquaces ...

Et dire que le concours Lépine de l'emploi du Medef et de l'UMP ne fait que commencer ....

16 avril 2013

Medef : Durcissement des conditions d'indemnisation chômage en vue !

De façon tout à fait opportune, le Medef vient de lancer un nouveau baromètre : Tendance emploi compétence (TEC),  destiné à montrer que les chômeurs refusent des emplois, pourtant vacants. Baromètre qui pourrait surtout servir à l'organisation patronale pour durcir les conditions d'indemnisation chômage.



De tous temps, il y a eu des métiers ou des entreprises rencontrant des problèmes pour recruter du personnel. Les raisons sont connues de tous : trop exigeantes, salaires trop bas, conditions de travail difficiles, attitude des employeurs. Nous avons, tous en mémoire, des entreprises, petites ou grosses où le turn over est le seul moyen de gestion des ressources humaines. Et dont, les dirigeants, sans jamais se remettre en question, se lamentent de ne pas trouver de candidats.

Ce « vivier d'emploi » est traditionnellement vanté par des ministres, à la peine pour justifier les chiffres mensuels du chômage, tel Laurent Wauquiez qui, en 2010 avait décidé d'assurer la promotion auprès des chômeurs des entreprises de vente à domicile : Amway, fenêtres K par K, sous-vêtements Charlott, Tupperware (...) et quantité d'entreprises de "bien être" comme le très controversé Herbalife. Qui comme chacun le sait, permettent au mieux, de toucher quelques centaines d'euros, avant ... d'abandonner ! (Voir Slovar 5/10/2010) Mais qui, selon notre ministre, devait pouvoir créer 100.000 emplois en 3 ans !

Néanmoins, le discours reste toujours le même : Les chômeurs ne font pas assez d'efforts pour trouver et lorsqu'ils trouvent, ils n'ont pas la formation recherchée par l'entreprise !

C'est ce qu'a expliqué ce mardi, Laurence Parisot, la toujours présidente du Medef, en présentant à la presse, son dernier outil pour lutter contre le chômage. Il porte le joli nom de Tendance emploi compétence (TEC). Selon elle, il s'agit d'un : « outil d'intérêt général » d'une « puissance considérable » qu'« aucune organisation publique n'a fait ces dernières années (...) » nous révèle L'Express

Qu'est ce qui se cache derrière cet outil, d'une puissance considérable, qui serait en quelque sorte un bienfaiteur des chômeurs et des entreprises avides d'embaucher ?

Il s'agit tout simplement d'un baromètre propriétaire basé sur : « (...) 4% des entreprises sondées par le Medef qui auraient abandonné leur recrutement faute de candidat au dernier trimestre 2012 (...) » plus précisemment écrit 20Minutes : « (...) le Medef s’appuie sur 24.350 entreprises avant d’extrapoler ce panel à l’intégralité du secteur privé, pour obtenir ses résultats, soit 1.200.635 établissements en France (...) » C'est dire la fiabilité de l'outil ....

Bien entendu, ce sont exclusivement les chômeurs qui sont la cause de des postes vacants. Ce qui a amusé l'Express : « (...) L'enquête passe, en revanche, sous silence les raisons qui tiennent au comportement des employeurs eux-mêmes qui peinent à trouver la perle rare. Car pour être tout à fait exhaustif, ce baromètre devrait également mentionner le manque d'anticipation, la volonté que le nouvel embauché soit opérationnel " dès demain " ou encore la recherche du clone de l'ancien salarié... Soit autant de critères chers aux recruteurs. De même, la qualité des offres proposées (horaires atypiques, salaires planchers, contrats très partiels...) est un paramètre que les demandeurs d'emploi prennent en compte avant de se positionner (...) »

On retrouve en tête de ce palmarès : « (...) les postes d’employé et d’agent de maîtrise de l’hôtellerie et de la restauration (11.611 postes) (...) » On pourra s'interroger sur le fait que les milliers d'élèves passés par un CAP, un BEP ou un BTS ne parviennent pas à combler le déficit qu'affichent les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration. Il faut dire, que l'idée de l'Union des métiers de l'industrie hôtelière (UMIH), qui consistait à mettre en place une part variable dans la rémunération des garçons de café et des serveurs, basée sur les pourboires n'est pas la meilleure des façons pour créer des vocations.

Face à ça, Laurence Parisot propose : « (...) une analyse très fine des "postes non pourvus", éclairant pour chaque métier les raisons des difficultés (savoir-faire, savoir-être, etc.), les "solutions" mises en place par les entreprises pour y pallier (formation, recours à contrat court, réévaluation des salaires, etc.) Le Medef annonce d’ores et déjà 565.520 recrutements pour le premier trimestre 2013, et publiera une seconde vague de son observatoire pour constater à nouveau combien de postes seront restés ou non pourvus »

Au delà d'un baromètre à la fiabilité aléatoire et de chiffres balancés à la volée, on aura soin de prendre connaissance de quelques lignes trouvées dans l'article de l'Express qui expliquent clairement la fin de la citation de Laurence Parisot : « (...) L'enquête Tec doit être réactualisée régulièrement par le Medef. Son rythme, trimestriel ou semestriel, n'est pas encore arrêté. En attendant, Laurence Parisot espère que cet outil sera utilisé à la fois dans le cadre de la conférence sociale de juin mais aussi lors de la négociation sur l'assurance-chômage, qui débutera en septembre 2013 (...) »

En résumé, une autre façon de réaliser ce que Nicolas Sarkozy proposait le 11 février 2012 au travers de son référendum/réforme durcissant les conditions d'indemnisation du chômage

Hé oui, que voulez-vous, les Présidents passent mais le Medef reste ... égal à lui même ...



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08 avril 2013

Europe : 26 millions d'Européens étaient au chômage en février 2013 !

Combien de chômeurs devra compter l'Europe avant qu'on ne prenne vraiment la mesure du drame qui se met tout doucement en place ? Car depuis 2008, leur nombre a augmenté de 10 millions !



« Il faudrait créer 6 millions d'emplois en Europe pour revenir au niveau d'emploi d'avant la crise, soit à celui du dernier trimestre de 2008 » écrit Le Parisien, citant une étude de l'Organisation internationale du travail (OIT). Le chiffre fait froid dans le dos, surtout quand on apprend que : 26 millions d'Européens étaient au chômage en février 2013, 10 millions de plus qu'en 2008.

Ces chiffres n'ont pourtant pas l'air de préoccuper outre mesure la Commission européenne qui se félicite, tout en menaçant, des nouvelles mesures d'austérité décidées par le gouvernement portugais, dont certaines avaient pourtant été retoquées par sa propre Cour constitutionnelle. D'ailleurs, la Commission européenne a été claire : «Tout écart des objectifs du plan d’aide ou leur renégociation neutraliserait les efforts déjà accomplis par les citoyens portugais ou prolongerait leurs difficultés». Ce qui va certainement réjouir les 17,6% de chômeurs locaux, et tout particulièrement aux 38,2% de jeunes de moins de 25 ans !

Ce à quoi, on pourra ajouter les fortes hausses du chômage en : Grèce (de 21,4% à 26,4% entre décembre 2011 et décembre 2012), Chypre (de 10,2% à 14,0%), Espagne (de 23,9% à 26,3%). Et si Eurostat se réjouit des « baisses les plus marquées » il n'y a pas lieu de faire la fête, lorsqu'on sait que la Lettonie est passée de 15,6% à 14,3% ou que l'Irlande de son côté après avoir connu 15,1% se situe à 14,2% !

De plus, en ce qui concerne les jeunes de moins de 25 ans, le même Eurosat indique que : « (...) En février 2013, 5,694 millions de jeunes de moins de 25 ans étaient au chômage dans l'UE27, dont 3,581 millions dans la zone euro (...) le taux de chômage des jeunes s'est élevé à 23,5% dans l’UE27 et à 23,9% dans la zone euro, contre respectivement 22,5% et 22,3% en février 2012. Les taux les plus bas en février 2013 ont été observés en Allemagne (7,7%), en Autriche (8,9%) et aux Pays-Bas (10,4%), et les plus élevés en Grèce (58,4% ), en Espagne (55,7%), au Portugal (38,2%) et en Italie (37,8%) »

La compétitivité ! vous diront les cassandres qui, il y a quelques années, nous expliquaient que le départ des unités de production vers l'Asie étaient inéluctable et que, le développement des services dans la vielle Europe rééquilibreraient harmonieusement le tout ! Cassandres qui vous expliquent maintenant qu'il est nécessaire de baisser les salaires et les coûts du travail afin de pouvoir exporter vers les pays émergents susceptibles d'acheter à tout va !

Il va de soi que cette nouvelle « fulgurance » est un leurre, dans la mesure où, les pays émergents qui continuent à exporter la majorité des produits vers la vielle Europe, en profitent pour exiger, à l'instar de la Chine, de l'Inde ou du Brésil, pour ne citer qu'eux, des transferts technologiques qui leur permettront de servir leurs marchés intérieurs. Et aussi, de vendre à la vielle europe et au reste du monde des produits de haute technologie dont le développement ... ne leur aura rien coûté ! 

Et comme il faudra un nombre incalculable d'années avant que les salaires et les conditions sociales des salariés des pays émergent atteignent ne serais ce que la moitié des nôtres, pour le FMI, la BCE, l'OCDE et la Commission européenne, mieux vaut aligner par le bas les salaires et conditions sociales en Europe. Sans pour cela sortir les 26 millions de chômeurs actuels de leur situation puisque, la cure d'austérité est prônée par les mêmes !

Ce qui est l'avis de l’Organisation internationale du Travail (OIT) : « Si les objectifs d’équilibre budgétaire et de compétitivité sont importants, il est crucial de ne pas s’y attaquer par des mesures d’austérité et des réformes structurelles qui ne traitent pas les causes profondes de la crise »

Ce à quoi, les candidats à la succession de Laurence Parisot au Medef répondent

Frédéric Saint-Geours : « Je propose d'agir pour mettre en place de nouveaux équilibres indissociables dans quatre domaines. Celui de la sphère publique, en réduisant de 100 milliards d'euros les dépenses, pour restaurer l'équilibre budgétaire et alléger le poids des cotisations sociales (...) » Le Figaro

Roux de Bézieux : « L’allongement de l’espérance de vie implique d’augmenter la durée d’activité. C’est non négociable ! » appelant de plus à « plus de flexibilité »

Patrick Bernasconi : « ll va falloir reculer l'âge de départ en retraite et s'aligner sur les standards européens. Il va probablement falloir réintroduire de la dégressivité dans les allocations chômage. Il va falloir laisser les entreprises déterminer elles-mêmes leur durée du travail » Le Figaro

Pierre Gattaz : « le chômage est le problème numéro un en France » et « l’on risque si on ne fait rien d’arriver à 12%, 13%, 14% avec des banlieues qui vont exploser ». Les patrons ont « peur d’embaucher », a-t-il souligné en appelant à « la flexibilité de l’emploi » et en fustigeant les « postures dogmatiques politiques pour dire on va garder telle usine, on va garder les emplois »

En  résumé : Encore plus de chômeurs âgés, et surtout, de précaires, dans la mesure où la flexibilité réclamée équivaut à partager le chômage entre tous et que, la baisse programmée des indemnités de chômage ne fera que plonger les gens dans la misère, un peu plus tôt. Donc, aucun effet sur l'emploi

Néanmoins, nos preux défenseurs de l'entreprise et des entrepreneurs évitent certains sujets qui, c'est vrai, pourraient fâcher : la compétition à la flexibilité entre salariés européens ! En effet, les expériences comme celle de Renault en Espagne montrent bien comment il sera facile de mettre la pression sur les salariés pour obtenir toujours plus de sacrifices. Ce qui améliorera sans nul doute les marges et les revenus des actionnaires mais n'aura aucun effet sur l'emploi !

De plus, pas un mot sur l'attractivité de nos produits qui certes pourraient être moins chers en cas de baisse des cotisations, sans pour autant être plébiscités par les consommateurs. A moins bien entendu d'investir dans la R&D dans notre pays, et pas en la délocalisant, comme c'est devenu la mode ces dernières années. 

La réalité, c'est que plus on baissera le niveau de protection et les salaires et moins il y aura de clients pour acheter les produits. Et, comme nous l'expliquions plus haut, les pays émergents achèteront les produits construits et assemblés chez eux, même une suppression totale des cotisations sociales et un droit du travail réduit à sa plus simple expression ne changerait rien, l'emploi ne reviendra jamais et les prétendants à la présidence du Medef le savent pertinemment !

Une situation qui, à terme, fera exploser pas seulement les banlieues citées par Pierre Gattaz. Car écrit l'OIT : « Le chômage de longue durée devient un problème structurel pour beaucoup de pays européens. Dans 19 d’entre eux, plus de 40 pour cent des demandeurs d’emploi sont maintenant des chômeurs de longue durée, ce qui veut dire qu’ils sont sans travail depuis douze mois ou plus (...) La situation de l’emploi qui se dégrade signifie également que le risque de troubles sociaux est maintenant supérieur de 12 points de pourcentage à ce qu’il était avant le déclenchement de la crise (...) »

C'est quand même dommage que ces gens ne veillent pas comprendre qu'ils doivent payer une crise dont ils ne sont pas responsables .....


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12 mars 2013

Marges, chômage, protection sociale : le nouveau mix de Laurence Parisot !

En pleine campagne pour un possible troisième mandat, Laurence Parisot continue de débiter des contre vérités à la chaîne. Mais les ennemis sont toujours les mêmes : Le code du travail et l'Etat !  


En termes d'échec d'entreprises, la crise financière et économique peut avoir bon dos. En effet, il ne faut pas oublier que beaucoup d'entreprises défaillantes ont été victimes d'inadéquation entre leurs produits et les demandes des clients et parfois aussi d'une gamme dépassée.

C'est d'autant plus grave, lorsque l'entreprise fabrique ses propres produits. Combien, de fois, au cours de ma carrière, ai je croisé des entreprises aux locaux et moyens de production vétustes. Et combien de fois ai je entendu le chef d'entreprise m'expliquer qu'investir pour faire évoluer l'outil de travail pouvait attendre, puisque : « ça diminuerait la marge »

Puis, sont arrivés les nouveaux pays de l'Union Européenne et « l'eldorado chinois » qui ont mis à mal tous ceux qui pensaient qu'investir  « ça diminuerait la marge » Coût de l'opération, les salariés qui n'ont aucun droit de regard ou de conseil sur la stratégie des entreprises ont commencé à être licenciés, avec le point culminant que nous connaissons ces dernières années.

On aurait pu penser que les organisations patronales auraient pu s'imposer un droit d'inventaire avant de montrer du doigt l'état et les salariés. Or, à écouter Laurence Parisot, les entreprises n'ont rien à se reprocher.

Démonstration

Le 11 mars, chez Yves Calvi  sur France 2 : « Nous n’arrivons plus à créer de richesses en France. Nos entreprises ont des taux de marges structurellement bas et c’est cela qui est à l’origine d’un taux de chômage anormalement élevé, d’une augmentation beaucoup trop faible du pouvoir d’achat et du coup d’une incapacité à financer nos systèmes sociaux »

et d'ajouter : « La fiscalité en France pénalise l’investissement et empêche la prise de risque entrepreneuriale, or il n’y aura pas de réduction du chômage s’il n’y a pas toute liberté à l’entrepreneur »

Belle équation qui ... ne tient absolument pas la route ! Car, si les clients continuent de bouder les produits français, la marge des entreprises n'augmentera que très provisoirement, donc elle n'embaucheront pas, donc le pouvoir d'achat ne progressera pas et à terme, il faudra encore diminuer les effectifs ...

Par contre, en ce qui concerne les systèmes sociaux, chacun sait que le Medef dispose d'entreprises membres, dont les hôpitaux et cliniques privées ou les banquiers et assureurs accepteraient volontiers d'en prendre la charge ainsi que ... le fabuleux pactole qui va avec !

Où est le lien avec la baisse du chômage ? nul ne le sait ! Mais, sur ce damné chômage, notre amie Laurence a d'autres idées

Le 10 mars, sur France 3, Laurence Parisot après avoir exigé des parlementaire de transposer sans modification l'accord ANI de flexibilité, a estimé que : « (...) Les chefs d’entreprise n’ont qu’une envie, voir leur entreprise se développer (…) et pour grandir il faut embaucher (...) Simplement, nous avons une législation sociale qui crée une peur de l’embauche qui est terrible (...) »

Il faudra m'expliquer pourquoi des entreprises qui sont exangues au niveau du carnet de commandes embaucheraient qui que ce soit, même en pouvant licencier plus facilement.

C'est d'ailleurs ce que pense Geoffroy Roux de Bézieux ( candidat contre Parisot à la tête du Medef ) puisqu'il  déclare au sujet de l'ANI  : « (...) Maintenant, il ne faut pas se dire que cet accord va tuer directement la peur de l’embauche (...) »

Donc, une fois de plus, aucun lien avec la baisse du chômage !

Quant à l'état, il lui est reproché sa dépense publique : « la dépense publique en France étouffe la création de richesses et empêche la création d’emplois. Si nous ne réduisons pas la dépense publique, nous n’inverserons pas la courbe du chômage. »

Comme on dit trivialement : tu dis ça à un cheval de bois et il te met une ruade ! Il faudra que Laurence Parisot nous explique ça un jour, graphique à l'appui.

Mais comme d'habitude, il faudra se contenter d'affirmations jamais prouvées. L'essentiel étant que ces déclarations, qui ne sont qu'une compilation de ce qu'on peut trouver sur les sites des think tank libéraux comme l'IFRAP, la Fondation Concorde, Fondapol, ou le célébrissime Institut Turgot  soient reprises par la presse, friande de déclarations tonitruantes qui se chargera de reproduire, à la virgule près, la belle légende de la restauration des marges et de la baisse de la dépense publique qui inverseront la courbe du chômage !  
 

28 février 2013

Xavier Bertrand : Un spécialiste du chômage cynique ou incompétent ? Les deux mon capitaine !

Xavier Bertrand, l'un des plus mauvais ministre du travail de la 5 eme République, en ce qui concerne l'éradication du chômage de masse, vient d'apostropher François Hollande sur les derniers chiffres de l'emploi en, France. On pourrait en rire si le sujet n'était pas aussi grave !

Ainsi, Xavier Bertrand se pose en expert de la réduction du chômage de masse qui affecte notre pays. Il réclame des mesures d'urgence. Ce qui doit faire sourire un grand nombre de français mais pas forcément ceux qui ont découvert le chômage à l'époque où il officiait au ministère du travail.

Que déclare t-il au juste ?

« Depuis vingt ou trente ans, on ne réussit pas à avoir un niveau de chômage qui se situe au niveau des autres pays européens, il faut des mesures d'urgence et je demande au gouvernement de se réveiller (..) Je demande aussi au président de la République de prendre la question du chômage au sérieux (...) avant toutefois d'avouer« personne ne peut faire le malin sur les questions de l'emploi (...) se souvenant avoir dû annoncer comme ministre "parfois de bonnes nouvelles et souvent des mauvaises". Mais "le chômage augmente deux fois plus vite qu'il n'augmentait au début de l'année 2012 (...) Première mesure d'urgence, " une baisse des charges dans les très petites entreprises, chez les artisans (...) » - Le Point

Outre que le montant des cotisations sociale n'a strictement aucun lien avec le carnet de commande des artisans, n'oublions pas que Xavier Bertrand a contribué avec Jean-François Copé au torpillage du processus de représentation des salariés dans les TPE défendu par les patrons de l'artisanat. Ce qui fait effectivement de lui un fin connaisseur de ce type d'entreprise !

Mais regardons de plus près comment notre expert a lutté contre le chômage

Avril 2011 : « Très sûr de lui » comme écrivait L'Express : Parce que les emplois qui manquent, Xavier Bertrand va les créer, en utilisant massivement les contrats aidés. Une recette que la droite boude, car contraire au dogme libéral, mais qu'elle pratique parce qu'elle est bien commode pour faire baisser les mauvais chiffres. L'argent sera débloqué puisque le chef de l'Etat a promis 250 millions d'euros supplémentaires pour financer 50 000 emplois aidés de plus. Déjà, en 2002, Jean-Pierre Raffarin, alors à Matignon, et son ministre des Affaires sociales, un certain François Fillon, avaient juré la fin de ces dispositifs avant d'y recourir quelques mois plus tard (...) grace à cette technique, il comptait : (...) réduire le taux de chômage de 9,2 % (fin 2010) à 8,5 % en décembre 2011 (...) »

Le tout s'étant soldé par la célèbre phrase de Nicolas Sarkozy sur la : « baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs »

Or, ces contrats aidés s'adressent aux populations les plus éloignées de l'emploi et comme le rappelle La MAIF, sont très souvent réservés aux organismes publics, parmi lesquels l'éducation nationale joue souvent le premier rôle. 

Donc, exit la création de richesses au travers de l'emploi marchand que nous serinent régulièrement Xavier Bertrand et ses collègues de l'UMP ! Ce qui était d'ailleurs confirmé par les Les Echos : « (...) l'Etat compte concentrer son effort sur le premier semestre pour limiter la casse avant l'élection présidentielle. C'est ce que révèle la traditionnelle circulaire de programmation des contrats aidés que le ministère du Travail vient d'adresser à ses services déconcentrés. En date de 19 décembre, elle prévoit que, sur les 340.000 contrats du secteur non marchand (CUI-CAE) inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre. Cela correspond à une moyenne de 37.500 par mois. Un rythme particulièrement soutenu si on le compare à celui décidé pour le premier semestre de 2009, au plus fort de la récession, qui était de 32.000 par mois (...) l'éducation nationale (...) sera en particulier mise à contribution (...) »

L'emploi des seniors

A part déplacer l'âge de la dispense de recherche d'emploi pour les plus âgés dont, on trouve trace dans : un des volets de la loi n° 2008-758 du 1er août 2008 : La suppression à compter du 1er janvier 2012 de la dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs âgés qui visait à : «  (...) à relever progressivement l’âge d’accès à la dispense de recherche d’emploi, jusqu’à la supprimer définitivement en 2012, conformément à la politique d’augmentation du taux d’emploi des seniors (...) » on cherche vainement toute mesure en faveur de l'emploi des salariés âgés.

D'ailleurs, tout le monde a pu se rendre compte que le nombre d'embauches de seniors a flambé durant la période où Xavier Bertrand était aux manettes ! 

On pourrait aussi, aborder les fameux « emplois non pourvus », qui permettaient à Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy de rejeter la faute sur les chômeurs. Ce qui faisait écrire au journaliste MarcLandré, du Figaro : « Plus c'est gros plus ça passe (...) D'où sort ce chiffre de 500 000 ? En fait, de nulle part. C'est un chiffre pifométrique et fantasmagorique (...) Il est tiré, à l'origine, d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité (...) »

Par contre, Xavier Bertrand a su nous expliquer que les chômeurs étaient des privilégiés à qui il convenait de réduire la durée de leurs indemnités qui étaient : « des freins au retour à l'emploi » et qu'il fallait envisager : « la réintroduction d'une dégressivité des allocations chômage, incitative à la reprise d'emploi (...) »

En fin de compte, le seul domaine où Xavier Bertrand a su montrer l'étendue de son talent, c'est lorsqu'il déclarait que : « Nicolas Sarkozy est le seul à proposer des mesures puissantes pour faire reculer le chômage » et nous vantait la manifestation sarkozyste pour le vrai travail : « Certains font mine aujourd’hui de s'étonner que nous voulions un rassemblement pour fêter la valeur travail (...) Ni la gauche, ni l’extrême gauche ne nous imposeront un couvre-feu pour nous empêcher de nous mobiliser pour la valeur travail le 1er mai (...) Nous on veut mettre en avant la valeur travail et la différence avec l’assistanat (...) »

Et c'est ce brillant spécialiste qui vient aujourd'hui pérorer et donner des conseils ? On aurait pu penser qu'avec de telles références, Xavier Bertrand aurait eu la pudeur de se taire. Mais sachez qu'en politique l'outrance, l'incompétence et le cynisme font bon ménage !