02 septembre 2011

Indemnités chômage : Quand l'UMP joue aux gentils et aux méchants ?

Ainsi, d'un côté, il y aurait le « gentil » Lemaire qui voudrait, au nom de la justice sociale et des économies budgétaires, limiter les indemnités chômage des cadres. Et de l'autre le « méchant » Wauquiez qui s'y opposerait ? Décryptage d'une stratégie purement politique, dont les salariés payeront finalement la note !

Si la polémique entre Bruno Lemaire et Laurent Wauquiez sur le montant des indemnités de chômage des cadres ressemble à s'y méprendre à un nanar cinématographique, il ne faut pas s'y tromper, une fois les rivalités de pouvoir arbitrées par Nicolas Sarkozy, tout ce petit monde saura s'entendre pour ramener les salariés plus d'un siècle en arrière !

En prenant connaissance des propos de Bruno Lemaire, on ne peut être qu'étonné. En effet, comment, à quelques mois de la présidentielle, peut-on proposer de s'en prendre aux cadres supérieurs qui, en général, votent très majoritairement pour l'UMP et ... Nicolas Sarkozy. C'est d'autant plus étonnant que toucher aux cadres supérieurs, c'est empoisonner durablement les rapports entre les chefs d'entreprises et leurs cadres supérieurs, habituellement chouchoutés par l'UMP.

Ce qu'expliquait, à demi mots, Laurence Parisot sur France2: « (...) Si jamais on baissait les allocations versées aux cadres en cas de chômage, il faudrait aussi symétriquement baisser leurs cotisations, sinon ce serait tout à fait injuste (...) les cotisations des cadres font partie des recettes les plus importantes du régime. Donc, au total, tout le monde serait perdant (...) »

Mais la réaction la plus vive est venue de Laurent Wauquiez, ex co-responsable avec Nathalie Kosciusko-Morizet du projet pour 2012, lorsque Xavier Bertrand était à la tête de l'UMP. Il a fait part, immédiatement de sa désapprobation : « (...) Le problème ce n'est pas le montant, pour moi, le problème c'est l'accompagnement (...) pour moi la bataille, ce n'est pas de commencer à faire des coupes dans le niveau des aides (...) »


En fin de compte, Bruno Lemaire qualifié « d'opportuniste » par son propre camp, ne fait que prendre le contre pied de Laurent Wauquiez sur le travail gratuit des titulaires des minima sociaux ! En clair : un coup sur les indemnités « extravagantes » des cadres mis au chômage pour essayer de plaire à l'électorat populaire et contrebalancer le coup sur les assistés des minima sociaux de Laurent Wauquiez destiné à plaire à l'électorat le plus à droite.

Le même Wauquiez qui pourtant ne devrait pas prendre ombrage de la proposition de son collègue puisque, lorsqu'il était chargé de la mission classes moyennes voulue par Xavier Bertrand : Il déclarait, se préoccuper uniquement de celles, située : « (...) entre les classes populaires et les classes supérieures (...) »

Mais, comme nous l'expliquait Elysée Blog, en juin 2011, le clan Bertrand a quelques comptes à régler avec le clan Copé qui lui a ravi la direction de l'UMP et surtout, l'élaboration du programme pour 2012 : « (...) Le boulimique Bruno Le Maire, qui a pris l’habitude de communiquer par note avec le président de la République, se débrouille alors pour obtenir, avec l’aide de Jean-François Copé, la responsabilité du programme UMP. Aux dépens de Laurent Wauquiez et Nathalie Kosciusko-Morizet, qui étaient dans l’équipe du secrétaire général sortant Xavier Bertrand (...) »

Or, depuis la nomination de Jean-François Copé à la tête de l'UMP, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez n'appartiennent plus, dans l'organigramme du mouvement à l'équipe dirigeante du mouvement, et doivent se contenter de postes de conseillers politiques. Une bonne raison d'essayer de s'élever systématiquement contre toute proposition du camp adverse !

Même si ce petit jeu devrait continuer jusqu'à la présidentielle, il ne faut, néanmoins, pour les salariés, attendre aucune mansuétude de la part de l'un ou de l'autre camp en ce qui concerne leur avenir.

En effet, le jeu alternatif du gentil et du méchant devrait vite s'effacer devant les solutions que nul dirigeant ou conseiller politique de l'UMP ne conteste et publiées sur le site Projet 2012 : « Alors que la crise économique a détruit de l’emploi, tous nos efforts sont concentrés dans la lutte contre le chômage (...) Pour sauvegarder le modèle français, il n’y a qu’une solution : travailler plus et travailler mieux (...) Comment favoriser le travail par rapport à l’assistanat (...) Comment faire pour que le CDI ne soit pas un « privilège » réservé aux travailleurs les mieux intégrés ? »

La seule différence pour les salariés étant qui, du staff de Copé ou, de celui de Bertrand mettra en place : la suppression de l'horaire légal du travail, rendra encore plus difficile l'accès aux minima sociaux, transformera l'ensemble des salariés en précaires au travers du contrat de travail unique à droits progressifs et diminueront, finalement, le montant ou la durée de l'indemnisation de tous les chômeurs afin de « les inciter à reprendre un emploi » ! Si ça vous tente ...


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France Diplomatie

01 septembre 2011

Monsieur le Président, et si vous nous reparliez des : nominations irreprochables ?

« Je veux que les nominations soient irréprochables » affirmait le candidat Sarkozy. La nomination surprise de l'une de ses conseillères à la présidence du Château de Versailles confirme l'adage : Les promesses n'engagent que ceux qui y croient !

Traditionnellement, vers la fin de leurs mandats, les Présidents de la République se dépêchent de caser leurs plus fidèles collaborateurs, conseillers ou amis politiques dans des institutions publiques. Cette manie détestable, surtout dans une démocratie moderne, avait été fustigée par le candidat Sarkozy en 2007 dans une vidéo toujours disponible sur la page DailyMotion de l'UMP



Depuis, nous avons connu les nombreuses nominations « amicales » au Conseil économique, social et environnemental et les nouveaux parcours de : Rama Yade comme ambassadrice à l'UNESCO (passée depuis à l'ennemi Borloo), Dominique Tibéri nommé contrôleur général économique et financier de première classe, malgré l'avis défavorable à l'unanimité des six membres de la commission chargée d'apprécier l'aptitude des candidats, Pierre Charon aux chasses présidentielles, Roger Karoutchi devenu représentant permanent de la France auprès de l’OCDE après avoir été battu par Valérie Pecresse et Xavier Darcos battu aux régionales qui s'est vu attribuer l'Institut français, après avoir réclamé en vain, la présidence du Château de Versailles

Le Château de Versailles, en voila un bel outil de promotion individuelle !

Dirigé par Christine Albanel de 2003 à 2007, alors plume de Jacques Chirac, avant de devenir ministre de la Culture, puis de rejoindre France Télécom. Il est aujourd'hui sous la responsabilité de Jean-Jacques Aillagon. Devant les prétentions de Xavier Darcos, il fustigeait à l'époque : « le goût trop prononcé pour les mouvements de nomination faisant, parfois à chaque échéance, valdinguer les responsables, comme s'il s'agissait de procéder à des nominations de préfets (...) » Tout en ignorant que ses jours à la direction de l'établissement public ... étaient comptés !

En effet, s'appuyant sur la limite d'âge de 65 ans qui a déjà servi à débarquer Patrick Devedjian de la direction de l'EPAD, le président a décidé de nommer à sa place, une de ses conseillères, la journaliste politique Catherine Pégard, dont le job à l'Elysée était, selon elle de : « Journaliste à usage privé » mais qui, en réalité, consistait à utiliser son vaste carnet d'adresses, pour créer des réseaux favorables au président de la République.

Les français noteront une fois encore, le choix judicieux du président, visiblement dicté par la compétence, à un poste qui en demande beaucoup, notamment en termes de chasse aux sponsors, si on en croit Jean-Jacques Aillagon sur le site du Château de Versailles.

Mais ne soyons pas trop durs avec le Président, puisqu'il aura évité le chômage à une salariée française. Et respecté sa parole de 2007 : « Je veux donner à chacun sa chance »

De plus, la décision de notre Président prouve toute l'attention qu'il porte à ceux qui risquent de perdre leur emploi. C'est d'autant plus méritant qu'au même moment Bruno Lemaire ministre de l'agriculture qui trouve le temps de rédiger le programme de l'UMP pour 2012, s'interrogeait : sur la capacité de la France à « garder un dispositif d'indemnisation chômage parmi les plus généreux au monde », estimant que le redressement des finances publiques suppose des « décisions courageuses »

Courageuses comme les : « nominations irréprochables » ?


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Promenades photographiques

31 août 2011

Dialogue social : Le retour des « casseurs de grèves » rémunérés ?

Comment neutraliser les effets d'une grève ? A la RATP, selon le syndicat SUD, on a sa petite idée : faire appel à des volontaires rémunérés ... même en l’absence de grève !

Les grèves des transports en commun ont toujours été la pire angoisse des gouvernements. Confronté à l'une des plus importantes qu'ait connue la France, Alain Juppé y perdit son crédit de Premier Ministre.

Nicolas Sarkozy soucieux de ne pas se retrouver dans la même situation avait inscrit dans son programme la notion de service minimum des transports en commun. Ce qui lui permettait le 5 juillet 2008, de lancer la fameuse provocation : « Désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s'en aperçoit »

Même si l'histoire lui a prouvé le contraire, il n'en reste pas moins que la grève dans les transports en commun est soumise à présent à des restrictions. En effet, la loi sur le service minimum dans les transports en commun a créé des obligations. Celle-ci, comporte notamment deux volets importants : « l'un est consacré au dialogue et à la prévention des conflits dans les entreprises de transport terrestre, l'autre traite de l'organisation de la continuité du service en cas de grève »

Néanmoins, la grève reste un droit pour tous les salariés des transports en commun. Or qui dit grève, dit absence de personnel de conduite, qu'il faut bien compenser. A la RATP, jusqu'à présent, on se contentait, nous explique Miroir Social de : « (...) faire conduire d'ex-conducteurs passés cadres ou agents de maîtrise pendant les grèves (...) Lors du dernier conflit sur la ligne du RER A, certains cadres avaient été désignés d'office par leur directeur (...) »

Le problème c'est que cette réquisition peut être mal vécue par les personnels désignés et que leur niveau de compétence peut dans certains cas mettre en danger la sécurité des passagers. Alors comment éviter ces situations surtout dans une période de grogne sociale propice aux conflits ?

Et bien selon Sud RATP, en créant un groupe de volontaires capables de conduire indifféremment métros ou RER et touchant une prime anti grève.

Explications de Sud RATP : « Le 9 aout 2011, les directeurs des départements RER et METRO ont reçu notre organisation syndicale dans le cadre d’une audience pompeusement appelée contribution des agents de l’encadrement de la RATP au plan de transport sur les réseaux RER et METRO

Dans les faits il s’agit de donner une double qualification conduite à certains cadres et agents de maitrise qui devront posséder des autorisations de conduite sur le métro et le RER, afin de « contribuer » au plan de transport de l’entreprise.

La direction souhaite créer une milice d’environ 150 Barbouzards volontaires principalement composée de cadres et maitrises chargés de casser les futures grèves sur le RER et le Métro contre une prime de 100 euros par mois (1200 euros par an), même en l’absence de grève, pour qu’ils roulent sur les trains des grévistes (...) »

Belle interprétation de la notion de dialogue et de prévention des conflits prévue par la loi ! Mais il est clair que cette idée tombe à point, au moment où la grogne sociale et l'exaspération des français, est à la hausse. Et comme on connaît au gouvernement le retentissement d'une grève des transports, sur ces mêmes français ...

Cette idée de la RATP est-elle une « atteinte au droit de grève » ?

Rien ne dit que la justice n'interviendra pour annuler cette mesure. Comme en 2008 lorsque le juge des référés du tribunal de grande instance de Dax a condamné les agissements d'une entreprise qui proposait des primes anti grève à ses salariés, pudiquement baptisée « avance permanente de 1000 euros » Dans le cas contraire, prenons garde que cette « idée » ne devienne pas un best off dans les autres entreprises.

Car n'oublions pas que lors de la grève des salariés de TOTAL, entreprise privée, Frédéric Lefebvre au nom de l'UMP n'avait pas hésité à déclarer : « Le droit de grève n'a jamais été le droit de bloquer. L'Etat a à sa disposition une réponse parfaitement légale qui est la réquisition si c'est indispensable » De quoi rester vigilants !


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My@ngers

30 août 2011

Les sous-préfets nouveaux « outils » de la régulation du chômage ?

Tétanisé par son objectif de 9% de chômeurs à fin 2011, Xavier Bertrand veut transformer les sous-préfets en bras armé de la politique de l'emploi. Une mise sous tutelle pour Pôle Emploi et une nouvelle chasse aux chômeurs « récalcitrants » ?


On aurait pu croire que devant les chiffres calamiteux du chômage, qui risquent de mettre en péril la réélection de Nicolas Sarkozy et de sa majorité, Xavier Bertrand se serait mobilisé pour obtenir un peu plus de moyens humains et financiers, pour Pôle Emploi. Mais rigueur oblige, comme l'écrit La Fusion pour les Nuls : Xavier Bertrand a préféré instituer un nouvel échelon hiérarchique à Pôle emploi: le sous-préfet !

Ce qui est étonnant lorsqu'on connaît le : « profil des candidats souhaités pour le recrutement dans le corps de sous préfets » publié par le Ministère de l'intérieur, auquel ils sont rattachés.

Etonnement confirmé par le discours de Brice Hortefeux, lors du séminaire des sous-préfets, où ils leur assignait pour tâche : « (...) de contribuer à la qualité du diagnostic local sur la délinquance et de proposer des mesures innovantes et efficaces (...) » et de : (...) privilégier spécifiquement le déploiement de la vidéo-protection (...) »

Mais, ce sont donc ces spécialistes du social, que Xavier Bertrand : « (...) réunira en septembre tous les sous-préfets de France « pour mettre en place des plans d'actions dans chaque bassin d'emploi (...) Dès la semaine prochaine, je tiendra une visioconférence avec les directeurs régionaux de Pôle emploi et les préfets de région » - Ouest France

En fait, il s'agit surtout d'un effet d'annonce, puisque la mobilisation des sous préfets a été mise en place le 3 mars 2011 par : « L’instruction DGEFP n° 2011-09 du 3 mars 2011 relative à la mobilisation pour l’emploi au niveau infra-départemental - implication attendue des sous-préfets : objectifs et suivi » dont l'objectif devait être : « de faire de 2011 l’année de la baisse du chômage » avec le succès que nous connaissons, aujourd'hui.

Echec prévu à l'époque par Geneviève Koubi sur le site Droit cri-TIC : « (...) L’instruction du 3 mars 2011 relative à la mobilisation pour l’emploi (...) est de faible intérêt au vu des enjeux sociaux que supposent la politique de l’emploi et les transformations du marché du travail ... Mais elle révèle plus qu’un simple souci pré-électoral. Elle indique par quels moyens l’État approfondit sa stratégie de contrôle des populations « inactives » (...) »

Stratégie définie en mars par Xavier Bertrand : « (...) les sous-préfets devront veiller à ce que soient apportées des solutions aux offres non pourvues de Pôle emploi et de ses cotraitants, avec une identification, avec les acteurs socioprofessionnels et les entreprises, des métiers pour lesquels les offres d’emploi restent vacantes plus longtemps que la moyenne (...) » mais semble t-il, peu efficace jusqu'à présent !

Mais là, le temps presse, et il est nécessaire de montrer, le plus rapidement possible, que le chômage baisse. On peut donc légitimement s'attendre à ce que de nouvelles sanctions tombent sur les demandeurs d'emplois considérés comme trop exigeants au point de refuser des CDD de ... une à deux journées.

Et dans la mesure où nous apprend L'Expansion : « (...) Les radiations administratives des demandeurs d'emploi ont fait un bond inhabituel en juillet, à savoir : +25,1% sur un mois et +7% sur un an (...) » même les moins soupçonneux d'entre nous, peuvent se faire une idée de la manoeuvre.

Mais, comme il est plus que probable que ce traitement du chômage ne permettra pas de présenter des chiffres significatifs à la population, le gouvernement toujours prompt à fustiger l'emploi dans les collectivités locales, comptera pourtant sur elles, pour créer un maximum d'emplois aidés.

Ce qui était d'ailleurs précisé dans les consignes aux sous-préfets de mars 2011 : « (...) il est démandé aux sous-préfets de promouvoir les contrats aidés, notamment auprès des collectivités territoriales et de leurs EPCI pour les inciter à l’embauche et au cofinancement de contrats, dans le cadre des conventions annuelles d’objectifs avec les conseils généraux (...) » et confirmé par Xavier Bertrand le 25 août dernier : « J'attends aussi un engagement significatif des conseils généraux »

Ce qui, en cas de réussite permettrait à Xavier Bertrand de vanter son action, tout en laissant l'UMP, son parti politique, montrer du doigt les conseils généraux de gauche coupables d'augmenter la pression fiscale locale !

Mais que ne ferait-on pour maintenir dans l'emploi en 2012 ... les ministres et députés de la majorité présidentielle ...


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La Provence

29 août 2011

Chômage en France : Le retour des plans sociaux en 2011 et 2012 ?

Au moment où filtre l'annonce de plans sociaux pour 2011 et surtout 2012, Laurence Parisot indique qu'elle souhaiterait se débarrasser des obligations qu'impliquent les « plans de sauvegarde de l'emploi », autrefois appelés plan sociaux !


Il ne fait plus aucun doute que le chômage sera au centre de la présidentielle de 2012. Le Président, son gouvernement et sa majorité parlementaires le savent. Néanmoins, à ce jour, les seules pistes annoncées restent l'apprentissage et les contrats aidés.

On aurait pu croire un instant que le gouvernement mettrait fin à la défiscalisation des heures supplémentaires détaxées, que l'Inspection générale des finances (IGF) qualifie de : « peu efficiente ». Mais le gouvernement voulant encore faire croire au « Travailler plus pour gagner plus » s'est contenté d'une mesurette « usine à gaz », modifiant le mode de calcul des allégements de cotisations patronales.

On pourra d'ailleurs sourire en apprenant que : « (...) selon les statistiques de l’Agence Centrale des Organismes de Sécurité Sociale (Acoss) publiés vendredi 19 août 2011 (...) Sur un an, le volume des heures supplémentaires a progressé de 5,8% au deuxième trimestre de cette année. Cette augmentation est remarquable puisqu’elle s’est produit dans un contexte de croissance nulle (...) »

Laurence Parisot n'en est d'ailleurs pas traumatisée, puisque, lorsque Le Figaro lui demande : « L'intégration des heures supplémentaires dans le calcul des allégements de charges sur les bas salaires ne risque-t-elle pas de renchérir le coût du travail et de détruire des emplois peu qualifiés ? »

Elle répond : « Il y a bien sûr dans ce plan des mesures qui nous plaisent moins que d'autres (...) Mais l'ensemble s'inscrit dans une claire logique de désendettement et cela, nous le saluons »

Pourquoi ce manque de réaction ?

On peut peut être en trouver la réponse, plus loin, dans l'interview. En effet, il semble bien que la présidente du Medef soit focalisée sur un tout autre sujet. Car, lorsque Le Figaro lui demande : « L'emploi se précarise avec la multiplication des temps partiels, des CDD… Comment y remédier ? »

Elle glisse au passage : « (...) Les procédures qui entourent le contrat de travail doivent encore progresser : telles quelles, elles sont bloquantes par leur longueur et leur juridisme excessif. La peur de l'embauche est le problème numéro un des entreprises. Il faudrait réaliser avec les ruptures collectives le travail que l'on a accompli avec les ruptures individuelles. On ne dit pas assez que la rupture conventionnelle a installé pour la première fois en France la « flexisécurité » et que tout le monde y gagne (...) »

En clair, faire passer à la trappe tout ou partie de la procédure dite de plan de sauvegarde de l'emploi, qui : « (...) regroupe un ensemble de mesures destinées à limiter le nombre des licenciements et à favoriser le reclassement des salariés dont le licenciement est inévitable (...) » et notamment la clause de recours des salariés indiquant que : « Le comité d’entreprise, un syndicat mais également les salariés peuvent contester la validité du plan de sauvegarde de l’emploi et pour ce faire, saisir le juge des référés du tribunal de grande instance (...) » ?

Oui, direz-vous, mais il s'agit une fois de plus du traditionnel discours du Medef qui réclame systématiquement à rendre plus rapide les licenciements. Et bien, cette fois-ci, cette demande pourrait bien être corrélée à deux nouvelles stratégies d'allègement des effectifs prévues en 2011 et 2012 !

La première présentée par Pierre Ferracci, (spécialiste de l’accompagnement des demandeurs d’emploi) à Challenge et qui se produirait en 2011 : « (...) Les patrons savent qu’une campagne présidentielle n’est pas un bon timing pour annoncer des plans de départs, qu’ils auront des pressions politiques pour garder leur équipe. Du coup, ils prévoient de le faire avant, à l’automne »

La deuxième, moins pénalisante pour le Président candidat, est beaucoup plus insidieuse. Elle toucherait en premier lieu les salariés précaires, que sont les CDD et les intérimaires, avant de toucher ... les autres salariés. Car comme l'explique le patron d'une importante société de reclassement au Figaro : « (...) Les employeurs préfèrent se séparer de ces salariés (CDD et intérim) plutôt que de leurs CDI », confirme le patron d'une importante société de reclassement qui avoue, sous le sceau de l'anonymat, travailler en secret sur des plans sociaux de grande envergure pour le second semestre 2012, soit après la présidentielle (...) »

Ce qui dans les deux cas, va dans les entreprises concernées par ces plan de sauvegarde, de l'emploi prendre du temps et coûter cher. D'où cette « brillante » idée de Laurence Parisot de : « réaliser avec les ruptures collectives le travail que l'on a accompli avec les ruptures individuelles » Et oui, que de belles économies à réaliser, en obtenant l'autorisation de licencier un maximum de personnel, sans aucune obligation de reclassement : « (...) notamment celui des salariés âgés ou présentant des caractéristiques sociales ou de qualification rendant leur réinsertion professionnelle particulièrement difficile (...) »

Dans l'attente de cette « bénédiction », les dirigeants d'entreprises se consolent en ayant recours à ce que madame Parisot qualifie de : « flexisécurité » puisque comme l'indique au Figaro le patron de la société de reclassement : « (...) en attendant, ils temporisent en multipliant les ruptures conventionnelles et en se séparant en premier de leurs salariés précaires »

En clair le pire reste à venir ! Ce qui n'empêche pas Xavier Bertrand d'afficher « son optimisme » sur l'objectif de faire passer le taux de chômage sous la barre des 9% d'ici fin 2011.

Un vibrant hommage de la part du ministre du travail et de la santé au bon docteur Coué ?


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Plan Social le jeu